BP-381F
LE TCSPC : CALCUL
DES CONTRIBUTIONS
Rédaction
:
TABLE
DES MATIÈRES
C. Transferts au comptant et points d'impôt B. Transfert total en pourcentage des dépenses de programmes des provinces C. Transfert par province et par habitant D. Transferts au comptant et en points d'impôt
LE TCSPS : CALCUL DES CONTRIBUTIONS
Le gouvernement fédéral aide les provinces à sacquitter de leurs responsabilités en matière de santé, denseignement postsecondaire et dassistance publique par le biais de paiements de transfert versés dans le cadre du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS). Le TCSPS est un nouveau mode de financement global qui est entré en vigueur au début de 1996-1997 et qui a fusionné deux importants programmes de transferts aux provinces : le Financement des programmes établis (FPÉ) et le Régime dassistance publique du Canada (RAPC). Le TCSPS emploie toutefois une formule de financement différente de celles du FPÉ et du RAPC. Contrairement au FPÉ, il ne garantit pas une contribution égale par habitant. Le TCSPS nest pas non plus un programme à frais partagés comme le RAPC, cest-à-dire que les contributions ne sont pas fonction des dépenses provinciales. Les transferts versés au titre du TCSPS reposent sur une méthode de calcul à la fois complexe et originale sur laquelle il convient de se pencher. Cette formule de calcul se traduit par une forte diminution, puis par une stabilisation, des paiements de transferts fédéraux aux provinces. Dans ce document, nous faisons le point sur le TCSPS. Dans la première partie, nous rappellons brièvement le contexte dans lequel le nouveau transfert a été établi. Dans la deuxième, nous expliquons en détail le calcul des contributions du TCSPS, tandis que dans la troisième, nous analysons lévolution des transferts à partir de lexercice financier 1996-1997 jusquà la fin de lexercice financier 2002-2003. Dans la quatrième et dernière partie, nous évaluons de façon critique le nouveau transfert fédéral. Comme nous lavons souligné plus haut, avant lentrée en vigueur du TCSPS en 1996-1997, les transferts fédéraux versés au titre de la santé, de lenseignement postsecondaire et de lassistance publique faisaient lobjet de deux programmes : le Financement des programmes établis (FPÉ) et le Régime dassistance publique du Canada (RAPC). Le FPÉ, qui a assuré le financement au chapitre de la santé et de léducation postsecondaire de 1977-1978 à 1995-1996, était un programme de financement global aux termes duquel chaque province recevait un transfert égal par habitant. Pour sa part, le RAPC était un programme à frais partagés dans le cadre duquel le gouvernement fédéral remboursait environ 50 p. 100 des dépenses engagées par les provinces. De 1966-1967 à 1995-1996, les transferts effectués en vertu du RAPC ont permis au gouvernement fédéral daider les provinces à financer leurs programmes daide sociale et de services de bien-être. Au cours des années 80 et 90, dans sa volonté de réduire le déficit, le gouvernement fédéral a limité à plusieurs reprises la croissance des transferts versés dans le cadre de ces deux programmes. Cela a affecté les finances publiques des provinces et nuit à leur capacité de maintenir financièrement leur régime dassurance-santé et leurs programmes sociaux. En outre, la limitation de la croissance des transferts risquait à plus long terme de rendre difficile lapplication de normes nationales dans le domaine de la santé(1). Le TCSPS permet au gouvernement fédéral de poursuivre sa politique de restriction des dépenses. Il va même plus loin car il réduit systématiquement la valeur des transferts fédéraux aux provinces. Toutefois, certaines dispositions législatives préservent le pouvoir du gouvernement fédéral dimposer des normes relativement à la santé et lui permettent détablir, après consultation avec les provinces, dautres conditions à légard des programmes sociaux. Lorsquil a créé le TCSPS, le gouvernement fédéral a expliqué que les transferts aux provinces ne peuvent échapper aux compressions des dépenses : en 1995-1996, ces transferts représentaient en effet près du quart du total des dépenses de programmes du gouvernement fédéral. Celui-ci estime que les provinces sont en mesure de composer avec limpact des compressions. Il fait dailleurs remarquer que certaines dentre elles ont même atteint léquilibre budgétaire. Il reconnaît que les compressions sont importantes, mais précise quelles le sont moins que celles touchant les autres dépenses de programmes fédérales(2). Le gouvernement fédéral considère que le TCSPS assure plus de sécurité, de stabilité, de prévisibilité et de souplesse que ses prédécesseurs. Il souligne que le montant total du nouveau transfert est prescrit par la Loi et stabilisé à compter de 2000-2001, et quun plancher fait en sorte que la composante au comptant ne sera jamais inférieure à un certain niveau. En outre, à son avis, linstauration graduelle du nouveau transfert donne aux provinces le temps de sadapter. Par ailleurs, les provinces peuvent décider elles-mêmes de la répartition des transferts fédéraux entre les soins de santé, léducation postsecondaire et les programmes sociaux. La création du TCSPS a fait lobjet de deux législations distinctes(3). Dune part, le projet de loi C-76, qui a reçu la sanction royale le 22 juin 1995, a instauré le TCSPS. La nouvelle Loi a précisé le montant total du TCSPS et sa répartition par province pour 1996-1997, ainsi que les conditions de financement qui y sont rattachées. Le projet de loi C-31, qui a reçu la sanction royale le 20 juin 1996, a pour sa part établi les modalités de financement du TCSPS et la répartition entre les provinces pour les exercices financiers allant de 1997-1998 à 2002-2003. Le fonctionnement du TCSPS est régi par la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces. La Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces détermine le montant total du transfert du TCSPS : ce montant est fixé à 26,9 milliards de dollars pour 1996-1997 et à 25,1 milliards de dollars de 1997-1998 à 1999-2000. Par la suite, et jusquen 2002-2003, le transfert total sera calculé de la façon suivante : où :
Selon cette formule, le transfert total pour un exercice financier donné augmentera selon un facteur de progression fondé sur le PIB. Ce facteur de progression correspond à une moyenne mobile, composée sur trois ans, de laccroissement du PIB. Lutilisation dune moyenne mobile basée sur les trois années civiles précédant lexercice financier(4) durant lequel les paiements de transferts sont effectués permet datténuer les fluctuations trop brusques qui pourraient survenir dans lévolution du PIB; le facteur de progression ne retient donc que lévolution moyenne. Toutefois, ce facteur de progression est limité : il sera réduit respectivement de 2,0 p. 100 en 2000-2001, de 1,5 p. 100 en 2001-2002 et de 1,0 p. 100 en 2002-2003. Cela revient à dire que le transfert total versé par le gouvernement fédéral augmentera à un rythme inférieur à la croissance économique, ou encore que le TCSPS ne sera pas ajusté en fonction de linflation. En outre, si la croissance du PIB savérait inférieure au coefficient qt, le transfert total du TCSPS diminuerait. Comme nous le verrons dans la troisième partie de ce document, les hypothèses économiques du ministère des Finances sur lesquelles reposent les calculs du transfert total prévoient une croissance économique forte et soutenue tout au long de la période visée. Cette méthode de calcul sapparente à celle qui était utilisée pour évaluer les transferts du FPÉ. En effet, le FPÉ reposait également sur un facteur de progression qui tenait compte de la croissance économique. Toutefois, les transferts du FPÉ étaient calculés sur une base par habitant : toutes les provinces recevaient un montant égal par citoyen pour les soins de santé et lenseignement postsecondaire. Ce mécanisme équitable de financement ne se retrouve plus avec le TCSPS. Cela sexplique par le fait que le TCSPS regroupe également les transferts de lancien RAPC qui, lui, nétait pas fondé sur une base par habitant mais plutôt sur les dépenses des provinces au titre de lassistance publique. La Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces détermine également la façon dont le transfert total du TCSPS est réparti entre les provinces. Pour lexercice financier 1996-1997, la Loi stipule que la répartition provinciale se calcule comme suit : où :
En dautres termes, la répartition pour lexercice financier 1996-1997 se fonde exclusivement sur la part des transferts reçus aux termes du RAPC en 1994-1995 et du FPÉ en 1995-1996. Pour lexercice financier 1997-1998, le transfert auquel une province aura droit reposera en partie sur la part des transferts reçus dans le cadre des anciens programmes de financement et sur un ratio tenant compte de la croissance cumulative de la population de la province et de celle de la population canadienne. Mathématiquement, la méthode de calcul prendra la forme suivante :
où :
Le ratio lié à la croissance relative de la population provinciale reflète en quelque sorte la mobilité géographique des Canadiens. Ainsi, pour lexercice financier 1997-1998, la province dont la population augmente plus rapidement que la moyenne canadienne recevra une part plus importante du transfert du TCSPS. Inversement, les provinces dont la population croîtra plus lentement obtiendront une proportion plus faible des transferts. Enfin, de 1998-1999 à 2002-2003, la part provinciale au titre du TCSPS sera calculée dune manière similaire à celle de lexercice financier 1997-1998, mais le transfert versé à la province tiendra également compte du poids relatif de sa population dans lensemble canadien. En outre, un facteur de pondération (kt) sera ajouté. Plus précisément, la méthode de calcul retenue pour ces exercices financiers se présente comme suit :
où :
Le facteur de pondération accorde graduellement plus de poids à la proportion de la population provinciale; de plus, à compter de 2002-2003, la part de la population provinciale dans lensemble canadien et la répartition selon les anciens accords de financement du RAPC et du FPÉ (rajustée en fonction des changements démographiques) auront le même poids (0,5). En dautres termes, la répartition fondée sur les transferts au titre du RAPC et du FPÉ sera graduellement diluée au profit du poids relatif de la population provinciale dans lensemble canadien. Cela aura pour effet de réduire les écarts entre les provinces quant à la valeur des transferts par habitant, sans quon en arrive toutefois à une répartition égale par habitant. Ces écarts sexpliquent essentiellement par la disparité de financement attribuable au RAPC : les provinces qui recevaient une portion plus élevée que la moyenne au titre du RAPC continueront de recevoir une portion plus élevée que la moyenne au titre du TCSPS. Cette répartition provinciale ne fait pas laffaire de toutes les provinces. En fait, le seul mode de répartition équitable consisterait à accorder un montant égal par habitant à chaque province. Cependant, les provinces qui supportaient des dépenses élevées daide sociale dans le cadre du RAPC (comme le Québec et Terre-Neuve) seraient désavantagées si la répartition se faisait au prorata de leur population; elles y perdraient beaucoup. De lavis du gouvernement fédéral, le mode de répartition du TCSPS entre les provinces constitue donc un compromis raisonnable(5). C. Transferts au comptant et points dimpôt Tout comme le FPÉ, le TCSPS a deux composantes : un transfert fiscal et un transfert au comptant. Le transfert fiscal ou transfert en points dimpôt est la cession, par le gouvernement fédéral aux provinces, dun certain espace fiscal. Pour ce faire, le gouvernement central abaisse ses taux dimposition, alors que les provinces augmentent les leurs dune manière équivalente. Cela entraîne un réaménagement de la répartition des recettes entre les deux paliers de gouvernement : les revenus du gouvernement fédéral se trouvent diminués dun montant égal à laugmentation des recettes des gouvernements des provinces. Le fardeau fiscal du contribuable demeure inchangé : celui-ci paie plus dimpôt provincial, mais paie par contre moins dimpôt fédéral. Le transfert fiscal du TCSPS correspond à des réductions de 1 point de limpôt fédéral sur les sociétés et de 13,5 points de limpôt de base sur le revenu des particuliers. Dans le cadre des accords de non-participation, le Québec reçoit un abattement spécial de 8,5 points supplémentaires dimpôt sur le revenu des particuliers. Parce que les recettes tirées de limpôt sur le revenu varient dune province à lautre, les provinces moins nanties disposant dune capacité plus restreinte de percevoir des revenus, le gouvernement fédéral soumet le transfert en points dimpôt à un mécanisme de péréquation. Plus précisément, les provinces dont le potentiel fiscal est inférieur à une norme représentative reçoivent des paiements de péréquation afin que le transfert après péréquation soit égal à cette norme (les provinces qui constituent la norme sont le Québec, lOntario, le Manitoba, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique). Grâce à la péréquation, les provinces reçoivent donc un transfert fiscal égal par habitant. Toutefois, la valeur totale du transfert en points dimpôt varie dune province à lautre en fonction du niveau de la population de chacune. En somme, la péréquation associée au transfert fiscal du TCSPS atténue, mais nélimine pas, les écarts entre les provinces. Par ailleurs, le transfert au comptant du TCSPS est un paiement périodique versé par chèque aux provinces. Sa valeur correspond à la différence entre le transfert total auquel une province a droit et la valeur de son transfert fiscal :
TCSPSp;c = TCSPSp - TCSPSp;f où :
Le transfert au comptant correspond en quelque sorte à une valeur résiduelle qui varie de façon inverse au transfert fiscal : si la croissance de la valeur des points dimpôt était rapide, la partie du TCSPS au comptant serait plus faible et vice versa. Les transferts au comptant sont soumis à certaines conditions. En effet, les régimes dassurance-santé des provinces doivent être conformes aux critères de la Loi canadienne sur la santé (universalité, accessibilité, intégralité, transférabilité et administration publique) et aucune contribution ne peut être exigée de lusager par le biais de la surfacturation ou sous forme de frais modérateurs. Les provinces ne peuvent pas non plus imposer de délai minimum de résidence à ceux qui font une demande daide sociale. Toutefois, aucune condition particulière nest exigée relativement à lenseignement postsecondaire. Les provinces qui contreviennent à lune ou lautre de ces conditions peuvent voir leur transfert au comptant réduit dun montant évalué selon la gravité de linfraction. En outre, sil advenait que la pénalité monétaire imposée par le gouvernement fédéral soit supérieure à la valeur du transfert au comptant, la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces stipule que dautres transferts fédéraux au comptant versés à la province pourraient être retenus. Les transferts au comptant font également lobjet dune disposition plancher. En effet, la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces stipule que la valeur totale du transfert au comptant ne pourra descendre sous les 11 milliards de dollars au cours des exercices financiers allant de 1998-1999 à 2002-2003. Ce seuil sapplique uniquement à la partie au comptant du transfert total; aucun minimum nest imposé aux transferts au comptant versés à une province en particulier. La disposition plancher constitue une garantie contre les fluctuations économiques inattendues qui auraient pour effet de réduire le transfert total ou daugmenter sensiblement la valeur des points dimpôt. Le gouvernement fédéral estime pour sa part que cette somme est suffisante pour lui permettre de préserver son pouvoir dimposer des normes dans le domaine de la santé ou dautres conditions à légard des programmes sociaux. Les données présentées dans cette partie sont tirées de documents du ministère des Finances(6). Il sagit essentiellement de prévisions fondées sur un ensemble dhypothèses du ministère à légard de la croissance économique et de la croissance de la population. Le graphique 1 retrace lévolution des transferts aux provinces au titre de la santé, de léducation postsecondaire et de laide sociale pour les exercices financiers allant de 1995-1996 à 2002-2003. Lexercice financier 1995-1996 est le dernier au cours duquel les anciens accords de financement du FPÉ et du RAPC se sont appliqués, tandis que lexercice financier 1996-1997 est celui qui a marqué lentrée en vigueur du TCSPS. La première barre de lhistogramme (la plus foncée) présente le transfert total du TCSPS en dollars courants, tandis que la deuxième (la plus pâle) indique le transfert total en dollars constants de 1996, cest-à-dire la valeur du transfert corrigée de laugmentation des prix.
Le TCSPS a eu pour conséquence de diminuer, et ensuite de stabiliser, les transferts au titre de la santé, de léducation postsecondaire et de lassistance sociale. Avec lintroduction du nouveau programme, les provinces ont vu leurs transferts passer de 29,7 milliards de dollars en 1995-1996 à 26,9 milliards de dollars en 1996-1997, soit une baisse de 2,8 milliards de dollars (9,5 p. 100). Entre 1996-1997 et 1997-1998, le TCSPS retranchera un autre 1,8 milliard de dollars (6,7 p. 100). Ainsi, entre 1995-1996 et 1997-1998, les transferts aux provinces seront amputés de 15,6 p. 100. Le TCSPS se stabilisera à 25,1 milliards de dollars à partir de 1997-1998 et jusquen 1999-2000, pour ensuite augmenter légèrement entre 2000-2001 et 2002-2003, exercice au cours duquel il atteindra 27,4 milliards de dollars si les prévisions économiques du ministère des Finances se réalisent. Il faut se rappeler que ces données sont fondées sur des estimations de la croissance moyenne du PIB étalée sur trois ans. Il faudrait que cette croissance sélève à plus de 4 p. 100 pour que les estimations se réalisent. Il pourrait donc arriver que ce ne soit pas le cas et que, par conséquent, la croissance du transfert total ne soit pas aussi forte que prévue. La comparaison de lévolution des montants versés par le gouvernement fédéral aux provinces devrait tenir compte de la variation dans les prix. En effet, laugmentation des prix (linflation) fait en sorte que la valeur dun dollar en 1997 est moins grande que celle dun dollar en 1996. Inversement, dans le cas dune déflation, cest-à-dire dune diminution des prix, la valeur dun dollar de 1996 est plus faible que celle dun dollar de 1997. Ainsi, en dégonflant la valeur du transfert total par laccroissement général des prix, on obtient un montant réel comparable, pour ce qui est du pouvoir dachat, dune année à lautre. En termes constants ou réels, la baisse du transfert total au titre du TCSPS est beaucoup plus prononcée quen dollars courants. En dollars de 1996, les transferts aux provinces passeront de 29,7 milliards de dollars en 1995-1996 à 23,7 milliards de dollars en 1999-2000, soit une diminution réelle de 20,4 p. 100. Entre 1999-2000 et 2002-2003, le TCSPS saccroîtra en termes réels de un milliard de dollars(7), soit un taux de croissance annuel moyen denviron 1 p. 100. B. Transfert total en pourcentage des dépenses de programmes des provinces Lampleur des diminutions dans les transferts aux provinces, par suite de lintroduction du TCSPS, fait en sorte que limportance de ce transfert diminue également en proportion des dépenses de programmes des gouvernements provinciaux(8). Le graphique 2 montre que, entre 1995-1996 et 1997-1998, la part du transfert total du TCSPS (ou FPÉ+RAPC pour 1995-1996) passera de 21,4 à 18,9 p. 100 des dépenses de programmes des provinces, et quelle sétablira à 19,3 p. 100 en 1999-2000. La baisse de limportance relative des transferts fédéraux par rapport aux dépenses de programmes des gouvernements provinciaux, malgré une forte réduction de ces dernières, signifie que les provinces devront compenser la baisse des transferts fédéraux par une autre source de financement ou quelles devront utiliser des fonds qui servent actuellement à des fins autres que celles de la santé, de léducation postsecondaire et de laide sociale.
C. Transfert par province et par habitant Le tableau 1 montre le transfert total du TCSPS par habitant entre 1995-1996 et 2002-2003, en dollars courants et en dollars constants de 1996. On y constate que le transfert total du TCSPS exprimé en dollars par habitant diminue de manière importante. En 1995-1996, les provinces ont reçu, en moyenne, 993 $ par habitant; en 2002-2003, elles en recevront 849 $, soit une baisse de 14,5 p. 100 en dollars courants; en dollars de 1996, elles obtiendront 766 $ (une baisse réelle de 22,9 p. 100). La hausse prévue en termes réels du TCSPS par habitant entre 1999-2000 et 2002-2003, selon les prévisions économiques du ministère des Finances, est presque totalement annulée par laccroissement de la population canadienne.
Tableau
1
Le graphique 3 compare la valeur du TCSPS par habitant par province en dollars constants pour les exercices financiers 1996-1997, 1999-2000 et 2002-2003. On peut constater quentre 1996-1997 et 2002-2003, les disparités entre les montants par habitant auxquels les provinces ont droit tendront à diminuer.
Il faut rappeler quavec la fusion du RAPC et du FPÉ, des disparités importantes entre les provinces apparaissaient pour ce qui est des montants par habitant transférés pour la santé, léducation postsecondaire et lassistance publique. La raison en est que, alors que le FPÉ était un programme en vertu duquel un montant égal était versé par habitant, le RAPC était un programme à frais partagés, où le gouvernement fédéral contribuait à environ 50 p. 100 du coût total du programme provincial. Ainsi, les provinces dépensant davantage pour leurs programmes dassistance publique recevaient un montant plus important du gouvernement fédéral en vertu du RAPC. La méthode de calcul du TCSPS adoptée par le gouvernement fédéral fait en sorte que ces disparités inter-provinciales satténueront à long terme et que lon sapprochera de plus en plus dun montant égal par habitant entre les provinces. Le gouvernement fédéral estime quen 2002-2003, ces disparités auront été réduites de moitié(9). D. Transferts au comptant et en points dimpôt Comme lindique le graphique 4, le TCSPS a fait passer le transfert au comptant de 17,5 milliards de dollars, avant son introduction, à 15,0 milliards de dollars la première année de son entrée en vigueur et à 12,5 milliards de dollars lannée suivante. Alors que les transferts totaux auront diminué de 4,6 milliards de dollars entre 1995-1996 et 1997-1998, les transferts au comptant auront, quant à eux, diminué de cinq milliards de dollars au cours de la même période. La diminution, puis la stabilisation du transfert total au titre du TCSPS, combinées à laugmentation graduelle de la valeur du transfert fiscal, se traduisent par une baisse importante du transfert au comptant jusquà la fin de lexercice financier 2000-2001. À partir de 1997-1998, la valeur des points dimpôt transférés dans le cadre du TCSPS surpassera le montant du transfert au comptant.
Le ministère des Finances prévoit que le transfert au comptant ne devrait pas tomber sous le seuil des 11 milliards de dollars. Toutefois, si la croissance du PIB savérait plus faible que prévu ou si la valeur des points dimpôt augmentait plus rapidement, il se pourrait que le transfert au comptant descende sous ce plancher. Dans ce cas, la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces précise que le gouvernement fédéral devrait verser un montant additionnel pour sassurer que le niveau plancher du transfert au comptant est maintenu. Par suite de létablissement du TCSPS, on a remis en question lampleur des compressions, mais on a peu critiqué la méthode de calcul. Lévaluation du transfert total au titre du TCSPS na fait lobjet daucune consultation : la valeur de ce transfert a été fixée à la baisse de façon unilatérale par le gouvernement fédéral, du moins de 1996-1997 à 1999-2000. Par la suite, le transfert total variera annuellement selon la croissance économique, mais toujours à un rythme inférieur à celle-ci. Cela sexplique par le fait que la méthode de calcul restreint le facteur de progression sur lequel se fonde la croissance du TCSPS; si la croissance du PIB était faible, cette limite pourrait éventuellement annuler toute augmentation du TCSPS. En bout de ligne, la méthode de calcul du TCSPS fait en sorte que les provinces recevront des transferts dont la valeur ne tient pas compte de lévolution du coût de la vie. France St-Hilaire(10) soutient que lier la croissance du transfert total du TCSPS à celle de la croissance économique et de la population est pertinente lorsquil sagit de la santé et de léducation postsecondaire, mais que le financement de laide sociale devrait toujours reposer sur les besoins des provinces à ce chapitre. Il reste à voir comment on pourrait introduire le concept de besoin dans la méthode de calcul. Le problème avec le TCSPS, explique-t-elle, cest que les provinces devront désormais assumer seules les coûts additionnels de laide sociale en période de récession. La méthode de calcul utilisée pour évaluer le TCSPS est complexe, voire même compliquée. Comme le suggère Thomas J. Courchene(11), il ny a pas de formule magique pour évaluer le transfert total et sa répartition entre les provinces. Dune part, toutes les provinces sont perdantes car elles reçoivent toutes moins de transferts fédéraux. Dautre part, certaines y perdent plus car elles en reçoivent relativement moins que dautres. Le mode de répartition du TCSPS devrait néanmoins satisfaire certaines provinces. Dune part, des provinces comme le Québec et Terre-Neuve sont avantagées par rapport, par exemple, à ce qui serait le cas si le gouvernement fédéral utilisait une simple formule reposant sur un montant égal par habitant. Dautre part, lélément de mobilité géographique et le poids démographique relatif contenus dans la formule employée pour le TCSPS devraient limiter les effets néfastes des politiques dune province sur une autre. À cet égard, Arthur Kroeger(12) signale quun certain nombre dAlbertains, par suite des coupes que le gouvernement de leur province a pratiquées dans ses programmes sociaux, sont déménagés en Colombie-Britannique pour y bénéficier de prestations plus généreuses. Contrairement à la formule du FPÉ, qui reposait sur un montant égal par habitant, la méthode de calcul du TCSPS ne permet pas de compenser les disparités inter-provinciales et les difficultés quéprouvent certaines provinces moins nanties à offrir une gamme étendue de programmes et de services à leurs résidents. Ces écarts seront certainement plus visibles en période de ralentissement économique. Par ailleurs, le gouvernement fédéral estime que le niveau plancher du transfert au comptant, qui est fixé à 11 milliards de dollars, est suffisant pour lui permettre de préserver son pouvoir dimposer des normes nationales. Des experts(13) ont toutefois recommandé que le plancher du transfert au comptant soit porté à 12,5 milliards de dollars. Selon eux, faire passer ce seuil de 11 à 12,5 milliards de dollars aurait pour avantage daccroître les recettes des provinces et de renforcer lengagement du gouvernement fédéral envers le système dassurance-santé et les programmes sociaux. Si lon tient compte des prévisions du ministères des Finances quant à lévolution du transfert au comptant, le gouvernement fédéral serait tenu, avec une augmentation du plancher, daugmenter le transfert au comptant dès 1996-1997. À compter de lexercice financier 1997-1998, laide financière accordée aux provinces par le gouvernement fédéral au titre de la santé, de léducation postsecondaire et de lassistance publique se composera dune proportion plus importante de points dimpôt. Il a été suggéré que le gouvernement fédéral cesse de verser des transferts au comptant et cède, en contrepartie, des points dimpôt(14). Pour ce faire, il diminuerait ses taux dimposition et les provinces augmenteraient les leurs dun montant équivalent pour compenser la disparition des transferts au comptant. Les recettes tirées des points dimpôt sont perçues non par le gouvernement fédéral mais bien par les gouvernements des provinces; elles peuvent donc difficilement être assujetties à des normes à caractère « national ». En conséquence, transférer plus de points dimpôt aurait pour effet de réduire lassiette fiscale du gouvernement fédéral et de limiter son pouvoir dimposer des normes nationales dans le domaine de la santé ou dautres conditions à légard des programmes sociaux. Par ailleurs, cela donnerait plus de souplesse aux provinces, qui auraient plus de marge de manoeuvre en matière dorganisation et de prestations de soins de santé et de services sociaux. En outre, un plus grand nombre de points dimpôt mettrait les provinces à labri de compressions fédérales unilatérales. Certaines provinces refuseraient catégoriquement un transfert fiscal plus important que celui qui existe actuellement. Pour sa part, le gouvernement fédéral(15) ne veut pas remplacer les transferts au comptant par des points dimpôt supplémentaires. Il maintient quil doit protéger son assiette fiscale pour respecter ses obligations envers les Canadiens dun bout à lautre du pays et ses objectifs à légard du déficit. En outre, il juge que les points dimpôt sont injustes envers les provinces moins nanties puisquils ont plus de valeur dans les provinces riches. Lintroduction du TCSPS marque un changement important dans laide fédérale aux provinces en matière de santé, denseignement postsecondaire et dassistance publique. Le nouveau transfert pourrait même modifier dans lavenir les rapports entre les deux paliers de gouvernement. La nouvelle formule de financement pour la santé et les programmes sociaux aura pour effet de réduire de près de 16 p. 100 les transferts aux provinces entre 1995-1996 et 1997-1998. Cette réduction saccompagnera dune baisse encore plus importante des transferts au comptant. De plus, à partir de 2000-20001, la croissance du TCSPS sera établie en fonction dune fraction de la croissance du PIB. Parce que le TCSPS sera davantage que ses prédécesseurs lié au poids démographique des provinces dans lensemble canadien, les provinces qui reçoivent le plus par habitant devront assumer des réductions plus importantes de transferts. Ce nest quau cours des prochaines années que lon pourra constater leffet réel du TCSPS sur lensemble des programmes sociaux des provinces. Ce nouveau transfert impose des normes nationales seulement pour les soins de santé et pour la mobilité des assistés sociaux. Aussi, avec les réductions importantes des montants transférés et lobligation pour les provinces de respecter la Loi canadienne sur la santé, il pourrait arriver que des fonds, jadis alloués à léducation postsecondaire ou à lassistance sociale, soient affectés aux soins de santé. Banque Royale du Canada. Econoscope. Mai 1997. Courchene, Thomas J. Redistributing Money and Power: A Guide to the Canada Health and Social Transfer. Toronto, C.D. Howe Institute, Observation 39, 1995. Forum national sur la santé. La santé au Canada : un héritage à faire fructifier. Rapport final, vol. 1, 1997. Gouvernement du Canada. Cahier de breffage : Budget 1996. Ottawa, 6 mars 1996, p. 61-69. Kroeger, Arthur. « Le budget 1995 du gouvernement fédéral : réalisme financier ou menace pour la fédération? ». Opinion Canada, vol. 3, no 2, avril 1995. Madore, Odette. Le Financement des programmes établis au titre de la santé. Étude générale, BP-264F. Ottawa, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement, août 1991. Madore, Odette. Le Transfert social canadien en matière de santé et de programmes sociaux : fonctionnement et répercussions possibles dans le domaine de la santé. Bulletin dactualité, CIR 95-2F. Ottawa, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement. Madore, Odette. La Loi canadienne sur la santé : aperçu et options. Bulletin dactualité, CIR 94-4F. Ottawa, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement. Ministère des Finances. Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux - Première estimation : 1997-1998. Ottawa, 18 février 1997. Ministère des Finances. Transfert social canadien en matière de santé et de programmes sociaux - Nouveau mécanisme de financement sur cinq ans, de 1998-1999 à 2002-2003 : Principales caractéristiques. Ottawa, mars 1996. Ministre des Finances, honorable Paul Martin. Plan budgétaire 1996. Gouvernement du Canada, 6 mars 1996. Ministre des Finances et ministre du Revenu du Québec, Jean Campeau. Discours sur le budget et renseignements supplémentaires. Annexe E, 9 mai 1995. St-Hilaire, France. « Le Transfert social canadien : fédéralisme renouvelé ou faire dune pierre trois coups ». Options politiques, vol. 17, juin 1996, p. 27-31. (1) Le lecteur désireux davoir plus dinformation sur le FPÉ et le RAPC, ainsi que des renseignements sur lapplication de normes nationales en matière de santé, peut consulter les publications suivantes : 1) Odette Madore, Le Financement des programmes établis au titre de la santé, Étude générale, BP-264F, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement, août 1991; 2) Odette Madore, Le Transfert social canadien en matière de santé et de programmes sociaux : fonctionnement et répercussions possibles dans le domaine de la santé, Bulletin dactualité, CIR 95-2F, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement et 3) Odette Madore, La Loi canadienne sur la santé : aperçu et options, Bulletin dactualité, CIR-94-4F, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement. (2) Gouvernement du Canada, Cahier de breffage : Budget 1996, Ottawa, 6 mars 1996, p. 61-69. (3) Projet de loi C-76, Loi portant exécution de certaines dispositions du budget, déposé au Parlement le 27 février 1995. Projet de loi C-31, Loi portant exécution de certaines dispositions du budget, déposé au Parlement le 6 mars 1996. (4) Un exercice financier débute le 1er avril et se termine le 31 mars de lannée suivante, tandis quune année civile va du 1er janvier au 31 décembre. (5) Gouvernement du Canada ( mars 1996), p. 66. (6) Ministère des Finances, Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux - Première estimation: 1997-1998, Ottawa, 18 février 1997; Ministère des Finances, Transfert social canadien en matière de santé et de programmes sociaux - Nouveau mécanisme de financement sur cinq ans, de 1998-1999 à 2002-2003 : Principales caractéristiques, Ottawa, mars 1996; Estimations de la population par province et pour le Canada fournies par la Direction des relations fédérales-provinciales et de la politique sociale, Ministère des Finances, 29 mai 1997. (7) Ces données reposent sur des prévisions de lindice implicite du PIB évalué à 1,6 p. 100 en 1997 et à 1,4 p. 100 en 1998 (prévisions de la Banque Royale du Canada), et à 1,5 p.100 pour chaque année de 1999 à 2003 (projection des auteurs). (8) Ces données sont basées sur des prévisions des budgets des provinces. Les prévisions ne sont pas disponibles pour 1998-1999 et 1999-2000 pour ce qui est de la Colombie-Britannique et pour 1999-2000 pour ce qui est de lOntario. Dans ces trois cas, nous avons utilisé les prévisions pour lannée précédente. (9) Ministre des Finances du Canada, honorable Paul Martin, Plan budgétaire, 6 mars 1996, p. 63. (10) France St-Hilaire, « Le Transfert social canadien : fédéralisme renouvelé ou faire dune pierre trois coups », Options politiques, vol. 17, juin 1996, p. 31. (11) Thomas J. Courchene, « Alternative Allocation Formulas for the CHST: The Politics of Zero Sum », chapitre 4 de Redistributing Money and Power: A Guide to the Canada Health and Social Transfer, Toronto, C.D. Howe Institute, Observation 39, 1995, p. 35-64. (12) Arthur Kroeger, « Le budget 1995 du gouvernement fédéral : réalisme financier ou menace pour la fédération? », Opinion Canada, vol. 3, no 2, avril 1995, p. 3. (13) Forum national sur la santé, La santé au Canada : un héritage à faire fructifier, Rapport final, vol. 1, 1997, p. 13. (14) Voir par exemple le document suivant : Ministre des Finances et ministre du Revenu du Québec, Jean Campeau, Discours sur le budget et renseignements supplémentaires, Annexe E, 9 mai 1995. (15) Gouvernement du Canada (mars 1996), p. 68. |