PRB 00-13F SPÈCES NON INDIGÈNES ENVAHISSANTES
Rédaction : Tim
Williams TABLE
DES MATIÈRES LA NATURE DES ESPÈCES ENVAHISSANTES LA NATURE DES DOMMAGES CAUSÉS À LENVIRONNEMENT LES MOYENS DE PRÉVENTION ET DE LUTTE A. Le problème des eaux de ballast B. La prévention par des restrictions législatives à limportation C. Perspectives déradication et de lutte
ESPÈCES NON INDIGÈNES ENVAHISSANTES
Des barrières géographiques naturelles ont séparé les espèces peu après lapparition de la vie sur terre. Les océans, les chaînes de montagnes, les cours deau et les déserts les ont empêchées de se côtoyer et ont permis à des écosystèmes distincts de se développer et de faire vivre des organismes qui leur étaient propres. Toutefois, depuis que les humains ont entrepris dexplorer le monde, ils transportent des organismes, par inadvertance ou à dessein, par-delà les obstacles naturels. Au fur et à mesure que les échanges commerciaux et les déplacements internationaux augmentent, le rythme auquel des espèces sont introduites dans des écosystèmes qui seraient normalement hors de leur aire de répartition tend à saccélérer toujours davantage. Les organismes transportés sont de tous les genres : virus pathogènes, bactéries, champignons, algues, mousses, fougères, plantes à fleurs, invertébrés, poissons, oiseaux et mammifères. Sans lintervention humaine, peu dentre eux seraient présents dans leur nouveau milieu peut-être même aucun. Les chances sont presque nulles, par exemple, quun bovin, que la Moule zébrée ou que le virus West Nile soient transportés par des moyens naturels de leurs écosystèmes natifs, à lautre bout du monde, jusquau Canada. Les espèces non indigènes sont une source de nombreux avantages économiques, notamment dans le secteur de lagriculture, dont elles ont contribué à façonner lhistoire. Aux États-Unis, elles constituent plus de 98 p. 100 du système alimentaire, soit un chiffre estimé à 800 milliards de dollars américains(1). Pourtant, il devient de plus en plus évident que lintroduction despèces non indigènes nest pas sans comporter un coût, notamment sur les plans de léconomie et de la biodiversité, dans ce dernier cas parce quelles amènent une réduction de la diversité des espèces à léchelle de la planète. La question retient davantage lattention depuis que la presse populaire fait état de certains nouveaux arrivés comme la Moule zébrée et le virus West Nile. Le présent document porte sur le problème des espèces non indigènes envahissantes et sur certains moyens pris pour limiter les dommages économiques et écologiques au pays et dans le monde. (Toutefois, il ne traitera pas du rôle de lêtre humain comme vecteur international de maladies telles que la variole, la grippe et le VIH/sida, bien que ce soit là un autre sujet important.) LA NATURE DES ESPÈCES ENVAHISSANTES Lisolement créé par les barrières géographiques a favorisé le développement despèces distinctes, adaptées à des milieux divers. Certains organismes, dits spécialistes, possèdent une niche écologique très étroite. Si leur milieu change ou sils sont transportés dans un environnement un tant soit peu différent de celui auquel ils sont adaptés, ils ne survivront pas. Dautres résistent très bien à un vaste éventail de conditions; ils sont dits généralistes. Lorganisme qui est déplacé de son habitat naturel à un autre habitat qui est situé au-delà de laire naturelle et quil ne pourrait occuper sans lintervention humaine, est dit non indigène(2). Son sort dépendra de sa nature et de celle du nouvel environnement. Ainsi, une plante tropicale qui est apportée en Alaska a moins de chances de survivre quune autre qui passe de lEurope à la partie tempérée du Canada. De même, lorganisme généraliste a plus de chances de survivre que le spécialiste. La vaste majorité des plantes non indigènes ne deviennent pas envahissantes; elles séchappent de petits jardins pour demeurer en zone urbaine ou dans dautres zones très perturbées. Dautres, comme le pissenlit, se retrouvent dans des habitats moins perturbés, plus naturels, mais ne semblent pas nuire à la flore et à la faune indigènes. Beaucoup de plantes non indigènes qui survivent et prolifèrent sont des mauvaises herbes adaptées à des lieux qui sont perturbés périodiquement, comme les villes et les champs. Elles poussent vite et produisent souvent, et fréquemment avec laide dagents de dissémination, des semences abondantes qui demeurent viables longtemps(3). Cest le petit groupe de plantes qui prospèrent dans les régions agricoles et naturelles, au détriment des plantes cultivées et des plantes indigènes, qui sont jugées envahissantes et nuisibles sur les plans économique et écologique(4). Ces espèces ont habituellement peu de prédateurs qui pourraient contenir la croissance de leur population. La même chose est vraie des espèces animales non indigènes et envahissantes, qui tolèrent bien plusieurs milieux, se reproduisent rapidement et comptent peu de prédateurs naturels. Les espèces non indigènes arrivent et se répandent de diverses façons, voulues ou non. On les introduit pour une diversité de raisons dans divers secteurs, notamment lagriculture et lhorticulture. Au Canada, la vaste majorité des plantes non indigènes sont des échappées de cultures qui ne persistent guère(5). Il nempêche que ces échappées peuvent avoir des conséquences très graves, à preuve la fougère grimpante (Lygodium microphyllum) dans les régions marécageuses de la Floride. Un aquarium vidé dans un réseau naturel est fort probablement à lorigine de lintroduction de la Myriophylle en épi, une plante décorative utilisée dans les aquariums, qui infeste maintenant de nombreux cours deau au Canada. Dautres espèces sont importées pour lutter contre un ravageur. Le Moineau domestique a été introduit dans une tentative infructueuse déliminer la Chenille arpenteuse. Dautres encore sont importées pour des raisons plus ésotériques. Il suffit de songer à lintroduction de lÉtourneau sansonnet par quelquun qui souhaitait faire venir aux États-Unis tous les oiseaux mentionnés dans les uvres de Shakespeare. Une introduction dun autre genre, découlant dune activité délibérée, est survenue récemment en aquaculture. Des saumons atlantiques se sont échappés délevages sur la côte de la Colombie-Britannique, et des pêcheurs en ont retrouvé certains dans les ruisseaux de frai(6). Si les saumons échappés ne semblent pas envahissants, on craint néanmoins quils disputent aux saumons indigènes les zones de frai et la nourriture. La même chose semble sêtre produite sur la côte Est du Canada, où lespèce non indigène qui sest échappée est la Truite arc-en-ciel(7). Certaines espèces ont été introduites involontairement en tant que « passagers clandestins ». De nombreuses espèces aquatiques envahissantes non indigènes sont venues dans les eaux de ballast. Les navires sans cargaison, pour assurer leur stabilité en mer, remplissent deau des réservoirs appelés ballasts. Ces réservoirs sont vidés dans les ports où les navires prennent leur cargaison, et leau quils contiennent et les organismes dans cette eau sont rejetés dans le réseau hydrographique local. Cest ainsi que la Moule zébrée a été introduite dans les Grands Lacs. Le serpent des arbres (Boiga irregularis) a vraisemblablement été introduit dans lîle de Guam après avoir voyagé dans la soute du train datterrissage dun avion, et les résultats ont été dévastateurs pour les populations dorganismes indigènes. Le virus West Nile est fort probablement arrivé avec une cargaison doiseaux volailles ou oiseaux de compagnie qui étaient infectés. Le Longicorne brun de lépinette, dont la présence a récemment été confirmée dans le parc Point Pleasant, à Halifax, est probablement arrivé dans des caisses en bois. Bref, laugmentation du transit international de marchandises accroît le risque dintroduire des espèces non indigènes par inadvertance. Selon une opinion dissidente, les espèces non indigènes envahissantes ne causeraient pas de dommage réel à lenvironnement et il ne faudrait pas traiter les préjudices économiques quelles entraînent différemment de ceux quoccasionnent les ravageurs indigènes(8). Les arguments dordre écologique contre les espèces non indigènes seraient alors purement esthétiques, puisque les écosystèmes sont en perpétuelle évolution et que la prolifération des espèces soi-disant étrangères ne peut être distinguée des modifications naturelles de la diversité des espèces indigènes. Ainsi, laffirmation que les espèces non indigènes envahissantes sont mauvaises repose strictement sur des valeurs esthétiques et non sur des données scientifiques. On peut aimer les lacs entourés de peuplements naturels de quenouilles, mais on peut aussi préférer à ces dernières la Salicaire pourpre, plus colorée. De la même manière, les pertes économiques ne peuvent être distinguées de celles causées par les ravageurs indigènes. En fait, soutient-on, de nombreuses espèces introduites par inadvertance profitent à lenvironnement; par exemple la Moule zébrée augmente la clarté de leau. La crédibilité de tels arguments est entamée par leur manque de rigueur scientifique et lutilisation de certains faits, comme la clarté de leau, abstraction faite des résultats de nombreuses études(9). Si la Moule zébrée rend leau plus claire, cest quelle la prive des éléments nutritifs et du plancton quelle contient habituellement, ce qui transforme la chaîne alimentaire dans les lacs. De plus, de nombreuses espèces comme le Doré jaune, commercialement important, préfèrent les eaux troubles. On saccorde généralement à dire que le mouvement des organismes dans le monde qui est attribuable à lactivité humaine cause des dégâts écologiques et économiques graves(10). LA NATURE DES DOMMAGES CAUSÉS À LENVIRONNEMENT Cest dans les îles que les espèces non indigènes envahissantes causent les dommages les plus graves à lenvironnement. La flore et la faune insulaires peuvent évoluer en isolement presque complet, ce qui donne souvent des espèces endémiques, cest-à-dire qui ne se trouvent nulle part ailleurs. Larrivée dun prédateur dans ces écosystèmes spécialisés peut être dévastatrice. Lintroduction du Boiga irregularis à Guam a été la cause directe de lextinction de 10 des 13 espèces doiseaux forestiers et de 9 des 12 espèces indigènes de lézards de lîle(11). Depuis larrivée des humains à Hawaii, il y a environ 2 000 ans, 70 des 140 espèces connues doiseaux ont disparu, avant tout en raison de la présence despèces envahissantes(12). Les espèces continentales souffrent aussi de la présence despèces envahissantes non indigènes. Les moules zébrées ont remplacé la plupart des moules indigènes qui peuplaient les lacs Sainte-Claire et Érié depuis plus de 10 000 ans(13). Environ 40 p. 100 des espèces énumérées dans la Endangered Species Act des États-Unis sont menacées principalement par la concurrence que leur livrent des espèces non indigènes envahissantes(14). Si les invasions ont enrichi la biodiversité de certains écosystèmes, les preuves qui saccumulent indiquent que le contraire est plus fréquent. Une étude de populations de fourmis, par exemple, a montré que la biodiversité, qui normalement tend à croître plus on avance vers les climats tropicaux, sappauvrit le long dun parcours entre lÉtat de New York et la Floride et quil existe une corrélation avec la présence de lenvahissante Fourmi de feu. Même si un organisme non indigène envahissant ajoutait à la biodiversité dun habitat, la plupart des espèces envahissantes tendent à être les mêmes, de sorte que, sur une grande échelle, il y a perte de biodiversité dans un monde qui se transforme en « planète de mauvaises herbes »(15). Dans le passé, on a considéré la présence despèces non indigènes comme profitable sur le plan économique pour les secteurs de lagriculture et de lhorticulture, mais il devient évident que leur invasion coûte cher. Ces coûts sont très difficiles à estimer, mais une tentative récente les chiffre, pour léconomie des États-Unis, à plus de 130 milliards de dollars américains par an(16), essentiellement dans le secteur de lagriculture, qui profite par ailleurs le plus des espèces introduites. Les coûts occasionnés dans ce secteur par les pertes et les dommages, ainsi que par la lutte contre les mauvaises herbes, les pathogènes et les ravageurs des cultures, les rats et les maladies du bétail, dépassaient les 80 milliards de dollars américains. Dautres études, qui tentaient destimer les coûts associés à divers facteurs, confirment que les espèces non indigènes envahissantes représentent un fardeau de plusieurs milliards de dollars par an pour léconomie mondiale. Du reste, les réductions de la biodiversité occasionneront probablement des pertes sur le plan économique quon peut difficilement évaluer à lheure actuelle. LES MOYENS DE PRÉVENTION ET DE LUTTE Lalinéa 8h) de la Convention sur la diversité biologique, que le Canada a ratifiée, énonce que chaque partie prenante, autant que possible et selon ce quil convient, « empêche dintroduire, contrôle ou éradique les espèces exotiques qui menacent des écosystèmes, des habitats ou des espèces ». On convient généralement quil est moins cher et plus efficace de prévenir lintroduction despèces envahissantes que dessayer de sen débarrasser une fois quelles sont arrivées(17). La difficulté consiste à prévoir quel sera le prochain envahisseur. Les espèces envahissantes semblent avoir certaines caractéristiques communes, mais il nexiste pas de modèle qui permette de reconnaître clairement lespèce qui deviendra envahissante. De même, il demeure difficile de prévoir le moment dune invasion. Certaines espèces introduites restent inoffensives durant des années, puis deviennent envahissantes, pour des raisons souvent obscures. Larrivée de la Moule zébrée et son invasion des Grands Lacs étaient prévues depuis les années 20; pourtant, linvasion ne sest produite que vers la fin des années 80. Sans doute certains facteurs environnementaux jouent-ils un rôle déclencheur. Dans le cas de la Moule zébrée, on a conjecturé que la meilleure qualité de leau des Grands Lacs a facilité linvasion. Les changements climatiques peuvent aussi exercer une influence(18). Sans moyen de prévoir quelle espèce risque de proliférer et dans quelles circonstances, il est très difficile de barrer la voie aux envahisseurs. Il nempêche quon peut chercher à limiter autant que possible leur entrée en repérant les voies qui présentent le plus de risques, par exemple leau de ballast et les caisses demballage en bois. On peut ensuite réglementer ces voies de façon à réduire au minimum lentrée dorganismes, sans devoir connaître tous les envahisseurs possibles. Dans le cas des caisses en bois, le gouvernement du Canada redouble de vigilance dans les ports et mène les discussions en vue délaborer une norme internationale des emballages en bois massif. De nombreuses mesures à de multiples échelles peuvent être prises pour réduire le plus possible le transport dorganismes dans les eaux de ballast. A. Le problème des eaux de ballast Chaque année, plus de 10 milliards de tonnes deau de ballast sont transvidées dun endroit à lautre dans le monde, et elles peuvent transporter des milliers despèces(19). La Moule zébrée, qui a été introduite de cette façon dans les Grands Lacs, a infesté plus de 40 p. 100 des cours deau; les dommages quelle a causés et les moyens mis en uvre pour lutter contre elle ont occasionné des dépenses qui se chiffrent dans les milliards de dollars. Lintroduction du cténaire Mnemiopsis leidyi dans la mer Noire en 1982 a presque détruit toutes les pêches, ce qui représente un coût de 500 millions de dollars américains par an(20). Il y a plusieurs interventions possibles pour limiter lentrée dorganismes par les eaux de ballast. LOrganisation maritime internationale des Nations Unies (OMI) a établi des lignes directrices pour gérer les eaux de ballast. Elle y préconise notamment de réduire la prise dorganismes en choisissant le moment et le lieu où prendre leau, de nettoyer périodiquement les ballasts, de vider leau dans des installations de stockage à terre et de changer leau de ballast en mer. Cette quatrième mesure est jugée efficace, parce que les organismes marins recueillis en mer au cours du changement deau ne survivent généralement pas en eau douce. Elle nest pas parfaite, toutefois, surtout sil reste beaucoup de sédiments dans les ballasts et si leau est prise là où les organismes tolèrent bien divers degrés de salinité, comme cest le cas dans la mer Noire. Dautres moyens à létude sont plus exigeants : filtration de leau, stérilisation par rayonnement ultraviolet ou biocides ou introduction de prédateurs dans les réservoirs. À lheure actuelle, lapplication des lignes directrices de lOMI est volontaire; cependant, on travaille à les intégrer dans une convention juridiquement contraignante, peut-être en annexe de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL). Plusieurs gouvernements et organisations internationales se sont dotés de lois ou de directives pour limiter le plus possible lintroduction despèces envahissantes par leau de ballast. Le plus souvent, les navires sont tenus de changer leau de ballast en mer. La Loi sur la marine marchande du Canada, modifiée en juin 1998, prévoit le pouvoir de réglementer leau de ballast; il reste que les mesures de prévention demeurent volontaires. De fausses déclarations concernant la gestion de cette eau ont fait lobjet de procès qui ont été gagnés en vertu de cette loi. Les États-Unis ont des règles dapplication obligatoire qui exigent le changement de leau de ballast des navires à destination des Grands Lacs depuis 1993. Le Canada et les États-Unis indiquent que ces mesures sont généralement respectées; or, selon un rapport de 1995, seulement 50 p. 100 des navires entrant dans la voie maritime soumettaient les rapports exigés par le Canada sur les procédures suivies pour gérer les eaux de ballast(21). Les programmes actuels de changement de ces eaux comme le programme obligatoire de lAdministration portuaire de Vancouver peuvent exiger de changer seulement 85 p. 100 de leau, ce qui ne dilue pas leau suffisamment pour tuer de nombreux organismes. Il serait plus efficace dexiger un triple changement en mer. Il nen reste pas moins quaucun programme de gestion des eaux de ballast ne sera jamais entièrement efficace, à moins dexiger lutilisation de biocides. Ce genre de programme ne peut servir quà réduire le risque. La plupart des règlements concernant les eaux de ballast présentent une autre lacune, celle de ne viser que les navires ballastés. Les navires qui transportent une cargaison dont les ballasts sont donc lèges ne sont pas réglementés, mais ils contiennent des sédiments et de leau impossibles à enlever. On les considère comme des navires à haut risque, surtout sils pénètrent dans les Grands Lacs, déchargent leur cargaison, puis prennent de leau de ballast pour se diriger vers un autre port des Grands Lacs. La réglementation de la gestion des eaux de ballast est un des rares moyens de limiter lintroduction involontaire despèces envahissantes. Dautres pays, surtout ceux qui ont subi des invasions importantes dans le passé, appliquent des règles plus exigeantes, telles que la fumigation des avions en provenance dailleurs. Même en resserrant la réglementation et en disposant dun accès relativement facile aux moyens de transport en provenance dailleurs, on ne pourra empêcher les espèces envahissantes dentrer. Vu la circulation toujours croissante des marchandises, les arrivées involontaires augmenteront. Les introductions volontaires constituent un autre problème, auquel on peut sattaquer en restreignant limportation dorganismes ravageurs. B. La prévention par des restrictions législatives à limportation De nombreux pays restreignent limportation danimaux et de végétaux, notamment pour empêcher quils nuisent aux plantes et aux animaux domestiques. Au Canada, le pouvoir de restreindre le mouvement des plantes et des animaux est conféré par plusieurs lois. La Loi sur la protection des végétaux vise à « empêcher limportation, lexportation et la propagation des ennemis des végétaux et [prévoit], dune part, les moyens de lutte et délimination à cet égard et, dautre part, la délivrance de certificats à légard de plantes et dautres choses ». Les parasites des plantes sont désignés comme tels à lissue dune évaluation des risques définie par lOrganisation nord-américaine pour la protection des plantes, dans sa norme NAPPO Standard for Plant Pest Risk Analysis, fondée en grande partie sur le préjudice économique possible. LOrganisation est un organisme régional de la Convention internationale pour la protection des végétaux de lOrganisation des Nations Unies pour lalimentation et lagriculture (FAO). Les ravageurs réglementés par cette loi comprennent les organismes manifestement nuisibles comme des maladies et des prédateurs des cultures, mais aussi certaines plantes véritablement aquatiques, telles lHydrilla et la Myriophylle à épi, dont lentrée au Canada est interdite. Toutefois, étant donné que la Myriophylle à épi est déjà au Canada et que lHydrilla est généralement reconnue comme le prochain envahisseur des Grands Lacs, car elle sest déjà propagée de la Floride à la Pennsylvanie(22), la Loi semble donner peu de pouvoir pour empêcher les invasions si les envahisseurs possibles ne sont pas bien identifiés et classés comme parasites avant le début leur invasion. La Convention a récemment été modifiée conformément aux normes phytosanitaires de lOrganisation mondiale du commerce, établies pour que des pays ne se servent pas de lentrée despèces éventuellement menaçantes comme barrière technique au commerce. Parce quil faut démontrer que les espèces sont économiquement nuisibles avant de pouvoir intervenir, la Convention ne semble pas un outil très puissant pour prendre des mesures de prudence contre les invasions(23). La Loi sur la santé des animaux concerne, « dune part, les maladies et substances toxiques pouvant affecter les animaux ou transmissibles par ceux-ci aux personnes, dautre part, la protection des animaux ». Elle interdit limportation de certaines espèces envahissantes. Par exemple, son Règlement interdisant limportation des abeilles domestiques vise à empêcher limportation dabeilles domestiques en provenance des États-Unis, en raison de lenvahissant acarien varroa, découvert dans ce pays en 1987. Labeille domestique est une importation dEurope, qui a largement remplacé les insectes pollinisateurs indigènes, ce qui en fait un des insectes les plus importants à la fois du point de vue écologique et du point de vue économique. Parce que cette abeille a tellement proliféré, les plantes et les industries qui en dépendent sont vulnérables aux maladies et aux parasites envahissants qui sattaquent à elle, par exemple le varroa(24). Jusquici, pour diverses raisons, dont les restrictions à limportation, cet acarien nest pas devenu un grave problème au Canada. Ironiquement, certains voient dans labeille africaine (l« abeille meurtrière ») un remède au varroa parce quelle y résiste mieux que labeille européenne(25). La Loi sur la protection despèces animales ou végétales sauvages et la réglementation de leur commerce international et interprovincial, surtout destinée à empêcher limportation et le mouvement des végétaux et animaux énumérés dans la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées dextinction (CITES), comporte aussi des dispositions pour prévenir lintroduction despèces nuisibles au Canada. Lannexe II du Règlement sur le commerce despèces animales et végétales sauvages renferme une liste des espèces dont limportation est interdite. Cette liste se limite actuellement au Chien viverrin, à certains genres de mangouste et à quelques oiseaux. Une quatrième loi, la Loi sur les semences, peut empêcher limportation et la propagation despèces potentiellement nuisibles. Toutefois, cette loi vise à maintenir la qualité des semences plutôt quà prévenir la propagation despèces non indigènes envahissantes dans les systèmes naturels. Des 44 espèces énumérées dans la publication du Service canadien de la faune intitulée Plantes envahissantes des habitats naturels du Canada, la Loi sur les semences en énumère trois qui sont des mauvaises herbes nuisibles interdites, une qui est une mauvaise herbe nuisible principale et une autre qui est une mauvaise herbe nuisible secondaire. Les graines de mauvaises herbes interdites ne peuvent faire partie des lots de semence, tandis que le degré de nuisibilité et labondance dautres herbes nuisibles servent à déterminer la qualité du lot de semences. La Loi sur les semences fédérale ne sera tout au plus quune faible mesure préventive contre les espèces non indigènes envahissantes. Les lois des provinces sur les mauvaises herbes donnent plus de pouvoir pour lutter contre les mauvaises herbes nuisibles et nombre dentre elles autorisent les administrations municipales à désigner des espèces comme étant nuisibles(26). Toutefois, cette désignation est peu susceptible de profiter de façon appréciable à lenvironnement, parce que la plupart des mesures sont destinées aux milieux urbains et agricoles et peuvent ne pas convenir à des milieux naturels où elles risquent en outre de nuire à la flore indigène. C. Perspectives déradication et de lutte De lavis général, la prévention vaut mieux que les tentatives déradiquer ou de lutter contre les espèces non indigènes envahissantes une fois quelles sont établies, mais il ny a souvent pas dautre choix que de réagir à linvasion. Il est souvent impossible dextirper une espèce bien établie; il faut se contenter dessayer den limiter la propagation. Comme la indiqué lUnion mondiale pour la nature dans ses Guidelines for the Prevention of Biodiversity Loss Caused by Alien Invasive Species, il est beaucoup plus facile de lutter contre les espèces non indigènes envahissantes ou de les éradiquer lorsque les localités, les secteurs et les groupes intéressés sont bien informés et collaborent. En Australie, où, selon certains, même le chauffeur de taxi moyen est conscient des graves conséquences la présence despèces envahissantes, il est beaucoup plus facile de mobiliser la population en faveur de mesures draconiennes pour les éradiquer(27). À Pâques 1999, des plongeurs ont découvert une petite moule très envahissante, semblable à la Moule zébrée, dans trois marinas à proximité de Darwin. Dans les cinq jours et malgré les protestations des plaisanciers, le gouvernement australien avait mis les marinas en quarantaine et, peu après, il avait tué tout ce qui vivait dans leau au moyen dun mélange de chlore et de cuivre. On na pas revu les moules depuis, et les espèces naturelles commencent à revenir. Une algue très envahissante, qui a causé beaucoup de dommages dans la Méditerranée, semble avoir été repérée dans un lagon californien, ce qui a amené un consortium dorganismes à boucler le secteur en vue de léradiquer(28). Au Canada, le fédéral a récemment mis en quarantaine un parc dans la municipalité régionale dHalifax, où des milliers dépinettes rouges sont détruites pour éliminer le Longicorne brun de lépinette(29). Léradication se fera plus ou moins facilement selon lemprise de lenvahisseur, cest-à-dire selon la rapidité avec laquelle on aura décelé linfestation. Le Longicorne avait colonisé le parc de la région dHalifax depuis 1990, mais, à lépoque, on avait cru reconnaître une espèce nord-américaine. Si on avait bien identifié les échantillons, une évaluation rapide des risques phytosanitaires aurait pu sauver plusieurs arbres quon détruit maintenant. À lévidence, il faut une surveillance minutieuse et beaucoup de vigilance pour reconnaître les envahisseurs éventuels le plus tôt possible, en particulier lorsquils menacent une des plus grosses industries du Canada, comme celle des forêts. Si on ne détecte pas les premiers stades dune infestation et que lespèce simplante, il est souvent très difficile de léliminer. On y a réussi parfois, comme dans le cas du Nutria, un rongeur introduit dans le secteur de la fourrure au Royaume-Uni. De telles éradications sont toutefois rares et très coûteuses. Habituellement, on peut au mieux espérer contenir les envahisseurs qui se sont implantés. La lutte contre les espèces non indigènes envahissantes peut prendre plusieurs formes. Parce que la plupart de ces espèces sont adaptées à des paysages perturbés, on peut chercher à en contenir la propagation en limitant la perturbation du paysage. Ce nest pas une mince tâche, vu le nombre de terres agricoles et le besoin quon en a. Les méthodes mécaniques de coupe des plantes et de piégeage des organismes ont parfois un succès mitigé, en particulier dans le cas de plantes dont les graines ont une période de dormance prolongée ou de plantes aquatiques qui se propagent par les petits morceaux laissés par la coupe. Cela dit, le Nutria a été éradiqué au moyen dune campagne massive de piégeage. Il y a aussi diverses méthodes dempoisonnement. Bien sûr, il est préférable quune toxine soit le plus spécifique possible. La Lamproie qui sest implantée dans les Grands Lacs et a dévasté la population de touladis après lachèvement des réseaux de canaux qui forment la Voie maritime du Saint-Laurent a été contenue par lutilisation dune toxine très spécifique qui sattaque à ses larves. Lefficacité dune toxine repose sur la connaissance quon a de la physiologie de lorganisme cible, du moment où cet organisme y est le plus vulnérable et de la façon exacte dont elle est administrée. Il est donc essentiel de faire des recherches fondamentales sur le cycle vital de la cible, pour mieux la frapper et épargner les autres organismes. Une des méthodes les plus prometteuses, bien que risquée, de lutte à long terme est la lutte biologique. Si des espèces non indigènes deviennent envahissantes, cest en partie parce quelles sont la cible de très peu de prédateurs ou de maladies. Par conséquent, le fait dintroduire un organisme prédateur ou une maladie provenant de lhabitat dorigine de lespèce envahissante pourrait, en théorie, établir un équilibre et contenir la propagation de cette espèce. Ce type de lutte exige lui aussi dimportantes recherches fondamentales avant de libérer lagent de lutte contre lespèce envahissante, il faut être sûr quil ne nuira pas aux plantes ou aux animaux indigènes. Il est également important que la démarche de recherche soit transparente. En Australie, on étudiait, sur une île, un virus qui devait être lâché contre des lapins sur le continent. Le virus sest échappé et il semble quil ait réussi à contenir les populations de lapins, mais le manque de transparence de létude a soulevé beaucoup de préoccupations(30). À une époque où les gens sinquiètent davantage de la libération dorganismes génétiquement modifiés ou non indigènes, il est essentiel de tenir le public au courant des procédures suivies. Dans le passé, lutilisation despèces dans la lutte biologique a donné lieu à de nombreuses erreurs. Le Moineau anglais (domestique), introduit en Amérique du Nord pour lutter contre la Chenille arpenteuse est depuis devenu un ravageur, en plus davoir raté sa cible. Dans dautres cas, lintroduction dun agent de lutte biologique est devenue un jeu de dupes, car il a fallu libérer tour à tour de nouveaux organismes pour lutter contre les précédents, qui avaient échoué(31). Nombre déchecs proviennent derreurs passées en particulier lorsquil sest agi de lintroduction de vertébrés et peu susceptibles de se reproduire étant donné le resserrement des critères. Pourtant, des erreurs se produisent encore. Comme il a été souligné, toutefois, on ne peut jauger hors contexte les risques que présente lintroduction dun agent de lutte biologique; il faut les pondérer en fonction des risques quil y a à ne rien faire ou à utiliser dautres moyens de lutte tels que les pesticides(32). Agriculture et Agroalimentaire Canada est responsable au premier chef de lintroduction de quelque 70 espèces exotiques dinsectes depuis 1952, en vue de combattre 21 mauvaises herbes, très présentes surtout dans les grands pâturages(33). La prévention de lintroduction et de la propagation des espèces non indigènes envahissantes, leur éradication et la lutte quon leur mène exigent une coopération internationale, nationale, provinciale et communautaire. Contre lintroduction par inadvertance despèces envahissantes, le mieux est de repérer les voies dentrée à haut risque, comme les eaux de ballast et les matériaux demballage. On peut sattaquer au problème en adoptant des lois nationales, mais, en bout de ligne, il faudra une coopération internationale et peut-être des conventions juridiquement contraignantes par exemple au moyen dun ajout à la MARPOL, afin de régler le problème des eaux de ballast, ou dune convention sur les matériaux demballage, afin dempêcher lintroduction de ravageurs comme cela sest produit lorsque le Longicorne est arrivé à Halifax. Toutefois, des organismes continueront dêtre introduits et il est essentiel de mettre en place un plan global de surveillance et, sil survient une invasion, de réagir rapidement pour éliminer lenvahisseur. Le gouvernement fédéral a évidemment un rôle à jouer dans la recherche nécessaire pour établir les meilleures méthodes déradication et de lutte, élaborer des lois préventives et surveiller les mouvements des espèces non indigènes. La surveillance est importante pour atténuer le problème, et des projets tels que celui visant les plantes envahissantes du Canada (IPCAN) sont très précieux. Des mesures internationales, comme la Convention internationale pour la protection des végétaux et les normes phytosanitaires de lOrganisation mondiale du commerce, mettent actuellement laccent sur les incidences économiques du commerce des marchandises. En fait, parce que ces règles visent dabord à faciliter le libre-échange et à déjouer lutilisation des critères phytosanitaires comme obstacle commercial non tarifaire, elles semblent peu utiles comme moyen de prendre des précautions contre les invasions(34). Le recours à lalinéa 8h) de la Convention sur la diversité biologique, par lapplication des lignes directrices de lIUCN, pourrait mieux permettre de prévenir les invasions pour des raisons strictement écologiques. Comme plusieurs accords internationaux touchent au problème, les possibilités de contradiction sont élevées. À lheure actuelle, les lois du Canada, comme celles qui ont été adoptées un peu partout ailleurs dans le monde, sont principalement destinées à empêcher les dommages aux espèces agricoles. Aucune ne porte sur les répercussions des invasions sur les systèmes naturels, mais on pourrait probablement utiliser plus efficacement à cette fin la Loi sur la protection despèces animales ou végétales sauvages et la réglementation de leur commerce international et interprovincial. La coordination est capitale, vu les multiples lois et organismes gouvernementaux qui interviennent à tous les paliers. En février 1999, reconnaissant limportance du problème des espèces non indigènes envahissantes et le besoin de sy attaquer de façon systématique, Bill Clinton, président des États-Unis, a signé le décret 13112 qui, entre autres choses, crée un conseil des espèces envahissantes chargé de produire un plan de gestion afin de coordonner la lutte contre ces espèces. Lébauche du plan semble avoir été bien reçue. Avant tout, il faut que le public soit informé si lon veut sattaquer au problème. Si les gens continuent de transporter des organismes sans le savoir ou de planter des espèces comme la Salicaire pourpre dans leurs jardins, il sera presque impossible dempêcher la propagation des envahisseurs nuisibles. En outre, nombre de projets de lutte en cours sappuient sur le concours de bénévoles bien informés. Il faut aussi que le public soit bien renseigné pour susciter la volonté politique qui mènera à ladoption de mesures législatives rigoureuses et à des interventions décisives dès que des espèces non indigènes envahissantes sont découvertes. (1) David Pimentel et al., « Environmental and Economic Costs of Nonindigenous Species in the United States », BioScience, vol. 50, janvier 2000. (2) Dans la littérature, on utilise aussi les qualificatifs exotique, étranger, allochtone et (en botanique) adventice. (3) Erich Haber, « Invasive Exotic Plants of Canada », Fact Sheet No. 1, National Botanical Services, Ottawa, http://infoweb.magi.com./~ehaber/fact1.html. (4) Service canadien de la faune, Plantes
envahissantes des habitats naturels du Canada, (5) Ibid. (6) Associated Press, « Alaska Worried About Threat Posed by Atlantic Salmon : Concerns include diseases, competition for food », Times Colonist, 28 août 2000. (7) Paul McKay, « Ultimate Invader Threatens Salmon : Aquaculture Complex Suspected Source of Rainbow Trout », Ottawa Citizen, 15 juin 2000. (8) Ronald Bailey, « Preaching Ecological Xenophobia : Ronald Bailey Asks : Are We Really Under Attack by Non-Native Species? Should We Care? », National Post, 3 août 2000. (9) Hugh MacIsaac et Anthony Ricciardi, « Why We Shouldnt Let the Bugs In », National Post, 9 août 2000; voir aussi Paul Ehrlich et Anne Ehrlich, Betrayal of Science and Reason, Island Press/Shearwater Books, Washington (D.C.), 1996. (10) Voir Science, vol. 285, 17 septembre 1999. (11) Pimentel et al. (2000). (12) Richard Stone, « Keeping Paradise Safe for the Natives », Science, vol. 285, 17 septembre 1999. (13) MacIsaac et Ricciardi (2000). (14) Pimentel et al. (2000). (15) David Quammen, cité par Joel Achebach dans « The Invaders : Local Plants and Trees are Buried Alive as Foreign Species With No Natural Predators Mount a Full-Scale Assault », Montreal Gazette, 5 août 2000. (16) Pimentel et al. (2000). (17) IUCN (Union mondiale pour la nature), Guidelines for the Prevention of Biodiversity Loss caused by Alien Invasive Species, février 2000. (18) Martin Enserink, « Biological Invaders Sweep In », Science, vol. 285, 17 septembre 1999. (19) Global Ballast Water Management Programme, « UN Moves on Alien Invaders », communiqué, 10 juillet 2000. (20) Ballast Water News, numéro 1, avril-juin 2000. (21) Proceedings of Maintaining Biological Integrity of the Great Lakes : Preventing Harmful Invasions, Commission mixte internationale, 25 septembre 1995. (22) Phil Surguy, « Waiting for the Unwary : Human Inadvertance Will Probably Bring to the Great Lakes a Weed That Knows No Limits », National Post, 20 juin 2000. (23) Chris Bright, Life Out of Bounds, Bioinvasion in a Borderless World, W.W. Norton & Company, New York, 1998. (24) Ibid. (25) Debora MacKenzie, « A Kinder, Gentler Killer », New Scientist, 1er juillet 2000. (26) On trouvera une description plus détaillée des lois provinciales sur les mauvaises herbes en ce quelles touchent les espèces non indigènes envahissantes dans la publication Plantes envahissantes des habitats naturels du Canada du Service canadien de la faune. (27) Jocelyn Kaiser, « Stemming the Tide of Invading Species », Science, vol. 285, 17 septembre 1999. (28) Jocelyn Kaiser, « California Algae May be Feared European Species », Science, vol. 289, 14 juillet 1999. (29) Communiqué de presse de lAgence canadienne dinspection des aliments, 30 mai 2000. (30) Elizabeth Finkel, « Australian Biocontrol Beats Rabbits, But Not Rules », Science, vol. 285, 17 septembre 1999. (31) Bright (1998). (32) David Pimentel, « Biological Control of Invading Species », Science, vol. 289, 11 août 2000. (33) Centre de recherches de Lethbridge, Section
de phytotechnie, projet de lutte biologique, (34) Bright (1998). |