PRB 00-21F L'ÉCONOMIE
POLITIQUE DE L'INTÉGRATION MONÉTAIRE : Rédaction : Marc-André Pigeon
TABLE DES MATIÈRES
LES ARGUMENTS EN FAVEUR DUNE UMNA LA
THÉORIE SOUS-JACENTE : LES ZONES MONÉTAIRES LEXPÉRIENCE
EUROPÉENNE VUE DE PLUS PRÈS : L'ÉCONOMIE POLITIQUE
DE L'INTÉGRATION MONÉTAIRE : Si tout se déroule comme prévu, le franc français, le mark allemand et la lire italienne (entre autres) disparaîtront quasiment des transactions quotidiennes vers le milieu de 2002, fermant un chapitre au moins de la longue histoire du nationalisme européen. Leuro deviendra alors le seul moyen de paiement dans les onze pays qui constituent lUnion économique et monétaire (UEM)(1). Cest en euros donc que seront versés les salaires, financés les programmes sociaux et achetés les biens et services dans le groupe Euro-11(2). Ladoption de leuro ne se fait pas sans heurts. Depuis sa création en janvier 1999, cette monnaie a perdu 27 p. 100 de sa valeur (voir figure 1) par rapport au dollar américain, contredisant les prédictions de la plupart des économistes et observateurs, selon lesquels les strictes conditions établies dans le Pacte de stabilité et de croissance ainsi que les critères plus généraux du Traité de Maastricht en assureraient la robustesse(3). De fait, selon la plupart des travaux de recherche universitaires récents, le cours de leuro est inférieur de 15 p. 100 au moins à ce quil devrait être(4).
Malgré la piètre tenue de leuro jusquici, déminents économistes canadiens ont proposé que le Canada, les États-Unis et le Mexique emboîtent le pas à lEurope. M. Thomas Courchene, de lUniversité Queens, et M. Richard Harris, de lUniversité Simon Fraser (1999), par exemple, se sont prononcés en faveur dune union monétaire nord-américaine (UMNA), et certains politiciens de premier plan ont déclaré ne pas rejeter demblée lidée. LES ARGUMENTS EN FAVEUR DUNE UMNA Avant danalyser les divers arguments présentés lors de la Conférence sur léconomie politique de lintégration monétaire les enseignements de lexpérience européenne pour le Canada, qui sest tenue à Ottawa en septembre 2000, il serait bon de passer en revue les principaux éléments de largumentation de M. Thomas Courchene et M. Richard Harris. Cette argumentation repose sur deux hypothèses clés.
MM. Courchene et Harris estiment quune union monétaire analogue à lUnion monétaire européenne présenterait trois avantages clés :
LA
THÉORIE SOUS-JACENTE : LES ZONES MONÉTAIRES La plupart des arguments en faveur dune UMNA et même de toute variante de la monnaie unique sappuient sur les travaux de M. Robert Mundell, qui a obtenu un prix Nobel notamment pour sa théorie sur les « zones monétaires optimales ». Brièvement, cette théorie veut que toute zone monétaire optimale ait une forte mobilité du travail et des capitaux, un degré élevé dintégration des marchés de marchandises et un cycle économique synchronisé, au niveau temporel et pour ce qui est de lamplitude. Autrement dit, la zone visée devrait déjà se caractériser par de forts liens économiques. Dans son premier travail, datant de 1961, M. Mundell proposait une zone à deux monnaies pour le Canada et les États-Unis : une reliant la partie orientale et lautre, regroupant la partie occidentale des deux pays. Largumentation de MM. Courchene et Harris repose sur la même observation, à savoir que les liens économiques se font de plus en plus (beaucoup plus que dans les années 1960) entre le Nord et le Sud plutôt quentre lEst et lOuest(8). M. Alain Parguez, professeur à lUniversité de Bourgogne en France, a soutenu lors de la conférence que la défense dune zone monétaire optimale sappuie sur une théorie encore plus ancienne. Au XIXe siècle, léconomiste Karl Menger avait en effet prétendu que le choix du moyen de paiement se faisait traditionnellement sans lintervention de lÉtat. En bref, chacun finit par se rendre compte quil est dans son propre intérêt dadopter une monnaie unique pour réduire au maximum les coûts de transaction. Cela signifie que lexistence de multiples monnaies est onéreuse. Pour des raisons defficience économique, il faut une monnaie unique, ce quun marché libre assurera. Cest là le fondement historique et théorique de largumentation de M. Mundell. Un certain nombre déconomistes canadiens de renom notamment M. David Laidler (1999) et M. John McCallum (2000) se sont élevés contre le projet dUMNA, affirmant en gros que le régime existant de taux de change souple avait été bénéfique pour le Canada. Ils ont présenté deux arguments :
LEXPÉRIENCE
EUROPÉENNE VUE DE PLUS PRÈS : Il est intéressant de noter que lUEM a été créée bien que, de lavis général, elle ne réponde pas aux critères dune zone monétaire optimale(11). Léconomiste américain Thomas Palley, du puissant syndicat AFL-CIO, a déclaré lors de la conférence que la création dune union monétaire et, surtout, la poursuite dune cible dinflation de 2 p. 100 (selon un indice des prix à la consommation harmonisé), en labsence dune zone monétaire optimale, pourrait savérer onéreuse notamment pour les travailleurs; en effet ces derniers seraient les premiers touchés par cette politique, puisquelle se soldera par une hausse du chômage. En gros, léconomiste estime que la politique monétaire pourrait avoir des effets radicalement différents selon les régions, lintégration ny étant pas parfaite(12). M. Palley a ensuite présenté certains nouveaux tests empiriques permettant dévaluer si une région constitue effectivement une zone monétaire optimale. À linstar de MM. Mundell, Courchene et Harris, il a trouvé certains signes que le Canada et les États-Unis sont compatibles. Mais il nen a pas conclu pour autant quune union monétaire est une bonne idée pour le Canada, car il craint essentiellement une perte dautonomie en matière budgétaire, ce avec quoi un grand nombre des participants à la conférence étaient daccord. Mme Stephanie Bell, professeur à lUniversité du Missouri à Kansas City, a dit entretenir les mêmes craintes. À son avis, ladhésion à lUnion économique et monétaire, et partant, toute adhésion à une union monétaire nord-américaine, revient à conduire un véhicule sans volant. Son principal argument est que, dans les faits, lUEM ravit aux États-nations leur autorité en matière budgétaire, quil y ait ou non des contraintes liées au financement des déficits ou au ratio dendettement prévues dans des accords comme le Traité de Maastricht et le Pacte de stabilité et de croissance. Son raisonnement est simple : parce que les banques centrales des États ne sont plus autorisées à émettre de bons du Trésor au nom de leur gouvernement et parce que la Banque centrale européenne (BCE) nest pas autorisée à monétiser la dette publique, que ce soit directement ou indirectement, les gouvernements désireux de relancer léconomie par la voie du déficit budgétaire nont dautre choix que démettre des obligations sur les marchés des capitaux, où ils doivent livrer concurrence aux emprunteurs privés. Madame Bell juge « quil se pourrait fort bien que les marchés financiers, sils peuvent estimer le risque correctement, soient en mesure dimposer une certaine discipline en limitant les dépenses publiques sans quil soit besoin de recourir à des pénalités en cas de violation des règles budgétaires » (Bell, p. 21). Cet argument a pour corollaire, bien sûr, que les États-nations endettés (du groupe de lEuro-11) ne seraient plus considérés comme ne présentant aucun risque de défaillance, comme cest le cas actuellement des États-Unis, du Canada et dautres grands pays qui peuvent, en dernier recours, rembourser leurs dettes en faisant marcher la « planche à billets »(13). En définitive, les 11 pays de la zone euro ayant de forts ratios dendettement devront emprunter moyennant des taux dintérêt plus élevés et verront, par conséquent, leur marge de manuvre se rétrécir en matière budgétaire. Les répercussions de cet état de choses pour le Canada sont claires : toute tentative dadoption dun système de structure analogue à celle de lUEM réduira en fait la latitude dont jouit le gouvernement canadien dadopter des politiques budgétaires autonomes et viables économiquement. M. Marcello de Cecco, professeur à lUniversité de Rome « La Sapienza », a souligné, après avoir analysé la situation de leuro du point de vue historique et géopolitique, que lAllemagne, la France et lItalie (du Nord) constituent le cur de lassise industrielle européenne et le moteur de la zone euro. Cette région dont la puissance économique est équivalente à celle des États-Unis et du Japon est essentiellement mue par une économie à vocation exportatrice, comme le Japon. Ce sont les États-Unis qui sont, dans une certaine mesure, à lorigine de cette orientation, puisquils ont garanti laccès à leur marché (et donc à leur demande globale) à lissue de la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre dune tentative plus large de stabilisation du secteur (politique similaire à celle poursuivie avec le Japon). En sappuyant sur son analyse historique, de Cecco avait prédit avec justesse dès le départ que leuro perdrait de sa valeur vis-à-vis du dollar américain, ne serait-ce que par nécessité : les politiciens de la zone enverraient les signaux nécessaires sous la pression de leurs secteurs manufacturiers respectifs, pour que la valeur de leuro chute, pour la simple raison que la demande interne ne pourrait maintenir le rythme de la production. Parallèlement, la réserve fédérale américaine a, dans les faits, assuré la vigueur du dollar en maintenant des taux dintérêt élevés (en termes relatifs). Les implications de largument de M. de Cecco pour le Canada sont un peu moins claires, bien que le Canada dépende fortement de ses exportations à destination du marché américain. Il nen demeure pas moins que, comme Mme Bell, M. de Cecco sinquiète de labsence de contrôle en matière budgétaire en cas dadhésion à une union monétaire et ne préconise pas un tel système dans le cas du Canada. M. James Dean, professeur à lUniversité Simon Fraser, a laissé entendre, en sappuyant sur son analyse de la dollarisation effective « de facto » sopérant en Amérique latine, que le Canada nest pas un bon candidat pour la dollarisation. Selon lui, lAmérique latine devrait adopter « légalement » le dollar pour quatre grandes raisons, dont aucune ne sapplique au Canada.
Selon M. Dean, le Canada ne souffre daucun de ces problèmes, du moins de façon notable. Il défend son point de vue en présentant quatre arguments.
M. Parguez, quant à lui, sest intéressé à ce que signifierait concrètement une UMNA. Il sest demandé, par exemple, comment les dollars canadiens et les pesos mexicains seraient convertis en dollars américains. (Selon lui, il est peu probable que les États-Unis abandonnent leur monnaie, ce qui signifie que le Canada et le Mexique devraient adopter le dollar vert.) Comment la nouvelle banque centrale répartirait-elle la masse monétaire entre les trois pays? Quelles seraient les conséquences institutionnelles dune UMNA? En sappuyant sur ses connaissances de lunion économique et monétaire, M. Parguez a déclaré que les dollars canadiens et les pesos mexicains seraient probablement convertis en dollars américains sur la base de leur cours moyen (ou à long terme), lALENA ayant établi une union économique de facto entre les trois nations. Le Canada et le Mexique y perdraient, puisque leurs monnaies sont sous-évaluées par rapport au dollar américain(14). M. Philip Arestis (Université South Bank, au Royaume Uni) a analysé des théories contradictoires expliquant le recul spectaculaire de leuro depuis sa création en 1999 (voir figure 1). Avec ses corédacteurs (voir notice bibliographique), il a rejeté les arguments selon lesquels la chute de leuro (de 15 p. 100 pour ce qui est de la parité de pouvoir dachat, selon les travaux menés par la Deutsche Bank Research) sexplique par des circonstances de brève durée qui ne représentent guère plus quun « manque de chance ». Selon eux, cet écart a des causes sous-jacentes discernables. Dautres ont laissé entendre que les différentiels de taux dintérêt sont à lorigine du déclin de leuro. Or, à lanalyse, il se révèle que ces derniers sont demeurés à peu près constants en termes réels depuis janvier 1999. Les économistes en concluent donc que le gros du déclin tient probablement aux sorties dinvestissement à long terme dEurope, lesquelles sexpliquent par les rendements plus attrayants quoffre une économie américaine en pleine expansion. Ces sorties de fond traduisent, notamment du moins, un manque de confiance en leuro, lui-même attribuable à des facteurs économiques fondamentaux moins solides en Europe (chômage plus élevé, endettement plus important, etc.). Contrairement à la plupart des commentateurs, M. Arestis nen conclut cependant pas que lEurope doit affaiblir les institutions qui régissent son marché du travail ni adhérer plus étroitement aux impératifs financiers (ratio dendettement, etc.). Selon lui, lEurope na pas ce dont jouissent les États-Unis, à savoir une demande globale forte (même si cette demande est tirée par un endettement record des consommateurs). Pour en arriver au même point au Canada, il faudrait des politiques budgétaires et monétaires concertées, ce qui est pratiquement impossible compte tenu du système en vigueur, dans le cadre duquel les institutions politiques (uvrant au niveau national) et les institutions monétaires (uvrant au niveau supranational) sont distinctes. M. John Smithin (de lUniversité York) et M. Markus Marterbauer (de lInstitut autrichien de recherche économique) ont élaboré un modèle de petite économie ouverte membre dune union monétaire, qui a permis de démontrer que, si lon tient compte de certaines hypothèses et des contraintes imposées par les divers traités européens, la marge de manuvre nécessaire à une politique budgétaire indépendante est fortement réduite. Dans le groupe Euro-11, « seules les différences de taux dimposition permettraient des écarts dans les taux de dépenses » (MM. Smithin et Marterbauer, p. 22). Leur modèle indique que, toutes choses égales dailleurs, les impôts peuvent être plus élevés dans un pays A que dans un pays B si la productivité et les prix attendus y sont plus élevés et si les taux de profit après impôt, les taux dintérêt nominaux et les salaires après impôt y sont plus faibles. Étant donné que les taux dintérêt nominaux sont établis au niveau supranational, les petites économies ouvertes membres dune union monétaire ne peuvent que relever les impôts (et donc les dépenses) que si la productivité et linflation attendue augmentent ou si les salaires après impôt reculent. En revanche, des pressions sexerceront, par la voie de la concurrence, en vue dune harmonisation des taux dimposition. Selon lanalyse classique, les taux dimposition chuteront pour la plupart des facteurs mobiles (capitaux, main-doeuvre fortement spécialisée) et grimperont pour les facteurs les moins mobiles (main-doeuvre moins spécialisée). En fin de compte, ce sera le monde du travail qui sera le plus touché par la transition vers une union monétaire. Une fois encore, largumentation de MM. Smithin et Marterbauer sappuient sur la notion que le groupe de lEuro-11 ne répond pas en réalité aux critères dune zone monétaire optimale. En dautres termes, même si la main duvre est parfaitement mobile dans les textes législatifs, elle ne lest pas en fait (en raison des barrières linguistiques, de lattachement à ses racines, de limperfection des renseignements, etc.). Enfin, Mme Brenda Spotton Visano sest penchée sur la façon dont la technologie pourrait influer sur les unions monétaires existantes et futures. Plus précisément, elle sest demandée si la technologie avait cassé le mécanisme de transmission (présumé) entre la politique monétaire et léconomie réelle. Daprès cette économiste, compte tenu « des progrès récents en matière de processus et de structure des marchés de capitaux, le monopole des banques centrales en matière de compensation des soldes de règlements définitifs monopole qui est dune importance critique pour toute autorité monétaire est véritablement menacé ». Autrement dit, étant donné la rapidité de lévolution technologique, qui permet de concevoir quun système privé de compensation fonctionne sans banque centrale, lidée dunion monétaire et, partant, les banques centrales autres que la réserve fédérale américaine pourraient devenir obsolètes. La quasi-totalité des conférenciers a présenté des arguments et des données suggérant que lunion monétaire avec les États-Unis et le Mexique pourrait ne pas être dans le meilleur intérêt dun Canada souverain, surtout si ce dernier désire poursuivre une politique budgétaire et monétaire autonome. Même si rares ont été ceux qui ont contesté les avantages présumés dune union monétaire (réduction de lincertitude et des coûts de transaction), la plupart ont estimé que ces avantages étaient somme toute modestes, surtout par rapport aux coûts éventuels dune perte de contrôle en matière de politique économique. De fait, certains commentateurs nétaient pas convaincus que lEurope ou lAmérique du Nord constituent des zones monétaires optimales. Certains ont même suggéré que les États-Unis ne peuvent logiquement être considérés comme une zone monétaire optimale, étant donné les importantes différences économiques qui existent entre lOuest (les industries du spectacle, la haute technologie et la fabrication davions), lEst (les centres industriels et financiers), sans mentionner les disparités majeures entre les régions du Nord (les cultures du blé et du canola et lélevage laitier sur grande échelle, quelques industries) et celles du Sud (lagriculture, le pétrole et le gaz). En fait, ces écarts étaient encore plus prononcés lorsque le dollar américain a fait son apparition. Lexistence dune monnaie unique aux États-Unis et dans la plupart des pays illustre le fait que les facteurs géopolitiques et historiques sont et continueront probablement dêtre des conditions nécessaires au maintien dune monnaie solide et saine. La plupart des auteurs ont en effet insisté sur le fait que léchec de leuro provient de la scission entre le politique et léconomique. La seule solution viable pour leuro serait, semble-t-il, de transférer le processus politique au niveau supranational auquel se prennent déjà les décisions dordre monétaire et économique. Il en va de même pour le Canada, selon eux(15). Travaux présentés par les conférenciers :
Autres : Beauchene, Eric. « Alliance Adds Single Currency to Debate ». The Ottawa Citizen, le mercredi 18 octobre 2000. Courchene, Thomas J. et Richard G. Harris. « From Fixing to Monetary Union: Options for North American Currency Integration ». C.D. Howe Institute. 1999. Laidler, David. « The Exchange Rate Regime and Canadas Monetary Order ». Banque du Canada document de travail 99-7. 1999. Laidler, D. et F. Poschmann. « Leaving Well Enough Alone: Canadas Monetary Order in a Changing International Environment ». C.D. Howe Institute. 2000. McCallum, John. « Engaging the Debate: Costs and Benefits of a North American Common Currency ». Analyse conjoncturelle (Banque Royale du Canada). 2000. (1) Il convient de noter que la France, lAllemagne et lItalie ont les économies les plus importantes du groupe Euro-11. Les autres pays membres de lUnion monétaire sont lAutriche (schilling), la Belgique (franc belge), la Finlande (mark finlandais), lIrlande (lire irlandaise), le Luxembourg (franc), les Pays-Bas (florin), le Portugal (escudo) et lEspagne (peseta). LUnion européenne comprend 15 pays. Quatre ont quitté lUnion économique et monétaire, à savoir la Suède, le Danemark, la Norvège et le Royaume-Uni. (2) Les transactions de change et les opérations sur le marché monétaire se font déjà en euros. (3) Selon ces critères, les pays membres ne peuvent accumuler de déficits représentant plus de 3 p. 100 de leur PIB ni afficher un ratio de la dette au PIB supérieur à 60 p. 100. (4) Voir, par exemple, lenquête menée par la Deutsche Bank Research (2000). (5) En dautres termes, nous sommes toujours en déséquilibre et nos prix relatifs sont faussés le plus souvent. (6) Peu de preuves sont présentées pour défendre ce point de vue. En fait, MM. Laidler et Poschmann (2000, p. 9, cité par Spotton Visano, p. 10) estiment que le degré de dollarisation actuel est quasiment identique à celui qui existait dans les années 1970. (7) On sait que, si la monnaie nabsorbe pas les chocs, cest au niveau de léconomie réelle que cela se fera. Ce que lon ignore, cest la mesure dans laquelle le choc sera absorbé par les prix ou par la production. (8) Ces arguments sappuient en fin de compte sur lanalyse classique traditionnelle, qui accorde la primauté au rôle de la monnaie comme moyen de paiement et, par conséquent, suppose la neutralité de celle-ci à long terme. (9) Cet argument est de toute évidence étroitement lié aux notions de justice et de position sociale. M. George Akerlof et Mme Janet Yellen se sont penchés sur la question dans un article fondamental paru en 1990 dans le Quarterly Journal of Economics et intitulé « The Fair Wage Effort Hypothesis and Unemployment ». (10) Il suffit de se souvenir que la dette est estimée en termes nominaux. En dautres termes, une dette de 100 $ avant un choc économique constitue toujours une dette de 100 $ après le choc. Sil sagit dune déflation (comme celle issue de la crise financière asiatique), la population verra quil est plus difficile de rembourser sa dette et donc aura à consacrer une portion plus importante de son revenu au remboursement de sa dette plutôt quà la consommation. La « valeur réelle » de la dette aura donc augmenté. La dette réelle nest que le ratio de la dette aux prix : une baisse des prix a pour effet de relever ce ratio; linverse est également vrai en cas dinflation. (11) Voir Tamim Bayoumi et Barry Eichengreen, « Shocking Aspects of European Monetary Unification », F. Giavazzi et F. Torres, éditeurs, The Transition to Economic and Monetary Union in Europe, New York: Cambridge University Press, 1993. (12) Nous nous servirons dune analogie pour mieux faire comprendre largumentation de M. Palley. Prenons le cas dun enseignant, dont la classe est composée détudiants présentant tous des capacités différentes. Si lenseignant sadresse aux meilleurs dentre eux, les plus faibles en souffriront. De même, sil vise les plus faibles, les meilleurs sennuieront. Le premier scénario rappelle ce qui se passerait en cas de taux dintérêt élevés, situation qui nuirait aux pauvres et augmenterait le chômage. Le second illustre ce qui se produirait si les taux dintérêt étaient bas, situation inflationniste. Nous voulons ainsi illustrer les disparités entre les économies des onze pays membres de lUEM et leur taux de chômage respectif. (13) Évidemment, tout pays faisant appel à ce mécanisme pourrait perdre de sa crédibilité au sein de la communauté financière internationale, car la valeur « réelle » de ses remboursements pourrait être très faible, pour cause de résurgence de linflation et de dépréciation du taux de change. (14) Cest là un élément clé de largumentation de MM. Courchene et Harris. (15) Selon certains commentateurs, cela expliquerait pourquoi le bloc québécois appuie les propositions dUMNA. |