PRB 00-28F COMMENT LES TECHNOLOGIES
DE L'INFORMATION PEUVENT-ELLES
TRANSFORMER LE FONCTIONNEMENT DU PARLEMENT? Rédaction : Daniel
Brassard TABLE
DES MATIÈRES ÉVOLUTION DES ATTENTES DE LA POPULATION LES TECHNOLOGIES DE LINFORMATION AU SERVICE DES PARLEMENTAIRES A. Aider individuellement les parlementaires B. Communiquer avec les électeurs C. Améliorer le processus législatif PERFECTIONNEMENT DES TECHNOLOGIES DE LINFORMATION APPLICATIONS
POSSIBLES DES NOUVELLES TECHNOLOGIES B. Autres usages possibles dInternet par les parlementaires et les parlements A. Coûts et rénovation des installations actuelles B. Modification des procédures et des pratiques ANNEXE I ÉTUDE DES SITES WEB PARLEMENTAIRES ANNEXE II INTERNET MISE À JOUR COMMENT LES TECHNOLOGIES
DE L'INFORMATION PEUVENT-ELLES Les technologies de linformation comptent parmi les forces qui bouleversent la société dans le monde entier. Elles représentent un facteur clé de la tendance actuelle vers la mondialisation et le développement dune « société de linformation ». Ces technologies, qui comprennent entre autres les technologies de communication, peuvent offrir maints avantages, mais une bonne part de leurs conséquences possibles à long terme pour la société relèvent toujours de la pure spéculation. À linstar des autres institutions, les parlements font de plus en plus appel aux technologies de linformation, habituellement au même rythme que la société en général. Bien que certains y voient une source de problèmes, dautres constatent que ces nouvelles technologies donnent aux parlements plusieurs possibilités de mieux sacquitter de leurs fonctions et de répondre aux attentes croissantes de lélectorat. Toutefois, certains des avantages de ces technologies tardent à se manifester, notamment à cause de la réticence des institutions (et des parlements) à apporter les changements nécessaires à leurs procédures et pratiques traditionnelles. En fait, les inconvénients de ces changements peuvent dans certains cas lemporter sur les avantages qui en découlent. Les parlementaires doivent examiner la façon de tirer le meilleur parti possible des technologies de linformation pour transformer le mode de fonctionnement de leur institution, sans pour autant en altérer « la nature profonde ». Il est extrêmement difficile de suivre le rythme effréné de lévolution des technologies de linformation et de la multiplication de leurs applications possibles. Il y a 10 ans à peine, les gens étaient sceptiques à légard des performances que pourraient offrir la bureautique et les technologies de gestion et de leur acceptation par la société. Même il y a cinq ans, qui aurait pu prévoir lessor fulgurant qua connu Internet, utilisé aujourdhui par des centaines de millions de personnes et dinnombrables entreprises et organisations? Cest à la lumière de ces transformations rapides que le présent document :
ÉVOLUTION DES ATTENTES DE LA POPULATION Depuis plusieurs années, le public exige davoir davantage accès à lensemble des institutions gouvernementales, y compris le Parlement, et veut que celles-ci fassent preuve de transparence et defficacité et se plient à lobligation de rendre compte. En outre, la plus grande disponibilité des technologies de linformation, conjuguée à un accès plus facile, contribue à accroître ces attentes. On sattend généralement à ce que chaque institution dispose dun site Web qui expose son mandat, ses activités, son histoire et sa structure organisationnelle, et à ce que linformation présentée soit parfaitement à jour. À présent, on demande aux institutions parlementaires et aux gouvernements :
Dans des pays comme le Canada, où une forte proportion de la population se sert dInternet, il est particulièrement important de répondre à ses attentes en ce qui a trait à un meilleur accès aux technologies de linformation. Daprès un récent sondage Ekos réalisé en janvier 2000, plus de 60 p. 100 des Canadiens possèdent un ordinateur, comparativement à 51 p. 100 en juin 1999, et plus de 45 p. 100 dentre eux sont raccordés à Internet. Certains estiment que, si lon se fie au rythme de croissance actuel, 80 p. 100 des Canadiens auront accès à Internet en 2002. De plus, le sondage Ekos indique que 61 p. 100 des Canadiens désireux dobtenir des renseignements sur le gouvernement passent par Internet(1). On peut présumer quun sondage portant spécifiquement sur les institutions parlementaires donnerait des résultats semblables. Ainsi, les Canadiens se « branchent au numérique », si bien que lInternet devient leur principale source dinformation. Lannexe 2 présente un aperçu de la situation actuelle. LES TECHNOLOGIES DE LINFORMATION AU SERVICE DES PARLEMENTAIRES En général, les parlements et les parlementaires adoptent les technologies de linformation au même rythme que la société en général. Ils tirent pleinement parti des ordinateurs et des logiciels de bureautique ou de gestion les plus modernes, des nouvelles sources dinformation numérique et du large éventail de moyens de télécommunications disponibles. La présente section décrit les technologies dinformation existantes qui pourraient aider le Parlement et les parlementaires à mieux répondre aux demandes de la population; de fait, plusieurs de ces applications sont déjà en usage dans certains parlements. A. Aider individuellement les parlementaires Les parlementaires et les parlements se servent dapplications dusage général dans le monde des affaires telles que les ensembles de logiciels de bureautique (comprenant un logiciel de traitement de texte, un tableur et un logiciel de gestion des renseignements personnels), le courrier électronique, les systèmes de comptabilité et les systèmes de gestion des documents. Ces applications leur permettent de mieux gérer leurs activités, de communiquer plus facilement entre eux et avec les électeurs, et de mieux tirer parti des ressources financières et humaines limitées qui sont mises à leur disposition. Ces outils étant reliés au réseau local de leur parlement, les parlementaires peuvent sen servir pour organiser des entrevues et des réunions et pour gérer leur emploi du temps. Quand le réseau local est relié à Internet, comme dans beaucoup de parlements, les échanges de messages électroniques et lorganisation de réunions peuvent se faire à léchelle globale. En outre, les parlements se servent systématiquement des réseaux intranets (versions localisées dInternet auxquelles ont accès uniquement les membres dune organisation) pour mettre des documents administratifs ou spécialisés à la disposition des parlementaires et de leur personnel. Parmi les formes dutilisation évidente dInternet par les parlementaires, mentionnons :
Le réseau Internet est également un instrument de recherche inestimable pour les parlementaires et leur personnel. Il peut donner accès à un large éventail de renseignements utiles, provenant de sources gouvernementales (fédérales, provinciales ou municipales, au Canada ou à létranger), de sources universitaires, de revues et de bulletins électroniques, de sources privées, ou de nombreux groupes dintérêts et groupes de discussion. Malheureusement, il peut être long et difficile de juger de la qualité des renseignements glanés dans Internet. Les groupes dintérêts spéciaux ont souvent des sites Web qui présentent linformation sous un seul angle, et dune façon qui nest pas nécessairement impartiale. De plus, linformation, même celle des meilleures sources, risque dêtre incomplète ou inexacte. Il ne faut pas accepter linformation aveuglément pour la seule raison quelle se trouve dans Internet, mais faire preuve à son égard au moins du même scepticisme quà légard de linformation dautres sources. De fait, les spécialistes qui se servent dInternet affirment que, faute dune analyse éclairée, la somme dinformation énorme qui est offerte dans Internet peut gêner au lieu dappuyer le processus décisionnel. Le réseau Internet permet également aux parlementaires davoir accès à des bases de données commerciales en direct dans un grand nombre de domaines. Ces sources fournissent généralement des données fiables, mais laccès peut être coûteux, et il peut être difficile de formuler avec précision les questions menant à linformation la plus utile. Au cours de la dernière décennie, les télécommunications ont progressé considérablement. Nous avons assisté à lavènement de nouvelles technologies comme les téléavertisseurs, les télécopieurs et les omniprésents téléphones cellulaires, sans compter une foule de nouveaux services de communication comme le renvoi automatique, les conférences téléphoniques et la messagerie vocale. Ces moyens technologiques permettent aux parlementaires dêtre « branchés en permanence » et de communiquer en tout temps dà peu près nimporte où. Il y a beaucoup dautres exemples de technologies de communication qui peuvent aider individuellement les parlementaires. Les ensembles matériel-logiciel pour les vidéoconférences à prix modique qui ajoutent une petite caméra de télévision, du matériel supplémentaire et un logiciel spécialisé à un ordinateur personnel sadaptent à un large éventail de modes de communication. Il est possible dorganiser localement des vidéoconférences réunissant plusieurs participants au moyen dun réseau à haute vitesse ou de lignes Internet à haute vitesse. Les assistants numériques personnels (ANP) sont des systèmes de communication mobiles qui procurent aux usagers un accès complet, de pratiquement nimporte où, à une foule de services dinformation tels que le courriel, leur propre réseau, les appels téléphoniques, les appels vidéo (au moyen dune petite caméra vidéo) et Internet. Certains ANP, qui sont souvent employés de concert avec des systèmes de téléphonie cellulaire numérique et des ordinateurs portables, peuvent aussi traiter les messages vocaux grâce aux technologies de reconnaissance vocale. B. Communiquer avec les électeurs Au cours des dernières années, plusieurs parlements ont commencé à utiliser Internet, surtout par lintermédiaire de sites Web institutionnels, pour renseigner les électeurs. Ainsi, la population de nombreux pays, dont le Canada, peut sinformer directement au sujet des lois, des procédures parlementaires et des travaux des comités. Normalement, cette information est à jour, bien que le degré dactualité varie considérablement dun parlement à lautre; au Canada, le Journal des débats, qui donne un compte rendu des débats dans les chambres, est publié dans un délai de 24 heures. Plusieurs parlementaires et partis politiques utilisent leur propre site Web pour informer le public et obtenir des commentaires. Lannexe 1 décrit certaines caractéristiques qui pourraient être intégrées au moyen des technologies actuelles pour rendre ces sites Web plus complets et faciles à utiliser. C. Améliorer le processus législatif On peut aussi améliorer le processus législatif lui-même en recourant aux technologies de linformation. Certains parlements utilisent Internet pour connaître les opinions de la population, notamment au moyen des groupes de discussion en réseau qui sintéressent aux questions examinées par les comités parlementaires. Le réseau Internet permet de diffuser plus facilement la documentation électronique ou denvoyer des commentaires, et dans certains cas, de mener des discussions en temps réel. On peut également se servir des sites Web des divers comités pour solliciter la participation des citoyens. De plus en plus, les comités parlementaires recourent aux vidéoconférences afin de réduire leurs déplacements et ceux de leurs témoins. Alors que la qualité des technologies de vidéoconférence sest améliorée rapidement, les coûts ont dégringolé. Les transmissions qui coûtaient 250 $ lheure il y a quelques années à peine peuvent maintenant coûter aussi peu que 25 $ lheure. Cette progression dans le sens dune meilleure qualité, dune plus grande facilité dutilisation et dune baisse des coûts est appelée à se poursuivre. Les technologies de linformation pourraient aussi rendre possible le vote électronique dans les chambres ou donner accès à Internet à partir des chambres et des salles des comités. PERFECTIONNEMENT DES TECHNOLOGIES DE LINFORMATION Linformatique évolue à une vitesse phénoménale, au rythme de lapparition de nouvelles technologies et de nouvelles applications. Les tentatives de prévoir lavenir, même sur un horizon de cinq ans seulement, risquent de susciter des fausses attentes, puisque les choses se produisent rarement de la façon prévue. Parmi les innovations importantes qui pourraient être utilisées dans les parlements dici cinq ans, mentionnons le multimédia, Internet, la biométrique et les réseaux sans fil. Le terme « multimédia » sapplique à une foule de choses, du commerce électronique aux productions sur vidéodisques en passant par les environnements virtuels, et des usages audiovisuels traditionnels aux écrans vidéos multiples en passant par les programmes de formation interactive, la téléphonie, les vidéoconférences et les conférences téléphoniques. Cest la numérisation de textes, de sons, dimages, de vidéos et dautres contenus sous une forme commune qui crée les données multimédias modernes. Ces données peuvent être stockées et traitées facilement par des ordinateurs, et il est également possible de les transmettre sur des réseaux locaux et sur Internet. Le multimédia quitte rapidement le domaine des applications spécialisées pour devenir une technologie dusage courant. Les applications devraient connaître une croissance fulgurante au cours des prochaines années, notamment en raison de laugmentation de la largeur de bande dInternet (capacité de transmettre ou dacheminer des données numériques) et de laccroissement de la capacité de traitement des ordinateurs à prix modique. Le réseau Internet continue à progresser rapidement et suscite régulièrement de nouvelles applications. (Lannexe 2 présente un bref aperçu dInternet tel quil se présente aujourdhui.) Dici quelques années, il deviendra le moyen par excellence pour diffuser de linformation, se procurer des produits de divertissement et réaliser des transactions commerciales. Sa capacité de transmission accrue permet de disposer dun éventail beaucoup plus large de contenus numérisés, entre autres par la diffusion audio et vidéo en continu, qui permet de transférer et de traiter des données (vidéo, audio et multimédias) de façon stable et continue. Il est probable que linformation se présentera de plus en plus sous une forme multimédia, car le nombre dabonnés à Internet munis dune ligne à haute vitesse continue à augmenter. La télévision et la radio sur Internet se répandront, en partie parce que les coûts dacquisition du matériel et du logiciel nécessaires au départ sont minimes. En plus dune adresse électronique, chaque ordinateur comportera des dispositifs et des appareils reliés à Internet permettant des communications et un contrôle en ligne. La biométrie se base sur des caractéristiques physiques propres à une personne pour accorder ou refuser laccès à des documents informatiques. Parmi les exemples de dispositifs de sécurité biométriques, mentionnons les scanneurs qui déchiffrent les empreintes digitales, les caméras capables de reconnaître les visages et les logiciels qui réagissent à la voix. Ces systèmes offrent une solution pratique à des problèmes de sécurité majeurs, et représentent un progrès considérable par rapport aux mots de passe ou aux cartes daccès traditionnels. Ils font en sorte que la personne essayant douvrir une session dans un système est bel et bien la personne autorisée, et non quelquun ayant trouvé une carte daccès dans un bureau ou un mot de passe sur une étiquette collée sous le clavier de lordinateur. Cette forme de sécurité supplémentaire est importante pour des applications comme les réseaux extranets, les dispositifs daccès à distance et les réseaux privés virtuels qui donnent accès à des données privées ou confidentielles protégées par les pare-feu des entreprises. Le recours à la biométrie dispense les usagers de se souvenir de mots de passe ou de garder leurs cartes daccès sous la main. On croit que les dispositifs biométriques vont se répandre rapidement en raison de leur coût relativement faible, de leur utilisation facile et de leur fiabilité. Les réseaux sans fil sont une autre forme de technologie dont lutilité augmente rapidement. Un réseau local (RL) « sans fil » est un système de transmission de données souple qui prolonge ou remplace le RL « câblé » habituel. En faisant appel à une technique de radiofréquence, les RL sans fil transmettent et reçoivent des données sur les ondes, permettant aux usagers déchanger des données tout en se déplaçant. Grâce à ce système, les utilisateurs ont accès à des renseignements mis en commun sans être obligés de se brancher, et les gestionnaires de réseau peuvent mettre sur pied ou développer des réseaux sans avoir à installer ou à déplacer des fils. Les RL sans fil sont plus efficaces et plus pratiques que les réseaux câblés traditionnels, et permettent aux usagers dobtenir de linformation en temps réel nimporte où dans leur organisation. Il suffit à ces derniers de se raccorder à Internet en moyen dun RL sans fil pour obtenir toute linformation et tous les services disponibles sur le RL et dans Internet, de même que les services en ligne. APPLICATIONS
POSSIBLES DES NOUVELLES TECHNOLOGIES Les technologies de linformation sur le marché, ou qui le seront dici cinq ans, offrent beaucoup de possibilités aux parlementaires et aux parlements. Il faut cependant y mettre le prix. Voici un aperçu des applications éventuelles. Lusage de technologies de linformation à la Chambre des communes, au Sénat et dans les salles des comités donnerait aux parlementaires une gamme beaucoup plus étendue de sources dinformation et de moyens de communication dans le cadre de leur travail. Le recours à des systèmes de sécurité biométriques et lusage dun réseau sans fil dans tout le Parlement leur permettraient dutiliser leurs outils modernes peu importe où ils se trouvent dans la cité parlementaire. Le recours systématique au multimédia faciliterait la tenue de vidéoconférences et les présentations multimédias des témoins invités par les comités, et profiterait en fin de compte aux Canadiens en leur permettant de suivre tous les débats des deux chambres et tous les travaux des comités et dobtenir dautres renseignements sur les activités parlementaires via Internet. B. Autres usages possibles dInternet par les parlementaires et les parlements Les parlementaires et les parlements utilisent déjà Internet, mais sans profiter de toutes ses possibilités sur le plan technique. Ainsi quil a été mentionné précédemment, Internet pourrait donner un accès en temps réel aux débats des deux chambres et aux travaux des comités. Ces derniers pourraient utiliser ce moyen pour recueillir des témoignages provenant dendroits éloignés, ou même directement du foyer des témoins. Les vidéoconférences à laide dordinateurs personnels, reliés à des lignes à haute vitesse, permettraient de tenir des conférences virtuelles avec les représentants de différents parlements, de tous les ordres de gouvernement et de divers pays. Le réseau Internet pourrait aussi servir de moyen pour promouvoir la participation des citoyens. Par exemple, on pourrait créer des sites dotés de logiciels spécialisés pour faciliter les discussions entre les parlementaires et un large éventail dintervenants (électeurs, universitaires et groupes dintérêts spéciaux) sur diverses questions de politique. Le réseau Internet pourrait aussi servir pour tenir des plébiscites ou des référendums à léchelle nationale. Par ailleurs, la commodité délections par Internet pourrait accroître la participation électorale et la facilité avec laquelle les citoyens dont la mobilité est restreinte peuvent exercer leur prérogative. Cependant, il faudrait alors prendre des mesures pour éviter dexclure du processus démocratique la partie de la population qui na pas accès à Internet. Un des problèmes quentraîne un pays aussi immense que le Canada est le fait que les habitants des régions éloignées ont parfois tendance à se sentir loin du centre politique du pays. Une utilisation judicieuse des technologies de linformation pourrait contribuer à dissiper ce sentiment en permettant aux citoyens de participer plus efficacement au processus démocratique, quel que soit leur lieu de résidence. Un accès sécuritaire à Internet, grâce à la biométrie, dans un environnement entièrement multimédia multiplie les possibilités de « présence virtuelle ». Il nest pas impossible, sur le plan technique, de laisser les parlementaires voter de lextérieur des chambres et de participer aux débats et aux travaux à distance, et plusieurs parlements se sont penchés sur cette possibilité. Il pourrait sagir dun avantage concret pour les parlementaires, que leurs autres tâches obligent souvent à sabsenter de la chambre ou des réunions dun comité. Dans un pays aussi vaste que le Canada, la longueur des voyages impose un lourd fardeau aux parlementaires sur le plan de leur vie personnelle, surtout à ceux qui représentent des circonscriptions éloignées. Une présence virtuelle pourrait alléger ce fardeau en diminuant la fréquence des voyages, dautant plus que les intéressés pourraient alors utiliser à des fins plus productives les longues heures quils consacrent actuellement à leurs déplacements.
La nouvelle technologie offre maints avantages. Il faut cependant y mettre le prix. Le matériel et les infrastructures de soutien impliquent des coûts additionnels, et dans plusieurs cas, il faudrait engager du personnel de soutien plus spécialisé. En outre et ce nest pas la moindre des choses pour en tirer pleinement parti, on devra modifier plusieurs procédures et pratiques traditionnelles et renoncer à certains des avantages que procure un contact « personnel ». Le recours à la « présence virtuelle » dans les deux chambres et les salles des comités ne serait pas sans soulever plusieurs questions importantes. A. Coûts et rénovation des installations actuelles Il serait possible dintégrer une bonne partie des nouvelles technologies dans les installations actuelles à un coût relativement modeste, particulièrement en misant sur les réseaux sans fil pour réduire les changements à apporter. Cependant, lagencement normal de plusieurs salles de comités se prête mal à des enregistrements multimédias de qualité, et en fonction de limportance accordée par les parlementaires à « limpact visuel » des délibérations, il faudrait éventuellement les réaménager de fond en comble. Lemploi systématique des technologies de linformation entraînerait également des coûts supplémentaires sur le plan de la sécurité. Lapplication des moyens électroniques aux transactions commerciales a fait ressortir plusieurs possibilités de surveillance illicite, despionnage et dintervention malicieuse (piraterie, virus, etc.). Le cryptage des données soulève aussi plusieurs problèmes. B. Modification des procédures et des pratiques Lapplication de plusieurs nouvelles technologies exigerait la modification de beaucoup de procédures et de pratiques en vigueur dans les parlements. Certains de ces changements pourraient savérer inacceptables. Ainsi, la présence virtuelle soulève certaines questions :
Depuis plusieurs années, les travaux de certains parlements, chambres et comités sont télédiffusés. Essentiellement, la situation ne changera pas si lon utilise Internet pour retransmettre des débats parlementaires par multimédia, soit en direct ou en différé. Toutefois, le recours systématique au multimédia pour enregistrer et diffuser les débats dans les chambres et les travaux dans les salles des comités suscite des interrogations :
Jusquà maintenant, on ne sest guère préoccupé des implications juridiques du suffrage électronique dans les organismes dont les réunions sont « virtuelles ». Le contexte électronique rendrait aussi possibles des méthodes plus complexes de vote pondéré dont les fondements juridiques nécessiteraient certains éclaircissements. Il y a lieu également de sinquiéter des conséquences possibles des technologies de linformation pour les relations humaines. Ces technologies risquent dexercer une influence, positive ou négative, sur les rapports des parlementaires avec leurs homologues, les témoins et leurs électeurs(3).
Les parlements et les parlementaires demeurent jusquà maintenant en deçà de la fine pointe de lévolution technologique, se limitant plutôt à lusage des technologies courantes. Lévolution rapide de la technologie et son usage croissant par la population leur imposeront probablement de mieux tirer parti des nombreuses possibilités qui soffrent à eux. Ainsi, les citoyens pourraient plus facilement avoir accès à leur parlement et participer au processus démocratique. Les parlementaires jouiraient dune plus grande liberté. Lutilisation des technologies de pointe pourrait améliorer le processus législatif en fournissant de linformation utile à ceux qui examinent les lois ou travaillent au sein de comités parlementaires. Elle pourrait également faciliter les communications entre les parlementaires et divers groupes intéressés. Par contre, il pourrait y avoir un tribut trop lourd à payer pour obtenir certains de ces avantages, qui nécessitent une modification en profondeur des pratiques et procédures parlementaires actuelles. Quoi quil en soit, il faut préciser que le surcroît dinformation et lamélioration des communications rendus possibles par les nouvelles technologies ne transformeront pas le processus décisionnel comme tel dans le contexte parlementaire. Un récent sondage a révélé que les Canadiens se montrent de plus en plus cyniques vis-à-vis du pouvoir politique(4). Les technologies de linformation pourraient améliorer la transparence et limage des institutions parlementaires, mais si elles ne sont pas employées à bon escient, elles risquent daccentuer encore plus le cynisme actuel. Les parlementaires devront donc soupeser les avantages et les inconvénients des nouvelles technologies avant dopter pour les solutions quelles leur proposent. ÉTUDE DES SITES WEB PARLEMENTAIRES Parmi les principales applications des technologies de linformation dans le milieu parlementaire, ce sont les sites Web que le public connaît le mieux. À lété 1998, le Scottish Office, pour le compte du groupe consultatif sur le parlement écossais, a commandé une étude en profondeur de lutilisation des sites Web parlementaires. Cette étude a donné lieu à un rapport intitulé « Telematics and the Scottish Parliament: Transferable Democratic Innovations », qui a paru en septembre 1998 et quon peut consulter à ladresse http://www.scotland.gov.uk/government/devolution/tdi-00.asp. Les auteurs du rapport ont tenu compte des principes de fonctionnement du nouveau Parlement écossais, en particulier de lobligation pour celui-ci dappliquer « les principes de responsabilité, daccessibilité, douverture et de communication » avec les citoyens. La présente annexe décrit les principales conclusions de ce rapport. UTILISATION DES
SITES WEB PARLEMENTAIRES POUR Voici les cinq domaines analysés :
LES RENSEIGNEMENTS
ESSENTIELS SUR
LES RENSEIGNEMENTS
ESSENTIELS SUR LES MEMBRES Tous les sites Web présentent des renseignements personnels et dautres renseignements sur les parlementaires, notamment leur curriculum vitae, leur emploi du temps, leur participation au vote en chambre ainsi quun aperçu de leurs avoirs et de leurs autres intérêts personnels. LES SERVICES AUX CITOYENS La prestation de services aux citoyens noccupe pas une place très importante. On peut, dans certains cas, commander les publications parlementaires et gouvernementales. Quelques sites donnent des renseignements sur les programmes de placement des étudiants, les possibilités demploi et les postes vacants au Parlement. LES POSSIBILITÉS DE PARTICIPATION ACTIVE DES CITOYENS Les auteurs du rapport ont cherché à savoir dans quelle mesure les sites Web parlementaires encouragent les citoyens à participer à lélaboration des politiques et à faire connaître leurs réactions. Ils ont examiné la présentation des calendriers des débats parlementaires, les possibilités de participation pour les citoyens et la création de tribunes de discussion. Certains sites abordaient des problèmes de lheure, au sujet desquels ils invitaient les citoyens à exprimer leur opinion. Létude a aussi évalué la facilité et le degré daccès aux documents législatifs et aux documents sur les politiques gouvernementales et a vérifié si les sites permettaient de voter dune façon quelconque. Voici les principales constatations :
LACCÈS ÉLECTRONIQUE Voici les principales conclusions du rapport à ce chapitre :
INTERNET MISE À JOUR Internet est un grand réseau composé de petits réseaux ayant convenu de communiquer entre eux à partir dun ensemble commun de normes. Au cours des dernières années, il en est venu à signifier linforoute sur laquelle le nombre de navigateurs de même que léventail de renseignements et de services augmentent à un rythme sans précédent. Vu que la circulation (ou le volume dinformation et de données) dans Internet double pratiquement à tous les 100 jours, on a dû apporter des améliorations majeures à tous ses éléments. Dans certains cas, cette circulation accrue sest traduite par une congestion généralisée et a entravé le transfert des sommes de données considérables nécessaires aux applications dans le secteur de la recherche. Pour obvier à cette difficulté, on a aménagé des nouveaux circuits Internet spécialisés à haute capacité au Canada et aux États-Unis de même que dans les pays de lUnion européenne. Actuellement, le réseau Internet couvre lensemble de la planète, et en juillet 1999, 56 218 000 ordinateurs hôtes y étaient raccordés*. Bien quil soit difficile de déterminer avec exactitude le nombre réel dabonnés, certains estiment quil y en aurait 450 millions dans le monde entier. La plus grande partie de linformation offerte gratuitement sur Internet est composée de documents gouvernementaux, douvrages dont le droit dauteur est expiré, de publications appartenant au domaine public et de textes que les auteurs publient à titre expérimental. Le réseau Internet permet denvoyer des messages par courriel, davoir des conversations en ligne, de consulter des bases de données, dextraire des fichiers et de participer à des discussions variées partout dans le monde. Le service le plus utilisé demeure le courriel, pour lequel chaque abonné dispose dune identification unique. Viennent ensuite les sites Web; en décembre 1999, il y en avait 9 560 866 dans le monde**. Les logiciels de navigation très perfectionnés permettant aux usagers de circuler dans un univers dinformation font partie intégrante dInternet. Les portails sont des sites Web ou des services offrant un large éventail de moyens tels que le courriel, les tribunes de discussion, les moteurs de recherche et le magasinage en ligne. Les premiers portails Web ont été les services en ligne, comme ceux offerts par lAOL (America On-Line), qui donnent accès aux sites Web; la plupart des outils de recherche traditionnels sont devenus des portails Web afin dattirer et de conserver une plus grande clientèle. La capacité de transmission accrue dInternet permet doffrir une gamme beaucoup plus variée de documentation numérique, y compris la diffusion audio et vidéo en mode continu. Cette technique consiste à transférer et à traiter les données (vidéo, audio et multimédias) en un flux régulier et continu. Elle gagne du terrain parce que la plupart des usagers ne disposent pas encore dun système suffisamment puissant pour pouvoir télécharger rapidement des fichiers multimédias volumineux. Grâce à la transmission en continu, un fureteur peut commencer à afficher des données avant que tout le fichier ait été transmis. Pour que la transmission en continu fonctionne, il faut que le client soit en mesure de capter linformation et de lacheminer sous forme dun flux régulier au logiciel dapplication, qui traite les données et les convertit en sons ou en images. Si les données lui parviennent plus vite que nécessaire, le navigateur doit sauvegarder les données excédentaires dans une mémoire tampon, alors que si les données parviennent trop lentement, leur présentation ne sera pas harmonieuse. Plusieurs techniques denregistrement en mode continu se développent concurremment, et des normes de fait devraient simplanter au cours de la prochaine année. La radio et la télévision sur Internet sont des exemples de cette technologie, qui permet également de télédiffuser des événements en temps réel sur Internet. Mentionnons également la nouvelle technique de reconnaissance vocale sur les sites Web (VOXML), qui sert actuellement à diffuser de linformation sur la météo et les cours boursiers. Elle fait appel à un vocabulaire très simple et se prête à un large éventail de voix et daccents. Grâce à cette technique, les handicapés visuels peuvent consulter une page Web vocalement. Elle sinscrit dans un courant généralisé de diversification des méthodes dentrée et daffichage de données, tant sur Internet quavec les autres technologies de linformation. Lessor dInternet saccompagne dun intérêt croissant pour les applications commerciales. Les achats par courriel et avec de la monnaie électronique sur Internet se sont répandus, et pour stimuler les ventes en ligne, on ajoute des renseignements sur les produits, des icônes et des photos. Bien quau départ, une bonne partie de cette réclame commerciale se soit adressée aux consommateurs, la situation a changé depuis quelques années. Cest maintenant sur le plan des transactions entre les compagnies quon observe la plus forte croissance, et cette forme de commerce électronique devrait se répandre rapidement. Selon les estimations, la valeur du commerce électronique sur Internet se situera en 2003 entre 1,8 et 3,2 billions de dollars, dont 90 p. 100 seront les transactions entre les entreprises. Les gouvernements misent eux aussi de plus en plus sur cette technologie pour réaliser leurs transactions. Le gouvernement canadien, à linstar de ceux de plusieurs autres pays dont les États-Unis, le Royaume-Uni, lAustralie et Singapour, entend « passer à lélectronique ». Léchéance visée est la fin de 2004, et des changements majeurs sont en cours au sein du gouvernement canadien afin de respecter cet objectif. Cette conversion vise à offrir de meilleurs services et à établir des relations daffaires plus solides avec les Canadiens, et à servir de catalyseur pour le commerce électronique. (1) Présentation en Power Point donnée par Linda Lizotte-MacPherson et intitulée Gouvernment On-Line Program Review, DPI pour le gouvernement du Canada, le 16 avril 2000. (2) F.C. Arterton, Can Technology Protect Democracy? Roosevelt Centre for American Policy Studies and Sage, Washington, D.C. (Traduction). (3) Des parties de la présente section ont été prises de The Challenge of Cyber Parliament and Statutory Virtual Assemblies, par Anthony Judge Union des Associations internationales, avril 1998 (http://www.uia.org/uiadocs/cyberass.htm). (4) Douglas Fisher, « Making the House Matter: the Apparent Irrelevance of Parliament Has Led to Calls for Fewer MPs Real Reform, of the Institution Should Make Backbenchers Both Relevant and Useful », The Ottawa Sun, le 30 juillet 2000. *
Robert H. Zakon, Hobbes Internet Timeline, v. 3.0 ** Ibid. |