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93-5F
LE SIDA : ASPECTS MÉDICAUX ET SCIENTIFIQUES
TABLE
DES MATIÈRES A. L'épidémiologie du VIH/sida B. Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) C. Le système immunitaire et l'étiologie de l'infection à VIH LE SIDA : ASPECTS MÉDICAUX ET SCIENTIFIQUES* Le syndrome dimmunodéficience acquise (sida) a été décrit pour la première fois aux États-Unis à lété 1981; il a dabord été associé à des cas de pneumonie à Pneumocystis carinii pneumonia et de sarcome de Kaposi chez des homosexuels mâles qui, par ailleurs, étaient immunocompromis. Au Canada, le premier cas de sida a été signalé en février 1982. Depuis, la fréquence de la maladie na cessé daugmenter. Dans le monde 36,1 millions de personnes sont séropositives (infectées par le VIH), et plus de 14 000 nouvelles infections se déclarent chaque jour. La grande majorité des personnes infectées vivent dans le monde en développement, en particulier en Afrique subsaharienne et dans le Sud-Est asiatique et le sous-continent indien. On estime que presque 22 millions de personnes sont déjà mortes du sida et que 13,2 millions denfants sont devenus orphelins à cause de la maladie. Cependant, les chiffres exacts sont difficiles à obtenir parce que, dans de nombreux pays, les cas ne sont pas tous diagnostiqués et que les déclarations de cas sont incomplètes et souvent faites en retard. Comme son nom lindique, le sida se caractérise par le dérèglement du système immunitaire de lorganisme, laissant le malade sans défense contre des maladies inhabituelles et mortelles. Le virus de limmunodéficience humaine ou VIH lagent étiologique du sida a été découvert en 1983. Le VIH nest pas très contagieux et sa transmission est facile à prévenir, mais la prévention dépend dun changement de comportement chez les populations à risque. Ce virus est inhabituel; son taux de mutation est très élevé et, même sil fait lobjet dune recherche intense, son mode daction est mal connu. On ne prévoit pas découvrir de vaccin anti-VIH efficace avant plusieurs années et, jusquà tout récemment, il nexistait pas de traitement efficace contre la maladie. Au milieu de 1996, on a fait rapport sur les résultats de plusieurs essais cliniques portant sur la combinaison de plusieurs médicaments anti-VIH. Selon les premières observations, les associations de trois médicaments ou plus peuvent stopper lapparition de mutants pharmacorésistants; dans de nombreux cas, la concentration du virus dans le sang chute sous le seuil de détection. Il est encore trop tôt pour affirmer quun remède contre le VIH-sida est à portée de la main; cependant, il semble bien quil puisse être possible de transformer linfection au VIH en une infection chronique contrôlable. Depuis lidentification du sida en 1981, les nombreux progrès de la recherche ont permis de mieux comprendre la maladie, son mode de propagation et les méthodes pour la prévenir. La maladie sera décrite ici sous les rubriques suivantes : épidémiologie du VIH/sida; le virus de limmunodéficience humaine (VIH); le système immunitaire et létiologie de linfection à VIH; les maladies opportunistes; les vaccins anti-VIH; et les médicaments anti-VIH. A. L'épidémiologie du VIH/sida Depuis le premier cas de sida diagnostiqué au Canada en 1982, la maladie sest propagée rapidement. Au 31 décembre 2000, elle avait été diagnostiquée chez 17 594 Canadiens et 12 419 dentre eux (70,6 p. 100) étaient décédés. Santé Canada affirme que le retard important dans la déclaration des cas de sida, ainsi que la fréquence des cas non rapportés, font que les chiffres précités sous-estiment la réalité. Après linfection initiale au VIH, la maladie se caractérise par une longue période asymptomatique qui peut durer plus de 10 ans avant que les symptômes du sida ne se manifestent. En 2000, 2 104 cas dinfection à VIH ont été déclarés au Canada, portant le cumul depuis 1985 à 48 014. On calcule quà la fin de 2000, au-delà de 50 000 personnes au Canada étaient séropositives ou sidéennes. Environ 30 p. 100 dentre elles ignorent quelles sont infectées. Santé Canada publie maintenant des statistiques sur lincidence du VIH et du sida dans Le VIH et le sida au Canada. Ce document, qui paraît deux fois lan, traite de sujets auparavant présentés dans deux rapports distincts, Le VIH au Canada et Le sida au Canada,et témoigne dune approche intégrée pour la surveillance du VIH et du sida. Entre autres statistiques, Le VIH et le sida au Canada classe tous les cas de sida signalés au Canada dans une catégorie dexposition et de risques. Au 31 décembre 2000, 72,3 p. 100 de tous les cas de sida chez les adultes attribuables à des catégories de risques identifiables étaient dus aux rapports homosexuels, tandis que 4,8 p. 100 des sidéens étaient des hommes qui indiquaient à la fois des rapports homosexuels et lutilisation de drogues intraveineuses. Les cas restants chez les adultes attribués à des catégories de risques identifiables se répartissaient comme suit : utilisation de drogues intraveineuses, 6,5 p. 100; transfusions de sang, 1,6 p. 100; transfusions de facteurs de coagulation sanguine, 1,7 p. 100; rapports hétérosexuels, 11,6 p. 100. Chez les adultes ne présentant pas de facteurs de risques identifiables, 581 cas de sida ont été signalés (3,3 p. 100 des cas). Deux cent trois cas de sida ont été relevés chez des enfants de moins de 15 ans (1,2 p. 100 des cas). Les données qui précèdent ne donnent quun aperçu de lépidémie de VIH au Canada; elles nindiquent pas quels segments de la population canadienne sont aujourdhui infectés. Il ny a quau Canada et dans les pays développés de lEurope et de lAustralie que le sida demeure une maladie qui touche majoritairement les gays. La fréquence des nouvelles infections à VIH chez les homosexuels masculins du Canada a chuté, surtout chez les plus âgés qui ont éprouvé la mort damis et damants. Malheureusement, les jeunes homosexuels ont moins tendance à se protéger dans leurs relations sexuelles et présentent encore un taux relativement élevé dinfection. Pendant que lépidémie faiblit chez la population homosexuelle, elle sintensifie chez les jeunes hétérosexuels. À la fin de 2000, les femmes comptaient pour 7,7 p. 100 du cumul des cas de sida chez les adultes. Elles représentent une part croissante des cas dinfection à VIH et de sida déclarés chaque année chez les jeunes adultes. En 2000, 22,9 p. 100 des infections à VIH déclarées chez les adultes létaient chez des femmes. De 1985 à 1994, seulement 9,8 p. 100 de tous les cas dinfection à VIH déclarés chez des adultes lont été chez les femmes. Le profil des nouveaux cas dinfection à VIH a beaucoup changé depuis que la maladie a été identifiée. Presque les trois quarts de toutes les infections déclarées entre 1984 et 1995 étaient attribuables à des activités à risque dhommes ayant des rapports sexuels avec dautres hommes. La situation a changé au cours des années suivantes : on a constaté une augmentation de la proportion de femmes infectées et du rôle joué par lutilisation de drogues intraveineuses dans la propagation du virus. Par ailleurs, entre 1994-1995 et 1999 il y a eu diminution du nombre de cas dinfection à VIH déclarés, de diagnostics de sida et de décès liés au sida. Toutefois, en 2000, le nombre de nouveaux cas de sida déclarés a augmenté pour la première fois depuis 1994. En outre, il y a eu une augmentation tant du nombre que de la proportion relative de cas séropositifs chez les hommes ayant des rapports sexuels avec dautres hommes, ce qui confirme la fréquence accrue des infections à VIH constatée chez ce groupe en 1999. Aux États-Unis, le sida a cessé dêtre avant tout une maladie des gays peu après 1990. Les données des Centres for Disease Control and Prevention (centres de contrôle et de prévention des maladies) aux États-Unis indiquent que la proportion de nouveaux cas dinfection à VIH signalés chez les homosexuels et les bisexuels masculins a régressé, passant de 43 p. 100 en 1996 à 41 p. 100 en 1997 et à 40 p. 100 en 1999. Toutefois la tendance sest renversée en 2000, et le taux a de nouveau grimpé à 43 p. 100. Chez les adultes de race blanche, la part de nouveaux cas, qui avait auparavant diminué et qui était ensuite demeurée inchangée à 32 p. 100 en 1998 et 1999, a augmenté de nouveau pour atteindre 37,3 p. 100. Pendant ce temps, le taux de séroposivité a continué daugmenter chez les femmes et les groupes minoritaires, comme au Canada. Le nombre de cas de sida chez les femmes a augmenté au fil des ans, passant de 13 p. 100 du total en 1993 à 17,4 p. 100 en 2000. Chez les Noirs aux États-Unis, le nombre de cas continue daugmenter. Il est passé de 31,8 p. 100 du total des cas en 1993 à 37,8 p. 100 en 2000. Ces statistiques sont troublantes, parce que les Noirs ne constituent que 12,3 p. 100 de la population américaine. De la même façon, les Hispaniques, qui composent seulement 12,5 p. 100 de la population américaine, représentaient 18 p. 100 des cas de sida en 2000. Chez les Américains âgés de 25 à 44 ans, le VIH était la cinquième cause de mortalité en 1999; chez les Noirs du même groupe dâge, cétait la première cause de décès. Les rapports sexuels sont le principal mode de transmission du VIH. Les relations anales ou vaginales non protégées présentent le plus grand risque dinfection, étant donné que le tissu épithélial du vagin, de lanus et du rectum contient des cellules susceptibles dêtre envahies par le virus. Des études scientifiques ont montré que les femmes sont au moins deux fois plus vulnérables que les hommes à la transmission hétérosexuelle du VIH; par ailleurs, la circoncision diminue le risque chez les hommes. On estime que les pratiques sexuelles orales présentent moins de risques, parce que la pénétration du virus est alors limitée aux coupures, aux abrasions ou aux zones dinflammation de la bouche; cependant, on a découvert que le VIH est capable dinfecter des cellules de Langerhans présentes dans lépithélium des amygdales. Le virus est détruit par les acides de lestomac. Lusage du condom (dans une matière autre que le latex) pour toutes les pratiques sexuelles qui impliquent léchange de liquides corporels réduit sensiblement le risque de transmission du VIH. Même si seulement 6,5 p. 100 de tous les cas de sida diagnostiqués au 31 décembre 2000 étaient attribuables directement à lutilisation de drogues intraveineuses, il reste que linjection de drogues à laide de seringues partagées est une activité à haut risque. Des études canadiennes révèlent que les personnes sans domicile fixe et à faible revenu qui habitent le centre des villes courent deux fois plus de risques de devenir séropositifs que les toxicomanes plus riches. On a également observé que les personnes qui sinjectent de la cocaïne plus de quatre fois par jour risquent 2,4 fois plus de sinfecter que ceux qui sinjectent dautres drogues. Aux États-Unis, lusage des drogues intraveineuses est une cause importante de nouvelles infections à VIH. Une analyse menée en février 1995 par les centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis révèle que 75 p. 100 environ des nouveaux cas dinfection à VIH dans ce pays en 1994 étaient de fait attribuables à la toxicomanie. Le VIH peut être transmis par le sang entier et par les dérivés sanguins. Un grand nombre de personnes ont été infectées après avoir reçu du concentré de facteur VIII, un produit de coagulation préparé à partir de plasma sanguin. Environ 1 200 Canadiens ont été infectés par le VIH durant les années 1980 après avoir reçu du sang et des dérivés sanguins contaminés. Depuis le 1er novembre 1985, la Société canadienne de la Croix-Rouge soumet tout le sang reçu à des analyses de recherche des anticorps anti-VIH. Avant cette date, la Croix-Rouge avait institué le dépistage des donneurs afin déliminer les sujets appartenant aux groupes à risque. Aujourdhui, le système canadien de distribution du sang est aussi sécuritaire que nimporte quel autre dans le monde. La Société canadienne du sang, en activité depuis septembre 1998, recherche les lignées les plus courantes de VIH, VIH-1 et VIH-2 dans tous les dons de sang, à laide dun test très sensible qui ne produit pas de « faux négatifs »; en dautres mots, aucun échantillon infecté néchappe au test. Cependant, le test peut produire des « faux positifs ». Les bébés nés de mères infectées par le VIH risquent de contracter le virus. Le VIH peut être transmis de la mère à lenfant (transmission périnatale) de trois manières : 1) par infection in utero lorsque le virus traverse le placenta; 2) par exposition du nouveau-né au sang et aux sécrétions vaginales durant le travail et laccouchement; 3) par transmission postpartum pendant lallaitement. Le taux dinfection varie considérablement, dun minimum de 13 p. 100 à un maximum de 40 p. 100. Dans une étude américaine, on a trouvé que le taux de transmission périnatale passait de 25,5 à 8,3 p. 100 quand on administrait de lAZT aux mères séropositives durant leur grossesse et, par la suite, aux nouveau-nés pendant huit semaines après la naissance. On estime que les associations médicamenteuses faisant appel à au moins trois médicaments anti-VIH permettront dautres améliorations. Au 31 décembre 2000, on avait recensé 158 cas de transmission périnatale ayant progressé jusquau stade du sida au Canada. Ce mode de transmission est de loin le plus important chez les enfants de moins de 15 ans (83,6 p. 100 des cas). Linfection par le VIH inquiète énormément les médecins et les dentistes et, dans une certaine mesure, les intervenants des secours durgence qui sont en contact avec le sang. Des cas de transmission du VIH sont survenus dans les hôpitaux, dhabitude à la suite dune blessure par piqûre daiguille contaminée. Les interventions chirurgicales effractives comportent aussi un risque de transmission du virus par des coupures occasionnées par un instrument chirurgical ou un fragment osseux, mais lincidence dinfection par cette voie est minime. Aucun cas de transmission du VIH dun travailleur de la santé à un patient na encore été enregistré. Le risque dinfection en dentisterie a été soulevé après quil eut été révélé quun dentiste de la Floride (aujourdhui décédé) avait peut-être infecté jusquà cinq patients. Les traitements dentaires ne sont pas considérés comme un facteur de risque grave pour le public, cependant, et des techniques de stérilisation du matériel de dentisterie sont utilisées pour protéger les patients. Dans la profession médicale, le risque est plus grand chez les dentistes et leur personnel qui soignent des personnes infectées par le VIH, mais ce risque est considéré comme minime. Le virus du sida a été isolé dans différents liquides organiques, dont la salive, mais les probabilités de transmission du virus par cette voie sont très minces, voire inexistantes. B. Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) Contrairement à la plupart des virus qui infectent les êtres humains, le VIH est un rétrovirus, cest-à-dire un virus dont le matériel génétique est composé dacide ribonucléique (ARN) et non dacide désoxyribonucléique (ADN). Deux grandes souches de VIH ont été identifiées : le VIH-1, souche la plus répandue dans le monde, et le VIH-2, que lon trouve surtout en Afrique de lOuest. Des deux, le VIH-1 détermine les formes les plus graves de la maladie. À ce jour, on a identifié neuf sous-types génétiquement distincts du VIH, désignés sous-types A à H, et O. Dans lhistoire, aucun virus naura été autant étudié que le VIH, mais il reste encore beaucoup à apprendre. Une particule du virus, ou virion, apparaît comme une sphère irrégulière. Son enveloppe externe est une double couche de cellules lipidiques. Lenveloppe est parsemée de protéines, dont certaines sont dorigine humaine : ce sont des molécules du complexe majeur dhistocompatibilité (CMH), qui jouent un rôle clé dans le système immunitaire humain. Lenveloppe du virion est également hérissée de nombreuses « spicules » de protéines, chacune contenant la protéine gp120 à lextérieur et la gp41 dans lenveloppe. Les protéines sont liées à des sucres, doù le sigle gp signifiant glycoprotéine. Le nombre désigne la masse de la protéine. La protéine gp120 de lenveloppe est dérivée dune molécule précurseur appelée gp160. La protéine gp120 possède une forte affinité pour la protéine CD4 présente à la surface des cellules du système immunitaire, ce qui facilite la pénétration du VIH dans la cellule. Des recherches récentes permettent de penser quune deuxième protéine à la surface de la cellule, une enzyme appelée CD26, servirait en fait de porte dentrée au VIH. Dans la protéine gp120 il y a une boucle appelée boucle V3, qui jouerait un rôle important dans le processus infectieux du VIH. Deux autres protéines ont été identifiées dans lenveloppe, les protéines p17 et p24. Le noyau, ou capside, du virion renferme le matériel génétique du virus sous forme de deux brins dARN. Un certain nombre denzymes essentielles au cycle infectieux du VIH ont été identifiées. Elles sont décrites en détail plus loin. C. Le système immunitaire et l'étiologie de l'infection à VIH Un des principaux facteurs qui empêchent de comprendre à fond le rôle du VIH dans le développement du sida est la connaissance incomplète du fonctionnement du système immunitaire humain. Nous donnons ci-après une brève description du système immunitaire. Le système immunitaire humain consiste en deux sous-systèmes : limmunité humorale et limmunité à médiation cellulaire. Limmunité humorale est basée sur la production danticorps par les lymphocytes ou cellules B, qui sont produits dans la moelle des os et circulent dans le sang. Les cellules B ont des fonctions extrêmement variées; au total, elle représentent des millions de gènes danticorps qui commandent la production dun nombre égal danticorps différents. Les lymphocytes, qui portent à leur surface un anticorps parmi des millions danticorps différents, parcourent lorganisme en permanence, prêts à rencontrer un antigène envahisseur. (Un antigène est une protéine étrangère ou une toxine glucidique pouvant être produite par un organisme pathogène.) Quand un antigène rencontre un lymphocyte B porteur de lanticorps correspondant, la cellule B est amenée à se diviser rapidement et à sécréter de grandes quantités danticorps qui attaquent lenvahisseur. Il nest même pas nécessaire, pour être efficace, que lanticorps corresponde exactement à lantigène. Limmunité à médiation cellulaire fait intervenir un type de lymphocyte, appelé lymphocyte T, qui provient du thymus. Contrairement au lymphocyte B, le lymphocyte T ne peut pas « voir » lantigène entier, mais les récepteurs à sa surface reconnaissent les fragments protéiques de lantigène, ou peptides. Les peptides, qui sont des séquences linéaires courtes dacides aminés, peuvent même contenir la partie interne dun microbe. Une molécule de la protéine du complexe majeur dhistocompatibilité (CMH) véhicule le fragment dantigène et le « présente » au lymphocyte T. Les lymphocytes T se divisent en deux sous-populations : les CD4 (auxiliaires) et les CD8 (tueurs). Ces derniers sont aussi appelés « lymphocytes T cytotoxiques » parce quils tuent littéralement les cellules infectées, limitant ainsi la propagation du virus. Les lymphocytes T CD4 réagissent au signal chimique donné par le fragment dantigène sur la protéine CMH et sécrètent de grandes quantités de substances chimiques appelées lymphokines. Les interférons et les interleukines sont deux des diverses classes de lymphokines. Ces substances chimiques stimulent le système immunitaire et déclenchent linflammation des tissus qui fait partie de la réaction immunisante. Le système complémentaire est un autre élément important du système immunitaire. Ce sous-système fait interagir plus de 18 fractions protéiques qui accroissent les défenses de lorganisme quand les anticorps simbriquent avec les antigènes envahisseurs. Entre autres choses, le système complémentaire facilite la lyse (dégradation) des cellules des pathogènes envahisseurs. Les lymphocytes B et T forment un système étroitement lié qui a des réactions en boucle positives et négatives. Les lymphocytes T stimulent les lymphocytes B et contribuent à leur activation, état où ils se divisent rapidement et produisent de grandes quantités danticorps. De leur côté, les lymphocytes B transforment les antigènes de telle manière que les lymphocytes T réagissent immédiatement, contribuant ainsi à leur activation. Il faut une certaine compréhension du système immunitaire avant daborder la question du sida, car la théorie dominante veut que les lymphocytes T CD4 soient altérés par le virus, ce qui cause des anomalies fonctionnelles et une diminution du nombre de cellules et finit par entraîner la grave immunosuppression qui caractérise linfection à VIH avancée. Dautres types de cellules, notamment les grosses cellules phagocytaires appelées macrophages, sont aussi infectées par le VIH et peuvent agir comme des réservoirs importants du virus en dehors du système sanguin et comme vecteurs du virus à dautres organes (leffet « cheval de Troie »). On sait que linfection par le VIH suit différentes étapes avant daboutir à létat appelé sida. Chez 50 à 70 p. 100 des gens, entre trois à six semaines après la primo-infection par le VIH, un syndrome aigu semblable à la mononucléose apparaît, caractérisé par de la fièvre et des malaises généralisés. On note aussi une virémie élevée (présence de particules virales dans le sang) durant cette période. Une semaine à trois mois après la primo-infection, lorganisme mobilise ses défenses contre le VIH. En même temps, il se peut que le virus se propage largement dans lorganisme, particulièrement dans les organes lymphoïdes. La réaction immunitaire provoque une chute importante de la virémie mais ne réussit pas à supprimer totalement la reproduction du VIH. Le virus devient presque impossible à déceler dans les cellules du sang périphérique, mais il reste décelable dans les ganglions lymphatiques. On connaît mal le ou les mécanismes qui entraînent le dysfonctionnement du système et la destruction des lymphocytes T CD4. Lhypothèse la plus simple veut que les lymphocytes T soient tués directement par le virus après linfection. Il a été démontré également, in vitro, quun lymphocyte T infecté se liera avec un certain nombre de lymphocytes non infectés, formant des grappes appelées syncytiums; ce processus entraîne la mort de toutes les cellules concernées. La formation de syncytiums a rarement été observée in vivo cependant. Il se pourrait aussi que les lymphocytes T CD4 soient détruits à la suite dune réponse immunitaire propre au VIH où interviennent à la fois le sous-système humoral et le sous-système cellulaire. Différentes protéines virales qui stimulent la formation danticorps ont été identifiées; les lymphocytes T infectés par le VIH qui expriment ces protéines à leur surface sont peut-être détruits sélectivement par les lymphocytes T cytotoxiques. Il se peut aussi que le système immunitaire soit perturbé sans quil y ait destruction proprement dite de cellules : les cellules infectées ne fonctionneront pas normalement, doù limmunodépression du système. Selon une autre hypothèse, une forme quelconque de réaction auto-immune provoquerait la mort des lymphocytes T CD4. On a constaté quun nombre important de personnes infectées par le VIH ne développaient pas le sida; selon les résultats de certaines études, à peu près la moitié des personnes nont toujours pas le sida 10 ans après avoir été infectées. Une étude réalisée à San Francisco indique que 8 p. 100 des hommes infectés depuis 10 à 15 ans demeurent cliniquement normaux, naffichant que des anomalies mineures des systèmes sanguin et immunitaire. Un groupe de recherche britannique laisse entendre que jusquà 25 p. 100 des personnes infectées par le VIH survivront 20 ans sans développer le sida. Tout indique que la « charge virale » la quantité de virus dans lorganisme est un facteur important dans le développement du sida. Les personnes dont la charge virale est élevée, tant au départ quavec la progression de linfection, semblent développer plus rapidement la maladie. On ne sait pas pourquoi la charge virale est plus élevée chez certaines personnes que chez dautres, mais la réponse à cette question pourrait donner des renseignements sur létiologie de la maladie et contribuer à lamélioration des thérapies. En somme, malgré les différentes hypothèses qui ont été proposées pour expliquer comment le VIH provoque les événements pathologiques qui finissent par déclencher le sida, aucune explication nest totalement satisfaisante. Lopinion à laquelle la majorité semble se rallier, cest que le sida résulterait dune surcharge de VIH dans lorganisme de la personne infectée, causant une activation incomplète de la réponse immunitaire, suivie par la destruction du système par le virus. On sait maintenant que linfection par le VIH conduit à un processus pathologique, qui débute par lexposition initiale et se termine par les formes avancées de limmunodéficience, le stade appelé sida. La mort du malade résulte des interactions complexes entre linfection par le VIH en soi et les infections opportunistes et les cancers qui sont fréquemment liés au syndrome. Le premier stade de linfection, le « syndrome rétroviral aigu », est caractérisé par des accès de fièvre, une pharyngite, des maux de tête, des malaises généralisés et une éruption cutanée. Les symptômes sont souvent confondus avec ceux de la grippe ou de la mononucléose infectieuse. Ces symptômes se manifestent entre une et trois semaines après linfection et peuvent durer une semaine ou deux. Durant cette période, le nombre de particules virales dans le sang est très élevé, et la personne infectée est contagieuse. Il est essentiel, par conséquent, que le counseling soit entrepris immédiatement afin de prévenir la transmission du virus. À létape suivante de la maladie, la plupart des personnes infectées entrent dans une période de « latence clinique ». Une étude portant sur un grand nombre dhomosexuels mâles a révélé que la période médiane entre la date estimative de linfection et lapparition du sida était de 10,8 ans. Cette période peut varier entre un minimum de 12 mois et plus de 11 ans. En réalité, le virus nest pas réellement inactif durant cette période; le terme latence est donc inexact. Pratiquement toutes les personnes infectées subissent une détérioration graduelle de leur système immunitaire, qui se manifeste surtout par une baisse des lymphocytes T CD4 dans le sang périphérique; de plus, une lymphadénopathie (gonflement des ganglions lymphatiques) apparaît habituellement au cours de cette période. En janvier 1995, dans un article sur la dynamique démographique du VIH chez des personnes infectées, il a été révélé que la longue période de « latence clinique » associée au VIH/sida est au contraire une période dactivité intense au cours de laquelle un nombre important de cellules sont infectées et meurent à un rythme élevé. Un certain état déquilibre pourrait être atteint, où linfection, la mort cellulaire et le remplacement cellulaire seraient en équilibre. On peut supposer dès lors que le virus subit un nombre extraordinaire de cycles de réplication, un roulement qui commande le mécanisme pathogénique et qui entraîne de profondes variations génétiques dans le virus. Cette prolifération de mutations explique la résistance que lorganisme finit toujours par opposer aux médicaments antiviraux. Létape suivante de la maladie est appelée « infection symptomatique par le VIH ». Cette désignation a largement remplacé le terme « affections reliées au sida » ou « para-sida ». À ce stade-ci, la numération des cellules T CD4 a beaucoup baissé, et on note une augmentation des états infectieux, sans toutefois que ceux-ci soient critiques. Une série de symptômes chroniques ou intermittents peuvent survenir, et presque tous les systèmes organiques peuvent être touchés. Les symptômes observés comprennent des sueurs nocturnes, une diarrhée chronique, lépuisement, des infections buccales mineures et des maux de tête. Un autre facteur qui peut être important à ce stade-ci est la manifestation deffets contraires aux médicaments antirétroviraux comme la zidovudine (AZT). Cest aussi à ce moment que le virus commence à résister aux médicaments antiviraux. Durant la phase symptomatique avancée de la maladie, le nombre de cellules T CD4 décline encore davantage, et le risque augmente de contracter des maladies opportunistes graves. La plupart des maladies peuvent être traitées efficacement par des antibiotiques, mais ces médicaments causent souvent des effets secondaires et il y a un risque de résistance au médicament par les différents organismes pathogènes. La pneumonie à Pneumocystis carinii est fréquente durant cette phase, mais elle répond au traitement. Des traitements pour les autres infections, notamment la méningite à Cryptococcus, la rétinite à cytomégalovirus, la toxoplasmose du système nerveux central et la tuberculose à Mycobacterium avium-intracellulare sont à létude ou à lessai. Létape finale de la maladie est appelée le sida avéré. Certains professionnels de la santé préfèrent parler de formes cliniques évoluées de linfection à VIH. À ce stade, la numération des lymphocytes T CD4 natteint pas 50/ml et les probabilités de décès sont très élevées. Les maladies opportunistes demeurent les plus grands facteurs de risque de morbidité et de mortalité. Des soins médicaux attentifs et suivis sont indispensables à ce stade. La vaccination est larme la plus rentable pour combattre les maladies infectieuses; la solution idéale à lépidémie du VIH/sida serait un vaccin efficace et abordable qui pourrait être utilisé systématiquement dans tous les pays et dans tous les groupes démographiques. La transmission du VIH est presque complètement évitable par lemploi des précautions appropriées, mais cette approche suppose un changement radical de mentalité sur le plan des pratiques sexuelles et de la consommation de drogues par injection, où des changements sont notoirement difficiles à réaliser. Le programme international de recherche sur les vaccins est très actif et, en ce moment, plus dune vingtaine de vaccins expérimentaux contre le sida sont testés chez les humains. Lorsque le VIH a été identifié en 1983, la possibilité de trouver un vaccin a soulevé une vague doptimisme. Cependant, comme le VIH est différent de la plupart des virus pour lesquels des vaccins ont été créés, il présente des difficultés particulières. Lorganisme mobilise promptement ses défenses contre linfection aiguë par le VIH, mais limmunité ne dure pas et le système immunitaire finit par être détruit. De tous les virus connus, le VIH est peut-être celui qui possède la plus grande diversité génétique. Le VIH-1, la souche qui prédomine dans la plupart des pays du globe, est très différent du VIH-2, qui cause le sida en Afrique de lOuest. Il existe au moins neuf sous-groupes distincts de VIH-1 dans le monde. À lintérieur de ces sous-groupes, la diversité génétique du VIH est énorme, et nimporte quelle population donnée de virus dans un organisme hôte présentera une proportion importante de génomes viraux défectueux. Une personne séropositive asymptomatique peut présenter au moins un million de formes génétiquement distinctes du VIH; dans le cas des sidéens, ce peut être cent fois ce nombre. La source de cette diversité se trouve dans lenzyme transcriptase inverse, qui ne possède pas de mécanisme de révision pour corriger les erreurs de transcription qui surviennent durant la réplication virale. Par conséquent, un vaccin efficace contre une souche de VIH ne conférera pas nécessairement une immunité contre le mélange de souches rencontrées dans la nature. Des animaux de laboratoires (modèles animaux) sont nécessaires pour lélaboration de vaccins et pour létude des processus pathologiques observés dans le sida. Idéalement, il faudrait un animal dun prix raisonnable chez qui le VIH produit un état semblable au sida. Il nen existe pas en ce moment. On peut infecter le chimpanzé avec le VIH-1, mais il doit lêtre par les lignées les plus virulentes pour développer des symptômes apparentés au sida. Son utilisation est tout de même avantageuse pour les travaux sur les vaccins. Le virus de limmunodéficience simienne (VIS) est apparenté au VIH, et très apparenté au VIH-2. On trouve le VIS à létat naturel dans différents primates non humains dAfrique, mais le virus nest habituellement pas pathogène. Le VIS provoque toutefois un état semblable au sida chez les macaques, un groupe simien qui inclut le singe rhésus. Plusieurs types de vaccins contre le VIH sont actuellement à létude. Lapproche usuelle est lélaboration dun vaccin prophylactique qui empêchera linfection. Une autre approche utilise un vaccin thérapeutique destiné à modifier la maladie chez les personnes infectées. On tente également de trouver un vaccin pour prévenir la transmission du VIH de la mère au foetus durant la grossesse, ce qui est important étant donné que de plus en plus de femmes contractent linfection. Il existe deux manières classiques délaborer des vaccins contre les maladies virales.
Différentes techniques innovatrices pour lélaboration de vaccins contre le VIH et le sida sont en cours dutilisation. La technique de recombinaison de lADN est utilisée pour produire de grandes quantités de protéines et de peptides viraux, et même de gènes viraux, pouvant servir dimmunogènes pour la production de vaccins. Une autre technique de pointe consiste en lutilisation de différents micro-organismes atténués, par exemple le virus de la vaccine, contenant un gène VIH encodant une protéine VIH. Un seul vaccin de ce genre a fait lobjet dessais à ce jour : un vaccin « sous-unité gp120 ». Le terme « gp120 » désigne une sous-unité de lenveloppe de glycoprotéine produite par le virus qui sen sert pour sarrimer aux cellules de lhôte. Le vaccin sest révélé sans danger pour lhomme, selon des essais à petite échelle réalisés en Europe et aux États-Unis. Selon les recherches récentes, il semble toutefois que lactuelle génération dimmunogènes gp120 (anticorps du gp120) pourrait ne pas être efficace contre le VIH-1. À la place, les scientifiques travaillent à produire un meilleur anticorps au gp120. Il faut dabord une lignée de cellules qui imite le VIH par la présence de la protéine gp120 sur leur membrane. On active les cellules « hybrides » en les mélangeant à des cellules vulnérables au VIH. Ensuite, les cellules hybrides sont fixées avec de la formaldéhyde en une forme compétente pour la fusion, qui sert ensuite à produire des anticorps chez la souris. Ceux-ci se sont révélés capables de neutraliser plusieurs souches de VIH. En résumé, il faudra encore des recherches poussées pour vaincre les innombrables difficultés que présente lélaboration de vaccins contre le VIH. Dans les études sur des animaux, la protection vaccinale ne dure que très peu longtemps et seulement contre un virus identique à celui qui a servi à la fabrication du vaccin. Lobstacle est de taille, compte tenu de la grande variabilité génétique des souches de VIH : les vaccins devront conférer une immunité contre limmense diversité génétique du VIH observée chez les humains, une propriété appelée réactivité croisée. Il reste à déterminer sil faut posséder un type spécial dimmunité pour se prémunir contre lexposition au VIH via les secreta, par exemple durant les relations sexuelles, comparativement à lexposition au virus via le système sanguin. De plus, une protection devra être réalisée contre les particules virales non cellulaires et cellulaires étant donné que les humains sont rarement infectés par un virus non cellulaire. Enfin, lessai de nimporte quel vaccin prophylactique contre le VIH sera difficile et controversé. Pour bien évaluer lefficacité dun vaccin, il faudra utiliser un groupe témoin non protégé. La perspective de ne pas tout mettre en uvre pour éviter quun groupe soit contaminé par le virus soulève des questions éthiques et morales très difficiles. Les échos les plus médiatisés de la XIe conférence internationale sur le sida en 1996 ont concerné les succès obtenus dans la lutte contre le VIH au moyen de traitements faisant appel simultanément à deux, trois ou quatre médicaments anti-VIH. De bons indices laissent croire aujourdhui que linfection au VIH deviendra un état chronique contrôlable et quon pourrait dans lavenir trouver un véritable remède. Le VIH comporte neuf gènes, dont trois codent des enzymes essentielles. La première enzyme, la transcriptase inverse (RT) copie lARN virale en chaîne dADN, matériel génétique plus courant. La deuxième enzyme, lintégrase, coupe lADN de la cellule hôte et y insère la séquence dADN viral à la place. Ainsi, les opérations normales de la cellule hôte font que la séquence du VIH est lue et traduite en un long filament protéique. Enfin, la troisième enzyme, une protéase, coupe le filament de protéine aux bons endroits et libère tous les chaînons protéiques requis pour que le virus puisse se réassembler en un nouveau virion. Ainsi, une cellule CD4 infectée peut produire et libérer des centaines de nouveaux virions de VIH. Lobjectif de la lutte pharmaceutique au VIH a été la production de médicaments qui sattaquent directement à la fonction dune de ces enzymes. À ce jour, la plus grande partie du travail a porté sur deux classes de médicaments combattant la RT. Les plus communs dentre eux sont des analogues de nucléosides : AZT, ddI, ddC, 3TC et d4T. En outre, il existe également un groupe dinhibiteurs non nucléosidiques de la RT, dont certains ont été étudiés en détail : névirapine, loviride et delavirdine. On a réussi également à mettre au point des médicaments qui inactivent la protéase. Les principaux inhibiteurs de la protéase sont les suivants : saquinavir, ritonavir, indinavir, amprenavir et nelfinavir. À ce jour, seuls quelques médicaments visent à entraver lactivité de lintégrase. Ces médicaments anti-intégrase, ainsi que plusieurs autres inhibiteurs de la RT et de la protéase, en sont aux premiers essais. Jusquà 20 médicaments anti-VIH peuvent servir dans plusieurs associations médicamenteuses efficaces. Depuis larrivée sur le marché du premier médicament anti-VIH, lAZT, le virus a réussi à combattre le médicament en créant des mutants pharmacorésistants. On estime que chaque fois que le matériel génétique du VIH se réplique, au moins une erreur de duplication se produit, parfois deux ou plus. Chaque virus différent de son parent est un mutant. Certaines mutations sont délétères et rendent le virus moins infectieux ou apte à se répliquer; dautres mutations peuvent être bénéfiques pour le virus; cependant, la grande majorité dentre elles nont guère deffet. À cause du taux rapide de reproduction des virus et de la quantité formidable de virions présents dans lorganisme, il peut sen trouver déjà quelques-uns qui sont résistants à un médicament particulier même si le virus na jamais été en contact avec lui. Lorsque cela se produit, le médicament peut éliminer les virions susceptibles et la charge virale (quantité de virus dans le sang) chute radicalement. Cependant, le virion résistant se voit alors conférer un avantage sélectif; quelques mois plus tard il aura proliféré au point que sa concentration atteint à nouveau la charge virale davant le traitement. Il se peut également quaucun mutant résistant ne soit présent, mais que le médicament anti-VIH ne puisse pas réprimer complètement la réplication virale. La charge virale chute, la reproduction du virus continue faiblement et finalement un mutant résistant apparaît et prolifère. Les analyses mathématiques ont révélé que la pharmacorésistance à la monothérapie (traitement au moyen dun médicament unique) apparaîtra en quelques mois seulement. Il est également très possible quune double mutation se produise et donne lieu à une pharmacorésistance à deux médicaments combinés; cependant, la probabilité est presque nulle quune mutation triple ou quadruple donne lieu à une pharmacorésistance à trois médicaments ou plus. Si le VIH est attaqué par de fortes doses de trois médicaments ou plus, la réplication virale devrait normalement stopper complètement au point que la reproduction ne puisse plus se produire et que les mutations triples ou quadruples ne puissent saccumuler avec le temps. Par conséquent, on recommande aujourdhui des associations médicamenteuses agressives le plus tôt possible après le début de linfection, avant que le système immunitaire nait été gravement altéré et pendant que la charge virale est encore relativement faible et quil ne se soit pas accumulé une grande variété de mutants. Cest ce que lon appelle le recours aux médicaments antirétroviraux fortement actifs (MAFA). On reconnaît aujourdhui que toute association médicamenteuse doit inclure à la fois lAZT et le 3TC. LAZT est un médicament anti-VIH très puissant. Même si le 3TC est moins puissant, lassociation 3TC-AZT agit comme un déclencheur contre la résistance. La résistance à lAZT peut augmenter, mais le 3TC tient la réplication virale en échec jusquà lapparition de la résistance à ce médicament. Fort heureusement, la mutation qui confère de la résistance au 3TC est à linverse de celle qui avait produit la résistance à lAZT, de sorte que le virus mutant redevient susceptible à lAZT. On a trouvé que lAZT et le 3TC associés au ddI ou à la névirapine, inhibiteur non nucléosidien de la RT, réduisaient la charge virale à une concentration quasi-indétectable. Cependant, on peut obtenir des résultats encore meilleurs si lAZT et le 3TC sont associés avec un inhibiteur de la protéase. Employés seuls, les inhibiteurs de la protéase se sont révélés des inhibiteurs très puissants de la réplication du VIH; cependant, des mutants résistants apparaissent très vite. La résistance ne semble pas constituer un problème quand on a recours à une concentration optimale dinhibiteurs de la protéase, dAZT et de 3TC. Ainsi, lors dessais cliniques, lusage continuel dune association dindinavir, dAZT et de 3TC a provoqué une chute soutenue de la charge virale jusque sous le seuil de détection et une augmentation soutenue des CD4. On pose lhypothèse quune attaque très forte contre le VIH au premier stade stoppera la réplication, permettra au système immunitaire de récupérer et, à terme, permettra à lorganisme de se débarrasser du virus. Quelques indices laissent croire que les systèmes immunitaires très altérés peuvent ne pas sen remettre entièrement, ce qui laisse entrevoir malheureusement lobligation de recourir à des thérapies lourdes toute la vie durant. Une autre solution plus intéressante consiste à rétablir le système immunitaire; cest le but des travaux sur linterleukine-2 et le facteur stimulant les colonies granulocytes-macrophages (IL-2 et GM-CSF). Même si lon croit quune combinaison de ces médicaments peut stimuler le système immunitaire, il reste beaucoup à faire dans ce secteur. Personne ne sait encore combien de temps il faudrait pour que lorganisme se débarrasse du VIH, si même cela devenait possible. Certaines cellules de lorganisme peuvent fonctionner pendant trois ans avant dêtre remplacées, et il est possible que des virions de VIH sy trouvent en latence. En outre, certains cliniciens craignent que le VIH latent puisse sabriter indéfiniment dans certaines cellules nerveuses spécialisées ou dans le cerveau. Par conséquent, seule une expérimentation par essai et erreur chez les humains indiquera si on peut mettre fin au traitement par association médicamenteuse, et quand. Sur une note positive, mentionnons quon na trouvé aucune trace de VIH dans des biopsies effectuées sur les ganglions lymphatiques de six malades après 78 semaines dun traitement associant lAZT, le 3TC, le ddI, le ddC et linterféron alpha. Malgré les bonnes nouvelles, on a signalé à la conférence que le coût extrêmement élevé des traitements multiples, estimé à plus de 13 000 $ par année, imposerait un fardeau au budget de santé des pays développés. Cela nest rien à côté du sort des séropositifs vivant dans les pays en développement. Cest en effet dans ces pays quon retrouve 90 p. 100 des cas de VIH, et les pauvres qui y vivent nont aucun espoir dobtenir des traitements. À moins quon puisse réduire radicalement le coût des médicaments anti-VIH, les succès récents des traitements par association médicamenteuse nauront à peu près aucun effet pour ce qui est denrayer la pandémie de sida dans le monde. En septembre 1993, suivant leur conférence annuelle à Edmonton, les ministres fédéraux-provinciaux-territoriaux de la santé ont annoncé quune enquête publique serait réalisée sur la capacité du système canadien de distribution du sang de protéger adéquatement la population canadienne contre linfection par le VIH. Le Juge Horace Krever, juge à la Cour suprême de lOntario et membre de la Cour dappel de lOntario, a été nommé commissaire et lenquête, qui a débuté le 22 novembre 1993, a été menée conformément à la Partie I de la Loi canadienne sur les enquêtes. Les premiers témoins dans le cadre de lenquête sur le système canadien de distribution du sang ont été entendus le 14 février 1994. Des audiences publiques ont été tenues dans chaque province. Avant même le début des audiences publiques, les sous-ministres de la Santé du Canada ont toutefois suggéré que le système de distribution du sang soit modifié en profondeur et recommandé que la Croix-Rouge canadienne ne prenne plus en charge les achats de produits du sang. Dans un rapport, ils proposent de confier cette responsabilité à lAgence canadienne du sang. Le commissaire Krever a publié un rapport provisoire de 485 pages le 24 février 1995. En plus de mesures pour lamélioration du système canadien de distribution du sang, il y recommande que les hôpitaux communiquent avec chacun des 3,5 millions de Canadiens qui ont reçu des transfusions sanguines entre 1978 et 1985, pour les informer du risque dinfection à VIH auquel ils ont été exposés et pour leur conseiller dobtenir un test de dépistage. En décembre 1995, conformément à larticle 13 de la Loi sur les enquêtes, le juge Krever a émis des avis destinés à plusieurs personnes, les informant que le rapport final de la Commission pourrait émettre un blâme à leur endroit. Ce droit de la Commission a été contesté en Cour fédérale par la Société canadienne de la Croix-Rouge, le gouvernement fédéral, six provinces, cinq compagnies pharmaceutiques et plusieurs particuliers. En juin 1996, le juge John Richard a permis le maintien dallégations de faute possible contre 17 responsables du gouvernement fédéral et de la Croix-Rouge; cependant, il a interdit à lenquête den faire autant pour 47 autres personnes, y compris danciens ministres et des fonctionnaires supérieurs de la santé. Lorsquon a établi la Commission, on lui a donné pour mandat de faire enquête sur les problèmes et les faiblesses du système canadien de distribution du sang, puis de présenter des recommandations. Ces recommandations devaient servir au gouvernement fédéral et aux provinces à réorganiser le système canadien de distribution du sang afin de faire en sorte que la tragédie qui avait eu lieu ne se produise plus. À cause de nombreux retards que la Commission a connus, les ministres de la Santé du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires ont estimé que la sécurité du système canadien dapprovisionnement en sang ne pouvait pas attendre le dépôt du rapport final. Le 10 septembre 1996, ils ont annoncé la création, dici un an, dun nouvel organisme national autonome, responsable de lexploitation du système dapprovisionnement du sang. Le 26 novembre 1997, le ministre de la Santé a publié le rapport final de la Commission Krever au nom du gouvernement fédéral. Le rapport du juge Krever traitait de sujets importants liés à la crise du sida y compris :
En réponse aux recommandations de la Commission Krever concernant le système canadien dapprovisionnement, la Société canadienne du sang (SCS) a été créée en tant quorganisme de bienfaisance, sans but lucratif, pour fournir aux Canadiens un approvisionnement en sang qui soit sûr et fiable. (Le Québec a établi son propre système dapprovisionnement en sang appelé Héma-Québec). La SCS assume la responsabilité de lexploitation du système canadien dapprovisionnement en sang depuis le 28 septembre 1998. Le 28 mai 1998, le ministre de la Santé a annoncé les détails de la nouvelle stratégie canadienne sur le VIH et le sida (SCVS). Contrairement aux initiatives antérieures en matière de VIH et de sida (phases I et II de la Stratégie nationale sur le sida),cette nouvelle stratégie se démarque parce quelle nest pas assortie dune échéance et quelle recevra chaque année 42,2 millions de dollars du budget de services votés du gouvernement. Parmi les autres éléments de la SCVS, mentionnons :
Le Parlement a produit plusieurs rapports sur le sida. En mai 1986, le Comité permanent de la santé nationale et du bien-être social de la Chambre des communes a déposé son rapport intitulé Le sida au Canada. En juin 1990, le Comité parlementaire spécial sur le sida a fait paraître Le sida : Un défi. En novembre 1992, le Comité permanent de la santé, du bien-être social, des affaires sociales, du troisième âge et de la condition féminine de la Chambre des communes a tenu des audiences publiques sur le sida, sous forme dune table ronde avec le Comité parlementaire spécial sur le sida. Les audiences ont surtout porté sur le renouvellement des fonds fédéraux affectés à la Stratégie nationale sur le sida. Le 26 novembre 1992, le Sous-comité sur les questions de santé du Comité permanent de la santé, du bien-être social, des affaires sociales, du troisième âge et de la condition féminine de la Chambre des communes a entrepris des audiences publiques dans le cadre dune étude sur le sang contaminé par le VIH et dautres facteurs connexes. Le rapport du Sous-comité, intitulé Tragédie et Enjeu : La transfusion sanguine au Canada et le VIH, a été déposé à la Chambre des communes en mai 1993; il renferme neuf recommandations. La principale recommandation concerne la tenue dune enquête publique sur le système canadien de distribution du sang. Dans le rapport, qui est axé sur lefficacité et la sécurité du système, le Sous-comité examine en détail les événements des années 1980 entourant la contamination du sang par le VIH. Le Sous-comité sur le VIH/sida de la Chambre des communes a été formé en décembre 1994, et il a présenté son premier rapport, Une étude la Stratégie nationale sur le sida : Rapport du Sous-comité sur le VIH/sida, au Parlement un an plus tard. Le rapport contient 23 recommandations visant le renforcement de la réaction du gouvernement fédéral à lépidémie de sida. Le Sous-comité a ensuite examiné la question de laccès humanitaire aux médicaments de recherche pour les malades catastrophés et, en octobre 1996, il a soumis ses résultats dans le document intitulé Laccès aux médicaments de recherche pour des raisons humanitaires : deuxième rapport du Sous-comité sur le VIH/sida. Il y présente huit recommandations centrées sur la création de mécanismes facilitant laccès aux médicaments non reconnus tout en conservant aux essais cliniques la rigueur nécessaire. juin 1981 - Le Centers for Disease Control (CDC) dAtlanta (États-Unis) signale pour la première fois lexistence du sida et lattribue faussement aux activités homosexuelles masculines uniquement. février 1982 - Le sida est signalé pour la première fois au Canada. juin 1982 - Le CDC rapporte que 20 p. 100 des malades américains sont des toxicomanes hétérosexuels des deux sexes qui se font des injections intraveineuses de drogues. juillet 1982 - Le CDC annonce que des hémophiles ont contracté le sida par des produits sanguins. mai 1983 - Le virus du sida, LAV (virus lymphadéno-associé), est isolé en France. septembre 1983 - Le Comité consultatif national du sida est créé au Canada. avril 1984 - Le virus du sida, HTLV-III (virus humain T- lymphotrope de type III), est découvert aux États-Unis. On croit quil sagit du même virus que le LAV. mars 1985 - Les États-Unis approuvent le premier test commercial de dépistage des anticorps du virus du sida dans le sang. mai 1985 - On commence à utiliser au Canada un traitement thermique des complexes sanguins administrés aux hémophiles (application généralisée à partir de juin 1985). novembre 1985 - La détection des anticorps du virus du sida dans le sang des donneurs commence au Canada. 1er mai 1986 - Le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social annonce un plan quinquennal de 39 millions de dollars destiné à favoriser les activités concernant le sida au Canada. 8 juin 1988 - Le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social affecte un montant supplémentaire de 129 millions, réparti sur cinq ans, au programme fédéral de lutte contre le sida. 16 octobre 1989 - Le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social annonce quun nouveau réseau pour les essais cliniques de médicaments anti-VIH sera mis sur pied au Canada par lUniversité de la Colombie-Britannique, à lHôpital Saint-Paul de Vancouver. Le réseau améliorera laccès des malades et des médecins aux essais cliniques de médicaments et de vaccins pour le traitement du sida et de linfection par le VIH. 24 avril 1990 - Le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social annonce que le gouvernement fédéral se propose de créer un Répertoire national des thérapeutiques pour les victimes du VIH/sida. Ce répertoire, appelé Système dinformation sur les thérapeutiques pour le sida et le VIH (SITSV), sera tenu par luniversité de Toronto. 28 juin 1990 - Le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social, M. Beatty, présente la Stratégie nationale sur le sida. Celle-ci ne comporte pas de nouvelles attributions de fonds, mais les fonds déjà consentis sont réaffectés. octobre 1990 - Des analyses sanguines effectuées anonymement sur 67 078 bébés nés en Ontario entre octobre 1989 et juillet 1990 révèlent que 21 avaient des anticorps du VIH, ce qui représente un taux dinfection de 3,1 par 10 000, soit à peu près le double du taux auquel on sattendait. Quand les analyses indiquent que la mère est infectée par le VIH, le nouveau-né a une probabilité de 30 à 50 p. 100 dêtre infecté lui aussi. 30 octobre 1991 - Le ministre de la Santé nationale et du Bien-être social, M. Benoît Bouchard, annonce que le Centre fédéral sur le sida sera progressivement démantelé et que ses attributions seront réparties entre dautres services au ministère. Un Secrétariat national sur le sida est créé pour servir de point de convergence ministériel sur la question de linfection par le VIH et le sida. Le Laboratoire de lutte contre la maladie est chargé de la recherche épidémiologique et de la surveillance sur le sida, ainsi que de la recherche biomédicale et de la recherche en laboratoire. La Direction générale des services et de la promotion de la santé soccupera des stratégies déducation et de prévention et du financement des groupes nationaux, des groupes communautaires et des organismes non gouvernementaux. La Direction générale se dotera dun nouveau service pour soccuper des questions de soins et de traitement. janvier 1992 - Le ministère de la Santé de lOntario met sur pied des centres de dépistage anonyme des personnes atteintes du VIH. Le programme, dont le coût sélèvera à 600 000 $, relève dun programme de lutte contre le sida, dune valeur de 2,1 millions de dollars, annoncé par le gouvernement en octobre 1991. Daprès de nombreuses personnes travaillant auprès de sidéens, lanonymat encouragera les personnes à risque à se soumettre aux examens de dépistage. juillet 1992 - À la VIIIe Conférence internationale sur le sida, à Amsterdam, lattention se porte sur le fait quil est possible que le sida, ou une condition semblable au sida, puisse avoir une autre cause quune infection par le VIH-1 ou le VIH-2, les virus tenus responsables de la maladie. 15 avril 1993 - Le Hospital for Sick Children de Toronto prend la décision dinformer les parents des enfants transfusés entre 1980 et 1985 quils ont peut-être été exposés au VIH. Quelque 17 000 ex-patients pourraient être touchés. Le programme doit débuter par lenvoi de lettres aux 1 700 familles dex-patients en cardiologie pédiatrique. Il sera agrandi si les mesures initiales portent fruit. À la mi-juin, lhôpital annonce que six ex-patients sont séropositifs. 24 novembre 1993 - Le Hospital for Sick Children de Toronto annonce que 17 des 1 700 ex-patients en chirurgie pédiatrique contactés en avril 1993 sont séropositifs. Ce taux dinfection de 1 p. 100 est plus élevé que prévu. Lhôpital met une ligne téléphonique à la disposition des parents qui veulent de linformation au sujet des transfusions entre 1980 et 1985. 7 juin 1994 - À sa réunion annuelle à Halifax, lAssociation des hôpitaux du Canada annonce quelle lancera une campagne nationale pour exhorter les personnes qui ont reçu du sang entre 1978 et 1985 à subir un test de dépistage pour le VIH. Certains hôpitaux ainsi que les gouvernements fédéral et provinciaux participeront à cette campagne. Trois semaines plus tard, lAssociation des hôpitaux de lOntario lance une campagne dans toute la province pour presser ceux qui ont reçu du sang pendant la période en question à subir un test de dépistage pour le VIH. 25 juin 1994 - Après deux ans de tergiversations, la Société canadienne de la croix rouge annonce officiellement la construction dune usine de traitement du sang de 150 millions de dollars à Halifax. Lusine sera exploitée conjointement par la Croix rouge et Miles Inc., une filiale de la société pharmaceutique allemande, Bayer AG. Lusine devrait devenir opérationnelle en 1997. juillet 1994 - Dans un article de la revue Science, on cite une évaluation de lOMS selon laquelle au moins trois millions de personnes ont développé le sida dans le monde entier, et au moins 15 millions ont été infectées par le VIH. On prévoit que, en lan 2000, de 30 à 40 millions de personnes au total auront été infectées par le VIH depuis le début de lépidémie. 19 juillet 1994 - Selon un reportage de Reuter paru dans le Globe and Mail, le U.S. National Task Force on AIDS Drug Development a eu vent que certains fabricants de produits pharmaceutiques projettent de mettre fin à leurs travaux de recherche sur le sida si lapproche actuelle à la recherche dune thérapie ne donne aucun résultat. Les travaux les plus récents portaient sur les « inhibiteurs de protéases »; la protéase est une enzyme essentielle à la reproduction du VIH. Cette annonce concorde avec les renseignements présentés à la Xe Conférence internationale sur le sida (voir ci-dessous). 7-12 août 1994 - La Xe Conférence internationale sur le sida se tient à Yokohama, au Japon, pour la première fois en Asie. Peu de nouveaux résultats sur des médicaments ou des thérapies y sont annoncés, et rien nindique quon puisse espérer la mise au point dun vaccin dans un proche avenir. Une nouvelle importante est que la zidovudine (AZT), administrée à des femmes enceintes déclarées positives, peut protéger leurs bébés de linfection. La conférence a pour thème principal le fait quil faut consacrer davantage de ressources à la recherche fondamentale sur le virus et le système immunitaire humain. Il se pourrait que la U.S. National Institute of Health transfère à la recherche fondamentale certains fonds actuellement consacrés aux essais cliniques de médicaments pour le sida, mais la recherche et les essais de vaccins ne seraient pas touchés. Les organisateurs pensent organiser une conférence tous les deux ans, à lavenir, plutôt que chaque année comme ce fut le cas jusquà maintenant. 31 août 1994 - Selon un article du Globe and Mail, le Laboratoire fédéral de lutte contre la maladie estime quentre 940 et 1 440 personnes ont été infectées par transfusion, au Canada, au cours de la période allant de 1978 à 1985, et que 245 personnes pourraient ne pas savoir quelles sont positives. Le chiffre de 1 440 est considéré comme lévaluation la plus pessimiste. 16 décembre 1994 - LOMS annonce que les premiers essais majeurs de vaccins contre le sida sur des sujets humains seront effectués sous peu, les volontaires étant des hétérosexuels toxicomanes en Thaïlande et des homosexuels au Brésil. 1er mai 1995 - Le secrétaire général de la Société canadienne de la Croix-Rouge déclare que bien que les réserves actuelles de sang au Canada soient aussi sûres que celles de nimporte quel autre pays développé, ceux qui reçoivent du sang courent encore le risque de contracter le VIH par suite de la transfusion de sang ou de produits sanguins dans environ un cas sur 50 000. Lexistence de ce petit risque dinfection est en partie attribuable au fait quun donneur peut être infecté par le VIH au moment où il donne du sang même si les résultats au test de dépistage des anticorps au VIH sont négatifs. 29 juin 1995 - La ministre de la Santé, Diane Marleau, annonce lattribution de fonds pour la mise en place, à léchelle nationale, du Réseau dinformation sur le VIH/sida; les fonds seront administrés par le Community AIDS Treatment Information Exchange (CATIE), de Toronto. Le réseau fournira de linformation sur le diagnostic et le traitement du VIH et du sida, sur les progrès cliniques dans ce domaine, sur les pharmacothérapies et les traitements sans médicament, les thérapies médicales et les thérapies complémentaires, ainsi que sur les endroits où aller pour obtenir des soins. Santé Canada fournira 4,9 millions de dollars sur trois ans pour la création du réseau, qui sera opérationnel à la fin de 1995. 7-12 juillet 1996 - Vancouver accueille la XIe Conférence internationale sur le sida. Les données présentées à cette conférence montrent quil devrait être possible de transformer le VIH/sida, de maladie mortelle quelle est présentement, en une affection chronique contrôlable grâce au recours à des associations médicamenteuses regroupant au moins trois médicaments anti-VIH. 10 septembre 1996 - Les ministres de la Santé du gouvernement fédéral, des provinces et des territoires conviennent détablir, dici un an, un nouvel organisme national responsable de lexploitation du système dapprovisionnement canadien du sang. Le nouvel organisme serait indépendant des gouvernements et aurait la responsabilité de gérer tous les aspects dun système dapprovisionnement transparent et entièrement intégré. Le Québec décide pour sa part de créer sa propre agence. septembre 1997 - En collaboration étroite avec des intervenants nationaux en matière de VIH/sida et sous la direction du ministre de la Santé, Allan Rock, Santé Canada entreprend une consultation nationale pour recueillir des avis, des suggestions et des conseils auprès des organismes et des particuliers, afin davoir une meilleure idée de lorientation et des priorités à donner à la phase III de la Stratégie nationale sur le sida, que lon a rebaptisée la Stratégie canadienne sur le VIH/sida (SCVS). La SCVSdevait débuter en avril 1998 et se prolonger ensuite pendant encore cinq ans. septembre 1998 -La Société canadienne du sang prend en charge lapprovisionnement sanguin au Canada. « AIDS: The Unanswered Questions », Science, vol. 260, 28 mai 1993, p. 1219 et 1253-1293. Canada, Chambre des communes, Comité permanent de la santé nationale et du bien-être social. Le sida au Canada, 9 mai 1986. Canada, Santé et Bien-être social.
DeVita, Vincent T, Jr., Samuel Hellman et Steven A. Rosenberg. AIDS Etiology, Diagnosis, Treatment and Prevention, 3e éd., J.B. Lippincott Company, 1992. Greene, Warner C. « AIDS and the Immune System », Scientific American, numéro spécial, septembre 1993, p. 98-105. MacDonald, lhon. David, président. Le sida : un défi. Rapport du Comité parlementaire sur le sida, juin 1990, 77 pages. Nossal, Sir Gustav J.V. « Life, Death and the Immune System », Scientific American, numéro spécial, septembre 1993, p. 52-63. Pantaleo, Giuseppe, Cecilia Graziosi et Anthony S. Fauci. « The Immunopathogenesis of Human Immunodeficiency Virus (HIV) Infection », The New England Journal of Medicine, vol. 228, no 5, 4 février 1993, p. 327-335. Société Royale du Canada. Le sida : Létat de la question au pays. Rapport de synthèse et recommandations, Ottawa, 1988. * La première version de ce bulletin d'actualité a été publiée en novembre 1993. Le document a été mis à jour régulièrement depuis. |