LS-403F
PROJET DE LOI C-25 : LOI MODIFIANT LA LOI
HISTORIQUE DU PROJET DE LOI C-25
TABLE DES MATIÈRES B. Services financiers et de gestion plus étendus et mission de la Société (article 5) C. Régie dentreprise : clarification du poste de premier dirigeant (article 6) D. Gestion du risque (article 7) E. Dispositions transitoires et modifications connexes (articles 8 à 22) PROJET DE LOI C-25 : LOI MODIFIANT
LA LOI SUR LA SOCIÉTÉ DU Le 5 avril 2001, le ministre de lAgriculture et de lAgroalimentaire, lhonorable Lyle Vanclief, a déposé à la Chambre des communes le projet de loi C-25 : Loi modifiant la loi sur la Société du crédit agricole et dautres lois en conséquence. Cette réforme législative est la première à survenir depuis les changements importants apportés en 1993, année où la Société du crédit agricole (la « Société »(1)) a subi une cure de rajeunissement visant à mieux adapter son rôle de prêteur agricole aux nouvelles exigences du marché. En effet, la mondialisation des marchés avait déjà commencé à faire sentir son influence sur le secteur agroalimentaire canadien, notamment par une tendance à la diversification et laccroissement de la valeur ajoutée. Grâce à son nouveau mandat, la Société avait obtenu la possibilité doffrir des services financiers spécialisés aux agriculteurs ou regroupements dagriculteurs dont les activités commerciales sétendaient au-delà du secteur primaire. Le projet de loi C-25 propose délargir à nouveau le mandat de la Société en lui permettant non seulement daméliorer et daccroître la gamme de produits et de services déjà offerts aux producteurs primaires, mais aussi doffrir ses services financiers et conseils aux entreprises agricoles en amont ou en aval, et ce, quelles appartiennent ou non à des agriculteurs. Il sagit là une modification majeure à la présente Loi sur la Société du crédit agricole : après avoir accru la gamme de ses produits et services aux agriculteurs en 1993, la Société pourra maintenant élargir sa clientèle, toujours afin de mieux répondre aux besoins de financement émergents de lindustrie agricole canadienne. En fait, la Société réagit aux conditions du marché qui font que les différents secteurs agricoles production primaire, transformation, fournisseurs dintrants sont devenus plus interdépendants que jamais et exigent une gamme variée et intégrée de services financiers. Les services additionnels que la Société aimerait fournir à sa nouvelle clientèle élargie comprennent notamment :
Cet accroissement et cette diversification de ses activités restent motivés par le désir de la Société de mieux se positionner dans le paysage agricole canadien afin dappuyer les communautés rurales dans leur développement économique, tout en maintenant son engagement « à demeurer principalement axée sur la production primaire »(2). Afin délaborer les changements législatifs proposés dans le projet de loi C-25, la Société a tenu des consultations avec plus dune centaine dintervenants régionaux et nationaux du milieu agricole, qui comprenaient des organisations dagriculteurs représentant la plupart des productions, ainsi que des institutions financières comme les banques et les coopératives de crédit. Les articles 1 à 3 changent le titre de la loi et le nom de la Société, qui devient « Financement agricole Canada » (FAC), tandis que larticle 4 proroge la Société comme personne morale sous son nouveau nom. Bien que ce changement de nom respecte les lignes directrices publiées par le Conseil du Trésor dans son « Programme de coordination de limage de marque », (créé principalement pour fournir aux Canadiens une information plus normalisée et claire, notamment sur Internet), le choix du nom français laisse quelque peu perplexe. En effet, lorsquun organisme du gouvernement fédéral change de nom, la tendance actuelle bien que ce ne soit pas une directive établie est dharmoniser les noms français et anglais pour quils partagent le même sigle, quitte à les contracter. Cest ce qui a été fait, par exemple, pour la « Banque de développement du Canada/Business Development Bank of Canada », dont le sigle BDC est identique dans les deux langues officielles. Le projet de loi C-25 change le nom anglais de « Farm Credit Corporation » à « Farm Credit Canada ». Il semble que le législateur ait eu du mal à trouver un équivalent français qui corresponde aussi au sigle FCC ou un équivalent anglais correspondant à FAC. Le nouveau sigle français FAC risque aussi de prêter à confusion, puisquil se prononce à peu près de la même façon que le sigle de lagence québécoise de financement agricole, la Financière agricole du Québec ou FAQ. La Société souhaite élargir la base de sa clientèle pour y inclure les agri-entreprises, quelles soient ou non détenues par une majorité dagriculteurs, pourvu quelles profitent aux agriculteurs. Selon le paragraphe 3(2), une « entreprise liée à lagriculture » est « une entreprise dont lactivité principale est la production, le transport, lentreposage, la distribution, lapprovisionnement ou la transformation soit de moyens de production destinés à des exploitations agricoles, soit de produits de ces exploitations, ou ladjonction de valeur à ceux-ci ». Dans ses notes explicatives sur le projet de loi, la Société donne comme exemple quune épicerie de quartier ne répondrait pas aux critères précités, mais quun magasin de fruits et légumes qui sapprovisionne directement chez un producteur y répondrait. Si cette définition est relativement exhaustive, la notion « dactivité principale » pourrait toutefois se prêter à plus dune interprétation parce quelle nest pas définie précisément dans le projet de loi. Le problème de savoir ce quon entend par « activité principale » pourrait se présenter notamment dans le cas dentreprises à haute valeur ajoutée. Par exemple, lactivité principale dune petite ou moyenne compagnie brassicole est-elle « ladjonction de valeur » à lorge, ce qui en ferait une agri-entreprise visée par le projet de loi? Comme on le verra dans la prochaine section, le paragraphe 5(1) du projet de loi précise la mission de la Société, ce qui pourrait permettre de mieux comprendre le genre de clientèle visée par la Société. B. Services financiers et de gestion plus étendus et mission de la Société (article 5) Larticle 5 du projet de loi porte sur les principales modifications aux services et produits financiers et de gestion que la Société souhaite offrir pour mieux répondre aux nouvelles exigences du marché agricole. Le paragraphe 5(1) du projet de loi modifie le paragraphe 4(1) de la Loi sur la Société du crédit agricole afin de permettre à la Société doffrir en plus de ses services actuels des produits financiers et commerciaux personnalisés aux exploitations agricoles et aux petites et moyennes agri-entreprises en précisant que ces dernières doivent être liées à lagriculture. De plus, afin semble-t-il de dissiper tout doute sur la nouvelle clientèle de la Société, le paragraphe précise que les « activités de la Société visent principalement les exploitations agricoles, notamment les fermes familiales ». Par conséquent, même si le projet de loi demeure muet sur ce quest une ferme familiale, le législateur investit la Société dune mission dont les activités, même si elles débordent le secteur primaire, doivent tout de même procurer des bénéfices aux agriculteurs. Les paragraphes 5(2) et 5(3) du projet de loi étendent les pouvoirs de la Société à loctroi de prêts pour le paiement de frais relatifs à lexploitation dune entreprise liée à lagriculture et pour lacquisition ou lamélioration de biens détenus par une telle entreprise. Le paragraphe 5(4) constitue le point central du projet de loi C-25 parce quil apporte les modifications ou les ajouts les plus substantiels à la prestation des produits et services financiers de la Société. Le paragraphe permet à la Société :
Le fait doffrir, en sassociant ou non avec dautres organismes, des services de gestion dentreprise qui sajoutent à la gamme de services déjà offerts et de pouvoir créer des filiales pour étendre ces services semble rendre la Société plus apte à servir les agriculteurs. Toutefois, la possibilité doffrir directement du crédit-bail et dattirer du capital de risque dans le secteur agricole suscite davantage dinterrogations. Il faut noter que la Société offre déjà du crédit-bail en partenariat avec la société CULEASE Financial Services, ce qui permet dunir lexpertise en crédit-bail de cette dernière au réseau national de concessionnaires déquipement agricole de la Société. Bien que la Société vise un marché très précis, qui exige une expertise particulière, cette clarification du rôle de la Société en matière de crédit-bail risque dirriter certaines institutions financières comme les banques. Avec les modifications législatives qui permettent aussi à la Société de posséder et de louer des éléments dactif comme de léquipement, des biens et des biens-fonds, la possibilité doffrir du crédit-bail pourrait devenir un puissant outil de marketing pour la Société. Enfin, comme le secteur agricole est capitalistique et que la stratégie canadienne daccroître le niveau de valeur ajoutée en agriculture passe par le démarrage dentreprises et le développement des petites entreprises, laccès au capital de risque peut effectivement apparaître comme un besoin. Toutefois, les investisseurs qui veulent offrir du capital de risque sont généralement à la recherche de rendements élevés et rapides. Or, en agriculture, il semble ny avoir que peu de secteurs, hormis la biotechnologie, qui répondent à ces critères. Il est généralement reconnu que le capital de risque est moins disponible au Canada quaux État-Unis, mais les banques, la BDC et des investisseurs privés offrent déjà ce type de financement. La Société souhaite pouvoir jouer le rôle de catalyseur afin dinciter les investisseurs à offrir davantage de capital de risque au secteur agricole, mais on peut se demander pourquoi elle veut intervenir de la sorte. Sil y a actuellement une imperfection dans le marché, cette imperfection peut expliquer la volonté de la Société de corriger cette situation. Cependant, on peut aussi penser que le capital de risque est peu présent dans le secteur agroalimentaire tout simplement parce que ce secteur nest pas propice à ce type de financement. C. Régie dentreprise : clarification du poste de premier dirigeant (article 6) Le gouverneur en conseil est responsable de la nomination du président du conseil et du président de la Société. Toutefois, le paragraphe 7(2) de la loi actuelle qui dit : « le premier dirigeant assure la direction générale de la Société » ne précise pas lequel des deux présidents est le dirigeant principal qui, à ce titre, est responsable de la direction générale de la Société. Le paragraphe 6(1) du projet de loi dispose que le président de la Société assure la direction générale. Par ailleurs, le paragraphe 6(2) donne au conseil le pouvoir dautoriser un administrateur à assurer lintérim à la présidence du conseil. Dans la loi actuelle, lintérim en cas dabsence ou dempêchement du président du conseil, ou de vacance de son poste revient de facto au président de la Société. Le projet de loi confère aussi au conseil le pouvoir de désigner un premier dirigeant par intérim, si ce poste devient vacant ou si le président de la Société est absent ou empêché (paragraphe 6(3)). Cet intérim peut être assuré pour un maximum de 90 jours, à la suite desquels lapprobation du gouverneur en conseil est nécessaire. D. Gestion du risque (article 7) Comme la Société veut étendre ses services financiers, larticle 7 du projet de loi lui permet de consigner des opérations touchant sa gestion financière afin de mieux gérer les risques financiers, notamment par lutilisation doptions ou par des ententes en matière de taux dintérêt et de transactions sur les devises. E. Dispositions transitoires et modifications connexes (articles 8 à 22) Les mesures transitoires des articles 8 et 9 prorogent la Société du crédit agricole sous le nom « Financement agricole Canada » pour :
Par suite du changement de nom de la Société, les articles 10 à 22 apportent des modifications connexes à six lois entre autres la Loi sur la gestion des finances publiques et la Loi sur la pension de la fonction publique ainsi quà de nombreux règlements dans lesquels « Société du crédit agricole » doit être remplacé par « Financement agricole Canada ». La Société du crédit agricole, forte de 45 000 clients, est la seule institution financière nationale dont les activités visent exclusivement le secteur agricole canadien. Ce dernier, comme dautres secteurs économiques, est de plus en plus concurrentiel et nécessite des capitaux importants tout au long de la chaîne agroalimentaire de lexploitation agricole aux industries à valeur ajoutée, en passant par la recherche. Le projet de loi C-25 permet à la Société qui est déjà bien implantée dans le paysage agricole canadien avec son réseau de 100 bureaux délargir la gamme de ses services financiers et de gestion afin de mieux répondre aux besoins émergents de lindustrie agricole. Au cours des consultations relatives à lavant-projet de loi, de nombreux intervenants agricoles ont reconnu lexpertise particulière la Société et limportance de son rôle auprès des agriculteurs. Le projet de loi précise dailleurs que la Société demeure axée principalement sur les besoins financiers et commerciaux des exploitations agricoles, mais quelle peut aussi servir une clientèle qui lui échappait jusquà maintenant, soit les agri-entreprises détenues par des non-agriculteurs. Cet élargissement de sa clientèle serait-il motivé par le besoin de compléter des services financiers existants, mais offerts par les autres institutions financières dune façon qui ne conviendrait pas à la situation de ces agri-entreprises? La Société deviendrait-elle plutôt tout simplement un autre joueur dans le marché du financement des agri-entreprises? Comme la BDC uvre déjà dans ce créneau, il est légitime de se demander si la présence de deux sociétés dÉtat sur le même marché est véritablement nécessaire. Par ailleurs, le projet de loi octroie à la Société le pouvoir doffrir directement ou indirectement du crédit-bail, un marché que les banques défendent avec acharnement. Ces dernières ont déjà fait valoir quelles ne souhaitent pas voir la Société offrir ce type de service. Enfin, même si certaines études semblent démontrer que le secteur agricole a besoin de capital de risque et que ce type de financement, sous sa forme actuelle, correspond mal à la situation du secteur agricole, rien nindique clairement quune société dÉtat comme la Société ait un rôle de catalyseur à jouer pour attirer le capital de risque en agriculture. Les autres modes de financement que la Société offre déjà et lexpertise quelle a acquise au cours de ses 40 années dexistence semblent pour le moment mieux correspondre aux besoins véritables des agriculteurs canadiens. * Avertissement : Par souci de clarté, les propositions législatives du projet de loi décrit dans le présent résumé législatif sont énoncées comme si elles avaient déjà été adoptées ou étaient déjà en vigueur. Il ne faut pas oublier, cependant, quun projet de loi peut faire lobjet damendements au cours de son examen par la Chambre des communes et le Sénat, et quil est sans effet avant davoir été adopté par les deux chambres du Parlement, davoir reçu la sanction royale et dêtre entré en vigueur. (1) Société » sentend indifféremment de la Société actuelle et de la Société prorogée sous lappellation « Financement agricole Canada » (voir plus loin). (2) Société, Communiqué de presse, 5 avril 2001. |