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MR-150F
ÉCHANGE DE DROITS D'ÉMISSION ET MISE
Rédaction :
Lynne C. Myers ÉCHANGE DE DROITS DÉMISSION ET INTRODUCTION La Conférence des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a eu lieu à Kyoto en décembre 1997. Les pays participants ont convenu dobjectifs de réduction des émissions des gaz à effet de serre dans le monde, ainsi que de calendriers pour y arriver. Les points suivants résument les aspects les plus importants de laccord.
Il est clair que latteinte de lobjectif de Kyoto posera un énorme défi au Canada. En effet, entre la signature de la première entente cadre à Rio en 1992 et la Conférence de Kyoto en 1997, le pays na même pas pu sen tenir à son modeste objectif de stabiliser dici lan 2000 ses émissions de gaz à effet de serre aux niveaux de 1990. La croissance démographique et la reprise de léconomie comptent parmi les facteurs qui laissent croire que les émissions de gaz à effet de serre du Canada dépasseront, en lan 2000, de quelque 8 p. 100 les niveaux de 1990. Il nen demeure pas moins que des progrès ont été réalisés. En fait, neût été des efforts de réduction du gouvernement, de lindustrie et des citoyens, lécart aurait approché 13 p. 100. Néanmoins, on ne peut sous-estimer lampleur de la tâche qui attend le pays. Dimportants virages sinspirant de nouvelles approches, surtout dans la manière dont il produit, transporte et utilise lénergie, devront être effectués. De nombreux analystes conviennent que le moyen le plus efficace et le plus efficient consisterait à procéder à des échanges de droits démission. Les négociateurs de Kyoto ont reconnu que léchange de droits démission offre la souplesse nécessaire pour que les pays puissent atteindre leurs objectifs de réduction. Les dispositions suivantes du protocole de Kyoto le confirment.
Pour apprécier la valeur des échanges de droits démission comme instrument dune politique de lenvironnement, il est important den comprendre le principe. Léchange de droits démission permet en fait d« imputer aux responsables » le coût environnemental des leurs émissions de divers polluants atmosphériques; autrement dit, cela permet détablir ce quil en coûte pour émettre des polluants dans latmosphère. Suivant le scénario le plus courant, dit « du plafonnement et de léchange », lorganisme de réglementation fixe un plafond ou une cible démissions pour chaque polluant ou groupe de polluants. Le volume démissions permis est ensuite réparti entre les sociétés, les régions ou les industries qui produisent ces émissions. Peu à peu, le plafond peut être abaissé de manière à réduire davantage les émissions. Pour chaque groupe détenant un quota démissions, le coût des changements requis pour ne pas dépasser le niveau admissible sera différent. Dans un régime déchange de droits démission, les entreprises qui pourront réduire leurs émissions au moindre coût atteindront leurs objectifs. Elles réduiront même leurs émissions à un niveau inférieur à la limite permise, dégageant ainsi un actif correspondant à la partie inutilisée de leur quota démission (c.-à-d. un crédit ou droit démission). Elles pourront ensuite vendre leurs droits à dautres participants au régime pour qui il coûtera moins cher dacheter ces droits que de réaliser les réductions visées. Contrairement à ce que certains disent, un tel régime néquivaut pas à émettre des permis de polluer; il laisse plutôt le marché choisir qui effectuera vraiment les réductions et comment il y parviendra. De cette façon, il est possible datteindre les objectifs de réduction au moindre coût possible pour léconomie. Même si un tel régime de réduction des émissions est fondé sur les lois du marché, il dépend en fait de lorganisme de réglementation qui fixe le plafond, lequel pourra être progressivement abaissé. Comme la valeur des droits démission « générés » ne pourra donc quaugmenter, les entreprises auront intérêt à faire des améliorations technologiques. Dans le régime traditionnel dit « de réglementation directe », les entreprises sont seulement incitées à ne pas dépasser la limite prescrite. Dans plusieurs États américains, des régimes déchange de droits démission ont permis de réduire la pollution. Ainsi, un tel régime a été introduit pour accélérer lélimination du plomb dans lessence. Un autre a été particulièrement efficace pour réduire les émissions de dioxyde de soufre conformément aux dispositions de la Clean Air Act des États-Unis. Lorsque cette loi est entrée en vigueur, on a évalué que son observation coûterait aux entreprises touchées cinq milliards de dollars US par année suivant un régime de réglementation directe et seulement quatre milliards de dollars suivant un régime déchange de droits démission. Selon des estimations plus récentes, fondées sur les données des premières années du régime déchange de droits démission, le coût dobservation de la loi serait à peine de deux milliards de dollars par année. Les représentants de lindustrie pensaient au départ quil en coûterait quelque 1 500 $ la tonne pour atteindre les objectifs. Les droits démission de SO2 séchangent actuellement au prix de quelque 90 $ la tonne. Au Canada, lOntario a été la première province à adopter un régime déchange de droits démission. Le projet pilote déchange de droits démission (PPEDE), lancé en 1996, est une initiative multipartite dirigée par lindustrie, qui a pour objet de définir les principes et les éléments dun programme visant à créer, à reconnaître et à échanger des droits démission. Lapproche ontarienne, qui sinspire de programmes semblables en cours dans le nord-est des États-Unis (Massachusetts, Connecticut, New Jersey et Michigan), diffère quelque peu du « régime du plafonnement et de léchange » susmentionné. Plutôt que de détenir des permis démission, les entreprises génèrent des droits démission en réduisant leurs émissions en-deçà des niveaux prescrits par des mesures volontaires ou législatives. Le programme porte sur la réduction des émissions des précurseurs du smog, soit les oxydes dazote (NOx) et les composés organiques volatils (COV). On espère toutefois que lexpérience pilote de lOntario permettra à cette province de participer aux premiers efforts visant à étendre lapplication du principe aux émissions de gaz à effet de serre. En vertu du projet pilote ontarien, les entreprises participantes peuvent accumuler, vendre ou échanger les droits démission quelles génèrent. Lexpérience ne vise pas à réaliser une forte réduction générale, mais plutôt à évaluer les avantages écologiques et économiques dun tel régime en Ontario. De plus, comme le smog présent dans le corridor Windsor-Québec arrive en grande partie des États-Unis sous laction des vents dominants, la province a cherché à obtenir la participation des Américains. Dans le cadre dun projet du PPEDE, Ontario Hydro a acheté 400 tonnes de droits démission de NOx de la Detroit Edison dans ce qui constitue le premier échange démission international en Amérique du Nord. Un certain nombre dautres projets sont en cours, et on sattache à en mesurer la performance. En Colombie-Britannique, un programme qui sinspire de lexpérience ontarienne, mais qui porte sur les émissions de gaz à effet de serre, a été récemment mis en oeuvre. Le programme a été élaboré par le gouvernement de la Colombie-Britannique, en collaboration avec des représentants dautres gouvernements provinciaux, du gouvernement fédéral, de lindustrie et dautres groupes dintervenants importants. Il vise à encourager les investissements volontaires dans des projets de réduction des émissions; à favoriser la mise au point de techniques de réduction des gaz à effet de serre; à tester et à évaluer les éléments juridiques et administratifs dun régime déchange de droits démission; à mettre laccent sur lutilisation des principes du commerce pour atteindre des objectifs écologiques et économiques; et à jeter les assises dun éventuel régime déchange de droits démission. Dans un tel régime, parfois appelé régime déchanges compensatoires, on encourage les entreprises à créer, à acheter et à vendre des droits démission, comme dans le programme ontarien. Un appel doffres a été lancé au début de 1998, et la date déchéance dacceptation des propositions, fixée au 31 décembre 1999. En mars 1998, des dirigeants canadiens et américains ont tenu un forum à Vancouver pour discuter de la question des échanges internationaux de droits démission. Cent cinquante représentants du milieu des affaires, de lindustrie et de groupes de défense de lenvironnement y ont participé. Il en est ressorti que le principe suscite beaucoup dintérêt, même sil reste beaucoup à faire pour préciser son mode de fonctionnement. Il est clair que le Canada doit continuer de multiplier les expériences déchange de droits démission, car ce genre de régime semble être lune des solutions qui seront retenues dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Les deux programmes canadiens décrits ci-haut permettront au Canada dacquérir une expérience des plus utiles en préparation du suivi de Kyoto qui doit avoir lieu à Buenos Aires en novembre 1998. Lors de cette rencontre, les participants préciseront les paramètres dun éventuel régime mondial déchange de droits démission de gaz à effet de serre. Il sera difficile de sentendre sur un régime qui soit à la fois applicable et efficace, mais le principe de léchange de droits démission semble des plus prometteurs. |