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LE TERRORISME CHIMIQUE
Rédaction :
François Côté, Geneviève Smith
Division des sciences et de la technologie
Le 15 janvier 2002
TABLE DES
MATIÈRES
LUTILISATION DE LARME CHIMIQUE ET LA CONVENTION SUR LES ARMES CHIMIQUES
ACQUISITION DAGENTS CHIMIQUES
MOYENS ET FACILITÉ DE PRODUCTION
HISTOIRE DE LA GUERRE CHIMIQUE
LE TERRORISME CHIMIQUE
Les agents chimiques de guerre sont des substances qui, par leurs effets toxiques, peuvent tuer, blesser ou provoquer une incapacité. Sur les milliers de produits chimiques toxiques connus, quelque 70 seulement ont été utilisés ou stockés en tant quarmes chimiques au XXe siècle et les terroristes estiment quun petit nombre seulement de ces produits pourraient servir à leurs fins(1). Cependant, comme nombre de ces agents ont des utilisations civiles tout à fait légitimes, on peut se les procurer sans peine auprès de plusieurs sources, quand ils ne sont pas très faciles à fabriquer.
LUTILISATION DE LARME CHIMIQUE ET LA CONVENTION SUR LES ARMES CHIMIQUES
Bien que lhistoire de larme chimique remonte à lantiquité, sa première utilisation sur une grande échelle ne date que de la Première Guerre mondiale, où elle a fait plus de 90 000 victimes(2). Lindignation publique suscitée par lemploi de ce type darme durant ce conflit allait entraîner, en 1925, la signature du Protocole de Genève interdisant lutilisation militaire des armes chimiques, mais non leur production ni leur stockage(3). Plusieurs pays, dont le Canada, ont signé le protocole, mais en précisant quils ne le considéreraient comme contraignant que lorsque la partie adverse y aurait elle-même donné son adhésion, et quil cesserait dêtre contraignant par rapport à un pays ennemi qui nen respecterait pas les dispositions(4). Au cours des années qui ont suivi, toutefois, larme chimique a été utilisée en Éthiopie par lItalie (pourtant signataire du protocole), ainsi quen Mandchourie et en Chine par le Japon (alors non-signataire). De plus, les Alliés et les forces de lAxe ont stocké dimportantes quantités dagents chimiques durant la Seconde Guerre mondiale, mais rien ne prouve quils en ont employé au cours de ce conflit(5). La recherche sur larme chimique, qui sest poursuivie tout au long de la Guerre froide, a permis daméliorer considérablement son pouvoir vulnérant, et les stocks darmes chimiques ont continué de croître partout dans le monde. Ces armes ont de nouveau été utilisées à la fin des années 1980, au cours de la guerre entre lIran et lIrak(6). Toutefois, au fur et à mesure que le désarmement international recueillait un consensus plus large, lappui au resserrement du contrôle des armes chimiques a gagné du terrain.
Après plusieurs décennies de négociation, la Convention sur les armes chimiques un nouveau traité qui devait compléter le Protocole de Genève était ouvert à la signature des pays en janvier 1993. Le Canada a été parmi les premiers à le signer et il a adopté par la suite, en 1995, la Loi de mise en uvre de la Convention sur les armes chimiques. La Convention interdit lutilisation, la mise au point, la production, lacquisition, le stockage et le transfert darmes chimiques. Elle précise que les armes chimiques incluent non seulement les agents mais aussi toutes les munitions ainsi que tous les dispositifs destinés à leur dispersion(7). La Convention entend par produit chimique toxique « tout produit chimique qui, par son action chimique sur les processus biologiques, peut provoquer chez les êtres humains ou les animaux la mort, une incapacité temporaire ou des dommages permanents ». Étant donné que les végétaux ne sont pas mentionnés dans cette définition, lutilisation de défoliants comme lagent Orange nest pas interdite. Les agents incendiaires comme le napalm ne sont pas, non plus, mentionnés parmi les produits interdits par la Convention, car leurs effets sont attribuables à lénergie thermique et non à leurs propriétés toxiques(8). Bien quinterdits à des fins militaires, les agents anti-émeutes comme le gaz lacrymogène et le gaz poivré peuvent être utilisés à lintérieur dun pays pour faire respecter la loi. En outre, les virus et les bactéries toxinogènes ne sont pas visés par cette convention, mais sont interdits, en tant quarmes, par la Convention sur les armes biologiques et à toxines(9).
ACQUISITION DAGENTS CHIMIQUES
Plusieurs auteurs ont mentionné la facilité avec laquelle les organisations infranationales peuvent se procurer ou produire des armes chimiques, notamment :
en les achetant à des fournisseurs industriels autorisés;
en les dérobant dans des installations militaires;
en les volant dans des centres de recherche médicale ou scientifique;
en se les procurant auprès dÉtats qui appuient les activités terroristes(10).
Plusieurs agents chimiques qui pourraient servir darmes ont des applications industrielles tout à fait légitimes et peuvent être achetés à des fournisseurs de produits chimiques industriels ou agricoles(11). Par exemple, le phosgène et le cyanure dhydrogène sont fabriqués un peu partout, dans des installations industrielles; le premier sert dagent de chloration et le deuxième dintermédiaire de synthèse des polymères acryliques(12). Plusieurs insecticides et rodenticides particulièrement toxiques sont faciles à obtenir; selon certains auteurs, ils pourraient être aussi dangereux que leurs équivalents militaires(13). En raison de leur niveau de sécurité moins élevé, les entrepôts militaires où sont stockés les agents chimiques sont plus vulnérables que les sites de stockage nucléaire, si bien que le vol darmes chimiques y est plus probable(14). Nombre de pays, dont certains signataires de la Convention sur les armes chimiques, conservent un important arsenal darmes de ce type. La sécurité des entrepôts varie considérablement à lintérieur dun pays et dun pays à lautre; même aux États-Unis, certaines de ces installations offrent, a-t-on dit, un degré de sécurité inférieur à celui des supermarchés(15). La sécurité est encore plus faible dans les centres de recherche médicaux et scientifiques, où lon trouve des armes potentielles de même que leurs précurseurs.
Le Canada nentrepose pas darmes chimiques, si ce nest celles servant au contrôle des foules et à la répression des émeutes(16). Cependant, le ministère de la Défense nationale (MDN) doit conserver en permanence un certain stock dagents chimiques pour ses recherches en défense chimique et biologique au Centre de recherches pour la défense Suffield. Les programmes de recherche, de mise au point et dinstruction du MDN dans le domaine de la défense biologique et chimique font lobjet dun examen annuel par le Comité dexamen de programme de défense biologique et chimique, qui a pour mandat de sassurer que les activités entreprises « ont un caractère défensif et quelles sont menées de façon professionnelle, sans menacer la sécurité de la population ni lenvironnement »(17). Dans son dernier rapport, le Comité conclut quil y a absence darrière-pensées dans le programme de protection chimique et biologique du gouvernement, et que rien ne prouve que des activités à caractère offensif ont été menées(18).
MOYENS ET FACILITÉ DE PRODUCTION
Les groupes terroristes peuvent aussi décider de produire leurs propres armes chimiques. Moyennant 10 à 14 millions de dollars US, il serait possible de se doter dune installation de production de phosgène un agent chimique relativement facile à produire de taille raisonnable(19). Il est aussi relativement facile de fabriquer un agent neurotoxique, puisque les techniques qui sont mises en jeu sont à peu près les mêmes que celles utilisées pour la fabrication dinsecticides(20). Comme nous lavons vu, plusieurs agents chimiques peuvent être fabriqués dans des installations industrielles relativement inoffensives qui existent dans la plupart des pays(21). Nombre dagents dangereux sont synthétisés à partir dingrédients qui peuvent avoir des applications commerciales. Par exemple, les produits chimiques qui entrent dans la composition du sarin (un gaz neurotoxique) sont utilisés dans la fabrication des ignifugeants, des additifs pour lessence, des plastifiants, des solvants, de la céramique et des antiseptiques(22).
Il suffirait à un groupe infranational désireux de produire ses propres armes chimiques de faire appel à une personne possédant des connaissances de 2e ou de 3e cycle en chimie(23). Il est possible de trouver la plupart des renseignements techniques nécessaires dans la littérature; par exemple, il est intéressant de noter que la Grande-Bretagne et les États-Unis ont levé le secret sur la formule de fabrication du gaz neurotoxique VX, lun des plus puissants agents neurotoxiques(24). Il est certes possible de synthétiser des agents comme le sarin et le VX dans un laboratoire relativement rudimentaire, mais une telle entreprise ne serait pas sans risque pour la santé des préparateurs, ce qui risque de dissuader ceux qui seraient tentés de se lancer dans la production de ces substances(25).
Si la production des armes chimiques peut poser des problèmes, leur dissémination en pose de plus grands encore.
Une bombe chimique explosant dans une aérogare très fréquentée tuerait sans doute des centaines de personnes; un avion dépandage survolant à basse altitude un stade bondé damateurs de football ferait des milliers de victimes; un générateur de fumée placé à larrière dune camionnette qui sillonnerait les rues dune ville permettrait de tuer des dizaines de milliers de personnes par dissémination sous forme daérosol. Cependant, pour parvenir à porter des attaques dune telle ampleur contre une cible extérieure, avec un degré de réussite modéré, il faudrait utiliser des dizaines de gallons dagents chimiques et le faire dans des conditions environnementales adéquates, même si elles ne sont pas idéales(26).
Une attaque terroriste à larme chimique peut se faire ouvertement ou secrètement. Il existe plusieurs façons de déployer une telle arme, par exemple les bombes, les sous-munitions, les projectiles, les têtes explosives et les réservoirs de solution à pulvériser(27). Plusieurs vecteurs permettent, par ailleurs, une diffusion clandestine, et les trois scénarios suivants retiennent davantage lattention : (1) contamination des réseaux publics de distribution deau; (2) contamination daliments; (3) dispersion sous forme daérosols ou de vapeurs dans des espaces clos(28).
Le premier scénario a peu de chances daboutir pour plusieurs raisons. Certains agents comme les pesticides organophosphatés se décomposent dans leau, ce qui les rend inefficaces en tant quarmes(29). Les systèmes de filtration et de purification de la plupart des installations de traitement des eaux permettent aussi de réduire les risques de contamination. Qui plus est, étant donné les importants volumes deau en cause, les produits chimiques seraient automatiquement très dilués, si bien quil faudrait en employer dénormes quantités pour parvenir à empoisonner les réseaux de distribution(30). Cependant, lapprovisionnement en eau dinstallations individuelles se prêterait à de telles attaques. Dans ce genre de situation, la filtration et la dilution présenteraient un obstacle moindre à laction terroriste(31).
Plusieurs cas de contamination de produits alimentaires par des agents chimiques ont été documentés. En voici quelques exemples :
1994 : 15 personnes meurent au Tadjikistan après avoir bu du champagne contenant du cyanure;
1989 : le Chili perd des millions de dollars en exportations quand les États-Unis découvrent que son raisin est contaminé au cyanure;
1981 : contamination à lherbicide de produits alimentaires dans plusieurs épiceries britanniques;
1977-1989 : plusieurs cas de contamination et de menace de contamination des agrumes israéliens avec du mercure liquide.
La diffusion darmes chimiques en aérosol permet dutiliser des vecteurs non explosifs. Avec cette méthode, les espaces clos constituent des cibles idéales; la direction et la vitesse du vent de même que des observations météorologiques précises jouent alors un rôle très important dans la réussite de lattaque. Jusquici, la seule attaque terroriste où une arme chimique a été dispersée avec succès sous la forme daérosol dans un espace clos a été le fait de la secte Aum Shinriky qui, en 1995, a utilisé du sarin dans le métro de Tokyo. Alors quelle aurait dû faire des milliers de victimes, cette attaque a provoqué 12 morts et une quarantaine de blessures graves. Le culte avait dépensé plus de 30 millions de dollars en recherche et en équipement, ce qui montre bien à quel point il est difficile de mener une attaque à larme chimique susceptible de faire un grand nombre de victimes(32).
Les armes chimiques sont le plus souvent réparties en quatre groupes, selon leffet quelles ont sur leurs victimes :
Agents suffocants : chlore, phosgène, diphosgène et chloropicrine.
Agents vésicants : ypérite (gaz moutarde), ypérite à lazote, oxime de phosgène et lewisite.
Agents hémotoxiques : cyanure dhydrogène, chlorure de cyanogène, arsine.
Agents neurotoxiques : tabun, sarin, soman, cyclosarin, VX.
Agent | Type dexposition |
Dose |
Vitesse daction |
Mode daction |
Effets |
Antidotes / traitements | Exemples dutilisations commerciales des produits ou de leurs précurseurs | |||
Agents suffocants |
Inhalation |
3 000-20 000 LCt50 |
Retardée à rapide |
Endommagent les voies respiratoires et provoquent une importante accumulation de liquide dans les poumons. |
Dyspnée; irritation des muqueuses; toux, serrement de poitrine Finissent par provoquer une accumulation de liquide dans les poumons, ce qui entraîne la mort par étouffement Vomissements, accumulation de liquide dans les poumons |
Aucun antidote Il faut porter un masque à gaz et des vêtements protecteurs pour éviter linhalation Traitements médicaux :
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Désinfectants, plastiques, pesticides, solvants, produits chimiques de synthèse, teintures et herbicides |
|||
Agents vésicants |
Par contact de la peau ou par inhalation |
Par exposition cutanée : 25-4 500 DL50 Par inhalation : 1 300-3 200 LCt50 |
Rapide (appari-tion des symptômes retardée dans le cas de lypérite) |
Provoquent des cloques sur la peau et endommagent les voies respiratoires, les muqueuses et les yeux |
Érythèmes cutanés, endommagement des voies respiratoires, blépharite |
Décontamination soigneuse à leau Prévention de linfection par traitement aux antibiotiques Application de lotions et de pommades pour atténuer la démangeaison due aux érythèmes Lypérite na pas dantidote connu Lanti-lewisite britannique peut atténuer une partie des effets de la lewisite, bien que ce traitement puisse être toxique dans une certaine mesure |
Papier et caoutchouc entrant dans la fabrication des produits pharmaceutiques, insecticides, plastiques, détergents, cosmétiques, lubrifiants, céramique, articles de toilettes, cires et cirages |
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Agents hémo-toxiques |
Inhalation |
2 000- 11 000 LCt50 |
Rapide |
Entravent le phénomène déchange doxygène dans le sang |
Perturbation de loxygénation des cellules; le cur et le système nerveux central sont particulièrement susceptibles En outre, le chlorure de cyanogène irrite beaucoup les yeux et les poumons Dans les cas les plus modérés :
Dans les cas les plus graves :
|
Les hémotoxiques sont particulièrement volatils; il faut laver les yeux à grande eau, retirer tout vêtement contaminé et rincer à leau toute partie de peau ayant été exposée Antidotes : administration intraveineuse de nitrite de sodium et de thiosulfate de sodium à des fins de détoxication Le R.-U. est en train de mettre au point un traitement préventif. |
Pesticides, produits fumigatoires, produits délectrodéposition, extraction dor et dargent, teintures, production de pigments et de nylon |
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Agents neuro-toxiques |
Contami-nation par la peau et/ou par inhalation |
Exposition cutanée : 10-1 700 DL50 Inhala-tion : 50-400 LCt50 |
Rapide à très rapide |
Inhibent lenzyme qui intervient dans le mécanisme de la transmission nerveuse au niveau des synapses |
Effets perceptibles au niveau des yeux et des voies respiratoires Nausées et vomissements possibles Convulsions Arythmie cardiaque Perte de conscience et convulsions possibles dans la minute suivant une exposition à un agent fortement concentré Paralysie et décès à terme |
La gestion de lexposition aux agents neurotoxiques comporte quatre étapes :
Médication possible :
Prétraitement possible :
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Insecticides, additifs pour lessence, détergents, carburants pour missiles, plastiques, teintures, pigments, agents ignifugeants, désinfectants, solvant à peinture, céramique, azureurs optiques, adoucissants textiles, produits pyrotechniques, produits pharmaceutiques, fertilisants et pesticides |
Les agents suffocants sont normalement dispersés sous la forme de gaz et inhalés par les victimes. Ils sattaquent aux tissus pulmonaires et irritent les voies aériennes supérieures, notamment le nez et la gorge. Les agents suffocants exercent leur action en provoquant une sécrétion continue de liquide dans les poumons, ce qui entraîne un phénomène analogue à la noyade(34). Lagent suffocant que les terroristes seront le plus susceptibles dutiliser dans lavenir est le phosgène, qui est le plus dangereux de tous. Incolore, le phosgène a toutefois une odeur caractéristique rappelant celle du foin fraîchement coupé(35).
Lexposition à de fortes concentrations dagents suffocants peut entraîner la mort dans les heures qui suivent, le plus souvent dans les 24 à 48 heures. Les symptômes immédiats et retardés de lexposition sont les suivants : toux, étouffement, serrement de poitrine, nausées et parfois vomissements et maux de tête. Sensuit une période asymptomatique qui dure habituellement de deux à 24 heures. Ainsi, les symptômes des dommages occasionnés aux poumons se manifestent rarement avant plusieurs heures et sont aggravés à leffort. Le repos et lobservation médicale sont donc essentiels(36). Dans les premiers stades de ldème pulmonaire qui est la cause du décès éventuel , la victime est atteinte daccès de toux, sa respiration saccélère et devient superficielle, elle présente une cyanose et souffre éventuellement de nausées et de vomissements. Au stade plus avancé, des expectorations spumeuses se produisent(37). Si la victime survit plus de 48 heures, il y a de fortes chances quelle sen remette, auquel cas elle ne présente ensuite que peu de séquelles, ou même aucune. Il convient déviter tout contact avec ce type dagent, surtout en portant des vêtements protecteurs et un masque à gaz intégral (qui protège le système respiratoire et yeux)(38).
Les agents vésicants sont parmi les armes chimiques les plus répandues; ils comprennent les ypérites, la lewisite et loxime de phosgène. Les vésicants commencent par causer des irritations, pour ensuite provoquer des lésions des yeux, des voies respiratoires et de la peau des victimes(39). Ils entraînent la formation de cloques sur toutes les parties du corps avec lesquelles ils entrent en contact, cest-à-dire surtout la peau, mais aussi les yeux, les muqueuses et les poumons. Inhalés, ils sattaquent aux voies respiratoires; ingérés, ils peuvent entraîner vomissements et diarrhée(40). Bien que les vésicants noccasionnent quun faible pourcentage de décès, il nest pas rare quils provoquent la cécité et des lésions permanentes au système respiratoire. Les vésicants peuvent être disséminés sous forme liquide, daérosol, de vapeur ou de poudre(41).
Les ypérites sont caractérisées par une période latente exempte de symptômes qui se prolonge le plus souvent durant plusieurs heures selon la quantité dagent, le mode dexposition et les conditions ambiantes(42), ce qui fait que lexposition peut dabord passer inaperçue. En revanche, la lewisite et le phosgène agissent très rapidement et produisent presque immédiatement des symptômes comme la toux et des brûlures. À linstar des ypérites, la lewisite provoque de sévères irritations des voies respiratoires, et les tissus nécrosés peuvent obstruer les voies aériennes de la victime. En outre, cette dernière développe une prédisposition à des infections secondaires à cause des lésions subies(43). Il existe peu de composés aussi douloureux et destructifs que loxime de phosgène : quelques milligrammes seulement suffisent à occasionner de graves blessures, dont la guérison peut nécessiter jusquà trois mois(44).
Dispersés sous la forme de gaz, les agents hémotoxiques pénètrent dans lorganisme par inhalation et sont ensuite acheminés dans tout le corps par la circulation sanguine. Ils bloquent lutilisation et le transfert des molécules doxygène par les cellules sanguines et, privant ainsi le corps doxygène, provoquent la suffocation de la victime(45). Les symptômes sont les suivants : douleurs abdominales, nausées, vomissements, étourdissements, maux de tête, confusion, faiblesse, somnolence, perte de conscience, sensation de brûlure, maux de gorge, dyspnée (essoufflement) et toux(46).
Lapparition des symptômes dagression par un agent hémotoxique nest pas nécessairement immédiate. Par exemple, lexposition à larsine ou au chlorure de cyanogène peut occasionner de graves lésions aux poumons, aux yeux et à la peau, mais ne pas se manifester avant plusieurs heures(47). Larsine peut aussi entraîner un dysfonctionnement rénal, tandis que le cyanure dhydrogène peut endommager le système nerveux central et occasionner un dysfonctionnement des systèmes circulatoire et respiratoire de la victime(48). Il faut éviter le contact avec ce genre dagents en portant des vêtements protecteurs et un masque qui protège le système respiratoire et les yeux.
Les agents neurotoxiques peuvent être dispersés sous la forme de liquide, de vapeur, daérosol ou de poudre. En bloquant laction de lacétylcholinestérase (une enzyme importante du fonctionnement du système nerveux), ces agents perturbent le fonctionnement des muscles(49). Ils agissent très rapidement : une dose létale peut entraîner la mort dans les cinq minutes(50). Les symptômes dépendent habituellement du type dexposition. Par exemple, en cas dinhalation, les symptômes respiratoires apparaissent en premier; en cas dingestion, les premiers symptômes sont gastro-intestinaux(51).
Les agents neurotoxiques connus sous le nom d« agents G » comme le tabun, le soman, le cyclosarin et le sarin ont une persistance de quelques jours à peine après leur diffusion; cependant, les « agents V » dont le VX est le plus connu persistent durant de longues périodes pouvant atteindre plusieurs mois par temps froid(52). Les symptômes sont les mêmes pour tous les neurotoxiques : écoulement nasal, yeux embués, salivation et transpiration excessives, serrement de la poitrine, difficulté à respirer, troubles de la vision (contraction pupillaire intense), nausées, vomissements, crampes, miction et défécation involontaires, secousses musculaires et perte déquilibre, maux de tête, confusion, somnolence, convulsions et coma(53). Pour se protéger contre ce genre dagents, il convient de porter des vêtements protecteurs et des masques respiratoires. Certains hôpitaux et services dambulance stockent des antidotes, mais comme les agents neurotoxiques agissent très rapidement, les antidotes ne sont efficaces qui sils sont administrés immédiatement après lexposition(54).
HISTOIRE DE LA GUERRE CHIMIQUE
On associe généralement lutilisation de larme chimique aux progrès technologiques qui ont mené à la guerre moderne comme elle sest manifestée au XXe siècle. Cest larmée américaine qui, la première, a employé lexpression « guerre chimique » en 1917 pour décrire la guerre tactique où interviennent mélanges incendiaires, fumées ou gaz toxiques provoquant irritations, brûlures, empoisonnement ou asphyxie. À la fin de la Première Guerre mondiale, la situation avait considérablement changé : larme chimique avait été utilisée largement et de nombreux pays cherchaient à conclure une nouvelle convention visant à en restreindre lusage et la mise au point. Cependant, le recours aux produits toxiques et à la maladie en temps de guerre, contre des civils et des soldats, remonte à bien plus longtemps. Voici un récapitulatif des principales dates de lhistoire de la guerre chimique(55).
1000 av. J.-C. |
Les Chinois utilisent des fumées darsenic.
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600 av. J.-C. |
Les Assyriens empoisonnent des puits ennemis à lergot de seigle et le magistrat athénien Solon utilise des racines dhellébore (aux vertus purgatives) durant le siège de Krissa.
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431-404 av. J.-C. |
Durant la guerre du Péloponnèse, les Spartiates auraient utilisé des fumées darsenic.
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637 |
Les Grecs de Byzance utilisent un agent incendiaire appelé « feu grégeois » mélange à base de pétrole, de poix, de souffre et de différentes résines au cours du siège de Constantinople.
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1675 |
Signature à Strasbourg, entre Français et Allemands, du premier accord international condamnant lutilisation darmes toxiques.
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1774-1784 |
Découverte du chlore et détermination des propriétés et de la composition du cyanure dhydrogène.
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1802 |
Première synthèse du chlorure de cyanogène.
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1812 |
Première synthèse du phosgène.
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1822 |
Première synthèse du gaz moutarde ou ypérite.
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1874 |
La Convention de Bruxelles sur les lois et les coutumes de la guerre impose linterdiction générale des armes toxiques; elle interdit lutilisation de poisons ou de gaz toxiques, ainsi que darmes, de projectiles ou de substances susceptibles de causer des souffrances inutiles.
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1886 |
Première synthèse de la chloropicrine.
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1899 |
Entente relative aux restrictions concernant la mise au point darmes toxiques lors de la première conférence de paix internationale de La Haye. À cette occasion, les États signataires sengagent à ne pas utiliser de projectiles qui propageraient des « gaz asphyxiants ou délétères ».
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1914-1918 |
La Première Guerre mondiale est le théâtre de lutilisation sur une grande échelle darmes chimiques comme le gaz moutarde et le chlore gazeux. En 1915, lAllemagne a recours à la guerre chimique en employant des gaz contre les Français près dYpres. Les troupes allemandes utilisent à cette occasion 6 000 cylindres contenant 168 tonnes de chlore contre des soldats et des civils. Peu après, la Grande-Bretagne et la France utilisent, elles aussi, des gaz. En 1918, un obus dartillerie sur quatre contient un gaz quelconque. On estime que 124 200 tonnes dagents chimiques auront été utilisées au cours de cette guerre, dont 90 p. 100 ont été dispersées par quelque 66 millions dobus dartillerie. Lutilisation des armes chimiques durant la Première Guerre mondiale causera des millions de victimes, dont plus de 90 000 morts.
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1919 |
Signature du Traité de Versailles. Celui-ci comprend un article qui réaffirme les ententes précédentes relatives aux armes chimiques et interdit à lAllemagne de fabriquer ou dimporter de telles armes de même que de se doter de moyens permettant de les produire.
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1925 |
Lutilisation des armes chimiques durant la Première Guerre mondiale a conduit à ladoption du Protocole de Genève, qui interdit lutilisation darmes biologiques ou chimiques en temps de guerre, mais ninterdit pas la recherche sur la production de tels agents. Le protocole est ratifié par presque tous les pays, à lexception des États-Unis et du Japon.
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1935 |
LItalie utilise larme chimique en Éthiopie (lItalie avait ratifié le Protocole de Genève en 1928). Il sagit de la première infraction ouverte au Protocole.
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1939 |
Le Japon utilise le gaz moutarde et la lewisite au cours de son invasion de la Chine.
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1939-1945 |
Durant la Seconde Guerre mondiale, lAllemagne produit 78 000 tonnes dagents de guerre chimique, notamment du tabun, du sarin et du phosgène. Au cours de la même période, le Japon en produit 8 000 tonnes et les États-Unis, 146 000 tonnes.
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Les années 1950 |
Militarisation du sarin par les États-Unis et mise au point dun programme de développement de produits incapacitants.
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Les années 1950 et 1960 |
Mise au point et production dune nouvelle génération de gaz neurotoxiques, connus sous le nom dagents V. Ces substances sont plus persistantes que leurs prédécesseurs et sont près de 10 fois plus toxiques que le sarin.
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1959-1975 |
Utilisation de défoliants et dagents anti-émeute non létaux en grande quantité par larmée américaine durant la guerre du Vietnam.
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1967 |
Utilisation ouverte dagents de guerre chimique par les deux parties de la guerre des six jours qui oppose les Arabes à Israël.
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1967 |
Les Égyptiens utilisent des agents neurotoxiques au cours de la guerre civile du Yémen (lÉgypte avait signé le Protocole de Genève).
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1970 |
Le Japon signe le Protocole de Genève.
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Fin des années 1970 |
Des avions et des hélicoptères qui pulvérisent des aérosols de différentes couleurs attaquent le Laos et le Kampuchéa. On estime que plusieurs de ces nuages étaient composés de trichothécène (surtout de mycotoxine T2).
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1978 |
À Londres, lagresseur de Georgi Markov, un exilé bulgare, utilise un petit dispositif dissimulé dans la pointe dun parapluie pour lui injecter une minuscule granule de ricin. La victime décédera quelques jours plus tard.
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Les années 1980 |
LURSS utilise des agents chimiques de guerre en Afghanistan.
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1980-1988 |
Lutilisation de larme chimique est très répandue durant la guerre Iran-Irak, surtout par lIrak.
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1991 |
Après la guerre du Golfe, le Conseil de sécurité des Nations Unies ordonne à lIrak de cesser ses programmes darmement biologique, chimique et nucléaire. La Commission spéciale des Nations unies sur lIrak (CSNU) commence ses inspections au lendemain de la guerre.
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1993 |
La Convention sur linterdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de lemploi des armes chimiques et sur leur destruction (Convention sur les armes chimiques) est adoptée à Paris. Jusquici, 174 États lont signée et 143 lont ratifiée. La Convention est entrée en vigueur le 29 avril 1997.
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1995 |
Des membres de la secte Aum Shinriky commettent un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, tuant 12 passagers et en blessant plus de 5 000. À cause de la mauvaise qualité de lagent utilisé et de linefficacité du système de diffusion, le nombre de victimes a été moindre que prévu. Plus tard, on découvrira que le groupe a fait des expériences sur lagent du charbon ainsi que sur dautres agents biologiques.
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1995 |
Le Canada ratifie la Convention et adopte la Loi de mise en uvre de la Convention sur les armes chimiques. |
(1) Organisation pour linterdiction des armes chimiques (OIAC), Chemical Warfare Agents, 1997. Les États signataires de la Convention sur les armes chimiques ont mis sur pied lOIAC qui est chargée den contrôler la mise en uvre.
(2) OIAC, A Brief History of Chemical Disarmament, 1999. Pour de plus amples renseignements sur lhistoire de la mise au point et de lutilisation de larme chimique, voir la section « Histoire de la guerre chimique » à la fin du présent document.
(3) Ibid.
(4) William H. Barton, Recherche, développement et instruction dans le domaine de la défense chimique et biologique au ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes, Défense nationale Canada, 31 décembre 1988.
(5) OIAC (1999), A Brief History of Chemical Disarmament.
(6) OIAC, Fact Sheet 1: The Chemical Weapons Convention and the OIAC How They Came About, 2000.
(7) On trouvera le texte complet de la convention sur le site web du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
(8) OIAC (1997), Chemical Warfare Agents.
(9) OIAC, Fact Sheet 4: What is a Chemical Weapon?, 2000.
(10) Ron Purver, Le terrorisme chimique et biologique : la menace de terrorisme biologique ou chimique selon les sources publiées, SCRS, 1995.
(11) Ibid.
(12) John Pike, « Chemical Weapon Production », Special Weapons Primer, Federation of American Scientists, 1998.
(13) Purver (1995).
(14) Ibid.
(15) Richard Charles Clark, Technological Terrorism, Devin-Adair,Old Greenwich (CT), 1980, cité par Purver (1995).
(16) Défense nationale, Opérations des Forces canadiennes : doctrine de défense nucléaire biologique chimique pour les Forces canadiennes, B-GG-005-004/AF-011.
(17) Heather D. Durham (présidente), Colin R. McArthur et Kenneth L. Roy, Rapport annuel 2000 du Comité dexamen du programme de défense biologique et chimique (CEPDBC), septembre 2000, p. C-1.
(18) Ibid., p. 1.
(19) Pike (1998), « Chemical Weapon Production ».
(20) Elliott Hurwitz, « Terrorists and Chemical/Biological Weapons », Naval War College Review, 35:3 (mai-juin), 1982, p. 36-40, cité par Purver (1995).
(21) Pike (1998), « Chemical Weapon Production ».
(22) « The terror next time? », The Economist, 6 octobre 2001.
(23) Purver (1995).
(24) Ibid.
(25) Ibid.
(26) R.W. Mengel, « Terrorism and New Technologies of Destruction: An Overview of the Potential Risk », Annexe 2 dans Disorders and Terrorism: Report of the Task Force on Disorders and Terrorism, National Advisory Committee on Criminal Justice Standards and Goals, Washington (D.C.), 1976, p. 443-473, cité par Purver (1995) [traduction].
(27) John Pike, « Chemical Weapon Delivery », Special Weapons Primer, Federation of American Scientists, 1998.
(28) Purver (1995).
(29) Ibid.
(30) Ibid.
(31) Ibid.
(32) « The terror next time? » (2001).
(33) La dose létale médiane approximative dun agent aérogène absorbé par inhalation est exprimée par la valeur LCt50 (milligrammes par minute par mètre cube ou mg-min/m3); on parle aussi de temps de concentration létal. La dose létale médiane approximative dun agent toxique absorbé par la peau sexprime par la valeur DL50 (milligrammes dagent par kilogramme de poids corporel ou encore mg agent/kg poids corporel). Plus le chiffre est faible, plus lagent est mortel.
(34) OIAC (2000), Fact Sheet 4: What is a Chemical Weapon?
(35) John Pike, « Chemical Warfare Agents », Special Weapons Primer, Federation of American Scientists, 1998.
(36) Programme international sur la sécurité des substances chimiques (PISSC) et Commission de la communauté économique européenne (CCEE), Phosgène, International Chemical Safety Cards, 1993.
(37) Pike (1998), « Chemical Warfare Agents ».
(38) PISSC et CCEE (1993), Phosgene, International Chemical Safety Cards.
(39) OIAC (2000), Fact Sheet 4: What is a Chemical Weapon?
(40) Pike (1998), « Chemical Warfare Agents ».
(41) OIAC (2000), Fact Sheet 4: What is a Chemical Weapon?
(42) Pike (1998), « Chemical Warfare Agents ».
(43) Ibid.
(44) Ibid.
(45) OIAC (2000), Fact Sheet 4: What is a Chemical Weapon?
(46) PISSC et CCEE, Arsine, Chlorure de cyanogène, Chlorure dhydrogène, Cyanure dhydrogène liquéfié, International Chemical Safety Cards, 1993.
(47) PISSC et CCEE, Arsine, Chlorure de cyanogène, International Chemical Safety Cards, 1993.
(48) PISSC et CCEE, Cyanure dhydrogène liquéfié, International Chemical Safety Cards, 1993.
(49) Pike (1998), « Chemical Warfare Agents ».
(50) OIAC (2000), Fact Sheet 4: What is a Chemical Weapon?
(51) Pike (1998), « Chemical Warfare Agents ».
(52) Centers for Disease Control and Prevention (CDC), Basic Facts about VX, Public Health Emergency Preparedness and Response.
(53) CDC :
Ibid.
Basic Facts about Tabun (GA).
Basic Facts about Soman (GD).
Basic Facts about Sarin (GB).
(54) OIAC, Nerve Agents, 1997.
(55) Sources consultées pour ce récapitulatif :
U.S. Army Medicine, « History of chemical warfare and current threat ».
Jeffrey K. Smart, « History of chemical and biological warfare: an American perspective », dans Medical aspects of chemical and biological warfare, F.R. Sidell, E.T. Takafuji et D.R. Franz (dir.), Office of The Surgeon General, Department of the Army, United States of America, 1997, chapitre 2.
OIAC (1999), A Brief History of Chemical Disarmament.