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CHARTE DES DROITS DES PATIENTS
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UN APERÇU COMPARATIF
Rédaction :
Margaret Smith
Division du droit et du gouvernement
Le 4 février 2002
TABLE DES
MATIÈRES
INITIATIVES RÉCENTES DANS SIX PAYS
1. Droits en matière de soins de santé Initiatives fédérales
a. Charte de santé des Canadiens
b. Loi canadienne sur la santé
c. Déclaration des droits des patients
1) Projet de loi dinitiative parlementaire
2) Proposition du Comité sénatorial
2. Droits en matière de soins de santé Initiatives provinciales
3. Droits en matière de soins de santé Projet de politique
a. Groupe de travail de lIRPP sur les politiques de santé
1. Le Code of Health and Disability Services Consumers Rights
2. Le commissaire aux services de santé et aux services aux personnes handicapées
a. Initiatives présidentielles
a. Droits des patients relativement à la préstation des soins de santé
b. Droits et protection des patients dans le cadre de soins gérés
CHARTE DES DROITS DES
PATIENTS -
UN APERÇU COMPARATIF
Les préoccupations relatives au système de services de santé canadien portent principalement sur sa viabilité à long terme sur les coûts à la hausse, la pénurie de ressources humaines, lutilisation de la technologie et la réforme des soins primaires. La portée de ces préoccupations sest élargie dernièrement pour inclure lintérêt de plus en plus marqué à légard des droits des patients que suscitent plusieurs facteurs, notamment :
la constatation quil faut attendre longtemps avant dobtenir un test diagnostique, un traitement pour certaines maladies et affections et un rendez-vous avec un spécialiste;
le nombre croissant de patients instruits et avisés qui sont moins disposés à accepter le statu quo et exigent de façon plus pressante de linformation de la part des fournisseurs de soins de santé;
le nombre croissant de patients qui veulent assumer un plus grand rôle dans les décisions qui sont prises relativement à leurs soins et leurs traitements;
la complexité croissante du système de services de santé;
la conviction de plus en plus forte que les patients doivent être des « consommateurs » actifs de soins de santé.
Le Canada nest pas le seul pays à connaître cette évolution. Pour axer de nouveau la prestation des services de santé sur le patient, des pays comme la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, lAustralie, les États-Unis et la Norvège ont mis en place des déclarations des droits et des responsabilités des patients ou chartes des patients, comme elles sont parfois appelées(1). Dans certains de ces pays, les droits des patients ont force de loi; ailleurs, elles prennent la forme de déclarations de politique en matière de santé. Peu importe leur forme, ces initiatives visent deux objectifs : dune part, responsabiliser les patients en leur accordant certains droits dans leurs rapports avec les fournisseurs et établissements de soins de santé et, dautre part, fonder la relation entre le patient et le fournisseur de soins de santé sur des assises plus égales. En énonçant ce qui est attendu des fournisseurs de soins de santé, des établissements et des patients, ces initiatives servent également de lignes directrices en matière de prestation de services de santé.
Le présent document traite des initiatives récentes relatives à lélaboration et à la mise en uvre des déclarations des droits des patients au Canada, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, en Australie, aux États-Unis et en Norvège.
INITIATIVES RÉCENTES DANS SIX PAYS
Lorsquil est question des droits des patients dans le contexte du système de services de santé canadien, il est important de faire la distinction entre les droits « collectifs » et les droits « individuels ».
Les droits collectifs sont de grands principes qui ont trait à lobligation générale de la société de rendre raisonnablement accessibles les soins de santé à toute la population. Le nombre et la gamme considérés raisonnables de services fournis sont tributaires de facteurs politiques, sociaux et économiques. Les droits collectifs ont également trait à légalité de laccès aux soins de santé pour toutes les personnes qui vivent dans un pays ou dautres régions géographiques.
Les droits individuels, par contre, concernent le fonctionnement du système de services de santé au niveau du patient ou du consommateur : autrement dit, ce à quoi les particuliers ont droit et ce à quoi ils peuvent sattendre dans leurs rapports avec les fournisseurs et les établissements de soins de santé aux divers stades de la prestation de services de santé. Ces droits comprennent le droit à linformation, le droit à la protection des renseignements personnels, le droit à la confidentialité et le droit de consentir au traitement.
1. Droits en matière de soins de santé Initiatives fédérales
a. Charte de santé des Canadiens
La Commission royale denquête sur les services de santé (rapport Hall) de 1964 a mis en avant une « Charte de santé des Canadiens »(2). Cette déclaration des droits collectifs repose sur lhypothèse selon laquelle « une politique nationale devrait avant tout viser à atteindre les normes de santé les plus élevées possible pour tous les Canadiens »(3).
Daprès la Charte, il serait plus facile datteindre cet objectif au moyen dun programme de services de santé global et universel pour les Canadiens qui serait :
mis en uvre en conformité avec les modalités constitutionnelles en évolution du Canada;
fondé sur la liberté de choix et sur lautonomie et la liberté des professions et des institutions;
financé au moyen dun système de paiements anticipés;
réalisé grâce à lentière collaboration du grand public, des professionels de la santé, des organismes bénévoles, de tous les partis politiques et de tous les ordres de gouvernement(4).
Certains principes qui devaient devenir les fondements des contributions financières fédérales aux régimes de services de santé provinciaux se définissaient ainsi :
Global : « Tous les services de santé, prévention, diagnostic, intervention curative, réadaptation que les sciences médicales modernes et autres permettent de dispenser. »
Universel : « Des services de santé adéquats doivent être à la portée de tous les Canadiens, peu importe leur lieu de résidence et leur revenu, dans les limites imposées par les facteurs géographiques. »(5)
Programme de services de santé : « Des lois ou des mesures administratives pour organiser des soins de santé universels globaux, y compris des modalités de paiements anticipés pour le financement des services de santé personnels mis en place progressivement. »(6)
Liberté de choix : « Le droit dun patient de choisir un médecin ou un dentiste et le droit du praticien daccepter ou de refuser un patient, sauf en cas durgence ou pour des motifs humanitaires. »(7)
b. Loi canadienne sur la santé
Dune perspective fédérale, lobjectif premier de la politique canadienne sur la santé protéger, favoriser et améliorer le bien-être physique et mental des Canadiens et faciliter un accès satisfaisant aux services de santé sans obstacles dordre financier ou autre est énoncé dans la Loi canadienne sur la santé(8). Les principes collectifs fondamentaux sous-jacents au système de santé canadien sont contenus dans les cinq critères de programme énoncés dans la Loi. Ce sont :
la gestion publique;
lintégralité;
luniversalité;
la transférabilité;
laccessibilité(9).
Le critère de la « gestion publique » veut que le régime dassurance santé de chaque province soit géré sans but lucratif par une autorité publique qui relève du gouvernement de la province.
L« intégralité » signifie que le régime dassurance-maladie de chaque province doit couvrir tous les « services de santé assurés » fournis par les hôpitaux, les médecins ou les dentistes, de même que les services semblables ou complémentaires fournis par les autres professionnels de la santé, lorsque la loi de la province le permet. Daprès la définition de la Loi, lexpression « services de santé assurés » désigne les « services hospitaliers » médicalement nécessaires, les « services médicaux » médicalement nécessaires et les « services de chirurgie dentaire » accomplis dans un hôpital.
Pour respecter le critère de l« universalité », chaque régime dassurance-maladie provincial doit assurer toutes les personnes résidant dans la province.
La « transférabilité » signifie que les personnes qui sétablissent dans une autre province doivent continuer dêtre assurées par la province dorigine durant au moins la période dattente (ne dépassant pas trois mois) imposée par la nouvelle province avant quelles puissent bénéficier de la protection offerte par celle-ci et que les résidents ont droit à des services assurés à lextérieur de leur province sils se trouvent ailleurs dans le pays ou à lextérieur du Canada.
L« accessibilité » signifie que les services de santé assurés doivent être fournis selon des modalités uniformes qui ne font pas obstacle à un accès satisfaisant à ces services.
Pour avoir pleinement droit aux contributions financières fédérales en matière de soins de santé, les régimes provinciaux dassurance-maladie doivent respecter ces critères et ne doivent pas autoriser la surfacturation ou le ticket modérateur pour les services assurés. Conjugués à linterdiction dimposer une surfacturation et un ticket modérateur, ces cinq critères de programme établissent le droit collectif principal aux soins de santé au Canada un accès raisonnable et gratuit aux services hospitaliers et médicaux médicalement nécessaires dans tout le Canada.
c. Déclaration des droits des patients
1) Projet de loi dinitiative parlementaire
Les initiatives fédérales en matière de soins de santé ont tendance à porter sur les principes et les objectifs collectifs à léchelle du système plutôt que sur les droits et les attentes individuels. Labsence dune perspective fédérale sur les droits individuels tient en grande partie à la séparation des pouvoirs, qui fait des soins de santé une responsabilité provinciale.
Toutefois, les politiciens fédéraux ont manifesté récemment un intérêt accru aux droits des patients. M. Greg Thompson (Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest) a présenté un projet de loi dinitiative parlementaire le projet de loi C-261 : Loi établissant les droits des patients en matière de santé, de traitement et de dossiers (Déclaration des droits des patients) à la Chambre des communes le 12 février 2001. Ce projet de loi, sil est adopté, établira plusieurs droits relatifs au système de soins de santé dans son ensemble, ainsi quune série de droits personnels des patients(10).
En plus de décrire les droits particuliers des patients, le projet de loi (art. 5) énumère trois responsabilités que les patients doivent assumer en matière de soins de santé :
communiquer aux professionnels de la santé des renseignements complets et exacts sur leur état de santé et les services de santé reçus antérieurement;
coopérer avec les professionnels de la santé et observer leurs consignes ou lindiquer lorsquils ne les ont pas observées;
faire preuve de modération dans lutilisation des services de santé.
Daprès les droits relatifs au système de services de santé énumérés à larticle 3 du projet de loi, tous les Canadiens ont droit à une collaboration intergouvernementale à léchelle nationale visant à assurer :
a) un système national de services de santé qui soit de bonne qualité, fiable et accessible;
b) la transférabilité de ce système et, de façon générale, son uniformité à léchelle du Canada;
c) le minimum de chevauchement et de redondance dans les services de santé relevant des divers gouvernements;
d) le développement uniforme des services de santé par les divers gouvernements de façon à permettre la synchronisation des mesures visant le développement de ces services et linnovation;
e) la consultation périodique du public sur les services de santé dans un cadre à la fois public et ouvert qui offre aux intéressés la possibilité de présenter leurs points de vue aux représentants du gouvernement, à la Chambre des communes ou à une assemblée législative et aux membres de la profession médicale.
Larticle 4 du projet de loi dresse une liste substantielle des droits personnels (individuels) de lutilisateur du système de services de santé public, notamment :
a) le droit dêtre pleinement informé de son état de santé;
b) le droit dêtre informé des choix thérapeutiques qui soffrent à lui;
c) le droit de participer à la décision sur le traitement à recevoir;
d) le droit dobtenir des renseignements sur les qualifications et lexpérience des professionnels de la santé qui lui fournissent des services;
e) le droit de recevoir des services de santé avec considération, compassion et respect;
f) le droit de communiquer avec les professionnels de la santé en toute confidentialité;
g) le droit daccéder à tous les dossiers médicaux le concernant, den obtenir copie et de les faire corriger, sil est établi quils sont inexacts;
h) le droit à la confidentialité de ses dossiers médicaux et le droit de limiter leur utilisation à la prestation des services de santé qui lui sont destinés, à moins quil ne donne officiellement par écrit son consentement éclairé, qui ne peut être ni tacite ni présumé;
i) le droit de désigner une personne pour exercer ses droits en son nom dans le cas où il serait incapable de le faire en raison dune incapacité physique ou mentale;
j) le droit dêtre informé de tous ses droits et responsabilités aux termes du projet de loi et de toute autre loi fédérale ou provinciale en matière de services de santé.
Comme les provinces ont la responsabilité première des soins de santé, le projet de loi ferait respecter ces droits dans le cadre dententes fédérales-provinciales et prévoit des contributions financières intégrales aux provinces en vertu de la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, sous réserve de la conclusion dune entente fédérale-provinciale relativement aux droits des patients.
2) Proposition du Comité sénatorial
Dans un document de septembre 2001 où il expose les questions et les options relatives au rôle du gouvernement fédéral dans le système de services de santé canadien(11), le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, de la science et de la technologie présente la charte des droits des patients comme option pour résoudre le problème de laccès en temps opportun aux services de santé.
Le Comité a fait remarquer que ladoption de chartes des droits des patients au niveau provincial tiendrait compte des situations provinciales différentes et pourrait même injecter un élément de concurrence dans la prestation des soins de santé. Par ailleurs, le Comité a fait remarquer que puisque de nombreux Canadiens ne voudraient pas voir des écarts substantiels entre les normes provinciales, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pourraient participer à lélaboration de normes minimales daccès en temps opportun aux soins de santé, normes qui serviraient de fondement à des déclarations provinciales des droits des patients(12).
2. Droits en matière de soins de santé Initiatives provinciales
Les gouvernements provinciaux ont abordé la question des droits aux soins de santé de diverses façons : le Québec a établi certains droits par la voie législative; le gouvernement actuel de lOntario sest engagé à promulguer une déclaration des droits des patients; au Nouveau-Brunswick, le Conseil du premier ministre en matière de qualité de la santé a proposé une charte des droits et des responsabilités en matière de santé; et dautres provinces ont établi des buts, des objectifs et des attentes relativement aux soins de santé dans leurs documents de planification et de politique. Des projets de loi dinitiative parlementaire présentés aux assemblées législatives de lOntario et de lAlberta à la fin des années 1990 visaient également à promulguer un code des droits et responsabilités des patients.
Plusieurs de ces initiatives sont décrites ci-après.
Un projet de loi dinitiative parlementaire projet de loi 201, la déclaration des droits des patients de lAlberta a été présenté à lAssemblée législative de lAlberta le 28 janvier 1998. Il visait à :
a) faire en sorte que les patients connaissent leurs droits de recevoir en temps opportun des soins appropriés;
b) faire en sorte que les patients soient traités avec égards et respect;
c) favoriser et améliorer la communication entre les patients et les professionnels des soins de santé.
Le projet de loi aurait donné aux patients divers droits, y compris le droit :
de recevoir des services de santé sans faire lobjet discrimination;
de jouir de la protection des renseignements personnels et de santé les concernant;
davoir accès aux renseignements sur leur santé sauf si, de lavis dun professionnel de la santé ayant compétence en la matière, la divulgation des renseignements pouvait causer un préjudice immédiat et grave à leur santé ou leur sécurité;
de refuser de consentir à un traitement proposé;
de recevoir de linformation relativement à tout traitement proposé et aux options(13).
Le projet de loi 201 a été rejeté peu après avoir été présenté(14).
Le gouvernement de lOntario sest engagé à présenter une déclaration des droits des patients et à lier le financement des hôpitaux à la qualité des services de santé fournis par ces derniers(15). Avant cet engagement, au moins trois projets de loi dinitiative parlementaire avaient été présentés à lAssemblée législative de lOntario sur une période de trois ans pour faire valoir les droits des patients(16). Le plus récent, le projet de loi 18 : Health Care Accountability and the Patients Bill of Rights Act 1999, présenté en avril 1998, visait :
à codifier les droits (énumérés ci-dessous) des résidents de lOntario qui reçoivent des soins de santé;
à prévoir la nomination dun commissaire des normes en matière de soins de santé qui aurait eu pour mission de faire connaître et respecter la charte des droits des patients, de participer à létablissement des normes en matière de soins de santé et des modalités pour déposer des plaintes, de contrôler les normes en matière de soins de santé et de présenter des recommandations à lAssemblée législative pour améliorer les lois et les politiques relatives aux soins de santé;
à établir une protection du dénonciateur pour les fournisseurs des soins de santé.
Le projet de loi établissait les droits collectifs et individuels suivants :
le droit de recevoir tous les services de santé nécessaires dans le cadre dun système de services de santé qui :
a) est accessible, universel, intégral et administré et financé à même les fonds publics;
b) offre la liberté de choix;
c) assure un traitement en temps opportun;
d) ne permet pas que le revenu personnel détermine laccès aux services de santé;
e) reconnaît que chaque fournisseur de services de santé est un membre important dune équipe de soins multidisciplinaire;
le droit de daccorder ou de refuser le consentement à la prestation de services de santé;
le droit à tous les renseignements nécessaires pour faire des choix bien éclairés en matière de soins de santé, notamment les renseignements sur les personnes qui fourniront les services, ainsi que leurs titres et qualités;
le droit de recevoir des soins de santé de qualité subventionnés par lÉtat, chez soi et dans la communauté ainsi que dans les établissements de soins de santé;
le droit de recevoir des renseignements sur les choix qui favorisent une bonne santé et sur les mesures à prendre pour prévenir les maladies et les accidents;
le droit dêtre traité par les fournisseurs de services de santé :
a) avec courtoisie et respect;
b) dune manière qui reconnaît la dignité individuelle et la vie privée et qui favorise lautonomie individuelle;
c) dune manière qui reconnaît les besoins et les préférences des personnes et en tient compte, y compris les besoins reposant sur les facteurs ethniques, spirituels, linguistiques, familiaux et culturels;
d) sans subir de violence psychologique, physique ou sexuelle ou dexploitation financière;
le droit de participer à toute évaluation des besoins en soins personnels et à létablissement des plans de traitement;
le droit de porter plainte, de faire part dinquiétudes et de recommander des changements sans crainte dobstruction, de coercition, de discrimination ou de représailles;
le droit dêtre informé sur :
a) les lois, les règles et les politiques touchant les fournisseurs de services de santé;
b) les procédures pour porter plainte relativement aux fournisseurs de services de santé;
le droit à la confidentialité des dossiers de santé, conformément à la loi.
Aucun des trois projets de loi na été promulgué.
La Loi sur les services de santé et les services sociaux(17) du Québec établit les droits relatifs aux services de santé et aux services sociaux. Toute personne a le droit :
dêtre informée de lexistence des services et des ressources disponibles dans son milieu en matière de santé et de services sociaux ainsi que des modalités daccès à ces services et à ces ressources;
de recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans à la fois scientifique, humain et social, avec continuité et de façon personnalisée;
de choisir le professionnel ou létablissement duquel elle désire recevoir des services de santé;
de recevoir les soins que requiert son état lorsque sa vie ou lintégrité de sa personne est en danger;
dêtre informée lorsquelle utilise des soins de santé sur son état de santé, de manière à connaître les différentes options avant de consentir à des soins la concernant;
de participer à toute décision affectant son état de santé ou de bien-être(18).
Il convient de noter toutefois que la Loi limite lapplication des droits aux services de santé et aux services sociaux en les liant à des contraintes structurelles et économiques. Le droit aux services de santé et celui de choisir le professionnel et létablissement qui fourniront ces services doivent sexercer en tenant compte des dispositions législatives et réglementaires relatives à lorganisation et au fonctionnement de létablissement, ainsi que des ressources humaines, matérielles et financières dont il dispose(19).
La Loi a également créé un régime à trois paliers pour traiter les plaintes contre les établissements et les fournisseurs de services de santé. Les plaintes sont dabord présentées à létablissement concerné, puis à la régie régionale et, enfin, au commissaire aux plaintes nommé par le gouvernement pour examiner les plaintes des personnes qui ne sont pas satisfaites des décisions prises par les régies régionales(20).
Le projet de loi no 27 : Loi sur le Protecteur des usagers en matière de santé et de services sociaux et modifiant diverses dispositions législatives qui a été présenté en mai 2001 remplace le commissaire aux plaintes par le Protecteur des usagers en matière de santé et de services sociaux (Protecteur des usagers)(21). La Loi accélère le traitement des plaintes en créant une structure dexamen à deux paliers. Au premier palier, les commissaires à la qualité du service local et les commissaires à la qualité du service régional examinent les plaintes relatives aux services et aux activités relevant de leurs administrations respectives. Au deuxième palier, le Protecteur des usagers entend les appels des plaignants qui ne sont pas satisfaits des décisions rendues au palier des commissaires à la qualité.
La Loi confère également au Protecteur des usagers le pouvoir dintervenir lorsquil y a des motifs raisonnables de penser quune personne ou un groupe de personnes a été ou est susceptible dêtre lésé par une action ou une omission dun établissement ou dune régie régionale(22).
En Nouvelle-Écosse, le gouvernement provincial a tout dabord chargé le conseil provincial de la santé (Provincial Health Council) délaborer une déclaration des droits des patients. Toutefois, le conseil a plutôt produit un ensemble d« attentes en matière de santé et de soins de santé en Nouvelle-Écosse », après avoir conclu quun document sur les droits des patients poserait dinnombrables problèmes juridiques que les tribunaux pourraient prendre des dizaines dannées à résoudre(23).
Les attentes se regroupent en trois grandes catégories : le fait datteindre et de conserver la santé des personnes, des familles et des communautés; le développement des soins de santé et des services connexes; et la prestation de services de santé et de services connexes. Ces deux dernières catégories comportent dix attentes relatives au développement du système de santé et 21 attentes relatives à la prestation de soins de santé.
Les attentes relatives au développement des soins de santé portent en grande partie sur ce à quoi les résidents de la Nouvelle-Écosse devraient raisonnablement sattendre pour ce qui est de la politique et du système, cest-à-dire :
un système de santé qui corresponde à leurs valeurs;
lélaboration et la prestation de services qui témoignent dun engagement à légard de la santé, du bien-être global et de la dignité de tous les résidents;
laccès à des soins de santé et à des services et mesures de soutien connexes, y compris des soins primaires, des soins de courte durée, des soins de longue durée, des soins à domicile et des services durgence, palliatifs, de réadaptation et de prévention;
lélaboration et la prestation de services en fonction des meilleures données qualitatives, quantitatives et expérientielles;
le soutien des efforts individuels et communautaires pour améliorer la santé et le bien-être des résidents;
la suppression des obstacles intersectoriels et autres, afin dassurer une meilleure santé et de meilleurs soins de santé aux résidents;
la répartition équitable des ressources;
le financement adéquat et la gestion avisée des services qui ont une incidence sur la santé;
lengagement continu du gouvernement à légard de lesprit de la Loi canadienne sur la santé et des objectifs de la Nouvelle-Écosse en matière de santé (Nova Scotias Health Goals (1992));
la participation généralisée du public aux grands changements que lon proposera dapporter au système de santé(24).
Les attentes relatives à la prestation des services de santé précisent ce à quoi les résidents devraient raisonnablement sattendre pour ce qui est de leurs soins de santé personnels, cest-à-dire :
la prestation de services qui respectent les valeurs, la culture, la langue, la religion, lethnie et la capacité individuelle de chacun;
un traitement empreint de respect, de courtoisie et dégards;
la prise en compte des points de vue, des préférences, des observations et des problèmes des personnes relativement à tous les aspects des soins;
la prestation de soins sans violence, négligence ou préjugé;
la prestation de soins axés principalement sur les besoins des personnes;
le fait de recevoir des soins sûrs et conformes à léthique, dispensés par des fournisseurs compétents et qualifiés;
la possibilité de connaître le nom, les titres et qualités, ainsi que le rôle sur le plan professionnel des fournisseurs de soins de santé;
la prestation de soins de santé et des services connexes en fonction, dans la mesure du possible, de la répartition géographique de la population;
le traitement dans un environnement propre, sûr et sain;
des renseignements compréhensibles sur les soins de santé reçus;
la pleine participation à toutes les décisions relatives à ses soins de santé, soit directement ou, lorsque les circonstances le justifient, par lintermédiaire dun représentant ou au moyen dune directive préalable;
la participation à létablissement des modalités relatives au congé;
le respect des demandes de retrait dun traitement ou de refus de soins, sous réserve des exigences de la loi;
le respect du refus de participer à des activités de recherche ou déducation;
le fait dêtre informé des risques possibles, des avantages et des conséquences raisonnablement prévisibles de toute intervention proposée, ainsi que des risques et des conséquences éventuelles du refus de recevoir les soins;
le fait dêtre informé adéquatement des règles, règlements, politiques et limites en ce qui concerne la prestation des soins de santé et des services connexes;
une explication complète et préalable de tous les frais sappliquant à des services non couverts par le régime provincial de soins de santé;
lassurance de la protection des renseignements personnels;
la confidentialité, à moins que la divulgation ne soit autorisée en vertu de la loi;
le fait de recevoir une explication de toutes les exigences relatives à la divulgation de renseignements confidentiels;
un accès raisonnable et sans délai aux dossiers personnels de soins de santé et à des copies de ces derniers, ainsi que le droit de demander que des changements soient apportés aux dossiers(25).
Dans son rapport de janvier 2002(26), le Conseil du premier ministre en matière de qualité de la santé au Nouveau-Brunswick a dressé le profil dune charte des droits et responsabilités en matière de santé dans la province, dont lobjet est détablir ce que les résidents peuvent attendre de leur système de soins de santé et des professionnels de la santé. La charte, qui énonce plusieurs droits et responsabilités particuliers à trois niveaux le particulier, le professionnel de la santé et le système des soins de santé , aborde cinq grandes catégories de droits :
accès aux services de santé;
capacité de prendre ses propres décisions;
bonne communication et information;
considération et respect personnels;
réponse aux plaintes et questions(27).
Les droits regroupés sous la rubrique « Accès aux services de santé » comprennent ceux :
de recevoir des services de santé subventionnés par les deniers publics en fonction de ses besoins et non pas en fonction de sa capacité de payer, de son mode de vie ou de tout autre facteur;
daccéder à des services de soins primaires dans sa localité;
de recevoir des services de santé de son médecin de famille ou dune équipe de professionnels de la santé;
davoir un accès équitable aux services de santé;
dobtenir un deuxième avis;
de bénéficier de la continuité des soins;
de recevoir des services de santé dune façon qui reconnaît les besoins et les préférences de la personne;
de recevoir des services dans la langue officielle de son choix;
de recevoir des services accessibles aux usagers de fauteuils roulants.
Les responsabilités énoncées sous cette rubrique comprennent à la fois des responsabilités pour le particulier et pour le système de santé. Celles du particulier sont :
de sinformer sur la façon daccéder aux services de santé;
dutiliser les services de façon adéquate et avisée;
davoir un mode de vie sain.
Les responsabilités correspondantes pour le système de santé comprennent la responsabilité :
de répondre aux besoins de la personne en temps opportun en fonction des normes établies;
de répondre aux questions de la personne et de lui fournir de linformation sur le traitement et les services auxquels elle a accès;
dassurer un continuum de soins homogènes;
de dispenser des soins de façon efficace et efficiente, sans compromettre leur qualité;
de dépenser les fonds publics de façon prudente et judicieuse;
détablir une politique précise expliquant comment les professionnels de la santé doivent faire rapport des préoccupations au sujet des risques pour les patients;
dassurer un milieu sécuritaire pour le personnel;
de respecter le personnel chargé des soins de santé;
dassurer laccès aux usagers de fauteuils roulants.
Les droits énoncés sous la rubrique « Prendre ses décisions soi-même » ont trait aux questions comme le fait dêtre informé, de refuser le traitement, dexercer son choix de traitement, de participer à la recherche et de recevoir des renseignements sur les compétences et lexpérience des professionnels de la santé. Les responsabilités du système de santé à cet égard sont axées sur linformation concernant les traitements et les actes médicaux et leurs conséquences et sur le respect des décisions en matière de soins de santé.
La rubrique « Bonne communication et information » porte sur le droit à une explication des traitements et des risques, à laccès à ses dossiers de santé, à linformation sur les progrès en matière de traitements et à linformation sur les services de santé. Les patients ont une responsabilité correspondante de poser des questions, de suivre les directives, de comprendre le plan de traitement et de demander de linformation.
La rubrique « Considération et respect personnels » porte sur le droit dêtre soigné dans un milieu qui est propre et sécuritaire, dêtre traité avec égards et respect et de jouir de la protection de sa vie privée. La charte souligne également que les patients ont la responsabilité de collaborer avec le personnel qui dispense les soins de santé et dêtre courtois et respectueux.
Enfin, la charte proposée accorde le droit de porter plainte et prévoit la responsabilité correspondante du système de santé de mettre en place des mécanismes pour répondre aux plaintes.
Le Conseil du premier ministre en matière de qualité de la santé na pas précisé si la charte devait faire partie de la législation, mais il a fait remarquer quil incombait au gouvernement de décider si la charte devrait avoir force de loi ou faire partie dune politique publique.
Pour faciliter le respect des droits énumérés dans la charte, le Conseil a recommandé la création dun système de défense des droits composés de « défenseurs au sein du système de santé » pour faciliter laccès et les communications. Des postes de défenseur régional seraient créés dans chaque administration sanitaire régionale ainsi quun poste de défenseur provincial, dont le titulaire traiterait des questions de politique et de communications à léchelle de la province. Les défenseurs régionaux et provincial soccuperaient également des préoccupations et des plaintes des patients selon un mandat bien défini(28).
3. Droits en matière de soins de santé Projet de politique
a. Groupe de travail de lIRPP sur les politiques de santé
En 2000, le Groupe de travail de lInstitut de recherche en politiques publiques(29) (IRPP) sur les politiques de santé a publié une série de recommandations aux premiers ministres du Canada sur la réforme du système de santé du Canada. Parmi les recommandations, le groupe de travail a suggéré daccroître lobligation de rendre compte des organisations de santé, et ce, par le truchement de mécanismes comme des chartes du patient et un ombudsman des soins de santé(30).
Le Groupe de travail a suggéré que des chartes des patients soient adoptées à léchelon provincial pour tenir compte de la situation particulière de chaque province. Au début, les chartes se limiteraient à une courte liste de sujets et nincluraient pas de grandes déclarations visant tous les services de santé personnels(31). Selon le projet de politique de lIRPP, les organisations de santé publieraient une déclaration des droits, des attentes et des responsabilités des patients relativement à la pertinence et à la qualité des soins et à la possibilité de les obtenir en temps opportun(32) et feraient rapport annuellement sur la façon dont les hôpitaux et les autres fournisseurs de soins de santé respectent ces droits. Daprès le point de vue dominant, les chartes des patients conduiraient à une amélioration des services de santé.
Le Groupe de travail soutient quune charte des patients efficace doit reposer sur les prémisses suivantes :
un changement de culture au sein des organismes de services de santé;
une priorité sélective accordée à la qualité des services;
la ferme résolution dinvestir de plus en plus dans le système;
la mise en place dune procédure dappel efficace(33).
Le Groupe de travail entrevoyait plusieurs avantages à créer des chartes des patients. Premièrement, elles réorienteraient « les soins de santé vers le patient lui-même et vers la qualité des services dans toutes les communautés »(34). Laccent sur les résultats apporterait des changements en ce qui a trait à la prise de décisions, à savoir un système de gestion régional assez souple pour sadapter aux besoins particuliers de chaque région et des patients. Deuxièmement, étant donné quelles sont axées sur les droits individuels, les chartes des patients feraient porter lévaluation de la qualité sur les contacts individuels avec le système plutôt que sur des données globales(35). Troisièmement, les chartes forceraient les gouvernements à affecter plus de ressources au système de santé, afin de respecter les droits consentis(36).
Pour surmonter les obstacles quimposent les coûts des litiges et le scepticisme relatif à lefficacité de telles chartes, le Groupe de travail a suggéré quune procédure administrative dappels soit établie aux niveaux local et provincial par lintermédiaire dun fonctionnaire comme un ombudsman, qui surveillerait le respect, par le système, des principes qui sous-tendent le régime dassurance-maladie, ainsi que celui des droits accordés aux patients par les chartes provinciales(37).
La Nouvelle-Zélande a inscrit les droits des consommateurs de services de santé et des services aux personnes handicapées dans un code de droits des consommateurs, le Code of Health and Disability Services Consumers Rights, créé en 1996 à titre de règlement de la Health and Disability Commissioner Act 1994(38). Deux facteurs ont conduit à ladoption de cette loi : le point de vue généralisé, à lépoque, selon lequel la loi ne protégeait pas adéquatement les consommateurs des services de santé et des services aux personnes handicapées et la préoccupation du public relativement au déséquilibre entre le pouvoir et les connaissances quont, dune part, les professionnels de la santé et, dautre part, les consommateurs des services de santé. Cest ce qua constaté une commission denquête établie par le gouvernement néo-zélandais pour étudier les allégations relatives au traitement inadéquat du cancer du col utérin dans un hôpital dAuckland(39).
La loi de 1994 a pour objet de favoriser et de protéger les droits des consommateurs des services de santé et des consommateurs des services aux personnes handicapées et, à cette fin, de faciliter la résolution juste, simple, prompte et efficace des plaintes relatives à la violation de ces droits (art. 6). Il sagit datteindre cet objectif au moyen de lélaboration dun code de droits des consommateurs de services de santé et de services aux personnes handicapées; de la nomination dun commissaire aux services de santé et aux services aux personnes handicapées pour enquêter sur les plaintes contre des personnes ou des organismes qui fournissent des services de santé ou des services aux personnes handicapées; et léducation des fournisseurs de soins de santé et des consommateurs de leurs services.
1. Le Code of Health and Disability Services Consumers Rights
Le Code of Health and Disability Services Consumers Rights(40) établit dix droits concernant la relation entre le fournisseur de soins de santé et le patient :
le droit dêtre traité avec respect;
le droit de recevoir des services sans discrimination, coercition, harcèlement et exploitation;
le droit aux égards et à lindépendance;
le droit à des services correspondant à des normes appropriées(41);
le droit à une communication efficace;
le droit à être pleinement informé;
le droit de faire des choix éclairés et de donner un consentement éclairé;
le droit davoir des personnes de soutien auprès de soi;
le droit daccepter ou de refuser de participer à lenseignement ou à la recherche;
le droit de se plaindre.
Le Code énonce également les exigences en matière de conformité pour les fournisseurs de soins de santé. Lorsque ces droits ne sont pas respectés, il incombe au fournisseur détablir quil était raisonnable dans les circonstances davoir agi ainsi.
2. Le commissaire aux services de santé et aux services aux personnes handicapées
Le commissaire aux services de santé et aux services aux personnes handicapées nommé en vertu de la Loi a de vastes pouvoirs. Le commissaire, dont la tâche était à lorigine de rédiger un projet de Code, a la responsabilité permanente dexaminer le Code conformément à la Loi. Il doit également défendre les droits des consommateurs de services de santé et de services aux personnes handicapées, faire enquête sur les infractions présumées au Code(42) et formuler des recommandations sur la façon de corriger ces infractions. Le commissaire peut également conseiller le ministre responsable de la Loi et faire rapport sur la nécessité de mesures pour protéger les droits des consommateurs de services de santé et de services aux personnes handicapées(43).
Le commissaire est habilité à renvoyer des questions sous enquête au directeur des procédures qui est nommé à titre indépendant en vertu de la Loi pour introduire une procédure relativement à une plainte. En général, les procédures peuvent être introduites devant le tribunal dexamen des plaintes et divers organismes de discipline des professionnels de la santé.
Le tribunal dexamen des plaintes a le pouvoir de statuer sur des mesures correctives à prendre en faveur du consommateur de services, notamment :
une déclaration selon laquelle le geste du fournisseur contrevient au Code;
une ordonnance pour empêcher le fournisseur de continuer ou de répéter linfraction ou de se livrer à une activité, de la causer ou de permettre que dautres personnes se livrent à une activité du même type que celle qui constitue dinfraction;
des dommages-intérêts;
une ordonnance selon laquelle le fournisseur doit poser des gestes précis en vue de réparer toute perte ou tout préjudice subi par le consommateur par suite de linfraction;
tout autre mesure de redressement que le tribunal juge à propos(44).
La Loi prévoit également des défenseurs des droits des consommateurs dont le rôle consiste à aider ces derniers à résoudre leurs plaintes ou inquiétudes directement avec les fournisseurs de services de santé ou de services aux personnes handicapées. Les défenseurs ne font pas enquête et ne prennent pas de décision pour établir sil y a eu infraction au Code. Ils assument également une fonction éducative en faisant mieux connaître le Code et la Loi aux consommateurs et aux fournisseurs de services. Les défenseurs travaillent indépendamment du commissaire, des fournisseurs de soins de santé et de services aux personnes handicapées, mais le commissaire peut publier des lignes directrices sur la façon dont les défenseurs sacquittent de leurs fonctions(45).
Le Royaume-Uni a présenté une déclaration des droits des patients en 1992 dans la charte du patient du National Health Service (NHS)(46), qui a été mise en uvre pour améliorer la qualité des soins dispensés aux patients. Les plaintes relatives au NHS avaient augmenté régulièrement, les patients devaient attendre longtemps avant de recevoir des services médicaux, et la qualité des soins et la manière dont les patients étaient traités étaient une source de préoccupations croissantes.
La charte du patient du NHS(47) comprenait des droits individuels et des normes de service (appelés attentes). Les droits reposaient sur des principes de base comme laccès aux soins de santé et lobtention dinformation pour faire des choix éclairés sur les soins de santé et comprenaient :
le droit de recevoir des soins de santé en fonction des besoins cliniques et non pas du salaire, du mode de vie ou dautres facteurs;
le droit dêtre inscrit auprès dun omnipraticien, de changer domnipraticien facilement et rapidement et de recevoir un examen médical;
le droit de se faire prescrire des médicaments appropriés et de recevoir des médicaments gratuitement si on appartient à certaines catégories dâge;
le droit dobtenir un traitement médical durgence en tout temps;
le droit dêtre dirigé vers un spécialiste que lon considère acceptable et dobtenir un deuxième avis;
le droit de décider soi-même de prendre part à la recherche médicale ou à la formation dun étudiant en médecine;
le droit davoir une explication claire de tout traitement proposé, des risques quil comporte et des solutions de rechange;
le droit davoir accès à ses dossiers médicaux personnels;
le droit de faire examiner ses plaintes relativement aux services du NHS;
le droit de recevoir des renseignements détaillés sur les services de santé locaux, y compris les normes de qualité et les périodes dattente.
Les normes (attentes) de la charte étaient plus précises et visaient à répondre aux préoccupations relatives à la qualité des services de santé et aux périodes dattente avant certaines procédures. Ces normes étaient :
une nouvelle admission en moins dun mois si une opération était annulée pour des motifs non médicaux le jour où elle devait avoir lieu;
une période dattente maximale de 13 semaines pour les rendez-vous en clinique externe non urgents dans 90 p. 100 des cas;
les patients en clinique externe sont examinés dans les 30 minutes de lheure de leur rendez-vous;
une période dattente maximale de deux heures avant de recevoir un lit dhôpital après avoir été admis par lentremise dun service durgence;
lévaluation immédiate des patients qui arrivent à un service durgence;
des périodes dattente pour une ambulance ne dépassant pas 14 minutes dans les secteurs urbains et 19 minutes dans les secteurs ruraux;
des hôpitaux propres et sûrs, avec des enseignes claires;
la prise de dispositions préalables au congé pour prévoir les soins post-hospitaliers nécessaires;
une explication claire de la politique alimentaire, nutritive et sanitaire de lhôpital, ainsi que des services et des normes de restauration;
le respect de la vie privée, de la dignité et des croyances religieuses et culturelles.
La charte insiste sur limportance pour les omnipraticiens détablir leur propre charte de pratique et pour les hôpitaux détablir des normes locales pour les périodes dattente.
En juin 1997, le ministère de la Santé du Royaume-Uni a demandé la tenue dune étude pour examiner la charte du patient existante et présenter des propositions en vue dune nouvelle charte du NHS. Dans lensemble, les responsables de létude ont été très critiques de la charte, la décrivant comme un fourre-tout irréaliste de soi-disant droits et aspirations en matière de services et concluant quelle navait quune utilité limitée(48).
La charte a été critiquée sur plusieurs plans, de la manière dont elle a été conçue et mise en oeuvre jusquà son contenu. Elle a été décrite comme une initiative imposée den haut que le personnel considérait comme un document « politique » visant à apaiser les plaintes de plus en plus nombreuses en matière de services de santé. Le personnel du NHS croit que la charte a encouragé les patients à critiquer et à blâmer en leur donnant des droits sans les assortir de devoirs.
Daprès les critiques, la charte encourageait les gens à tricher pour se conformer aux normes relatives à ladmission. Le fait de considérer les étapes et la vitesse du traitement plutôt que les résultats cliniques ou la qualité des soins prescrits permettait datteindre tous les objectifs, même si les patients pouvaient être insatisfaits du traitement ou des soins quils recevaient(49).
Malgré ces critiques, les auteurs de létude ont constaté quune des plus importantes répercussions de la charte était le consumérisme quelle instillait dans le système de santé britannique.
En définitive, les auteurs de létude ont conclu que limposition dune autre charte nationale ne présenterait aucun avantage pour le NHS et ils ont proposé plutôt que des chartes locales soient élaborées en fiducies, en groupes de soins primaires et au sein dautres services de santé communautaires qui ont un contact direct avec les patients(50). Ils nont pas recommandé toutefois dabandonner complètement les normes nationales et ils ont suggéré dadopter un cadre national contenant un minimum de normes nationales qui pourraient être incluses dans les chartes locales.
En 2001, la charte du patient a été remplacée par un nouveau document du NHS, Your Guide to the NHS(51). Le guide établit ce à quoi les patients peuvent sattendre du NHS en ce qui concerne les périodes dattente actuelles et futures pour certains types de traitement, pour larrivée de lambulance, pour le traitement dans les services durgence des hôpitaux ou pour les rendez-vous avec un omnipraticien ou une infirmière praticienne. Par exemple, dici 2004, il ne devra pas sécouler plus de quatre heures entre le moment où un patient arrive au service durgence dun hôpital et celui où il en reçoit son congé. Le guide comporte aussi lassurance que des soins seront dispensés sans tarder en cas dannulation dune intervention chirurgicale pour des raisons non médicales le jour même où elle doit avoir lieu : lhôpital devra prévoir une date dans les 28 jours pour lintervention ou payer le coût de la même intervention dans un autre hôpital, que le patient aura choisi.
Le gouvernement du Royaume-Uni a présenté un plan de service de défense des droits des patients et de liaison selon lequel les défenseurs des droits des patients font office de facilitateurs indépendants pour : a) traiter les plaintes des patients relativement au service et b) guider les patients dans le processus de plaintes.
Un ombudsman indépendant des services de santé fait enquête sur les plaintes relatives au NHS(52), notamment les plaintes concernant le mauvais service ou le refus de donner un service, les allégations selon lesquelles le personnel na pas suivi les procédures adéquates ou a été grossier et les plaintes au sujet des soins dispensés par les médecins, les infirmières et les autres professionnels de la santé.
Le gouvernement du Commonwealth dAustralie verse une aide financière aux États et aux territoires pour les hôpitaux publics et dautres services de santé moyennant la conclusion daccords (Australian Health Care Agreements). Les États et territoires doivent accepter délaborer une charte donnant aux résidents divers types de renseignements, notamment sur la prestation de services de santé, la marche à suivre pour déposer une plainte et la façon dont la plainte sera traitée. Par conséquent, les États et territoires ont élaboré des chartes du patient dans les hôpitaux publics(53) qui comprennent plusieurs droits, notamment :
recevoir des services hospitaliers publics gratuits à titre de patient public;
être traité en fonction de son état de santé, peu importe sa situation financière ou le fait dêtre ou non protégé par lassurance-maladie;
avoir accès aux services hospitaliers publics, peu importe le lieu de résidence;
être traité avec respect et compassion et jouir de la protection de sa vie privée, compte tenu de ses antécédents, de ses besoins et de ses souhaits;
participer pleinement aux décisions prises en matière de santé, notamment ladmission, le congé et les mesures pour la poursuite des soins;
recevoir une explication claire du traitement proposé, y compris les risques et les solutions de rechange, avant daccepter le traitement;
demander un deuxième avis médical;
donner un consentement éclairé (sauf dans des circonstances exceptionnelles) avant quune procédure soit effectuée, y compris le consentement à participer à un enseignement professionnel de premier cycle en santé ou à une recherche médicale;
retirer son consentement ou refuser de poursuivre le traitement;
avoir accès à ses dossiers personnels;
être assuré que ses renseignements personnels seront tenus confidentiels, à moins de dispositions contraires dans la loi;
recevoir les services dun interprète au besoin;
porter plainte relativement aux soins de santé et être informé de la marche à suivre pour faire connaître ses préoccupations.
LAustralie a également établi une charte hospitalière pour les patients privés, qui énonce les lignes directrices relatives aux patients privés dans un hôpital public, un hôpital privé ou un établissement hospitalier de jour et ce à quoi les patients peuvent sattendre de leurs médecins, des hôpitaux et du fonds de lassurance-maladie.
Depuis une dizaine dannées, les soins de santé gérés par les organisations appelées couramment organisations de soins de santé intégrés (OSSI) se sont répandus aux États-Unis à la faveur defforts déployés par les employeurs et les gouvernements pour contenir les coûts à la hausse de lassurance-maladie(54). Toutefois les organisations de soins gérés se sont attiré de nombreuses critiques et plaintes. Par exemple, les OSSI ont été accusées à maintes reprises de reporter ou de refuser dassurer des soins injustement. En outre, des enquêtes ont révélé des problèmes que rencontraient les patients, comme la difficulté de consulter un médecin, limpossibilité dêtre adressé à un spécialiste, la protection limitée pour les services durgence, des limites imposées à la durée des séjours à lhôpital et des retards et le refus de payer sous prétexte que les procédures ne sont pas nécessaires sur le plan médical. Dans certains cas, ces mesures ont donné lieu à des problèmes de santé et entraîné des coûts financiers importants pour les patients.
De fait, il y a eu tellement de plaintes et de critiques que les gouvernements ont cru quil était nécessaire de promulguer des lois garantissant les droits des patients dans les situations de soins gérés. Les gouvernements des États ont été les premiers à promulguer de telles lois. En outre, diverses déclarations des droits des patients ont été déposées à la Chambre des représentants et au Sénat; toutefois, aucune nest encore devenue loi.
Quelques-unes de ces initiatives sont présentées ci-dessous.
a. Initiatives présidentielles
En 1997, le président Clinton a créé la Advisory Commission on Consumer Protection and Quality of the Health Care Industry, quil a chargée délaborer une déclaration des droits des patients. Lan dernier, la Commission a présenté une déclaration des droits et responsabilités des patients, qui établit sept catégories de droits et un ensemble de responsabilités(55) :
le droit à linformation(56);
le droit de choisir son fournisseur de soins de santé, y compris laccès à des spécialistes compétents;
le droit daccès à des services durgence(57);
le droit de participer à la prise de décisions relatives aux soins de santé;
le droit de recevoir des soins sans faire lobjet de discrimination(58);
le droit à sa vie privée;
le droit à une résolution prompte des plaintes(59);
la responsabilité de se tenir en bonne santé.
En 1998, le président Clinton a intimé aux départements fédéraux de la Santé et des Services humanitaires, du Travail, de la Défense et des Anciens combattants, et à lOffice de ladministration du personnel dadapter au plus tard à la fin de 1999 leurs programmes de santé y compris Medicare et Medicaid pour quils soient conformes aux dispositions sur la protection du consommateur proposées dans la déclaration de la Commission.
Le Congrès américain débat des questions des droits des patients depuis le milieu des années 1990. Au 106e Congrès, le Sénat et la Chambre des représentants ont tous les deux adopté leur version du projet de loi sur le sujet la Bipartisan Consensus Managed Care Improvement Act de 1999 (le Norwood-Dingell Bill, H.R. 2723)(60) a été adoptée par la Chambre des représentants en octobre 1999 et le projet de loi S. 1344 a été adopté par le Sénat en juillet 1999. Toutefois, le Congrès na pas été en mesure de réduire les différences entre les deux projets de loi.
Des propositions de droits ont également été présentées au 107e congrès. En juin 2001, le Sénat a adopté le projet de loi S. 1052 la Bipartisan Patient Protection Act(61) , tandis que la Chambre des représentants a adopté le projet de loi sur les droits des patients, H.R. 2563, en août de la même année(62).
Les deux projets de loi ont des similitudes importantes. Selon les deux :
les régimes de soins médicaux doivent faire connaître leur fonctionnement à leurs participants;
les régimes de soins médicaux doivent permettre aux participants de consulter des spécialistes à lextérieur de leur réseau lorsque le réseau ne comprend pas les spécialistes indiqués;
les régimes de soins médicaux sont tenus de payer les soins durgences dispensés aux participants qui ont des motifs raisonnables de croire quils ont besoin de soins médicaux immédiats;
les participants qui reçoivent un traitement continu doivent pouvoir recevoir des soins de la part de leur fournisseur de soins de santé pour une période limitée après que le fournisseur en question a quitté le réseau de fournisseurs du régime;
les régimes de soins de santé sont tenus détablir des marches à suivre internes pour examiner les refus de protection ou dautres décisions(63).
Toutefois, il existe des différences notables entre les deux projets de loi. Une des principales a trait à la structure dun système indépendant pour examiner les contestations des décisions dun régime de soins de santé. La plupart des États ont établi un processus indépendant pour examiner les décisions défavorables aux participants aux régimes de soins de santé. Le projet de loi H.R. 2563 exige que les procédures dexamen fédérales aient préséance sur les processus dexamen de lÉtat, tandis que le projet de loi S. 1052 établit des normes fédérales minimales, mais permet aux États davoir leurs propres programmes dexamen(64).
Une autre différence, peut-être la plus litigieuse, concerne la portée des procédures que les participants peuvent intenter contre leur régime de soins de santé. Les deux projets de loi comprennent des dispositions qui permettent aux participants dintenter des poursuites contre leur régime de soins de santé, mais il existe dénormes différences dans la portée des dispositions sur la responsabilité civile. Le projet de loi S. 1052 autorise les poursuites devant les tribunaux de lÉtat en vertu des lois de lÉtat pour les questions relatives au refus de protection et aux soins de mauvaise qualité et devant les tribunaux fédéraux pour les autres questions. Le projet de loi H.R. 2563 permet les poursuites devant les tribunaux de lÉtat, mais les assujettit à des règles fédérales plus strictes relativement au fardeau de la preuve et aux dommages-intérêts(65). Les projets de loi diffèrent aussi par le montant des dommages-intérêts quun participant peut recouvrer. Le projet de loi du Sénat permet le recouvrement de pertes économiques (salaires perdus, dépenses médicales) et de pertes non économiques (douleur et souffrances) sans limite et jusquà 5 millions de dollars américains en dommages-intérêts punitifs dans des poursuites fédérales lorsquil est établi que les actions du régime de soins de santé dérogeaient de façon flagrante aux droits dun participant et étaient une cause immédiate des blessures ou du décès du participant. Par contre, le projet de loi H.R. 2563 permet le recouvrement de pertes économiques, mais limite les dommages-intérêts non économiques à 1,5 million de dollars américains et autorise des dommages-intérêts punitifs jusquà concurrence de 1,5 million de dollars américain dans certaines situations(66).
Ces projets de loi ont été adoptés en 2001, mais ils nont pas encore été examinés par une commission mixte de conciliation. Toutefois, les droits des patients devraient figurer de nouveau au programme législatif en 2002.
Les gouvernements des États adoptaient des lois sur les droits des patients bien avant quune loi soit présentée au Congrès. Au niveau de lÉtat, deux formes de lois prédominent les lois qui accordent aux patients certains droits relativement à la prestation de soins de santé (particulièrement les services hospitaliers) et les lois qui assurent la protection des patients dans le cadre de soins gérés.
a. Droits des patients relativement à la prestation des soins de santé
Le Patients Bill of Rights and Responsibilities(67) de la Floride est un bon exemple des lois dÉtat qui établissent les droits des patients relativement à la prestation des services de santé. La loi de la Floride exige que les fournisseurs de soins de santé et les établissements de santé reconnaissent les droits des patients lorsquils dispensent des soins médicaux. Elle exige également que les patients respectent le droit du fournisseur de soins de santé et de létablissement de santé à sattendre à un certain comportement de leur part. En vertu de la Loi, un patient a le droit :
dêtre traité avec courtoisie et respect;
de jouir de la protection de sa vie privée;
de recevoir une réponse prompte et raisonnable à ses questions et demandes;
de savoir qui dispense les services médicaux et qui est responsable de lui donner des soins;
de connaître les services de soutien au patient qui sont disponibles, y compris les services dun interprète;
de connaître les règles et règlements qui sappliquent à la conduite dun patient;
de recevoir de linformation sur son diagnostic, les traitements prévus, les solutions de rechange, les risques et le pronostic;
de refuser tout traitement, sauf disposition contraire de la loi;
de recevoir toute linformation et tous les conseils nécessaires sur les ressources financières disponibles pour assurer les soins aux patients;
de recevoir une estimation raisonnable des frais des soins médicaux avant le traitement;
davoir un accès impartial à un traitement médical ou à une chambre, sans égard à la race, à lorigine nationale, à la religion, à une incapacité physique ou à la source de paiement;
de recevoir un traitement pour tout trouble médical qui risque dempirer faute de traitement;
davoir accès à tout traitement médical qui, de lavis du patient et de son professionnel de la santé, est dans son intérêt;
de savoir si le traitement médical sinsère dans une recherche expérimentale et de consentir ou de refuser de participer à une telle recherche;
dexposer ses griefs relativement à toute violation de ses droits.
Par ailleurs, la Loi énonce également certaines responsabilités du patient, y compris celles :
de donner aux fournisseurs de soins de santé des renseignements exacts et complets sur sa santé;
de signaler les changements inattendus de son état de santé;
dindiquer sil comprend un plan daction envisagé;
de suivre le plan de traitement recommandé par le fournisseur de soins de santé;
de respecter les rendez-vous et daviser le fournisseur de soins de santé ou létablissement de santé sil nest pas en mesure de les respecter;
dassurer le paiement rapide des factures médicales;
de respecter les règles et règlements de létablissement de santé relativement aux soins et à la conduite du patient.
b. Droits et protection des patients dans le cadre de soins gérés
Les lois relatives aux droits des patients en matière de soins gérés diffèrent dun État américain à un autre, mais elles comportent des éléments communs, portant généralement sur au moins quelques-unes des questions suivantes : la divulgation des renseignements sur la protection médicale des participants; la protection autorisée des services durgence; le recours à un examen ou à un examen externe relativement à la nécessité médicale dune procédure; la continuité des soins; laccès aux spécialistes; les primes consenties aux médecins; la protection de la relation médecin-patient; et la responsabilité civile du régime de soins de santé. Ces thèmes sont expliqués plus en détail ci-dessous(68).
Renseignements à lutilisateur : La plupart des États exigent que les OSSI donnent des renseignements de base sur leurs avantages et services aux participants actuels et potentiels au régime. Si elles ne le font pas, elles sont passibles damendes et de pénalités.
Services en temps opportun et accès du patient aux soins : La plupart des États exigent que les OSSI assurent que les participants au régime aient accès aux avantages en temps opportun.
Des spécialistes comme médecins de premier recours : De nombreux États permettent aux participants au régime de nommer un spécialiste comme médecin de premier recours, particulièrement les obstétriciens/gynécologues.
Examen de lutilisation : Plusieurs États accordent aux participants à un plan le droit de discuter dune décision préliminaire défavorable relativement à la protection avec un directeur médical de lOSSI qui a lautorité voulue pour examiner et modifier ou renverser la décision.
Dispositions relatives au point de service : De nombreux États exigent que les OSSI offrent une option ou un produit relativement au point de service dans leur régime qui permet aux participants sils sont disposés à payer des coûts supplémentaires de recevoir une protection partielle relativement aux services reçus des fournisseurs de soins de santé qui ne participent pas à leur régime.
Continuité des soins : Les mesures prises par les États relativement à la continuité des soins exigent quune OSSI accorde aux participants la possibilité de continuer dobtenir, pendant une période définie (habituellement 90 jours), des services couverts par le régime de lOSSI dun fournisseur de soins qui ne fait plus partie du réseau de lOSSI.
La possibilité de choisir les fournisseurs de soins de santé et den changer : Certaines lois exigent que les OSSI permettent aux participants de choisir nimporte quel fournisseur de soins de santé participant de lOSSI et de changer de fournisseur.
La protection des renseignements personnels versés aux dossiers médicaux : Les lois des États prévoient laccès du patient à ses dossiers médicaux et la protection du caractère confidentiel de ces derniers.
Accès aux services durgence : De nombreux États exigent que les OSSI permettent aux participants dobtenir des services médicaux dans une salle durgence sans autorisation préalable de lOSSI.
Systèmes de primes pour les médecins : Plusieurs États régissent les « systèmes de primes » établis entre les fournisseurs de soins de santé et les OSSI. En général, les lois des États prévoient que les OSSI ne peuvent pas avoir recours à des programmes dincitation financière consistant à rémunérer les fournisseurs de soins de santé pour quils demandent ou dispensent des soins inférieurs à ceux qui sont médicalement nécessaires et appropriés. Lorsque des incitations sont autorisées, les OSSI peuvent être tenus de les divulguer aux participants.
Responsabilité civile des régimes de soins de santé : Plusieurs États ont des lois qui autorisent les participants à poursuivre en justice les OSSI relativement à des décisions qui ont un effet direct sur leur santé; certaines lois autorisent des procédures relatives à des différends relatifs à la protection du régime(69).
En plus des droits individuels qui font en général partie des droits des patients, la Norvège a promulgué une loi sur les droits des patients, The Patients Rights Act(70). La Loi prévoit divers droits, y compris le droit au choix de lhôpital, le droit au traitement et le droit dobtenir une évaluation dun spécialiste dans un délai de 30 jours après avoir été dirigé par un omnipraticien.
La Loi établit également le droit du patient :
de recevoir des soins médicaux durgence;
de participer à la prise de décisions relativement aux soins qui lui seront prodigués;
de recevoir de linformation;
dêtre assuré que linformation médicale à son sujet sera tenue confidentielle;
de consentir au traitement;
davoir accès à ses dossiers médicaux;
de porter plainte.
Un « protecteur du patient » protège les droits et les intérêts des patients en ce qui a trait aux services de santé(71).
Plusieurs pays ont établi des déclarations des droits des patients. Dans certains, les droits des patients ont fait lobjet dune loi; ailleurs, ils ont été promulgués dans des chartes à titre de documents de politique non exécutoires. Ces initiatives prévoient souvent des droits collectifs, comme légalité daccès aux soins de santé, et des droits individuels, qui portent sur la relation entre, dune part, les patients et, dautre part, les fournisseurs de soins de santé et les établissements de santé. Voici des exemples de droits individuels : consentir au traitement, participer à la prise de décisions en matière de soins de santé, recevoir de linformation sur les options de traitement et les actes médicaux, jouir de la protection des renseignements personnels et être assuré de la confidentialité, recevoir un traitement empreint de considération et de respect et avoir accès à un processus denquête et de résolution des plaintes.
Selon un document publié en 2001(72), une déclaration des droits des patients visant à favoriser la compréhension et une meilleure application des droits dans les services de santé mettrait les patients dans une situation plus avantageuse par rapport aux fournisseurs de soins de santé. Toutefois, les auteurs font remarquer quune telle déclaration des droits nengloberait pas la question de recevoir des soins en temps opportun. Ils envisagent une déclaration des droits de lOntario qui comprendrait, dune part, des droits relatifs à lobtention des soins de santé en établissant des périodes dattente maximales garanties pour les services de santé et en créant une fonction de commissaire ou de protecteur des patients chargée des enquêtes sur les plaintes relatives à laccès aux soins et à la possibilité de les obtenir en temps opportun, et, dautre part, des droits relatifs à la prestation des services de santé(73).
Lidée dune déclaration des droits des patients a fait moins de chemin au Canada que dans plusieurs autres pays. Les projets de déclarations ne font lobjet de débats que depuis la fin des années 1990. Jusquà présent, la majorité des projets de déclaration des droits des patients au Canada insistent sur certains droits collectifs et individuels relatifs à la prestation des services de santé, mais ne comportent pas de garanties en ce qui a trait aux périodes dattente. Une de ces initiatives les plus détaillées est le projet proposé au Nouveau-Brunswick en janvier 2002 par le Conseil du premier ministre en matière de qualité de la santé, qui établit plusieurs droits et responsabilités à trois niveaux la personne, le professionnel de la santé et le système de santé et aborde cinq grandes catégories de droits. Au palier fédéral, le projet de loi dinitiative parlementaire C-261 présente une série de droits collectifs et individuels des patients, ainsi que les responsabilités de ces derniers. Le projet de loi propose détablir ces droits dans le cadre dententes fédérales-provinciales et prévoit des contributions financières intégrales aux provinces sous le régime de la Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, sous réserve de la conclusion dententes fédérales-provinciales relativement aux droits des patients.
Il y a fort à parier que les déclarations des droits des patients feront un jour partie intégrante du système de santé canadien. Quelles soient établies par des lois ou des énoncés de politique gouvernementale, elles pourront constituer un outil important pour reconnaître les droits des patients, préciser les objectifs en matière de soins de santé et faire valoir la nature complémentaire des droits et des responsabilités des patients et des fournisseurs de soins de santé.
(1) Au Royaume-Uni, le guide des patients au National Health Service (NHS) (intitulé Your Guide to the NHS) a remplacé la charte des patients. Ce nouvel élément est expliqué à la section C.
(2) Canada, Commission royale denquête sur les services de santé, Imprimeur de la Reine, 1964, vol. 1, p. 11-12.
(3) Ibid., p. 11.
(4) Ibid.
(5) Ibid.
(6) Les services comprendraient les services médicaux; les services de soins dentaires pour les enfants, les femmes enceintes et les bénéficiaires de laide sociale; les services de médicaments sur ordonnance; les services de soins de la vue pour les enfants et les bénéficiaires de laide sociale; les services de prothèse; et les services de soins à domicile.
(7) Ibid.
(8) L.R.C., ch. C-6, art. 3.
(9) Ibid., art. 7.
(10) Projet de loi C-261 : Loi établissant les droits des patients en matière de santé, de traitement et de dossiers, 1re session, 37e législature, 49-50 Elizabeth II, 2001. Ce projet de loi a été présenté pour la première fois le 7 février 2000 et portait alors le numéro C-417, mais il est mort au Feuilleton à la dissolution du Parlement pour la tenue des élections fédérales du 27 novembre 2000.
(11) Comité sénatorial permanent des affaires sociales, de la science et de la technologie, La santé des Canadiens le rôle du gouvernement fédéral, Volume quatre Questions et options, septembre 2001.
(12) Ibid., p. 47.
(13) Assemblée législative de lAlberta, Hansard, 24e législature, 2e session, 28 janvier 1998.
(14) Le projet de loi 201 a été rejeté le 4 février 1998.
(15) Ontario, ministère de la Santé et des Soins de longue durée, Budget 2000 de lOntario.
(16) Projet de loi 41 : Patients Bill of Rights, 1996 (Mme Caplan); projet de loi 50 : Health Care Accountability and Patients Bill of Rights Act, 1998 (Mme Boyd); et projet de loi 18 : Health Care Accountability and Patients Bill of Rights Act, 1999 (Mme Boyd).
(17) Loi sur les services de santé et les services sociaux, 1991, L.R.Q. ch. S-4.2.
(18) Ibid., articles 4-10.
(19) Ibid., article 13.
(20) Ibid., article 56.
(21) Chapitre 43, lois de 2001, Loi sur le Protecteur des usagers en matière de santé et de services sociaux et modifiant certaines dispositions législatives, sanction royale le 11 décembre 2001, en vigueur le 1er janvier 2002, à lexception de certains articles.
(22) Ibid., article 19.
(23) Nouvelle-Écosse, Provincial Health Council, « Expectations for Health and Health Care in Nova Scotia », 18 mai 2000.
(24) Ibid.
(25) Ibid.
(26) Nouveau-Brunswick, Conseil du premier ministre en matière de qualité de la santé, Renouvellement du système de la santé : Rapport du Conseil du Premier ministre en matière de qualité de la santé, janvier 2002.
(27) La charte proposée est présentée aux p. 91-95 du Rapport du Conseil du premier ministre en matière de qualité de la santé.
(28) Ibid., p. 85.
(29) LIRPP est une organisation nationale indépendante sans but lucratif de recherche en politique publique, fondée en 1972.
(30) Institut de recherche en politiques publiques, Groupe de travail sur les politiques de santé, Recommandations aux premiers ministres, 2000, p. 22-23.
(31) Ibid., p. 27.
(32) Ibid., p. 22.
(33) Ibid., p. 26.
(34) Ibid., p. 27.
(35) Ibid., p. 28.
(36) Ibid., p. 28.
(37) Ibid., p. 29.
(38) Statutes 1994, No. 88 (Loi sur le commissaire aux services de santé et aux services aux personnes handicapées).
(39) S. Cartwright, The Report of the Cervical Cancer Inquiry, 1998.
(40) Nouvelle-Zélande, The Code of Health and Disability Services Consumers Rights.
(41) Une des caractéristiques du droit de recevoir des services respectant des normes juridiques, professionnelles, éthiques et autres est que le commissaire aux services de santé et aux services aux personnes handicapées peut appliquer les normes des organismes professionnels et autres au moyen du Code.
(42) En vertu de lalinéa 14(1)(e) de la Loi, le commissaire peut faire enquête sur une plainte ou de sa propre initiative sur toute action qui est ou semble être une infraction au Code.
(43) Health and Disability Commissioner Act 1994, art. 14.
(44) Ibid., art. 54.
(45) Ibid., art. 30.
(46) National Health Service, Patients Charter.
(47) LAngleterre, lÉcosse, le Pays de Galles et lIrlande du Nord ont des chartes distinctes. Linformation contenue dans le présent document est tirée de la charte de lAngleterre.
(48) Greg Dyke, The New NHS Charter A Different Approach, Report on the new NHS Charter, décembre 1998.
(49) Ibid., p. 10-11.
(50) Ibid., p. 16.
(51) Royaume-Uni, National Health Service, Your Guide to the NHS. Les chartes du patient continuent à sappliquer au Pays de Galles, en Écosse et en Irlande du Nord.
(52) On trouvera des renseignements supplémentaires sur le site Web de l'ombudsman du service de santé.
(53) Voir par exemple la charte de lhôpital public du Territoire du Nord et la charte de lAustralie-Méridionale pour les utilisateurs du système de santé public.
(54) Jill A. Marsteller et Randall R. Bovbjerg, « Federalism and Patient Protection: Changing Roles for State and Federal Government », août 1999, Urban Institute, p. 3.
(55) U.S. Department of Health and Human Services, HSS Fact Sheet, The Patients Bill of Rights in Medicare and Medicaid, 12 avril 1999.
(56) Les patients ont le droit de recevoir des renseignements exacts et faciles à comprendre pour les aider à prendre des décisions éclairées concernant le choix dun régime de soins médicaux, dun établissement de santé et de professionnels de la santé.
(57) Les régimes soins médicaux doivent couvrir les services durgence lorsquun patient a des symptômes qui, « de lavis dun profane prudent », pourraient mettre sérieusement en jeu sa santé, une incapacité grave des fonctions corporelles ou une anomalie grave dun organe ou dune partie dun organe.
(58) Les patients ont le droit à la considération et au respect lorsquils reçoivent des soins, et ils ne doivent pas, dans la commercialisation ou la prestation des services de santé ou dans ladhésion à ces services, faire lobjet de discrimination fondée sur la race, lethnie, lorigine nationale, la religion, le sexe, lâge, lincapacité mentale ou physique, actuelle ou prévue, lorientation sexuelle, linformation génétique ou la source du paiement.
(59) Les patients ont le droit de pouvoir recourir à un processus juste et efficace pour résoudre les différends qui les opposent à leur régime de soins médicaux, à leurs fournisseurs de soins de santé et aux établissements de soins de santé. Ce processus inclut un système dexamen externe indépendant.
(60) Le projet de loi H.R. 2723 a été intégré dans un projet de loi sur les taxes et laccès en matière de santé (H.R. 2990) et a été adopté par la Chambre des représentants en tant quélément de ce projet de loi.
(61) Le projet de loi S. 1052 a été parrainé par les sénateurs McCain (R-Arizona), Kennedy (D-Massachusetts) et Edwards (D-North Carolina).
(62) Le projet de loi H.R. 2563 a été parrainé par les représentants Ganske (R-Iowa), Dingell (D-Michigan) et Norwood (R-Georgia).
(63) Stephanie Lewis, A Guide to the Federal Patients Bill of Rights Debate, préparé pour la Kaiser Family Foundation, août 2001, p. 4.
(64) Ibid., p. 6.
(65) Ibid., p. 7.
(66) Ibid., p. 8-9.
(67) Florida Statutes, Titre XXIX, chapitre 381.026.
(68) La liste des thèmes est tirée de Douglas A. Hastings, « Patient Rights meet Managed Care: Understanding the Underlying Conflicts », repris du Journal of Health Law, 1999, p. 4-7.
(69) On trouvera un aperçu des lois sur la responsabilité civile des États dans le document Key Characteristics of State Managed Care Organization Liability Laws: Current Status and Experience, août 2001, préparé par Patricia Butler pour la Henry J. Kaiser Family Foundation.
(70) The Patients Rights Act, Act of 2 July 1999, No. 63 Relating to Patients Rights.
(71) Organisation mondiale de la santé, European Observatory on Health Care Systems, Health Systems in Transition: Norway, 2000. Ce document donne un aperçu détaillé du système de santé de la Norvège.
(72) Colleen Flood et Tracey Epps, « Can a Patients Bill of Rights Address Concerns About Waiting Lists? », document de travail préliminaire, Health Law Group, Faculté de droit de lUniversité de Toronto, 9 octobre 2001.
(73) Ibid., p. 23.