PRB 02-31F

LES SOINS À DOMICILE AU QUÉBEC ET EN ONTARIO :
STRUCTURES ET DÉPENSES

Rédaction :
Philippe Le Goff
Division de l'économie
Le 4 octobre 2002


TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

LES SOINS À DOMICILE

QUÉBEC

   A.  Responsabilités et objectifs

   B.  Les services

   C.  Prestation et admissibilité
      1.  Prestation des services
      2.  Admissibilité

   D.  Couverture des services et participation aux coûts

   E.  Les dépenses de soins à domicile
      1.  Dépenses globales
      2.  Mesures fiscales
         a.  Le crédit d’impôt québécois pour le maintien à domicile
         b.  Le chèque emploi-service
         c.  Le crédit d’impôt pour l’hébergement d’un parent
      3.  Dépenses selon l’âge

ONTARIO

   A.  Responsabilités et objectifs

   B.  Les services

   C.  Prestation et admissibilité
      1.  Prestation des services
      2.  Admissibilité

   D.  Couverture des services et participation aux coûts

   E.  Les dépenses de soins à domicile
      1.  Dépenses globales
      2.  Dépenses selon l’âge

CONCLUSION

ANNEXE I –  DÉFINITIONS ET MÉTHODOLOGIE

ANNEXE II – APERÇU DU PROGRAMME D’EXONÉRATION FINANCIÈRE POUR LES SERVICES D’AIDE DOMESTIQUE DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC (PEFSAD)


LES SOINS À DOMICILE AU QUÉBEC ET EN ONTARIO :
STRUCTURES ET DÉPENSES

 

INTRODUCTION

Depuis une vingtaine d’années, les dépenses de soins à domicile au Canada connaissent une croissance exponentielle, augmentant à un rythme annuel moyen de 11,3 p. 100.  En 2000-2001, ces dépenses (publiques et privées) se chiffraient au total à près de 3,5 milliards de dollars(1). Entre 1980-1981 et 2000-2001, la part des soins à domicile est passée de 1,2 à 3,5 p. 100 des dépenses totales de soins de santé au pays.  Plusieurs changements profonds survenus dans le domaine de la santé au Canada et dans la société canadienne en général – notamment le vieillissement de la population – expliquent une grande partie de cette croissance rapide.

Puisque les soins à domicile ne sont pas considérés comme un service « médicalement nécessaire » au sens de la Loi canadienne sur la santé, leur organisation et leurs modalités de prestation ont évolué différemment selon les administrations – davantage que celles des services médicaux et hospitaliers assurés en vertu de la Loi.  De fait, chaque gouvernement provincial et territorial a actuellement son propre programme de soins à domicile. 

Ce document est le deuxième d’une série de trois(2) qui présentent une description analytique des programmes publics de soins à domicile dans toutes les provinces du Canada.  Il porte sur le Québec et l’Ontario et décrit les caractéristiques des programmes publics de soins à domicile de chacune des deux provinces pour ce qui est :

 

LES SOINS À DOMICILE

De façon générale, les soins à domicile sont un vaste ensemble de services sociaux et médicaux fournis aux gens chez eux – par opposition aux soins fournis dans des établissements de soins privés ou publics.  Les soins à domicile sont associés à de nombreux services reliés à la santé et aux dimensions sociales de la santé, tels que les soins de premier recours, les soins actifs, les soins de longue durée, les soins palliatifs, les programmes de soutien communautaire.  Ils peuvent inclure des interventions médicales, des soins infirmiers, des services de soutien variés et l’assistance nécessaire aux membres de la famille et aux aidants naturels.  Les soins à domicile comprennent donc tout un éventail de services sociaux ou éducatifs et de services de santé qui permettent aux personnes qui ont besoin d’aide de vivre et d’évoluer dans la société à l’extérieur d’un centre hospitalier de courte ou de longue durée(3).

Plus formellement, il existe trois grandes catégories de soins à domicile(4) :

 

QUÉBEC

   A.  Responsabilités et objectifs

Au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux est responsable des grandes orientations stratégiques et des politiques de soins à domicile.  Les objectifs généraux des programmes de soins à domicile du Ministère sont les suivants :

Ce sont cependant les 18 régies régionales de la santé du Québec qui déterminent la part du budget global qui est leur est alloué par le Ministère qu’elles affecteront aux soins à domicile.  Les régies régionales définissent leurs propres programmes et se fixent des objectifs de rendement conformément à la politique d’ensemble du Ministère.  La gestion quotidienne des programmes et la prestation de services ne relèvent toutefois pas des régies régionales.  Elles sont déléguées aux 147 centres locaux de services communautaires (CLSC), qui sont chapeautés par les régies régionalesLes CLSC ont une grande latitude pour adapter leurs programmes de soins aux besoins particuliers de leur clientèle.  Ils doivent rendre compte de leurs résultats à leur conseil d’administration ainsi qu’à la régie régionale de la santé dont ils relèvent.

   B.  Les services

Chaque CLSC s’est doté d’un guichet unique pour coordonner la prestation des services de soins à domicile de courte ou de longue durée sur son territoire.  Les CLSC sont principalement responsables des éléments suivants :

Les services offerts à la population par les CLSC sont les suivants :

   C.  Prestation et admissibilité

      1.  Prestation des services

Au Québec, le personnel des CLSC assume, en fonction des ressources disponibles, la majeure partie des services infirmiers et professionnels offerts à la clientèle.  Toutefois, le recours à des compagnies privées offrant des services professionnels et non professionnels en sous-traitance avec les CLSC est fréquent.  Les services de soutien à domicile sont essentiellement fournis par des compagnies privées, notamment des entreprises d’économie sociale en aide domestique.  Pour les services de soutien à domicile, le recours à la sous-traitance et l’autogestion des services par les bénéficiaires sont encouragés par le crédit d’impôt pour le maintien à domicile(5), l’exonération financière pour les services d’aide domestique(6) et les chèques emploi-service.

      2.  Admissibilité

Les critères d’admissibilité pour les soins à domicile au Québec sont :

 

   D.  Couverture des services et participation aux coûts

L’accès aux soins à domicile varie beaucoup d’un CLSC à l’autre.  La décentralisation des services a permis aux régies régionales de la santé et aux CLSC d’adapter leurs services à leur population, mais au prix de certaines disparités.  Par ailleurs, l’accès aux soins à domicile au Québec est rationné par le niveau limité des ressources financières consenties par le gouvernement.  De plus, les CLSC imposent des quotas de services.  Ainsi, la forte demande crée des listes d’attentes pour certains services dans certaines régions.

 

Couverture publique et participation
aux coûts des soins à domicile

Couverture des services professionnels

 

Tous les services professionnels sont fournis gratuitement par le personnel du CLSC.  Cependant, les clients aux prises avec l’absence ou l’épuisement des aidants naturels ou désavantagés sur le plan socioéconomique reçoivent la priorité.

Couverture des services de soutien à domicile

Les services de soutien à domicile peuvent être dispensés gratuitement par un auxiliaire familial et social ou sous forme d’une allocation financière versée à la personne pour qu’elle puisse acheter les services dont elle a besoin.  Maximum de 35 à 44 heures par semaine selon les régions.

Participation aux coûts

Les allocations financières peuvent ne pas couvrir tous les frais.  Lors de l’achat de services à des agences privées par le client, le crédit d’impôt pour le maintien à domicile(7) et le programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique(8) peuvent réduire les coûts effectifs.

La gratuité des fournitures et des aides techniques est assurée dans les situations de substitution à l’hospitalisation et à l’hébergement.

Sources :  Santé Canada, CARP’s Report Card on Home Care in Canada 2001, site Web des différents ministères provinciaux concernés et Bibliothèque du Parlement.

Au Québec, le secteur des soins à domicile connaît une pénurie de professionnels de la santé.  En outre, les conditions de travail, moins avantageuses que celles offertes en institution, ne facilitent pas le recrutement des professionnels de la santé ou du personnel engagé dans les activités de soutien à domicile.  Cette situation réduit la possibilité de fournir des soins à domicile.

   E.  Les dépenses de soins à domicile

      1.  Dépenses globales

Selon les estimations de Santé Canada, les dépenses de soins à domicile au Québec représentaient 2,91 p. 100 des dépenses totales de soins de santé en 2000-2001, un niveau nettement inférieur à la moyenne canadienne.  Même constat pour les dépenses par habitant et notamment les dépenses publiques, qui présentaient un niveau beaucoup plus faible que la moyenne canadienne.  Par contre, les dépenses privées de soins à domicile par habitant au Québec étaient supérieures à la moyenne canadienne.  Ces écarts soulèvent un certain nombre de questions.

 

Dépenses de soins à domicile, 2000-2001

 

Dépenses publiques*

Dépenses privées

Dépenses totales

Soins à domicile en % des dépenses totales
de soins de santé

Québec

Dépenses totales
(millions de dollars)

Dépenses par habitant (dollars)

 

382,5

 

51,89

 

236,8

 

32,12

 

619,3

 

84,01

 

2,91

 

L’ensemble des provinces

Dépenses totales
(millions de dollars)

Dépenses par habitant (dollars)

 

2 690,9

 

87,51

 

764,3

 

24,86

 

3 455,2

 

112,37

 

3,54

 

* Dépenses provinciales (excluant toute dépense du fédéral dans le cadre de ses divers programmes)

Source :  Santé Canada, Dépenses de santé au Canada selon l’âge et le sexe, 1980-1981 à 2000-2001 – Annexe statistique, août 2001; Bibliothèque du Parlement, Direction de la recherche parlementaire, pour certains calculs.

D’une part, il faut mentionner que l’estimation des dépenses pour les soins à domicile reste imprécise et sujette à des disparités méthodologiques entre les différents organismes qui compilent ces données.  Il faut donc les interpréter avec prudence.  Ainsi, les données sur les dépenses pour les services à domicile relevant du réseau de la santé et des services sociaux du Québec présentées dans le rapport 2001-2002 du vérificateur général du Québec ne concordent pas avec les estimations de Santé Canada.  Il existe un écart de 165 millions de dollars entre les dépenses publiques rapportées pour l’année 2000-2001 (382 millions de dollars) par Santé Canada et celles estimées par le vérificateur général du Québec (547 millions de dollars) pour l’année 1999-2000.  Puisque les dépenses augmentent chaque année, l’écart entre les deux estimations sous-estime probablement l’écart réel.

Le gouvernement du Québec a investi près de 487 millions de dollars dans les établissements ayant une mission de CLSC pour qu’ils dispensent des services à domicile.  À cette somme, il faut ajouter la rémunération à l’acte des médecins qui ont effectué des visites médicales à domicile, soit 23 millions de dollars, ainsi que les subventions, évaluées à 37 millions de dollars, accordées aux organismes communautaires et aux entreprises d’économie sociale pour soutenir les personnes en leur offrant de l’aide à domicile.  Les dépenses pour l’année 1999-2000 en ce qui concerne les services à domicile totalisent donc 547 millions de dollars et représentent 3,7 p. cent des dépenses du gouvernement pour la santé et les services sociaux.(9)

D’autre part, il est important de préciser que les dépenses estimées par Santé Canada ne tiennent pas compte des dépenses fiscales.  Cette situation explique peut-être en partie l’écart important entre les dépenses québécoises par habitant pour les soins à domicile et la moyenne canadienne, selon la compilation de Santé Canada.

Le Québec utilise fortement la fiscalité pour soutenir et subventionner l’achat de soins à domicile et favoriser le maintien à domicile des personnes âgées.  L’utilisation par le gouvernement du Québec de dépenses fiscales plutôt que de crédits budgétaires plus importants dans le secteur des soins à domicile répond à quatre objectifs de politique économique :

      2.  Mesures fiscales

Le gouvernement du Québec prévoit trois grandes mesures fiscales relativement aux soins à domicile : le crédit d’impôt québécois pour le maintien à domicile, le chèque emploi-service et le crédit d’impôt pour l’hébergement d’un parent.

        a.  Le crédit d’impôt québécois pour le maintien à domicile(10)

Toute personne âgée de 70 ans ou plus peut bénéficier d’un crédit d’impôt remboursable égal à 23 p. 100 des dépenses admissibles qu’elle aura supportées pour obtenir certains services de soins à domicile(11).  Contrairement aux autres crédits d’impôt, qui doivent être demandés dans la déclaration de revenus, le crédit d’impôt pour le maintien à domicile d’une personne âgée peut être obtenu par anticipation.

En effet, chaque fois qu’une personne âgée de 70 ans ou plus effectue une dépense pour obtenir des soins à domicile, le montant du crédit d’impôt sert à réduire le coût du service obtenu.  Les personnes âgées peuvent donc bénéficier tout au long de l’année d’une réduction de 23 p. 100 du coût des services de soutien à domicile qu’elles doivent payer.  Le montant des dépenses donnant droit à ce crédit d’impôt est limité à 12 000 $ par an.  La personne âgée peut donc bénéficier d’un crédit d’impôt maximal de 2 760 $, soit 23 p. 100 de 12 000 $.  Pour avoir droit au crédit d’impôt, la personne âgée devra faire les dépenses pour obtenir certains services de soutien à domicile par l’intermédiaire d’un mécanisme de paiement reconnu, appelé communément « chèque-emploi service » (voir la prochaine rubrique).

Pour ouvrir droit au crédit d’impôt, les services doivent être fournis au Québec par une personne qui n’est ni le conjoint de la personne qui demande le crédit d’impôt, ni une personne à sa charge.  De plus, les services liés aux tâches domestiques courantes devront concerner un logement qui constitue une habitation dont la personne âgée ou son conjoint est propriétaire, locataire ou sous-locataire, ou le terrain sur lequel ce logement est situé.

Les services suivants donnent droit au crédit d’impôt :

Par le truchement du crédit d’impôts pour le maintien à domicile, le gouvernement du Québec prévoit verser 41 millions de dollars à 50 000 personnes âgées en 2002.

        b.  Le chèque emploi-service

Au Québec, le chèque emploi-service est un mécanisme de paiement destiné aux personnes qui gèrent elles-mêmes leurs soins à domicile.  Le chèque emploi-service permet d’alléger la tâche de l’utilisateur en confiant les responsabilités administratives découlant du statut d’employeur à une institution financière, en l’occurrence les Services de paie Desjardins.  Ainsi, l’utilisateur autorise, au moyen d’un formulaire, les Services de paie Desjardins à prélever sur son compte bancaire la partie des sommes nécessaires aux paiements des soins à domicile qui excèdent l’avance du crédit d’impôt qui lui sera accordé.

        c.  Le crédit d’impôt pour l’hébergement d’un parent(12)

Pour compenser les particuliers qui accueillent un parent en perte d’autonomie, le gouvernement du Québec a mis en place un crédit d’impôt remboursable.  Bien que modeste en comparaison des coûts réels associés à la prise en charge d’un parent, le crédit d’impôt pour l’hébergement d’un parent reconnaît le travail de soutien d’un particulier auprès d’un parent en perte d’autonomie, qui autrement devrait faire appel au programme public de soins à domicile.

Tout résident du Québec peut demander un crédit d’impôt de 550 $ pour chaque parent qui a demeuré avec lui dans une habitation dont il ou son conjoint était propriétaire, locataire ou sous-locataire.

Le parent hébergé peut être le père, la mère, le grand-père, la grand-mère ou tout autre ascendant en ligne directe, de même que tout ascendant en ligne directe du conjoint, ou l’oncle, la tante, le grand-oncle, la grand-tante et leur conjoint, ou ceux du conjoint du particulier qui demande le crédit d’impôt.

Le parent hébergé doit notamment remplir les conditions suivantes :

      3.  Dépenses selon l’âge

Selon les données pour 2000-2001, le Québec a consacré 72 p. 100 de ses dépenses de soins à domicile aux personnes âgées de 65 ans et plus, une proportion semblable à la moyenne canadienne.

Au cours des prochaines années, le vieillissement de la population et la demande de soins à domicile qui en découlera forceront les provinces soit à augmenter considérablement leurs dépenses de soins à domicile, soit à se retirer complètement ou en partie de ce domaine pour en laisser la responsabilité au secteur privé. En 2000-2001, la part du secteur privé dans l’ensemble des dépenses de soins à domicile était beaucoup plus forte au Québec qu’ailleurs au pays : 38,2 p. 100, contre 28 p. 100 en moyenne pour le Canada.  Une fiscalité des particuliers favorable aux dépenses de soins à domicile explique cette forte présence du secteur privé dans ce domaine.

 

Dépenses de soins à domicile selon l’âge, 2000-2001

 

0 à 64 ans

65 ans et plus

85 ans et plus

Total

Québec

Dépenses totales (millions de dollars)

 

172,6

 

446,7

 

163,4

 

619,3

Dépenses totales par habitant (dollars)

26,85

472,99

1 719,42

84,01

Part des dépenses totales de soins de santé affectée aux soins à domicile (%)

1,4

5,0

8,1

2,9

Part des dépenses privées en % des dépenses totales de soins à domicile

33,6

40,1

39,2

38,2

Source :  Santé Canada, Dépenses de santé au Canada selon l’âge et le sexe, 1980-1981 à 2000-2001 – Annexe statistique, août 2001, et Bibliothèque du Parlement.

ONTARIO

   A.  Responsabilités et objectifs

Le ministère de la Santé de l’Ontario se réserve la responsabilité des grandes orientations stratégiques et politiques et des lignes de conduite relatives aux appels d’offres publics pour les soins à domicile, les fournitures médicales et l’équipement connexes.  La gestion quotidienne du programme public de soins à domicile est toutefois déléguée à 43 centres d’accès aux services communautaires (CASC – « Community Care Access Centres »).  Les CASC sont des sociétés sans but lucratif indépendantes gérées par un conseil d’administration qui doit rendre des comptes au Ministère.  Répartis sur tout le territoire, les CASC constituent la porte d’entrée du programme de soins à domicile et sont responsables des éléments suivants :

   B.  Les services

Les soins à domicile offerts à la population par les CASC sont les suivants :

Les CASC offrent des services de soins actifs à domicile dans les domaines suivants : chimiothérapie et radiothérapie, pédiatrie, obstétrique, et médicine et chirurgie.

   C.  Prestation et admissibilité

      1.  Prestation des services

En Ontario, tous les soins à domicile (des soins infirmiers aux services d’aide ménager) au-delà de la phase d’évaluation et d’élaboration d’un programme de soins adapté aux besoins du bénéficiaire sont fournis par le secteur privé.  Les services fournis à la clientèle par les entreprises privées sont toutefois payés par les 43 CASC de la province, selon les modalités des ententes de services conclues avec les entreprises privées sélectionnées à l’issue d’un appel public d’offres de services.

      2.  Admissibilité

Les critères d’admissibilité pour les soins à domicile en Ontario sont :

 

   D.  Couverture des services et participation aux coûts

En Ontario, l’accès aux soins à domicile est principalement rationné par le niveau des ressources financières disponibles ainsi que par des quotas de services.  Comme au Québec, la forte demande crée des listes d’attente pour certains services dans certaines régions.

 

Couverture publique et participation aux coûts
des soins à domicile

Couverture des services professionnels

Tous les services professionnels disponibles dispensés par l’intermédiaire des CASC sont gratuits.  Les clients qui ont droit à des services professionnels reçoivent une carte au titre du Programme de médicaments gratuits de l’Ontario, lequel couvre le coût des médicaments et de certains appareils.  Selon l’état de santé du client, les soins infirmiers sont limités à quatre visites par jour pour un total de 80 heures le premier mois et de 60 heures par mois par la suite.

Couverture des services de soutien à domicile

Ces services sont gratuits, mais des listes d’attente existent pour certains services en fonction de la demande.

Participation aux coûts

Certains services supplémentaires peuvent faire l’objet de frais d’usager.

Sources :   Santé Canada, CARP’s Report Card on Home Care in Canada 2001, site Web des différents ministères provinciaux concernés et Bibliothèque du Parlement.

Tout comme au Québec, le secteur des soins à domicile en Ontario connaît une pénurie de professionnels de la santé.  De plus, les conditions de travail moins avantageuses que celles offertes en institution ne facilitent pas le recrutement dans le domaine des soins à domicile.  Cette situation contribue aussi à l’allongement des listes d’attente.

 

   E.  Les dépenses de soins à domicile

      1.  Dépenses globales

L’Ontario a consacré plus de 1,5 milliard de dollars aux soins à domicile au cours de l’exercice 2000-2001, soit 3,94 p. 100 de ses dépenses totales de soins de santé, un niveau légèrement supérieur à la moyenne canadienne.  L’Ontario se classe aussi dans le peloton de tête des provinces en ce qui concerne les dépenses de soins à domicile par habitant.

 

Dépenses de soins à domicile, 2000-2001

 

Dépenses publiques*

Dépenses privées

Dépenses totales

Soins à domicile en % des dépenses totales de soins de santé

Ontario

Dépenses totales
(millions de dollars)

Dépenses par habitant (dollars)

 

1 210

 

103,69

 

299

 

25,62

 

1 509

 

129,31

 

3,94

 

L’ensemble des provinces

Dépenses totales
(millions de dollars)

Dépenses par habitant (dollars)

 

2 690,9

 

87,51

 

764,3

 

24,86

 

3 455,2

 

112,37

 

3,54

 

* Dépenses provinciales (excluant toute dépense du fédéral dans le cadre de ses divers programmes)

Source :  Santé Canada, Dépenses de santé au Canada selon l’âge et le sexe, 1980-1981 à 2000-2001 – Annexe statistique, août 2001; Bibliothèque du Parlement, Direction de la recherche parlementaire, pour certains calculs.

      2.  Dépenses selon l’âge

La population de l’Ontario est plus jeune que celle du Québec ou celle des provinces de l’Atlantique.  Cette situation se reflète sur les dépenses de soins à domicile en fonction de l’âge.  En 2000-2001, l’Ontario a consacré 73 p. 100 de ses dépenses de soins à domicile à la clientèle des 65 ans et plus, contre 74 p. 100 dans l’ensemble du Canada.  Au cours de la même période, la clientèle des 85 ans et plus absorbait 23 p. 100 des dépenses totales de soins à domicile de l’Ontario, contre 26 p. 100 pour l’ensemble du Canada.

Au cours des prochaines années, le vieillissement de la population exercera des pressions plus fortes à la hausse sur le financement et l’offre de soins à domicile en Ontario et dans les autres les provinces.  La province devra soit augmenter considérablement ses dépenses de soins à domicile, soit se retirer complètement ou en partie de ce domaine pour en laisser la responsabilité au secteur privé.  L’Ontario demeure l’une des seules provinces ou l’accès aux soins à domicile par l’entremise du système public ne requiert aucune participation financière de la clientèle selon ses ressources.  Dans l’avenir, il est donc possible que l’Ontario, malgré l’importance de ses ressources fiscales par rapport à celles des autres provinces, doive à son tour se résoudre à imposer une forme de participation aux dépenses de soins à domicile.

Il n’est pas impossible non plus que l’allongement des files d’attente dans le réseau public (dont les services sont fournis par des organismes privés) fasse en sorte que les Ontariens les mieux nantis se dirigent directement vers des firmes privées.  En 2000-2001,  la part du secteur privé dans l’ensemble des dépenses de soins à domicile était de 19,8 p. 100 en Ontario, contre 22,1 p. 100 pour l’ensemble du Canada.

 

Dépenses de soins à domicile selon l’âge, 2000-2001

 

0 à 64 ans

65 ans et plus

85 ans et plus

Total

Ontario

Dépenses totales (millions de dollars)

Dépenses totales par habitant (dollars)

Part des dépenses totales de soins de santé affectée aux soins à domicile (%)

Part des dépenses privées en % des dépenses totales de soins à domicile

 

407,4

39,93

1,9

 

17,5

 

1101,6

751,10

6,6

 

20,7

 

350,5

2 311,70

8,0

 

23,5

 

1 509

129,31

3,9

 

19,8

Source :   Santé Canada, Dépenses de santé au Canada selon l’âge et le sexe, 1980-1981 à 2000-2001 – Annexe statistique, août 2001, et Bibliothèque du Parlement.

 

CONCLUSION

Au fil des ans, le Québec et l’Ontario ont mis en place des programmes publics de soins à domicile très complexes.  Les deux provinces offrent en effet une vaste gamme de services par l’entremise de leurs réseaux publics de services communautaires, bien implantés à l’échelle régionale et locale.

Malgré l’effort accru du secteur public pour répondre aux besoins croissants, le secteur privé joue aujourd’hui un rôle de premier plan dans la prestation de services à domicile financés par des programmes publics dans les deux provinces.  De fait, ce rôle constitue un des éléments les plus originaux des modèles de soins à domicile en Ontario et au Québec.

Au Québec, le rôle du secteur privé est différent, et peut-être plus important qu’en Ontario, selon les critères utilisés.  En effet, près de 40 p. 100 (sans compter la valeur des crédits d’impôt) des dépenses de soins à domicile au Québec sont privées, soit deux fois le ratio observé en Ontario.  Au Québec, le secteur privé est présent dans tous les aspects de la prestation des soins à domicile, même si la place du secteur public demeure prépondérante pour ce qui est des services professionnels.  Toutefois, le trait distinctif du modèle québécois est le recours aux dépenses fiscales, par opposition aux dépenses budgétaires, pour favoriser l’accès aux soins à domicile.  Ce recours permet de moduler l’aide publique en fonction des ressources de la clientèle et d’exercer un effet de levier sur les dépenses privées.


(1)  Santé Canada, Dépenses de santé au Canada selon l’âge et le sexe, 1980-1981 à 2000-2001 – Annexe statistique, août 2001, Dépenses des gouvernements provinciaux et territoriaux et du secteur privé.

(2)  Voir P. Le Goff, Les soins à domicile dans les provinces de l’Atlantique : structures et dépenses (PRB 02-30F) et Les soins à domicile au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique : structures et dépenses (PRB 02-32F), Direction de la recherche parlementaire, Bibliothèque du Parlement, octobre 2002.

(3)  Voir à l’annexe I une description plus détaillée de la notion de soins à domicile et des notions connexes telles qu’elles sont utilisées dans le présent document.

(4)  Classification qui s’inspire de Les soins à domicile au Canada, Document de travail de la Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada, mai 2002.

(5)  Voir la rubrique « Les dépenses de soins à domicile ».

(6)  Voir l’annexe II.

(7)  Voir la rubrique « Les dépenses de soins à domicile ».

(8)  Voir l’annexe II ou le site Web de la Régie de l’Assurance-maladie du Québec.         .

(9)  Vérificateur général du Québec – Rapport 2001-2002,t. II, ch. 6.

(11)   Une personne âgée vivant en résidence privée doit être en mesure de connaître la valeur des dépenses admissibles pour avoir droit au crédit d’impôt.  Dans cette optique, les propriétaires de résidences privées doivent délivrer aux personnes âgées de 70 ans et plus un relevé indiquant la valeur des services fournis et ouvrant droit au crédit d’impôt.

(12)   Renseignements tirés du formulaire relatif au Crédit d’impôt pour l’hébergement d’un parent (TP-1029.8.54) disponible sur le site Web du ministère du Revenu du Québec.



 

ANNEXE I

DÉFINITIONS ET MÉTHODOLOGIE

 

Les paragraphes qui suivent expliquent la façon dont les différentes notions auxquelles il est fait appel dans le présent document ont été définies.

Les médicaments, les fournitures et les équipements médicaux (chaises roulantes, appareils d’aide, équipement d’hôpital pour la dialyse, etc.) ne sont pas inclus dans ces estimations.


ANNEXE II

APERÇU DU PROGRAMME D’EXONÉRATION FINANCIÈRE
POUR LES SERVICES D’AIDE DOMESTIQUE
DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC (PEFSAD)

 

Comment fonctionne le programme?

Pour des services d’aide domestique fournis par une « Entreprise d’économie sociale reconnue » (EESR), une réduction du tarif horaire exigé par l’entreprise est consentie à la personne qui bénéficie du programme.  Cette réduction peut être obtenue de deux façons.

Le revenu et la situation familiale servent à déterminer un seuil d’exemption.  Lorsque ce seuil est dépassé par plus de 15 000 $, aucune aide variable n’est accordée.

La réduction maximale ou montant d’aide maximal qu’une personne peut obtenir pour chaque heure de service fourni est de 10 $, soit 4 $ à titre d’aide fixe et 6 $ à titre d’aide variable.

La personne ne paie que la différence entre le tarif exigé par l’EESR et le montant d’aide qui lui est accordé.

Quels sont les services d’aide domestique visés?

Certaines entreprises n’offrent pas nécessairement tous les services visés.

Qui est admissible?

Toute personne de 18 ans ou plus qui réside au Québec selon la Loi sur l’assurance maladie a droit au programme.

Cependant, les personnes qui touchent une indemnité pour des services d’aide domestique en vertu d’un régime public (p. ex. CSST, SAAQ, anciens combattants) n’ont pas droit au programme.

Qui a droit à l’aide fixe?

Toute personne qui a droit au programme peut bénéficier d’un montant d’aide fixe sans égard à son revenu familial.

Qui a droit à l’aide variable?

A droit à l’aide variable :

Cependant, si ces personnes reçoivent une indemnité pour des services d’aide domestique versée par un régime privé ou encore bénéficient d’un montant d’allocation directe (CLSC), elles n’ont pas droit à l’aide variable.

Les paramètres financiers déterminant l’aide variable

Pour établir le montant d’aide variable, il faut déterminer la partie du revenu familial qui excède le seuil d’exemption, lequel varie selon la taille de la famille.

Les différents seuils d’exemption sont :

À titre d’exemple, le seuil d’exemption pour un couple ayant deux enfants sera calculé ainsi :

12 000 $ + 2 400 $ + 2 400 $ = 16 800 $

 

Lorsque le revenu familial excède le seuil d’exemption, le montant maximal d’aide variable de 6 $ est alors réduit de 0,20 $ par tranche complète de 500 $ de revenu familial qui excède le seuil d’exemption.  La formule suivante permet d’établir ce montant d’aide :

6 $ - ( [Revenu familial - exemption] x 0,20 $ )
500 $

 

Le tableau qui suit indique le revenu familial donnant droit à une aide variable de 6 $ et celui ne donnant plus droit à l’aide variable :

 

 

Personne à charge* donnant droit à l’exemption de 2 400 $

Revenu familial donnant droit à une aide variable de 6 $

Revenu familial ne donnant plus droit à une aide variable

Personne seule

0

moins de 8 950 $

23 450 $ ou plus

Couple sans enfants

0

moins de 12 500 $

27 000 $ ou plus

Famille monoparentale

1

moins de 11 350 $

25 850 $ ou plus

2

moins de 13 750 $

28 250 $ ou plus

3

moins de 16 150 $

30 650 $ ou plus

4

moins de 18 550 $

33 050 $ ou plus

Famille biparentale

1

moins de 14 900 $

29 400 $ ou plus

2

moins de 17 300 $

31 800 $ ou plus

3

moins de 19 700 $

34 200 $ ou plus

4

moins de 22 100 $

36 600 $ ou plus