Direction de la recherche parlementaire |
MR-148F
LA GESTION DES RESSOURCES DANS
Rédaction :
Sonya Dakers TABLE DES MATIÈRES PREMIÈRE
PLÉNIÈRE : LA BIOTECHNOLOGIE AGRICOLE AU XXIe SIÈCLE, TROISIÈME
PLÉNIÈRE : LA PRODUCTION AGRICOLE À LÈRE ATELIER No 1 : CONSERVER LA BIODIVERSITÉ AFIN DE CRÉER ATELIER No 2 : ASPECTS RÉGLEMENTAIRES ET ÉCONOMIQUES ATELIER No 3 : LA BIOTECHNOLOGIE ET LES QUESTIONS
SOCIALES LA GESTION DES RESSOURCES Le Comité consultatif national de la biotechnologie (CCNB), qui a été établi en 1988, regroupe 25 organismes à but non lucratif qui se consacrent à la recherche et à léducation dans le domaine agricole. Le Comité offre des tribunes où lon peut exprimer des points de vue et des préoccupations divers et participer à des échanges sérieux sur des questions liées à la biotechnologie agricole. La 9e Conférence du CCNB, qui a eu lieu du 1er au 3 juin 1997, portait sur les possibilités quoffre la biotechnologie pour la gestion des ressources dans les environnements défavorisés. Le sujet convenait particulièrement bien au lieu choisi pour la conférence, soit la ville de Saskatoon, en Saskatchewan. Cette province connaît en effet, entre autres difficultés, des conditions très difficiles pour la culture des sols, et elle mise sur la biotechnologie agricole pour favoriser son développement économique. Trois assemblées plénières ont été consacrées aux progrès observés en biotechnologie agricole, à la fois à léchelle nationale et au niveau international. Les participants se sont ensuite répartis en trois ateliers, où ils ont formulé des recommandations sur des aspects plus précis de la biotechnologie agricole afin de les présenter aux gouvernements et à des organismes privés. PREMIÈRE
PLÉNIÈRE : LA BIOTECHNOLOGIE AGRICOLE AU XXIe SIÈCLE, Le Dr Robert W. Herdt, directeur des sciences agricoles et directeur intérimaire de lenvironnement mondial, à la Fondation Rockfeller, a exposé les possibilités et les limites que la biotechnologie présente pour lagriculture, laquelle doit répondre aux besoins fondamentaux dune population mondiale en expansion constante. Il a insisté sur les initiatives qui augmentent la productivité, qui renforcent la résistance aux maladies et aux parasites et qui favorisent une agriculture durable. Il a toutefois fait remarquer que les caractéristiques quon est en train délaborer ne favoriseront quindirectement la productivité étant donné que la plupart des recherches portent sur la tolérance aux herbicides. Bon nombre des essais effectués sur le terrain utilisent des légumes et des céréales comme le canola qui ne sont pas des aliments de base dans les pays en développement, où lon ne fait dailleurs quà peine quelque 10 p. 100 de ces essais. Des 2,5 milliards de dollars dépensés chaque année en biotechnologie agricole, seulement 75 millions de dollars le sont dans les pays en développement. Il faudra donc intensifier les recherches visant à mettre au point des cultures compatibles avec des sols peu fertiles, arides et à faible salinité. Le deuxième conférencier, M. Mark Winfield, directeur de la recherche, Conseil de lInstitut canadien du droit et de la politique de lenvironnement, a expliqué comment la perception qua la société des risques inhérents à la biotechnologie peut en limiter lutilité; selon lui, un public mieux averti nest pas nécessairement moins méfiant. Il a aussi annoncé la création prochaine dune commission consultative qui sera chargée daider le gouvernement du Canada à faire face aux problèmes sociaux et éthiques liés à la biotechnologie. Selon M. Winfield, lanalyse des effets de la biotechnologie prend du retard par rapport aux progrès de la technologie elle-même. Il ny a pas non plus de suivi ou de contrôle une fois que les autorisations sont accordées. M. Winfield sest donc demandé si les applications quon fait de la biotechnologie aident vraiment à améliorer les systèmes dapprovisionnement ou si elles ne servent pas davantage les intérêts des industries agricoles occidentales. Il a conclu quil est dangereux de favoriser des pratiques agricoles qui non seulement dépendent de nombreux extrants mais qui risquent aussi davoir des conséquences écologiques. Il a affirmé quune agriculture moins axée sur la technologie serait peut-être préférable mais quelle ne faisait pas lobjet de recherches aussi poussées. Selon M. Winfield, la population semble accepter certains des risques que présente la biotechnologie pharmaceutique, et elle en fait autant pour ce qui est des aliments. La confiance du public lui paraît reposer sur la rigueur du système réglementaire. Le 15 mai 1997, le Canada a adopté de nouveaux règlements alimentaires pour les aliments tels les sous-produits de la biotechnologie. Quatre conférenciers ont parlé du défi que représenterait, pour lindustrie, les producteurs et les consommateurs, la production daliments dans des conditions difficiles. La Saskatchewan, qui compte 80 p. 100 des terres arables du Canada, abrite une industrie agricole de plusieurs milliards de dollars; toutefois, ses producteurs doivent faire face à des conditions climatiques et géographiques très rudes. Les hivers, longs et rigoureux, sont suivis détés chauds et secs pendant lesquels la pluviosité est faible, ce qui nuit à la croissance des récoltes. En outre, étant donné que la province est enclavée, les produits agricoles doivent être transportés, soit par camion, soit par rail, sur des milliers de milles pour être exportés. Pour surmonter tous ces obstacles, la Saskatchewan est devenue un centre de recherche agricole de réputation internationale, axé principalement sur la biotechnologie agricole. Il a été signalé que la technologie a permis la création de nouveaux produits capables de vaincre des maladies, de résister aux insectes et de remédier à la sécheresse, et quelle continuera probablement à favoriser laccroissement de la production. Pour lindustrie, la biotechnologie est un instrument servant à créer de nouveaux produits et le moteur dune croissance dans laquelle plus de 500 entreprises ont investi pour 1,7 milliard de dollars en recherche-développement. Cela sest traduit par des recettes de 3,5 milliards de dollars par année pour le Canada. Lindustrie doit maintenant mettre au point des produits susceptibles de répondre à des besoins différents, sensibiliser davantage le public et veiller à ce quil y ait suffisamment de travailleurs bien formés pour occuper les 12 000 nouveaux postes quon prévoit créer dici lan 2000. Un autre conférencier a brossé un tableau de ce quont fait le Japon, lAustralie et lAmérique du Nord en matière de réglementation biotechnologique. Tous trois ont fait en sorte que leur système réglementaire englobe les nouveaux produits de la biotechnologie, mais lAmérique du Nord semble devancer les deux autres pour ce qui est de la commercialisation et des autorisations. Par ailleurs, bien que, selon des sondages nord-américains, la sensibilisation du public progresse sur le continent, elle demeure quand même encore inférieure à 25 p. 100. Il a été question de la nécessité dadopter un plan daction assorti dune stratégie nationale de communication pour les nouveaux produits arrivant sur le marché, daffecter à ce plan les ressources nécessaires et de veiller à sa mise en oeuvre. Il serait également impératif de prévoir un suivi. Le conférencier a estimé que le CCNB pourrait jouer un rôle à toutes les étapes de ce projet. Les deux derniers conférenciers ont abordé les aspects écologiques de la biothechnologie et les effets de cette dernière sur lagriculture biologique et sur lenvironnement en général. On est dailleurs en train délaborer un code de sécurité biologique pour régir le mouvement transfrontalier des produits. TROISIÈME PLÉNIÈRE : LA PRODUCTION AGRICOLE À LÈRE Le professeur Reeves, directeur général du CIMMYT (Centre international damélioration du maïs et du blé), a replacé les thèmes de la discussion dans une perspective mondiale. Le CIMMYT sest implanté dans 16 pays en développement pauvres. Il concentre ses efforts sur la mise au point de nouvelles technologies adaptées aux économies des pays sous-développés dAfrique et dAsie. Même sil est prévu que la demande en blé et en maïs va doubler, les sommes consacrées à la recherche sur ces céréales ne sélèvent quà sept milliards de dollars par année, par rapport à neuf milliards de dollars en 1981. Si lon veut maintenir le rendement des cultures, il faut que le matériel génétique des céréales cultivées soit résistant, surtout aux maladies. Jusquà ce jour, cependant, on recourt beaucoup moins au génie génétique quà la technologie fondée sur les marqueurs. Le CIMMYT donne librement accès à ses ressources génétiques et cherche à établir des partenariats avec des pays comme le Canada qui disposent de solides compétences dans le domaine des céréales. ATELIER No 1 : CONSERVER LA BIODIVERSITÉ AFIN DE CRÉER Les participants à cet atelier ont étudié lincidence des nouveaux produits biotechnologiques et des nouvelles technologies sur la biodiversité. On ne sait pas encore très bien si les méthodes biotechnologiques nuisent à la biodiversité ou au contraire la mettent en valeur, ni si les produits biotechnologiques peuvent avoir des effets plus sensibles que les systèmes conventionnels sur des aspects comme la durabilité. Ainsi, par exemple, quelles peuvent être les conséquences de la substitution de nouveaux produits aux cultures traditionnelles et dans quelles circonstances les produits biotechnologiques constituent-ils un risque plus grave pour la biodiversité que les stratégies conventionnelles? Ainsi que nous lavons déjà mentionné, un protocole international sur la sécurité biologique est en cours de négociation. Certains ont dit que les agriculteurs utiliseraient peut-être davantage les produits biotechnologiques si ces derniers augmentaient la rentabilité de leurs exploitations respectives. Il a été mentionné quil serait souhaitable de quantifier les avantages de la biotechnologie pour les écosystèmes agricoles. À lavenir, les progrès technologiques devraient se poursuive, mais ils se feront plus souvent dans le secteur privé quailleurs. Ce secteur pourrait avoir tendance à ne pas encourager les investissements là où ils simposent, et certains se sont demandés doù viendront les crédits indispensables pour conserver le patrimoine génétique. Pour assurer une meilleure connaissance des réalités, un financement susceptible de protéger les ressources génétiques, et une plus grande responsabilisation, les participants à latelier ont recommandé les mesures suivantes :
ATELIER No 2 : ASPECTS RÉGLEMENTAIRES ET ÉCONOMIQUES Les participants à cet atelier ont examiné les répercussions de la biotechnologie agricole sur la commercialisation des produits. Un examen de la réglementation internationale a révélé le plus grand désordre. Le besoin dharmoniser la réglementation et de la fonder sur les produits plutôt que sur un processus a donc été établi. Certains ont aussi préconisé un étiquetage susceptible de mieux faire accepter les produits par le consommateur. Les participants ont estimé quil faut adopter des lois et des politiques pour protéger la propriété intellectuelle, surtout dans les pays en développement. Ils ont aussi préconisé ladoption dune approche systémique vis-à-vis de la recherche-développement de façon à éliminer certains des obstacles à la coordination de la recherche. Enfin, ils ont estimé que labsence de capital de risque limitait le passage à la commercialisation. ATELIER No 3 : LA BIOTECHNOLOGIE ET LES QUESTIONS
SOCIALES Les participants à cet atelier ont évalué les conséquences pour les producteurs et les collectivités rurales de ladoption de nouvelles technologies. Dune part, un accès ponctuel à de nouvelles technologies pourrait accroître la compétitivité des producteurs; dautre part, ces derniers ont besoin de données scientifiques sûres pour évaluer tous les risques éventuels pour la santé et la sécurité. Les participants ont jugé quil serait utile détudier des exemples de succès dans lutilisation de la biotechnologie et deffectuer une analyse coût-bénéfice de celle-ci. Ils ont aussi estimé quil fallait davantage de débats publics ainsi quun mécanisme de coordination en vue de lélaboration dun code déthique. À cet égard, la Commission consultative devrait probablement être en mesure de favoriser des échanges. Les animateurs des ateliers ont résumé les propos tenus dans leur groupe respectif. M. Eugene G. Sander, vice-administrateur et doyen de la Faculté dagriculture de lUniversité de lArizona, a résumé lensemble de la conférence. Il a fait observer que le recours à la biotechnologie agricole dans des « environnements défavorisés » est un processus complexe, et quon ne pourrait pas assurer son bon fonctionnement simplement en transférant des gènes. La satisfaction des besoins précis des pays en développement dans de tels environnements ne semble pas réalisable dans un avenir très rapproché. On peut dailleurs encore se demander si la biotechnologie est lunique solution ou la solution la plus appropriée lorsquil sagit de nourrir une population mondiale en forte croissance; on nen sait pas encore assez sur les résultats imprévus quelle peut avoir. Les participants ont semblé sentendre pour dire que la biotechnologie agricole en soi nest ni bonne ni mauvaise, quil sagit dun outil dont lutilité dépend de lusage qui en est fait. Jusquà présent, les rendements se sont accrus grâce aux techniques plus traditionnelles des marqueurs et de la sélection des plantes, et moins par le truchement de lADN recombinant. En fait, la confusion persiste quant à la terminologie et aux effets de ces technologies, et il faudra la dissiper avant que des solutions napparaissent. |