Direction de la recherche parlementaire |
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PRB 98-5F LA PROBLÉMATIQUE DES IMPORTATIONS Rédaction : En un peu plus de dix-huit mois, le volume des importations de mélanges dhuile de beurre et de sucre sest accru de 488 p.100; il nest donc pas surprenant de constater que lengouement politique pour cette question ait, en quelques semaines, connu à peu près la même croissance exponentielle. Pourtant, à prime abord, le fait que des importations soient passées de trois millions de dollars en 1995 à quelque 20 millions de dollars en 1997 naurait pas dû en soi susciter beaucoup dintérêt; si tant de gens sintéressent soudain à ce produit alimentaire semi-transformé, cireux, granuleux et peu ragoûtant, cest quil cache une réalité économique et politique fort complexe. En effet, limportation croissante de mélanges contenant 49 p. 100 dhuile de beurre et 51 p. 100 de sucre pose problème parce que ces mélanges laitiers peuvent entrer librement au Canada sous la ligne tarifaire 2106.90.95 et ce, pour une raison principale, à savoir de permettre aux transformateurs de crème glacée et de fromage fondu de diminuer leurs coûts de production. La rapide réaction des Producteurs laitiers du Canada (PLC) à laccroissement des importations de mélanges dhuile et de beurre montre bien que lorganisme a saisi lampleur du problème que ces importations posent. Ces « produits laitiers », qui sont en principe utilisés comme substitut dans la fabrication de la crème glacée, sont tellement édulcorés que non seulement ils cessent dêtre considérés comme une matière grasse de lait, mais perdent aussi la protection tarifaire généralement accordée aux véritables produits laitiers; pourtant ils viennent remplacer une partie de la production intérieure de matière grasse du lait et ainsi bouleverser les marchés. Et parce quils sont importés librement et sans entraves, ils illustrent bien le fait quen raison de louverture des marchés, la protection accordée au secteur laitier canadien nest plus ce quelle était avant les négociations de lUruguay Round. Au plan politique, le débat qua suscité lopposition des producteurs canadiens aux importations de mélanges dhuile de beurre et de sucre a révélé que la question nen est pas uniquement une de gestion de loffre, mais quelle a aussi trait à lassujettissement des politiques commerciales à des règles internationales, à linnocuité des aliments et à létiquetage des produits. Du point de vue économique, il a fallu constater quen raison de louverture des marchés, les producteurs, les transformateurs et les consommateurs seront désormais confrontés à un nombre croissant de choix qui bousculeront leurs environnements respectifs. Le commerce des mélanges dhuile de beurre et de sucre relève de quatre ministères fédéraux, à savoir le ministère des Finances pour ce qui est de la politique commerciale en général, Revenu Canada en ce qui a trait à la classification et au contrôle des importations, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international en ce qui concerne ladministration des contingents tarifaires et, enfin, Agriculture et Agroalimentaire Canada dont lexpertise est essentielle pour déterminer la classification des produits. Il a suffi que Revenu Canada prenne, en vertu de règlements établis au niveau international, une simple décision administrative pour déclencher une montée aux barricades qui nest pas sans rappeler lépisode de limportation de fromages au lait cru. Par conséquent, on peut affirmer que si les enjeux de la controverse sont de taille, lorigine de celle-ci est dune banalité toute bureaucratique. En effet, personne ne remet en question les contingents tarifaires canadiens négociés au niveau international, ni les niveaux de protection dont profitent les produits laitiers; par contre, la mise au point de produits dimitation ou carrément novateurs et leur importation au Canada obligent ce dernier à prendre des décisions administratives qui ne font pas que des heureux, principalement à cause de limpact économique quelles peuvent avoir sur certaines industries. Dans les diverses sections du présent document, nous abordons divers aspects du problème. |