BP-450F LE TRANSFERT DE POINTS
D'IMPÔT AUX PROVINCES
Rédaction :
TABLE DES MATIÈRES LE CALCUL DES TRANSFERTS DE POINTS DIMPÔT A. Taux de limpôt fédéral sur le revenu B. Limpôt fédéral de base et lassiette fiscale des provinces C. Taux des impôts provinciaux sur le revenu ÉVOLUTION
DES TRANSFERTS PÉCUNIAIRES ET DES TRANSFERTS
LE TRANSFERT DE POINTS DIMPÔT AUX
PROVINCES
Le gouvernement fédéral verse aux provinces des paiements de transfert aux termes du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS) pour les aider à sacquitter de leurs responsabilités dans les domaines de la santé, de léducation postsecondaire et de laide sociale. Le TCSPS se compose dun transfert pécuniaire et dun transfert de points dimpôt. Le gouvernement fédéral et les provinces ne voient pas le transfert fiscal du même oeil. Pour le gouvernement fédéral, le transfert de points dimpôt est une façon de céder aux provinces des ressources financières pour les aider à faire face à leurs dépenses dans des secteurs désignés. Les provinces, pour leur part, considèrent uniquement la partie pécuniaire du transfert comme une contribution du gouvernement fédéral. Le transfert de points dimpôt aux provinces est à coup sûr laspect le plus compliqué des accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces. Pour mieux comprendre la situation, il est utile de savoir dans quel contexte ce mécanisme est né et de quelle façon on lévalue. Dans le présent document, nous donnons une définition des transferts fiscaux, et faisons leur historique; nous expliquons ensuite comment ils sont calculés, fournissons des données comparatives sur lévolution des transferts fiscaux et pécuniaires aux termes du TCSPS et traitons des principaux enjeux relatifs aux points dimpôt. Par transfert dun point dimpôt, on entend le transfert permanent dune marge fiscale (espace fiscal) du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux. Le gouvernement fédéral réduit le taux dimposition de base dun pourcentage donné et les provinces augmentent le leur dans une proportion équivalente si bien quau bout du compte limpôt total, fédéral et provincial, demeure inchangé. Les points dimpôt faisant lobjet dun transfert concernent soit limpôt sur le revenu des particuliers (IRP), soit limpôt sur les sociétés (IS). Le transfert dun point dimpôt peut aussi être défini comme une indemnité offerte par le gouvernement fédéral en lieu et place dune contribution pécuniaire. Lors de la négociation des accords fiscaux, le gouvernement fédéral a généralement offert aux provinces la possibilité de ne pas participer à un programme et de recevoir un substitut à sa contribution à ce programme sous la forme de transferts fiscaux. Un transfert de points dimpôt diffère dun abattement dimpôt bien que celui-ci puisse aussi être une forme de compensation tenant lieu de contribution pécuniaire. Un abattement dimpôt est une déduction spéciale qui intervient après calcul de limpôt fédéral de base(1), tandis que le transfert de points dimpôt réduit directement le taux de limpôt fédéral sur le revenu. En outre, un abattement dimpôt nest pas permanent et peut être récupéré : si les transferts totaux auxquels une province a droit sont inférieurs à la valeur de labattement dimpôt, le gouvernement fédéral doit récupérer la différence soit en réduisant dautres transferts pécuniaires fédéraux, soit en se faisant rembourser par le gouvernement provincial concerné. De même, si un programme fédéral de contribution pécuniaire est supprimé, les provinces qui avaient choisi de ne pas participer à ce programme doivent rembourser la valeur de labattement dimpôt correspondant, soit directement, soit par une réduction des autres transferts pécuniaires auxquels elles ont droit. Les transferts de points dimpôt et les abattements dimpôt ont cependant le même résultat : ils réduisent les recettes du gouvernement fédéral tirées de limpôt sur le revenu. Comme nous le verrons dans la section suivante, les abattements dimpôt sont à lorigine des transferts de points dimpôt prévus dans les accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces. Les transferts de points dimpôt et les abattements dimpôt sont depuis longtemps un élément important des relations fédérales-provinciales sur le plan fiscal. Le premier transfert de points dimpôt a eu lieu en 1941, durant la Deuxième Guerre mondiale. Contrairement à ce qui se passe aujourdhui, cependant, cétait un transfert des provinces au gouvernement fédéral. Plus précisément, de 1941 à 1962, le gouvernement fédéral « louait » tous les pouvoirs dimposition des provinces(3). Cette centralisation du pouvoir dimposition a permis au gouvernement fédéral de faire face à laugmentation des dépenses de guerre et des dépenses militaires, puis de financer les dépenses de laprès-guerre. En contrepartie de leur droit de prélever des impôts, les provinces ont reçu une contribution pécuniaire calculée dabord par habitant (de 1941 à 1957), puis en pourcentage de limpôt sur le revenu des particuliers et de limpôt sur les sociétés perçus sur leur territoire (de 1957 à 1962). Bien que le Québec ait signé la convention de location de 1941, il a refusé dêtre partie aux autres accords (1946, 1952 et 1957). En lieu et place, la province a demandé et reçu des abattements dimpôt. Toutes les autres provinces ont conservé leurs conventions de location(4). En 1947, le Québec a créé son propre impôt sur les sociétés et obtenu un abattement fédéral de 7 p. 100 sur cet impôt. Lorsque le Québec a institué son propre impôt sur le revenu des particuliers en 1954, le gouvernement fédéral lui a offert une indemnité de dérogation de 10 points dIRP. En 1958, labattement du Québec a été porté à 13 points dIRP et neuf points dIS. Dun point de vue général, on peut dire que les accords conclus par le Québec ont été les précurseurs, au sens large, des accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces qui allaient venir plus tard, dans la mesure où ils prévoyaient à la fois un transfert fiscal et un transfert pécuniaire. En 1962, le système de location de domaines fiscaux a été remplacé par une entente de perception de limpôt aux termes de laquelle le gouvernement fédéral percevait limpôt sur le revenu pour le compte des provinces, chacune pouvant fixer son propre taux dimposition. Toutes les provinces sauf le Québec ont accepté loffre du gouvernement fédéral de percevoir lIRP (ce qui permettait lutilisation dun formulaire unique de déclaration pour les fins de limpôt sur le revenu des particuliers)(5). Trois provinces, le Québec, lOntario et lAlberta, nont pas participé à lentente de perception de limpôt sur les sociétés. Elles ont reçu en contrepartie un abattement fiscal de 16 points sur limpôt sur le revenu des particuliers (ce qui représentait trois points dIRP de plus pour le Québec) et un abattement de neuf points de limpôt sur les sociétés. Par conséquent, aux termes des nouveaux accords fiscaux, les provinces participantes avaient la même marge fiscale que le Québec. Ces accords prévoyaient aussi que le gouvernement fédéral augmenterait progressivement les abattements dimpôts consentis aux provinces : en 1966, labattement atteignait 24 points dIRP. Dans les années 60, le gouvernement fédéral a commencé à verser des contributions à légard de programmes particuliers et, pour être compensé pour sa non-participation, le Québec a demandé une augmentation de ses abattements dimpôt(6). Il a par exemple obtenu en 1960 un abattement additionnel dun point de lIRP en lieu et place dun transfert spécifiquement destiné aux universités. De même, il sest vu offrir un autre abattement de trois points en 1964 relativement au programme dallocations aux jeunes(7). En 1965, le gouvernement fédéral a offert aux provinces 15 points dIRP au lieu de transferts pécuniaires aux termes de divers accords dans les domaines de la santé et de la formation professionnelle; seul le Québec a accepté loffre du gouvernement fédéral. Des mesures ont aussi été prises pour permettre aux provinces de se désengager du Régime dassistance publique du Canada (RAPC) établi en 1966. Pour toutes les provinces, sauf le Québec, le RAPC prévoyait des transferts pécuniaires seulement; dans les ententes de désengagement, le Québec a reçu un abattement de cinq points dIRP. À la suite de toutes ces dispositions de non-participation, le Québec bénéficiait, à la fin de 1966, de 23 points dIRP additionnels et dun point dIS au-delà des abattements dimpôt des autres provinces. En 1967, le gouvernement fédéral a commencé à offrir à toutes les provinces un abattement spécial de lIRP et de lIS en lieu et place des transferts au chapitre de léducation postsecondaire. Plus précisément, les provinces ont reçu quatre points dIRP de plus et un point dIS (le point dont seul le Québec bénéficiait jusqualors). Pour toutes les provinces, sauf le Québec, ce changement portait labattement de lIRP de 24 à 28 points et labattement de lIS de neuf à 10 points. En 1967 toujours, labattement pour la formation professionnelle (un point dIRP) a été supprimé, ce qui a ramené à 22 points labattement spécial du Québec (le Québec bénéficiait au total de 50 points dIRP et de 10 points dIS). À la suite de lentente fiscale de 1972-1977, on a abandonné le système général dabattements fiscaux (à lexception des 22 points dabattement additionnels que le Québec avait reçus aux termes daccords de non-participation) pour le remplacer par de véritables transferts de points dimpôt. Ce qui apparaissait auparavant sous la forme de réductions spécifiques de lIRP sur les déclarations de revenus fédérales sest transformé en réduction des taux dimposition fédéraux. Plus précisément, les taux dimposition fédéraux ont été réduits de 30,5 p. 100 de limpôt fédéral de base (réduction considérée comme léquivalent de lancien abattement dimpôt de 28 points). Cette réduction de 30,5 p. 100 a remplacé tous les anciens abattements fiscaux, y compris labattement de 1967 tenant lieu de transfert pécuniaire au titre de léducation. Labattement de quatre points dIRP en question a été transformé en un transfert de 4,357 points dIRP pour préserver la valeur du transfert. En outre, les provinces pouvaient choisir le taux dimposition quelles voulaient; les taux dimposition étaient exprimés en pourcentage de limpôt fédéral de base et pouvaient être supérieurs ou inférieurs à 30,5 p. 100. Le système dabattement de lIS a été conservé à 10 points. Pour le Québec, les points dIRP reçus à la suite danciens accords de non-participation ont été portés de 22 à 24. En 1974, le programme dallocations aux jeunes a été supprimé et remplacé par le programme dallocations familiales auquel toutes les provinces ont accepté de participer. Ainsi, la disposition de non-participation ne sappliquait plus au Québec, et il a fallu récupérer les trois points dIRP expressément destinés à ce programme. Pour éviter de chambarder la structure du régime fiscal québécois, labattement de trois points a été maintenu, mais un montant correspondant déduit intégralement des transferts pécuniaires du gouvernement fédéral à cette province. Le dernier transfert de points dimpôt a eu lieu en 1977 lors de ladoption de la nouvelle formule de financement des programmes dits « établis » assurance-hospitalisation, assurance-soins médicaux et éducation postsecondaire. Le Financement des programmes établis (FPÉ) comprenait un élément pécuniaire et un élément fiscal. En ce qui concerne les points dimpôt, le gouvernement fédéral a transféré aux provinces un total de 13,5 points dIRP et un point dIS. Étant donné que les transferts de points dimpôt comprenaient déjà les 4,357 points dIRP et le point dIS concédés aux provinces en 1967 pour léducation postsecondaire, la nouvelle marge fiscale sétablissait en fait à 9,143 points dIRP. Les points dabattement accordés antérieurement au Québec aux termes dententes de non-participation pour les fins de la santé ont été corrigés et fixés à 8,5 points dIRP(8). Depuis 1996-1997, les transferts fournis aux termes du RAPC et du FPÉ ont été combinés dans le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS). Cependant, ce changement législatif na eu aucun effet sur le niveau des transferts fiscaux. Par conséquent, les points dimpôt prévus aux termes du TCSPS sélèvent encore à 13,5 points dIRP et un point dIS, avec le même niveau dabattements dimpôt additionnels pour le Québec (à savoir 8,5 points dIRP aux termes du FPÉ et 5 points dIRP aux termes du RAPC)(9). LE CALCUL DES TRANSFERTS DE POINTS DIMPÔT La présente section porte sur le mode de calcul des transferts de points dimpôt et sur leurs répercussions sur les contribuables. Théoriquement, ces transferts ne doivent en rien changer le montant total des impôts fédéral et provincial payés par les contribuables. Les transferts
dimpôt que reçoit une province sont fondés sur la valeur estimative des
réductions passées de limpôt fédéral sur le revenu donnant à la province la
possibilité daugmenter son propre taux dimposition. Le transfert de points
dimpôt a trois conséquences intimement liées : premièrement, il diminue le
taux de limpôt fédéral sur le revenu; deuxièmement, à cause de cette réduction
dimpôt, il réduit limpôt fédéral de base (ce qui a directement pour effet
de réduire lassiette fiscale des provinces); et troisièmement, une province doit
relever ses propres taux dimposition du revenu en proportion de la réduction de
limpôt fédéral. Les données suivantes sont fondées sur lexemple donné au
tableau 1. TABLEAU 1
Nota : Pour un intéressant exemple numérique complet de limpact du transfert de points dimpôt, voir Trésorier de lOntario, Budget de lOntario de 1977, Document budgétaire B, 19 avril 1977, p. 11-18. A. Taux de limpôt fédéral sur le revenu En ce qui concerne lIRP, le TCSPS comprend actuellement 13,5 points dimpôt qui faisaient partie de lancien programme de FPÉ. Cependant, lors de linstauration du FPÉ, 4,357 points avaient déjà été transférés, de sorte que le gouvernement fédéral a réduit son taux dimposition de 9,143 p. 100 et non de 13,5 p. 100. Le contribuable qui payait 1 000 $ dimpôt fédéral sur le revenu avant le transfert de points dimpôts nen payait plus que 908,57 $ (1 000 $ - 91,43 $) après. B. Limpôt fédéral de base et lassiette fiscale des provinces La baisse du taux de limpôt fédéral sur le revenu a entraîné une réduction de limpôt fédéral de base et, partant, de lassiette fiscale provinciale (sauf au Québec), puisque celle-ci est un pourcentage de limpôt fédéral de base. Pour reprendre lexemple ci-haut, là où lassiette fiscale dune province était de 1 000 $ avant le transfert, elle nétait plus que de 908,57 $ après. C. Taux des impôts provinciaux sur le revenu Toute réduction de lassiette fiscale des provinces a deux répercussions sur les taux dimposition provinciaux. Avec une assiette fiscale réduite, les provinces doivent relever leur taux dimposition dune part pour sassurer des recettes égales à celles quelles percevaient avant le transfert et, dautre part, pour profiter pleinement de la marge fiscale libérée à leur intention et cela, en veillant à ce que limpôt total des contribuables ne change pas. Pour reprendre notre exemple, supposons que taux de limpôt provincial sur le revenu des particuliers était de 30,5 p. 100 de limpôt fédéral de base avant le transfert des points dimpôt. Avant le transfert, le contribuable qui payait 1 000 $ dimpôt fédéral sur le revenu payait 305 $ dimpôt provincial sur le revenu, ce qui donne un total de 1 305 $. Après transfert des points dimpôt, le taux dimposition provincial pourrait passer de 30,5 p. 100 à 43,6 p. 100 sans alourdir le fardeau fiscal total du contribuable. Le tableau 2 indique les taux provinciaux dimpôt sur le revenu avant le transfert de points dimpôts de 1976 et après le transfert de points dimpôt pour 1977 et 1996. La colonne « Équivalent » indique le taux dimposition provincial qui permet à la province dexploiter pleinement le transfert des points dimpôt. Comme on peut le constater, toutes les provinces ont augmenté leur taux dimposition en conséquence. Deux provinces, Terre-Neuve et la Saskatchewan, ont haussé leurs taux au-delà de ce qui était nécessaire pour se prévaloir de la nouvelle marge fiscale. Au fil des ans, beaucoup de provinces ont augmenté sensiblement le taux de leur impôt sur le revenu des particuliers, peut-être pour compenser le plafonnement du taux de croissance des paiements de transfert fédéraux. TABLEAU 2
Source : Pour les première, deuxième et troisième colonnes, voir George E. Carter, « Financing Health and Post-Secondary Education: A New and Complex Fiscal Arrangement », dans Canadian Tax Journal, sept.-oct. 1977, vol. 25, no 5, p. 542; la quatrième colonne est tirée du site Web de KPMG International, à la rubrique Tax Facts ? Canada. Pour les fins du TCSPS, la valeur des points dimpôt transférés aux provinces est calculée en fonction de limpôt fédéral de base ainsi réduit. Comme nous lavons dit précédemment, le gouvernement fédéral a renoncé à 13,5 points dIRP, ce qui, en pourcentage de la nouvelle assiette, représente 14,85851 points dIRP ou 13,5/(1 - 0,09143). Cest le taux qui sert à calculer les points dimpôt des provinces sous le régime du FPÉ et sous celui du TCSPS(10). Une fois la valeur des points dimpôt déterminée, on applique la formule de péréquation. Pour lexercice 1996-1997, le ministère des Finances a estimé que les recettes tirées de lIRP et de lIS au Canada sélèveraient à 69,4 milliards de dollars et 64,7 milliards de dollars respectivement. La valeur des transferts dimpôt aux termes du TCSPS serait donc de 11,8 milliards de dollars ou (69,4*0,1485851)+(64,7*0,01)+0,8 milliards en paiements de péréquation associés(11). La valeur des transferts de points dimpôt après péréquation est ensuite déduite des transferts totaux auxquels les provinces ont droit et la différence est versée sous la forme dun transfert pécuniaire(12). Comme elle représente un pourcentage fixe des recettes fiscales fédérales, la valeur des transferts de points dimpôt dépend du montant des recettes fédérales tirées de limpôt sur le revenu. En période de croissance économique, lorsque, normalement, les recettes fiscales augmentent, la valeur des points dimpôt va elle aussi augmenter. À linverse, une faible croissance économique a pour effet de réduire les recettes fiscales fédérales et donc la valeur des transferts de points dimpôt aux provinces. De la même manière, toute expansion (réduction) de lassiette de limpôt fédéral sur le revenu ou toute augmentation (diminution) des taux dimposition fédéraux aurait pour effet de relever (réduire) la valeur des points dimpôt. ÉVOLUTION DES TRANSFERTS PÉCUNIAIRES ET
DES TRANSFERTS FISCAUX Le tableau 3 contient des données détaillées sur les transferts pécuniaires et les transferts fiscaux aux provinces sous le régime du TCSPS. La Loi sur les arrangements fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces détermine le montant total du TCSPS : il sélève à 26,9 milliards de dollars en 1996-1997 et 25,1 milliards pour la période allant de 1997-1998 à 1999-2000. Par la suite, et jusquen 2002-2003, le montant total du TCSPS sera révisé en fonction dun pourcentage du taux de croissance du PIB. À la suite de ladoption de cette loi, les transferts totaux effectués par le truchement du TCSPS vont considérablement diminuer; de 1995-1996 à 1996-1997, ils ont décru de près de trois milliards de dollars et la réduction totalisera 4,5 milliards de dollars entre 1995-1996 et 1999-2000. La valeur des points dimpôt transférés aux provinces, qui varie en proportion des recettes fiscales tirées de limpôt sur le revenu, devrait progresser avec constance de 1996-1997 à 2002-2003. En conséquence, le transfert pécuniaire, qui représente la différence entre le TCSPS total et la valeur des points dimpôt, devrait diminuer progressivement jusquen 2000-2001. Les transferts pécuniaires diminueront plus vite que les transferts totaux. En 1997-1998, le TCSPS total sera divisé presque également entre les points dimpôt et les transferts pécuniaires. Par la suite, la valeur des points dimpôt dépassera la valeur des transferts pécuniaires.
TABLEAU 3
Nota : Les données pour 1995-1996 correspondent à la somme des transferts aux termes du FPÉ et du RAPC. Source : Ministère des Finances, Développement des ressources humaines Canada et Direction de la recherche parlementaire de la Bibliothèque du Parlement. En bref, leffet de la baisse des transferts totaux sous le régime du TCSPS concernera uniquement le transfert pécuniaire, tandis que laugmentation progressive des transferts totaux qui commencera en 2000-2001 résultera essentiellement de laugmentation de la valeur des points dimpôt. La valeur des points dimpôt augmente, de sorte que ceux-ci représenteront une proportion de plus en plus grande des transferts fédéraux totaux aux provinces. Cependant, les avis sont partagés sur la question de savoir si le transfert de points dimpôt est vraiment une contribution fédérale. Les provinces voient dans le transfert de points dimpôt un transfert ponctuel permanent, tandis que le gouvernement fédéral continue de les compter comme une contribution continuelle aux coffres des provinces. Le gouvernement fédéral soutient que la valeur croissante des points dimpôt transférés fait partie des arrangements fiscaux originels et doit donc être considérée comme faisant partie intégrante des transferts fédéraux. Il affirme aussi que « les transferts en espèces et en points dimpôt sont analogues dans la mesure où il sagit dans les deux cas dun coût pour le Trésor fédéral et dun apport aux recettes provinciales »(13). De même, certains analystes sont davis quil « était entendu dès le départ que la valeur des points dimpôt sur le revenu finirait par augmenter plus rapidement que le montant total des paiements de transfert et que la partie pécuniaire diminuerait progressivement »(14). Ils disent aussi que « si la baisse des versements pécuniaires peut irriter certaines provinces, elle est le résultat du fonctionnement correct de la formule intégrée dans les calculs du FPÉ et du TCSPS et non dun retrait au niveau de la politique fédérale »(15). Il faut admettre cependant que les transferts pécuniaires ont diminué bien plus que ce nétait prévu initialement à la suite de changements apportés unilatéralement par le gouvernement fédéral. Dautres experts en revanche sont davis que, lorsque le gouvernement prétend quil « donne » aux provinces ces recettes fiscales, ce ne sont que des mots, car la perception de ces impôts est laissée aux provinces. Selon eux, les points dimpôts concédés aux provinces sont maintenant une source de revenus appartenant en propre aux provinces et dont elles peuvent faire absolument ce quelles veulent(16). Dautres experts sont davis que de considérer que les transferts de points dimpôt font partie intégrante du transfert fédéral risque daboutir à des « interprétations trompeuses » : cela permettrait au gouvernement fédéral, premièrement, de surestimer sa contribution aux provinces à lappui de léducation postsecondaire, de la santé et des programmes sociaux et, deuxièmement, de sous-estimer le pourcentage que représentent les réductions des montants quil accorde aux provinces(17). Dautres encore assimilent le transfert fiscal à un transfert « théorique » servant au calcul du TCSPS puisquil ne sagit pas dun véritable transfert dargent. Ils estiment aussi que, du fait que la concession dune marge fiscale visait initialement à indemniser les provinces pour la disparition de subventions fédérales, seul le transfert pécuniaire conserve son identité fédérale(18). Il est intéressant de noter quon disait déjà il y a vingt ans que, « une fois que la valeur des points dimpôt soumis à péréquation dépassera la valeur de la subvention pécuniaire dans toutes les provinces, le lien actuel entre le transfert fiscal et un secteur donné des dépenses provinciales disparaîtra »(19). Il a été proposé récemment de transférer davantage de points dimpôt aux provinces. Cela aurait pour effet de réduire limpôt fédéral de base et de limiter le pouvoir du gouvernement central dimposer des normes nationales dans le secteur de la santé ou de fixer dautres conditions relativement aux programmes sociaux. Au demeurant, le gouvernement fédéral a dit quil ne pouvait pas consentir une plus grande marge fiscale aux provinces sans risquer de rater les cibles de réduction du déficit quil sest fixées(20). Un plus important transfert fiscal conférerait une plus grande souplesse aux provinces, qui auraient ainsi une plus grande latitude dans lorganisation et la prestation des soins médicaux et des services sociaux. Le transfert de plus de points dimpôt aurait aussi pour effet de protéger les provinces contre les compressions budgétaires unilatérales du gouvernement fédéral. Cependant, si lon a recours à un élargissement de la marge fiscale pour transférer des fonds aux provinces, les provinces finiront par établir en toute liberté leurs taux et leurs assiettes fiscales, ce qui entraînerait une fragmentation des assiettes fiscales actuellement uniformes. En outre, étant donné que la valeur des points dimpôts est moindre dans les provinces pauvres, celles-ci pourraient avoir du mal à préserver le niveau des services. Loctroi dune plus grande marge fiscale aux provinces risque de faire disparaître laspect redistributif des accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces. Thomas J. Courchene propose quon supprime complètement les points dimpôt du calcul du TCSPS et que le gouvernement ne verse aux provinces quune contribution uniforme par habitant(21). À son avis, en procédant ainsi, on garantirait que les transferts pécuniaires ne tomberont pas à zéro, ce qui aurait pour effet de préserver le rôle du gouvernement fédéral dans létablissement et le maintien de normes nationales, et permettrait aux gouvernements provinciaux de compter sur une contribution régulière. Cette proposition ne pourrait être mise en oeuvre que si le gouvernement fédéral acceptait de renoncer à récupérer les coûts quil a assumés lors du premier transfert de points dimpôt aux provinces. Par le TCSPS, le gouvernement fédéral accorde aux provinces à la fois des transferts pécuniaires et des transferts fiscaux. Les transferts fiscaux ne sont pas nouveaux. En fait, il existe depuis longtemps au Canada des programmes de contributions fédérales qui comportent à la fois un élément fiscal et un élément pécuniaire. Le transfert de points dimpôt est un élément important des accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces. Le calcul de la valeur des points dimpôt est assez complexe, mais la principale caractéristique du transfert de points dimpôt réside dans sa neutralité sur le plan du fardeau fiscal total des contribuables. Lobjet du transfert de points dimpôt aux provinces consiste à donner aux provinces une plus grande marge fiscale en réduisant le taux de limpôt fédéral sur le revenu et en autorisant les provinces à augmenter en conséquence leurs propres recettes fiscales. Le gouvernement fédéral estime que la réduction de ses recettes qui en résulte doit être prise en considération dans le calcul des paiements de transfert sous le régime du TCSPS. Pour leur part, les provinces sont davis que les transferts fiscaux font partie de leurs propres recettes et que seul le transfert pécuniaire est une contribution fédérale. Sous le régime du TCSPS, la valeur des transferts pécuniaires et fiscaux (12,5 et 12,6 milliards de dollars respectivement) est presque égale. On sattend cependant que la valeur des transferts fiscaux dépassera bientôt celle des transferts pécuniaires. Le gouvernement fédéral risque davoir de plus en plus de mal à refléter son véritable engagement dans les domaines de la santé, de léducation postsecondaire et de laide sociale avec une contribution pécuniaire relativement plus petite. Banting, Keith et Robin Boadway. Mémoire au Comité permanent des finances, 9 mai 1995, p.10 Boadway, Robin. Le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux. Mémoire présenté au Comité permanent des finances de la Chambre des communes, 1995, 7 p. Boadway, Robin W., Intergovernmental Transfers in Canada. Association canadienne détudes fiscales, 1980, 93 p. Boothe, Paul et Barbara Johnston. « Stealing the Emperors Clothes: Deficit Offloading and National Standards in Health Care ». Commentary. Institut C.D. Howe, no 41, mars 1993, 12 p. Canada, Ministère des Finances, Division des relations fédérales-provinciales. Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, Deuxième estimation : 1996-1997. Gouvernement du Canada, 9 octobre 1996. Canada, Ministère des Finances. Cahier de breffage : Budget 1996. 6 mars 1996, p. 49-68. Canada, Ministère des Finances. Transferts fédéraux aux provinces. Mai 1990. Carter, George E. « Established Programs Financing: A Critical Review of the Record ». Canadian Tax Journal, vol. 36, no 5, septembre-octobre 1988, p. 1225-1243. Carter, George E. « Financing Health and Post-Secondary Education : A New and Complex Fiscal Arrangement ». Canadian Tax Journal, vol. 25, no 5, septembre-octobre 1977, p. 534-550. Courchene, Thomas J. Redistributing Money and Power ? A Guide to the Canada Health and Social Transfer. Observation 39. Toronto, Institut C.D. Howe, 1995, 122 p. Courchene, Thomas J. Social Canada in the Millenium ? Reform Imperatives and Restructuring Principles. Toronto, Institut C.D. Howe, 1994, 368 p. Hobson, Paul A. R. et France St-Hilaire. Reforming Federal-Provincial Fiscal Arrangements ? Towards Sustainable Federalism. Montréal, Institut de recherches sociales, 1993, 82 p. KPMG International, site Web, à la rubrique TaxFacts ? Canada. Robinson, T. Russell. « Canadian Fiscal Arrangements in the 1990: A Federalists Perspective ». Options politiques, vol. 14, décembre 1993, p. 49-53. Strick, J.C. Chapitre 7: « Federal/Provincial Fiscal Relations: Historical Development ». Canadian Public Finances ? Fourth Edition. Toronto, 1992, p. 148-168. Trésorier de lOntario. Budget de lOntario de 1977. Document budgétaire B. 19 avril 1977, 20 p. (1) Il sagit des recettes que le gouvernement fédéral tire de limpôt sur le revenu. Labattement dimpôt figure sur le formulaire fédéral de déclaration de revenus sous la forme dune réduction précisée (exprimée en pourcentage de limpôt fédéral à payer). (2) Les informations figurant dans cette section sont tirées des documents suivants : T. J. Courchene, « Historical Annex on the Quebec Abatement », dans Redistributing Money and Power A Guide to the Canada Health and Social Transfer, Observation 39, Toronto, Institut C.D. Howe, 1995; P.A.R. Hobson et F. St-Hilaire, chapitre 3, « EPF and the Devolution of Tax Room », dans Reforming Federal-Provincial Fiscal Arrangements Towards Sustainable Federalism, Montréal, Institut de recherches sociales, 1993; J.C. Strick, chapitre 7, « Federal-Provincial Fiscal Relations: Historical Development », dans Canadian Public Finance Fourth Edition, Toronto, 1992; Robin W. Boadway, Chapitre 2, « The Existing Structure of Intergovernmental Transfers in Canada », dans Intergovernmental Transfers in Canada, Association canadienne détudes fiscales, 1980, p. 4-40. (3) En 1940, toutes les provinces imposaient le revenu des particuliers et les bénéfices des sociétés. (4) Selon Strick, « la location était politiquement intéressante pour les provinces, car elle leur permettait de bénéficier des recettes dimpôts impopulaires sans en porter la responsabilité ». Dans Canadian Public Finance Fourth Edition (1992), p. 155 (traduction). (5) Ce système de perception de limpôt demeure. Aux termes de lentente, lassiette fiscale des provinces (le Québec excepté) correspond à limpôt fédéral de base. (6) Le Québec a toujours affirmé que, en octroyant des transferts pour des fins spécifiques, le gouvernement fédéral singère dans des domaines qui relèvent essentiellement des provinces. (7) Le Québec administrait déjà un programme analogue et souhaitait le conserver. Le gouvernement fédéral a accepté de donner à la province un abattement dimpôt au lieu dune contribution pécuniaire spécifique. (8) Les autres abattements consentis au Québec, à savoir labattement dimpôt de cinq points pour le RAPC et les trois points dIRP pour lallocation aux jeunes, sont demeurés inchangés. (9) Les 16,5 points dabattement spéciaux consentis au Québec 8,5 points pour le FPÉ, cinq points pour le RAPC et trois points pour lallocation aux jeunes figurent sur la déclaration de revenus fédérale des contribuables québécois sous la forme dune réduction spécifiée de 16,5 p. 100 de limpôt fédéral à payer. (10) Voir Division des relations fédérales-provinciales, Ministère des Finances, Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, Deuxième estimation, 1996-1997, Gouvernement du Canada, 9 octobre 1996. (11) Ibid. (12) Les transferts de points dimpôt soumis à péréquation sous le régime du TCSPS ne reflètent pas la valeur courante de ces points dimpôt pour les provinces mais bien le coût de ce transfert pour le gouvernement fédéral. (13) Ministère des Finances, Transferts fédéraux aux provinces, Gouvernement du Canada, mai 1990, p. 2. (14) Voir par exemple T. Russell Robinson, « Canadian Fiscal Arrangements in the 1990s: A Federalists Perspective », Options politiques, vol. 14, décembre 1993, p. 51 (traduction). (15) Ibid., p. 52 (traduction). (16) Boothe et B. Johnston, « Stealing the Emperors Clothes: Deficit Offloading and National Standards in Health Care », Commentary, Institut C.D. Howe, no 41, mars 1993, p. 4; Keith Banting et Robin Boadway, Mémoire au Comité permanent des finances, 9 mai 1995, p. 5-6. (17) Robin Boadway, Le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux, mémoire présenté au Comité permanent des finances de la Chambre des communes, 1995, p. 3. (18) George E. Carter, « Established Programs Financing: A Critical Review of the Record », Canadian Tax Journal, vol. 36, no 5, septembre-octobre 1988; Thomas J. Courchene, Social Canada in the Millenium Reform Imperatives and Restructuring Principles, Institut C.D. Howe, 1994, p. 112-115. (19) George E. Carter, « Financing Health and Post-Secondary Education: A New and Complex Fiscal Arrangement », Canadian Tax Journal, vol. 25, septembre-octobre 1977, p. 547 (traduction). (20) Canada, Ministère des Finances, Cahier de breffage : Budget 1996, 6 mars 1996, p. 68. (21) Courchene (1994), p. 102-103. |