BP-229F
LE LOGEMENT :
Rédaction
:
TABLE
DES MATIÈRES A. La situation de 1941 à 1991 B. Les politiques en matière de logement 1986-1993 LA POLITIQUE DU LOGEMENT À LÉTRANGER C. Létude du Congressional Budget Office D. Le groupe de travail national sur le logement (États-Unis) E. La proposition du gouvernement Bush en matière de logement INITIATIVES DANS LE DOMAINE DU LOGEMENT DEPUIS 1985
ANNEXE
I : POLITIQUE FÉDÉRALE ACTUELLE ANNEXE
II : MÉTHODE EMPLOYÉ PAR LE CCDS POUR ÉVALUER ANNEXE III : INDICE DES PRIX, 1987-1996
LE LOGEMENT : Il y a presque 10 millions dhabitations au Canada, dont plus de 63 p. 100 sont occupées par leurs propriétaires. La construction annuelle, de lordre de 150 000 unités(1), équivaut à tout juste un peu plus de 1,5 p. 100 du parc de logements. Quoique, dans la plupart des cas, le logement soit du domaine privé, le gouvernement intervient activement à tous les niveaux de diverses façons, par exemple, par ladoption de codes du bâtiment et de règlements de zonage, par loctroi de stimulants financiers ainsi que par la participation et ladministration directes. En outre, les politiques fédérales générales comme la politique monétaire et la réglementation fiscale ont une incidence significative à la fois sur loffre et sur la demande dans le marché du logement. Le tableau 1 montre que par rapport à celui dautres pays de lOCDE, le degré dintervention de lÉtat au Canada est élevé dans le domaine de laide et faible dans ceux du contrôle du crédit, des prêts de lÉtat de la construction. Les secteurs jugés prioritaires dans les politiques du logement ont beaucoup varié tant en fonction des théories des analystes que selon les ressources disponibles. Après la Seconde Guerre mondiale, on sest essentiellement préoccupé des soldats revenant au pays. En 1946, la société centrale dhypothèques et de logement (SCHL) (appelée maintenant Société canadienne dhypothèques et de logement) a été créée pour administrer la Loi nationale sur lhabitation (LNH) de 1944. Elle accordait des prêts au logement et intervenait dans la construction de logements publics. Vers le milieu des années 50, la SCHL avait remplacé les prêts directs par le Programme dassurance-prêts hypothécaire, ce qui a permis le développement dun marché hypothécaire privé au Canada. Tableau 1
Légende : E = Élevé; M = Moyen; F = Faible Source : Groupe de lOCDE chargé du projet sur le financement du logement en milieu urbain, Rapport de synthèse des notes de position nationale (1988). Pour régler lun des principaux problèmes des années 60, à savoir le manque de terrains viabilisés, les gouvernements ont consenti des prêts aux municipalités pour le développement des infrastructures locales (Programme dinfrastructures municipales de 1960). Au cours de cette décennie, le gouvernement fédéral sest également servi du secteur du logement pour combattre le chômage saisonnier au moyen de son Programme dincitation à la construction en hiver. Enfin, dimportantes ressources publiques ont aussi été consacrées à la rénovation urbaine. Au début des années 70, cest laugmentation du coût du logement dans les centres urbains en croissance rapide et laccès des groupes à faible revenu au logement urbain qui avait commencé à retenir lattention. À cette question, qui est toujours au premier plan, se greffe aujourdhui toute une gamme dautres problèmes comme la conservation de lénergie, les besoins des groupes spéciaux et le phénomène des sans-abri. Durant les années 80 et 90, les préoccupations déquilibre budgétaire et de dette publique ont contraint les gouvernements fédéral et provinciaux à réexaminer bon nombre des idées reçues de lÉtat providence de laprès-guerre et à ajuster en conséquence les programmes de dépenses. Déjà, les programmes de logement uniformes et universels ont été progressivement remplacés par des mesures plus circonscrites, mieux adaptées aux circonstances des bénéficiaires et plus soucieuses defficacité et déquité. Pendant tout ce temps, lobjectif de la politique fédérale est toutefois resté constant : établir une politique de logement qui permette à tous les Canadiens davoir un abri convenable et adéquat, à un prix abordable. Le problème est que les termes « permette », « convenable », « adéquat » et « à prix abordable » font tous lobjet dinterprétations très diverses. Dans le présent document, nous examinons les politiques et les problèmes actuels en matière de logement au Canada ainsi que les nouvelles possibilités de solutions fondées sur les expériences réalisées dans dautres pays et sur les conseils de divers groupes de défense. Nous examinons également linterprétation actuelle de termes comme « accessibilité ». A. La situation de 1941 à 1991 Le tableau 2 montre combien les conditions de logement ont changé entre 1941 et 1991. À partir de 1941, de nombreux facteurs comme lexplosion demographique daprès-guerre, le fort volume dimmigration, la longévité accrue, laugmentation du revenu réel, le désir de chacun davoir son propre logement et lexode de la population vers les zones urbaines, particulièrement dans le centre du Canada et en Colombie-Britannique, ont abouti à une amélioration de la qualité des logements (occupés par leurs propriétaires aussi bien que loués) et à une augmentation de leur nombre, essentiellement dans le cadre des marchés privés. Toute une gamme de politiques gouvernementales sans lien explicite avec le logement, comme les programmes de soutien du revenu pour les personnes âgées et les chômeurs, ont permis à des ménages à faible revenu de consacrer une plus grande part de leur revenu au logement. Les politiques du logement du gouvernement fédéral ont également joué un rôle significatif dans lévolution de la situation du logement daprès-guerre. Les politiques étaient axées sur deux points essentiels, à savoir le manque defficacité du marché du logement, qui empêchait le marché privé de fournir un nombre « adéquat » de logements, et les grands principes : droits fondamentaux de la personne, justice sociale et redistribution. Pour répondre au premier problème, priorité a été donnée au financement hypothécaire. Pour résoudre le second, des politiques de subventions de logements à loyer modique et daide aux propriétaires à faible revenu ont été mises en place. Tableau 2
Sources : Données des recensements du Canada de 1941 et de 1991. Les astérisques indiquent les données tirées de léquipement ménager de 1996 (No du catalogue : 64-202 XPB). B. Les politiques en matière de logement 1986-1993 En 1986, le gouvernement a publié une étude complète des programmes de logement existants. Le Groupe détude sur les programmes de logement rattaché au Groupe de travail Nielsen a examiné lefficacité de divers programmes et leur bénéficiaires et fait ressortir les lacunes et les omissions. Il a conclu que les programmes de logements sociaux portaient plus sur la production de nouvelles unités que sur lutilisation du parc existant. Pourtant, et cest là le principal problème, les logements existants ne sont pas à la portée des ménages à faible revenu. De plus, le groupe de travail a constaté que le programme de logement social était une forme dassistance coûteuse entraînant des engagements à long terme et laissant peu de place aux initiatives nouvelles. En 1986-1987, par exemple, les dépenses consacrées au logement social se chiffraient à environ 1,3 milliard de dollars, dont 95 p. 100 correspondaient à des activités dannées antérieures. Même si toutes les nouvelles activités de logement social avaient pris fin le 1er janvier 1986, les dépenses budgétaires de 1986-1987 seraient restées de lordre de 1,225 milliard de dollars. Le groupe en a conclu que laide accordée dans le cadre du programme nallait pas à ceux qui en avaient le plus besoin. Il a donc recommandé lélimination du Programme de logement coopératif et sans but lucratif (Loi nationale sur lhabitation, par. 56.1) et son remplacement par dautres solutions plus rentables, comme un recours accru à un programme de supplément de loyer, une aide à la remise en état des logements pour les plus nécessiteux et une aide complètement ciblée pour des ensembles résidentiels de taille réduite. Le Groupe de travail a également recommandé le maintien dun régime public dassurance-prêts hypothécaires et une participation fédérale accrue en ce qui concerne la recherche et la qualité des logements. Compte tenu des déficits budgétaires persistants et du gonflement de la dette publique qui existaient vers la fin des années 80, les autorités federales et provinciales ont été forcées de reviser à fond lensemble de leurs programmes de dépenses. Dans son budget du 20 février 1990, le ministre des Finances a fait savoir que les crédits pour les nouveaux engagements seraient de 90 millions de dollars en 1990-1991 et de 86 millions de dollars en 1991-1992, soit 15 p. 100 de moins que prévu. Ces mesures faisaient partie du plan de contrôle des dépenses du gouvernement. En 1993, le gouvernement fédéral a annoncé dans son discours du budget(2) un plafonnement dans le financement du logement social à deux milliards de dollars par année. Tout nouvel engagement serait financé à partir des économies dégagées par les nouvelles efficacités dans le financement et la livraison de logements sociaux. Trois ans plus tard le gouvernement fédéral a annoncé(3) quà lexception des programmes pour autochtones dans les réserves et autres initiatives temporaires, quil se retirerait progressivement du champ du logement social. En contrepartie, le gouvernement fédéral était prêt à offrir aux provinces et aux territoires loccasion dassumer les responsabilités associés à la gestion du parc de logement social à la condition que les subventions fédérales versés au stock existant continuent dêtre ciblées vers les ménages à faible revenu. Dans une rétrospective établie en 1987, la SCHL a conclu que les stratégies nationales nétaient pas toujours appropriées et indiqué que les politiques et les programmes devraient être adaptés aux conditions locales particulières du logement, qui ne sont pas uniformes dans tout le pays(4). Une deuxième leçon a été tirée de lexpérience daprès-guerre : les politiques destinées à « résoudre » les problèmes de logement sont extrêmement coûteuses. Par exemple, lorsque quelquun passe dun logement familial partagé à un logement public subventionné, le coût du logement assumé auparavant par la famille est payé par le gouvernement. Les politiques encourageant une vie « indépendante » peuvent donc grever lourdement le budget de lÉtat. Quant à savoir si les logements sont adéquats, il ny a pas de réponses objectives cest une question relative qui doit être étudiée en fonction dobjectifs précis. En 1985, la SCHL a conclu, après étude, que 700 000 ménages avaient des problèmes de logement(5). Pour obtenir un logement convenable (avec les commodités de base) et non surpeuplé (pas plus dune personne par pièce), ces ménages devaient y consacrer plus de 30 p. 100 de leur revenu. Vingt pour cent dentre eux occupaient des logements « inférieurs à la norme » (sans les commodités de base comme leau courante); 500 000 étaient locataires et, parmi les 200 000 propriétaires, 150 000 se trouvaient en zone rurale. Il est possible de faire varier ces chiffres considérablement, simplement en modifiant la définition du surpeuplement, le seuil du revenu consacré au logement ou les limites géographiques du marché du logement. Par exemple, à revenu égal, le ménage de Toronto pourrait être classé parmi les « nécessiteux », alors quà Belleville, il serait considéré « sans problème ». Une autre question normative est celle de lintégration sociale de groupes de revenu, dâge, etc. différents. Des efforts en ce sens ont tantôt semé la discorde, tantôt exigé de grosses dépenses. Selon les conclusions de létude de 1987 de la SCHL, il ny a « étonnamment peu de preuves de la mesure dans laquelle les politiques actuelles dintégration sociale produisent effectivement des bénéfices de ce genre », comme une plus grande justice sociale, la compassion, etc. (p. 19). Enfin, compte tenu des ressources limitées, le gouvernement est revenu à la politique du « ciblage », les subventions étant réservées aux nécessiteux, ce qui risque de freiner lintégration sociale puisque les ménages non nécessiteux ne reçoivent plus de subventions pour habiter dans des ensembles résidentiels mixtes. LA POLITIQUE DU LOGEMENT À LÉTRANGER Vers la fin des années 80, les Nations Unies (ONU), lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Congressional Budget Office des États-Unis, ainsi quun groupe de travail américain sur le logement, ont publié des rapports traitant de questions applicables au contexte canadien. En outre, le gouvernement Bush a soumis au Congrès une nouvelle proposition en matière de logement. A. Létude des Nations Unies(6) Selon cette étude, à la fin de la dernière décennie, les politiques de logement retenaient de plus en plus lattention dans tous les pays industrialisés, les pouvoirs publics se montrant soucieux déconomie et dune utilisation judicieuse de leurs fonds. De nombreuses distorsions liées aux diverses politiques gouvernementales ont été relevées dans les marchés du logement. Par exemple, laide aux propriétaires est régressive et encourage chez les riches une surconsommation du logement. Le contrôle des loyers a éloigné les investisseurs des marchés locatifs, diminué la mobilité des ménages logés dans des ensembles contrôlés et généralement avantagé ceux qui ne sont pas assez pauvres pour avoir besoin de subventions au logement. Dans la plupart des pays, les nouveaux investissements dans les logements publics ont été limités par les compressions budgétaires et par le fait que, dans certains États, on doute de plus en plus que ces logements répondent aux besoins des groupes à faible revenu. Enfin, les suppléments de loyer ou allocations de logement ont gagné en popularité car ils sont plus faciles à cibler et plus rentables que les autres programmes. Daprès létude, la Nouvelle-Zélande est le pays qui sest lancé au milieu des années 80 « dans ce qui est probablement la réforme de la politique du logement la plus profonde et la plus ambitieuse jamais entreprise dans les pays développés à économie de marché depuis le début de la décennie » (p. 60). En quelques mots, disons que les réformes du logement entreprises ont permis dapparier laide aux besoins et dassurer la neutralité de la politique de logement par rapport au mode doccupation. La réglementation des loyers a été abolie et la déductibilité des intérêts hypothécaires, totalement supprimée; ces mesures ont été remplacées par de laide financière directe qui varie selon le revenu et qui est allouée aux propriétaires et aux locataires à faible revenu. Ces réformes, associées à laugmentation des crédits affectés à la construction de logements sociaux, à loctroi de prêts à faible taux dintérêt aux acheteurs à faible revenu et à un taux marginal de limpôt sur le revenu denviron 30 p. 100 (le plus faible des taux de tous les pays développés à économie de marché) ont fait de laccessibilité le point central de la politique de logement néo-zélandaise. Létude de lOCDE portait sur le financement du logement en milieu urbain, plus particulièrement sur les mesures prises en faveur des propriétaires-occupants, sur les organismes et instruments de financement des prêts au logement, sur les mesures prises en faveur du secteur locatif et sur les programmes de réinvestissement dans le logement. La plupart des pays voient dun oeil favorable laccession à la propriété et certains, comme le Royaume-Uni, par exemple, encouragent activement son accroissement, alors que dautres, comme le Canada, sont plus neutres dans le traitement réservé aux modes doccupation. Diverses politiques qui influent sur le choix du mode doccupation sont utilisées, par exemple : i) les prêts à faible taux dintérêt (Japon, Allemagne, Nouvelle-Zélande, Suède); ii) la fiscalité des dépenses liées aux charges hypothécaires et au revenu imputé (voir tableau 3 ci-après), à la fortune et aux plus-values (exonérées dimpôt dans pratiquement tous les pays), aux impôts fonciers (souvent allégés ou supprimés) et aux taxes sur les ventes (réduites à des degrés divers), ainsi que ladoption de programmes relatifs au revenu dépargne (tels lancien Régime enregistré dépargne-logement au Canada). Après avoir examiné lefficience et léquité de ces politiques, le groupe détude a conclu que laide devrait être beaucoup plus sélective et mieux ciblée. Dans de nombreux pays, les premiers bénéficiaires des politiques sont les propriétaires-occupants de longue date, qui sont relativement aisés. Il serait plus efficace de viser les ménages à faible revenu, les acheteurs dune première maison, les personnes qui ont des besoins particuliers et ceux qui remettent en état des logements inférieurs aux normes. Il faut toujours tenir compte de deux facteurs qui compliquent la situation : dune part, que le revenu actuel nest pas nécessairement représentatif de la capacité de payer tout au long de la vie (c.-à-d., que laide devrait être fonction du revenu à long terme) et, dautre part, que les subventions au logement en rapport avec le revenu doivent être coordonnées avec laide indépendante du revenu afin déviter que ne se crée un piège de la pauvreté (c-à-d., que les mesures prises ne devraient pas décourager les ménages de renoncer à laide gouvernementale). Tableau 3
Groupe A : Pays où le revenu locatif imputé est taxé et où les intérêts demprunts son déductibles de limpôt. Groupe B : Pays où le revenu locatif imputé nest pas taxé et où les intérêts demprunts ou les frais de logement sont déductibles de limpôt. Groupe C : Pays où le revenu locatif imputé nest pas taxé et où les intérêts demprunts sont déductibles de limpôt. Source : Groupe de lOCDE chargé du projet sur le financement du logement en milieu urbain, Notes de position nationales (1988). En ce qui concerne le financement des prêts au logement, le marché hypothécaire a fait lobjet de fortes pressions au cours des deux dernières décennies, particulièrement en raison de linflation et de linstabilité des taux dintérêt. Il a réagi en exigeant un premier versement plus élevé, ce qui imposé une charge très lourde aux acheteurs dune première maison. Les organismes de crédit ont en outre adopté des hypothèques à taux variable, soit des prêts à long terme pour lesquels le taux dintérêt varie pendant la durée du contrat, ce qui peut poser des problèmes de paiement pour les ménages à faible revenu. Cette évolution institutionnelle, associée à laccroissement rapide des seconds marchés des prêts hypothécaires (titres hypothécaires) aux États-Unis et au Canada, a rendu le marché intéressant pour les investisseurs disposant de fonds à prêter, mais entraîné une hausse des coûts de financement du logement. Le secteur locatif reste important dans tous les pays de lOCDE (en fait, il est même plus important que celui des logements occupés par leurs propriétaires en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Suède). Le Groupe détude de lOCDE a examiné des critiques selon lesquelles le contrôle des loyers décourage linvestissement dans le secteur locatif, entraîne une mauvaise affectation des ressources de logement, suscite des inégalités et comporte des coûts administratifs excessifs. Dans son rapport, il insiste sur le fait que le contrôle des loyers nest pas la seule cause de tous ces problèmes. Ce nest quun facteur parmi dautres comme le développement dautres possibilités dinvestissement offertes aux petits épargnants qui auraient, naguère, très probablement investi dans le logement, le régime fiscal relativement défavorable dont souffre linvestissement locatif dans certains pays, ainsi que la croissance de la demande dans les domaines de laccession à la propriété et au logement social. Le groupe recommande donc une déréglementation progressive associée à un régime dallocations en fonction du revenu de la taille du ménage. Aux États-Unis, les allocations ou bons de logement prennent une importance de plus en plus grande par rapport aux autres formes daide. En dernier lieu, le Groupe de lOCDE a abordé les stratégies de réinvestissement dans le logement. Selon lui, la qualité du parc de logements existants doit être maintenue ou améliorée, et des dépenses consacrées à lentretien, la rénovation, la remise à neuf, la modernisation et la rénovation urbaine. Des politiques de ce genre sont souvent un moyen efficace et économique de répondre aux besoins de logement de bonne qualité dans des zones délabrées, où le coût de la reconstruction est prohibitif. Le contrôle des loyers est lun des facteurs qui a contribué à laccélération du rythme de dégradation, puisquil a réduit le taux de rentabilité pour les propriétaires. Dans de nombreux pays (Australie, Canada, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Japon et Suède), des prêts en faveur du réinvestissement dans les logements sont offerts à un taux inférieur à celui du marché. Dans de nombreux cas, laide sous forme de prêts saccompagne de subventions (France et Royaume-Uni, par exemple). Les dépenses fiscales son également utilisées dans certains pays où, par exemple, les dépenses de réinvestissement sont déductibles. Lorsque les problèmes de logements ne répondant plus aux normes dhabitabilité sont plus vastes, certains pays (par ex., le Portugal et les Pays-Bas) font lacquisition dîlots de logement en vue dassurer lorganisation et le montage de lopération de réinvestissement proprement dite. Cette formule est toutefois relativement coûteuse, tout comme létaient les anciens programmes de rénovation urbaine maintenant abandonnés aux États-Unis et au Canada. C. Létude du Congressional Budget Office(8) Dans son rapport, le Congressional Budget Office a exposé lorientation de laide locative fédérale accordée aux locataires à faible revenu aux États-Unis qui avait cours à la fin des années 80. Deux formules de base étaient utilisées : laide axée sur un projet pouvant porter sur une construction nouvelle ou sur des travaux importants de rénovation, et des subventions aux familles, qui donnaient aux locataires les ressources voulues pour choisir des logements locatifs au sein du parc existant. Les ménages à revenu faible et modéré recevaient également une aide à laccession à la propriété, soit des subventions qui réduisaient leur taux dintérêt hypothécaire réel parfois jusquà 1 p. 100. Cependant, au cours de la dernière décennie, les efforts pour encourager laccession à la propriété ont plutôt diminué, tout comme les programmes locatifs orientés vers la production. À la fin des années 80, laccent a été mis de plus en plus sur les programmes concernant les logements existants et les bons de logement. En outre, le Congrès a régulièrement privilégié laide à la rénovation plutôt quà la nouvelle construction. Au début de 1977, 34 p. 100 de tous les ménages subventionnés bénéficiaient daide à laccession à la propriété; la proportion nétait plus que de 20 p. 100 en 1988. Quant aux subventions locatives, 13 p. 100 des locataires recevaient une aide pour le logement existant en 1977; en 1988, cette proportion était passée à 34 p. 100. De plus, durant la même période, la proportion de locataires bénéficiant de subventions destinées aux ménages est passée de 8 à 22 p. 100. D. Le groupe de travail national sur le logement (États-Unis)(9) Après avoir effectué une étude approfondie des conditions et des politiques en vigueur aux États-Unis, le groupe de travail national a soumis un plan dans le cadre duquel tous les Américains pourraient se prévaloir dun « logement convenable, à prix abordable » dici la fin du siècle. Au cur du plan, où sont exposées dix mesures à prendre, figure un système permettant de stimuler la production locale, la rénovation et la conservation de logements abordables grâce aux efforts concertés du gouvernement fédéral, du gouvernement des États et des administrations locales. Un programme de logement, subventionné par un octroi inconditionnel du gouvernement fédéral doublé en partie par des fonds venant des États et des localités, permettrait de financer chaque année la construction, la rénovation ou lacquisition dun maximum de 200 000 immeubles additionnels pour ménages à faible revenu. Il sagirait avant tout de remettre en état les immeubles existants. Par ailleurs, on a demandé au gouvernement fédéral de fournir une aide locative « adéquate » aux personnes incapables daccéder à la propriété. Le rapport est, en fait, plus un énoncé de principes quune série de propositions concrètes. E. La proposition du gouvernement Bush en matière de logement(10) La proposition du gouvernement Bush en matière de logement (le projet de loi HOPE Home Ownership and Opportunity for People Everywhere) comprenait quatre volets :
Si les acheteurs dunités dhabitation visées par le projet de loi décidaient de vendre par la suite, ils seraient tenus par la loi de revendre les unités à lassociation de locataires responsable du projet, et ce, à un prix égal à la mise de fonds initiale, plus les coûts des améliorations et de linflation. Il serait ainsi possible de vendre les unités à une autre personne à faible revenu. Ce projet de loi a inévitablement fait lobjet de débats et de discussions intenses durant sont étude par le Congrès. Diverses objections ont été soulevées dès le départ à légard du libellé initial : aide insuffisante aux locataires à faible revenu, restrictions injustes relativement à la revente et financement inadéquat. Aussi bien sur le plan pratique que théorique, il na pas encore été prouvé que ce principe de laccession à la propriété par des personnes à faible revenu était viable à longue échéance, sans laide du gouvernement. Jusquici, la discussion a porté sur les politiques générales daide aux propriétaires et aux ménages à faible revenu. Il faut y ajouter une série de questions plus particulières qui surgissent de temps à autre, dont deux, le logement des personnes âgées et la question des sans-abri, seront abordées maintenant en raison du débat public dont elles ne cessent de faire lobjet. Le vieillissement de la population nest pas un phénomène nouveau. Cependant, lattention publique dont il fait lobjet est relativement récente. La société a toujours dû prendre des dispositions en prévision de la vieillesse, mais jusquaux années 50 (et ladoption de la Loi sur la sécurité de la vieillesse et de la Loi sur lassistance-vieillesse), ces mesures relevaient surtout du secteur privé au Canada. À lheure actuelle, un Canadien sur dix a plus de 65 ans; en lan 2030, un Canadien sur cinq fera partie de ce groupe dâge. Il y aura une plus forte pression pour que les services existants, y compris le logement, soient accrus. Chez les « plus âgées » des personnes âgées au Canada (celles de plus de 75 ans), Statistique Canada a constaté une transformation importante dans lorganisation de la vie(11). Depuis 1971, le nombre dhommes et de femmes « très âgées » vivant seuls ou dans des établissements dispensant un certain niveau de garde ou de soins a augmenté très rapidement. La proportion dhommes vivant seuls est passée de 13 p. 100 en 1971 à 17 p. 100 en 1986, alors que pour les femmes, cette proportion est passée de 26 à 38 p. 100 pendant la même période. Depuis 1971, la proportion dhommes vivant dans des établissements est passée de 9 à 12 p. 100, tandis pour les femmes, elle est passée de 14 à 19 p. 100. Selon les prévisions, en lan 2001, 35 p. 100 des personnes de plus de 65 ans vivront seules. Si lon veut préserver lindépendance de ces personnes, if faudra se pencher sur les services qui leur sont offerts comme les soins à domicile, la sécurité, le transport et laide sociale. Le tableau 4 montre la proportion relativement élevée du revenu consacré au logement pour les personnes du troisième âge les plus âgées. Tableau 4
Source : Statistique Canada, Recensement de 1986. Dans une certaine mesure, ces chiffres surestiment le fardeau financier puisquils ne tiennent pas compte des biens financiers et des autres actifs accumulés. En général, les personnes de plus de 65 ans ont plus davoirs de ce genre que les jeunes. Quatre-vingt pour cent des gens de plus de 65 ans sont propriétaires de leur maison, contre 71 p. 100 pour lensemble des familles. De plus, 91 p. 100 des familles âgées qui sont propriétaires nont pas dhypothèque, contre à peine 48 p. 100 de toutes les familles qui sont propriétaires. À lheure actuelle, la SCHL effectue des recherches pour rendre les logements « appropriés et abordables » plus accessibles aux personnes du troisième âge. Le terme « appropriés » désigne les services de santé et les besoins sociaux, tandis que le terme « abordables » indique que de nombreuses personnes âgées pourront satisfaire à leurs besoins de logement sans aide financière extérieure. Les deux tiers des personnes de plus de 65 ans habitent toujours dans des maisons qui leur appartiennent. Différentes formules, par exemple, des hypothèques inversées, des contrats de cession-bail et des prêts à paiement différé, ont été proposées pour que ce capital immobilier puisse être utilisé. En fait, le 8 mars 1990, la Security Life Insurance Co. Ltd. de Toronto a annoncé la mise sur pied de son Security Life Home Equity Plan qui permet aux personnes âgées dutiliser leur maison comme garantie pour emprunter de largent sous forme soit de sommes forfaitaires, soit de versements mensuels, tout en continuant dhabiter chez elles. Les paiements dintérêt saccumulent jusquà la mort de la personne âgée ou à la vente de la propriété. Toute augmentation ou plus-value appartient au propriétaire, et la compagnie garantit le versement dune certaine partie des capitaux à la succession du titulaire. Enfin, seul le produit de la vente de la maison peut être utilisé pour le remboursement dune hypothèque. La Security Life absorbe la perte si la valeur de la maison est insuffisante. Revenu Canada doit décider si les paiements du prêt seront exonérés dimpôt; en Colombie-Britannique, la décision prise à légard dun régime analogue sest faite dans le sens de lexonération. De nouveaux types doccupation, comme la location à vie et des baux à capital partagé, visent à réduire la mise de fonds initiale nécessaire pour accéder à un nouveau logement. Pour les plus démunis, les problèmes des pauvres âgés sont tout à fait les mêmes que ceux des ménages à faible revenu en général, et les politiques appropriées seront souvent identiques. De plus, toute une gamme dautres options a été proposée, parmi lesquelles les logements partagés, les appartements annexes indépendants, les pavillons-jardin (bâtiment distinct construit dans le jardin dun proche parent), les villages de retraite et les établissements de soins à vie. Les questions fondamentales en ce qui concerne les problèmes du logement pour les personnes âgées sont les mêmes que pour les ménages à faible revenu. Sagit-il dun problème de logement ou de revenu? Si le gouvernement juge approprié daccorder une aide au logement, quelle forme devrait prendre cette aide et quelles sont les limites des ressources? Au cours de sa trente-sixième session (1981), lAssemblée générale des Nations Unies a décidé de faire de 1987 lannée internationale du logement pour les sans-abri afin dattirer lattention sur le problème du logement des pauvres dans le monde entier. De 1981 à 1987, plusieurs études ont été effectuées au Canada, aux États-Unis et dans la plupart des autres pays pour regrouper et partager toutes les connaissances nouvelles et existantes sur les problèmes de logement. Deux questions fondamentales se posent en ce qui concerne les sans-abri au Canada :
Malheureusement, il nest pas facile de répondre à ces questions. Comme il ny a pas de définition claire des sans-abri, il est difficile de parvenir à une estimation de leur nombre et des raisons de leur situation que tous acceptent. Une étude du ministère du Logement de lOntario(12), par exemple, définit les sans-abri comme ceux qui vivent dans la rue et ne peuvent trouver de logement permanent à la fois adéquat et abordable. Il est clair quen faisant varier les définitions de « adéquat », « abordable » et « permanent », on peut en arriver à des chiffres très différents. Le 22 janvier 1987, le Conseil canadien de développement social (CCDS) a réalisé une enquête officieuse auprès de 1 000 organismes (foyers, centres daccueil, etc.) dispensant des services à des personnes cherchant un logement temporaire(13). On trouvera, au tableau 5, les données portant sur les 7 751 personnes qui ont logé dans les 283 centres ayant fourni des données pour lenquête. En se fondant sur cette enquête, le CCDS estime quil y avait de 130 000 à 250 000 sans-abri en 1986. À en croire certains, ce chiffre serait égal au nombre total de sans-abri aux États-Unis, un pays dont la population est dix fois celle du Canada. (Voir lannexe II pour les précisions sur la méthode employée par le CCDS.) Les caractéristiques des occupants des centres daccueil temporaires sont très diverses, ce qui implique quune seule politique pour les sans-abri ne suffirait pas à régler tous les problèmes. En fait, le problème à régler nest peut-être pas celui du logement. Des conclusions semblables ont été tirées aux États-Unis. Tableau 5
Source : Nart Ann McLaughlin, Les sans-abri au Canada, Conseil canadien de développement social, 1988, p. 5. Tout comme au Canada, le phénomène des sans-abri a fait lobjet dune attention croissante aux États-Unis. Une étude du General Accounting Office(14) a fait ressortir que plusieurs facteurs sont lorigine du problème : consommateur dalcool et de drogues, augmentation du chômage à la fin des années 70 et au début des années 80, insuffisance des ressources communautaires pour les malades mentaux, accroissement des crises personnelles, compressions dans lassistance publique, et diminution du nombre de logements pour les personnes à faible revenu. Mises à part les caractéristiques des sans-abri, les sociologues sentendent très peu en général sur le rapport entre le fait dêtre sans abri et les marchés du logement (cest-à-dire est-ce que le contrôle des loyers, les faibles taux dinoccupation ou diverses politiques en matière de logement contribuent ou non à létat des sans-abri), sur lampleur du problème ou sur laggravation du problème(15). Que dire de lampleur du problème? Tout comme au Canada, il est très difficile détablir des estimations fiables. Selon le Département of Housing and Urban Development (HUD) des États-Unis, il y aurait de 250 000 à 300 000 Américains sans abri; pour sa part, Peter Rossi, auteur dune étude récemment publiée sur le phénomène des sans-abri, parle de 250 000 à 350 000(16) sans-abri. Pour le Urban Institute, le nombre de sans-abri, est denviron 600 000, tandis que, pour les groupes consultatifs comme la National Coalition for the Homeless, il est de près de trois millions. Les estimations du HUD et du Urban Institute se fondent sur des enquêtes réalisées dans des gîtes et des soupes populaires; Rossi et les groupes de défense ont tenté dinclure des personnes nutilisant pas les gîtes temporaires. Pour tenter de résoudre ces différences, le 20 mars 1990, de 18 heures à 4 heures du matin, des représentants du Census Bureau des États-Unis ont compté les personnes se trouvant dans les rues, les ruelles, les entrées et les gîtes. Le matin venu, ils avaient dénombré 230 000 sans-abri, soit presque 179 000 réfugiés dans les gîtes et 50 000 sur la rue. Ces nombres ont suscité une grande controverse. Jusquici, personne nen a vérifié lexactitude. En réponse au phénomène des sans-abri, les États-Unis ont adopté, comme politique fédérale, de suppléer aux efforts plus substantiels consentis par les États, les municipalités et des groupes privés. Selon la plupart des études examinées par le General Accounting Office, il faudrait mettre en place des stratégies à long terme axées sur les services communautaires. Cependant, ces solutions risquent dêtre coûteuses, et lefficacité des programmes existants reste à démontrer. Laccessibilité est lélément commun à toutes les discussions sur la politique de logement accessibilité des logements pour les personnes âgées, pour les ménages à faible revenu, pour les ménages nouvellement constitués, etc. On trouvera, à lannexe III, des données sur les prix du logement au cours des deux dernières décennies. En 1971, la valeur moyenne, en dollars courants, des nouveaux logements établis en vertu de la LNH était environ le double du revenu moyen de la famille urbaine. En 1989, cette valeur était à peu près la même. Ce qui a radicalement changé, ce sont les taux hypothécaires. En 1989, le taux dintérêt type dune banque à charte pour une hypothèque de cinq ans variait entre 11,75 et 12,75 p. 100; en 1971, il se situait autour de 9 p. 100. Cette augmentation denviron 3 p. 100 du taux hypothécaire a abouti à une augmentation considérable du prix dachat dune maison. Selon un document gouvernemental de 1985(17) :
Tableau 6
Source : Gouvernement du Canada, Document détude sur le logement, janvier 1985, annexe 1, p. 15. Selon la SCHL, le pourcentage de locataires pouvant acheter une maison à prix moyen sans consacrer plus de 30 p. 100 de leur revenu brut au logement passe de 23,1 à 16,6 p. 100 lorsque les taux dintérêt passent de 10 à 12 p. 100. La Banque Royale a mis au point un indice daccessibilité qui indique quelle proportion du revenu moyen du ménage, avant impôt, les propriétaires dun bungalow unifamilial doivent consacrer aux paiements hypothécaires, aux impôts fonciers et aux services publics. Cet indice, fondé sur un dépôt initial de 25 p. 100 de la valeur et sur un prêt hypothécaire de 25 ans consenti à taux fixe pour cinq ans, est calculé, tous les trimestres, pour chaque province et pour les régions urbaines de Montréal, de Toronto et de Vancouver. Tableau 7
* Moyennes arithmétiques calculés sur les deux premiers trimestres de 1997 De toute évidence, les taux dintérêt ont une très grande influence sur laccessibilité. Jusquici, la discussion a porté essentiellement sur les propriétaires-occupants; toutefois, pour bon nombre de personnes, laccès à la propriété nest même pas envisageable. Examinons donc la situation du marché locatif. En 1972, les appartements constituaient plus de la moitié du total des mises en chantier au Canada; en 1991, leur part était tombée à environ un tiers. Le pourcentage des locataires consacrant plus de 30 p. 100 de leur revenu au logement a par ailleurs diminué. En 1982, il était de 22,6 p. 100. Il a grimpé à 27,8 p. 100 en 1985, pour ensuite chuter à 13,6 p. 100 en 1991. Il est évident que les problèmes daccessibilité peuvent être allégés au moyen de différents types de transfert du revenu ou de suppléments de loyer. Cependant, dautres politiques, qui relèvent surtout des provinces et des municipalités, peuvent avoir une incidence majeure sur le prix des logements. LOntario, par exemple, exige maintenant que les municipalités mettent en réserve des terres représentant léquivalent des besoins résidentiels pour des 10 années suivantes, quelles accélèrent le traitement des demandes résidentielles et quelles établissent des politiques pour quau moins 25 p. 100 des nouveaux logements résidentiels (fruit du développement et de lintensification) soient « accessibles » à des personnes ayant un revenu atteignant jusquau 60e pourcentile de la région. Un groupe de constructeurs a fait valoir que cette politique est injuste pour lensemble de la province, étant donné que le problème de logement se pose, en fait, à Toronto. Daprès lui, il faudrait supprimer les restrictions inutiles, les utilisations non autorisées de terrains et les redevances excessives inhérentes au processus de planification municipale et dautorisation de construction, et éliminer toutes les mesures décourageant le secteur privé de produire des logements locatifs. Aux États-Unis, les gouvernements des États ont cherché à encourager la production de logements abordables en adoptant de nouvelles méthodes de planification de loccupation des sols, par exemple, des zonages adaptés, dans lesquels des normes de développement imposent une limite minimum pour maximum sur les effets dun type dutilisation. La SCHL et les organismes provinciaux de logement étudient ces nouvelles formules pour voir si elles pourraient être intéressantes dans le contexte canadien. INITIATIVES DANS LE DOMAINE DU LOGEMENT DEPUIS 1985 Le gouvernement fédéral na présenté aucune nouvelle mesure législative dimportance dans le domaine du logement depuis de nombreuses années. Il y a cependant eu le Groupe de travail Nielsen et le processus de consultation entrepris par le gouvernement en 1985. Étant donné limportance quon a accordée à la réduction du déficit, le gouvernement fédéral na pas fait du logement le point central de nouvelles activités. Pour linstant, on met laccent sur lefficacité des services existants et sur lintensification de la participation du secteur privé au moyen de programmes comme les titres hypothécaires. Dans le domaine du logement social, de nouveaux arrangements pour la prestation et le financement de ces programmes ont été conclu avec neuf provinces et les deux territoires. les responsabilités des provinces se sont accrues considérablement, mais non leurs ressources. Lannexe I indique le niveau des activités fédérales en matière de logement pour 1988. En 1990, le gouvernement fédéral a, dans son plan de contrôle des dépenses, réduit de 15 p. 100 la croissance projetée des fonds quil engagerait dans la construction de nouveaux logements sociaux en 1990-1991 et en 1991-1992. Cette réduction a été prolongée jusquen 1995-1996, dans le budget de février 1991. Puis, dans le cadre de son plan de restriction encore plus grande des programmes, il a imposé, dans son budget de 1992, un taux de croissance annuel de 3 p. 100 de ses engagements dans de nouveaux logements sociaux pour les années 1992-1993 à 1996-1997, ce qui se traduit par des compressions de 622 millions de dollars étalées sur cinq ans. De plus, il a immédiatement mis fin au Programme de logement coopératif, retranchant ainsi 25 millions de dollars du secteur du logement. Le gouvernement continuera de soutenir les 14 000 unités de logement déjà construites dans le cadre de ce programme. De toute évidence, le gouvernement fédéral consacre des fonds importants au secteur du logement, mais la plupart des dépenses sont le fait dengagements antérieurs. La principale mesure à avoir eu un impact sur le secteur du logement au cours des dix dernières années a été la taxe générale sur les ventes (TPS). En bref, la TPS sapplique à tous les nouveaux logements construits en 1991 et par la suite, ainsi quaux frais de rénovation ou de réparation. La taxe de vente fédérale qui a été remplacée et appliquée aux intrants dans la construction de logements, équivalait à 4 p. 100 du prix moyen dune maison neuve. Le gouvernement voulait que le taux réel appliqué à la plupart des maisons neuves soit de 4,5 p. 100. (Lorsque le prix dune maison excède 350 000 $, le taux de taxe réel augmentera graduellement jusquà concurrence de 7 p. 100 pour les maisons de plus de 450 000 $.) Les loyers résidentiels sont exemptés, mais, par contre, les matériaux et les services utilisés pour entretenir le logement sont taxés. Enfin, en période de récession, le gouvernement fédéral a souvent eu recours au secteur de lhabitation pour relancer léconomie. Cest dans le budget de février 1992 quil a utilisé cette façon de faire pour la dernière fois, quand il a annoncé un régime spécial daccession à la propriété permettant aux acquéreurs de retirer, sans impôt, jusquà 20 000 $ de leur REÉR comme mise de fonds initiale pour acheter ou pour construire une maison. En échange, lacheteur doit remettre largent dans son RÉER par versements égaux étalés sur une période de quinze ans. À lorigine, les acquéreurs avaient jusquau 1er mars 1993 pour se prévaloir de cette possibilité, échéance qui a ensuite été reportée au 1er mars 1994. Le 22 février 1994, le ministre des Finances a annoncé que le Régime daccession à la propriété (RAP) serait prolongé indéfiniment. Le Régime daccession à la propriété (RAP) à été remplacé en 1994 par un programme permanent qui est maintenant administré par le ministère du Revenu national. Au mois de septembre 1997, plus de 592 000 personnes se sont prévalues du programme daccession à la propriété. Le budget de février 1992 comportait une mesure provisoire, le programme dassurance-prêt (SCHL) pour accédants à la propriété (PAPAP), qui réduisait de moitié, soit à 5 p. 100, la mise de fonds initiale que devaient verser les acheteurs dune première maison lorsque le prêt hypothécaire est garanti par le gouvernement fédéral. Ce programme était assorti de certaines restrictions. Prolongé à plusieurs reprises, le PAPAP a été remplacé le 31 mars 1998 par un nouveau programme permanent qui permettra à tous les acheteurs de maison, accédants à la propriété et anciens propriétaires, dobtenir lassurance prêt avec une mise de fonds de 5 p. 100. En 1993, le gouvernement fédéral a limité à deux milliards de dollars par année son financement en matière de logement social et indiqué que tout nouvel engagement à cet égard serait financé à partir des sommes dégagées par les nouvelles économies dans le financement et la livraison du logement social. Malgré lannonce du gel des crédits accordés au logement social, le gouvernement fédéral continue de lancer des mesures temporaires de stimulation économique et demploi dans le secteur de la rénovation résidentielle. Les sommes engagées pour ces trois programmes totalisent près de 250 millions de dollars. En 1994, le gouvernement féderal a réinstitué le programme daide à la remise en état de logements (PAREL) et le programme de reparations durgence (PRU). En janvier 1998, le ministre responsable et le SCHL ont annoncé le prolongement sur cinq ans du PAREL, du PRU, ainsi que du Programme logements adaptés : aînés autonomes (LAAA). Dans son discours du budget de mars 1996, le gouvernement fédéral a annoncé quà lexception des programmes pour autochtones dans les réserves et autres initiatives ponctuelles, il se retirait progressivement du domaine du logement social. En même temps, il sest dit prêt à remettre aux provinces et aux territoires la gestion du parc existant de logement social pourvu que les subventions fédérales versées au stock existant soient ciblées vers les ménages à faible revenu. Conseil économique du Canada. Intervention et efficacité. 1982. Congrès des États-Unis, Congressional Budget Office. Current Housing Problems and Possible Federal Responses. 1988. États-Unis, General Accounting Office. Homelessness : A Complex Problem and the Federal Response. 1985. Fallis, George. Housing Economics. Toronto, Butterworths, 1985. Gouvernement de lOntario, ministère du Logement. Plus quun simple toit. 1988. Gouvernement du Canada. Document détude sur le logement. 1985. Gouvernement du Canada. Services au public, logement. Rapport du Groupe détude sur les programmes de logement. 1985. McLaughlin, Mary Ann. Les sans-abri au Canada. Conseil canadien de développement social. 1988. Miron, John R. Housing in Postward Canada. McGill-Queens University Press, 1988. Nations Unies, Département des affaires économiques et sociales internationales. Logement et ajustement économique. 1988. National Conference of State Legislatures. State Policies for Affordable Housing: A Legislators Guide. Organisation de coopération et de développement économique. Le financement du logement en milieu urbain. 1988. Société canadienne dhypothèques et de logement. Le logement au Canada de 1945 à 1986 : vue densemble et leçons à tirer. 1987. Société canadienne dhypothèques et de logement. Orientation nationale de la politique du logement. 1986.
POLITIQUE FÉDÉRALE
ACTUELLE
Objectif général en vertu de la Loi nationale sur lhabitation (LNH) :
Activités menées dans le cadre de programmes en 1996 :
MÉTHODE EMPLOYÉE PAR
LE CCDS POUR ÉVALUER HYPOTHÈSES : i) La capacité totale du système de centres daccueil temporaires et durgence est de 13 797 places. ii) Le taux doccupation des centres daccueil fournissant des données, 77 p. 100, sapplique à tous les autres centres. IMPLICATIONS : Le total des personnes accueillies le 22 janvier 1987 a été de 10 672 (13 797 x .77). MÉTHODE EMPLOYÉE PAR LE CCDS POUR ÉVALUER LE NOMBRE DE SANS-ABRI Données : 153 des 283 centres daccueil accueillant des sans-abri pour une nuit ont également fourni des données sur lutilisation des centres en 1986 :
Calcul : À laide de la capacité quotidienne et du nombre de personnes accueillies en 1986, le CCDS a calculé que le nombre moyen de personnes accueillies au cours dune année était de 18,8 fois la capacité quotidienne. Hypothèse : 18,8 sapplique à tous les lits. Implication : 18,8 x 13 797 = 259 384 personnes différentes ont passé au moins une nuit dans un centre daccueil en 1986. Modification : Une personne aurait pu utiliser plus dun centre daccueil au cours de lannée. Si chacun a utilisé deux centres daccueil, le nombre de sans-abri tombe à 129 692. Conclusion : « Puisque les options offertes aux sans-abri sont peu nombreuses et de nombreux sans-abri ne se servent pas des centres daccueil, le chiffre de 130 000 à 250 000 sans-abri pour lannée demeure modeste ». Aucun renseignement na été donné sur la méthodologie denquête, sur les caractéristiques des centres ayant répondu à la question au sujet du 22 janvier 1987 et sur ceux qui ont répondu aux autres questions. Il nest donc pas possible de tirer des conclusions sur la validité statistique. De plus, la « modification » et la « conclusion » dont il vient dêtre question ne sont que de pures hypothèses. il nexiste aucune base logique ni dans lun, ni dans lautre cas.
INDICE DES PRIX
Source : Statistique Canada, Division CANSIM et Société canadienne dhypothèques et de logement.
(1) Calculés à laide dune moyenne arithmétique des mises en chantier de 1986 à 1996. (2) Ministère des Finances, Discours du budget 1993, p. 55. (3) Ministère des Finances, Le plan budgétaire 1996, 6 mars 1996, p. 43. (4) Société canadienne dhypothèques et de logement, Le logement au Canada de 1945 à 1986: vue densemble et leçons à tirer, 1987. (5) Gouvernement du Canada, Document détude sur le logement, 1985. (6) Nations Unies, département des affaires économiques et sociales internationales, Logement et ajustement économiques, 1988. (7) Organisation de coopération et de développement économiques, Le financement du logement en milieu urbain, 1988. (8) États-Unis, Congressional Budget Office, Current Housing Problems and Possible Federal Responses, 1988. (9) Groupe de travail américain, A Decent Place to Live: the Report of the National Housing Task Force, 1988. (10) « Kemp Outlines HOPE Proposal to Skeptical House Panel », Congressional Quarterly, 17 mars 1990, p. 839. (11) Gordon Priest, « Les aînés au Canada : situation dans le ménage », Tendances sociales canadiennes, Statistique Canada, automne 1988, p. 26-30. (12) Gouvernement de lOntario, ministère du Logement, Plus quun simple toit, 1988. (13) Mary Ann Mclaughlin, Les sans-abri au Canada, Conseil canadien de développement social, 1988. (14) États-Unis, General Accounting Office, Homelessness: A Complex Problem and the Federal Response,1985. (15) Voir Randall Filer, « What We Really Know About the Homeless », Wall Street Journal, 10 avril 1990, p. A24, et Michael H. Lang, Homelessness Amid Affluence, Praeger, 1989, pour des vues diamétralement opposées sur la question. (16) Peter Rossi, Down and Out in America: The Origins of Homelessness, University of Chicago Press,1989. (17) Gouvernement du Canada, Document détude sur le logement, janvier 1985, annexe I, p. 15. |