BP-313F
LA CRISE DE LA MORUE DU NORD
Rédaction : TABLE
DES MATIÈRES LA SURPÊCHE ÉTRANGÈRE AU-DELÀ DE LA ZONE DE 200 MILLES LE GROUPE D'ÉTUDE DES PÊCHES DE L'ATLANTIQUE 1982 LE GROUPE D'EXAMEN DE LA MORUE DU NORD 1989 LE
GROUPE DE TRAVAIL SUR LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS ANNEXE 1 : LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT HARRIS ANNEXE 2 : LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT DUNNE LA CRISE DE LA MORUE DU NORD Le stock de morue du Nord (morue des divisions statistiques 2J, 3K et 3L de l'OPANO, désignées communément par 2J3KL, voir le graphique 1(1)) est exploité par les pêcheurs depuis au moins quatre siècles. Dès la première décennie du XVIe siècle, des histoires relatant que le poisson était si abondant dans la région qu'il empêchait les navires d'avancer et qu'on pouvait le capturer simplement avec un panier couraient dans les ports de pêche du nord de l'Europe. La pêche est ensuite devenue le fondement économique des établissements européens le long de la côte est de Terre-Neuve et du Labrador(2). Même si d'autres espèces marines, telles que le saumon, le hareng, le phoque et la baleine étaient pêchées ou chassées, la morue du Nord a justifié l'existence de Terre-Neuve comme colonie, puis comme Dominion, et a contribué à un degré moindre au bien-être de la population côtière de la Nouvelle-Écosse(3). Avant le moratoire de juin 1992, la pêche de la morue du Nord était la plus importante pêche sur la côte est du Canada; elle représentait 46 p. 100 des contingents de morue disponibles et 21 p. 100 de l'ensemble des contingents de poisson de fond. En 1991, année où le total des prises admissibles (TPA) a atteint son plus bas niveau depuis une décennie, la pêche a rapporté plus de 700 millions de dollars à l'économie canadienne et assuré directement et indirectement quelque 31 000 emplois dans la région, dont 90 p. 100 à Terre-Neuve et au Labrador(4). Malgré une certaine diversification économique depuis un siècle, la plupart des villages côtiers de la province qui doivent leur existence à la morue du Nord dépendent encore complètement de cette espèce aujourd'hui(5). La pêche a évolué depuis un siècle. Au début des années 50, de nouvelles technologies ont été adoptées, notamment les chalutiers plus mobiles et plus puissants capables de pêcher en eau profonde et de capturer les fortes concentrations de poisson rassemblées à la fin de l'automne pour frayer aux confins du plateau continental. Les pêcheurs côtiers(6) (petits bateaux) ont ensuite commencé eux aussi à acquérir de plus gros navires à moteur diesel (palangriers, par exemple), ayant un plus grand rayon d'action et une meilleure tenue en mer et équipés d'instruments de navigation électroniques et d'appareils servant à repérer le poisson. Les treuils hydrauliques ont permis d'utiliser davantage les filets maillants. La pêche côtière s'est donc éloignée vers des eaux plus profondes, jusqu'à 50 milles de la côte. Puis, la technologie de la pêche hauturière s'est développée et on a assisté à l'assaut notoire des flottilles européennes sur les stocks de reproducteurs des bancs du Nord dans les années 60 et 70. Entre 1850 et 1950, la production annuelle de morue du Nord s'est élevée à environ 250 000 tonnes. En règle générale, la récolte a augmenté graduellement vers la fin des années 50 et au début des années 60, lorsque l'effort de pêche s'est accru. À l'exception de quelques mauvaises années dans certaines régions (parfois pendant quelques années d'affilée), tout porte à croire que la morue pouvait supporter des pressions de pêche soutenues sans montrer de signe évident de déclin. Mais après des prises nominales de 800 000 tonnes pendant l'année record de 1968, la pêche s'est effondrée et la récolte est descendue graduellement jusqu'à un plancher de 139 000 tonnes en 1978. Cette évolution a amené une commission fédérale récente à conclure que « les débarquements annuels de 300 000 tonnes rapportés de 1902 à 1958 représentent un niveau qui pouvait être maintenu, tandis que des débarquements de plus de 600 000 tonnes ne pouvaient être maintenus à la fin des années 60 et au début des années 70, comme le laisse voir clairement le déclin remarquable et rapide des prises et de la taille estimative des stocks »(7). Le Total des prises admissibles de morue du Nord a été fixé pour la première fois en 1973, mais entre 1973 et 1976, il n'en est résulté aucune limitation des prises. Les mesures de gestion antérieures s'étaient limitées à une réglementation de la grosseur minimale des mailles(8). Même si le Traité des Nations Unies sur le droit de la mer n'était pas encore ratifié, un vif déclin des ressources a poussé le Canada à établir (unilatéralement) une zone de gestion des pêches de 200 milles nautiques le 1er janvier 1977(9). Le Canada a pu ainsi commencer à reconstituer les stocks appauvris et établir des stratégies de pêche qui assureraient la viabilité à long terme de la pêche côtière et de la pêche hauturière. Depuis 1984, le programme de gestion canadien repose principalement sur la stratégie du niveau d'effort de pêche de F0,1(10), qui suppose des débarquements annuels correspondant à environ 16 p. 100 de la biomasse exploitable(11). L'élargissement de la zone de pêche canadienne a également entraîné une modification de la répartition des prises. En effet, avant 1977, la plupart du poisson pêché dans la zone de 200 milles était capturé par des chalutiers étrangers, mais depuis, la pêche dans ces eaux est surtout canadienne(12). Bien que la compétence élargie ne s'applique pas aux confins du plateau continental (où se trouvent les fonds de pêche importants du Nez et de la Queue du Grand Banc, à l'extérieur de la frontière maritime, et qui font l'objet surtout d'une pêche étrangère non réglementée), l'euphorie provoquée par l'établissement de la zone de 200 milles chez les pêcheurs et les transformateurs canadiens a été renforcée par une croissance constante des stocks, par des prises accrues et par la conviction que l'objectif du F0,1 était effectivement atteint. En résumé, on croyait largement que la stratégie de gestion permettait de reconstituer les stocks surexploités sans vergogne dans les années 60 et 70. Le TPA a été porté progressivement de 135 000 tonnes en 1978 à 266 000 tonnes entre 1984 et 1988, période pendant laquelle une restructuration majeure des pêches a été réalisée. Reprenant confiance, les investisseurs et les pêcheurs commencèrent à penser que la ressource pouvait être gérée de façon à offrir des perspectives illimitées(13). Au début de 1989, toutefois, il est apparu clairement que le stock n'augmentait plus. Le TPA a donc été réduit progressivement depuis.
Le TPA a été ramené à 235 000 tonnes en 1989, à 199 262 tonnes en 1990 et à 190 000 tonnes en 1991. Il a été abaissé par la suite à 185 000 tonnes en décembre 1991, puis à 120 000 tonnes en février 1992 (tableau 1). Ce taux signifie en pratique l'élimination de la pêche hauturière et la perte de 8 000 emplois. De 1982 à 1990, les prises totales (canadiennes et étrangères) ont oscillé entre 219 000 et 269 000 tonnes. La part du Canada est passée d'un plancher d'environ 36 000 tonnes en 1974 à 214 000 tonnes en 1983. Les prises sont ensuite descendues à 190 000 tonnes en 1986, mais elles sont remontées à un sommet de 242 000 tonnes en 1988. Depuis, les prises canadiennes diminuent et, en 1991, elles se sont chiffrées à environ 120 000 tonnes(15). Il importe de rappeler que le TPA de 235 000 tonnes fixé en 1989 a été dépassé à cause des prises étrangères sur le Nez et la Queue du Grand Banc (division 3L de l'OPANO) malgré le moratoire imposé par l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest. Ces dernières années, les prises canadiennes ont été inférieures aux TPA, les écarts les plus importants frappant surtout la pêche aux engins fixes (trappes, filets maillants, lignes à main et palangres). La pêche côtière a décliné considérablement pendant des années consécutives au milieu des années 80, au moment où l'état du stock était fortement remis en question, notamment par les pêcheurs côtiers (petits bateaux). En 1991, la pêche côtière a atteint environ la moitié de son contingent, ce qui constitue l'écart le plus grand depuis l'établissement des contingents en 1978(16). LA SURPÊCHE ÉTRANGÈRE AU-DELÀ DE LA ZONE DE 200 MILLES Lorsque le Canada a élargi ses compétences sur les pêches en 1977 et établi une zone économique exclusive (ZEE), trois régions du plateau continental sont demeurées en grande partie hors de sa sphère d'influence. Il s'agit de la partie nord-est du Grand Banc (division 3L de l'OPANO ou « Nez du Grand Banc »), de la partie sud-est du Grand Banc (division 3NO ou « Queue du Grand Banc ») et de l'affleurement du plateau à l'est du Grand Banc (division 3M ou « Bonnet flamand »). Cinq espèces de poisson de fond, dont la morue du Nord, sortent de la zone pendant leurs migrations saisonnières. Certains prétendent que la surpêche par les navires étrangers à l'extérieur de la zone de 200 milles sape les mesures de conservation canadiennes dans la zone et empêche le Canada de profiter des avantages qu'il espérait obtenir en élargissant sa sphère de compétence. Beaucoup croient que la surexploitation des stocks transfrontaliers contribue grandement au « malaise » actuel dans le secteur des pêches de l'Atlantique, et surtout dans celui de la pêche de la morue du Nord. Tableau 1
* Chiffres provisoires Source : Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, Report of the Special Meeting - Scientific Council, 1er au 4 juin 1992, p. 6. Depuis le 1er janvier 1979, l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest (OPANO) est l'organisme de réglementation chargé de la conservation et de la gestion des stocks de l'Atlantique à l'extérieur de la zone de 200 milles établie par le Canada. Les membres de l'OPANO sont la Bulgarie, le Canada, Cuba, le Danemark (en ce qui concerne les îles Féroé et le Groenland), la Communauté européenne, l'Islande, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, la Norvège, la Pologne, la Roumanie et la Russie. Étant donné qu'une fraction seulement du stock de morue se trouve habituellement à l'extérieur de la zone de 200 milles, soit environ 3 à 5 p. 100 en moyenne tout au long de l'année, le Canada gère l'ensemble du stock. Jusqu'en 1986, l'OPANO évaluait le stock. Depuis 1987, c'est le Comité scientifique consultatif des pêches canadiennes dans l'Atlantique (CSCPCA) qui s'en charge. Le Canada estime que l'OPANO a fonctionné comme sur des roulettes jusqu'à la veille de l'entrée de l'Espagne et du Portugal dans la Communauté européenne(17). Les principales faiblesses de l'OPANO à titre d'organisme qui vise « une gestion et une conservation rationnelles des ressources de pêche » de l'Atlantique nord-ouest sont les suivantes : le manque d'unanimité sur la façon de conserver la ressource; une observation volontaire et un mécanisme d'opposition qui légitimisent la surexploitation des stocks assujettis à un TPA; la faiblesse de l'inspection et de la surveillance; et l'absence d'un mécanisme d'application des règlements par un tiers(18). Malgré le moratoire de l'OPANO sur la pêche à l'extérieur de la zone canadienne de 200 milles depuis 1986, les prises européennes de morue du Nord gérée par le Canada ont contribué aux difficultés du stock. En résumé, la CE a soutenu que, à titre d'organisme souverain, elle avait le droit de pêcher dans les eaux internationales conformément au Traité sur le droit de la mer; qu'un moratoire sur la morue du Nord dans la division 3L ne pouvait se justifier étant donné que le même stock est pêché dans les eaux canadiennes et que des navires de la Communauté font la pêche dans la région depuis des siècles. L'élargissement des compétences canadiennes, sous une forme ou sous une autre, au-delà de la zone de 200 milles, est une solution qu'appuie vivement le secteur de la pêche canadien afin de régler les problèmes de l'OPANO. Une telle mesure exigerait que les membres de l'OPANO acceptent de donner au Canada un pouvoir de gestion fonctionnelle des stocks transfrontaliers dans la zone régie par l'OPANO. Proposée par le Conseil canadien des pêches, l'Institut canadien des océans, le Groupe d'examen de la morue du Nord et d'autres, une telle mesure ne viserait pas à permettre au Canada de prétendre à un droit de pêche exclusif sur les stocks transfrontaliers en haute mer, mais plutôt de préserver les intérêts canadiens et ceux de la communauté internationale à l'égard de la conservation des stocks. Il a été proposé d'accroître légèrement les pouvoirs, notamment par l'établissement d'une zone élargie temporaire tant qu'on ne sera pas arrivé à une solution appropriée ou à un accord négocié acceptable pour le Canada(19). Presque tous les contingents de la pêche hauturière de morue du Nord de cette année (1992) avaient déjà été atteints en mars. Des poissons de petite taille et de faibles taux de capture ont réduit la pêche. Les prises canadiennes dans la division 2J3KL à la mi-mai se chiffraient approximativement à 14 400 tonnes (comparativement à 41 700 tonnes pour la période correspondante en 1991) et la plupart avaient été réalisées par les grands chalutiers faisant la pêche dans la région 3KL. Comme nous l'avons déjà indiqué, la pêche a cessé au début de juillet 1992, quand on a annoncé un moratoire de deux ans sur la morue du Nord. Le Canada estime les prises de morue par les flottes étrangères dans la région 3L de l'OPANO à environ 48 900 tonnes en 1991, dont 41 900 tonnes auraient été prises par la Communauté européenne. Le reste (7 000 tonnes) a été récolté (surtout dans les six premiers mois de 1991) par des États non-membres de l'OPANO. Les estimations canadiennes se fondent sur les renseignements tirés des livres de bord et sur des observations à partir des plates-formes de surveillance. Fait intéressant à noter, les chiffres provisoires des prises déclarées officiellement par la CE pour 1991 (Portugal, 9 459 tonnes; Espagne, 8 546 tonnes et Allemagne, 6 459 tonnes) se situent à environ 40 p. 100 au-dessous des estimations selon la surveillance canadienne(20). Au début de 1992, les navires étrangers faisant la pêche sur le Nez du Grand Banc ont vu eux aussi leurs prises et la taille du poisson diminuer. De janvier à avril 1992, la récolte de morue par la CE dans la division 3L de l'OPANO s'est établie à environ 6 900 tonnes (selon les estimations de la surveillance canadienne), en baisse par rapport aux 21 600 tonnes prises durant les mêmes mois en 1991, même si le nombre de navires dans la région n'a pas varié d'une année à l'autre(21). Lors de l'Assemblée annuelle de l'OPANO en septembre 1992, les délégués de la CE ont convenu pour la première fois de ne pas pêcher la morue du Nord à l'extérieur de la zone canadienne de 200 milles en 1993(22). Selon les évaluations des stocks, la biomasse (poisson de 3 ans ou plus) et la biomasse de géniteurs (poisson âgé habituellement de 7 ans ou plus) ont chuté brusquement. La biomasse de morue du Nord est actuellement de 520 000 à 640 000 tonnes, ce qui représente peut-être le plus bas niveau jamais observé. La biomasse de géniteurs est estimée à entre 72 000 tonnes et 110 000 tonnes, alors qu'elle atteignait 1,6 million de tonnes il y a 30 ans et environ 400 000 tonnes il y a quatre ans(23). LE GROUPE D'ÉTUDE DES PÊCHES DE L'ATLANTIQUE 1982 L'établissement de la zone de pêche de 200 milles par le Canada en 1977 s'est accompagné d'une vague d'optimisme et d'un endettement massif pour se doter de navires de pêche et d'usines de transformation. En 1981 toutefois, le secteur de la pêche du poisson de fond de l'Atlantique a fait face à de graves difficultés financières à cause du déclin des marchés américains, de l'intensification de la concurrence des pays exportateurs de poisson comme l'Islande et la Norvège, de la mise en marché de nouvelles espèces, de la concurrence des prix exercée par d'autres sources de protéines, ainsi que par la hausse des coûts de l'énergie et des taux d'intérêt. Au sein du gouvernement fédéral (sur qui les banques et le secteur en difficulté exerçaient des pressions considérables pour qu'il réagisse), les perceptions du problème fondamental variaient :
En novembre 1981, un Examen de la politique sur les pêches de l'Atlantique (un examen interministériel de planification) était entrepris. Il n'a cependant pas permis d'arriver à un consensus sur des décisions importantes concernant le financement d'un programme d'aide. En janvier 1982, le gouvernement fédéral nommait M. Michael Kirby à la tête d'un Groupe d'étude des pêches de l'Atlantique. Le rapport du Groupe d'étude des pêches de l'Atlantique (Naviguer dans la tourmente : Une nouvelle politique pour les pêches de l'Atlantique(25)) a été publié l'année suivante. Reposant sur les recherches et les documents de politique antérieurs, sur de vastes consultations avec le secteur et sur les données obtenues par les recherchistes du Groupe d'étude, le rapport brosse un tableau complet et fournit une analyse exhaustive de la pêche du poisson de fond et du hareng dans l'Atlantique. Sa vision est « pragmatique », les auteurs jugeant que la faisabilité des propositions et du processus de mise en oeuvre constituaient des facteurs importants. Bien que les 57 recommandations du rapport Kirby ne puissent être résumées, les principes fondamentaux du rapport sont exprimés dans les objectifs de politique (en ordre de priorité) énoncés pour les pêches sur la côte est :
En ce qui concerne les objectifs 1 et 2, le rapport indique :
En 1982, le Groupe d'étude Kirby projetait que les contingents de morue du Nord atteindraient 400 000 tonnes en 1987 et il croyait que l'accroissement des prises de poisson de fond, à l'intérieur de la limite de 200 milles, aurait lieu en grande partie dans ce stock(28). Le Groupe d'étude s'est donc penché sur la question de l'attribution du reste du TPA de morue du Nord entre les divers types de pêche. Il concluait que, compte tenu de la croissance projetée du stock et de l'encombrement estival, il ne fallait pas augmenter proportionnellement à la croissance du TPA la part attribuée aux navires côtiers. La possibilité de congeler et d'entreposer la morue côtière dans le but de la traiter après la saison de pêche était considérée comme une question technique et économique qui méritait d'être examinée(29). Comme nous l'avons déjà indiqué, la récolte canadienne n'a jamais dépassé le TPA, qui, lui, n'a jamais dépassé 266 000 tonnes. LE GROUPE D'EXAMEN DE LA MORUE DU NORD 1989 En janvier 1989, les scientifiques fédéraux indiquaient qu'il faudrait ramener le TPA à 125 000 tonnes pour maintenir l'effort de pêche à F0,1. Les données scientifiques montraient en effet que le stock était beaucoup moins élevé que les estimations du CSCPCA en 1987 (des deux tiers environ)(30) et que celles du Groupe de travail sur la pêche côtière de Terre-Neuve la même année(31). Par mesure de précaution, le ministre des Pêches et des Océans annonçait le 8 février 1989 un TPA provisoire de 235 000 tonnes pour la morue du Nord, soit un niveau permettant des prises supérieures à F0,1 mais qui minimiserait les pertes d'emploi et maintiendrait le stock près de son niveau actuel. Le 12 février 1989, le gouvernement fédéral créait le Groupe d'examen de la morue du Nord, présidé par M. Leslie Harris, afin d'examiner les facteurs susceptibles d'influer sur le stock ainsi que les données et les méthodes employées pour évaluer et prévoir les prises et s'assurer ainsi qu'il existe des avis scientifiques fiables pour gérer cette pêche. En mai 1989, le Comité spécial du Cabinet sur la morue du Nord, présidé par le secrétaire d'État aux Affaires extérieures, était formé pour se pencher sur les répercussions sociales et économiques des diminutions de stock(32). Dans un rapport préliminaire publié en mai 1989, le Groupe d'examen admettait ne présenter qu'un exposé minimal et quelques recommandations(33). Des programmes d'adaptation pour les pêcheurs et les employés d'usines de transformation du poisson touchés par les fermetures imputables à la réduction des contingents en 1989 ont été annoncés par le ministre du Commerce international au nom du Comité du Cabinet le 11 décembre 1989. En publiant le rapport du Groupe d'examen de la morue du Nord le 30 mars 1990(34), le ministre des Pêches et des Océans a accepté « les principes généraux énoncés dans le rapport et les principales recommandations ». Les grandes recommandations du Groupe d'examen au sujet de la gestion du stock incluaient une réduction des prises, des restrictions concernant la mortalité due à la pêche durant la saison du frai, une diminution des prises de poissons de petite taille et des mesures pour mieux répartir l'effort de pêche en haute mer (annexe 1). Trois des 29 recommandations ne pouvaient cependant pas « être reçues telles quelles », à savoir : 1) une autre réduction du total des prises admissibles (TPA) de 1990 (recommandation n° 1); 2) la mise sur pied d'un nouveau comité de gestion à Terre-Neuve (recommandation n° 23); et 3) l'action unilatérale du Canada pour acquérir des droits de gestion des stocks limitrophes au-delà de la zone de 200 milles (recommandation n° 5). Le Groupe d'examen Harris recommandait vivement, « en ce qui concerne les stocks de morue du Nord et en tant qu'affaire urgente, une réduction immédiate du taux de mortalité due à la pêche à au moins 0,30 et une réduction subséquente à 0,20 et ce, le plus tôt possible »(35). Selon lui, la baisse du recrutement semblait indiquer qu'on ne pourrait maintenir le taux de capture sans infliger une baisse marquée aux biomasses exploitable et reproductrice(36). Ce à quoi le gouvernement fédéral a répondu :
Cette recommandation avait été « rejetée par [le ministre des Pêches et des Océans] le 30 mars 1990 en raison du fardeau additionnel qu'elle représentait pour l'année 1990 [...] »(38). Le Groupe d'examen de la morue du Nord proposait que « le gouvernement du Canada et celui de Terre-Neuve et du Labrador établissent conjointement une commission ou un conseil dans le cadre duquel ils pourraient partager des informations, clarifier et coordonner les objectifs de gestion, établir les orientations et élaborer des stratégies ». Dans un chapitre sur le « Conflit entre les buts fédéraux et provinciaux », il arrivait à la conclusion que des sources potentielles de conflit entre les deux paliers de gouvernement « viennent du fait que le gouvernement fédéral gère la ressource et accorde des permis aux pêcheurs, tandis que la province accorde des permis aux usines de transformation et aux transformateurs et joue un rôle primordial dans l'acquisition de bateaux et d'engins par les pêcheurs »(39).
Le Groupe d'examen Harris conseillait à ce sujet un mécanisme permettant aux gouvernements fédéral et provincial de communiquer et les y incitant, un mécanisme « qui puisse donner lieu à des prises de décision rationnelles permettant aux deux gouvernements de réaliser leurs objectifs fondamentaux »(41). Dans sa réponse, le gouvernement fédéral a déclaré que « les nombreux mécanismes de consultation en place fournissent à la province de Terre-Neuve la possibilité de recevoir de l'information et de conseiller le gouvernement fédéral en ce qui a trait aux objectifs de gestion, à l'orientation des politiques et aux stratégies concernant les pêches qui représentent un intérêt pour Terre-Neuve » et que « tous ces mécanismes demeureront en place »(42). En ce qui a trait au problème de la surpêche étrangère à l'extérieur de la zone de 200 milles, le Groupe d'examen de la morue du Nord demandait au Canada de
Le Comité recommandait que le Canada « conclue une entente internationale lui accordant la gestion de tous les stocks de poissons indigènes du plateau continental canadien qui se déplacent hors de la zone de 200 milles; et, s'il ne peut atteindre cet objectif, qu'il prenne des mesures unilatérales en vue d'acquérir les droits de gestion conformément aux dispositions du Traité sur le droit de la mer »(44). Le gouvernement fédéral a répondu que « cette recommandation va à l'encontre du droit international public de la mer »(45). Il a ajouté :
LE GROUPE DE TRAVAIL SUR LA MISE EN OEUVRE DES RECOMMANDATIONS SUR LA MORUE DU NORD 1990 Après la publication du rapport Harris, un Groupe de travail sur la mise en oeuvre des recommandations sur la morue du Nord (connu également sous le nom de Groupe de travail Dunne) a reçu le mandat de tenir les consultations nécessaires auprès « des pêcheurs, de leurs associations, de l'industrie, des dirigeants municipaux et des représentants provinciaux [permettant] d'élaborer les détails d'un plan de mise en oeuvre acceptable ». Le Groupe de travail devait soumettre au Ministre « plus particulièrement, mais non pas exclusivement, des recommandations sur les meilleurs moyens de mettre en oeuvre les recommandations 1-4, 19-22, 24, 25, 27 et 29 »(47). Le groupe a tenu par la suite, entre juillet et septembre 1990, une série de réunions à huis clos avec les représentants des gouvernements et de l'industrie, ainsi que des audiences publiques avec les pêcheurs. Le rapport Dunne a été rendu public le 25 octobre 1990 et soumis à l'attention du Comité consultatif du poisson de fond de l'Atlantique un peu plus tard la même année. L'orientation générale de ses recommandations a été acceptée en principe par le gouvernement fédéral, la plupart des recommandations devant être mises en oeuvre en 1991(48) (annexe 2). Après une première réponse à l'automne de 1989 (un programme à court terme de 130 millions de dollars à l'intention des travailleurs et des collectivités touchées par les fermetures d'usines), le gouvernement fédéral a dévoilé le 7 mai 1990, un Programme quinquennal d'adaptation des pêches de l'Atlantique (PAPA) évalué à 584 millions de dollars et ayant pour but de relever les grands défis auxquels faisait face l'industrie de la pêche dans l'Atlantique, à savoir la diminution du capital-ressources et la surcapacité chronique dans les secteurs de l'exploitation et de la transformation(49). Le programme comportait les trois grands volets suivants, selon la description du ministère des Pêches et des Océans :
Le Ministère a par la suite réorienté sa participation au PAPA en accordant la priorité aux éléments suivants :
Le 24 février 1992, le Ministre des Pêches et des Océans a établi un « plafond de conservation » pour la morue du Nord, c'est-à-dire une réduction de 35 p. 100 du TPA fixé au départ pour 1992 et qui avait pour effet de mettre un terme à la saison des chalutiers de pêche hauturière. Les mesures supplémentaires comprenaient :
Le Canada a aussi demandé la tenue d'une réunion spéciale du Conseil scientifique de l'OPANO (conformément à l'article VII de la Convention de l'OPANO) afin d'examiner l'état de certains stocks de poisson gérés par le Canada, dont la morue du Nord. Les scientifiques participant à ce forum international représentaient les cinq États membres de la Communauté européenne (Portugal, Espagne, Royaume-Uni, Allemagne et France), la Commission européenne, le Canada, la Russie, les États-Unis, Cuba, le Japon et le Danemark (Groenland et îles Féroé). La réunion avait été convoquée afin d'examiner, de vérifier et de sanctionner les données, les analyses et les évaluations canadiennes du stock de morue du Nord. Le Canada a pris cette mesure sans précédent afin que chaque membre de l'OPANO puisse bien saisir la gravité de la situation(53). En résumé, le Comité permanent d'halieutique du Conseil scientifique arrivait à la conclusion que :
Le Conseil scientifique a appuyé les recommandations de son Comité permanent d'halieutique, à savoir :
Le Conseil a fait également remarquer que :
Le 2 juillet 1992, le ministre des Pêches et des Océans a annoncé un moratoire de deux ans sur la morue du Nord ainsi qu'une aide spéciale d'urgence aux quelque 19 000 pêcheurs et travailleurs d'usine touchés par la fermeture d'usines et qui ne reçoivent plus de prestations d'assurance-chômage ou n'ont pas accumulé suffisamment de semaines de travail pour y être admissibles. Le plan du gouvernement fédéral prévoit :
En résumé, aux termes du programme d'indemnisation du gouvernement fédéral :
La pêche de la morue du Nord n'est pas devenue la grande source d'activité économique que l'on prévoyait il y a quinze ans. Diverses raisons ont été invoquées pour expliquer le brusque déclin du stock : contingents supérieurs aux niveaux durables par suite de méthodes d'évaluation douteuses du stock ou de la nécessité de tenir compte des enjeux sociaux; mauvaise compréhension des facteurs environnementaux, dont les températures anormalement basses de l'eau; et surpêche par les navires étrangers. Les phoques, une application laxiste des règlements, des rapports erronés, des pratiques de pêche qui gaspillent la ressource, la récolte de poissons trop petits ou trop jeunes, la pêche par filet maillant abandonné et les pressions de pêche du capelan (grande source alimentaire de la morue) pourraient eux aussi avoir contribué à la baisse. De plus, les incidences environnementales sur l'écosystème des chalutiers qui pêchent le poisson de fond font l'objet d'une vive controverse (on se demande si la productivité globale est réduite ou accrue)(58). Un thème important du rapport Harris sur la morue du Nord est la hausse de l'effort de pêche découlant des progrès technologiques, dans un contexte « où les bateaux sont de mieux en mieux conçus et de plus en plus puissants, où leur rayon d'action est de plus en plus étendu et leur qualité nautique s'améliore, où les engins de pêche sont aussi de mieux en mieux conçus et le matériel est de meilleure qualité, où les détecteurs électroniques servant à repérer les poissons en mer sont de plus en plus perfectionnés » et où d'autres progrès entrent en jeu(59).
En 1990, le Groupe d'examen prévenait que la surcapitalisation tend non seulement à augmenter la pression de pêche mais aussi à « dissimuler la mortalité réelle due à la pêche, ce qui a pour effet de laisser croire que le poisson est suffisamment abondant pour supporter une augmentation des TPA et que l'adoption de politiques de conservation n'est pas justifiée »(61). ANNEXE
1 Chapitre X Recommandations
Affaires internationales
Recherche scientifique
Technologie
Objectifs
Mesures et procédures institutionnelles
ANNEXE
2 CHAPITRE XIII LISTE DES RECOMMANDATIONS III. OBJECTIFS DE LA GESTION DES PÊCHES À LA MORUE 2J3KL
Objectifs biologiques
Objectifs écologiques
Objectifs socio-économiques
IV. RECONSTITUTION DU STOCK DE MORUE DE 2J3KL
V. LA PÊCHE DURANT LA PÉRIODE DE FRAIE
VI. AMÉLIORATION DU RENDEMENT : PÊCHE DE LA MORUE DE 2J3KL
Trappes à morue
Chaluts à panneaux
Lignes à main palangres
Prises accidentelles de morues de petite taille dans les autres pêcheries
VII. RÉCOLTE PROPORTIONNELLE PAR DIVISION
VIII. PÊCHES ÉTRANGÈRES DANS 2J3KL
IX. SURVEILLANCE ET APPLICATION DES RÈGLEMENTS
X. LES CONCEPTS DE « CÔTIER » ET « HAUTURIER »
XI. PERMIS DE PÊCHE POUR LES PÊCHEURS ET LES BATEAUX CÔTIERS
XII. AMÉLIORATION DES COMMUNICATIONS AVEC LES CLIENTS
(1) Les eaux au large de la côte est du Canada sont réparties en zones définies par un code alphanumérique (voir p. 9). (2) Le « stock de morue du Nord » est un complexe de quatre groupes transfrontaliers qui fraient sur le banc Hamilton, le banc Belle Isle, le banc de l'île Funk et dans la partie nord du Grand Banc. Pêches et Océans Canada, Région de Terre-Neuve, « The Science of Cod », Fo'c'sle, vol. 8, n° 2, (édition spéciale), février 1988, p. 10. (3) Il y a essentiellement douze stocks de morue dans les eaux canadiennes, de Frobisher Bay, au nord, jusqu'au banc Georges, au sud. Le poisson migre selon des cycles saisonniers déclenchés par le besoin de frayer, la nourriture et la température. Au début de l'été, la morue se dirige vers l'intérieur, où elle se nourrit de capelan, de hareng et d'autres petits poissons et d'invertébrés. Dès les premiers mois de l'hiver, elle a atteint la haute mer, pour frayer. Bien que la pêche commerciale dépende des migrations de la morue depuis des siècles, les scientifiques savent relativement peu de choses sur les lieux de migration de la morue et sur les motifs de la migration. Les stocks de morue des eaux du Sud augmentent beaucoup plus vite que ceux du Nord. La morue est également très prolifique; le taux de mortalité est cependant phénoménal. En effet, sur les millions d'oeufs que pond chaque femelle, un seul par million se rend à maturité. Voir Pêches et Océans Canada, « Inshore Cod Migration », Communiqué, 8 février 1991, p. 1; Pêches et Océans Canada, « Morue du Nord », Fiche d'information, février 1992, p. 6, 10; Pêches et Océans Canada, « Fiche technique sur les pêches dans l'Atlantique », Fiche d'information, mai 1989, p. 1. (4) Pêches et Océans Canada, « Morue du Nord », Fiche d'information, février 1992, p. 1. Quelque 19 000 pêcheurs et employés d'usine dans 400 villes et villages ont été touchés directement et immédiatement par le moratoire récent sur la morue du Nord. La morue du Nord représentait 12 p. 100 des débarquements de poisson de fond en Nouvelle-Écosse en 1989, mais moins de 4 p. 100 en 1991. Voir Conseil économique des provinces de l'Atlantique, « The Newfoundland Fishery : What to Do, What to Do? », APEC Newsletter, vol. 36, n° 5, août 1992, p. 1. (5) L. Harris et al., Étude indépendante sur l'état des stocks de morue du Nord - Rapport final, février 1990, p. 1, 24-29; Ian Jackson (Institut de recherches politiques), Répercussions du réchauffement planétaire sur la politique du gouvernement canadien, pour le Centre climatologique canadien, Service de l'environnement atmosphérique, 1992, p. 9. (6) Les distinctions pratiques entre la pêche la pêche « côtière » et la pêche « hauturière » dans l'Atlantique dépendent des motifs précis de leur établissement. Au moins quatre facteurs permettent de différencier ces deux types de pêche : la taille et la propriété du navire; les engins de pêche, la puissance des moteurs et la mobilité opérationnelle; les contraintes environnementales et le type de collectivité. Aux fins de la gestion des pêches (questions touchant aux permis, aux contingents et au remplacement de la flotte), la pêche « côtière » inclut habituellement tous les navires de moins de 65 pieds de longueur hors-tout (LHT), alors que la pêche « hauturière » inclut tous les navires de plus de 100 pieds LHT, généralement des chalutiers de 150 pieds. Les navires de 65 à 100 pieds sont des chalutiers « à moyen rayon d'action » ou « pêchant à moyenne distance ». À Terre-Neuve, les navires côtiers mesurent moins de 35 pieds LHT (10,7 m) et les navires à court rayon d'action mesurent de 35 (10,7m) à 65 pieds LHT (19,8 m). En gros, la pêche côtière regroupe les petits navires exploités par leur propriétaire; la pêche hauturière, les chalutiers appartenant à des entreprises. La flotte à moyen rayon d'action comprend un peu des deux, mais ses caractéristiques de base se rapprochent de celles de la pêche côtière. La distinction entre la pêche côtière et la pêche hauturière s'est estompée avec le temps, lorsqu'est arrivée une nouvelle catégorie de navires de moyen tonnage capables de pêcher en haute mer. Karl Laubstein, « Canada's Atlantic Fisheries : The Role of the Inshore Section », Maritime Affairs Bulletin, n° 2; Pêches et Océans Canada, An Analysis of Price Formation in Port Markets in Atlantic Canada, Economic and Commercial Analysis Report n° 3, Halifax, Gardner Pinhold Consulting Economists Limited, janvier 1989. (7) L. Harris et al., février 1990, p. 1-2 et 31. Voir aussi Pêches et Océans Canada, « Conseils relatifs à la gestion de la morue dans les divisions 2J3KL en 1989 », Comité scientifique consultatif des pêches canadiennes dans l'Atlantique, Document consultatif du CSCPCA 89/1. (8) La première tentative de réglementation de la pêche hauturière dans l'Atlantique nord-ouest a été la création de la Commission internationale des pêches de l'Atlantique nord-ouest (ICNAF) en 1949. Les contrôles réglementaires et les mesures d'application des règlements n'ont cependant pas réussi à réduire la surexploitation des stocks par les flottilles de navires congélateurs à grand rayon d'action. À partir des années 50, la pêche dans l'Atlantique nord-ouest est devenue de moins en moins rentable. Sous la pression du secteur canadien des pêches et des gouvernements provinciaux de la côte est, le Canada a porté ses eaux territoriales de 3 milles à 12 milles en 1970 et déclaré, en 1971, le golfe du Saint-Laurent et la baie de Fundy territoires relevant de sa compétence exclusive. (9) Depuis 1977, le ministre des Pêches et des Océans publie tous les ans un Plan de gestion du poisson de fond de l'Atlantique. Un Total des prises admissibles est fixé pour 44 stocks commerciaux de poisson de fond après examen des analyses et des recommandations du Comité scientifique consultatif des pêches canadiennes dans l'Atlantique. Ce Comité a été mis sur pied à titre de tribune où se tiendraient les débats scientifiques sur la méthodologie et la formulation de conseils biologiques sur les stocks au large de la côte atlantique dans la zone de 200 milles. Il se fonde principalement sur des données sur les prises commerciales et des recherches et enquêtes du ministère des Pêches et des Océans. Pêches et Océans Canada, « Le Comité scientifique consultatif des pêches canadiennes dans l'Atlantique (CSCPCA) », Fiche d'information, février 1992, p. 1; Pêches et Océans Canada, « L'Organisation et gestion des pêches de l'Atlantique nord-ouest », Fiche d'information, juin 1992, p. 1-2. (10) Taux de mortalité due à la pêche pour lequel la hausse du rendement (marginal) obtenue par l'ajout d'une unité d'effort de pêche corrrespond à 10 p. 100 de la hausse du rendement obtenue par l'ajout du même effort à un stock légèrement exploité. (11) La pêche dans les eaux canadiennes est étroitement réglementée par le gouvernement fédéral, qui a recours à divers moyens comme les contingents pour des espèces et des régions en particulier, des limites sur la taille des prises et le contrôle de l'accès à l'industrie. (12) Après avoir établi sa zone de 200 milles, le Canada a attribué les ressources excédentaires en échange d'une collaboration à la conservation et d'engagements explicites visant à faciliter l'expansion des marchés pour les produits de la pêche canadiens. Il attribué du poisson non excédentaire (c.-à-d. des stocks que les pêcheurs canadiens pêchaient déjà) à des pays étrangers en échange d'engagements précis en vue d'améliorer l'accès au marché. Depuis 1986, l'objectif déclaré consiste à éliminer ces attributions, sauf celles qui se rapportent aux obligations actuelles en vertu des traités. (13) L. Harris et al., février 1990, p. 11 et 12. (14) Ibid., p. 12. (15) Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, Report of the Special Meeting - Scientific Council, 1er au 4 juin 1992, p. 5. (16) Ibid., p. 7. Les engins fixes les plus fréquents sont les trappes et les filets maillants. La pêche aux engins fixes s'effectue surtout l'été. (17) Lors de la septième Assemblée annuelle de l'OPANO en septembre 1985, la CE a soutenu pour la première fois que le Total des prises admissibles devait être majoré. Depuis, elle fixe ses propres contingents, au-dessus de ceux que lui attribue l'OPANO. Dans certains cas, les prises de la CE ont dépassé non seulement le contingent que lui avait attribué l'OPANO mais aussi le contingent total de l'OPANO. (18) Voir par exemple, Karl M. Sullivan, « Conflict in Management of a Northwest Atlantic Transboundary Cod Stock », Marine Policy, avril 1989; Institut canadien des océans, Managing Fishery Resources Beyond 200 Miles : Canada's Options to Protect Nortwest Atlantic Straddling Stocks, rapport rédigé pour le Conseil canadien des pêches, janvier 1990, p. 25. (19) Voir Gouvernement de Terre-Neuve et du Labrador, The Problem of Foreign Overfishing Off Canada's Atlantic Coast, St. John's, août 1986; Gordon R. Munro, L'avenir de la pêche à Terre-Neuve : les promesses de la zone de 200 milles, étude rédigée pour le Conseil économique du Canada, Approvisionnements et Services Canada, 1980; Karl Sullivan, « Conflict in Management of a Northwest Atlantic Transboundary Cod Stock », Marine Policy, avril 1989; et Pêches et Océans Canada, « Estimations des prises de la Communauté européenne sur le territoire régi par l'OPANO en 1990 », Fiche d'information, 28 février 1991. (20) Pêches et Océans Canada, « Examen de l'évaluation de la morue du Nord », Communiqué, 17 février 1992, p. 1; Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, Rapport..., 1er au 4 juin 1992, p. 7. (21) Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, Report..., 1er au 4 juin 1992, p. 10. (22) Pêches et Océans, « L'OPANO adopte à l'unanimité l'interdiction, pour 1993, de pêcher la morue de la division (2J3KL) en dehors de la limite de 200 milles », Communiqué, 18 septembre 1992, p. 1. (23) Conseil économique des provinces de l'Atlantique, « The Newfoundland Fishery...», août 1992, p. 1; Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, Report..., 1er au 4 juin 1992, p. 29; Pêches et Océans Canada, « Morue du Nord », Fiche d'information, février 1992, p. 2. (24) R.D.S. MacDonald, « Canadian Fisheries Policy and the Development of Atlantic Coast Groundfisheries Management », dans Atlantic Fisheries and Coastal Communities : Fisheries Decision-Making Case Studies, Cynthia Lamson et Arthur J. Hanson (éd.), Dalhousie Ocean Studies Programme, 1984, p. 53 (traduction). À l'époque, M. Macdonald était chef de la Division des recherches et des politiques économiques, Direction générale des études économiques, Division Scotia-Fundy, Pêches et Océans Canada. (25) Groupe d'étude des pêches de l'Atlantique, Naviguer dans la tourmente : Une nouvelle politique pour les pêches de l'Atlantique, Approvisionnements et Services Canada, décembre 1982. (26) Ibid., p. vii. (27) Ibid., p. 200. (28) Ibid., p. 259. (29) Ibid., p. 265. (30) Pêches et Océans Canada, « Conseils relatifs à l'état et à la gestion du stock de morue des divisions 2J, 3K and 3L de l'OPANO », Comité scientifique consultatif des pêches canadiennes dans l'Atlantique (CSCPCA) : Rapport annuel, vol. 9, Dartmouth (N.-É.), octobre 1987, p. 293-294. (31) Groupe d'étude sur la pêche côtière de Terre-Neuve, Étude des tendances des stocks de morue au large des côtes de Terre-Neuve et des facteurs qui influencent sur leur abondance et leur accessibilité aux pêcheurs côtiers, novembre 1987. Formé d'une équipe internationale de scientifiques, le Groupe de travail est arrivé à la conclusion que la diminution des prises côtières était attribuable à divers facteurs : les fluctuations de disponibilité et le ralentissement de la croissance du stock, l'inégalité de l'effort de pêche en haute mer, l'épuisement possible des stocks locaux par les pêcheurs côtiers, le redéploiement de l'effort de pêche côtier, les conséquences de la pêche sur le recrutement et le ralentissement de la croissance du poisson. (32) Pêches et Océans Canada, « Comité spécial du Cabinet sur la morue du Nord », Fiche d'information, mai 1989, p. 1. (33) L. Harris et al., État du stock de morue du Nord - Étude indépendante, 15 mai 1989; Pêches et Océans Canada, « Publication du rapport sur la morue du Nord », Communiqué, 26 mai 1989, p. 1-4. (34) Pêches et Océans Canada, « Le ministre Valcourt rend public le rapport Harris », Communiqué, 30 mars 1990, p. 1 et 2. (35) L. Harris et al., février 1990, p. 169. (36) Ibid., p. 79. Le recrutement peut être défini comme le nombre de jeunes poissons qui entrent dans le stock commercial pour la première fois au cours d'une année donnée. La biomasse correspond au poids total d'un stock de poisson. (37) Étude indépendante sur l'état des stocks de morue du Nord (Rapport Harris) : Réponse du gouvernement du Canada, 7 mai 1990, p. 5. (38) Ibid. p. 1. (39) L. Harris et al., février 1990, p. 119. (40) Ibid., p. 119 et 120. (41) Ibid., p. 49. Voir aussi p. 122. (42) Étude indépendante sur l'état des stocks de morue du Nord... Réponse, 7 mai 1990, p. 15. Voir aussi p. 1. (43) L. Harris et al., février 1990, p. 128. (44) Étude indépendante sur l'état des stocks de morue du Nord... Réponse, 7 mai 1990, p. 6. (45) Ibid., p. 2. (46) Ibid., p. 7. (47) Groupe de travail sur la mise en oeuvre des recommandations sur la morue du Nord (E.B. Dunne, président, directeur général, Région de Terre-Neuve, ministère des Pêches et des Océans), Rapport, octobre 1990, annexe A, p. A-1-A-2. C'est nous qui soulignons. (48) Pêches et Océans Canada, « Groupe de travail sur la mise en oeuvre des recommandations sur la morue du Nord », Fiche d'information, 14 décembre 1990, p. 2; Pêches et Océans Canada, « Réponse du Ministre aux recommandations du Groupe de travail sur la mise en oeuvre des recommandations sur la morue du Nord », Fiche d'information, sans date, p. 1. (49) Pêches et Océans Canada, « Programme d'adaptation des pêches de l'Atlantique», Communiqué, juin 1991, p. 1. (50) Pêches et Océans Canada, Budget des dépenses 1992-1993, Partie III, Approvisionnements et Services Canada, 1992, p. 124. (51) Ibid., p. 125. (52) Pêches et Océans Canada, « Plafond de conservation » pour la morue du Nord », Communiqué, 24 février 1992, p. 1-4. En mars, le ministre fédéral des Pêches et des Océans annonçait également la composition et le mandat d'un groupe de travail sur les revenus et l'adaptation des pêches de l'Atlantique. Pêches et Océans Canada, « Étude sur les revenus et l'adaptation des pêches », Communiqué, 23 mars 1992, p. 1. (53) Pêches et Océans Canada, « Examen du stock de morue du Nord par le Conseil scientifique de l'OPANO », Communiqué, 1er juin 1992, p. 1; Pêches et Océans Canada, « Les scientifiques de l'OPANO admettent que la morue du Nord est menacée », Communiqué, 5 juin 1992, p. 1; Pêches et Océans Canada, « L'organisation et gestion des pêches de l'Atlantique nord-ouest», Fiche d'information, juin 1992, p. 2; Denise Claveloux, « Report Silent on EC Overfishing », The Chronicle Herald, 6 juin 1992, p. A8. (54) Le recrutement peut être défini comme le nombre de jeunes poissons qui entrent dans le stock commercial pour la première fois au cours d'une année donnée. (55) Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest, Report of the Special Meeting - Scientific Council, 1er au 4 juin 1992, p. 2, 11, 14, 15, 32. (56) Pêches et Océans Canada, « Crosbie annonce les premières étapes du plan de rétablissement de la morue du Nord (2J3KL) », Communiqué, 2 juillet 1992, p. 2; Pêches et Océans Canada, « Pêcheurs et travailleurs d'usine admissibles à l'aide spéciale », Communiqué, 2 juillet 1991, p. 1. (57) Conseil économique des provinces de l'Atlantique, « The Newfoundland Fishery...», août 1992, p. 3 (traduction). Le 25 septembre 1992, la province de Terre-Neuve et du Labrador annonçait ses propres programmes spéciaux concernant les régions visées ou non par le moratoire. Ces programmes touchent la Commission des prêts aux pêcheurs, les centres de service maritime et le programme provincial de prêt sans intérêts. « Special Assistance Program Announced for Fishermen », The Packet, 29 septembre 1992, p. 7. (58) Le chalutage est une méthode de pêche commerciale par laquelle un navire tire un grand filet en forme d'entonnoir sur le fond de l'océan. Le filet est fermé au bout le plus petit et ouvert à l'autre extrémité. Les chaluts peuvent être tirés à diverses profondeurs entre la surface et le fond. Voir, par exemple, Mark Vaughan-Jackson, « Technology Caused Crisis in Fishery, U.N. Tour Told », The Evening Telegram, 30 juin 1992, p. 1; Owen Myers, « Draggers Have Destroyed Fishery », The Evening Telegram, 21 mars 1992, p. 5; Barbara Dean-Simmons, « Fish Preservation May Mean Choice Between Offshore, InshoreAnalyst », The Packet, 12 novembre 1991, p. 3; Beth Gorham, « Some Fishermen Say Canadians Have Also Raped the Sea », The Journal Pioneer, 28 février 1992, p. 14; « Big Companies Blamed for Fishery Demise », The Evening Telegram, 9 juillet 1992, p. 10. (59) L. Harris et al., (1990), p. 48. (60) Ibid., p. 51. (61) Ibid., p. 48. |