BP-361F
RÔLE ET EFFICACITÉ DES COMITÉS DU SÉNAT
Rédaction :
TABLE
DES MATIÈRES ÉVALUATION DE LEFFICACITÉ DES COMITÉS DU SÉNAT LES COMITÉS SPÉCIAUX DES ANNÉES 60 ET 70 A. Comité spécial du Sénat sur la pauvreté (le Comité Croll) B.
Comité spécial du Sénat sur les moyens de communication de masse C.
Comité sénatorial de la politique scientifique COMPARAISON DES COMITÉS DU SÉNAT ET DES COMMISSIONS ROYALES B.
Comités sénatoriaux et commissions royales : A. Rôle du leader du gouvernement au Sénat B. Caractère approprié des sujets D. Attitude favorable du gouvernement E. Appui des médias et du public
RÔLE ET EFFICACITÉ DES COMITÉS DU SÉNAT
Pour ce qui est de sattirer les critiques et la dérision, le Sénat a fait preuve dun talent virtuellement inégalé par les autres institutions gouvernementales du Canada. La Chambre haute a été qualifiée tour à tour dassemblée non représentative du peuple canadien, de « groupe de lobbying » des élites du monde des affaires du pays(3), dorganisme nayant de compte à rendre à personne et dinstitution antidémocratique. Et cette litanie négative, rarement interrompue par un défenseur, a suscité un mouvement croissant de réforme du Sénat qui vise à corriger les lacunes qui lui sont reprochées. À lheure actuelle, après léchec de deux importantes tentatives de renouvellement constitutionnel qui comprenaient notamment des propositions denvergure en vue de réformer le Sénat, la voix de ceux qui réclament labolition pure et simple de linstitution est plus forte que jamais(4). Bien des Canadiens estiment que la Chambre haute na plus de rôle utile à jouer en ce qui a trait à ladministration du pays. Cela dit, il est un aspect du Sénat, et de ses travaux, que la plupart des critiques oublient, et dont bien peu de Canadiens sont conscients. Si la chambre haute elle-même a vu son prestige décliner, ses comités ont par contre mérité, de la part dobservateurs qui suivent de près les activités de linstitution, des louanges pour leur contribution à la vie publique du pays. Comme C.E.S. Franks ladmet, les comités du Sénat ont une bien meilleure fiche quon ne le reconnaît généralement(5). Ceux qui connaissent bien les travaux de ces comités nont pas été avares déloges à leur égard. On a félicité les sénateurs qui y siègent pour leur diligence et pour leur aptitude à mettre leurs connaissances et leur expérience à profit afin détudier des questions qui leur sont soumises. Les raisons dune telle situation sautent aux yeux pour peu quon compare globalement les comités du Sénat à ceux de la Chambre des communes. À la Chambre haute, la composition des comités est stable, ce qui permet aux membres de ces derniers dacquérir de la compétence et de lexpérience dans leurs domaines de responsabilité; de plus, comme ils ne sont pas accaparés par leurs devoirs envers leurs commettants, les sénateurs peuvent, plus que les députés, consacrer plus de temps à leur travail en comité(6). En outre, latmosphère est moins partisane dans les comités du Sénat que dans ceux de la Chambre des communes et les recommandations quils font, et les actes quils posent, sont moins menaçants pour le gouvernement. La combinaison de ces facteurs fait que les comités du Sénat sont en mesure dapporter des éléments utiles pour surmonter les problèmes qui se posent à la société canadienne et proposer des solutions originales. Même certains des pires détracteurs du Sénat ne se font pas prier pour reconnaître lutilité des comités sénatoriaux(7). Compte tenu de ces observations, nous nous penchons de plus près, dans le présent document, sur les comités sénatoriaux afin de déterminer le ou les rôles quils jouent et détablir comment ils peuvent efficacement y parvenir. Il existe plusieurs types de comités sénatoriaux(8), mais nous nous concentrons sur les comités spéciaux, et plus particulièrement sur trois dentre eux, qui ont oeuvré à la fin des années 60 et au début des années 70. Il y a deux raisons à notre choix, la première étant que la plupart des critiques favorables aux comités sénatoriaux font allusion à ces trois comités-là(9). Il est donc logique quune recherche sur le ou les rôles auxquels les comités du Sénat se prêtent le mieux se concentre sur les cas où ils ont été réputés avoir obtenu les meilleurs résultats. La deuxième raison de notre choix, cest lavis du Professeur Robert Jackson, selon lequel,
Les trois comités spéciaux sur lesquels nous nous penchons sont le Comité spécial du Sénat sur la pauvreté (le Comité Croll), le Comité spécial du Sénat sur les moyens de communication de masse (le Comité Davey) et le Comité sénatorial spécial de la politique scientifique (le Comité Lamontagne); nous verrons quils se sont tous acquittés des fonctions préconisées par le Professeur Jackson. Nous entreprenons notre étude en faisant un exposé général sur le rôle des comités du Sénat et sur les critères propres à évaluer leur efficacité, de façon à situer lexamen de chacun des trois comités spéciaux susmentionnés. Ensuite, après avoir fait un bref survol des enquêtes récemment menées à bien par des comités sénatoriaux, nous examinons la suggestion selon laquelle les comités du Sénat pourraient assumer des tâches actuellement confiées par le gouvernement à des commissions royales. Nous en arrivons enfin à des ébauches de conclusions à partir de cet examen du rôle et de lefficacité des comités du Sénat. Dans son ouvrage de 1965, qui fait autorité sur le Sénat, le Professeur F.A. Kunz a donné lune des rares descriptions des tâches que les comités de la Chambre haute devraient accomplir. À son avis, les principaux rôles de ces comités sont au nombre de trois :
Kunz a aussi reconnu que les comités du Sénat pourraient jouer plusieurs rôles secondaires, en servant notamment de tribunes où formuler des intérêts. Le premier de ces rôles, soit létude des aspects particuliers des projets de loi, est resté important, mais il est moins essentiel quavant, puisque les talents de législateur du gouvernement se sont améliorés(13). Lépluchage des comptes publics et des prévisions budgétaires continue dêtre un rôle important des comités sénatoriaux, mais moins crucial que le troisième, celui denquêter(14). Ce sont donc sur les rôles denquêteur et de tribune dexpression dopinions sur des questions importantes que jouent les comités que nous nous attarderons dans ces pages. Il convient de souligner que certains rejettent lidée que les comités sénatoriaux se prêtent à des fonctions denquête. Le Sénateur Grattan OLeary, un éloquent représentant de cette tendance, avait fait valoir largument suivant lors dun débat à la Chambre haute :
ÉVALUATION DE LEFFICACITÉ DES COMITÉS DU SÉNAT Les exposés généraux sur limportance des travaux des comités sénatoriaux abondent, mais personne ne sest encore attelé à la tâche bien plus exigeante den faire lévaluation méticuleuse et détaillée nécessaire pour les évaluer à leur juste valeur. Cela sexplique peut-être en partie par le fait quil est difficile de savoir exactement comment définir et mesurer lefficacité des comités. Le Comité de liaison de la Chambre des communes a dailleurs reconnu ce problème récemment, quant il a fait sa première évaluation de lefficacité des comités de la Chambre(16) : il a dû commencer par établir les critères dune telle évaluation. Globalement, il a conclu que lefficacité dun comité est fonction de son influence sur les actions ou le comportement du gouvernement(17). Cela dit, il nest toujours pas facile dévaluer lefficacité des comités, comme le Comité de liaison lui-même la reconnu dans ses rapports que les normes defficacité varient selon lobservateur(18). Lidée que lefficacité des comités devrait être fonction de leur capacité dinfluencer le gouvernement est plutôt limitative. Si lévaluation devait se fonder sur ce seul critère, il est très probable quun constat déchec serait le lot de nombreux comités. Là encore, Kunz éclaire la situation en soulignant que les comités jouent deux rôles importants qui peuvent servir à mesurer leur efficacité. Le premier consiste à faire des recommandations pour que le gouvernement prenne des mesures, et le second à sensibiliser lopinion à une question en exposant une situation ou un problème et en publiant les résultats de enquêtes(19). À cet égard, le succès ou lefficacité des comités peut, selon Kunz, « être mesuré par leffet que leurs recommandations ont eu sur les gestes posés par la suite par le gouvernement »(20). Kunz fait toutefois une réserve en disant quil peut sécouler plusieurs années avant que les recommandations dun comité soient adoptées par le gouvernement; il conclut toutefois sur une note optimiste en déclarant que, si les recommandations sont valables et bien formulées, elles seront adoptées tôt ou tard(21). Quand aux comités qui essaient datteindre le second objectif, Kunz estime que :
Bref, en labsence de mesures empiriques précises, les critères suivants peuvent servir à évaluer lefficacité des comités :
LES COMITÉS SPÉCIAUX DES ANNÉES 60 ET 70
Les comités spéciaux auxquels Janet Marie McCauley fait illusion ont été créés à la fin des années 60 et au début des années 70 pour enquêter sur plusieurs grands problèmes avec lesquels le Canada était alors aux prises : la pauvreté, la puissance croissante des moyens de communication de masse et la nécessité, pour le pays, de se doter dune politique scientifique nationale. Ces trois comités se sont tous distingués par la qualité de leurs recherches, par leur contribution à la sensibilisation des Canadiens et par leur influence sur la politique gouvernementale. Et comme nous lavons déjà dit, ils ont reçu et continuent de recevoir des éloges de tout le monde pour leurs réalisations. A. Comité spécial du Sénat sur la pauvreté (le Comité Croll) La création dun comité spécial sur la pauvreté au Canada découle dune recommandation figurant dans le Cinquième exposé annuel du Conseil économique du Canada (CEC), publié en 1968. Après avoir souligné quun enquête antérieure dun comité du Sénat sur lutilisation des terres avait mené à ladoption de la Loi de 1961 sur la remise en valeur et laménagement des terres agricoles, le CEC a déclaré ce qui suit :
Cette recommandation du Conseil économique a été cruciale, car elle a virtuellement garanti non seulement quun comité sénatorial ferait enquête sur la pauvreté, mais aussi que les travaux et les recommandations du comité seraient pris au sérieux par le gouvernement de lheure. Comme lexpert sur la pauvreté, Donald Bellamy, la fait remarquer à lépoque,
La probabilité que le Sénat réagisse favorablement à la proposition du Conseil ? et que ses travaux dans ce domaine aient de linfluence ? était dailleurs renforcée par dautres facteurs. Aux États-Unis, la « Guerre contre la pauvreté » menée par le Président Lyndon Johnson avait fait progresser lidée que ce fléau pouvait être la cible dune action gouvernementale, et, en 1965, le gouvernement du Canada avait déclaré avoir des intérêts analogues. Le Sénat sest donc mis à loeuvre dans un contexte très favorable, car le pays était prêt pour une étude de ce genre. De plus, lattention du public et des médias ? et par extension celle du gouvernement ? était un fait acquis. Le 8 octobre 1968, le Sénateur David Croll a réagi directement aux recommandations du CEC en proposant la création dun comité sénatorial spécial chargé denquêter sur le problème de la pauvreté; le 26 novembre, le Sénat lui a donné son aval. Dans sa motion, le sénateur Croll a précisé que lidée ne lui était pas venue du ciel, car il pensait déjà sérieusement à la pauvreté depuis longtemps et avait accumulé des renseignements sur la question, de sources tant gouvernementales que privées. Il a indiqué que malgré tous ses efforts , il avait été incapable daboutir à des conclusions et que le rapport et les recommandations du CEC lavaient incité à agir(26). Il vaut la peine de citer un long extrait de son discours au Sénat. Sil pressait ses collègues de lappuyer, cétait, disait-il :
En disant quil y avait au Sénat des hommes éclairés, expérimentés et compétents, le Sénateur Croll pouvait sinclure dans le groupe. Il avait en effet une grande compétence pour entamer une étude sur la pauvreté, un sujet qui lintéressait personnellement. Il avait été maire de la ville de Windsor, en Ontario, pendant la Crise de 1929, soit à une époque où les municipalités du Canada avaient assumé la plus grande partie du fardeau de laide sociale. Par la suite, il avait déjà présidé deux comités spéciaux, et cette expérience lui avait permis délargir ses connaissances en matière de politique sociale et dacquérir les aptitudes nécessaires pour mener une enquête sur la pauvreté. En effet, il avait présidé en 1961, le Comité spécial sur la main-doeuvre et lemploi, au rapport et aux recommandations duquel on attribue le mérite de la création, en 1966, du ministère de la Main-doeuvre et de lImmigration(28). Il avait ensuite dirigé le Comité spécial du Sénat sur le vieillissement, dont le rapport et les recommandations, rendus publics en février 1966, avaient eu un effet sensible sur la politique gouvernementale à légard des Canadiens âgés(29). Et les membres du conseil des ministres de M. Trudeau respectaient le Sénateur Croll, de sorte que le gouvernement allait sûrement écouter ce quil aurait à dire sur une question aussi importante que la pauvreté. Bref, comme Colin Campbell la souligné, il avait une influence considérable au conseil des ministres et au Parti libéral(30). En outre, la proposition du Sénateur Croll bénéficiait de lappui de Paul Martin, leader du gouvernement au Sénat et ami personnel de longue date du proposeur (ils étaient tous deux de Windsor). La participation du Sénateur Martin au projet a été cruciale(31); il avait été ministre fédéral de la Santé et du Bien-être social pendant onze ans, et cette expérience lavait renseigné, lui avait donné un point de vue unique sur la question de la pauvreté et lui faisait accueillir le projet de son collègue David Croll avec sympathie. De plus, comme membre du conseil des ministres de Pierre Elliot Trudeau, il avait suffisamment dinfluence pour contribuer encore davantage à limpact des recommandations du futur Comité Croll. Cest dans ce contexte favorable que le Comité spécial sur la pauvreté a été créé par le Sénat, le 26 novembre 1968. Il était composé de 16 membres, y compris un président et un vice-président. Lun des aspects les plus significatifs des travaux du Comité ? peut-être plus important encore que le rapport final et les recommandations de ce dernier ? demeure la série de 93 audiences publiques quil a tenues du 22 avril 1969 au 10 novembre 1970. Ces audiences se sont déroulées dans chacune des dix provinces, ainsi quau Yukon, et elles ont beaucoup attiré lattention du public et des médias. Par suite de la publicité quelles ont générée, la réaction du public a été telle que le Sénateur Croll a dû souvent diviser le Comité en deux pour que tous ceux qui voulaient comparaître devant lui puissent le faire. À la fin, le Comité avait reçu 209 mémoires et entendu 810 témoins. Les médias ont joué un rôle clé dans le succès du Comité Croll. Le ton global des reportages a été positif et na nullement laissé entendre que les sénateurs navaient peut-être pas la compétence nécessaire pour étudier la pauvreté et faire des recommandations sur les moyens de la combattre. Les journalistes ont informé le public non seulement au sujet de ce qui sest passé au cours des audiences, mais aussi au sujet des autres activités des membres du Comité, comme leur visite des taudis dHalifax et des cellules de la prison de Charlottetown. Le tableau ainsi brossé a montré des sénateurs profondément engagés, qui tenaient à résoudre le problème sur lequel ils enquêtaient. Par exemple, un journal a souligné que rien nobligeait les sénateurs à consacrer du temps et des efforts à une enquête comme celle-là, en précisant quils touchaient 15 000 $ par année, quils travaillent ou pas. Et le même article citait ? sans donner son nom ? un sénateur qui avait dit siéger au Comité parce quil voulait faire quelque chose pour combattre la pauvreté(32). Les médias ont déclaré que limportance des audiences publiques résultait du fait quelles avaient servi de catalyseur au débat public sur la pauvreté en constituant une tribune extrêmement utile où les victimes de la pauvreté et leurs défenseurs avaient tous pu faire valoir leur point de vue. Le comité Croll a ainsi favorisé une meilleure compréhension du problème et focalisé les efforts faits par des Canadiens vivant dans la pauvreté en vue de sorganiser. Comme la précisé le Toronto Star :
Le Comité a favorisé une nouvelle réflexion sur le problème de la pauvreté, et il a attiré plusieurs propositions importantes, ce qui a incité un commentateur à déclarer quune grande partie de ce quon avait communiqué au Comité était dexcellente qualité et contenait de linformation introuvable dans tout autre source publique(34). Un autre journal a informé ses lecteurs que :
Cela dit, les commentaires nont pas tous été louangeurs. Par exemple, Murray Goldblatt a écrit dans le Globe and Mail de Toronto que le niveau des questions des membres du Comité sétait rarement élevé au-dessus de la médiocrité. Il sest aussi interrogé sur lopportunité des travaux du comité en soulignant que le gouvernement se préparait à rendre public un Livre blanc sur la sécurité sociale en juin 1970, soit bien avant la conclusion de lenquête sénatoriale(36). À lépoque, certains universitaires ont aussi porté des jugements très durs. Par exemple, un professeur de travail social, Donald Bellamy, a commenté les audiences du Comité en disant que, bien que la tournée ait eu des moments de vive émotion et quil y ait eu parfois des révélations, elle avait quelquefois semblé superficielle et artificielle, et que, dans ses pires moments, elle avait exposé des gens vulnérables à loeil du public(37). Le rapport du Comité Croll (La pauvreté au Canada) a été rendu public en 1971. Il contenait plusieurs recommandations importantes, y compris celle de létablissement dun Revenu annuel garanti (RAG) et celle de la création dun Conseil de la recherche sociale appliquée. Globalement, le rapport a été bien accueilli. La presse en a fait léloge parce quil avait attiré lattention du public sur un sujet dont la plupart des Canadiens auraient préféré ne pas parler. On la qualifié de franc, de raisonnable et de plein de compassion. Le ton dun éditorial est typique de la réaction de la presse de lépoque :
Pour sa part, le Montreal Star a conclu que limportance du rapport nétait pas due à ses révélations sur la pauvreté, mais plutôt au fait quil légitimait les constatations déjà faites par dautres(39). Enfin, le Globe and Mail a conclu que le rapport était la première démarche honnête au Canada en matière de pauvreté(40). Néanmoins, le rapport a eu des détracteurs. Pendant que celui-ci était à létat débauche, le Comité avait éprouvé des difficultés avec certains des principaux membres de son personnel de recherche, qui étaient en si complet désaccord avec les sénateurs quils se sont crus obligés de démissionner et de publier leur propre ouvrage sur la pauvreté au Canada. Un autre critique a déclaré que le rapport du Comité sénatorial était un document terre-à-terre, qui apportait peu de chose à la compréhension de la pauvreté ou de la société canadienne(41). Néanmoins, plutôt que de saper le prestige du Comité et de réduire limpact de son rapport, ces critiques nont fait quattirer plus dattention sur celui-ci et sur ses recommandations. Loeuvre des sénateurs est rapidement devenue un best-seller parmi les publications gouvernementales(42). Le Comité Croll a engagé des dépenses substantielles. De la date de sa création (le 26 novembre 1968) à la fin de la deuxième session de la 28e Législature, il a dépensé 497 904,46 $ [dont 83 504,79 $ ont été consacrés à la recherche](43). Pour la troisième session de la 28e Législature, ses dépenses se sont élevées à 372 695,78 $ [29 955,99 $ pour la recherche](44). Enfin, les dépenses quil a engagées pour terminer ses travaux, pendant la quatrième session de la 28e Législature, se sont élevées à 16 315,10 $(45). Le coût total de lenquête du Comité spécial sur la pauvreté a donc été de 886 916,34 $, dont 113 460,78 $, soit 12,79 p. 100, ont été consacrés à la recherche. Pour mettre ces sommes en perspective, disons que le total des dépenses du Comité Croll pour son étude de la pauvreté équivaut à 3 736 488 $, en dollars de 1993. À lépoque, ces dépenses navaient soulevé virtuellement aucun commentaire, soit parce que personne ne sy intéressait, soit parce quon estimait, au moins tacitement, que les travaux du Comité en valaient la peine. De toute évidence, le Comité Croll a eu une grande influence. Cest le fait que les pauvres et les organisations qui les représentaient sétaient servis du Comité pour arriver à participer au processus décisionnel qui semble avoir attiré le plus dattention. Le gouvernement sétait rendu compte que les pauvres avaient besoin de possibilités accrues dinfluer directement sur le contenu des politiques conçues à leur intention, et cest ce qui la incité à prendre la décision suivante :
Toutefois, comme nous lavons laissé entendre, limportance réelle du Comité sest moins manifestée dans laccueil que le gouvernement a réservé à ses recommandations que dans son rôle de catalyseur de lorganisation des pauvres au Canada et de tribune capable dattirer lattention sur la pauvreté :
Il est clair que le Comité Croll a exercé un influence importante, bien quindirecte. Ses principales recommandations nont pas été mises en oeuvre, mais il reste que ses actions ont favorisé une prise de conscience de la pauvreté et de la détresse des pauvres au Canada. Il a apporté un appui dune valeur incalculable aux efforts de ces derniers pour sorganiser, et le gouvernement a été amené à repenser et à réviser ses programmes à leur intention. Compte tenu des critères que nous avons précisés au début, nous pouvons conclure que le Comité Croll a été très efficace.
B.
Comité spécial du Sénat sur les moyens de communication de masse Le Comité spécial du Sénat sur les moyens de communication de masse a dû son existence essentiellement à lintérêt personnel de son président, le Sénateur Keith Davey. Par rapport au Sénateur Croll, celui-ci était alors un néophyte à la Chambre haute (le premier ministre Pearson lavait nommé au Sénat en 1966 seulement) et, exception faite de son expérience comme vendeur de publicité pour une station de radio de Toronto, on ne pouvait pas dire quil connaissait aussi bien son sujet que le Sénateur Croll. La puissance des médias et leur concentration dans les mains dune poignée de barons de la presse faisaient assurément lobjet dune certaine inquiétude dans lesprit du public, mais le Sénateur Davey ne bénéficiait pas dun contexte aussi favorable que le Sénateur Croll. En fait, la qualité de la couverture dont le Comité Davey a bénéficié dans la presse a peut-être été largement due à limportance de son sujet pour celle-ci ainsi quaux témoins en vue quil a attirés plutôt quaux qualités et aux antécédents de son président ou à lopinion dominante à lépoque. Le comité Davey a consacré 22 mois (dont cinq pour ses audiences publiques, du 9 décembre 1969 au 24 avril 1970) à son enquête sur le contrôle de linfluence des moyens de communication de masse du Canada. Pendant cette période, il a reçu des propositions denviron 500 personnes et organismes et entendu 125 témoins, dont plusieurs Canadiens en vue, qui ont suscité beaucoup dintérêt pour les audiences par leur témoignages. En effet, Robert Stanfield, Pierre Berton, Charles Templeton, Marshall McLuhan et les anciens premiers ministres Lester Peason et John Diefenbaker ont tous comparu devant le Comité. À lépoque, le chroniqueur Charles Lynch avait dit que, si cette brochette de témoins si connus ne mettait pas le Sénat sur la carte et ne faisait pas parler de lui dans la presse, rien dautre ne pourrait y parvenir(48). Daprès le Vancouver Sun, les audiences du comité étaient peut-être le spectacle public le plus intéressant au Canada(49). Compte non tenu du coût des audiences publiques et du traitement des mémoires soumis, le Comité disposait au départ dun budget de recherche denviron 150 000 $. Cet argent a été consacré à des études sur la production démissions télévisées, sur les lois de la diffamation, notamment verbale, et sur la propriété, ainsi quà des analyses du contenu et la propriété des médias(50). Comme il fallait sy attendre, le Comité Davey a beaucoup retenu lattention des médias. La couverture a été très favorable, du moins au début. Lextrait suivant dun éditorial du Telegram de Toronto est typique de la réaction de la presse :
Le Vancouver Sun a lui aussi publié des jugements favorables, bien quavec moins denthousiasme, en disant que la décision du gouvernement de créer le Comité spécial semblait susceptible de se révéler utile(52). Après avoir mené son enquête à bien, le Comité Davey a déposé son rapport à la fin de 1970. Il a recommandé notamment que le gouvernement crée un conseil dexamen de la propriété de la presse pour freiner sa concentration dans le secteur et mette sur pied un fonds de prêts de développement pour les publications, à lintention de ceux qui souhaiteraient se lancer dans le domaine. Le Comité a en outre avancé lidée que les propriétaires créent un Conseil de la presse qui répondrait aux plaintes du public. Dans lensemble, les critiques de lextérieur des médias ont été favorables au rapport, quoique nuancées. Par exemple, léconomiste Robert R. Kerton a déclaré que le rapport était une étude qui donnait à penser(53), et quil contenait de nombreux éléments valables et peut-être essentiels pour lavenir du Canada(54), ce qui ne la pas empêché de conclure que :
Dans les journaux, toutefois, la plupart des commentaires ont été très défavorables. Des éditoriaux de journaux de tout le Canada ont qualifié le rapport de trompeur, dinexact et de superficiel. Le 30 juin 1971, le Sénateur Davey a déposé un état final des frais spéciaux de son Comité. Sur des dépenses totales de 621 834,58 $, le poste le plus important était celui de la recherche, qui totalisait 244 993,73 $(56). En dollars daoût 1993, les dépenses du Comité se sont élevées à 2 619 729 $. Le coût des travaux du Comité ne semble pas avoir fait lobjet dune grande controverse. Mis à part quelques petits reproches dans la presse, le seul commentaire formulé lors du débat qui a eu lieu à la Chambre haute sur le rapport du Comité la été par le Sénateur Desruisseaux, qui a déclaré à ses collègues que le jour viendrait peut-être où lon en critiquerait le coût élevé. Pour sa part, le Sénateur Davey soutient que les travaux de son Comité ont constitué une véritable aubaine pour les Canadiens, surtout lorsquon compare leur coût à celui des commissions royales denquête(57). Le Sénateur Davey aurait dit que, puisque le gouvernement navait pas demandé quun comité du Sénat fasse enquête sur les médias, rien ne lobligeait à donner suite aux recommandations dudit comité(58). Il semble que le gouvernement ait été du même avis. La principale recommandation du Comité portait sur la création dun conseil dexamen de la propriété de la presse, comme nous lavons vu; ce conseil na jamais été créé. Toutefois, les médias ont réagi plus favorablement au rapport que le gouvernement. Dans trois provinces, les éditeurs de journaux ont créé des conseils de la presse chargés des plaintes portées contre celle-ci, répondant ainsi à lune des préoccupations majeures du Comité Davey, à savoir que la presse devait se montrer plus réceptive aux griefs du public(59). Enfin, en 1976, la décision du Parlement dabolir les exemptions de la taxe sur la publicité dans les magazines étrangers dont bénéficiaient les annonceurs des éditions canadiennes de Time et de Readers Digest aurait aussi résulté des recommandations du Comité(60). Cela dit, une grande partie de linfluence du Comité Davey a été indirecte, à linstar de celle du Comité Croll. On a attribué au Comité le mérite davoir fait oeuvre de pionnier en produisant des recherches utiles dans le domaine jusqualors mal connu de la propriété et de la concentration des médias(61). Dans cette mesure, il a réussi à sensibiliser davantage la population canadienne à lobjet de ses travaux. Dix ans plus tard, en réaction aux préoccupations croissantes quavait soulevées une augmentation soudaine de la concentration de la propriété des journaux, le gouvernement a chargé une commission royale de refaire une grande partie du chemin déjà couvert par le Comité Davey, dont les travaux ont servi de point de départ à lenquête menée par la Commission Kent, qui a reconnu dans son rapport sa dette envers son prédécesseur :
La Commission a poursuivi en disant que le Comité Davey lui avait légué « une appréciation éloquente du journalisme au sein de la société »(63). Linfluence de ce Comité du Sénat a donc été durable et dune valeur dont on ne se rendait peut-être pas vraiment compte à lépoque.
C.
Comité sénatorial de la politique scientifique Le 8 novembre 1967, le gouvernement décidait de créer un Comité sénatorial spécial de la politique scientifique pour répondre aux besoins dévaluation de la position du Canada dans ce secteur, compte tenu de lévolution rapide du développement technologique à léchelle planétaire. Ce Comité, présidé par le Sénateur Maurice Lamontagne, savait fort bien que les décideurs politiques et la collectivité scientifique du pays avaient besoin dun organisme dexamen public des programmes scientifiques gouvernementaux(64). Par conséquent, les activités du Comité allaient devenir un élément central des efforts denvergure déployés par le gouvernement pour faire mieux connaître et mieux comprendre une grande partie des graves problèmes avec lesquels ils fallait compter au Canada dans le domaine des sciences et de la technologie(65). Le Sénateur qui avait proposé la création dun comité de la politique scientifique en a été nommé président, comme cest souvent le cas. En raison de son expérience, le Sénateur Lamontagne se prêtait merveilleusement à cette tâche. Économiste de profession, il avait été, en 1943, lun des fondateurs de la Faculté des sciences sociales de lUniversité Laval, une pionnière dans le domaine, et il avait aussi été sous-ministre adjoint au ministère des Affaires du Nord et des Ressources naturelles, en 1954. Par la suite, de 1955 à 1957, il avait été conseiller économique du Conseil privé. Il avait ensuite été élu à la Chambre des communes, en 1963, avant dêtre nommé sénateur en avril 1967. À titre de président du Comité, il pouvait mettre à profit sa compréhension profonde des aspects administratifs du gouvernement et du monde universitaire dans létude de la politique scientifique dont son Comité était chargé. Le Comité Lamontagne a divisé ses travaux en quatre phases. Durant la première, il a entendu les témoignages de divers spécialistes sur les questions complexes que suppose la formulation dun politique scientifique. La deuxième phase a été consacrée à létude des principales activités de recherche et de développement des ministères et organismes fédéraux, tandis que la troisième a été réservée aux audiences publiques, qui ont eu lieu en mai et en juin 1969. Lors de cette troisième phase, le comité a entendu les témoignages de représentants des universités, des sociétés savantes, de lentreprise privée et des associations professionnelles, ainsi que de membres intéressés du grand public. Pendant la quatrième et dernière phase de ses travaux, le Comité a voyagé à létranger, pour se donner un point de vue international. Il a tenu en tout 102 séances publiques de novembre 1969 à février 1970, et 325 personnes et groupes lui ont communiqué leurs vues. Le Sénateur Lamontagne et les autres membres du bureau de direction du Comité ont aussi pris la parole dans une trentaine de réunions tenues par diverses associations un peu partout au Canada, pour parler de la politique scientifique. Les trois volumes du rapport du Comité ont été rendus publics en 1970, 1972 et 1973. De la date de sa création, le 8 novembre 1967, jusquà la fin de la deuxième session de la 28e Législature, le Comité Lamontagne a engagé des dépenses de 405 157,49 $, dont 116 407,38 $ ont été consacrés à la recherche(66). Pour la troisième session de la 28e Législature, ses dépenses se sont élevées à 164 324,35 $ [dont 69 411,52 $ pour la recherche](67); pour la quatrième session, elles ont été de 87 448,93 $ [27 363,93 $ pour la recherche] et, pour la première session de la 29e Législature, elles ont totalisé 126 852,62 $ [40 020,98 $ pour la rechercher](68). Quand le troisième et dernier volume de son rapport sur la politique scientifique a été rendu public, le Comité avait donc engagé des dépenses totalisant 783 783,39 $, ce qui équivaut à 3 302,004 $ en dollars daoût 1993. Comme les deux autres comités spéciaux dont nous venons de parler, le Comité sénatorial spécial de la politique scientifique a été très louangé. Après la publication du premier volume de son rapport, le politologue G. Bruce Doern a écrit que les travaux du Comité Lamontagne avaient compris lévaluation la plus exhaustive et, ce qui était le plus important, la plus publique et la plus transparente de ce domaine complexe de la politique gouvernementale(69). Et Doern a poursuivi en exprimant son
Dautres personnes ont reconnu elles aussi que les aussi que les audiences du Comité avaient contribué à lancer le débat public sur la politique scientifique nationale(71). Le rapport du Comité est considéré comme une importante réalisation en soi, et il est souvent cité par les universitaires. Comme le représentant au Congrès des États-Unis Charles A. Mosher la déclaré à lépoque, lexamen de la politique scientifique réalisé par le Comité Lamontagne était létude la plus approfondie au monde(72). Selon Colin Campbell, le Comité Lamontagne a réussi parce que le Sénateur Lamontagne avait choisi détudier un domaine de politique gouvernementale quil connaissait bien et quil sétait ménagé lappui du public et des groupes intéressés pour obtenir celui de ses collègues sénateurs. Ensuite, après avoir mené lenquête à bien, M. Lamontagne na pas ménagé ses efforts pour que le public continue à réclamer une politique scientifique nationale. Il avait aussi tablé sur sa réputation chez les membres du caucus libéral et du conseil des ministres pour faire en sorte que les propositions de son Comité puissent être mises en oeuvre. Et Campbell conclut que, pour que leurs travaux soient couronnés de succès, les comités chargés denquêter sur la politique sociale se doivent dobtenir et de conserver lappui dune clientèle nationale capable de transcender les divisions sectorielles(73). Ces observations peuvent sappliquer tout aussi bien aux deux autres comités spéciaux dont nous avons parlé, soit ceux du Sénateur Croll et du Sénateur Davey. Les comités spéciaux des dernières années nont pas égalé les réalisations de leurs prédécesseurs des années 70, bien que plusieurs comités du Sénat aient produit des études de valeur. Cest le cas, par exemple, des travaux du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, avec son rapport intitulé La pauvreté dans lenfance, vers un avenir meilleur. Les recherches commandées par ce Comité et annexées à son rapport contiennent de linformation utile pour les groupes représentant des intérêts particuliers et pour les spécialistes oeuvrant dans le domaine de la pauvreté des enfants, ainsi que pour les universitaires. Néanmoins, à linstar dautres rapports sénatoriaux rendus publics ces dernières années, ce rapport-là semble navoir pas eu limpact de ses prédécesseurs. Un observateur a dit quil en était ainsi parce que les comités des années 70 avaient trop durement critiqué la politique gouvernementale, et que, par conséquent
De plus, le fait que le parti au pouvoir à la Chambre des communes ne dispose que depuis peu de la majorité des sièges au Sénat a réduit les possibilités que des comités sénatoriaux présidés et largement noyautés par des adversaires politiques de ce parti puissent arriver à influer sur les mesures gouvernementales. Enfin, on a apporté au milieu de travail du Sénat dautres modifications, qui contribuent à expliquer cette baisse defficacité de ses comités :
COMPARAISON DES COMITÉS DU SÉNAT ET DES COMMISSIONS ROYALES
Le Professeur Kunz résume ainsi largument selon lequel les comités du Sénat pourraient assumer une grande partie des tâches actuellement confiées à des commissions royales, et ce, à moindre coût pour les contribuables. Pour en juger, il faut être conscient des ressemblances, des différences et des avantages et inconvénients relatifs des deux formes dorganisation. Les commissions royales sont créées par le premier ministre, conformément à la Loi sur les enquêtes (Chapitre I-11, L.R.C.). Il en existe deux types : les commissions royales à vocation politique, généralement dirigées par trois commissaires, et les commissions royales denquête, habituellement présidées par un seul commissaire. La nomination du ou des commissaires et le mandat autorisant la commission à prendre certaines mesures font lobjet dun décret. Il nexiste pas de politique régissant la procédure que les commissions royales doivent suivre, bien quon leur impose souvent des délais à respecter. Les commissions royales ont leur propre budget et doivent prendre elles-mêmes les dispositions nécessaires pour leurs déplacements et leurs audiences. Les commissaires ne sont pas tenus de renoncer à leurs activités normales; ils peuvent poursuivre leur carrière tout en siégeant à une commission. En plus damasser de linformation et de formuler des recommandations, les commissions royales ont les fonctions suivantes :
En général, le public a limpression que les gouvernements créent des commissions royales moins pour résoudre des problèmes que pour éviter dy faire face dans limmédiat. Le public a limpression que, une fois rendus publics, les rapports des commission royales sont des ramasse-poussière, et quon nentend plus jamais parler de leurs recommandations. Cela dit, il est difficile dévaluer plus sérieusement lefficacité des commissions royales. En effet, le professeur de droit Wayne Mackay a écrit que, pour déterminer leur efficacité, il a toujours fallu
Une grande partie de ce que lancien sous-ministre de la Justice et sous-procureur général du Canada, Frank Iacobucci, a écrit sur lefficacité des commissions royales peut aussi sappliquer aux comités sénatoriaux. M. Iacobucci estime que, pour évaluer lefficacité dune commission royale, il faut tenir compte de sa fonction et de ses objectifs. Selon lui, il est possible que la commission ait pour rôle de définir un problème plutôt que de le résoudre. Il peut aussi arriver, à son avis, que le problème à létude soit insoluble. Enfin, lefficacité des commissions royales doit être évaluée daprès des critères defficience, déconomie et defficacité :
M. Iacobucci conclut quil est inévitable que lefficacité dune commission soit évaluée en fonction du degré dacceptation de ses activités et de ses recommandations par le gouvernement et par le public. Il fait toutefois une réserve contre le recours exclusif à ce critère. Ses observations à cet égard peuvent aussi sappliquer aux comités sénatoriaux. Il écrit en effet quil faudra éviter
On parle souvent du coût élevé des commissions royales. Il convient toutefois de préciser quelles font lobjet de certaines mesures radicales de contrôle, en matière de budgétisations et de financement. Les dépenses des commissions royales sont imputées soit sur les recettes générales, soit sur le budget du ministère dont le ministre parraine lenquête (le plus souvent le Conseil privé). Une fois la commission royale créée par décret, il y a généralement une rencontre préliminaire entre un haut fonctionnaire du ministère dont le ministre a recommandé lenquête et le ou les commissaires. Après cette rencontre, on demande quil soit pris dautres décrets prévoyant diverses dispositions pour le financement des travaux de la commission :
Le président de la commission royale est réputé être un sous-ministre aux fins de lapplication de la Loi sur la gestion des finances publiques, et il rend compte de ses activités au ministre qui a recommandé lenquête (presque toujours le premier ministre). Les commissaires ne sont pas rémunérés, exception faite de lindemnité journalière qui leur est versée (le maximum actuel est de 175 $), et qui est souvent nettement inférieure à ce quils gagnent dans le secteur privé. Elles doivent embaucher leur propre personnel (en vertu des pouvoirs délégués en application de la Loi sur les enquêtes), mais leur mandat précise toujours que le taux de rémunération de leur personnel doit être approuvé par le Conseil du Trésor. Les locaux et le matériel de bureau leur sont fournis par les Travaux publics. Les prévisions budgétaires quelles soumettent au Conseil du Trésor sont incorporées dans le budget des dépenses supplémentaires, puis déposées à la Chambre. Les dépenses des commissions royales sont soumises à lautorité du Parlement, mais le contrôle exercé est très limité(82). En effet, les lignes directrices contenues dans les décrets pertinents mises à part, le gouvernement exerce le peu de contrôle dont il dispose à lendroit des commissions royales via la budgétisations(83). En outre, étant donné que les décrets secondaires font des commissions des ministères aux fins de lapplication de la Loi sur la gestion des finances publiques, celles-ci relèvent de lautorité du Conseil du Trésor, conformément à ladite Loi. Il sensuit que ladministration des commissions est soumise aux freins et contrepoids habituels de la fonctions publique(84). Les commissions royales tendent à être coûteuses, en dépit de la gamme de mesures de contrôle financier qui leur sont imposées. Cest ainsi que la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis [la Commission Lortie] a dépensé en tout 19 546 242 $(85). Limportance de ces dépenses a incité le Professeur Mackay à se demander, comme dautres observateurs dailleurs, sil ne conviendrait pas davoir recours à un autre mécanisme que celui des commissions royales, particulièrement en raison de lescalade des coûts de ces dernières(86).
B.
Comités sénatoriaux et commissions royales : Tout succinct quil soit, lexposé sur les commissions royales qui précède laisse entrevoir plusieurs de leurs avantages et inconvénients par rapport aux comités sénatoriaux. Dans ce contexte, il faut notamment tenir compte du degré de contrôle exercé par le gouvernement. Celui-ci na virtuellement aucun moyen réel de contrôler la nature des enquête des comités spéciaux du Sénat, ni leur fonctionnement, leurs conclusions ou leurs recommandations de ces comités. Bref, comme Kunz le laisse entendre, le Parlement et le gouvernement disposent dune plus grande marge de manoeuvre face au rapport dun comité du Sénat quà celui dune commission royale(87). Il est important de se rappeler que le gouvernement crée des commissions royales de sa propre initiative, de sorte quil a une certaine obligation de réagir à leurs constatations et à leurs recommandations. Ce facteur pourrait dailleurs rendre les comités sénatoriaux plus intéressants pour lui :
En outre, puisque le Sénat est déjà bien établi, ses comités peuvent éviter les frais supplémentaires nécessaires à la constitution dune commission royale(89). Ces avantages des comités sénatoriaux (du point de vue du gouvernement) sont compensés par lautorité plus grande dont celui-ci dispose, toutes proportions gardées, sur les commissions royales dont il limite la portée, nomme les commissaires et contrôle la budgétisation, en plus davoir une certaine latitude pour décider si le rapport final sera rendu public ou pas. Il sensuit que lavantage quun comité sénatorial spécial détient sur une commission royale, à titre dorganisme enquêteur, est largement fonction du point de vue retenu. Dans lesprit de ceux pour qui les enquêtes sur des questions de politique publique denvergure devraient échapper à linfluence gouvernementale, les comités spéciaux du Sénat présentent un certain intérêt. Leur principal inconvénient demeure labsence de toute obligation réelle dy réagir, pour le gouvernement. Cela dit, sous un important aspect, les comités sénatoriaux et les commissions royales exercent peut-être un même attrait. En effet, étant donné que ni les uns ni les autres nont dinfluence inhérente, il est possible dencourager les premiers aussi bien que les secondes à aborder les questions de politique de façon originale. À cet égard, V. Seymour Wilson souligne que :
Les comités sénatoriaux ont toutefois un grand avantage par rapport aux commission royales : leur nature relativement permanente. Selon le Professeur Mallory, alors que les commissions royales sont dissoutes une fois leurs travaux terminés, les membres des comités du Sénat restent à leur poste et sont donc en mesure de surveiller la réaction du gouvernement aux constatations et aux recommandations de leurs rapports(91). Il reste que, là encore, ce facteur peut être considéré comme un inconvénient, du point de vue gouvernemental. En conclusion, il vaut la peine de parler dun cas dimportance majeure, dans lequel les travaux dun comité sénatorial spécial ont été dans une certaine mesure dédoublés par ceux dune commission royale. En effet, la Commission royale sur les journaux (Commission Kent), créée en 1980 en réaction à la concentration croissante de la propriété des journaux au Canada, a mené une étude de dix mois qui a coûté plus de trois millions de dollars pour produire un rapport de 296 pages étayé par huit volumes de rapports de recherches. Cette commission royale sest-elle acquittée de sa tâche plus efficacement que le comité sénatorial qui lavait précédée, le Comité Davey? Une question aussi vaste nécessite un examen plus détaillé, mais la première réponse qui vient à lesprit est manifestement non. Daprès deux universitaires qui ont étudié la question :
Dans un article sur les comités dans le contexte australien, Peter OKeefe a formulé ce qui devrait être un truisme, en disant que les comités sont des instruments, et quen fait, chaque comité sénatorial est une ressource ou un instrument unique(93). Quels sont les éléments qui ont contribué à faire des comités sénatoriaux spéciaux des ressources dune telle valeur dans les années 70? Les exemples que nous avons étudiés laissent entendre quil y en a plusieurs. A. Rôle du leader du gouvernement au Sénat Un important facteur de linfluence éventuelle des travaux et des recommandations des comités sénatoriaux spéciaux est le rôle du leader du gouvernement au Sénat, dont le gouvernement a officiellement reconnu le statut en 1969, en lui accordant un poste au conseil des ministres. McCauley souligne limportance de ce rôle dans lobtention de lappui du gouvernement pour les travaux des comités spéciaux. Cest à son avis :
J.R. Mallory attribue une grande partie du succès des enquêtes sur la politique publique menées par les comités sénatoriaux spéciaux des années 70 à Paul Martin, alors leader du gouvernement au Sénat, ministre énergique, dune expérience inégalée et ayant une grande influence au conseil des ministres(95). Il est probable que le Sénateur Martin se soit servi de son poste pour presser le gouvernement de donner une réponse favorable à une grande partie des recommandations des comités sénatoriaux. En outre, à titre de leader du gouvernement, il tenait à ce que le potentiel de la Chambre haute soit exploité au maximum. Dans ses mémoires, il a déclaré que rien nempêche le Sénat de décider de ses orientations. Selon lui, le Sénat peut être utile comme organisme dexamen et denquête(96). Cest précisément ce quil la encouragé à faire, comme en témoignent les travaux des comités sénatoriaux spéciaux de son époque. B. Caractère approprié des sujets Les comités sénatoriaux spéciaux des années 70 se sont tous penchés sur des questions dimportance majeure, qui intéressaient tous les Canadiens : la pauvreté, le rôle des médias et la politique scientifique nationale. Après avoir mené leur enquête à bien, ils ont su recommander des solutions originales, dont beaucoup ont été mises en oeuvre par le gouvernement. Ils ont donc répondu aux attentes du Professeur Jackson, en faisant enquête sur dimportants problèmes à long terme et en explorant des perspectives davenir. Bref, sils veulent jouer un rôle utile et avoir de linfluence, les comités du Sénat pourraient envisager denquêter sur les grandes questions denvergure que les Canadiens jugent importantes. Et comme le sénateur Davey la fait remarquer, certains des problèmes déjà étudiés par dautres comités spéciaux pourraient justifier un nouvel examen(97). Tous les présidents des comités spéciaux mentionnés dans ces pages ? les Sénateurs Croll, Davey et Lamontagne ? étaient particulièrement bien préparés pour enquêter sur les problèmes étudiés par leur comité respectif. La combinaison de connaissances personnelles, dintérêt, de détermination et daptitudes pertinentes de chacun dentre eux a largement contribué aux succès que chaque comité a remportés. D. Attitude favorable du gouvernement Louverture desprit du gouvernement a été un facteur manifeste du succès des comités sénatoriaux spéciaux dont nous avons parlé. Si le gouvernement navait pas été disposé à prendre au sérieux les travaux, les constatations et les recommandations de ces derniers, leur influence aurait été réduite de beaucoup. Ce facteur est partiellement lié au degré dinfluence que détient au conseil des ministres le leader du gouvernement au Sénat. Sil na pas dinfluence, ou si le gouvernement ne respecte pas le Sénat, il est très peu probable que les travaux de ses comités puissent contribuer dune façon quelconque au processus de formulation des politiques. Comme McCauley la souligné, les réalisations des comités sénatoriaux des années 70 nauraient pas été possibles
E. Appui des médias et du public Laptitude à sensibiliser lopinion à un problème ainsi quà contribuer à canaliser cette sensibilité en un consensus sur les mesures à prendre est à la fois un rôle et un grand potentiel des comités sénatoriaux. Si le comité réussit à obtenir lappui du public pour les mesures quil propose, il est plus difficile pour le gouvernement de ne pas en tenir compte. Toutefois, cette aptitude est fonction de deux éléments cruciaux : les médias nationaux doivent être disposés à faire des comptes rendus exacts et favorables sur les activités des comités sénatoriaux, et le public canadien doit y réagir. Dans le cas des comités sénatoriaux dont nous avons parlé, les médias ont joué un rôle important en prenant leurs travaux au sérieux, en parlant beaucoup et intelligemment de leurs activités et en les aidant à obtenir des appuis pour leur propositions. Il a donc été difficile pour le gouvernement de ne pas tenir compte des travaux de ces comités. Tout tourne autour du degré de respect que les Canadiens ont pour le Sénat et pour les sénateurs. Les voix respectées sont écoutées et prises au sérieux. Sans ce respect, les possibilités pour les comités sénatoriaux dêtre efficaces sont considérablement réduites. Dans un essai sur les fonctions des secondes chambres, un spécialiste a écrit que le Sénat du Canada
Les sondages révèlent que du nombre de Canadiens qui estiment que la Chambre haute devrait être abolie saccroît constamment(100). Le 22 juillet 1993, Gallup Canada a rendu publics des résultats montrant que 54 p. 100 des Canadiens étaient favorables à labolition du Sénat; cest le plus haut pourcentage que Gallup ait jamais constaté à cet égard, et les résultats reflètent à son avis lattitude des citoyens à lendroit dune institution qui, pour beaucoup dentre eux, na plus dutilité(101). Compte tenu des niveaux jamais vus de non-respect du Sénat dans les sondages dopinion récents, ses comités ont dénormes défis à relever sils veulent être efficaces. Il leur faudra tous les éléments que nous avons mentionnés, à savoir des présidents et des membres des comités compétents et dévoués, un leader du gouvernement au Sénat disposé à se servir de son poste afin de ménager des appuis au conseil des ministres pour les objectifs, les activités et les recommandations des comités, un gouvernement ouvert et favorable à leurs travaux, des médias attentifs et un public canadien intéressé à écouter ce que les sénateurs ont à dire, pour pouvoir influer nettement sur les orientations de la politique publique au palier national. Campbell, Colin. The Canadian Senate: A Lobby from Within. Toronto, Macmillan, 1978. Franks, C.E.S. The Parliament of Canada. Toronto, University of Toronto Press, 1987. Heard, Andrew. Canadian Constitutional Conventions: The Marriage of Law and Politics. Don Mills (Ontario), Oxford University Press, 1991. Hopkins, E. Russell. « The Canadian Senate Today: An Examination of the Functioning of the Modern Senate of Canada ». Manuscrit inédit, version revue et corrigée, 1972. Kunz, F.A. The Modern Senate of Canada: A Re-appraisal, 1925-1963. Toronto, Macmillan, 1965. MacKay, Robert A. The Unreformed Senate of Canada. Édition révisée. Toronto, McClelland and Stewart, 1963. McCauley, Janet Marie. The Senate of Canada: Maintenance of a Second Chamber Through Functional Adaptability. Thèse de doctorat inédite, Pennsylvania State University, 1983. OKeefe, Peter. « The Scope and Function of Parliamentary Committees ». The Parliamentarian, vol. LXXIII, no 4, octobre 1992, p. 270-275. White, Randall. Voice of Region: The Long Journey to Senate Reform in Canada. Toronto, Dundurn Press, 1990.
(1) R. MacGregor Dawson, The Government of Canada, révisé par Norman Ward, Toronto, Universtiy of Toronto Press, 1963, p. 325 (traduction). (2) Intervention du Sénateur David Croll, réclamant la création dun Comité spécial du Sénat chargé denquêter sur la pauvreté, Débats du Sénat, 1968-1969, 8 octobre 1968, p. 210. (3) Colin Campbell, The Canadian Senate: A Lobby from Within, Toronto, Macmillan, 1978. (4) Le 22 juillet 1993, Gallup Canada a rendu public un sondage selon lequel 54 p. 100 des Canadiens étaient favorables à labolition du Sénat. Cest le plus fort pourcentage jamais relevé par Gallup à cet égard. Institut canadien dopinion publique (Gallup Canada), Rapport Gallup, 22 juillet 1993. (5) C.E.S. Franks, The Parliament of Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1987, p. 225. (6) Remarque de lex-sénatrice Lorna Marsden, dans le Hill Times, 12 novembre 1992. (7) À la page 19 de son ouvrage de 1978, Campbell déclare ce qui suit : « Ceux qui se sont penchés sur le Sénat qualifient souvent les enquêtes sociales de « travail factice » pour des législateurs à temps partiel peu occupés. Pourtant, à la fin des années 60 et au début des années 70, ces enquêtes sont devenues partie intégrante de la formulation définitive de politique originales. À cette époque-là, les sénateurs se sont servis des travaux des comités pour favoriser lacceptation de nouvelles politiques sociales, et ils lont fait en favorisant lémergence dun consensus national sur les questions clés » (traduction). (8) Outre le comité plénier, les autres sont les comités permanents, les comités législatifs et les comités mixtes, composés à la fois de sénateurs et de députés. (9) Voir par exemple Franks (1987), p. 189; Janet Marie McCauley, The Senate of Canada: Maintenance of a Second Chamber Through Functionale Adaptability, thèse de doctorat inédite, Pennsylvania State University, 1983, p. 98; et Randall White, Voice of Region: The Long Journey to Senate Reform in Canada, Toronto, Dundurn Press, 1990, p. 220. (10) Robert Jackson, Sénat du Canada, Direction des comités et de la législation privée, Les comités du Sénat dans le Parlement postréférendaire, Ottawa, 1993, p. 6. (11) F.A. Kunz, The Modern Senate of Canada: A Re-appraisal, 1925-1963, Toronto, Macmillan, 1965, p. 57. (12) Ibid., p. 261. (13) Franks (1987), p. 190. (14) Ibid., p. 189. (15) Débats du Sénat, 11 janvier 1974, p. 1473. (16) Le gouvernement parlementaire, no 43, juin 1993. (17) Ibid., p. 6. (18) Ibid., p. 6; voir aussi Paul Thomas, « Efficacité des comités parlementaires », Le gouvernement parlementaire, no 44, août 1993, p. 10. (19) Kunz (1965), p. 263. (20) Ibid., p. 264 (traduction). (21) Ibid., p. 265. (22) Ibid., p. 265-266 (traduction). (23) McCauley (1983), p. 98 (traduction). (24) Conseil économique du Canada, Cinquième exposé annuel, Défi posé par la croissance et le changement, Ottawa, septembre 1968, p. 148-149. (25) Donald Bellamy, « Poverty », John Saywell et Donal Foster (éd.), Toronto, Canadian Annual Review for 1968, University of Toronto Press, 1969, p. 386 (traduction). (26) Débats du Sénat, 1968-1969, p. 208. (27) Ibid., p. 210. (28) Campbell (1978), p. 19; E. Russell Hopkins, « The Canadian Senate Today : An Examination of the Functioning of the Modern Stenate of Canada », manuscrit inédit, version modifiée, 1972, p. 25. (29) Campbell (1987), p. 20; lauteur signale que 25 des 92 recommandations du Comité ont été intégralement adoptées, et que 52 autres lont été partiellement. (30) Ibid., p. 19-20. (31) Limportance du rôle du leader du gouvernement au Sénat pour le succès des comités permanents fera lobjet dun examen plus poussé dans la conclusion. (32) « Senate Poverty Committee Comes to Toronto Richer in Knowledge », Toronto Star, 7 mars 1970. (33) Ibid. (traduction). (34) Donald Bellamy, « Poverty », John Saywell et Donald Foster (éd.), Canadian Annual Review for 1970, Toronto, University of Toronto Press, 1971, p. 468. (35) « Everybodys Discussing Canadas War on Poverty », Ottawa Citizen, 22 octobre 1969 (traduction). (36) Globe and Mail (Toronto), 25 mars 1970. (37) Donald Bellamy, « Poverty », John Saywell et Donald Foster (éd.), Canadian Annual Review for 1969, Toronto, University of Toronto Press, 1970, p. 382. (38) The Gazette (Montréal), 13 novembre 1971 (traduction). (39) The Montreal Star, 11 novembre 1971. (40) Globe and Mail (Toronto), 11 novembre 1971. (41) Errol Black, « One Too Many Reports on Poverty in Canada », Revue canadienne de science politique, no 3, septembre 1972, p. 443. (42) Campbell (1978), p. 20. (43) Journaux du Sénat, 22 octobre 1970. (44) Ibid., 24 février 1972, p. 20. (45) Ibid., 23 janvier 1973, p. 36. (46) Bellamy (1971), p. 469 (traduction). (47) Ibid. (traduction). (48) Ottawa Citizen, 17 octobre 1969. (49) Vancouver Sun, 3 février 1970. (50) Les recherches menées pour le compte du Comité ont fait lobjet dune certaine controverse, puisque le chef de lopposition, M. Robert Stanfield, a déclaré à la Chambre des communes que le Comité sétait servi de ses subventions de recherche pour embaucher des membres en vue du Parti libéral (Source : Globe and Mail (Toronto), 5 juillet 1970). (51) Telegram (Toronto), 20 mars 1969 (traduction). (52) Vancouver Sun, 21 mars 1969. (53) Robert R. Kerton, « Mass Media: Report of the Special Senate Committee » [critique de livre], Administration publique du Canada, vol. 14, no 3, automne 1971, p. 466. (54) Commentator, mars 1971, p. 8. (55) Ibid., p. 466 (traduction). (56) Journaux du Sénat, 30 juin 1971, p. 370. (57) Sénateur Keith Davey, The Rainmaker: A Passion for Politics, Toronto, Stoddart Publishing, 1986, p. 143. (58) The Financial Post, le 19 décembre 1970. (59) Campbell (1978), p. 23. (60) Ibid., p. 23. (61) Earle Beattie, Canadian Annual Revue for 1970, John Saywell et Donald Foster (éd.), Toronto, University of Toronto Press, 1971, p. 515. (62) Commission royale sur les quotidiens, Rapport, Ottawa, 1980, p. 19. (63) Ibid. (64) Comité sénatorial de la politique scientifique, Une politique scientifique canadienne, vol. I, Ottawa, 1970, p. 2. (65) Peter Aucoin et Richard French, « The Ministry of State for Science and Technology », Administration publique du Canada, vol. 17, no 4, automne 1974, p. 464. (66) Journaux du Sénat, 28 octobre 1970, p. 36. (67) Ibid., 29 février 1972, p. 24. (68) Ibid., 13 mars 1974, p. 24. (69) G. Bruce Doern, « The Senate Report on Science Policy: A Political Assessment », Revue détudes canadiennes, 6 mai 1971, p. 42. (70) Ibid., p. 43 (traduction). (71) Comité sénatorial de la politique scientifique (1970), p. 13. (72) Cité par Joan Powers Rikerd, « Science », John Saywell et Donald Foster (éd.), Canadian Annual Review for 1970, Toronto, 1971, p. 477. (73) Campbell (1978), p. 21-22. (74) Robert J. Jackson et Doreen Jackson, Politics in Canada: Culture, Institutions, Behaviour and Public Policy, deuxième édition, Scarborough (Ontario), Prentice-Hall Publishing, 1990, p.. 370 (traduction). (75) Sénat du Canada, Direction des comités et de la législation privée, Les comités du Sénat dans le Parlement postréférendaire, Ottawa, 1993, p. 18. (76) Kunz (1965), p. 263 (traduction). (77) Frank Iacobucci, « Commissions of Inquiry and Public Policy in Canada », A. Paul Pross, Innis Christie et John A. Yugies (éd.), Commissions of Inquiry, Toronto, Carswell Publishing, 1990, p. 26 (traduction). (78) A. Wayne Mackay, « Mandates, Legal foundations, Powers and Conduct of Commissions of Inquiry », Pross, Christie et Yugis (éd.), Ibid., p. 46 (traduction). (79) Iacobucci (1990), p. 27 (traduction). (80) Ibid., p. 28 (traduction). (81) Harry A. Wilson, Guide à lusage des commissions denquête, Ottawa, Gouvernement du Canada, Bureau du Conseil privé, 1982, p. 13. (82) K.B. Callard, Commissions of Inquiry in Canada, 1867-1949, miméographie, Ottawa, 1950, p. 30. (83) Wilson (1982), p. 17. (84) Ibid., p. 25. (85) Gouvernement du Canada, Comptes publics, 1989-1990, 1990-1991 et 1991-1992. (86) Kunz (1965), p. 46. (87) Ibid., p. 263. (88) McCauley (1983), p. 121 (traduction). (89) Ibid., p. 121. (90) V. Seymour Wilson, « The Role of Royal Commissions and Task Forces », G. Bruce Doern et Peter Aucoin (éd.), The Structures of Policy Making in Canada, Toronto, Macmillan of Canada, 1971, p. 119 (traduction). (91) Mallory, The Structure of Canadian Government, édition révisée, Agincourt (Ontario), Gage Publishing, 1984, p. 262. (92) Frederick J. Fletcher et Daphne Gottlieb Taras, « The Mass Media and Politics: An Overview », Michael S. Whittington et Glen Williams (éd.), Canadian Politics in the 1980s, deuxième édition, Toronto, Methuen Publications, 1984, p. 212 (traduction). (93) Peter OKeefe, « The Scope and Function of Parliamentary Committees », The Parliamentarian, vol. LXXIII, no 4, octobre 1992, p. 270. (94) McCauley (1983), p. 120 (traduction). (95) Mallory (1984), p. 262. (96) Paul Martin, A Very Public Life, vol. 2, So Many Worlds, Toronto, Deneau Publishers, 1985, p. 639. (97) Sénateur Keith Davey (1986), p. 156. (98) McCauley (1983), p. 120 (traduction). (99) Robert A. MacKay, The Unreformed Senate of Canada, édition révisée, Toronto, McClelland and Stewart, 1963, p. 166 (traduction). (100) Voir par exemple Institut canadien dopinion publique (Gallup Canada), Rapport Gallup, 22 janvier et 2 décembre 1990. (101) Institut canadien dopinion publique (Gallup Canada), Rapport Gallup, 22 juillet 1993. |