BP-371F
LES SONDAGES D'OPINION AU CANADA
Rédaction :
Claude Emery
TABLE
DES MATIÈRES LEXACTITUDE DES SONDAGES DOPINION LINCIDENCE DES SONDAGES SUR LE PROCESSUS ÉLECTORAL B. La réglementation canadienne C. La réglementation appliquée dans dautres pays LES SONDAGES DOPINION ET LÉLABORATION DES POLITIQUES
LES SONDAGES D'OPINION AU CANADA
Les sondages dopinion ont acquis une très grande importance au Canada dans les années 80; ils sont non seulement devenus une caractéristique familière et, semble-t-il, indispensable des campagnes électorales ? différentes salles de rédaction des médias et différents partis politiques ayant retenu les services de plusieurs sondeurs professionnels ? mais aussi un volet important du processus délaboration des politiques pour la gestion des affaires publiques(1). Aujourdhui, les sondages sont pour les dirigeants politiques et les décideurs ce que la Bourse constitue pour les analystes financiers(2). Bien que les gouvernements disposent dautres moyens pour tâter le pouls du public ? les militants du parti, les membres du caucus, les fonctionnaires et leurs nombreux groupes de clients, les débats à la Chambre des communes et dans les assemblées législatives, la presse écrite et les médias électroniques ? les sondages sont maintenant reconnus comme lun des modes de communication les plus importants entre gouvernements et gouvernés(3). Certains prétendent que Jean-Jacques Rousseau est le premier à avoir utilisé, en 1744, lexpression « opinion publique » dans son acceptation actuelle alors quil était secrétaire des Affaires étrangères de France. Lindsay Rogers, un politicologue américain, a pour la première fois utilisé le mot « pollster » (sondeur) en 1949 pour évoquer le mot « huckster » (colporteur). Bien que les quotidiens américains aient eu recours à des techniques de sondage depuis 1820, ce nest que dans les années 40 que les sondages nationaux ont fait leur apparition au Canada. Le Parti libéral a entrepris le premier sondage pancanadien en 1942, lorsquil sinterrogeait sur les résultats probables du plébiscite sur la conscription. Le premier sondage électoral a été réalisé en 1945 par lInstitut canadien dopinion publique. Lun des premiers sondages politiques ayant contribué à lélaboration dune stratégie électorale fut réalisé pour le compte du Parti libéral du Québec en 1959, à la veille de lélection provinciale de 1960. Ce nest toutefois que pendant lélection fédérale de 1965 que les sondages ont vraiment pris leur essor dans la presse canadienne(4). Les maisons de sondage les plus connues sont lInstitut canadien dopinion publique (ICOP), filiale canadienne de la maison Gallup des États-Unis; Decima Research (qui appartient au groupe de pression Hill et Knowlton); Environics Research Group; Sorecom; Réalités canadiennes; CROP (Centre de recherche sur lopinion publique); Angus Reid et Insight Canada. Plus de la moitié des principales maisons de sondage sont associées à un parti politique ou à des salles de rédaction des médias(5). Pour ce qui est de la commandite des médias, une chaîne de journaux ou un réseau de télévision commande un sondage ou ajoute des questions à un sondage commercial habituel. Les sondeurs travaillent souvent pour les médias, du fait que les résultats des sondages sont devenus des nouvelles en soi(6). Sur les 22 sondages qui ont été réalisés pendant les élections fédérales de 1988, 15 ont été commandités par la presse écrite; de plus, deux diffuseurs (CTV et CBC-Radio Canada) ont soit parrainé, soit réalisé des sondages pendant la campagne(7). Pour bon nombre dentreprises canadiennes, cependant, les sondages électoraux sont moins lucratifs que les recherches effectuées pour le compte du secteur privé (consommateurs/produits) ou du secteur public (politique)(8). La technique de sondage la plus courante et la plus connue consiste à choisir (au hasard) un échantillon représentatif de personnes, de leur poser des questions soigneusement formulées et de rendre de leurs réponses. Trois autres méthodes méritent également dêtre signalées : l« analyse », méthode qui consiste à téléphoner à des gens pendant une campagne électorale afin de déterminer lincidence de certains facteurs (p. ex. : discours, annonces) sur un parti ou une campagne(9); le « groupe de réflexion », méthode dans laquelle un animateur encourage plusieurs personnes ? parfois observées derrière un miroir argus ? à exprimer leurs réactions à différents thèmes ou slogans; et les « sondages après-vote », qui sont réalisés à la sortie de lisoloir et dans lesquels on cherche à savoir comment les répondants ont voté(10). LEXACTITUDE DES SONDAGES DOPINION Lexpression « opinion publique » sert bien souvent à qualifier un point de vue unanime; il convient cependant de faire remarquer que le public peut avoir plusieurs opinions sur une question quelconque, et que chaque question nintéresse en général quun certain segment de la population(11). Même au sein dun groupe où les membres ont des vues bien arrêtées sur une question, ils ne les expriment pas tous avec la même intensité. Par ailleurs, au Canada, des zones dopinion ont eu tendance à se former pour des considérations régionales; ainsi, il va sans dire que les questions qui touchent lindustrie forestière ou les pêches donnent naissance à des opinions beaucoup plus tranchées dans certaines régions du pays que dans dautres. Chaque personne possède un bagage de connaissances très différent, mais les opinions peuvent également être contradictoires(12) sur le plan interne et certaines, notamment celles qui portent sur des questions dordre moral ou social (p. ex. : lavortement, la peine capitale) peuvent être davantage suscitées par des réactions émotives que par des évaluations rationnelles(13). Il est probable que les opinions soient plus éphémères et plus dynamiques que les attitudes et les valeurs. Au mieux, un sondage dopinion est donc un instantané de plusieurs points de vue dun segment de la population, à un moment donné. De fait, comme le précise un sondeur bien connu, « la façon dont on traite les informations recueillies à laide de sondages dopinion doit tenir compte des limites des données que lon évalue, et les activités du sondeur doivent toujours être perçues comme relevant à fois de la science et de lart »(14). Lorsque deux ou plusieurs sondeurs recherchent essentiellement les mêmes informations mais quils obtiennent des résultats différents, on se pose naturellement des questions sur la méthodologie employée. Léchantillon ou les sous-échantillons retenus, la manière dont une question a été formulée, létendue des réponses possibles, lordre des questions posées, la longueur du sondage, la mesure dans laquelle les répondants disent la vérité, etc., peuvent justifier de telles différences(15), tout comme dailleurs la fidélité avec laquelle les enquêteurs effectuent leur tâche. Il ne faut pas non plus ignorer la possibilité que les enquêteurs maquillent à loccasion leurs entrevues ou quils remplacent les personnes de léchantillon avec lesquelles ils étaient censés communiquer, mais quils nont pu joindre, par des personnes quils ont plus facilement pu contacter(16). Une considération de la plus haute importance est la façon dont on rend compte des « indécis » dans un sondage(17).
Signalons quil est plus facile de traduire des intentions de vote en sièges éventuels dans un système bipartite que dans un système où il existe plusieurs partis. Lexactitude des sondages électoraux dépend également de la participation au scrutin; les résultats des sondages pré-électoraux peuvent parfois être dépassés lorsquils sont publiés. Au Canada, la situation se complique du fait que les sondages pancanadiens doivent être rédigés en anglais et en français, et que les questions posées doivent être identiques dans les deux langues officielles. Enfin, les sondages peuvent être délibérément mal interprétés ou réalisés de connivence avec ceux qui en publient les résultats; on a cité de nombreux exemples de lemploi de cette pratique par les partis politiques(19). Les groupes dintervention qui cherchent à influer sur lordre des priorités peuvent également commander des sondages à lintention du grand public et rédiger des questions dans le but détayer leur arguments ou de faire valoir leurs points de vue. Bref, les sondages dopinion sont des outils de prévision émoussés, susceptibles dêtre truffés de nombreuses erreurs(20). Les détracteurs des sondages politiques signalent certains échecs notoires, notamment la victoire anticipée de Landon sur Roosevelt en 1936, celle de Dewey sur Truman en 1948 et celle de Wilson sur Heath, en Grande-Bretagne, en 1970. Selon la plupart des sondeurs, les résultats de lélection présidentielle de 1980 aux États-Unis étaient trop serrés pour quils puissent en prédire lissue, et pourtant, Ronald Reagan a remporté une victoire écrasante. Un autre exemple semblable est la victoire inattendue des conservateurs sur les travaillistes en Grande-Bretagne, en 1992. Au Canada, cependant, on estime que le nombre dinexactitudes grossières dans lévaluation du pouls de lopinion publique a été relativement faible(21). LINCIDENCE DES SONDAGES SUR LE PROCESSUS ÉLECTORAL Comme les sondages sont généralement perçus comme étant précis et scientifiques, le débat sur ces derniers porte en grande partie sur la question de savoir sils minent le processus démocratique en influant sur le comportement des électeurs et sur les résultats du scrutin. Certains stratèges et observateurs politiques estiment que la publication des sondages procure un avantage injuste aux partis ou candidats dont les changes semblent saméliorer. Le soi-disant « effet dentraînement » suppose que lexistence dune « vague populaire » modifiera sans doute les intentions de vote en faveur du candidat qui est en tête, que de nombreux électeurs préfèrent appuyer un choix populaire et que les gens acceptent la sagesse collective perçue des autres comme une raison suffisante de voter pour un candidat(22). Ceux qui prétendent que lélectorat ne prête de toute façon guère dattention aux résultats des sondages, que ce nest pas tout le monde qui croit ces derniers et quil nest pas important pour tout le monde dêtre du côté du gagnant jugent que leffet dentraînement nexiste pas(23). Ils soutiennent de plus que bien que certains électeurs veulent se trouver du côté des vainqueurs, quelques-uns se regrouperont autour du perdant probable, par sympathie ? ce que lon appelle leffet du « perdant » ? ce qui, selon eux, supprimera ou annulera tout écart dans les préférences(24). Bien que les universitaires aux États-Unis aient été longtemps davis partagés quant à lincidence de la publication des sondages sur les résultats du scrutin, des recherches récentes prouvent que cette publication peut influer sur un scrutin serré, lincidence la plus marquée se faisant sentir vers la fin de la campagne(25). Selon des études récentes faites au Canada, les sondages publiés pendant les campagnes électorales peuvent créer les conditions dun « jeu des attentes », qui stimule l« effet dentraînement » et favorise le « vote stratégique », dans lequel les électeurs sont influencés par les chances de déposer un vote gagnant. Ainsi, des électeurs peuvent être amenés à voter pour un candidat ou une candidate qui vient au deuxième rang de leurs préférences parce que celui ou celle dont ils avaient fait leur premier choix na guère de chance de lemporter ou parce que celui ou celle qui est deuxième est plus susceptible de battre un candidat ou un parti dont ils souhaitent la défaite. Il semblerait que le vote stratégique devienne de plus en plus courant au Canada, les compétitions à trois étant plus fréquentes(26). Doù, selon certains, la nécessité, pour les électeurs qui font des choix stratégiques, davoir droit à des sondages scientifiquement valables(27). Les sondages peuvent avoir un effet « démotivant » (lorsque des électeurs sabstiennent de voter parce quils sont certains que leur candidat ou leur parti lemportera), un effet « motivant » (lorsque des personnes qui navaient pas lintention de voter sont convaincues de se rendre aux urnes) et un effet de « libre arbitre » (lorsque des électeurs votent pour prouver que les sondages ont tort)(28). Enfin, les sondages ont une incidence directe sur la date délection car les gouvernements parlementaires sen servent souvent des sondages pour choisir le jour du scrutin. Lincidence indirecte des sondages en période électorale peut être aussi importante que lincidence directe(29). Étant donné la multiciplicité des sondages dopinion publiés et la place quils occupent dans les médias, certains prétendent que les sondages détournent le débat des questions essentielles. En effet, nombreux sont ceux qui assimilent la couverture médiatique des élections canadiennes à une rencontre sportive ou à une course de chevaux, dans laquelle il y a une absence quasi total danalyses sérieuses ou approfondies des questions qui préoccupent le plus les électeurs(30). De plus, le fait que les médias mettent surtout laccent sur les gagnants et les perdants (et sur le « style » des campagnes des chefs et de leur parti) peut également être un facteur dans ce quon appelle la « fixation sur le chef ». Un éminent universitaire explique ainsi ce phénomène :
La publication des sondages dopinion peut avoir une incidence positive ou négative sur le moral des militants bénévoles et des donateurs, ainsi que sur lévolution dune campagne. Les stratèges des partis déplorent quil soit difficile de regagner du terrain quand les médias ont décidé, sur la foi des sondages, quun parti nest plus dans la course. Certains commentateurs voudraient voir interdire toute publication de sondages dopinion pendant les campagnes politiques. Les défenseurs de la réglementation des sondages dopinion soutiennent que ces derniers, en raison de leur caractère dautorité, influent indûment sur les élections; quils peuvent être erronés ou trompeurs, et même être manipulés; quils sont souvent présentés sans les paramètres (par ex., la manière de mener les interviews et le moment où ceux-ci ont été faits, la taille de léchantillon, les commanditaires, etc.) qui permettraient de faire une évaluation rationnelle de leur valeur; et quils transforment la démocratie parlementaire (représentative) en une sorte de « démocratie directe ». Certains ont également fait remarquer que, alors que les journalistes nont pas, pour des raisons évidentes, le droit de travailler pour les partis politiques, les instituts de sondage ne font lobjet daucune restriction de ce genre(32). Linquiétude de certains au sujet de la publication des résultats de sondages après-vote effectués à la sortie des bureaux de scrutin pendant les heures de scrutin, tient au fait que ceux-ci pourraient avoir sur les électeurs un effet dentraînement ou un effet démobilisateur. Dautres sopposent à lutilisation de ce genre dinformation parce que, selon eux, les données présentées ne répondent pas aux normes dune étude scientifique(33). Bon nombre de ceux qui sopposent à la réglementation invoquent la liberté dexpression. Ils prétendent aussi que rien ne prouve que les sondages dopinion influent sur le vote de façon importante ou excessive, que les sondages sont relativement fiables et quils constituent un mécanisme dévaluation plus systématique de lopinion publique que les méthodes traditionnellement employées par les journalistes, quils permettent au public de mieux comprendre la dynamique dune campagne, quils présentent des renseignements intéressants (même sils ne sont pas toujours utiles), et que la publication de nombreux sondages dopinion suffit pour garantir que linformation présentée reflète bien lopinion publique (du moins jusquau moment où les résultats des élections sont connus)(34). Dans un même ordre didées, il est dit que le fait dinterdire la publication des résultats de sondages nempêcherait pas les gouvernements, les partis, les candidats et dautres de mener leurs propres sondages; ainsi, une interdiction de ce genre présenterait un avantage considérable pour tous ceux qui ont les moyens de financer leurs propres sondages dopinion(35). Dautres estiment que les sondages dopinion servent de contrepoids légitime aux pressions exercées sur le gouvernement par les groupes dintérêt ou de pression particuliers. Bref, il y a de nombreuses façons de réglementer la pratique des sondages durant et hors des périodes électorales.
Lune des possibilités serait de combiner plusieurs éléments, cest-à-dire que lÉtat pourrait imposer certaines restrictions tout en laissant aux organisations intéressées le soin de définir les normes de présentation des résultats de sondages(37). B. La réglementation canadienne Plusieurs projets de loi dinitiative parlementaire ont été déposés au fil des ans en vue de réglementer ou dinterdire la publication de sondages dopinion pendant les élections fédérales; aucun na cependant été adopté par la Chambre des communes(38). Au niveau provincial, seule la Colombie-Britannique disposait dune loi dinterdiction : en 1939, la Elections Act de cette province avait en effet été modifiée pour rendre illicite tout « vote de paille » pris à la suite de la délivrance du bref délection. Cette disposition a été abrogée en 1982(39). Au Québec, depuis plus de 10 ans, le Comité des sondages du Regroupement québécois des sciences sociales ? un groupe duniversitaires se spécialisant dans les sondages dopinion ? essaie de convaincre les journalistes et les médias de la nécessité dexpliquer la méthodologie du sondage au moment de présenter les résultats de celui-ci. En 1979, le Comité a recommandé que cette information (présentée sous la forme dune fiche signalétique exposant les détails techniques liés au sondage) soit communiquée au public au moment même de la publication ou de la diffusion des résultats des sondages, pour lui permettre de juger de leur fiabilité. Il a également été proposé que lensemble des données et rapports des sondages publiés ou diffusés soit légalement déposé de sorte que toute personne puisse les consulter, et quune commission des sondages soit constituée pour vérifier la validité des sondages(40). Le 13 février 1992, la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis(41) mise sur pied par le gouvernement fédéral a déposé un rapport en quatre volumes, intitulé Pour une démocratie électorale renouvelée, qui renfermait, entre autres, les recommandations suivantes :
En ce qui concerne ce dernier point, les journalistes et les radiodiffuseurs ont tous les deux adoptés des codes de déontologie et des règles dinterprétation pour les sondages dopinion. Ainsi, cest en 1948 que le comité des normes de lAmerican Association for Public Opinion Research a proposé une première version dun code de déontologie pour la profession. Il existe également un Code international des pratiques loyales en matière détudes de marché, qui a été élaboré conjointement par la Chambre de commerce internationale et lAssociation européenne pour les études dopinion et de marketing et adopté en avril 1971. Au Canada, la Fondation canadienne de recherche en publicité et la Canadian Association of Marketing Research Organizations ont créé des normes de présentation de linformation. LAssociation canadienne des éditeurs de quotidiens a également proposé une liste de questions que les journalistes devraient se poser au moment dinterpréter les résultats dun sondage. Pour leur part, les radiodiffuseurs canadiens ont élaboré leurs propres règles et normes, et en janvier 1991, lAssociation canadienne des radiodiffuseurs et lAssociation canadienne de la radio et de la télévision de langue française ont mis sur pied le Conseil canadien des normes de la radiotélévision qui sera chargé dexaminer la question des codes déontologiques(45). En février 1992, la Chambre des communes a créé un comité spécial composé de huit députés pour examiner en profondeur le rapport de la Commission royale et recommander des modifications à la Loi électorale du Canada(46). Cette dernière a en effet été modifiée au printemps 1993. La loi fédérale interdit à présent la radiodiffusion, la publication ou la communication des résultats de sondages dopinion nouveaux ou reposant sur des méthodes scientifiques, qui mentionneraient le nom dun parti ou candidat politique, pendant les trois derniers jours dune campagne électorale(47). C. La réglementation appliquée dans dautres pays Le Canada nest pas le seul pays à avoir des préoccupations du genre de celles qui viennent dêtre mentionnées. Dans de nombreux autres pays, les sondages dopinion et les modalités de publication de ces derniers font lobjet de diverses restrictions. Aux États-Unis, le National Council of Public Polls et lAmerican Association of Public Opinion Research appliquent depuis longtemps des codes et sont en train détudier divers mécanismes de règlement des plaintes. En 1972, sur linitiative dun simple député, la France a adopté une mesure visant à interdire la publication de sondages au cours des derniers jours dune campagne électorale. La France dispose dailleurs dun organisme de réglementation constitué en bonne et due force ? cest-à-dire une commission qui reçoit et instruit les plaines, qui exige des maisons de sondage quelles enregistrent et déposent leurs données techniques et qui assure le respect de la période dinterdiction de sept jours. La façon dont les sondages dopinion sont diffusés par les médias, cependant, continue dy susciter des controverses(48). En Belgique et dans lÉtat de New York, les résultats des sondages sont également soumis à lexamen dun organisme désigné(49). Depuis 1978, selon les règlements appliqués dans lÉtat de New York, les méthodes employées pour les sondages réalisés à titre privé doivent être communiquées au public si les résultats de ces derniers deviennent publics(50). Lindustrie des sondages dopinion au Royaume-Uni a répondu aux préoccupations soulevées au Parlement et ailleurs en essayant daméliorer les normes de conduite professionnelles suivies par les médias et les maisons de sondage; en 1987, les grands instituts de sondage ont confirmé de nouveau leur adhésion aux lignes directrices de lAssociation mondiale pour létude de lopinion publique et se sont engagés à communiquer au public les méthodes quils emploient et à publier un guide à lintention des journalistes. Des 20 pays étudiés par la Commission royale sur la réforme électorale, trois interdisent la publication de tout sondage en cours de campagne, alors que dautres ont des périodes dinterdiction allant de 48 heures à la durée totale de la période électorale(51). LES SONDAGES DOPINION ET LÉLABORATION DES POLITIQUES Les sondeurs jouent un rôle qui influe non seulement sur le contexte électoral mais aussi sur lélaboration des politiques. Les gouvernements et les partis politiques sappuient sur les sondages dopinion pour définir leur position sur différentes questions controversées et pour déterminer la priorité des dossiers. Par le passé, les ministères fédéraux ont pris linitiative de commander des sondages pour tester la réaction du public à diverses options. Au cours de la période de 19 mois allant davril 1990 à novembre 1991, des dépenses totalisant plus de 10 millions de dollars auraient été approuvées par le ministère des Approvisionnements et Services (qui agit à titre dorganisme de coordination) et engagées par le gouvernement fédéral pour la réalisation de sondages dopinion; or, cette somme ninclut pas les contrats adjugés directement par les ministères eux-mêmes(52). Beaucoup estiment quun gouvernement qui recourt constamment aux sondages dopinion abdique son autorité(53). Or, selon un observateur, « la démocratie repose avant tout sur lélection dhommes et de femmes politiques qui seront des chefs de file et qui seront prêts à prendre des risques, et à défendre autre chose qui lopinion populaire du moment, qui repose plus souvent quautrement sur une réaction émotionnelle passagère ou même sur lignorance pure »(54). Un autre argument semblable mis de lavant dans ce contexte, cest quun aspect important du vrai leadership est constitué par la capacité dun gouvernement déclairer lopinion publique plutôt que de se plier à ses exigences(55). Les partis dopposition disent souvent que les sondages réalisés par les gouvernements sur des questions de politique (et financés par les deniers publics) constituent, pour le parti au pouvoir, une forme daide financière tout à fait inadmissible, surtout si linformation nest pas communiquée au public et est exploitée de façon partisane(56). Si linformation cest le pouvoir, linformation politique confère bien un pouvoir politique. La question de savoir si les sondages dopinion influent de façon importante ou excessive sur le déroulement des campagnes électorales et les choix des électeurs continue de susciter beaucoup de discussions. Les défenseurs de la réglementation estiment que les sondages non seulement constituent une atteinte à la vie privée des répondants et influent, dune part, sur le moral des solliciteurs de fonds et, dautre part, sur la couverture médiatique des grands dossiers, mais aussi favorisent le vote stratégique et leffet dentraînement(57). Les sondages dopinion peuvent être mal utilisés ou mal interprétés à dessein si linformation technique communiquée à leur sujet est trop incomplète pour permettre lévaluation de la validité des résultats. Comme cest le cas dans de nombreuses autres sociétés démocratiques, lutilisation des sondages par les médias demeure une question importante au Canada, et nombreux sont ceux qui réclament que les maisons de sondage sassurent que les données techniques nécessaires sont communiquées au public en même temps que les résultats des sondages. Le défi des médias, cest de réussir à communiquer à leurs auditoires les renseignements les plus importants recueillis grâce aux sondages dopinion sans leur fournir une surabondance de données techniques moins intéressantes. Certains prétendent même que les journalistes nont pas la formation nécessaire pour bien interpréter les sondages(58). Selon lapproche axée sur le « choix populaire », les sondages dopinion constituent pour les autorités le moyen didentifier les préoccupations de segments stratégiques de lélectorat (cest-à-dire différents segments de la population, en fonction de lâge, du niveau de revenu, de lethnicité, du mode de vie, etc.). Toutefois, le fait que les partis politiques recourent autant aux sondages dopinion semble étayer dautres arguments, notamment que les partis politiques font certaines promesses à lélectorat pour se faire élire; quils ont tendance à ne tenir nul compte des partisans les plus ardents ou de ceux qui leur sont hostiles, et à promettre ensuite, en fonction dune idéologie plus ou moins bien définie, à peu près nimporte quoi, selon ce qui va leur permettre, daprès les sondages, de maximiser leurs chances de succès électoral; et que les gouvernements « font rarement ce qui correspond aux intérêts à long terme du pays si cela risque de compromettre leur popularité à court terme »(59). Selon la théorie des « élites », lorsque ces élites (c.-à-d., les groupes bien organisés et riches) sont les seules qui peuvent se permettre de réaliser des sondages dans les règles, elles jouissent dune influence disproportionnée vis-à-vis du public, si on leur permet de ne pas divulguer les résultats de leurs sondages(60). Par conséquent, les adeptes de cette approche préconisent vivement « laccès à linformation ». Par contre, les « pluralistes » soulignent que les sondages constituent pour les citoyens ordinaires loccasion dinfluencer les décideurs et estiment que de fréquents sondages de lopinion publique ne peuvent avoir quune incidence positive. En vertu de lapproche « centrée sur lÉtat », on reproche aux gouvernements et aux bureaucrates de consacrer des sommes considérables à la réalisation de sondages dopinion(61). Certains commentateurs soupçonnent que les sondeurs représentent une nouvelle espèce dangereuse de conseillers politiques, qui insistent sur les chiffres au détriment des grandes questions de lheure et qui sapproprient le rôle de communicateurs de linformation qui revenait traditionnellement aux partis politiques(62). Bien que lincidence réelle des sondages en période électorale soit difficile à évaluer, il est certain que les gouvernements y voient un outil fiable et utile, que les stratèges politiques les considèrent indispensables, que les médias sen servent pour étoffer leurs bulletins de nouvelles et que le public est impatient de connaître les résultats. Lattirance et la popularité des sondages dopinion semblent tenir à leur capacité de quantifier un élément qui, de par sa nature, nest pas facilement quantifiable. Le simple fait que les gouvernements recourent aux sondages dopinion ne signifie pas nécessairement quils sabstiendront de mettre en oeuvre des politiques impopulaires ou de faire leur devoir. Il est possible que pour bien gouverner, les sondages dopinion soient moins importants que la capacité de diriger.
(1) Claire Hoy, Margin of Error: Pollsters and the Manipulation of Canadian Politics, Toronto, Key Porter Books, 1989, p. 39; W.L.White, R.H. Wagenberg et R.C. Nelson, Introduction to Canadian Politics and Government, Toronto, Holts, Rinehart and Winston of Canada Limited, 1990, p. 123. (2) Martin Goldfarb, « The Art of the Pollster », dans Authority and Influence: Institutions, Issues and Concepts in Canadian Politics, Carla Cassidy, Phyllis Clarke et Wayne Petrozzi (éd.), Oakville (Ontario), Mosaic Press, 1985, p. 306. (3) Rand Dyck, Canadian Politics: Critical Approaches, Scarborough, Nelson Canada, 1993, p. 205-206, 224 et 277; Jeffrey Simpson, Spoils of Power: The Politics of Patronage, Don Mills (Ontario), Collins Publishers, 1988, p. 141-142; Goldfarb (1985), p. 312. Conformément à la théorie du déclin des partis, les sondages en période électorale ont usurpé le rôle des travailleurs du parti en tant que sources dinformations politiques et ont largement remplacé lorganisation du parti local en tant que mode de communication entre le public et les représentants élus. (4) Guy Lachapelle, Les sondages et les médias lors des élections au Canada : le pouls de lopinion, volume 16 de la collection détudes de la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis, Toronto, Dundurn Press et Montréal, Wilson & Lafleur, 1991, p. 10. Voir aussi Hoy (1989), p. 9-22; Christopher Hitchens, « Voting in the Passive Voice: What Polling Has Done to American Democracy », Harpers, avril 1992, p. 46; Alan Frizzell et Anthony Westell, The Canadian General Election of 1984: Politicians, Parties and Polls, Ottawa, Carleton University Press, 1985, p. 81. (5) Dyck (1993), p. 220-221. On dénote une tendance semblable pour la commandite aux États-Unis. Voir Thelma McCormack, « The Problem with Polls », The Canadian Forum, juillet-août 1992, p. 12. (6) George Bain, « Polls, News and Public Cynicism », Macleans, 21 juin 1993, p. 56; Frizzell et Westell (1985), p. 81, 83. Étant donné que les sondages sont devenus une grande source de renseignements et dinterprétation sur la nature de lopinion publique, on dit que le rôle du journalisme nest plus dinterpréter les sentiments du public, mais bien de rendre compte des événements. Voir Goldfarb (1985), p. 304; McCormack (1992), p. 12. (7) La presse quotidienne ou hebdomadaire a également communiqué les résultats de 37 sondages régionaux et de sondages de circonscriptions. Le nombre de sondages électoraux publiés durant la campagne de 1988, qui a duré huit semaines, a presque doublé par rapport à la campagne de 1984; voir Lachapelle (1991), p. xviii, 3, 12, 100, 129. (8) Bertrand Marrotte, « Numbers Game: Researchers under Fire for Blurring Line between Polling, Marketing », The Gazette (Montréal), 19 octobre 1993. (9) Frizzell et Westell (1985), p. 84. (10) Dyck (1993), p. 220. Sils sont bien réalisés, les sondages après-vote offrent un bon moyen dévaluer les résultats du scrutin. Voir le Rapport final de la Commission royale sur la réforme électorale et le financement des partis, volume 1, Approvisionnements et Services Canada, 1991,p. 479; McCormack (1992), p. 8. (11) Dyck (1993), p. 219. (12) Ibid. Bien souvent, les gens se forment dabord une opinion et cherchent ensuite à se la faire confirmer. Voir Edwin R. Black, Politics and the News: The Political Functions of the Mass Media, Toronto, Butterworths, 1982, p. 168. Une « situation dopinion » peut être perçue comme comprenant trois éléments : le système de croyances dune personne, un objet qui est jugé (p. ex. : une question, un candidat, une politique, etc.) et une situation qui favorise ou limite lexpression de lopinion; voir Goldfarb (1985), p. 315. (13) White et al. (1990), p. 122-123. Voir également Stephen Rogers, « Table ronde sur les sondages dopinion, mythes et réalités », Revue parlementaire canadienne, été 1991, p. 21. Selon Hoy (1989), les maisons de sondage incorporent souvent un préjugé dans leurs questionnaires en donnant une liste doptions. Par exemple, elles demandent aux personnes interrogées dévaluer limportance dune série de questions auxquelles le pays est confronté en les énumérant; les personnes qui se trouvent à lautre bout de la ligne nont sans doute jamais réfléchi à ces questions, mais elles se sentent obligées dy répondre pour ne pas paraître stupides ou donner limpression de ne pas sintéresser à la vie de la société (p. 91). Pour surmonter le problème des réponses hâtives ou non compromettantes aux sondages, James S. Fishkin a, dans son livre Democracy and Deliberation, proposé une nouvelle technique de recherche sur les sondages quil appelle « sondage délibérant ». Il sagirait de choisir au hasard au moins 400 personnes (représentatives de la population sur le plan statistique), que lon amènerait pendant plusieurs jours à un endroit donné où elles seraient informées par des experts impartiaux, recevraient des documents de recherche et auraient loccasion de poser des questions à des dirigeants politiques et de délibérer entre elles. Une partie de ce débat serait télévisée. On interrogerait également les participants au moment de leur sélection et à la fin de lexpérience. Ce « sondage délibérant » montrerait donc ce que le public penserait vraiment sil disposait de plus de temps pour réfléchir aux enjeux. Voir James S. Fishkin, Democracy and Deliberation: New Directions for Democratic Reform, Yale University Press, 1991. Voir également Carol Goar, « In Search of a Better Way To Take the Public Pulse », The Toronto Star, 1er février 1994; Ross Howard, « In Search of the Rational Side of a Nations Pulse », The Globe and Mail (Toronto), 12 février 1994; « At Last, the Thinking Persons Opinion Poll », The Independent, 22 septembre 1993; Richard Morin, « A New Way To Take the Peoples Pulse », The Washington Post, 27 septembre 3 octobre 1993. (14) Goldfarb (1985), p. 303, 313-314 (traduction). (15) Dyck (1993), p. 221. Voir également Eric Allaby, « Table ronde sur les sondages dopinion, mythes et réalités », Revue parlementaire canadienne, été 1991, p. 20-21; George Bain, « The Perils of Poll-Driven Journalism, Macleans, 20 avril 1992; Sharon Begley, Howard Fineman et Vernon Church, « The Science of Polling », Newsweek, 26 septembre 1992, p. 38-39; Robert Fulford, « A Matter of No Opinion: How Pollsters Create a Reign of Terror », The Financial Times, 22 juin 1992; Lachapelle (1991), p. 105-114. Un questionnaire électoral peut comporter jusquà 40 questions : Frizzell et Westell (1985), p. 77. (16) Goldfarb (1985), p. 314. Voir également Rogers (1991), p. 21; Hitchens (1992), p. 52. La « lassitude des sondages » est perçue par les sondeurs comme un problème croissant; lassés dêtre sollicités par téléphone (télémarketing), les gens semblent devenir de plus en plus réticents à divulguer des renseignements personnels et à participer à des sondages par téléphone. Don Hoyt, « Survey Fatigue Causing Pollsters Problems », The Telegraph Journal (Saint-Jean (N.-B.)), 20 septembre 1993. (17) « Adventures in the Number Trade: How Public Opinion Polls Decimate the Truth », This Magazine, juin-juillet 1993, p. 27; Frizzell et Westell (1985), p. 80; Begley et al. (1992), p. 38;`Lachapelle (1991), p. 125. Des sondeurs différents ne parlent pas de la même chose lorsquils rendent compte des électeurs « indécis » (p. ex. ceux qui disent quils ne voteront pas, ou qui ne savent pas trop sils vont voter, ou ceux qui ont lintention de voter, mais qui ne savent pas trop comment ils voteront). (18) Paul Fox, « The Danger is Private Polling », dans Politics: Canada, sixième édition, Paul W. Fox et Graham White (éd.), Toronto, McGraw-Hill Ryerson Limited, 1987, p. 316 (traduction). Les sondages sont plus onéreux lorsquils sont « filtrés », cest-à-dire lorsque lon sépare et que lon étiquette les réponses des indécis. Voir Hitchens (1992), p. 50. (19) Voir Albert H. Cantril, The Opinion Connection: Polling, Politics and the Press, Washington (D.C.), The Congressional Quarterly Press, 1991, p. 67; Hoy (1989), p. 189-202; Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 92-93. Plus dune fois, pour amortir lincidence de résultats défavorables, les partis politiques se sont prévalus dun stratagème politique en faisant valoir que leurs propres sondages internes différaient des derniers sondages dopinion. (20) Voir Angela Mangiacassale, « The Problem with Polls », The Ottawa Citizen, 10 octobre 1992. (21) Voir Robert J. Jackson et Doreen Jackson, Politics in Canada: Culture, Institutions, Behaviour and Public Policy, deuxième édition, Scarborough, Prentice-Hall Canada, 1990, p. 511; Ray Hnatyshyn, « Dont Ban Pre-Election Polls », dans Politics: Canada, sixième édition, Paul W. Fox et Graham White, (éd.), Toronto, McGraw-Hill Ryerson Limited, 1987, p. 312; Robert Fulford, « Polling Has Become a Form of Disinformation », The Globe and Mail (Toronto), 24 mars 1993; Anne McIlroy, « Sometimes Pollsters End Up the Big Losers », The Ottawa Citizen, 20 octobre 1992; Chris Cobb, « Getting it Wrong: Pollsters and Pundits Take a Beating in Britain », The Ottawa Citizen, 19 avril 1992; Dyck (1993), p. 221; McCormack (1992), p. 11; Frizzell et Westell (1985), p. 81. (22) Patrick Martin, « Do Opinion Polls Influence Voters? » dans Politics : Canada, sixième édition, Toronto, Paul W. Fox et Graham White (éd.), McGraw-Hill Ryerson Limited, 1987, p. 303. Voir également Hnatyshyn (1987), p. 314. (23) Dyck (1993), p. 221; Frizzell et Westell (1985), p. 85; Lorne Bozinoff, « Table ronde sur les sodnages dopinion, mythes et réalités », Revue parlementaire canadienne, été 1991, p. 16-18. Ainsi, selon M. Bozinoff, vice-président de Gallup Canada : « Les sondages mesurent lopinion publique. Le thermomètre ne crée pas la température, pas plus que le sondage ne crée lopinion publique » (p. 16). (24) Martin (1987), p. 311; Hnatyshyn (1987), p. 313. Lélection du chef de lopposition, John Turner, dans la circonscription de Vancouver Quadra, en 1984, est souvent donnée comme exemple de sympathie ou deffet du perdant; avant sa victoire, les sondages le donnaient comme perdant. (25) Il arrive souvent que les partis et les candidats ne puissent réagir à des sondages de dernière minute. Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 475-476; Martin (1987), p. 311. (26) Tom Barrett, « Opinion Polls: They Are Influential, They Affect Elections and Theyll Influence the Outcome Oct. 26 », The Vancouver Sun, 14 octobre 1992; Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 476. (27) Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 476. (28) Lachapelle (1991), p. 15. (29) Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 476; Dyck (1993), p. 221. (30) Robert J. Samuelson, « The Dilemma of Democracy », Newsweek, 13 avril 1992, p. 51; Dyck (1993), p. 221-222; Martin (1987), p. 311; Frizzell et Westell (1985), p. 83; Lachapelle (1991), p. 127. (31) Jackson et Jackson (1990), p. 512 (traduction). (32) Chris Cobb, « Probing the Polls: Should Media Accept Data from Pollsters with Ties with Politicians? » The Ottawa Citizen, 23 août 1993. (33) Par exemple, léchantillon nest pas jugé représentatif du fait que différents segments de la population votent à des heures différentes au cours de la journée. Les sondages après-vote, également désignés sous le vocable de « sondages du jour du scrutin » ou « sondages de rue » sont surtout un phénomène télévisuel, chaque chaîne tentant dêtre la première à annoncer les résultats des élections; voir Commission royale sur la réforme électorale.. (1991), p. 479; Lachapelle (1991), p. 42, 73-79. (34) Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 474; Oleh Iwanyshyn, « Polls are Often Poor Barometer of Public Opinion », The Gazette (Montréal), 17 mai 1993; Commission royale sur la réforme électorale, « Summary of Issues » (1990), p. 4. (35) Dyck (1993), p. 222; Fox (1987), p. 314-317; Frizzell et Westell (1985), p. 86. « A Faulty Measure », The Ottawa Citizen, 20 juillet 1993; « The Publics Right to Know », The Globe and Mail (Toronto, 21 septembre 1993; « Newspapers Challenge Ban on Polls », The Globe and Mail (Toronto), 16 octobre 1993; « The Hamburger Poll Act », The Globe and Mail (Toronto), 22 octobre 1993. (36) Lachapelle (1991), p. 17, 81. (37) Ibid., p. 17, 81. (38) Ibid., p. 42-44. (39) Avant 1982, les sondeurs les plus persévérants avaient trouvé un moyen de contourner linterdiction en donnant aux hamburgers de différents types les noms des chefs de parti et en faisant ensuite le calcul du nombre de chaque type vendu; voir Hoy (1989), p. 221; Dyck (1993), p. 222; Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 477; Lachapelle (1991), p. 7, 40-41. (40) Le programme politique du Parti québécois au début des années 70 comprenait une mesure interdisant la publication des sondages durant la dernière semaine dune campagne électorale. Le parti a décidé par la suite ne pas appliquer cette exigence. Voir Hnatyshyn (1987), p. 313; Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 477; Lachapelle (1991), p. 45-46, 82-84. (41) La Commission royale a été créée en novembre 1989 et sest vu confier le mandat de présenter un rapport sur les principes et le processus qui devraient sous-tendre lélection des députés à la Chambre des communes ainsi que le financement des partis politiques et des campagnes électorales des candidats. (42) Par exemple, le nom de la maison de sondage, le nom du commanditaire qui a financé celui-ci, la période au cours de laquelle se sont déroulées les entrevues, la méthode de collecte des données (par ex., questionnaires postaux, entrevues téléphoniques), le nombre de répondants, le libellé exact des questions, la marge derreur, etc. (43) Il sagit, entre autres, des éléments suivants : des renseignements au sujet des segments de la population à partir desquels léchantillon a été choisi, la méthode déchantillonnage, le nombre de répondants inadmissibles, le nombre dentrevues achevées, le taux de refus, le taux de réponse et les facteurs de pondération, le cas échéant. (44) Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 479, 482-486. Voir aussi McCormack (1992), p. 9. (45) Lachapelle (1991), p. 84-98. Voir aussi Hoy (1989), p. 120. (46) Voir James Hrynyshyn, « Electoral Reform Wants Poll Reports Put in Context », The Hill Times, 13 mai 1993. (47) Voir Mollie Dunsmuir, Projet de loi C-114 : Loi modifiant la Loi électorale du Canada, Résumé législatif 167-F, Bibliothèque du Parlement, 2 avril 1993; Doug Fisher, « Media Angered by Reach of Poll Publishing Ban », The Ottawa Citizen, 17 juillet 193; « Ban on Polls Cuts One Way », The Toronto Star, 10 août 1993; « Censoring Polls on Eve of Vote », The Toronto Star, 24 octobre 1993; Stuart McCarthy, « New Rules Deterrent to Candidates », The Ottawa Sun, 29 août 1993. (48) Lachapelle (1991), p. 60, 66-69. Voir aussi Hoy (1989), p. 219-220. (49) Lachapelle, p. 79-80. (50) Ibid., p. 58-60, 79-80. (51) Ibid., p. 64-66; Commission royale sur la réforme électorale (1991), p. 478. (52) « Public Opinion Samplings Costly », The Ottawa Citizen, 10 janvier 1992. Entre le mois davril 1992 et les jours qui ont suivi le référendum constitutionnel, en octobre 1992, les ministères fédéraux auraient dépensé 5,2 millions de dollars pour des sondages; plus de la moitié de cette somme a été engagée par le Bureau des relations fédérales-provinciales pour des sondages dopinion au sujet de la Constitution. Gord McIntosh, « Much Federal Polling in 92 Done by Firms with Tory Ties », The Ottawa Citizen, 13 mai 1993. Voir aussi Geoffrey York, « Pollsters Profit from Unity Issue », The Globe and Mail (Toronto), 3 octobre 1992; Frank Howard, « Chrétien Orders New Guidelines to Govern Use of Opinion Polls », The Ottawa Citizen, 11 janvier 1994. (53) Samuelson (1992), p. 51. Voir aussi « Worthless Polls » , The Winnipeg Free Press, 12 janvier 1994. (54) Hoy (1989), p. 7 (traduction). (55) White et al. (1990), p. 122. (56) Goldfarb (1985), p. 312. Voir « Mulroneys Office Knows Best on Releasing Polls, Lawyer Says », The Globe and Mail (Toronto), 13 août 1992. (57) Selon Hoy (1989), « La plupart des politiciens qui réclament linterdiction des sondages dopinion ont en commun deux grandes caractéristiques : eux-mêmes, ou leur parti, viennent tout juste de perdre les élections ou sont moins bien cotés que dautres, daprès les résultats des sondages, et ils tiennent à tout prixà conserver le droit de réaliser des sondages à titre privé » (p. 219) (traduction). (58) Voir Bozinoff (1991), p. 17. (59) Dick (1993), p. 225, 258, 569. Voir aussi « Poll Secrecy Betrays Low Opinion of Public », The Times Colonist (Victoria), 22 février 1992, Lachapelle (1991), p. 4. (60) Voir lexemple cité par Hoy (1989),p. 228. (61) Dick (1993), p. 226, 259, 268. Voir aussi « Opinion Poll Ban Crimps Democracy », The Toronto Star. 8 mars 1993; Hnatyshyn (1987), p. 313; Goldfarb 91985), p. 316. (62) James Wilson, « Table ronde sur les sondages dopinion, mythes et réalités », Revue parlementaire canadienne, été 1991, p. 20; Ross Howard, « The Man Who Fell to Earth », The Globe and Mail (Toronto), 18 décembre 1993. |