BP-379F
NORMES NATIONALES ET PROGRAMMES
SOCIAUX :
Rédaction
: Jack Stilborn
TABLE
DES MATIÈRES
A. Lère du « fédéralisme coopératif » B. Les programmes et les normes du début des années 70 C.
Lévolution depuis le début des années 70 C.
Le soutien du revenu PARTIE III : LES PROCESSUS INTERGOUVERNEMENTAUX A.
Les principaux mécanismes B.
Solutions de rechange aux mesures unilatérales : lorchestration
des normes PARTIE IV : DEUX CONSIDÉRATIONS DORDRE PRATIQUE A.
La volonté politique B.
Largent PARTIE V : OBSERVATIONS GÉNÉRALES ET CONCLUSIONS ANNEXE
I : PLAFONNEMENTS ET COMPRESSIONS IMPOSÉS PAR LE ANNEXE II : AUTRES RÉSULTATS DE SONDAGES
NORMES NATIONALES ET PROGRAMMES
SOCIAUX :
Ces dernières années, les réductions constantes des transferts fédéraux aux provinces au titre des programmes sociaux ont fait surgir des inquiétudes : le gouvernement fédéral peut-il continuer à faire en sorte que ces programmes respectent des normes nationales? Mais ces inquiétudes ne sont quune des dimensions dun débat plus large sur les rôles qui doivent revenir au gouvernement fédéral. La présente étude porte sur la capacité du gouvernement fédéral détablir des normes nationales applicables aux programmes sociaux des provinces, puis de faire respecter ces normes par ces dernières. Logiquement, ce problème est distinct de celui de la définition du rôle qui revient au gouvernement fédéral, mais les conclusions tirées au sujet de la capacité de celui-ci ont des conséquences pour ce débat plus large. Ce qui convient est en partie déterminé par ce qui est possible. Pour tirer des conclusions au sujet de la capacité que le gouvernement fédéral possède en ce moment, il faut réunir divers types de renseignements, ce qui a déterminé lorganisation de la présente étude. Dans la première partie, nous donnons un aperçu historique qui met laccent sur la période de laprès-guerre, époque où a été mis en place lessentiel du filet de sécurité sociale moderne, puis nous esquissons certaines des tendances à long terme. Dans la partie II, nous examinons les pouvoirs constitutionnels respectifs des gouvernements fédéral et provinciaux et leur portée pratique, qui évolue. Dans la partie III, nous traitons de certaines des institutions, des méthodes et des procédés politiques par lesquels le gouvernement fédéral interagit avec les gouvernements provinciaux et qui lui permettent dexercer une influence plus ou moins grande. Dans la partie IV, nous nous penchons expressément sur deux des facteurs pratiques qui déterminent la portée réelle des rôles historiques, des pouvoirs constitutionnels et des processus politiques : la volonté politique et largent. Dans un dernier chapitre, nous donnons brièvement des observations générales et une conclusion fondamentale sur la capacité des autorités fédérales dinfluer sur les programmes sociaux des provinces. A. Lère du « fédéralisme coopératif » Avant même la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fédéral a commencé à se donner peu à peu un rôle en politique sociale à titre dinstigateur de programmes nationaux et de normes nationales, parfois dans des domaines au moins en partie de ressort provincial. Au nombre des programmes qui doivent en partie leur existence à ce rôle, notons : le premier programme de pensions de vieillesse (1927); laide sociale (1927, 1937, 1951, 1954 et, de façon globale, par lentremise du Régime dassistance publique du Canada, 1966); lassurance-hospitalisation (1957); et lassurance-maladie (1966). Dans la plupart des comptes rendus du développement du filet de sécurité sociale au Canada, on explique ces initiatives et le rôle accru quelles ont donné au gouvernement fédéral en insistant sur trois grands facteurs(1) :
Cette vue densemble rend compte des relations essentielles, mais elle est trompeuse, à moins dêtre tempérée par les éléments clés qui suivent :
B. Les programmes et les normes du début des années 70 Au début des années 70, les principaux programmes fédéraux-provinciaux faisant partie du filet de sécurité sociale étaient les suivants :
C. Lévolution depuis le début des années 70 La plus grande souplesse assurée dans les programmes sociaux au milieu des années 60 na pas fait disparaître les pressions sous-jacentes des provinces en vue dacquérir une plus grande indépendance. Ces pressions se sont manifestées, par exemple, dans les arrangements prévus dans la Loi sur les allocations familiales de 1974, qui non seulement augmentait de beaucoup les prestations, mais permettait aussi aux provinces de définir leurs propres régimes dadmissibilité en fonction de lâge et du nombre denfants. Au début et au milieu des années 70, il y a eu un certain nombre de tentatives importantes visant à réformer la politique sociale, efforts dont le point culminant a été la révision de la sécurité sociale, de 1973 à 1976. Ces initiatives nont toutefois pas débouché, dans lensemble, sur des réformes dimportance. Si les deux niveaux de gouvernement ont été moins à même de conclure des accords, cest à cause des contraintes que les problèmes économiques des années 70 ont fait peser sur la capacité financière du gouvernement central : chocs pétroliers, stagflation, productivité nationale en perte de vitesse et chômage à la hausse. Ces tensions financières ont ajouté aux divergences en matière de politique (résultat de la capacité indépendante délaboration de politiques dans les provinces) et aux susceptibilités en matière de partage des compétences (surtout au Québec, après lélection dun gouvernement péquiste en 1976)(9). 1. Les arrangements de 1977 sur le Financement des programmes établis Des gouvernements provinciaux sont devenus de plus en plus mécontents devant les exigences rigides des accords sur lassurance-hospitalisation et de la vérification fédérale qui déterminait quels frais entraient dans le calcul du partage. Pour sa part, Ottawa sinquiétait de plus en plus devant laugmentation rapide des transferts au titre de la santé et de lenseignement postsecondaire, qui échappaient presque entièrement à son contrôle, puisquils dépendaient du niveau des dépenses des provinces. Cest ainsi quon en est venu à remplacer le partage des coûts par le financement global dans les arrangements sur le Financement des programmes établis (FPÉ) et la Loi de 1977 sur le financement des programmes établis(10). Le FPÉ a remplacé les subventions conditionnelles 50/50 pour lassurance-hospitalisation, lassurance-maladie et lenseignement postsecondaire par une combinaison des éléments suivants :
Les provinces obtenaient plus de souplesse parce que les transferts au titre du FPÉ dissociaient le financement fédéral des dépenses provinciales faites pour chacun des programmes en cause; les provinces nétaient donc plus obligées de faire des dépenses pour obtenir les versements fédéraux. Il importe toutefois de signaler que le gouvernement fédéral conservait le pouvoir de refuser ses versements si une province ne respectait pas les critères établis dans les lois sur lassurance-hospitalisation et lassurance-maladie(11). En outre, les arrangements sur le FPÉ prévoyaient des consultations au sujet des politiques sur lenseignement postsecondaire ayant des conséquences au niveau national(12). Le fait que le gouvernement fédéral conserve officiellement la capacité dimposer des sanctions na pas empêché les débats sur le maintien de normes. Ainsi, aux audiences du groupe de travail parlementaire sur les arrangements fiscaux de 1981, il a été soutenu quun certain nombre de provinces profitaient du fait que les versements fédéraux ne soient plus liés à des programmes particuliers pour détourner les fonds vers des programmes étrangers à la santé et à lenseignement et que cela menaçait de saper les normes(13). 2. La Loi canadienne sur la santé Vers la fin des années 70, de plus en plus de praticiens dun certain nombre de provinces ont commencé à recourir à la surfacturation pour contrer les effets de linflation sur les honoraires fixés par les provinces. Cette évolution a amené le public à réclamer avec de plus en plus dinsistance des contrôles plus efficaces que ceux prévus dans les lois sur lassurance-hospitalisation et lassurance-maladie, qui ninterdisaient pas les frais aux usagers ni la surfacturation, pourvu quils ne compromettent pas un « accès raisonnable ». La réaction du gouvernement fédéral, qui a suscité de véhémentes protestations de la part de plusieurs provinces, a été la Loi canadienne sur la santé de 1984. Cette loi prévoyait des sanctions lorsque, en matière dassurance-hospitalisation ou dassurance-maladie, les exigences fédérales suivantes nétaient pas respectées :
La Loi canadienne sur la santé prévoit expressément une réduction des transferts fédéraux au titre du FPÉ dun montant identique à celui des recettes tirées de frais aux usagers ou des paiements pour des services soumis à une surfacturation. De solides appuis dans lopinion ont permis ladoption de la loi malgré une importante opposition de gouvernements provinciaux et de nombreux médecins. 3. Le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux La dernière grande modification structurale dans les arrangements fédéraux-provinciaux au titre des programmes sociaux est venue plus de dix ans après la Loi canadienne sur la santé. Elle reflétait une aggravation marquée, au début des années 90, des pressions sous-jacentes qui influaient depuis plus de 20 ans sur les arrangements relatifs aux programmes sociaux. Plus particulièrement, léchec de lAccord du lac Meech a ranimé et intensifié le nationalisme québécois, tandis que la récession de 1991 en Ontario (province qui, en 1990, avait fourni 47 p. 100 des recettes fédérales) a accru les contraintes financières du gouvernement fédéral et favorisé dans cette province une attitude de confrontation dans les affaires intergouvernementales (« lOntario dabord »)(14). Plus précisément, cette modification était une réaction aux pressions suscitées par le plafonnement des transferts à la Colombie-Britannique, à lAlberta et à lOntario au titre du RAPC (voir annexe I), qui avait provoqué une disparité de plus en plus accentuée dans ces transferts. Le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS), établi en 1995, regroupe les transferts du FPÉ et du RAPC en un seul transfert global. En vertu du TCSPS,
Les engagements pris en 1996 en matière de financement à long terme du TCSPS (voir annexe I) répondaient aux appréhensions de nombreux analystes de la politique sociale qui craignaient de voir le TCSPS, créé en 1995, réduire constamment et rapidement (après les coupes initiales) les transferts fédéraux en espèces, qui risquaient de disparaître entièrement peu après le début du siècle prochain(16). 4. Les tendances au plan financier Les efforts déployés récemment pour essayer de conserver aux autorités fédérales un moyen dexercer une influence, par des transferts en espèces, nont pas inversé lévolution qui a transformé le rôle fédéral dans le financement des programmes sociaux depuis le milieu des années 70. Si les modifications dordre structurel que nous venons dévoquer à linstant laissent entrevoir cette évolution, celle-ci ne ressort pleinement que dans leffet cumulatif de la série de mesures de désindexation, de plafonnement et de compression qui ont frappé les transferts fédéraux au cours des trois dernières décennies (voir à lannexe I la liste des principales mesures daustérité). On a tenté de quantifier lincidence sur les provinces des mesures fédérales daustérité. Ainsi, lAssociation canadienne détudes fiscales a constaté que, entre 1986-1987 et 1994-1995, leffet combiné de ces mesures a été une réduction des transferts au titre du FPÉ et du RAPC totalisant quelque 35 milliards de dollars (environ quatre fois le total des transferts annuels au milieu des années 80)(17). Des données de cet ordre sont arbitraires, en soi (il ny a pas de raison évidente pour choisir les arrangements de 1985 comme point de repère pour définir les « réductions »), mais elles nen fournissent pas moins une indication utile de la tendance globale dans le financement fédéral. Du reste, elles sont confirmées par une deuxième série de données qui montrent que, depuis le début des années 70, les transferts fédéraux représentent un pourcentage décroissant des revenus des provinces : Pourcentage des subventions dans le total des revenus des provinces (18)
5. Les normes Hier et aujourdhui Il est utile, enfin, de considérer leffet quont pu avoir les tensions intergouvernementales, les assouplissements adoptés pour y faire face et le fléchissement du financement fédéral sur les normes des programmes sociaux des provinces. Pour vider cette question, il faudrait examiner de près les normes et la rigueur de leur application, mais une comparaison générale permet néanmoins de tirer quelques conclusions. Ce tableau permet de faire quelques observations :
Normes nationales
Notes
La capacité du gouvernement fédéral dinfluencer les provinces dépend en fin de compte des pouvoirs que la Constitution lui accorde. Il convient donc de les passer en revue avant dexaminer, à la partie III, les types dinfluence quils permettent dexercer. Les fondements constitutionnels de lintervention fédérale dans ce quon a fini par considérer comme les secteurs de politique de santé et sociale ne peuvent se comprendre quà la lumière de trois processus fondamentaux de changement qui sont à loeuvre depuis lentrée en vigueur de lActe de lAmérique du Nord britannique en 1867.
Les cinq changements décrits ont eu un profond retentissement sur les fondements constitutionnels de linfluence fédérale dans les domaines de la politique sociale. Ils ont déterminé la signification concrète des pouvoirs fédéraux. Plus fondamentalement, ils ont défini les aspects de compétence à légard desquels ces pouvoirs ont été précisés et ont modelé le contexte politique et intergouvernemental où un rôle fédéral peut sexprimer concrètement. Les pouvoirs fédéraux qui en découlent, décrits par champ de politique, sont les suivants : Aux termes de larticle 93 de la Loi constitutionnelle de 1867, les gouvernements provinciaux possèdent le pouvoir exclusif de « décréter des lois relatives à léducation », et il leur incombe donc détablir et dadministrer les écoles et universités. Aux termes du paragraphe 93(4), le gouvernement fédéral a le pouvoir de légiférer pour appliquer les dispositions constitutionnelles sur les écoles confessionnelles si les provinces ne le font pas. Ce pouvoir na cependant jamais été utilisé. Le gouvernement fédéral a également certaines responsabilités étroites qui se rattachent à divers pouvoirs fédéraux, notamment celui de gérer des écoles sur les bases militaires et dans les réserves indiennes(24). Problème plus complexe, le gouvernement fédéral a acquis, en 1940, la compétence en matière dassurance-chômage. Il a obtenu ainsi les fondements constitutionnels dun rôle accru en formation de la main-doeuvre, au-delà de son rôle antérieur, qui repose sur le pouvoir de dépenser, comme instigateur et responsable du cofinancement de programmes à frais partagés. Les provinces ont réagi de façon variable à cette présence fédérale plus affirmée. Plusieurs soutiennent que toute formation est un type déducation et que, par conséquent, elle relève exclusivement des provinces. Elles ont donc agi énergiquement, prenant leurs propres initiatives en formation. Ainsi, le Québec, lOntario et la Colombie-Britannique se sont dotées, au début des années 90, de structures pour concurrencer directement (ou, dans le cas du Québec, devancer) les initiatives de la Commission canadienne de mise en valeur de la main-doeuvre que le gouvernement fédéral a cherché à prendre à compter de 1991(25). Plus récemment, le gouvernement fédéral a proposé de se retirer en grande partie de ce secteur dactivités (voir p. 27 ci-dessous). Le pouvoir de dépenser demeure néanmoins un des principaux fondements de la participation fédérale dans ce domaine. Il permet une participation directe et indirecte. La participation indirecte, ce sont les transferts aux provinces en points dimpôt et en espèces au titre de lenseignement postsecondaire (maintenant un élément du TCSPS) et les fonds versés par lentremise du ministère du Patrimoine canadien pour lenseignement dans la langue officielle de la minorité et lenseignement de la seconde langue officielle. La participation directe comprend laide aux étudiants (prêts, subventions et mesures fiscales) et le soutien direct de divers aspects de léducation postsecondaire, notamment la recherche (par lentremise de contrats fédéraux et de conseils qui dispensent des subventions). En outre, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien soutient léducation postsecondaire des étudiants indiens et inuit(26). Sil est vrai que la Loi constitutionnelle de 1867 attribuait aux provinces la compétence à légard des hôpitaux, elle ne mentionnait pas les divers autres éléments qui se retrouvent aujourdhui rattachés à la politique sur la santé et aux programmes connexes. En conséquence, les tribunaux ont considéré la santé comme un domaine indéterminé dans lequel lun ou lautre niveau de gouvernement (et peut-être les deux) peuvent agir, selon lobjectif et leffet de la mesure en cause(27). Cest ainsi que les deux paliers de gouvernement sont intervenus dans ce domaine, sappuyant sur les bases que leur procurait la Loi constitutionnelle de 1867 et la jurisprudence qui a suivi. La compétence provinciale en matière de propriété et de droits civils (interprétée par les tribunaux) est devenue une source importante de pouvoirs provinciaux de réglementation dans le domaine de la santé. Elle permet de réglementer les aspects suivants : a) la fabrication et la vente daliments et de médicaments; b) la santé et la sécurité au travail (par le biais des relations et des normes de travail) dans la plupart des secteurs de léconomie; c) laccréditation des médecins, infirmières et autres spécialistes du domaine de la santé et d) les régimes dassurance-maladie et dassurance-hospitalisation(28). Les provinces sont les principaux protagonistes dans la fourniture dinstallations et de services. Outre leur compétence très claire à légard des hôpitaux et des asiles, elles ont reçu de vastes pouvoirs en santé publique au motif que cela relève des questions locales ou privées que la Constitution confie aux provinces. Elles administrent également les régimes provinciaux dassurance-maladie, conséquence de leur pouvoir de réglementation. La compétence fédérale en droit pénal autorise le gouvernement central à interdire et à punir les comportements dangereux pour la santé, notamment en ce qui concerne les aliments et drogues. En plus de la responsabilité des hôpitaux de la marine et de la quarantaine qui lui a été conférée en 1867, le gouvernement fédéral a fini par fournir des services de santé aux Indiens et aux Inuit (dans le cadre de sa compétence générale à légard de ces groupes). Certains services sont également assurés aux habitants du Yukon, aux employés fédéraux, aux immigrants et au personnel de laviation civile. Le gouvernement fédéral réglemente les aliments et drogues, inspecte les instruments médicaux et fournit des services généraux dinformation en matière de santé. En outre, il peut soccuper des questions de santé et de sécurité au travail dans les secteurs économiques de ressort fédéral, grâce à son pouvoir à légard des relations et des normes de travail(29). Comme nous lavons vu dans la première partie du présent document, le gouvernement fédéral a eu recours à son pouvoir de dépenser de façon considérable dans le secteur des soins de santé. Outre quil a été utilisé pour lancer au niveau national les régimes dassurance-hospitalisation et dassurance-maladie, ce pouvoir a également servi de base à diverses autres activités fédérales dans le secteur des soins de santé, notamment le financement des recherches médicales(30). La notion de soutien de revenu ne figure pas dans la Constitution, mais les analystes de la politique sociale ont fini par employer cette expression, étant donné les effets concrets communs dune gamme de programmes distincts, du point de vue de la Constitution, qui tous procurent un soutien financier justifié par des besoins. Ces programmes se répartissent en deux grandes catégories : les programmes du type aide sociale, sans cotisations, dont les critères dadmissibilité sont axés sur des besoins vérifiés ou lappartenance à un groupe désigné quon suppose être probablement dans le besoin, et les programmes du type assurance, avec cotisations, qui procurent une aide aux personnes qui y ont cotisé grâce à leurs revenus antérieurs. On na jamais contesté la capacité des provinces de verser des prestations daide sociale. Cette capacité est fondée sur le pouvoir constitutionnel à légard des « établissements de bienfaisance » et appuyée par la compétence sur les « institutions municipales », la « propriété » et les « droits civils » et les « matières dune nature purement locale ou privée dans la province »(31). Le gouvernement fédéral na aucune compétence expresse relativement aux prestations ou aux services daide sociale, mais les tribunaux ont accepté que le pouvoir général de faire des lois pour « la paix, lordre et le bon gouvernement » serve de fondement à certains programmes daide, notamment les allocations familiales, pouvoir qui a été confirmé, sur cette base, en 1957(32). Étant donné que ce pouvoir ne sapplique quà lextérieur des champs de compétence provinciale, son utilité est toutefois contestable comme fondement dune importante intervention fédérale dans ce domaine. Le pouvoir fédéral de dépenser sest avéré être le point dappui central de lintervention fédérale dans ce domaine. Le gouvernement fédéral la invoqué pour faire des versements aux particuliers et aux institutions, par exemple des subventions pour améliorer ladministration et faire des expériences et de la recherche sur laide sociale, des subventions conditionnelles aux provinces et des transferts inconditionnels comme le TCSPS et les paiements de péréquation(33). Le Comité judiciaire du Conseil privé a interprété la Constitution de 1867 comme donnant aux provinces la compétence à légard des programmes du type assurance sociale. Après quune loi fédérale qui aurait établi un programme national pour faire face à la crise économique dassurance sociale eut été annulée par les tribunaux, en 1937, le gouvernement fédéral et les provinces se sont entendus sur une modification constitutionnelle donnant au gouvernement central la compétence exclusive à légard de lassurance-chômage. Lorsque, dans les années 50 et 60, lattention sest tournée vers les régimes de pension avec cotisations, la décision judiciaire de 1937 a empêché le gouvernement fédéral détablir quelque programme de pension que ce soit directement lié aux impôts ou cotisations perçus pour le financer. En 1951, la Constitution a été modifiée avec laccord des provinces pour permettre au gouvernement fédéral dadministrer le régime de sécurité de la vieillesse; en 1964, une autre modification a élargi cette compétence pour létendre aux prestations supplémentaires comme les prestations aux survivants et les prestations dinvalidité. La compétence fédérale à légard des pensions et des prestations supplémentaires ne limitait pas la compétence provinciale existante, qui continuait de primer, en cas de divergence entre les lois fédérales et provinciales. Les provinces ont conservé la compétence générale sur les programmes avec cotisations, exception faite de lassurance-chômage; les régimes dassurance pour accidents du travail sont donc demeurés de compétence provinciale exclusive. En outre, la primauté provinciale en matière de pensions a permis dexiger des garanties explicites du gouvernement fédéral lorsque la Loi sur le Régime de pensions du Canada était en préparation. Cest pourquoi cette loi stipule : 1) que toute modification du régime doit être approuvée par les deux tiers des gouvernements provinciaux représentant au moins les deux tiers de la population et 2) que toute province peut se retirer, avec compensation, et établir son propre régime. Jusquà maintenant, le gouvernement du Québec a été le seul à se prévaloir de cette possibilité(34). Le pouvoir fédéral de dépenser na quune importance limitée dans le secteur de lassurance sociale, étant donné la compétence fédérale qui permet aux autorités centrales détablir des programmes fédéraux et la nature de ces programmes financés par des cotisations. PARTIE III : LES PROCESSUS INTERGOUVERNEMENTAUX Le gouvernement fédéral peut utiliser les pouvoirs dont nous venons de donner un aperçu dans certains domaines pour appliquer directement des programmes sociaux. Dans les secteurs de compétence provinciale, les pouvoirs donnent au gouvernement les outils de base dont il a besoin pour tenter dinfluer sur les programmes et les normes des provinces. Dans la présente partie, nous faisons le point sur les principaux types dinfluence que le gouvernement fédéral exerce sur les gouvernements provinciaux. Nous lavons divisée en deux sections afin de tenir compte du fait que les relations intergouvernementales sont presque continuellement en évolution et que, à tout moment donné de lhistoire de la fédération, certains types dinfluence sont restés stables ou ont perdu de limportance tandis que dautres en gagnaient. On peut laisser entrevoir la distance parcourue depuis 1867 en examinant le sort de deux pouvoirs qui, au départ, ont pu être considérés comme les deux sources clés de la capacité du gouvernement fédéral de gérer la fédération. Le pouvoir de désaveu accordé au gouvernement fédéral en 1867 permettait à celui-ci dannuler unilatéralement nimporte quelle loi provinciale dans lannée suivant son adoption; le pouvoir connexe de réserve permettait au lieutenant-gouverneur dune province de réserver un projet de loi à lapprobation du gouverneur général en conseil et prévoyait quun projet de loi ainsi réservé nétait pas en vigueur tant quil navait pas été approuvé à léchelon fédéral. Mais, les provinces saffirmant comme un niveau de gouvernement distinct, cette influence fédérale qui sexerçait au plus haut niveau est devenue de moins en moins acceptable politiquement, bien que ce pouvoir demeure dans la Constitution. Le pouvoir de désaveu na pas été utilisé depuis les années 40, et il navait pas été largement utilisé depuis le début du siècle, tandis que le pouvoir de réserve est également tombé en désuétude. Si on tentait dutiliser ces pouvoirs aujourdhui, il est assuré que cela donnerait lieu à une énorme controverse politique, et les tribunaux pourraient en rejeter lusage comme une atteinte à une coutume constitutionnelle. En somme, le régime, dans son évolution, a abandonné ces pouvoirs. 1. La fiscalité : des normes nationales par une voie détournée La Loi constitutionnelle de 1867 traite en des termes généraux du pouvoir de lever des impôts. Le gouvernement fédéral possède des pouvoirs dimposition non restreints, tandis que les gouvernements provinciaux ont le pouvoir de lever des impôts directs dans leur territoire (cest-à-dire des impôts qui sont exigés directement du contribuable visé plutôt que des impôts indirects, qui peuvent être répercutés sur la clientèle) et le pouvoir de délivrer des permis. Depuis 1867, le régime fiscal a fini par remplir un certain nombre de fonctions critiques, en plus de la perception de recettes. Il constitue un important moyen de gestion de léconomie et également un véhicule important pour assurer des avantages sociaux aux Canadiens(35). Un bon exemple de cette utilisation du régime fiscal est la prestation fiscale pour enfants qui (comme crédit dimpôt remboursable) a pour effet de bonifier le revenu des familles pauvres qui vivent daide sociale, touchent des prestations dassurance-chômage ou tirent leurs revenus demplois mal rémunérés(36). Les crédits dimpôt remboursables sont versés directement par chèque au lieu de prendre la forme de réductions dimpôt; ils sont donc à lavantage des contribuables dont le revenu imposable est faible, voire inexistant. Ils peuvent être ainsi un important moyen dassurer un soutien fédéral du revenu qui pourrait aller jusquà un régime national de revenu garanti. Les crédits dimpôt fédéraux peuvent contribuer directement au respect des normes nationales en matière de soutien du revenu et peuvent aussi y contribuer indirectement en modifiant lassiette fiscale des provinces et en les incitant à accorder involontairement des avantages fiscaux. En outre, le mécanisme des crédits dimpôt peut être utilisé pour faire appliquer des normes dans des domaines très éloignés de celui du soutien du revenu. Ainsi, il pourrait procurer le remboursement intégral de largent dépensé en frais modérateurs ou autres frais médicaux, et maintenir de cette façon (en principe, du moins) des normes daccessibilité sans recourir à la sanction des réductions des paiements de transfert que prévoit la Loi canadienne sur la santé. Limites : Le recours au régime fiscal pour faire appliquer des normes nationales se heurte toutefois à quatre limites importantes :
2. Le pouvoir fédéral de dépenser : des normes nationales contre remboursement La Constitution ne définit pas explicitement le « pouvoir de dépenser » du gouvernement fédéral ni celui des provinces. Les deux niveaux de gouvernement se sont donc sentis libres de dépenser à lextérieur des domaines où ils ont des pouvoirs importants. Dans le cas du gouvernement fédéral, on peut déduire lexistence dun pouvoir de dépenser des pouvoirs qui lui sont accordés pour lever des impôts (ce qui suppose la collecte de recettes), légiférer à légard des biens publics et affecter des fonds fédéraux(38). La gamme des programmes fédéraux-provinciaux à frais partagés qui ont été créés après la guerre suppose que le pouvoir fédéral de dépenser a une portée qui peut être extrêmement grande. Il importe de signaler que la Cour suprême, dans une cause de 1991 où le gouvernement de la Colombie-Britannique tentait de faire déclarer inconstitutionnel le plafonnement, imposé unilatéralement par le gouvernement fédéral, des transferts au titre du RAPC, a expressément confirmé le droit du Parlement fédéral dautoriser des versements aux provinces pour des domaines de compétence qui sont les leurs et dimposer des conditions aux provinces qui les reçoivent(39). Cette interprétation est fidèle aux précédents. Dans le compte rendu quelle donne de lélaboration de la Loi canadienne sur la santé, lhon. Monique Bégin insiste sur les efforts méticuleux quon a faits dans la rédaction du texte pour que cette loi ne puisse être interprétée comme une ingérence dans les compétences provinciales, mais plutôt comme une stricte utilisation du pouvoir fédéral de dépenser(40). Lavantage principal du pouvoir de dépenser est précisément que labsence de définition constitutionnelle en autorise une application extrêmement large. En conséquence, ce pouvoir a servi de fondement constitutionnel non seulement pour une multitude de transferts fédéraux-provinciaux au fil des ans, mais aussi pour des subventions et des prêts à des entreprises privées ou à des particuliers, les dispositions sur les dépenses fiscales de la Loi de limpôt sur le revenu ainsi que les activités commerciales du gouvernement fédéral. Limites : Même si le pouvoir de dépenser ne semble pas assujetti à de rigoureuses contraintes constitutionnelles, il reste soumis à dimportantes limites budgétaires et politiques.
3. Les secteurs de politique partagés ou divisés : des normes nationales par la tactique Les secteurs de politique qui sont partagés ou contestés ou qui se recoupent font apparaître un sous-ensemble dactivités intergouvernementales possibles faisant intervenir la capacité de chaque niveau de gouvernement de régir ou fournir les services dans ces secteurs. Ainsi, chaque niveau a à sa disposition une série doccasions dinfluencer lautre, selon les compétences respectives, les activités en cause, les arrangements intergouvernementaux existants et les impératifs politiques de lheure. En voici deux exemples : Lélaboration des régimes de pension du Canada et du Québec illustre en partie la dynamique pouvant sappliquer à lintérieur dun secteur à compétence partagée. Les pensions de retraite sont un domaine à compétences partagées dans lequel les provinces ont la primauté, ce qui a permis au Québec de se retirer du régime fédéral dès la création de celui-ci. Cependant, les considérations de mobilité et déquité ont fortement milité en faveur de lharmonisation des régimes. Le gouvernement du Québec a présenté, lors dune conférence fédérale-provinciale en 1963, un régime de pensions qui assurait une plus large couverture, des prestations plus élevées et une meilleure redistribution que celui proposé par Ottawa. Le gouvernement fédéral sest senti obligé de bonifier sa propre proposition pour affirmer son leadership politique et montrer que le régime fédéral pouvait offrir des pensions aussi attrayantes que celles proposées par le Québec. Ce qui en est résulté, cest-à-dire le double programme RRQ/RPC, incarne donc des normes reflétant le modèle québécois(42). Limites : Quatre grands facteurs limitent, dans les secteurs de politique partagés, laction fédérale visant à influer sur les normes :
4. Charte des droits et
affirmations : des normes nationales par les Depuis 1982 (1985 pour les droits à légalité), la Charte canadienne des droits et libertés sest affirmée comme un mécanisme puissant pour faire respecter des normes nationales. Selon les interprétations judiciaires, ses dispositions sur la liberté de circulation, les droits à lenseignement dans la langue de la minorité et les droits à légalité, entre autres, ont pour effet de créer une série de normes nationales, et les Canadiens peuvent exiger que les gouvernements fédéral et provinciaux sy conforment. La Charte établit également certaines normes qui sappliquent aux relations intergouvernementales. Bien que des questions subsistent sur la possibilité de les faire respecter, larticle 36 dit que les gouvernements fédéral et provinciaux sengagent à respecter les grands principes de la péréquation : promotion de légalité des chances, réduction des disparités régionales et prestation de services publics essentiels de qualité raisonnable à tous les Canadiens. Sils avaient abouti, les efforts subséquents de réforme constitutionnelle auraient élargi le rôle des normes nationales constitutionnalisées. Ainsi, lAccord de Charlottetown de 1992 proposait la constitutionnalisation dun énoncé des principes de lunion sociale et économique canadienne, que devait surveiller un mécanisme intergouvernemental. Les discussions qui ont abouti à cette proposition avaient fait apparaître un certain nombre didées plus larges comme celles dune « charte sociale » ou dun « pacte social », qui comportaient la constitutionnalisation de divers droits positifs sociaux et économiques, notamment le droit à un logement décent, à lalimentation et autres nécessités de la vie, aux soins médicaux, à léducation et à un environnement plus sain. On peut sattendre à voir réapparaître des propositions de cet ordre dans des pourparlers constitutionnels ultérieurs(44). En général, la constitutionnalisation de normes nationales est un excellent moyen de garantir ces normes nationales, qui deviennent justiciables(45). On ne peut recourir aux tribunaux pour faire respecter les chartes ou pactes qui ne sont pas justiciables, bien que ceux-ci puissent tenir compte du contexte constitutionnel pour arrêter leurs décisions. Comme permet de le croire la fréquence des allusions à larticle 36 de la Charte dans les débats au sujet de la péréquation, ces chartes fournissent également une définition des normes qui peut servir de référence dans les débats publics et dans lévaluation de la performance des gouvernements(46). Limites : Même si les chartes constitutionnelles et les textes semblables peuvent constituer une excellente protection pour les normes nationales, ils ont de façon inhérente des limites comme moyen, pour le gouvernement fédéral, dexercer son influence :
5. Les accords intergouvernementaux : des normes nationales par le fédéralisme exécutif Comme nous lavons vu, la création du filet de sécurité sociale moderne a nécessité toute une série daccords intergouvernementaux en bonne et due forme, dont beaucoup arrêtent des normes nationales détaillées qui sappliquent aux programmes ainsi mis sur pied. Comme sest effritée la capacité du gouvernement fédéral dexercer une influence dominante dans ces négociations en faisant jouer son pouvoir de dépenser et dautres atouts quil avait par le passé, la nature même de ces négociations a changé. Il est donc utile de discuter du processus des accords intergouvernementaux, en dehors des autres types dinfluence qui jouent à lintérieur, comme un mécanisme par lequel le gouvernement fédéral peut influencer les provinces. Il existe des accords intergouvernementaux dans une vaste gamme de secteurs de politique, ce qui témoigne de la capacité des gouvernements fédéral et provinciaux de collaborer pour sacquitter de leurs responsabilités communes(47). Par ailleurs, la plupart des évaluations générales des tendances observées dans les relations intergouvernementales concluent que les risques dimpasse ont augmenté depuis les années 50, ce qui montre quaucune des deux parties aux négociations fédérales-provinciales ne possède des moyens décisifs lui permettant de lemporter(48). Une importante expérience actuellement en cours permettra de voir si le processus peut permettre den arriver à des normes nationales dans le secteur de la politique sociale. Au moment de la rédaction du présent document, des entretiens annoncés dans le budget de 1996 se poursuivaient entre le gouvernement fédéral et les provinces en vue de définir conjointement des valeurs, des principes et des objectifs qui régiraient le TCSPS et, plus généralement, les divers programmes et pratiques qui définissent lunion sociale(49). Un conseil fédéral-provincial-territorial sur la refonte des politiques sociales a été créé en 1996 pour coordonner la participation provinciale-territoriale à ces entretiens et, à loccasion de la conférence des premiers ministre daoût 1997, il a reçu le mandat de négocier avec le gouvernement fédéral un vaste accord-cadre pour sattaquer aux enjeux intersectoriels comme létablissement de principes communs(50). Les pressions provinciales en faveur de ladoption de stratégies conjointes à légard de la définition et de lapplication de normes dans des secteurs précis, comme la santé, ne suscitent toutefois pas un enthousiasme sans réserve de la part du gouvernement fédéral. Lors dune réunion des ministres de la santé fédéral, provinciaux et territoriaux, les 11 et 12 septembre 1997, le ministre fédéral de la Santé, Allan Rock, a continué de soutenir que linterprétation et lapplication de la Loi canadienne sur la santé étaient de compétence fédérale. Il reste donc à voir sil sera possible de dégager, grâce au processus dentente intergouvernementale, des normes de fond sur les programmes sociaux. Limites : Si on laisse de côté les limites liées au fait que le gouvernement fédéral na pas les mêmes ressources financières, avec le poids que cela lui donnait, le processus des accords intergouvernementaux comporte plusieurs limites inhérentes comme moyen dexercer une influence fédérale :
B. Solutions de rechange aux mesures unilatérales : lorchestration des normes Les moyens classiques par lesquels le gouvernement fédéral a exercé une influence pour faire appliquer des normes nationales dans des domaines de ressort provincial semblent, pour des raisons diverses, perdre de leur efficacité, dans le contexte contemporain. Tout dabord, lutilisation du pouvoir de dépenser et du régime fiscal et lintervention fédérale directe dans les secteurs de politique partagés exigent des dépenses fédérales. À court terme au moins, cela va à lencontre des rigoureuses mesures daustérité qui simposent pour atteindre les objectifs de réduction du déficit. Deuxièmement, ces mesures sont jusquà un certain point unilatérales. Cela a toujours été source de difficultés dans les relations fédérales-provinciales, même au cours de ce qui (partiellement à tort) a fini par être considéré comme lâge dor de la coopération fédérale-provinciale, soit les années 50. Plus récemment, la résistance politique à laction unilatérale du gouvernement fédéral sest intensifiée, en réaction à la diminution des transferts fédéraux. Il est à prévoir que les susceptibilités politiques de longue date et celles, plus récentes, qui reposent sur des facteurs financiers continueront de susciter dans les provinces des réticences à tout ce qui peut se présenter comme une action fédérale unilatérale. Plusieurs modalités dinfluence atténuent les inquiétudes au sujet des dépenses et des intrusions, mais elles supposent que le rôle fédéral qui consiste à établir et à faire appliquer directement des normes nationales sera remplacé par un rôle dorchestrateur des processus visent à dégager des consensus qui sont à lorigine de normes nationales. Par définition, ces normes reposent moins sur des relations de contrôle et de surveillance entre le gouvernement fédéral et les individus ou dautres gouvernements, et davantage sur les processus démocratiques pour lesquels des normes structurées sont dimportants points de référence. Nous indiquons ci-après quelques possibilités. 1. Normes nationales en réponse aux exigences publiques : le pouvoir de persuasion Le niveau fédéral de gouvernement a une grande présence sur le plan de la politique et des communications dans tout le Canada, indépendamment de la popularité de tel ou tel gouvernement. Un premier ministre et un Cabinet populaires sont fort bien placés pour influer sur les attentes du public et la demande politique en matières de normes. Les technologies modernes de communication renforcent cette capacité, qui reflète également le niveau relativement élevé dattention de la part des médias, découlant de la « commerciabilité » de personnalités politiques connues à léchelle nationale. La capacité des dirigeants nationaux au Canada de faire directement appel à la population en contournant les gouvernements et politiques provinciaux est illustrée par les négociations constitutionnelles du début des années 80. Le gouvernement fédéral a délibérément mis laccent sur ses propositions de Charte dans le cadre de ce qui a été présenté comme un ensemble de propositions faites pour la population, tout en dépeignant les propositions des gouvernements provinciaux comme le résultat dambitions qui tiennent de lesprit de clocher et dune obsession égocentrique pour laccroissement des pouvoirs provinciaux. On peut continuer de discuter de limpact précis de cette stratégie, et lacceptation de la Charte par les provinces a dailleurs été acquise au moyen de concessions fédérales faites au cours des négociations, mais il nen demeure pas moins vrai que la Charte canadienne des droits et libertés a été acceptée en fin de compte par la plupart des dirigeants, malgré une résistance provinciale à ces propositions qui remontait fort loin(51). En outre, lémergence de nouveaux secteurs de politique à légard desquels les gouvernements fédéral et provinciaux partagent les responsabilités, comme nous lavons vu plus haut dans la partie II, sest le plus souvent accompagnée de lémergence de nouveaux groupes de protagonistes qui traitent constamment avec les deux niveaux de gouvernement. Lorsque le gouvernement fédéral réussit à susciter dans ces groupes des appuis pour des valeurs, des objectifs ou des normes nationales, les gouvernements provinciaux peuvent finir par adhérer à ces normes simplement par le jeu des processus consultatifs et démocratiques au niveau provincial. Limites : Ces appels directs à la population ont de façon inhérente deux limites, comme moyens dinfluer sur les normes qui régissent les programmes sociaux :
2. Normes nationales et « ère de linformation » Les réflexions sur lensemble des changements technologiques et sociaux (souvent évoqués globalement dans des expressions comme « révolution de linformation ») font largement état de lénorme impact quils peuvent avoir sur le gouvernement. On peut même dire que lexistence de publics de plus en plus instruits et informés de la chose politique, la diffusion dune information qui était autrefois lapanage des « spécialistes » et une désillusion croissante du public à légard des gouvernements sont parmi les grandes causes des initiatives de « réinvention du gouvernement » qui apparaissent depuis quelque temps dans de nombreux pays occidentaux(52). Au Canada, les conséquences de ces tendances sautent aux yeux dans le domaine de la politique constitutionnelle depuis le milieu des années 80. Léchec de lAccord du lac Meech est largement interprété comme signifiant que la réforme constitutionnelle ne peut plus se faire au moyen de négociations menées derrière des portes closes, dans une relative indifférence de lopinion publique. Bien quon ait soutenu que la Charte avait joué un rôle spécial dans le développement de la participation au débat constitutionnel en dehors des cercles ordinaires des affaires intergouvernementales, il est probable que des exigences de participation et des suspicions analogues à celles qui se sont manifestées pendant lépisode du lac Meech seraient apparues même si la Charte navait pas existé. En dehors du processus constitutionnel, au fur et à mesure que le gouvernement se dégage de responsabilités pour les laisser aux administrés et sefforce de devenir plus réceptif dans les rôles quil conserve, linformation publique deviendra de plus en plus importante comme fondement sur lequel les publics sappuient pour juger les institutions et définir et appliquer des normes. Si le gouvernement fédéral souhaite des normes plus élevées dans des domaines comme léducation ou la formation de la main-doeuvre (à supposer que réussissent les initiatives actuelles de dévolution), la diffusion dune information de grande qualité sur la performance, qui permettra aux électeurs de comparer la performance locale à dautres, pourrait savérer un excellent moyen de faire appliquer de telles normes(53). Lélément crucial est que le rôle des instances fédérales comme fournisseur (direct ou indirect) de cette information de qualité sur la performance favoriserait les processus démocratiques de responsabilité publique et de réceptivité, relativement aux programmes provinciaux. Indirectement, cela pourrait favoriser le respect de normes nationales, perçues davantage comme les normes de la société plutôt que comme des normes imposées unilatéralement par le gouvernement fédéral ou dégagées au moyen de négociations intergouvernementales. Limites : Même si ce moyen peut avoir une portée très large, lutilisation de linformation comme moyen de faire respecter des normes est soumise à des incertitudes non négligeables dans tout secteur de politique. Plus précisément :
3. Normes nationales par consensus interprovincial La conférence annuelle des premiers ministres provinciaux est un mécanisme qui permet aux dirigeants provinciaux dessayer de dégager un consensus sur des questions dintérêt commun dans le champ des compétences provinciales. On a vu apparaître ces dernières années un certain nombre de propositions préconisant un certain retrait des instances fédérales de létablissement de normes dans ces domaines et une capacité, pour les gouvernements provinciaux, détablir des normes dun commun accord. Ainsi, la conférence des premiers ministres qui a eu lieu le 23 août 1996 a permis létude dun document parrainé conjointement par lOntario et lAlberta qui proposait de vastes réformes allant dans ce sens. Cette proposition na pas été acceptée en raison de lopposition dun grand nombre de provinces plus petites, mais elle nen constitue pas moins une illustration du point de vue des grandes provinces sur létablissement de normes dans leurs champs de compétence. Les auteurs du document préconisent un important éclaircissement des rôles respectifs des deux ordres de gouvernement et (entre autres changements) la concentration entre les mains des gouvernements provinciaux seuls de toute la responsabilité de la conception et de la prestation des services de santé, daide sociale et déducation(54). Cette proposition aurait éliminé les transferts fédéraux-provinciaux au titre des programmes sociaux et fait passer des points dimpôt aux provinces pour quelles puissent financer ces programmes par leurs propres moyens. Les aspects pancanadiens des responsabilités des programmes sociaux nauraient pas été assumés au moyen du leadership ou de linfluence du gouvernement fédéral, mais par des accords interprovinciaux qui auraient garanti la transférabilité et la mobilité, et établi des principes et des normes. On admet que la viabilité dune proposition comme celle-là dépend de la capacité des provinces de parvenir à un accord semblable et den respecter les dispositions. Par définition, lobjectif central qui sous-tend lapproche du consensus interprovincial nest pas de fournir un mécanisme pour que linfluence fédérale sexerce, mais de remplacer cette influence. Lhistoire des arrangements fédéraux donne toutefois à penser quun changement de cette ampleur risque davoir des conséquences non recherchées. Lune delles pourrait être de libérer le gouvernement fédéral des contraintes des négociations fédérales-provinciales et de lui permettre de définir et de préconiser publiquement des positions qui visent uniquement à servir lintérêt national. Bien quil ne sagisse pas là, en soi, dune forme dinfluence, cela pourrait donner une plus grande crédibilité et une plus grande portée aux appels politiques discutés plus haut. Limites : En principe, il ny a aucune limite à la portée des accords interprovinciaux dans des domaines de compétence provinciale. Toute influence fédérale qui pourrait sexercer à lintérieur ou par lentremise de la recherche de consensus interprovinciaux serait cependant soumise à des limites concrètes touchant ce processus :
PARTIE IV : DEUX CONSIDÉRATIONS DORDRE PRATIQUE Il est facile de constater, après avoir passé en revue les modalités classiques de linfluence fédérale, pourquoi on peut penser que le gouvernement fédéral a moins dinfluence sur les programmes sociaux dans les domaines de ressort provincial. On peut également conclure, cependant, que cette influence, même réduite, est loin dêtre négligeable. Les deux facteurs déterminants pour lexercice et pour lefficacité de linfluence fédérale sont 1) la volonté politique et 2) les ressources financières fédérales. Ces facteurs méritent dêtre traités à part. Dans un régime démocratique, lexistence de la volonté politique au sein des gouvernements ne peut être perçue comme un facteur indépendant qui exprime uniquement la volonté des politiciens. Cette volonté découle plutôt dune interaction complexe entre divers facteurs, dont les motivations et les engagements politiques de diverses personnalités politiques; les risques, coûts et avantages politiques quon prête à lintervention; la demande publique de politique de fond; et la capacité concrète dagir des gouvernements. Cette capacité dépend à son tour de facteurs comme lexistence de ressources sur les plans des finances, des compétences et autres et le degré de légitimité que les citoyens reconnaissent aux divers gouvernements et politiques. Plusieurs de ces facteurs revêtent une signification particulière pour lintervention fédérale pour ce qui est des normes des programmes sociaux. 1. Les pressions intergouvernementales La dynamique fédérale-provinciale de lheure revêt une importance centrale quant à lissue des problèmes liés aux normes nationales des programmes sociaux. Il nest pas difficile de prédire une persistance des pressions qui sexercent sur le gouvernement fédéral pour quil réduise son influence dans cette sphère, tant dans les secteurs de compétence provinciale que dans ceux où les deux niveaux de gouvernement peuvent agir. Ces pressions sont à peu près constantes depuis le début de la fédération, dès les premiers efforts pour édifier la province dOntario(56). Ces dernières années, ces pressions ont été portées à lavant-scène par lémergence du nationalisme québécois moderne, une affirmation de plus en plus ferme des provinces de lOuest et, depuis la récession du début des années 90, par les ressentiments ontariens suscités par des causes dordre financier. On trouve une indication sur lorientation actuelle de ces pressions dans le rapport de décembre 1995 qui a été appuyé par les premiers ministres de toutes les provinces sauf le Québec comme fondement des discussions sur le renouvellement de la fédération et adressé au premier ministre du Canada en réponse à la Conférence des premiers ministres en 1996(57). Le rapport demande entre autres choses :
Lors de leur réunion annuelle, en août 1997, les premiers ministres provinciaux ont examiné et approuvé un rapport détape sur les thèmes énoncés un an plus tôt, ainsi quun document faisant état doptions plus détaillées en ce qui concerne la gestion de lunion sociale(58). La décision de chercher à conclure un vaste accord-cadre avec le gouvernement fédéral pour sattaquer aux enjeux intersectoriels comme les principes communs, lutilisation du pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral et létablissement de nouveaux mécanismes de résolution des différends, donne une idée des orientations que les gouvernements provinciaux devraient prendre à brève échéance. Lopinion publique est un autre facteur clé dans la formation de la volonté politique. Dans le contexte du fédéralisme, elle peut constituer un contrepoids de première importance aux pressions intergouvernementales et devenir un important facteur agissant lorsque ces pressions ne reposent que sur les ambitions bureaucratiques ou politiques. Par exemple, le premier ministre albertain Don Getty, qui réclamait la dévolution dimportants pouvoirs au début des négociations sur lAccord de Charlottetown, na pas tardé à mettre la sourdine lorsque des sondages ont montré quun transfert important de pouvoirs nétait guère appuyé par les électeurs albertains. Selon des sondages dopinion récents, les Canadiens sont de plus en plus ambivalents au sujet du rôle qui doit revenir au gouvernement fédéral dans le maintien de normes nationales en assurance-maladie et dans dautres programmes sociaux. Dune part, ils appuient clairement les programmes (au moins ceux qui assurent de larges avantages directs au public). Cest ainsi quun sondage mené par le Globe and Mail et Environics entre le 18 décembre 1996 et le 15 janvier 1997, avec un échantillon de 2 000 personnes a permis de constater que :
Le sondage de fin dannée mené par la revue Macleans et CBC a également permis de constater que, parmi les personnes interrogées,
Dautre part, daprès le même sondage, le régime universel dassurance-maladie et le filet de sécurité sociale relativement généreux, considérés comme intouchables par le passé, semblent faire lobjet dun scepticisme croissant. Les soins de santé et dautres services sociaux continuent de figurer parmi la demi-douzaine de priorités indiquées par les Canadiens, mais, parmi les personnes interviewées,
Il semble également que lopinion répugne à accepter les sanctions imposées par le gouvernement fédéral contre les provinces qui violent les normes quil a lui-même proclamées. Un sondage réalisé en novembre 1995 par Insight Canada Research (peu après lapplication de sanctions fédérales contre des provinces au sujet des frais dinstallations) a révélé que, parmi les personnes interrogées,
Pour plus de détails sur les sondages que nous venons de résumer et les résultats du sondage de 1995 qui tranchent avec certaines de ces observations, voir lannexe II. On peut conclure qu'au moins deux éléments importants de « léquation » de la volonté politique réduisent les chances que le gouvernement fédéral puisse mobiliser et conserver la volonté de recourir brutalement aux diverses stratégies à sa disposition pour influer sur les programmes sociaux dans les secteurs de compétence provinciale. Un deuxième facteur général détermine la portée pratique de linfluence fédérale : les ressources financières du gouvernement fédéral. Comme nous lavons signalé plus haut, les actuelles contraintes financières du gouvernement fédéral limitent rigoureusement les nouvelles ressources pour les nouveaux programmes (et pour les normes nationales nouvelles ou nouvellement mises en évidence). En outre, il faut reconnaître que les progrès accomplis récemment dans la réduction du déficit ont été largement favorisés par les faibles taux dintérêt. Lorsque le cycle économique ramènera inévitablement des taux plus élevés, il est certain que, vu lampleur de la dette nationale, les frais dintérêt constitueront un défi de taille pour les gouvernements. Ainsi, même sil est possible que de largent frais soit disponible par intermittence pour un nombre limité dinitiatives choisies avec soin, les transferts fédéraux-provinciaux resteront, dans lavenir prévisible, soumis à des restrictions générales. Ce serait un travail très complexe que détudier à fond limpact probable de la rareté de largent sur la capacité du gouvernement fédéral dexercer son influence, étant donné que lincidence sera plus grande sur certaines modalités dinfluence (par ex., le pouvoir de dépenser) que sur dautres (par ex., les demandes populaires). On peut néanmoins conclure quil restera nécessaire dêtre extrêmement sélectif dans lutilisation des types dinfluence qui dépendent directement des dépenses (à commencer par le pouvoir de dépenser) et que les types dinfluence qui ne lient pas les normes nationales directement à la capacité fédérale de les financer (par ex., les mesures de rechange discutées à la partie III B.) seront beaucoup plus avantageuses dans les circonstances prévisibles. Les préoccupations soulevées au sujet des tendances récentes dans le domaine des normes nationales ont, pour un grand nombre, souvent été trop étroitement axées sur le pouvoir fédéral de dépenser. Mais, même dans cette optique étroite, la relation entre la diminution des transferts fédéraux et les normes nationales est compliquée. Il y a au moins trois relations possibles :
Il importe de prendre conscience des différences entre ces arguments, qui sont parfois regroupés par des critiques qui semblent uniquement soucieux de compiler le plus grand nombre possible de reproches aux réductions des paiements de transfert. Les deux premiers arguments reposent sur des hypothèses contraires et incompatibles au sujet des intentions des gouvernements provinciaux. Si, par exemple, on dit que les provinces sont forcées de sécarter des normes fédérales à cause de la réduction des paiements de transfert, les sanctions fédérales ne régleront vraisemblablement pas le problème (logiquement, on peut même soutenir que des sanctions plus rigoureuses laggraveront). Le troisième argument fait apparaître une possibilité implicitement contenue dans le deuxième : lincidence des réductions doit être compris avant tout dans une optique politique plutôt quétroitement financière. Le facteur clé, pour leffet dune réduction, serait donc sa perception par les politiques et la population de la province plutôt que ses conséquences directes pour la capacité financière dune province. 1. Les moyens financiers des provinces Le premier argument - soit que les coupes dans les transferts fédéraux ont réduit les moyens que les provinces peuvent avoir de respecter les normes nationales - dépend de questions qui débordent largement la portée de la présente étude. Notons, par exemple, la possibilité que la province puisse avoir daméliorer lefficacité de ses programmes (et dabsorber ainsi les réductions des paiements de transfert) et la nécessité dévaluations globales des programmes provinciaux pour examiner la possibilité de réaménagements avec dautres postes du budget provincial. Il importe de souligner que les positions qui sarticulent autour des moyens financiers des provinces doivent être étayées par des arguments de cette nature si on veut quelles soient convaincantes. Il vaut également la peine de faire observer que cet argument na pas été beaucoup utilisé par ceux qui ont le plus à en tirer, cest-à-dire les premiers ministres provinciaux. Ainsi, ceux dentre eux qui ont soutenu, à la conférence des premiers ministres des 20 et 21 juin 1996, que la diminution de la contribution fédérale devrait se traduire par un rôle moins grand du gouvernement fédéral dans létablissement des normes nont pas prétendu que les provinces étaient devenues incapables de respecter les normes de la Loi canadienne sur la santé, mais plutôt que le gouvernement fédéral avait perdu toute prétention légitime au rôle de seul gardien des normes(62). Cela permet de croire que les provinces nont pas encore perdu la capacité de respecter les normes nationales (quoi que cela puisse se produire plus tard). Le deuxième argument traduit des préoccupations qui remontent au moins au début des années 90. À cette époque, le Conseil national du bien-être, entre autres, a calculé que les diverses désindexations et les divers blocages appliqués aux transferts du FPÉ depuis les années 80 ramèneraient dans un proche avenir les transferts à un montant qui serait complètement couvert par la valeur des points dimpôt (dès 1996-1997 dans le cas du Québec)(63). À ce moment-là, craignait-on, le gouvernement fédéral ne pourrait pas, faute de versement en espèces, appliquer (ni menacer dappliquer) des sanctions financières pour dissuader les provinces de ne pas respecter les normes établies au niveau fédéral. Plus particulièrement, les normes de la Loi canadienne sur la santé seraient sapées, car elles reposent sur des dispositions autorisant Ottawa à réduire le versement en espèces du FPÉ (ou, maintenant, du TCSPS) dun montant identique aux frais imposés aux patients que la province aurait autorisés. Le budget de 1995, qui annonçait le TCSPS, a ravivé ces craintes. Ainsi, les auteurs dune publication du Caledon Institute of Social Policy ont fait des prévisions selon lesquelles les versements en espèces du TCSPS (cest-à-dire tous les paiements fédéraux en espèces pour les programmes autrefois visés par le FPÉ et les programmes daide sociale) disparaîtraient entre les années 2006 et 2011 dans la plupart des provinces et dès 2004 dans dautres (par ex., le Québec). Leur conclusion était brutale :
Les engagements à long terme en matière de financement du TCSPS annoncés dans le budget fédéral de 1996 semblent répondre à ces préoccupations. Mais une question continue de susciter de lintérêt : quelle doit être limportance du versement en espèces pour quil puisse être efficace comme sanction? Est-ce que le minimum de 12,5 milliards de dollars fixé en 1997-1998 et censé sappliquer jusquà lan 2000, année où il doit recommencer à augmenter, est un montant suffisant(65)? La répartition des versements, par province, sera la suivante en 1997-1998 (en millions de dollars)(66) :
Le différend récent entre le gouvernement fédéral et lAlberta au sujet des frais détablissement peut servir dexemple. Après une longue querelle avec lAlberta au sujet de lautorisation des « frais détablissement » (cest-à-dire des frais réclamés aux usagers pour le fonctionnement détablissements plutôt que pour les services), le ministre fédéral de la Santé a annoncé que lAlberta serait soumise à des sanctions parce quelle navait pas remplacé cette pratique par un financement public intégral, ou le financement privé intégral avec exclusion du soutien public. À compter de novembre 1995, une sanction de 422 000 $ par mois a été déduite des transferts du FPÉ à lAlberta; ce montant équivalait à ce que la province touchait sous forme de frais détablissement. Les sanctions ainsi imposées à lAlberta entre novembre 1995 et juin 1996 équivalent à une sanction annuelle de 5 064 000 $, soit seulement environ 0,52 p. 100 du TCSPS prévu pour lAlberta en 1997-1998. Autrement dit, même lorsque la capacité fédérale de sanction atteint son niveau le plus bas, elle permet tout de même des sanctions 200 fois plus lourdes que celle imposée à lAlberta. Tout porte à croire donc que cette capacité nest pas minée par le niveau de financement applicable au TCSP. Le fait que, le 1er juillet 1996, le gouvernement albertain ait fait marche arrière sur la question des frais détablissement semble confirmer le bien-fondé de cet optimisme. Aux termes dun accord conclu avec le gouvernement fédéral en mai, le gouvernement provincial a assumé provisoirement la responsabilité de payer les frais détablissement exigés par les cliniques privées, tandis que les autorités régionales en matière de santé devaient négocier des contrats à plus long terme avec les cliniques. Autrement dit, lAlberta, même si elle a tardé à le faire, sest conformée aux exigences fédérales. Tandis que laffaire de lAlberta dominait dans les médias dinformation, trois autres provinces ont également été soumises à des sanctions en novembre 1996 en raison de frais détablissement également :
Ces trois provinces nont rien changé à ces frais en réaction aux sanctions fédérales, même si les montants cumulatifs des sanctions (jusquà septembre 1997) sont dau moins 1 150 000 $ (Manitoba), 180 000 $ (Terre-Neuve) et 130 000 $ (Nouvelle-Écosse)(67). La persistance de cette pratique dans les trois provinces semble contredire les conclusions générales tirées de laffaire albertaine. En outre, cela remet en question lhypothèse voulant que limpact financier des sanctions soit la clé permettant dexpliquer les conséquences, étant donné que le mode de calcul des frais (et donc de leur impact net) est le même dans tous les cas (sanction égale aux frais non admis). La grande différence qui saute aux yeux dans le cas de lAlberta est que le montant en cause était plus élevé et que cela a mobilisé une plus grande attention dans les médias et dans lopinion publique. Cela donne à penser que les sanctions influencent les gouvernements moins par leur répercussions financières directes que par la dimension politique, qui tourne autour du mécontentement du public, motivé par le fait que la province perd des revenus et des avantages au niveau local. 3. La dimension politique Une note pour conclure Le cas du critère de résidence imposé par la Colombie-Britannique pour laide sociale semble appuyer les conclusions que permettent de tirer les effets des sanctions imposées pour frais détablissement. Au début de novembre 1995, la Colombie-Britannique a annoncé limposition dun critère de trois mois de résidence pour les assistés sociaux qui devait entrer en vigueur le 1er décembre 1995; le gouvernement fédéral a réagi à cette dérogation aux normes du Régime dassistance publique du Canada (ensuite amalgamé au TCSPS) en retenant le dernier paiement de 47 millions de dollars qui était dû à la province dans le cadre du RAPC pour 1995. La sanction dépassait considérablement les 25 millions de dollars déconomie que, selon les estimations du gouvernement de la Colombie-Britannique, cette mesure promettait dengendrer. Le critère de résidence na toutefois pas été retiré avant le 6 mars 1997. Le gouvernement fédéral a obtenu laccord de la Colombie-Britannique à légard du retrait du critère de résidence en faisant en sorte daligner la sanction initiale avec celles imposées aux autres provinces (qui sont égales aux frais non admis); ainsi, il en a réduit le montant juste au-dessus de la barre des 20 millions de dollars (qui correspond aux économies réelles réalisées par la province grâce à lapplication des critères de résidence). De même, on a convenu de mettre en oeuvre un processus multilatéral national pour se pencher sur les questions de mobilité interne dans un délai de deux ans. Il y a peut-être lieu de préciser aussi que laccord relatif aux critères de résidence coïncidait avec un deuxième accord avantageux pour la province, en vertu duquel laide fédérale à légard de létablissement des immigrants sera haussée de 67,2 millions de dollars sur trois ans(68). Le fait que lapplication du critère de résidence se soit poursuivie plus dun an après limposition des sanctions fédérales sexplique peut-être par lattrait politique que cette mesure exerce en Colombie-Britannique (le gouvernement a décrit sa position comme une courageuse tentative pour maintenir le niveau des prestations, malgré lafflux dassistés sociaux en provenance de provinces ayant récemment réduit leurs prestations, et malgré le plafonnement de 5 p. 100 imposé à la C.-B. à légard de laugmentation des transferts au titre du RAPC). Dautres facteurs ny sont peut-être pas étrangers non plus, par exemple, labsence dintention fédérale claire au sujet de la poursuite des sanctions. Quoi quil en soit, il est significatif de constater que lannulation en question nait pas été obtenue au moyen de sanctions fédérales accrues, mais plutôt grâce à des mesures dencouragement plus positives. De façon plus générale, les observations des premiers ministres provinciaux sur les réductions des transferts des dernières années témoignent abondamment de la grande place quoccupent les considérations politiques dans les réactions des provinces. Comme nous lavons signalé plus haut, plusieurs premiers ministres ont appuyé, à la réunion des 20 et 21 juin 1996, une proposition voulant que les gouvernements fédéral et provinciaux se chargent conjointement de linterprétation et de lapplication de la Loi canadienne sur la santé parce que la diminution de la contribution fédérale doit sassortir dune diminution de linfluence du gouvernement fédéral. Les positions des provinces nont pas été dictées par le déterminisme financier. Limpact du retrait financier fédéral (et peut-être, dans certains cas, des sanctions financières) sest fait sentir surtout dans la volonté des dirigeants provinciaux daccepter que linfluence fédérale se maintienne. PARTIE V : OBSERVATIONS GÉNÉRALES ET CONCLUSIONS Pris tous ensemble, les points de vue historique, constitutionnel et intergouvernemental exposés dans la présente étude permettent de faire six observations suivantes :
La conclusion fondamentale de la présente étude est que la portée de linfluence fédérale sur les programmes sociaux des provinces et les normes est nettement plus restreinte quelle ne létait immédiatement après la guerre. Mais il est tout aussi clair que les causes de ce changement vont bien au-delà des réductions de paiements de transfert qui se succèdent depuis les années 70. Il en découle que les efforts en vue daccroître linfluence fédérale, à supposer que cet objectif soit recherché, devront tenir compte de lévolution du régime fédéral au lieu de viser à retrouver un monde qui était déjà en train de disparaître il y a 30 ans. Abele, Frances (éd.). How Ottawa Spends. Ottawa, Carleton University Press, 1992. Bakan, Joel et David Schneiderman (éd.). Social Justice and the Constitution - Perspectives on a Social Union for Canada. Ottawa, Carleton University Press, 1992. Banting, Keith G. The Welfare State and Canadian Federalism. Deuxième édition. 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ANNEXE I : PLAFONNEMENTS ET COMPRESSIONS IMPOSÉS PAR LE GOUVERNEMENT FÉDÉRAL, 1972-1995
Réagissant à leffet combiné des contraintes financières et des pressions intergouvernementales et autres, le gouvernement fédéral a, depuis au moins le milieu des années 70, opéré ce quon a largement considéré comme un repli, sur le front de la politique sociale, par rapport au rôle quil sétait donné dans la période qui a suivi immédiatement la guerre. Les principales étapes de cette évolution sont les suivantes(69) :
ANNEXE II : AUTRES RÉSULTATS DE SONDAGES
Question : À propos du système de soins de santé du Canada, seriez-vous tout à fait daccord, modérément daccord, modérément opposé ou fortement opposé au fait quun système à deux volets soit offert aux Canadiens : un niveau de service de base financé par le gouvernement et offert à tous les Canadiens, et, pour ceux qui sont disposés à payer, la possibilité dobtenir les services supplémentaires souhaités? Résultats :
Ces résultats tranchent avec ceux obtenus dans une vaste étude des attitudes de la population par Les Associés de recherche Ekos inc. en août 1995. Dans ce sondage, 53 p. 100 de léchantillon de 3 000 personnes disaient que laccès égal pour tous les Canadiens aux services de santé était ce quil y avait le plus dimportance pour eux personnellement; venaient ensuite la qualité des services de santé (31 p. 100), la santé de la population canadienne (9 p. 100) et le coût du système (8 p. 100). En outre, 60 p. 100 nétaient pas daccord sur laffirmation selon laquelle « chacun doit pouvoir payer un montant supplémentaire pour avoir accès plus rapidement aux services de santé », tandis que 28 p. 100 étaient daccord (11 p. 100 nétaient ni daccord ni en désaccord). Voir Les Assocités de recherche Ekos inc., Rethinking Government 1995 - Final Report, soumis à Rethinking Government Sponsors, 12 juillet 1996, Ottawa et Toronto, Les Associés de recherche Ekos inc., 1996, p. 35.) La résistance de lopinion aux sanctions fédérales imposées aux provinces qui ont dérogé aux normes proclamées par les autorités fédérales ne se répartit pas également dans toutes les régions du Canada. Le sondage de Insight Canada Research (abordé dans le corps du texte) a donné les résultats suivants(71) : Question : Appuyez-vous la décision du gouvernement fédéral dimposer des sanctions aux provinces qui autorisent les frais dinstallations exigés des patients dans des cliniques privées où ils reçoivent les services médicalement nécessaires, ou vous y opposez-vous? Résultats :
(1) Voir Ronald Manzer, Public Policies and Political Development in Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1985, p. 56 et suivantes. (2) Voir Paul Barker, « The Development of the Major Shared-Cost Programs in Canada », R.D. Olling et M.W. Westmacott (éd.), Perspectives on Canadian Federalism, Scarborough, Prentice-Hall Canada Inc., 1988, p. 197 et suivantes. (3) On trouvera un exposé les divers aspects du développement des gouvernements provinciaux dans Richard Simeon, « Regionalism and Canadian Political Institutions », J.P. Meekison (éd.), Canadian Federalism: Myth or Reality, troisième édition, Toronto, Methuen, 1977, p. 292 et suivantes. (4) Cité dans Parlement du Canada, Le fédéralisme fiscal au Canada, rapport du Groupe de travail parlementaire sur les accords fiscaux entre le gouvernement fédéral et les provinces, ministre des Approvisionnements et Services, août 1981, p. 32. (5) Voir Loi sur lassurance-hospitalisation et les services diagnostiques de 1957, chap. 28, art. 1., et surtout les articles 3, 5 et 8, et Canada, Bureau du Conseil privé, Division des relations fédérales-provinciales, Programmes et activités fédéraux-provinciaux : répertoire, 30 septembre 1973, Ottawa, 1974, p. 214-215. Voir aussi Malcolm G. Taylor, Health Insurance and Canadian Public Policy, Institut dadministration publique du Canada, Kingston et Montréal, McGill-Queens University Press, 1987, p. 239. (6) Le fédéralisme fiscal au Canada (1981), p. 56. (7) Voir Loi sur lassurance-maladie de 1966-1967, chap. 64, art. 1. (8) Voir Le fédéralisme fiscal au Canada (1981), p. 63 et suiv. (9) Voir par exemple Keith G. Banting, The Welfare State and Canadian Federalism, deuxième édition, Kingston et Montréal, McGill-Queens University Press, 1987, p. 75 et Derek J. Hum, « Social Security Reform during the 1970s », chapitre 3 de Jacqueline S. Ismael (éd.), Canadian Social Welfare Policy - Federal and Provincial Dimensions, Institut dadministration publique du Canada, Kingston et Montréal, McGill-Queens University Press, 1985, p. 33 et suiv. (10) Il vaut la peine de signaler que cette évolution obéissait avant tout aux pressions exercées par lOntario et le Québec; la plupart des petites provinces auraient préféré une version modifiée du partage des coûts (Barker (1988), p. 209). (11) Lhon. Allan J. MacEachen, ministre des Finances, Mémoire au Groupe de travail parlementaire cité dans Le fédéralisme fiscal au Canada (1981), p. 76. (12) Voir John F. Graham, « Funding of Universities in Canada », Thomas J. Courchene, David W. Conklin and Gail C.A. Cook (éd.), Ottawa and the Provinces: The Distribution of Money and Power, vol. 1, Toronto, Conseil économique de lOntario, 1985, p. 326. (13) Le fédéralisme fiscal au Canada (1981), p. 80-82. (14) Voir Judith Maxwell, « The Social Role of the State in a Knowledge-Based Economy », Patrick Grady, Robert Howse, Judith Maxwell, Redefining Social Security, Projet secteur public et compétitivité, Kingston School of Policy Studies, Université Queens, 1995, p. 34. (15) Ministère des Finances du Canada, « Le transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux », sous http://www.fin.gc.ca/fedprovf/chsf.html, 2 octobre 1996, p. 1. (16) Sherri Torjman et Ken Battle, Can We Have National Standards?, Caledon Institute of Social Policy, mai 1995, p. 1. (17) Données tirées dun tableau cité dans Thomas J. Courchene, « Canadas Social Policy Deficit: Implications for Fiscal Federalism », chapitre 3 de Keith G. Banting, Douglas M. Brown et Thomas J. Courchene, The Future of Fiscal Federalism, Kingston, School of Policy Studies, Université Queens, 1994, p. 99. (18) Daprès un tableau de Robin Boadway et Frank Flatters, « Fiscal Federalism: Is the System in Crisis? », chapitre 2 de Banting, Brown et Courchene (1994), p. 41. (19) Voir, par exemple, Leslie A. Pal, « Federalism, Social Policy, and the Constitution », chapitre 1 de Ismael (1985), p. 12 et suiv. (20) Voir, par exemple, Martha Fletcher, « Judicial Review and the Division of Powers in Canada », chapitre 7 de Meekison (1977), p. 100 et suiv. (21) On a observé ces dernières années une tendance très répandue à attribuer cette évolution aux forces du nationalisme québécois et aux pressions décentralisatrices des provinces de lOuest, mais il importe de signaler que lOntario a joué un rôle central, au départ, dans les efforts pour faire contrepoids au gouvernement fédéral. Voir Garth Stevenson, Ex Uno Plures - Federal-Provincial Relations in Canada, 1867-1896, Montréal et Kingston, McGill-Queens University Press, 1993, p. 48 et suiv. (22) Voir Garth Stevenson, « Le partage des pouvoirs », Richard Simeon, coordonnateur de recherche, Le partage des pouvoirs et la politique dÉtat, vol. 61 des études commandées par la Commission royale sur lunion économique et les perspectives de développement du Canada, Ottawa, Commission royale sur lunion économique et les perspectives de développement du Canada, 1985, p. 101 et suiv. (23) Ibid., p. 81 et suiv. (24) Voir Peter W. Hogg, Constitutional Law of Canada, troisième édition, Scarborough (Ontario), Carswell, 1992, p. 1227 et suiv. (25) Rodney Haddow, « Federalism and Training Policy in Canada: Institutional Barriers to Economic Adjustment » chapitre 14 de Francois Rocher et Miriam Smith (éd.), New Trends in Canadian Federalism, Toronto, Broadview Press, 1995, p. 353 et suiv. (26) Gouvernement du Canada, La sécurité sociale dans le Canada de demain. Lapport du gouvernement fédéral à lenseignement postsecondaire : Un document dinformation, ministre du Développement des ressources humaines, 1994, p. 15 et suiv. (27) Hogg (1992), p. 476. (28) Ibid., p. 476 et 149. (29) Nancy Miller Chenier, La politique canadienne en matière de santé, Bulletin dactualité 93-4F, Service de recherche, Bibliothèque du Parlement, p. 2-3, et Hogg (1992), p. 475 et suiv. (30) Le fédéralisme fiscal au Canada (1981), p. 54 et suiv. (31) Leslie Pal, « Social Policy and the Constitution », chapitre 1 de Ismael (1985), p. 12. (32) Banting (1987), p. 52. (33) Ibid., p. 53. (34) Ibid., p. 50. (35) Ken Battle et Sherri Torjman, Federal Social Programs: Setting the Record Straight, Ottawa, Caledon Institute of Social Policy, printemps 1993, p. 5. (36) Aux dernières nouvelles, les négociations visant à harmoniser les mesures fédérales et provinciales en vue de la création dune prestation nationale pour enfants améliorée (le gouvernement fédéral sétant engagé dans le budget de février 1997 à y consacrer 600 millions de dollars en nouveau fonds) se poursuivent toujours. (37) On trouvera un exposé sur les formes complexes de coopération intergouvernementale que comportent les arrangements actuels en matière de fiscalité et les problèmes quelles ont permis de surmonter dans Le fédéralisme fiscal au Canada (1981), p. 46 et suiv. (38) Hogg (1992), p. 150. (39) Ibid., p. 152-153. (40) Voir Monique Bégin, Lassurance-santé : plaidoyer pour le modèle canadien, Montréal Boréal, 1987, p. 116 et suiv. (41) On trouvera un compte rendu portant expressément sur leffet de cette pratique sur les relations intergouvernementales dans A.W. Johnson, « Federal-Provincial Fiscal Relations: An Historical Perspective », vol. 2 de Courchene, Conklin and Cook (1985), p. 126 et suiv. (42) Banting (1987), p. 74. (43) On trouvera un bilan de la situation dans Gouvernement du Canada, Renouvellement de la fédération canadienne, rapport détape, document dinformation pour la réunion des premiers ministres, les 20 et 21 juin 1996, à Ottawa. (44) Voir Joel Bakan et David Schneiderman (éd.), Social Justice and the Constitution - Perspectives on a Social Union for Canada, Ottawa, Carleton University Press, 1992, annexes II-V et passim. (45) Katherine Swinton, « Federalism, the Charter, and the Courts: Rethinking Constitutional Dialogue in Canada », chapitre 15 de Karen Knop et al. (éd.), Rethinking Federalism: Citizens, Markets, and Governments in a Changing World, Vancouver, UBC Press, 1995, p. 300. (46) Larticle 36 de la Charte canadienne des droits et libertés engage les gouvernements au Canada à promouvoir légalité des chances et à fournir des services publics de qualité acceptable, et engage le gouvernement du Canada à faire des paiements de péréquation à cette fin. (47) On trouvera un répertoire des accords en vigueur dans Gouvernement du Canada, Bureau du Conseil privé, Programmes et activités fédéraux-provinciaux : répertoire, 1993-1994 et 1994-1995, Ottawa, ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, 1995. (48) Voir par exemple Donald V. Smiley, « An Outsiders Observations of Federal-Provincial Relations among Consenting Adults », chapitre 16 de Olling et Westmacott (1988). (49) Ministère des Finances du Canada, « Le transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux » (1996), p. 1. (50) Voir le communiqué de presse, Trente-huitième Conférence annuelle des premiers ministres provinciaux, « Refonte des politiques sociales », Secrétariat des conférences intergouvernementales canadiennes, référence 850-061/009, p. 2. (51) Les principales concessions ont été lajout dune clause de dérogation et la prise en compte des exigences provinciales dans la procédure de révision de la Constitution. Le lecteur trouvera un exposé sur la stratégie fédérale plus large dans Alan C. Cairns, Reconfigurations: Canadian Citizenship and Constitutional Change, Douglas E. Williams (éd.), Toronto, McClelland and Stewart Inc., 1995, surtout aux p. 194 et suiv. (52) Voir David Osborne et Ted Gaebler, Reinventing Government, Reading (Mass.), Addison-Wesley Publishing Company, 1992. Ces thèmes sont fort utilement abordés, dans le contexte de lévolution qui se fait au Canada, dans F. Leslie Seidle (éd.), Rethinking Government: Reform or Reinvention?, Montréal, Institut de recherche en politiques publiques, 1993. (53) La réaction du public à lenquête annuelle de la revue McLeans sur les universités donne une indication de lappétit du public pour une information sur le rendement comparatif des institutions publiques et sur limpact immédiat de cette information sur les pratiques de ces institutions. Ce numéro est devenu le plus populaire de la revue, daprès les ventes en kiosque, et il suscite normalement une foule dobservations et de demandes de renseignements. (Voir Robert Lewis, avant-propos du « The Macleans Guide to Universities », Toronto, Maclean Hunter, 1996, p. 4.) (54) Voir Thomas J. Courchene, Access - A Convention on the Canadian Economic and Social Systems, document de travail rédigé pour le ministre des Affaires intergouvernementales de lOntario, août 1996, surtout les pages 16-19. Il importe de signaler que, même sil ne reprend pas lapproche de Courchene, le Comité sur lévolution du fédéralisme canadien du Parti libéral du Québec, dans son rapport le plus récent (Lidentité québécoise et le fédéralisme canadien Reconnaissance et interdépendance, Parti libéral du Québec, décembre 1996), affirme que le Québec doit participer activement au processus de prise de décisions visant à établir des normes communes dans des domaines comme laide sociale (p. 41-47) et dit que ce processus peut être efficace. (55) Dans le document de Courchene (1996), il est soutenu quon pourrait assurer un certain degré « dexécution» par les moyens suivants, par exemple :
On peut soutenir que le deuxième moyen est important, mais que le premier serait dune valeur limitée pour restreindre lactivité dassemblées législatives souveraines; quant au troisième, même sil était rendu possible par les changements qui simposent, y compris une modification de la Charte, il ne permettrait quune intervention ponctuelle radicale à laquelle on ne pourrait pas recourir, de façon crédible, pour des manquements mineurs. (56) Voir Stevenson (1993), surtout le chap. 3, p. 48 et suiv. (57) Conseil ministériel de la réforme et du renouveau de la politique sociale, Rapport aux premiers ministres, décembre 1995. Ce document na pas été appuyé par le gouvernement du Québec, mais il vaut la peine de signaler que le rapport publié en décembre 1996 par le Comité du Parti libéral du Québec sur lévolution du fédéralisme canadien demande un important rééquilibrage des rôles fédéraux et provinciaux à lintérieur de la fédération et, sur plusieurs questions clés, tient les mêmes propos que le rapport du conseil ministériel (voir par exemple les p. 86-88). (58) Voir Conseil provincial-territorial sur la refonte des politiques sociales, Second rapport détape, juillet 1997, et Pour un renouvellement de lunion sociale canadienne - - Document de discussion, 29 avril 1997. (59) Edward Greenspon et Hugh Winsor, « Spending Increase Favoured, Poll Finds », Globe and Mail (Toronto), 23 janvier 1997, p. A-1 et A-5. (60) « Canada in the Year 2005 », Macleans, vol. 109, no 53, 30 décembre 1996/6 janvier 1997, p. 23 et suiv. et p. 46 et suiv. (61) Jim Bronskill, « Ontario Residents Dont Want Federal Crackdown on Provinces », The Ottawa Citizen, 26 août 1996, p. A-3. (62) Voir Jack Stilborn, Les relations fédérales-provinciales, Bibliothèque du Parlement, Service de recherche, CIR 93-10F, p. 15. (63) Voir Allan M. Maslove, « Reconstructing Fiscal Federalism», chapitre 3 de Frances Abele (éd.) How Ottawa Spends, Ottawa, Carleton University Press, 1992. (64) Ken Battle et Sherri Torjman, « How Finance Re-Formed Social Policy », Ottawa Caledon Institute of Social Policy, avril 1995, p. 8 et 9 (traduction). (65) Le 2 juin 1997, on a annoncé quen raison des résultats meilleurs que prévus obtenus au chapitre de la réduction du déficit, le versement en espèces au titre du TCSPS pourrait être maintenu à 12,5 milliards de dollars, au lieu dêtre abaissé à 11 milliards de dollars, comme ce qui était initialement prévu. (66) Ministère des Finances du Canada, « Le transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux », page daccueil du ministère sur Internet, 2/10/96, p. 3. (67) Renseignements fournis par un fonctionnaire de Santé Canada et complétés par les chiffres cités dans Mark Kennedy, «.Provinces Continue to Flout Medicare », The Ottawa Citizen, 30 septembre 1997, p. A-6. (68) Voir Colombie-Britannique, Bureau des communications gouvernementales, « PM, Premier Settle B.C. Residency Dispute, Agree to New Co-operation on Mobility, Immigration and Asia-Pacific », Communiqué de presse en date du 6 mars 1997. (69) Faits de 1985-1993 tirés du résumé de Battle and Torjman (1993), p. 14 et suiv. (70) R. Gary Edwards et Jon Hughes, « Public Remains Divided on Two-Tiered Health Care », The Gallup Poll, vol. 56, no 67, Toronto, Gallup Canada Inc., 19 septembre 1996. (71) Jim Bronskill, « Ontario Residents Dont Want Federal Crackdown on Provinces », Ottawa, The Ottawa Citizen, 26 août 1996, p. A-3. |