BP-427F
COMPÉTITIVITÉ DU CANADA EN
MATIÈRE DE
Rédaction :
TABLE DES MATIÈRES
COMPARAISON
DE LA COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR DES ANNEXE A : INDEX DE COMPÉTITIVITÉ EN MATIÈRE DE TÉLÉCOMMUNICATIONS
COMPÉTITIVITÉ DU CANADA EN MATIÈRE DE
Les nouvelles technologies de télécommunications et de télédistribution, quil sagisse dapplications matérielles, comme le câble optique, ou dapplications logicielles, comme lInternet, ont considérablement étendu la capacité de transmission des réseaux de télécommunications et de télédistribution. Les réseaux peuvent maintenant intégrer diverses formes de transmission : transmission interactive de signaux vocaux dans les deux sens, transmission vidéo et transmission de données et dinformations sous forme graphique, convertis à partir ou à destination du langage informatique numérique, afin de fournir de nouveaux services comme la vidéoconférence, lextraction et le traitement à haut rendement de données et les services de vidéo sur demande (VSD). Ces services de télécommunication sophistiqués offrent aux entreprises canadiennes un grand nombre de possibilités de nature commerciale, ainsi quune multitude de nouvelles façons dorganiser leurs activités courantes et leurs relations daffaires. En fait, dans le monde des affaires actuel, ces services sont de plus en plus essentiels à la transmission efficace et rapide des informations. Par exemple, ils permettent aux entreprises de profiter dun certain nombre davantages : système de stockage au moment adéquat, échanges de données par voie électronique, réservation informatisée auprès des compagnies aériennes, services bancaires et achats électroniques, etc. Les économies ainsi réalisées auront sans nul doute un effet bénéfique sur la compétitivité du secteur privé et sur la prestation des services gouvernementaux. Ces nouveautés, par contre, contribuent à la mondialisation du commerce et obligent les entreprises canadiennes à rester compétitives à léchelle internationale. La révolution de linformation, qui touche toute la planète, est donc une arme à double tranchant, pas seulement pour les particuliers et les entreprises, mais également pour le gouvernement fédéral. Étant donné que le secteur des télécommunications et de la télédiffusion au Canada est de juridiction fédérale, il incombe aux deux Chambres dadopter des lois et des politiques adaptées à la situation sociale, culturelle, politique et économique actuelle. Le fait quil faille restructurer les activités de télécommunications et de transmission selon des impératifs mondiaux plutôt que nationaux, oblige les législateurs à adapter les politiques en conséquence. Pour ce faire, il ne suffit pas de connaître les principales tendances technologiques du secteur ni dévaluer leurs incidences futures; il faut également jauger la compétitivité relative des principaux pays et prévoir de façon crédible les mesures que prendront ceux-ci. Dans le monde industrialisé, les télécommunications constituent un secteur stratégique; si le Canada nétablit pas de points de référence en matière de compétitivité sur le plan international, les mesures institutionnelles quil devra adopter et leur calendrier de mise en oeuvre demeureront sujets à caution. Les législateurs ne peuvent absolument pas se contenter de sentir venir le vent; ils doivent également déterminer avec précision sa direction et sa vitesse. Dans le présent document, nous comparons en détail la position de sept pays qui sont des chefs de file dans le secteur des télécommunications pour ce qui est de la compétitivité. Nous décrivons la compétitivité du secteur des communications au Canada et dans les pays qui sont ses principaux concurrents et nous évaluons leurs positions relatives. Enfin, nous examinons les plus récents faits survenus en matière de politique industrielle dans chacun des pays de façon à prévoir quelle sera la position relative que chacun occupera au début du prochain millénaire. COMPARAISON
DE LA COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR DES Ce sont évidemment les entreprises plutôt que les gouvernements qui se livrent concurrence, mais labsence de données dordre financier et économique sur les principaux télécommunicateurs nous empêchent de procéder à une comparaison fiable de la position concurrentielle, entreprise par entreprise, de chaque pays. Cest pourquoi, nous envisageons ici la question de la compétitivité nationale dans une perspective beaucoup plus vaste, en nous fondant sur la performance du secteur dans chaque pays étudié. Nous résumons ensuite les principales politiques actuelles ou à venir du Canada et des pays étudiés, ce qui nous permet de prédire quel rang occupera chaque pays, en matière de compétitivité, au cours des 10 premières années du prochain millénaire. Les pays étudiés sont les suivants : Allemagne, Australie, Canada, États-Unis (É.-U.), France, Japon et Royaume-Uni (R.-U.). Le tableau 1 indique les critères choisis : pénétration du marché, qualité des services, tarifs, politiques gouvernementales, productivité, infostructure et investissement(1). La dernière année pour laquelle nous disposons de renseignements complets est 1993. Pour chaque critère, on a retenu un certain nombre de facteurs dont il sera tenu compte dans chaque catégorie et qui seront pondérés en fonction de leur importance relative. On classe les pays selon leur performance pour chaque critère; ces rangs sont ensuite comparés à une base de pondération, afin de déterminer la compétitivité globale de chaque pays. Par exemple, le critère pénétration du marché comprend les facteurs suivants : téléphone, cellulaires, télévision par câble et services dInternet; la qualité des services est déterminée à partir de la fréquence des pannes touchant 100 personnes par année; le critère tarifs tient compte des facteurs suivants : éventail des taux appliqués aux services résidentiels, commerciaux et internationaux, services de cellulaires et services de commutateur par paquet (selon les données de lUnion internationale des télécommunications (UIT)); le critère politiques gouvernementales comprend lentrée sur le marché, la déréglementation des tarifs et la privatisation; la productivité, quant à elle, est établie en fonction des recettes totales générées par employé; le critère infostructure comprend le degré de numérisation des réseaux téléphoniques et le nombre dordinateurs et de télécopieurs personnels dans tout le pays; enfin, le critère investissement englobe la formation de capital dans le secteur des télécommunications par dollars de recettes. Le tableau 1 donne les résultats, tandis que lannexe A fournit lindex de compétitivité (pondération des facteurs et score final). Les résultats en ordre décroissant sont les suivants : Canada, É.-U., Japon, Australie, R.-U., Allemagne et France. Le Canada et les États-Unis ont eu un rendement si similaire que lemploi de critères différents ou une différence dans la pondération des facteurs aurait pu inverser leur position. La performance du Japon et celle de lAustralie sont pratiquement les mêmes, tandis que le Royaume-Uni, la France et lAllemagne forment le peloton de queue. Si lon compare ces résultats à ceux obtenus après une étude réalisée en 1991, on remarque que les valeurs-indice et le rang des pays sont restés les mêmes, ce qui permet de conclure que la situation en matière de compétitivité dans le domaine des télécommunications na pas changé depuis deux ans(2).
Tableau 1
* Première place ex-aequo; par conséquent, le classement traduit la performance de 1992. Il est intéressant de noter que les deux premières places reviennent aux pays qui avaient dès le début décidé de confier les opérations de télécommunications nationales au secteur privé, un organe indépendant étant chargé de la réglementation, et non de déléguer ces activités à une société dÉtat ou de les fusionner aux opérations postales administrées par le gouvernement. Cela laisse à penser quen matière de télécommunications, la fusion des intérêts du consommateur par la présence du gouvernement dans la bureaucratie des entreprises a tendance à diminuer la compétitivité du secteur. Il est également utile de noter que, bien que le Canada et lAustralie aient été freinés par une basse productivité, principalement en raison du fait que leur population est faible, ils ont surmonté ce handicap de la même façon, soit en adoptant une réglementation visant à empêcher la hausse des tarifs, ce qui a favorisé la pénétration du marché. Lefficacité de cette stratégie, qui sétait révélée très utile dans un environnement de monopole naturel, diminue toutefois graduellement. Les deux pays reconnaissent eux-mêmes que la stratégie a ses limites dans un milieu qui se caractérise par des technologies bien au point. Comme le montre le tableau 2, ces pays ont amorcé un virage, bien que plus lentement que le R.-U., le Japon et les É.-U., vers un marché plus libéralisé, dans lespoir de profiter des avantages offerts par les nouvelles technologies de télécommunications.
Tableau 2
C = concurrence; D = duopole; RD = duopole régional; M = monopole; CP = Concurrence partielle; 199X = année dintroduction de la concurrence. Source : OCDE, Perspectives des communications 1995.
Parmi les sept pays étudiés, le Canada sest classé au premier rang en matière de compétitivité globale du secteur, tout juste devant les États-Unis. Il sest aussi classé au premier ou au deuxième rang pour ce qui est dun certain nombre de critères : pénétration du marché, qualité des services, tarifs, infostructure et investissement; par contre, il sest retrouvé en bas de liste pour ce qui est de la productivité et des politiques gouvernementales. La productivité du secteur étant largement fonction de la taille des réseaux, la faible performance du Canada est attribuable aux caractéristiques de sa population : faible et dispersée. Il ny a pas grand chose à faire à ce niveau; en réalité, seules une augmentation du taux de fécondité et la libéralisation de la politique dimmigration pourraient modifier la situation, mais de toute façon les résultats ne se feraient sentir quà long terme. Il y a par contre beaucoup à faire au niveau des politiques gouvernementales. Étant donné que le Canada a, dès le début, fait appel à des entreprises privées, il a déjà de lavance. Par contre, en ce qui concerne la déréglementation des marchés, le Canada se trouve en plein milieu du peloton, alors quil occupe la seconde place en ce qui a trait à la déréglementation des tarifs (lindicateur choisi pour déterminer la déréglementation des prix étant le rapport tarif résidentiel-tarif commercial, en labsence de données sur des tarifs des appels locaux et interurbains). Globalement, le Canada arrive second en matière de libéralisation des marchés. En 1993, le Canada sest doté dune loi à jour, à savoir la Loi sur les télécommunications; il a donc une longueur davance sur les autres pays pour ce qui est de ladoption de lois opportunes en matière de télécommunication. Par contre, le gouvernement na pas fourni une orientation à jour au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en ce qui concerne la déréglementation, notamment celle des tarifs. Bien quil ait été lent, au départ, à accepter la notion de concurrence sur le marché des interurbains, comme lindique le retard de huit ans que le Canada accuse par rapport aux États-Unis à cet égard, le CRTC a bel et bien changé de cap. Il sest en effet récemment dirigé vers la déréglementation du marché local, qui, par définition, doit débuter par le rééquilibrage des taux (voir la décision Télécom-CRTC 1994-19). Le CRTC sexplique :
En demandant au CRTC de revoir la décision Télécom 1994-19, le Cabinet a retardé dun an le rééquilibrage des tarifs. En outre, en relevant par la suite les entreprises du Groupe Stentor de lobligation de baisser leurs tarifs de base pour les faire correspondre au tarif local, sans effet sur les revenus (décision Télécom-CRTC 1995-21), le Cabinet sest manifestement rallié à lopinion exprimée par Stentor politiques publiques Télécom Inc. et par BCE Inc. :
Si lon se fie à la décision du Cabinet, le gouvernement du Canada semble penser que les concurrents de Stentor sur le marché de linterurbain exercent suffisamment de concurrence pour rendre les tarifs interurbains compétitifs et que le marché est prêt pour la déréglementation (exception faite des frais supplémentaires versés aux entreprises du groupe Stentor à titre de dédommagement pour la perte des revenus dinterurbains nécessaires à linterfinancement des services téléphoniques locaux). Il semble également que le conflit apparent entre le CRTC et le gouvernement, ainsi que les directives données en 1995 par le Cabinet au CRTC relativement à lautorisation de créer un marché concurrentiel des services de diffusion directe par satellite, pouse les parties intéressées à interjeter des appels inutiles et qui pourraient être évités. Les appels de ce genre sont très coûteux tant directement, en raison des ressources quil faut leur consacrer, quindirectement parce quils créent une incertitude sur les marchés et chez les investisseurs. On peut donc se demander si la situation actuelle aurait pu être évitée par ladoption dune politique cohérente et largement comprise en matière de télécommunications. Actuellement, la politique relative à lindustrie est bloquée tant au niveau de la formulation que de lapplication. Le CRTC prévoit actuellement une période de transition avant den arriver à un marché déréglementé. En 1998, il ouvrira le marché des services téléphoniques locaux à la concurrence. Par la même occasion, les entreprises de télécommunications seront autorisées à pénétrer le marché de la télévision par câble; dici là, elles doivent sen tenir aux essais techniques portant sur la tonalité pour services vidéo, qui donneront sans aucun doute naissance à un type de service vidéo sur demande (VSD). Toutefois, ces essais sont limités à laspect technique et ne sont pas autorisés à déboucher sur lacquisition dinformations utiles sur les prix et la réceptivité du public.
Les entreprises de téléphone interurbain et les câblodistributeurs pénétreront probablement le marché des services de téléphone locaux, ce qui, dici trois ou quatre ans, devrait permettre dopposer une bonne concurrence aux entreprises du Groupe Stentor. Dici là, les tarifs locaux pourront augmenter et se rapprocher des coûts totaux de production, ce qui réduira lindemnisation accordée aux entreprises du Groupe Stentor pour linterfinancement des services locaux. En 1998, la réglementation des tarifs et des taux de rentabilité sera remplacée par une formule de réglementation par plafonnement des prix qui reste à déterminer. Pendant toute lannée 1996, seront adoptés des règlements relatifs à laccès et à létablissement des prix ayant pour objectif dentraver les entreprises sur le circuit créneau local; il sera également procédé au dégroupement des services et des installations de télécommunications et à la séparation des structures. Les intéressés actuels et futurs devraient donc disposer dune période dun an avant que les règlements soient établis. Les travaux entrepris pour éliminer, dun seul coup ou progressivement, le monopole détenu par Téléglobe Canada sur les services de télécommunications vers létranger, ne sont pas encore terminés. Rien na encore été annoncé au sujet dune possible déréglementation ou modification du cadre actuel imposé au service de câblodistribution (tarifs, dégroupement, contribution aux fournisseurs de contenu, etc.), bien quun plan ait été lancé pour favoriser la concurrence. Étant donné que celle-ci aura une incidence sur la structure et la performance des services et des biens culturels, il faudra changer la Loi sur la télédiffusion. Il est impossible de prévoir exactement si le recul de la réglementation du marché de la câblodistribution, dont les secteurs sont distincts du point de vue de la réglementation, mais partagent les mêmes technologies aura lieu et, dans laffirmative, quand il se produira. On na encore aucune idée de la durée possible de la période de transition qui mènera le Canada à la concurrence, ni de lampleur des politiques de déréglementation. Cette incertitude fait écho à celle qui existe sur le plan technologique, ainsi quà lincapacité des hauts fonctionnaires canadiens de prévoir exactement les réactions des principaux concurrents du Canada. Parmi les sept pays étudiés, lAllemagne sest classé au cinquième rang seulement, en raison de sa piètre performance au niveau des prix, de la qualité des services, de linfostructure et des politiques gouvernementales. Ce nest quen termes de productivité et dinvestissement que lAllemagne se défend mieux. La situation est toutefois sur le point de changer. En partie à cause de la réunification, linfostructure allemande ne se porte pas très bien. Cela explique notamment le haut taux dinvestissement, qui est attribuable en partie aux tarifs élevés et à des mesures de réglementation décourageant beaucoup la concurrence. Les travaux visant à augmenter le taux de pénétration dans lancienne Allemagne de lEst, qui en 1984 était de 34 lignes pour 100 personnes, et à en arriver à numériser entièrement les centres locaux de lEst dici 1997, devancent le calendrier prévu. Cependant, le pays a cédé à certaines pressions externes et internes qui lont forcé à ralentir. Le 1er janvier 1995, le gouvernement allemand a transformé la Deutsche Bundespost Telekom en une société à responsabilité limitée, la Deutsche Telekom AG (DT). Le 30 janvier 1995, il a annoncé son intention de libéraliser lentrée et létablissement des prix dans tous les marchés des télécommunications, y compris les segments internationaux, interurbains et locaux, à partir de 1998. La privatisation de la Deutsche Telekom ne saurait tarder; les offres au public se feront probablement en plusieurs tranches, 49 p. 100 des parts ayant été vendues en 1996 et le gouvernement demeurant lactionnaire majoritaire jusquen lan 2000, au moins(7). Certains experts pensent que le gouvernement allemand pourrait être contraint de privatiser la Deutsche Telekom plus rapidement que prévu, les organismes gouvernementaux américains faisant de cet élément une condition à lentrée de lentreprise dans lalliance Phoenix. Le gouvernement allemand entend bel et bien procéder à la privatisation de la Deutsche Telekom. Il ne limitera pas la part des intérêts étrangers, pas plus que le nombre des concurrents actuels et futurs. La libéralisation devrait être complète, sauf en ce qui concerne lattribution des fréquences radio, qui doit se faire conformément aux règlements de concurrence établis par le Traité sur lUnion européenne. Dans les cas où la demande dépasse loffre, les fréquences radio pourront être vendues aux enchères. Pendant la période de transition précédant la pleine concurrence, les entreprises mineures ne devront se plier quaux règles générales établies par la Commission européenne, tandis que les entreprises majeures (déterminées par lorgane régissant les cartels et selon la règle des 25 p. 100 de part de marché établie par la Commission européenne) devront respecter certaines obligations : prestation dun service universel donné (cest-à-dire accès à prix abordable), établissement dun accès libre et efficace aux réseaux et aux services, interconnexion des réseaux, approbation des tarifs par lun organe de réglementation et dispositions spéciales relatives à la comptabilité. On sattend que la plus importante concurrence viendra des sociétés délectricité qui possèdent leurs propres réseaux de télécommunications internes mais qui sadaptent actuellement aux normes des réseaux publics. Viag et Veba ont constitué des filiales dans le domaine de la téléphonie et se sont jointes à British Telecom plc (BT) et à Cable & Wireless plc (C&W) respectivement, pour se préparer à effectuer leur percée en 1998. LAllemagne dispose à présent du plus important marché en Europe; des capitaux étrangers ne faisant lobjet daucune restriction viennent augmenter le taux dinvestissement déjà élevé, ce qui favorise la compétitivité du pays tant en termes absolus que relatifs. Le gouvernement devrait procéder très rapidement à une libéralisation, car les tarifs élevés et la piètre qualité des services créent une atmosphère favorable aux réformes. Parmi les sept pays étudiés, le Japon sest classé troisième, derrière le Canada et les États-Unis et légèrement devant lAustralie. Cette bonne performance est due à un taux élevé de productivité qui na pas déquivalent ailleurs dans le monde, à une excellence qualité des services et à des politiques gouvernementales libéralisées. À linstar dun grand nombre de pays capitalistes tournés vers la production, il a pour principales faiblesses une infostructure en mauvais état et une faible pénétration du marché attribuable avant tout à des tarifs élevés. Depuis 1985, le Japon a ouvert à la concurrence tous ses marchés des télécommunications : cellulaires et téléphones sans fil numériques ainsi que services locaux, interurbains et internationaux. Le marché se divise en deux types (type I et type II), selon que les entreprises sont propriétaires ou locataires des installations de transmission. Les entreprises NTT, KDD et NTT DoCoMo, qui bénéficiaient auparavant dun monopole, doivent aujourdhui partager le marché avec plus de 100 entreprises relativement petites qui offrent toute une variété de services : interurbains, par satellite, régionaux (préfectoraux), internationaux et mobiles. La plupart de ces entreprises offrent des services de téléphone mobile sans fil; on compte seulement trois entreprises de services interurbains, deux entreprises de services internationaux (consortium des plus importants consommateurs de ces services au Japon) et 11 entreprises régionales. Il existe également plus de 2 000 petites entreprises très spécialisées de type II(8). Dès 1993, les concurrents sétaient emparé denviron 30 p. 100 du marché total des télécommunications au Japon. Les nouvelles entreprises remportent surtout du succès dans le domaine des téléphones mobiles, puisquelles détiennent 40 p. 100 du marché, mais elles sont moins heureuses dans le domaine des services locaux (seulement 7 p. 100 du marché)(9). Depuis lintroduction de la concurrence, les tarifs interurbains ont baissé de plus de 55 p. 100 (60 p. 100 pour les services internationaux et plus de 70 p. 100 pour les lignes louées)(10). Ainsi, la déréglementation a profité au consommateur japonais; il reste cependant beaucoup à faire, notamment restructurer davantage le secteur des télécommunications, ce que le gouvernement japonais envisage dailleurs de faire. Ce nest que récemment que les hauts fonctionnaires japonais ont pris conscience de limportance de la révolution de linformation. Traditionnellement, le pays concentrait ses efforts sur léducation de ses 140 millions dhabitants en laissant lindustrie investir de façon massive et sélective dans la formation en cours demploi afin de permettre à la main-doeuvre dacquérir les compétences nécessaires pour attaquer les marchés internationaux. Malgré une certaine lenteur au départ, lindustrie japonaise commence à se doter des nouvelles technologies de linformation. La rude concurrence menée par les pays pratiquant des salaires très bas (les Tigres asiatiques) oblige les entreprises japonaises à augmenter leur productivité, surtout par linvestissement dans les nouvelles technologies de linformation. Le Parlement japonais attaque sur deux fronts le handicap historique du pays dans le domaine des télécommunications (comme la confirmé notre analyse, linfostructure est en piètre état, les tarifs sont élevés et la pénétration du marché insuffisante). La MITI a pris des initiatives pour favoriser la diffusion du matériel informatique et des logiciels, la MPT sefforce surtout, quant à elle, de se doter de certaines innovations, comme le câble optique et la ISDN favorise les communications sans fil. Le Japon prévoit investir au total 123 billions de yens (1,6 billion de dollars) entre 1995 et 2010, date à laquelle le secteur devrait être entièrement numérisé et le câble optique présent dans la totalité des circuits locaux. Le Parlement a lintention de fournir des fonds supplémentaires, notamment de consentir des prêts à long terme sans intérêt par lintermédiaire de la Banque japonaise de développement, qui seront accordés aux projets multimédias, de permettre une augmentation de 20 p. 100 de lamortissement fiscal des immobilisations et de prendre des mesures visant à encourager la R-D. La KDD investira environ un billion de yens dans les services multimédias en lan 2000, à savoir 550 milliards de yens dans le câble/satellite, 250 milliards dans le système de commutation/dinformation et 200 milliards dans la R-D. Au cours de lannée financière 1995, la KDD a investi 28 milliards de ce montant, les fonds provenant de sources internes. Elle est favorable à lidée de recevoir des investissements étrangers et de fonder des partenariats avec des entreprises dAmérique du Nord. Les hauts fonctionnaires de la KDD, conscients de lavance du Canada dans le domaine du télé-enseignement et de la médecine, jugent opportune la participation dentreprises canadiennes à la modification des logiciels actuels à lintention des marchés japonais, dans le cadre dentreprises conjointes. En outre, la MPT a lintention de transformer la NTT en une seule entreprise de services interurbains dotée de quatre sociétés exploitantes régionales, sur le modèle de ce qui sest passé chez AT&T en 1984, sur ordre du Département de la justice des États-Unis. Cela entraînera la scission des réseaux actuels de services locaux et interurbains, jusquà leur disparition; le fait de réduire la taille et daugmenter la diversité de la NTT devrait empêcher celle-ci de se montrer trop vorace. En affaiblissant ainsi lénorme entreprise quest la NTT, actuellement la plus grosse entreprise de télécommunications du monde entier, on favoriserait, de la part des entreprises régionales, une contestation de la domination exercée par les sociétés exploitantes régionales de la NTT dans leurs marchés régionaux. Cest ainsi que les tarifs des services téléphoniques finiraient par être alignés avec les coûts de prestation, et quil y aurait correspondance entre les tarifs des zones urbaines et rurales, des secteurs commerciaux et résidentiels et des services locaux et interurbains, ce qui favoriserait la pénétration des marchés. Par la suite, il faudra sattendre à une augmentation de la compétitivité du secteur japonais des télécommunications à léchelle internationale. Parmi les sept pays étudiés, le Royaume-Uni sest classé sixième, tout juste devant lAllemagne et la France. Les tarifs y sont relativement bas, linfostructure est de qualité et les politiques commerciales très libérales, mais, il y a des lacunes au niveau de la qualité des services, de la pénétration du marché, de la productivité et de linvestissement; ces problèmes ne datent dailleurs pas dhier. Par contre, le gouvernement a mis, début des années 90, un certain nombre de politiques en place qui devraient modifier la donne à la fin du millénaire. À la fin de 1995, les câblodistributeurs avaient touché six millions de ménages, installé 40 000 kilomètres de câbles et investi 3,2 milliards de livres sterling; ces initiatives sinscrivent dans un plan dinvestissement de 12 milliards qui vise une couverture 75 p. 100 de la population britannique dici lannée 2005. Actuellement, les câblodistributeurs comptent 1,1 million dabonnés et les compagnies de téléphone, 1,2 million. En outre, le problème de linsuffisance au niveau de la transférabilité des numéros de téléphone, qui constitue une barrière pour 9 p. 100 des abonnés résidentiels et 15 p. 100 des entreprises, est actuellement en cours de règlement, les coûts devant être assumés par la British Telecom (BT)(11). Les hauts fonctionnaires britanniques ne manquent pas une occasion de déclarer quen raison de ses politiques commerciales très libérales, le Royaume-Uni constitue de loin le marché le plus dynamique. En effet, la concurrence y est plus intense que dans les six autres pays étudiés. La British Telecom fait concurrence, sur le marché résidentiel local (qui constitue la clé de voûte de tout réseau de télécommunications nationale), à Mercury (filiale de C&W 80 p. 100 et de BCI Inc. à 20 p. 100), aux entreprises de câblodistribution et aux entreprises de services publics. En 1994, plus de 130 entreprises étaient autorisées à fournir des services de communication en phonie dans le pays, Mercury et les entreprises de téléphone/et de câblodistribution détenant environ 8 p. 100 du marché des services locaux. Le Royaume-Uni a également été le premier pays à autoriser la concession réciproque de licences par les entreprises de téléphone et de câblodistribution. La seule restriction semble être que la British Telecom ne peut pas directement pénétrer le marché de la câblodistribution avant lan 2001, au minimum; la position officielle des partis politiques permet de penser que cette restriction devrait être levée. Les filiales de British Telecom possèdent cependant des systèmes de câblodistribution distincts et mettent actuellement au point des services VDS.
Il ne fait aucun doute que cette expérience de concurrence « en serre » donnera une nouvelle vigueur au secteur des télécommunications britanniques. Des statistiques récentes indiquent quenviron 70 p. 100 des nouveaux abonnés au service téléphonique sabonnent également au câble. La participation étrangère dans la câblodistribution représente 90 p. 100 de tous les investissements du secteur; 70 p. 100 de cet investissement étranger vient des États-Unis, principalement dAT&T et de certaines sociétés exploitantes de Bell(13). La Radiocommunications Agency, organe gouvernemental indépendant qui attribue les spectres radio à des fins civiles, étudie actuellement le recours aux enchères et à divers mécanismes détablissement de prix visant à favoriser une plus grande efficacité dans lexploitation de ces spectres. Il faut donc sattendre à ce que le Royaume-Uni améliore à moyen terme sa compétitivité, tous les segments du marché de la distribution de la radiodiffusion et des télécommunications visant une structure concurrentielle dici 2002. Parmi les sept pays étudiés, les États-Unis se sont classés seconds; ils auraient toutefois pu prendre la première place si dautres critères avaient été sélectionnés. Sauf au chapitre des tarifs et des investissements, ils se sont classés au premier, au deuxième ou au troisième rang. Les lacunes dans ces deux dernières catégories devraient être redressées de façon spectaculaire à court ou à moyen terme étant donné que le pays a lintention dadopter une nouvelle loi rendant possible la libre concurrence dans tous les segments du marché des services téléphoniques, ainsi que dans le domaine de la câblodistribution et de la télévision par satellite. Le Congrès américain vient dadopter une loi qui sapplique à tous les services de télécommunications, afin de mettre un terme aux monopoles favorisés par les dispositions législatives, dans le domaine des services téléphoniques locaux de la câblodistribution. La nouvelle loi permet aux entreprises de téléphone dacheter des câblodistributeurs, ou vice versa, dans les régions rurales comptant moins de 35 000 habitants, et dans certaines circonstances. Linterdiction de le faire dans les grandes villes demeure, au-delà dun pourcentage de 10 p. 100. La nouvelle loi a préséance sur les règlements des États et des régions empêchant les compagnies de câblodistribution et autres de fournir des services locaux de téléphone; elle oblige les sociétés exploitantes de Bell à négocier avec les candidats les questions de linterconnexion, de la transférabilité des numéros, de la parité de numérotation, de la priorité et de lindemnisation. En échange de laccès à leurs réseaux locaux et de linterconnexion avec ceux-ci, et pourvu quun certain nombre de critères relatifs à la concurrence aient été établis, les sociétés exploitantes de Bell seront autorisées à faire leur entrée sur le marché de linterurbain. Dici trois ans au maximum, les tarifs des grands câblodistributeurs seront déréglementés quand la concurrence viendra dailleurs que des entreprises de diffusion directe par satellite. Quand la loi sera mise en application, les tarifs imposés par les câblodistributeurs ayant moins de 50 000 abonnés et par les entreprises indépendantes récoltant moins de 250 millions de dollars US en recettes annuelles seront déréglementés, ce qui devrait améliorer la performance en matière de tarifs et dinvestissement à court ou à moyen terme. En 1995, la Federal Communications Commission (FCC) a vendu aux enchères des licences de services de communication personnelle visant lutilisation de son spectre radio, afin de favoriser lutilisation efficace de ces ressources limitées et daugmenter au maximum les bénéfices allant au propriétaire, le contribuable américain. La vente a permis de récolter plus de sept milliards de dollars US, ce qui est venu sajouter à la somme récoltée lannée précédente (deux milliards de dollars US) lors de la vente des licences de télélocalisation et de télévision interactive. Les trois soumissionnaires principaux étaient les suivants :
En outre, la FCC a vendu aux enchères son dernier lot dimages par satellites de communication directe à MCI/News Corp. au prix de 682,5 millions de dollars US. En 1997, MCI/News Corp. se joindra aux quatre compagnies existantes de DBS : 1) DirecTv, dont le propriétaire est Hughes Electronics Corp.; 2) United States Satellite Broadcasting, dont le propriétaire est Hubbard Broadcasting; 3) PrimeStar, dont les propriétaires sont TCI, Time Warner, Comcast Corp., Continental, Cox Communications et GE Americom; et 4) EchoStar, dont le propriétaire est EchoStar Communications Corp. La FCC a également lintention de vendre aux enchères des spectres pour télévision de haute définition, dont la valeur est évaluée à six milliards de dollars US. Manifestement, la nouvelle Telecommunications Act et lutilisation des ventes aux enchères augmenteront la compétitivité pour allouer le spectre, ce qui stimulera les investissements sectoriels, et conséquement fera baisser les tarifs et favorisera un rééquilibrage de ces derniers ces deux éléments étant ceux où les États-Unis ont la performance la plus faible. La concurrence dans le secteur devrait donc saméliorer pratiquement immédiatement. Il nest donc pas exagéré de penser que les États-Unis ont déjà pris la première place devant le Canada en matière de télécommunications et de télédistribution. Davidson, William H. et Ronald D. Hubert. A Telecompetitiveness Infostructure: Enabling a New Future for Canada. Mesa Research, parrainé par Northern Telecom, mai 1994. Davidson, William H. Telecompetitiveness and the Wireless Sector: Competition Without Choas. Parrainé par BCE Mobile, mai 1995. Globerman, Steven. «The Economics of the Information Superhighway». Thomas J. Courchene, Technology, Information and Public Policy. Kingston, John Deutsch Institute for the Study of Economic Policy, Université Queens, novembre 1994, p. 243-279. Japon, ministère des Postes et des Télécommunications. Reforms Toward the Intellectually Creative Society of 21st Century. Tokyo, mai 1994. Japon, ministère des Postes et des Télécommunications. Outline of the Telecommunications Business in Japan. Tokyo, juillet 1995. London Economics. UK Government Policy Towards the Cable TV Industry and the Case for Staged Evolution to Full Competition. Londres, janvier 1995. OCDE. Tarifs des télécommunications internationales : Pratiques et procédures de taxation. Paris, 1994. OCDE. Perspectives des communications 1995. Paris, 1995. Sénat du Canada. Délibérations du Comité sénatorial permanent des transports et des communications. Première session de la trente-cinquième législature 1994-1995, fascicules nos 16, 34, 36 et 37. Royaume-Uni, Parliamentary Office of Science and Technology. Information «Superhighway»: The UK National Information Infrastructure. Londres, mai 1995. Union internationale des télécommunications. Annuaire Statistique 1993. Genève, 1995. Union internationale des télécommunications. Indicateurs des télécommunications mondiales 1994/1995. Genève, 1995. United States Government Accounting Office. Information Superhighway: Issues Affecting Development. Septembre 1994.
INDEX DE COMPÉTITIVITÉ EN MATIÈRE DE TÉLÉCOMMUNICATIONS
(1) Par infostructure, nous entendons tous les éléments de linfrastructure dun pays servant à la communication des informations, ce qui comprend les moyens utilisés pour créer, saisir, stocker traiter transmettre et recevoir toutes les formes dinformation. (2) William H. Davidson et Ronald D. Hubert, A Telecompetitiveness Infostructure: Enabling a New Future for Canada, Mesa Research, mai 1994. (3) David Coville, Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, Délibérations du Comité sénatorial permanent des transports et des communications, Première session de la trente-cinquième législature, 1994-1995, fascicule no 34, p. 6-7. (4) Jocelyne Côté-OHara, Stentor politiques publiques Télécom Inc., Délibérations du Comité sénatorial permanent des transports et des communications, Première session de la trente-cinquième législature, 1994-1995, fascicule no 37, p. 7. (5) Bernard Courtois, Bell Canada, Délibérations du Comité sénatorial permanent des transports et des communications, Première session de la trente-cinquième législature, 1994-1995, fascicule no 36, p. 7-8. (6) Jocelyne Côté-OHara (fascicule no 37), p. 13. (7) Allison, Humphreys et al., Global Telecoms Yearbook 1995, 1995. (8) Japon, ministère des Postes et des Télécommunications, Outline of the Telecommunications Business in Japan, Tokyo, mai 1994, p. 3. (9) Ibid., p. 5. (10) Ibid., p. 8. (11) Royaume-Uni, Bureau des télécommunications, Telecom Services: Influences on Customers Choice of Suppliers, novembre 1995, p. 6. (12) Fares F. Salloum, Service des communications, BC Tel, Délibérations du Comité sénatorial permanent des transports et des communications, Première session de la trente-cinquième législature, 1994-1995, fascicule no 16, p. 50. (13) London Economics, UK Government Policy towards the Cable TV Industry and the Case for Staged Evolution to Full Competition, Londres, janvier 1995, p. 8-9. |