BP-431F
LE RECYCLAGE DES PNEUS
Rédaction :
TABLE
DES MATIÈRES
LE RECYCLAGE : PROCÉDÉS ET PRODUITS C. Les pneus taillés en lamelles ou déchiquetés LINDUSTRIE CANADIENNE DU RECYCLAGE DES PNEUS
LE RECYCLAGE DES PNEUS
Même si les vieux pneus sont composés dun matériau relativement inerte et quils ne posent pas directement de danger pour lenvironnement, les pneus entiers sont bannis de la plupart des décharges dans les régions fortement peuplées. Les propriétés physiques inhérentes des pneus, ainsi que le sol, les ordures, le mouvement des gaz et le gel et le dégel, provoquent le retour à la surface des pneus, si bien que quelques années ou quelques décennies après leur enfouissement, les pneus remontent, dans un fort pourcentage, à la surface de la décharge. À une certaine époque, les entreprises de gestion des déchets ramassaient les pneus moyennant une légère redevance. Les pneus étaient triés, les bons allant au rechapage et les autres étant mis au rebut et empilés dans des lieux dentreposage en surface. Toutefois, les piles de pneus sont non seulement inesthétiques, mais elles font également courir un risque dincendie si elles sont mal gérées. Les incendies de pneus se caractérisent par une combustion incomplète qui cause dépais nuages de fumée noire toxique et entraîne la libération dhuiles elles aussi toxiques. Depuis lincendie de pneus de Hagersville, survenu le 12 février 1990, un certain nombre de provinces canadiennes ont réexaminé leur approche en ce qui a trait à la gestion des vieux pneus et mis sur pied des programmes destinés à promouvoir le recyclage des pneus et le développement de marchés pour les produits des pneus recyclés. LE RECYCLAGE : PROCÉDÉS ET PRODUITS Au Canada, les pneus dhiver ont été en grande partie remplacés par les pneus radiaux toutes saisons. À mesure que leur bande de roulement suse, ces pneus ont une moins bonne traction sur les routes enneigées, et les automobilistes les remplacent souvent avant quils ne soient complètement usés. Ces pneus partiellement usés sont ramassés, puis expédiés et revendus dans les pays « chauds » du tiers monde, où ils peuvent rouler sur des dizaines de milliers de kilomètres additionnels sur route sèche. Beaucoup de pneus usés mais non endommagés sont aussi renvoyés à lusine pour y être rechapés; ainsi, en Ontario, on rechape chaque année plus dun million de pneus de camion. Le marché des pneus dauto rechapés est toutefois relativement limité, étant donné que les pneus neufs vendus au bas de la fourchette de prix peuvent être presque aussi peu coûteux que les pneus réchapés et que beaucoup de consommateurs estiment que ceux-ci sont moins sûrs que les pneus neufs. Certains des pneus mis au rebut terminent leur vie utile comme défenses dembarcation ou dans de léquipement de terrains de jeux. Une autre application, qui nécessite, elle, une transformation légèrement plus poussée, consiste à fixer des groupes de trois pneus ou plus dans une assise en béton et à les couler dans locéan pour en faire des récifs artificiels. Sur la côte est des États-Unis, on a, dans le cadre dun projet de ce genre, utilisé 400 000 pneus afin de créer une série de récifs de la Nouvelle-Angleterre à la Floride. Ces pneus se sont avérés un habitat amélioré pour certains types de poissons sportifs et ont aussi contribué à remettre en état des fonds pollués. Au total, il en a coûté moins cher pour réaliser ce projet que ce naurait été le cas pour éliminer les pneus en question sur le marché(1). Au Canada, on utilise des rangées de pneus jointes les unes aux autres pour revêtir la surface des pentes de réservoirs fraîchement nettoyés de centrales hydro-électriques. Ces rangées de pneus stabilisent la pente sous-marine et constituent un habitat pour les animaux deau douce. On utilise aussi les pneus entiers pour lutter contre lérosion et pour stabiliser les étangs de résidus miniers. Dans les Maritimes, on se sert souvent de vieux pneus pour construire des dragues pour la pêche au pétoncle. Toutes ces utilisations des vieux pneus ne représentent cependant quun pourcentage très limité des pneus mis au rebut chaque année. Aux États-Unis, on découpe en morceaux environ 1,5 p. 100 des pneus mis au rebut pour fabriquer des produits comme des semelles de chaussure, des joints, des cales dépaisseur et des pare-éclats quon pose sur les rochers avant de les dynamiter(2). On ne sait pas dans quelle mesure les pneus de rebut sont utilisés de cette façon au Canada. C. Les pneus taillés en lamelles ou déchiquetés Un simple passage dans une déchiqueteuse de pneus produit des bandes de pneu de 15 à 40 centimètres de longueur. Si la demande sur le marché pour les lamelles ou les miettes de pneu est faible, les vieux pneus ne subiront aucune autre transformation et les lambeaux seront enfouis dans une décharge. Dans une décharge, les lambeaux de pneu occupent jusquà huit fois moins despace que les pneus entiers; de plus, ils ne remontent pas à la surface. Les usines de déchiquetage sont généralement construites à proximité des réserves de pneus étant donné que les lambeaux sont moins coûteux à transporter que les pneus entiers, qui sont encombrants. Pour produire des lamelles de pneu, il faut faire passer les lambeaux dans une déchiqueteuse à deux étages ou les faire passer une deuxième fois dans la déchiqueteuse principale jusquà ce quils soient réduits à une taille appropriée, ordinairement de deux à cinq centimètres. On peut transformer davantage les lamelles de pneu pour en faire des miettes, quon utilise comme combustible dans les incinérateurs produisant de lénergie à partir de déchets ou quon emploie directement dans un certain nombre dapplications, par exemple, comme matériau de plate-forme (sur les routes) ou noyau de remblais en terre, ou encore dans les champs dépuration des fosses septiques(3). Lutilisation de lamelles de pneu comme matériau de plate-forme semble être une application prometteuse susceptible de consommer un grand nombre de vieux pneus. Au Minnesota, on a utilisé des lamelles de pneu sur une épaisseur de 0,6 à 2,5 mètres comme matériau de la base de fond, puis on les a recouvertes de gravier et des deux couches normales dasphalte. On a constaté quen raison de leur nature ouverte, les lamelles drainaient bien leau à travers la base et quen conséquence, lampleur du soulèvement dû au gel était réduite. Lors dun test contrôlé réalisé au Maine, lemploi dune couche de lamelles ayant de 15 à 30 centimètres dépaisseur a ramené la pénétration du gel de 130 à 90 centimètres et les soulèvements subséquents dus au gel de 9 à 3,5 centimètres. On utilise aussi actuellement des lamelles de pneu dans des applications techniques pour décharges. Dans certaines décharges, on place les lamelles sur la doublure en plastique du fond dans la partie la plus profonde, où elles jouent le rôle dun filtre poreux, séparant le lixiviat des ordures qui se trouvent au-dessus. On pompe ensuite le lixiviat recueilli et on lui fait subir un traitement dépuration. On peut aussi utiliser les lamelles comme couverture quotidienne de la décharge pour supprimer les odeurs et la poussière et écarter la vermine. On a en outre constaté que les lamelles de pneu sont supérieures aux copeaux de bois comme moyen daméliorer laération dans les boues dégout compostées(4). On peut produire des miettes de pneu mécaniquement ou par un procédé de surgélation cryogénique. Dans le procédé mécanique, on réduit les pneus en lamelles, puis on les fait ensuite passer dans des granulateurs qui séparent et enlèvent lacier et la fibre lâches et réduisent davantage la taille des particules de caoutchouc. Finalement, on broie les petits fragments de caoutchouc dans un broyeur pour produire des miettes de caoutchouc dun maillage de 30 à 40(5). Dans le procédé cryogénique, les lamelles de pneu sont congelées dans de lazote liquide à mesure quelles passent dans un tunnel cryogénique. Elles passent ensuite dans une série de broyeurs où elles sont brisées en leurs trois éléments : caoutchouc, acier et tissu. Même sil est le plus coûteux des deux, le procédé cryogénique produit des miettes plus lisses et plus petites(6). Les miettes de caoutchouc sont vendues comme charges dalimentation pour les procédés chimiques de régénération ou de récupération (de pyrolyse), sont ajoutées à lasphalte pour le revêtement des routes ou aux bouche-pores de revêtement ou sont utilisées pour la production dun grand nombre de produits recyclés renfermant du caoutchouc (voir le tableau 1). Le marché du caoutchouc recyclé fait face à un important obstacle, en ce sens que les produits du caoutchouc recyclé sont de qualité égale ou inférieure aux produits faits à partir de caoutchouc pur, bien quils soient généralement plus coûteux à fabriquer. Cest pourquoi beaucoup dentreprises de recyclage du caoutchouc ont cessé leurs activités lorsque laide gouvernementale qui leur était accordée a été graduellement éliminée. Lasphalte caoutchouté est plus coûteux que lasphalte ordinaire, mais il ne sest pas avéré jusquici supérieur à ce dernier. En fait, beaucoup dingénieurs des transports doutent de sa valeur. Lorsquil est temps de poser un nouveau revêtement sur une route en asphalte caoutchouté, la couche supérieure ne peut être ni enlevée, ni chauffée et réutilisée, parce que la chaleur brûle le caoutchouc et dégage des émissions toxiques(7). Certains estiment en outre que lasphalte caoutchouté est « non écologique », étant donné que son procédé de fabrication consomme 25 p. 100 plus de pétrole que celui de lasphalte ordinaire. Les efforts de recherche et de développement visant à mettre au point de meilleures technologies de fabrication dasphalte caoutchouté se poursuivent. On semble avoir obtenu de bons résultats avec la mise au point dun processus de « recyclage à froid de lasphalte sur place », quon dit rentable(8).
Tableau 1 - Applications pour le caoutchouc recyclé Surfaces pour la pratique des sports :
Industrie automobile :
Construction :
Applications géotechniques/à lasphalte :
Adhésifs et produits de scellement :
Produits damortissement et de sécurité :
Produits de caoutchouc et de plastique :
Dans le processus de régénération, on ramène le vieux caoutchouc à son état brut, cest-à-dire un matériau de plastique doux et collant, qui peut ensuite servir à la production dune foule de matériaux en caoutchouc moulés ou découpés à lemporte-pièce, comme des tapis, des cuves et des seaux. On a fait beaucoup de recherche dans le domaine de la régénération du caoutchouc; le matériau renouvelé final a cependant des propriétés chimiques légèrement différentes de celles du caoutchouc pur. Le matériau renouvelé est rigide, tandis que le caoutchouc pur est un composé de torons longs et souples(9). Le matériau régénéré ne respecte pas les exigences strictes de fabrication des pneus modernes et ne peut pas non plus servir à la fabrication de produits souples comme des boyaux. Étant donné que ces applications présentent 85 p. 100 du marché canadien du caoutchouc(10), loffre potentielle de caoutchouc régénéré tend à dépasser la demande. Le coût de transformation en caoutchouc régénéré des vieux pneus, surtout des pneus radiaux modernes ceinturés dacier, dépasse en outre le coût de production du caoutchouc pur. La pyrolyse est un procédé thermique qui peut dégrader les vieux pneus jusquà leurs constituants chimiques. Le procédé traditionnel suppose la combustion des pneus dans des conditions doxygène limitées de façon à ce que le matériau des pneus ne soit pas complètement converti en gaz et en cendres. En 1994, une entreprise canadienne, la Exxadon/EWMC, a fait breveter un nouveau procédé de pyrolyse des pneus (le procédé à hyperfréquences Emery) qui décompose plus efficacement les pneus en leurs éléments constitutifs. Un pneu dauto typique renferme environ quatre litres dhuile, à peu près 230 grammes de fibre, un kilogramme ou plus de noir de carbone et à peu près un kilogramme dacier et un kilogramme de méthane. Dans plusieurs petites usines traditionnelles de pyrolyse en activité au Japon et aux États-Unis, on brûle le méthane pour produire de la chaleur humide et de lélectricité et on vend le noir de carbone et lhuile à des utilisateurs industriels. Lutilisation de noir de carbone recyclé est acceptable dans les boyaux, les tapis, les matériaux de couverture et les moulures de type industriel(11). Lindustrie des pneus utilise beaucoup de noir de carbone pour donner de la force à son produit, mais le noir de carbone recyclé renferme malheureusement beaucoup trop de contaminants pour quon puisse lutiliser dans les pneus neufs. La production dénergie à partir de déchets, même sil ne sagit pas dune forme de recyclage au sens strict du mot, est une utilisation finale économiquement saine dans le cas des vieux pneus qui ne sont pas assez bons pour être revendus dans les pays du tiers monde. En raison cependant de lidée que se fait le public de lincinération, il est difficile de la promouvoir en tant quoption de gestion des déchets. Lorsque des pneus brûlent à lair libre, comme lors de lincendie de pneus dHagersville, la température de combustion nest pas assez élevée pour quil y ait incinération complète, et des composés toxiques sont libérés dans lair et le sol. Par ailleurs, la combustion complète jusquaux gaz inorganiques et aux cendres peut se faire par incinération à température élevée, comme cela se pratique dans les fours à ciment et les centrales thermo-électriques au charbon. Il est très peu fait mention des efforts de recherche montrant quon peut incinérer en toute sécurité des pneus à des températures élevées et utiliser lénergie libérée pour des applications industrielles; les citoyens et les groupes environnementaux concernés tendent par conséquent à sopposer à toute incinération des pneus parce que cela pourrait poser un risque pour la santé. À poids égal, le vieux caoutchouc a un contenu énergétique de 15 à 20 p. 100 plus élevé que celui du charbon(12)(13). La teneur en soufre du caoutchouc vulcanisé est environ la même que celle du charbon des Appalaches que brûlent beaucoup dentreprises ontariennes et elle est moins élevée que celle du charbon du Cap-Breton. Les inquiétudes au sujet des émissions danhydride sulfureux et doxyde nitreux produites par les entreprises alimentées au charbon et celles plus récentes au sujet du réchauffement planétaire attribuable aux émissions de dioxyde de carbone stimulent le développement de technologies dutilisation du charbon non polluantes(14). Les progrès en matière de nouvelles technologies de combustion et les technologies de nettoyage après combustion (les épurateurs) ont grandement amélioré le rendement de combustion et réduit les émissions. Le contenu énergétique plus élevé du caoutchouc signifie que lincinération des vieux pneus dans des chaudières au charbon « à la fine pointe de la technologie » libérerait moins de contaminants par unité dénergie et réduirait lutilisation de combustibles fossiles non renouvelables(15). Dans une étude scientifique commandée par la St. Marys Cement Company, en Ontario, on a comparé les émissions des fours à ciment alimentés aux combustibles fossiles conventionnels aux émissions de cinq cimenteries canadiennes et de deux cimenteries américaines où les vieux pneus servaient de combustible supplémentaire dans des proportions variant de 5 à 20 p. 100. Aucun écart important au niveau des émissions na pu être décelé et les niveaux des émissions dans le cas de toutes les cimenteries qui ont utilisé des vieux pneus étaient bien inférieurs aux limites fixées dans les normes et les lignes directrices ontariennes sur les émissions dans latmosphère et les lignes directrices du Conseil canadien des ministres de lEnvironnement (CCME) relatives à lutilisation de déchets dangereux et non dangereux dans les fours à ciment(16). Dans la plupart des pays, on permet aux exploitants de fours à ciment dutiliser des vieux pneus comme combustible. Les exploitants des fours à ciment situés au Québec, en Alberta et en Colombie-Britannique peuvent compenser une partie de leurs besoins en combustible fossile à laide de vieux pneus. Au Manitoba, on brûle les vieux pneus pour fondre de laluminium dans une petite usine de recyclage et à Charlottetown, à Île-du-Prince-Édouard, on brûle des pneus déchiquetés avec les déchets de la municipalité pour produire de lélectricité à lincinérateur local. À Modesto, en Californie, on convertit chaque mois dans une usine produisant de lénergie à partir de déchets 400 000 pneus en 14,5 mégawatts délectricité. Cette usine, qui est entrée en activité en 1987, a nécessité des dépenses dinvestissement de 42 millions de dollars US(17). LINDUSTRIE CANADIENNE DU RECYCLAGE DES PNEUS Le recyclage des pneus au Canada est une industrie diversifiée allant dusines « artisanales » à technologie rudimentaire aux entreprises qui possèdent des brevets internationaux pour de nouveaux procédés de recyclage et commercialisent leur technologie et leurs produits dans le monde entier. À lextrémité de ce quon appelle la technologie rudimentaire de lindustrie se trouvent les petites entreprises qui tricotent des vieux pneus entiers en objets comme des pare-éclats et de léquipement pour terrains de jeux. Mentionnons parmi les petites entreprises intéressantes la Gofor Supplies Ltd., de Courtenay, en Colombie-Britannique, qui, en enfilant des vieux pneus côte à côte sur des arbres centraux, produit des estacades flottantes en caoutchouc quon utilise comme pare-chocs entre un remorqueur et une estacade flottante. La Recovery Technology Inc., de Mississauga, la Extruda-Rail, de Calgary, et la Exxadon/EWMC sont les entreprises canadiennes de recyclage des pneus aux technologies les plus avancées. La Recovery Technology a mis au point un nouveau procédé pour la conversion en miettes de caoutchouc des pneus ceinturés dacier. Cette technologie, qui permet de récupérer 98 p. 100 du caoutchouc utilisable à partir des composants dacier, de carbone et de tissu, a été commercialisée sous licence dans le monde entier. Lentreprise produit aussi des matériaux pour tapis à lintention des lieux de travail industriels et pour les stalles et les enclos pour les animaux. La Extruda-Rail détient des brevets internationaux pour un procédé quelle a mis au point afin de convertir des miettes de caoutchouc en longueurs de caoutchouc repoussé destinées à des applications comme des panneaux pour passages à niveau et les raccords qui tiennent en place les rails. Lentreprise fournit tout le marché canadien, mais exporte la majeure partie de sa production aux États-Unis, en Asie et en Europe. Comme nous lavons mentionné précédemment, la Exxadon/EWMC a mis au point un procédé de pyrolyse à hyperfréquences menant à la commercialisation des composants dhuile, du noir de carbone et dacier des pneus et commercialisé sous licence sa technologie auprès dautres entreprises dAmérique du Nord, dEurope, du Moyen-Orient et de Russie(18). Ces grosses entreprises réussissent actuellement assez bien dans le commerce du recyclage de pneus, comme le font certaines petites entreprises qui comblent les besoins dans un créneau bien précis. Étant donné quon classe les vieux pneus dans la catégorie des déchets solides des municipalités, leur élimination est de compétence provinciale et municipale. Le gouvernement fédéral considère que les vieux pneus sont des déchets non dangereux qui ne posent un problème pour lenvironnement et la santé humaine que lorsquils sont incorrectement gérés. Il ny a pas de programmes fédéraux faisant expressément la promotion du recyclage des pneus. Au 1er avril 1996 cependant, des projets innovateurs de recherche et de développement pour ce qui est du recyclage des pneus pouvaient bénéficier daide aux termes du programme Partenariat Technologie Canada parrainé par Industrie Canada. Mentionnons, parmi les autres secteurs fédéraux dintervention, le Programme de prévention des déversements dangereux et dintervention dEnvironnement Canada, dont le budget sert à appuyer les équipes régionales dintervention, la prévention des déversements, la formation, la recherche sur les déversements, la mise au point dinstruments et de techniques de nettoyage, lachat de meilleur équipement et lélaboration dune stratégie conjointe américano-canadienne pour les déversements sur terre et dans les fleuves, les rivières et les lacs transfrontaliers(19). Ce programme joue donc un rôle important au niveau de la prévention des incendies de pneus; on y a jusquici fait appel pour faciliter les opérations de nettoyage. Dans les régions moins peuplées du Canada, les vieux pneus nont pas jusquà maintenant posé de problème. Dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon, en Saskatchewan, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, il ny a pas de restrictions relativement à lenfouissement des vieux pneus. Dans le reste du Canada, on fait en sorte que les vieux pneus ne se retrouvent pas dans les décharges et on a établi des programmes de recyclage. Les programmes provinciaux fonctionnent isolément les uns des autres et varient en complexité. Au Nouveau-Brunswick, par exemple, les vieux pneus se retrouvent pas parmi les déchets solides; on les recueille, on les taille en lamelles et on les utilise ensuite comme matériau de plate-forme (sur les routes) ou on les vend comme combustible à une usine de pâte du Maine. La Colombie-Britannique, lAlberta, le Manitoba, le Québec et lÎle-du-Prince-Édouard financent des projets de recyclage par lentremise dun prélèvement spécial sur lachat des pneus neufs. Le gouvernement de la Colombie-Britannique, par exemple, utilise sa taxe sur les pneus pour financer un programme de recherche, de démonstration et de développement portant sur le recyclage; il paie 60 cents le pneu pour compenser les coûts de transport, 90 cents le pneu aux entreprises qui utilisent des pneus comme combustible et jusquà 1,50 $ le pneu, suivant le degré de réutilisation des pneus, aux entreprises de recyclage. Le programme québécois est similaire, mais beaucoup plus complexe, parce quil faut conserver les factures de vente et les reçus de collecte de pneus pour voir à ce que les deniers publics ne soient pas consacrés à des pneus provenant de lextérieur de la province. Les recycleurs doivent être en mesure de prouver que les pneus provenaient du Québec et que le produit final (des miettes de caoutchouc, par exemple) a été vendu avant que le gouvernement naccorde la subvention. Les exigences en matière de rapports sont si détaillées que le gouvernement québécois a mis au point un progiciel pour aider les recycleurs de pneus du Québec. En Ontario, on a grandement réduit le vaste programme de subventions lancé pour établir une infrastructure de recyclage des pneus maintenant que cette infrastructure est en place et que le recyclage des pneus est essentiellement une industrie axée sur le marché. Les consommateurs paient aux vendeurs de pneus au détail des frais délimination qui couvrent le transport et le coût denfouissement des lamelles de pneu, sil y a lieu. La plupart des pneus en Ontario (60 p. 100) sont aujourdhui réutilisés ou recyclés dune façon ou dune autre et presque tout le reste est coupé en lamelles et exporté aux États-Unis. Le CCME a abordé la question de la gestion des vieux pneus à la suite de lincendie de pneus dHagersville, au départ aux termes de sa Stratégie nationale de gestion des déchets. Il a invité les provinces à adopter des plans et à faire en sorte que les mesures visant à ce que les vieux pneus ne se retrouvent plus parmi les déchets deviennent partie intégrante de lobjectif quil a proposé, soit une réduction de 50 p. 100 des déchets dici à lan 2000. Le CCME a aussi mis sur pied un groupe de travail sur les vieux pneus pour étudier la gestion de ces derniers et pour en dresser un inventaire(20). Après la publication de ce rapport détude en octobre 1990, le groupe susmentionné a publié deux rapports détude de suivi : Proposed Guideline for the Outdoor Storage of Used Tires, en décembre 1990, et Processing Technologies and Manufactured Products from Used Tires, en janvier 1991. Chacune des provinces qui a élaboré un programme de recyclage des pneus la fait isolément des autres. Certains ont alors craint que les pneus naboutissent dans les provinces accordant les subventions au recyclage les plus généreuses. En réaction, le CCME a financé la rédaction du document Harmonisation des outils dintervention économique applicables aux pneus usés, quil a publié le 3 août 1994. Lune des principales conclusions du rapport cest que même si les programmes provinciaux ne sont pas harmonisés, on a pas vraiment de preuve que les écarts entre les programmes entraînent dimportantes pertes defficacité sur le marché. Les auteurs du rapport ont décrit un certain nombre de modèles potentiels pour lharmonisation des instruments économiques relatifs aux vieux pneus. Ces modèles pourraient être adoptés par les provinces qui jusquici nont pas établi de programme de recyclage des vieux pneus ou par les autres provinces qui tentent de rendre leur programme plus autosuffisant. (1) R.B. Stone, C.C. Buchanan et F.W. Steimle, Scrap Tires as Artificial Reefs, Agence de protection de lenvironnement des États-Unis, 1974. (2) Conseil canadien des ministres de lenvironnement, Groupe de travail sur les vieux pneus, Processing Technologies and Manufactured Products From Used Tires, janvier 1991, 14 p. (3) Ibid., (1991). (4) Conseil canadien des ministres de lEnvironnement, Harmonisation des outils dintervention économique applicables aux pneus usés, 3 août 1994, 146 p. (5) Le maillage désigne le nombre de trous par pouce linéaire dans un tamis à travers lequel les miettes de caoutchouc doivent passer; une maille de 40 est donc plus fine quune maille de 30. (6) Conseil canadien des ministres de lEnvironnement (1994). (7) B. Reguly, «Blowout: Ontarios Tire-recycling Scheme Skids Off Its Course», Financial Times, 29 juin 1992, p. 15. (8) J. Emery, «Mix Design, Life Cycle Cost Analysis - Modified Cold In Place Asphalt Recycling», Technology Transfer Workshop on Cost Effective Cold In Place Recycling and Cold Recycling of Asphalt Pavement, Ottawa Palladium, Kanata (Ontario), 2 avril 1996. (9) C. Mahood, «Provinces Stalled on Tire Disposal», Globe & Mail (Toronto), 2 janvier 1993, p. A1. (10) Ibid. (11) J.P. Hicks, «A Whole New Dimension to Retreads», New York Times, 17 novembre 1991, p. 9. (12) M. Turgeon, Risques environnementaux associés au dépôt de pneus de Saint-Amable, Québec, ministère de lEnvironnement du Québec, Direction de la récupération et du recyclage, 20 octobre 1988, p. 5. (13) Environnement Manitoba, Direction de la réduction des déchets et de la prévention, Report of the Waste Reduction and Prevention Committee on Used Tires, avril 1991, p. 5-7. (14) Département de lÉnergie des États-Unis, Technologie du charbon propre, Washington (D.C.), The New Coal Era, DOE/FE0217P, 1991, p. 8-29. (15) Environnement Manitoba (1991). (16) «TDF Found to Have Little Impact on Cement Kiln Emissions», Eco-Log Week, A Report on Waste Management & Industrial Pollution Control, vol. 23, 28 juillet 1995, p. 1. (17) Environnement Manitoba (1991). (18) «Permanent C of A Granted to Exxadon Tire Recycling Plant», Eco.Log Week, A Report on Waste Management & Industrial Pollution Control, 6 septembre 1996, p. 2. (19) Environnement Canada, Annonce du programme pour la prévention des déversements dangereux et les interventions durgence, communiqué de presse CO-AC-091-35, 5 novembre 1991. (20) Conseil canadien des ministres de lEnvironnement, Groupe de travail sur les vieux pneus, Inventory and Management of Used Tires / Inventaire et gestion des vieux pneus, compilation de plusieurs documents, octobre 1990. |