BP-444F
L'ACCORD MULTILATÉRAL SUR
L'INVESTISSEMENT :
Rédaction :
TABLE
DES MATIÈRES
MONDIALISATION DU COMMERCE ET DE LINVESTISSEMENT A. Tirer parti des avantages de la mondialisation B. Gérer les pressions de la mondialisation C. Réduire la complexité et étendre la portée du régime B. Principales obligations énoncées dans lAccord A. Objectifs de la politique industrielle D.
Normes environnementales E. Application des dispositions de lAMI aux provinces
L'ACCORD MULTILATÉRAL SUR
L'INVESTISSEMENT :
Les négociations concernant lAccord multilatéral sur linvestissement (AMI) ont débuté à la réunion du Conseil de lOrganisation de coopération et de développement économiques (OCDE) au niveau ministériel, en 1995, sur réception dun rapport de deux comités de lOCDE, le Comité de linvestissement international et des entreprises multinationales (CIME) et le Comité des mouvements de capitaux et des transactions invisibles (CMIT), qui effectuaient des travaux préparatoires à cet égard depuis 1991. Dans ce rapport, les comités indiquaient que le temps était venu de négocier un accord de cette nature au sein de lOCDE. Le Conseil de lOrganisation a alors fixé comme échéance pour la conclusion de lAMI la réunion ministérielle de mai 1997. Par la suite, on a reporté léchéance à mai 1998. Depuis le début des négociations, des progrès considérables ont été réalisés quant aux différents éléments de lAccord. Au printemps de 1997, plusieurs ébauches de lAccord - la dernière datée de mai 1997 - ont été rendues publiques, soulevant énormément de controverse quant aux répercussions de lAccord sur le processus décisionnel des gouvernements. Dans la première partie du présent document, nous donnons un aperçu de la mondialisation du commerce et de linvestissement qui a eu lieu au cours des dernières décennies. Dans la deuxième, nous examinons les raisons pour lesquelles les gouvernements négocient en ce moment un accord multilatéral sur linvestissement et nous posons certaines questions : Quels sont les instruments internationaux existants en matière dinvestissement, comme les traités bilatéraux, les conventions de lOCDE et les accords de commerce international? De quelle façon lAMI permettrait-il daméliorer le système multilatéral? Dans la troisième partie, nous décrivons les grandes lignes du projet daccord et dans la quatrième, nous traitons des préoccupations et des problèmes entourant lAMI : Le gouvernement du Canada devrait-il renoncer à son pouvoir de décision dans des secteurs comme le développement industriel, la culture, les services sociaux et lenvironnement? LAMI sappliquerait-t-il aux politiques provinciales? Enfin, dans la dernière partie, nous présentons certaines conclusions au sujet de lAccord. MONDIALISATION DU COMMERCE ET DE LINVESTISSEMENT Le terme « mondialisation » décrit le processus dinterdépendance et dintégration économiques croissantes des pays par suite de lintensification du commerce mondial des biens et services, de laugmentation des flux de capitaux transfrontières ainsi que de la diffusion rapide de la technologie à léchelle mondiale. Le processus en question est tributaire de deux grandes catégories de facteurs : les changements provoqués par les politiques et les progrès technologiques. Du côté des politiques, il y a eu depuis la seconde Guerre mondiale, sous les auspices du GATT/OMC, du FMI et de lOCDE, dimportantes réductions des barrières au mouvement des biens, des services et des capitaux. On a une bonne idée de lampleur de la libéralisation des échanges pendant cette période lorsquon constate que les droits canadiens prélevés en proportion des importations ont été ramenés de plus de 10 p. 100 en 1955 à environ 3 p. 100 en 1992(1). En ce qui concerne les percées technologiques, les progrès dans les secteurs des transports et des télécommunications ont comprimé la distance économique, tandis que les innovations en informatique ont réduit les coûts de coordination industrielle (voir le tableau 1). Ces facteurs technologiques ont permis aux entreprises détablir leurs installations de production dans les emplacements les plus avantageux à léchelle mondiale. Tableau 1 Coûts
du transport aérien et des appels téléphoniques,
Quels effets les politiques et les facteurs technologiques en question ont-ils eu sur léconomie mondiale? Premièrement, le commerce mondial a connu une croissance rapide depuis 1950, augmentant de quelque 6 p. 100 par année, soit environ 50 p. 100 plus vite que la production mondiale(2). Il sensuit que le rapport du commerce des marchandises à la production économique a doublé au cours de la période(3). Deuxièmement, les flux de capitaux ont explosé, en particulier depuis le relâchement des restrictions à cet égard au début des années 70. La libéralisation des marchés financiers, la baisse du coût des transactions et la création de nouveaux instruments financiers ont aussi contribué à stimuler le volume des opérations transfrontières sur les valeurs mobilières. Les opérations transfrontières en obligations et en actions dans les grands pays industrialisés sont passées de moins de 10 p. 100 du PIB en 1980 à un montant dépassant largement 100 p. 100 du PIB en 1995(4) (voir le tableau 2).
Tableau 2 Opérations
transfrontières en obligations et en actions(1)
Selon la Cnuced, linvestissement direct étranger (IDE), qui a augmenté rapidement à partir des années 80, constitue lun des grands ressorts de la mondialisation(5). Les flux dIDE en provenance de tous les pays, qui sélevaient en moyenne à 76,8 milliards de dollars US entre 1983 et 1987, avaient plus que quadruplé en 1995, pour atteindre 317,8 milliards de dollars US(6). De fait, les flux dIDE étaient de 40 p. 100 plus élevés en 1995 quau cours de lannée précédente. La proportion de lIDE sortant des pays industrialisés atteignait 85 p. 100, et la proportion de lIDE y entrant atteignait 65 p. 100(7). On estime que, en 1995, 39 000 sociétés-mères avaient investi un total de 2,7 billions de dollars US au titre de lIDE dans quelque 270 000 filiales(8). Bien que les pays industrialisés soient les principaux bénéficiaires de lIDE, les pays en développement en ont néanmoins reçu environ un tiers en 1995, soit 100 milliards de dollars US, les pays de lEst et du Sud-Est asiatique ayant absorbé 62 p. 100 de ce montant. Les pays en développement sont également devenus des sources importantes dIDE, y ayant contribué pour 47 milliards de dollars US en 1995. De fait, entre 1993 et 1995, le Japon sest fait ravir par Hong Kong sa place en tant que première source dIDE en Asie de lEst.
Tableau 3 Investissements
directs étrangers plus investissement de portefeuille (1)
(1)
Somme des valeurs absolues des entrées et des sorties de capitaux dinvestissement
direct et dinvestissement de portefeuille. Source : IMF, Perspectives de léconomie mondiale, mai 1997, p. 68.
On peut ranger sous trois grandes catégories les raisons justifiant la négociation dun AMI : tirer parti des avantages de la mondialisation; gérer les pressions de la mondialisation; et réduire la complexité et étendre la portée du régime dinvestissement à léchelle internationale(9). A. Tirer parti des avantages de la mondialisation Les attitudes à légard de linvestissement étranger, en particulier lIDE, ont changé de façon notable depuis les années 60 et 70, époque où certains gouvernements, inquiets de limportance des intérêts étrangers, ont établi des procédures de filtrage pour déterminer là-propos de chaque nouvel investissement étranger. Par exemple, lAgence dexamen de linvestissement étranger (AEIÉ), établie en 1974, demandait aux investisseurs étrangers de faire la preuve que les activités envisagées étaient de nature à procurer d« importants avantages » au Canada. Malgré un taux dapprobation élevé, lAgence a peut-être empêché certains IDE parce que les investisseurs considéraient ces méthodes comme trop compliquées et rigides, donnant lieu à des exigences déraisonnables et à des retards inutiles(10). En 1985, lAEIÉ a été remplacée par Investissement Canada, une mesure témoignant dune attitude nouvelle, plus ouverte, à légard de linvestissement étranger au Canada. Alors que lAEIÉ exigeait que linvestissement étranger apporte un « avantage important », Investissement Canada se limitait à demander un « avantage net ». En outre, la Loi sur Investissement Canada a haussé le seuil des actifs au-delà duquel létablissement de nouvelles entreprises et lacquisition de firmes canadiennes par des intérêts étrangers font lobjet dun examen. Même si Investissement Canada contrôle encore les demandes liées aux investissements étrangers, il joue également un rôle actif pour ce qui est dattirer de tels investissements au Canada. Dans les années 90, les gouvernements se font activement concurrence pour attirer lIDE, en particulier lorsquil sagit dinjecter de nouveaux fonds dans le secteur manufacturier. On sest même alarmé du fait que le Canada ne reçoit pas sa « juste part » de linvestissement direct étranger(11). De fait, la part canadienne de lIDE à léchelle mondiale est passée de 11 p. 100 en 1980 à 5 p. 100 en 1994(12). Au cours de la même période, la part des États-Unis est passée de 17 à 22 p. 100(13). Plusieurs avantages économiques peuvent découler des apports dIDE : création demplois, production économique accrue, hausse des exportations, concurrence plus forte, meilleure productivité, meilleurs salaires et stimulation de lactivité économique dans les industries de soutien. On estime que chaque tranche de un milliard de dollars au titre de lIDE crée 45 000 emplois sur cinq ans et gonfle le PIB canadien de 4,5 milliards de dollars(14). De plus en plus, le commerce suit linvestissement. La motivation des entreprises pour ce qui est dinvestir à létranger nest plus simplement de contourner des barrières commerciales afin de servir des marchés protégés ou dobtenir un accès à des matières premières. En investissant dans dautres pays, les entreprises peuvent se rapprocher de leurs clients et rationaliser leur production à léchelle internationale. Avec laugmentation du commerce des services, la possibilité de se rapprocher des marchés revêt davantage dimportance. Le commerce de services, comme lingénierie ou lactivité bancaire, nécessite souvent la présence commerciale du fournisseur des services en question. Les dispositions de lAccord général sur le commerce des services (AGCS) concernant laccès aux marchés reconnaissent explicitement la « présence commerciale » comme un mode de prestation de services. Latténuation des obstacles au commerce et à linvestissement ainsi que la véritable révolution dans les communications, le transport et le calcul ont permis aux entreprises de se procurer des éléments de production en divers endroits de la planète. Par exemple, il arrive souvent quun fabricant dautomobiles ou dordinateurs produise des composantes dans plusieurs pays. Les arrangements de production en question profitent au pays dorigine en rendant les firmes nationales plus productives, ce qui peut se traduire par une augmentation des ventes. Étant donné que les filiales étrangères sen remettent généralement à la société-mère pour les composantes, les fournitures et le savoir technique, il peut en découler une demande accrue de biens et services intermédiaires à lendroit du pays dorigine(15). Bien entendu, les sorties dIDE peuvent entraîner le déplacement de certaines exportations du pays dorigine à cause de la nouvelle production dans le pays daccueil. Est-ce quil en découlera un fléchissement global des exportations dans le pays dorigine? Pour répondre à cette question, il sagit de déterminer si laugmentation de la demande de biens et services intermédiaires au pays dorigine, de la part des filiales étrangères, fait équilibre à la baisse initiale des exportations. Cela dépendra de la mesure dans laquelle les filiales étrangères comptent sur la société-mère pour les intrants intermédiaires, ainsi que du degré daugmentation des ventes totales de lentreprise par suite de linvestissement(16). Au cours des 30 dernières années, linvestissement direct canadien a atteint une ampleur considérable (voir le tableau 4). En fait, linvestissement direct canadien à létranger (IDCE) a augmenté beaucoup plus vite que linvestissement direct étranger au Canada (IDEC). Le tableau 4 montre que la proportion de lIDCE est passée denviron 21 p. 100 de lIDEC en 1965, à environ 95 p. 100 en 1996. Cest notamment à cause de ces investissements importants et croissants que le Canada devrait travailler à ce que les gouvernements étrangers nimposent pas de conditions arbitraires ou discriminatoires à lIDE. Du point de vue du Canada, il devient aussi important de profiter des investissements canadiens à létranger que des entrées de fonds au Canada.
Tableau 4 Bilan
du Canada en matière dinvestissement direct étranger
Source : Statistique Canada, Bilan des investissements internationaux du Canada, 1996.
On reconnaît de plus en plus limportance du lien entre le commerce et linvestissement. Comme la exprimé Renato Ruggiero (directeur général de lOrganisation mondiale du commerce),
Linterrelation entre le commerce et linvestissement fait ressortir que « dans les économies modernes intégrées à léchelle planétaire, il ne peut y avoir de véritable libre-échange sans libéralisation de lIDE »(18). Par conséquent, les politiques douverture à la concurrence doivent tenir compte des politiques en matière dinvestissement étranger tout autant que des politiques commerciales. Pour certains analystes, cela indique que les règles commerciales multilatérales devraient saccompagner dun accord multilatéral en matière dinvestissement. B. Gérer les pressions de la mondialisation Comme nous lavons mentionné plus haut, les dernières décennies ont amené une modification des attitudes à légard de lIDE. À lheure actuelle, les pays se font activement concurrence pour attirer lIDE, en particulier lorsquil sagit dun investissement en installations de fabrication entièrement nouvelles. Parfois, cette concurrence amène des provinces, des États ou des gouvernements nationaux à offrir des subventions ou des facteurs dincitation spéciaux. Les fabricants dautomobiles bénéficient fréquemment des largesses gouvernementales, et certaines sources indiquent que les aides accordées se sont accrues au cours des dix dernières années(19). De telles subventions peuvent profiter aux entreprises bénéficiaires, mais elles ne sont pas nécessairement dans lintérêt des contribuables, et elles nuisent à laffectation efficace des capitaux à léchelle internationale. Qui plus est, lappel à la concurrence pour attirer linvestissement étranger favorise toujours les grands pays industrialisés par rapport aux pays plus petits et plus pauvres. Un autre problème lié à la mondialisation des marchés est la possibilité de pratiques anticoncurrentielles, comme la formation de cartels à léchelle internationale. Même si de tels procédés peuvent être proscrits à léchelon national par une législation antitrust, le contrôle peut savérer inadéquat à léchelle planétaire. Cest pourquoi il serait peut-être nécessaire de réglementer aussi le comportement des entreprises à léchelon international. Par suite de la mondialisation de linvestissement, certains sont portés à conclure quil faut assujettir les entreprises aux mêmes règles en ce qui touche la corruption, les droits de la personne, les normes environnementales et le monde du travail. Par exemple, la législation des États-Unis interdit aux entreprises américaines de corrompre des dirigeants étrangers. Toutefois, certains autres pays ne soumettent pas leurs multinationales aux mêmes exigences. Pour ce qui concerne la main-doeuvre, les droits de la personne et lenvironnement, les normes quappliquent les entreprises multinationales (EMN) peuvent varier(20). Les EMN obligées par leur juridiction dorigine à respecter des normes strictes en matière de déontologie peuvent donc être désavantagées par rapport à certains concurrents. On se préoccupe également du fait que les efforts des différents pays pour attirer linvestissement puissent réduire à leur plus simple expression les normes nationales en matière de main-d'uvre et denvironnement. On sinquiète par ailleurs de leffet que peut avoir la mondialisation du commerce et de linvestissement sur lemploi des travailleurs non qualifiés et sur la répartition des revenus entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés dans les pays industrialisés. Par suite de son étude sur le commerce des pays industrialisés avec les économies naissantes, lOCDE a constaté une détérioration évidente de la situation des travailleurs non qualifiés sur le marché du travail; selon elle, la possibilité que le commerce avec les économies naissantes ait contribué aux problèmes des travailleurs non qualifiés dans les pays membres de lOrganisation ne peut être exclue a priori(21). Dautre part lOCDE a constaté
C. Réduire la complexité et étendre la portée du régime Le nombre croissant daccords régionaux complique le système des échanges, toutes sortes de paramètres étant adoptés pour les règles dorigine, les normes techniques, les tarifs douaniers, etc. Certains analystes pensent que l'a« encombrement » des traités pourrait neutraliser les avantages de la libéralisation du commerce. De même, les modalités de linvestissement étranger sont traitées dans toute une panoplie daccords internationaux. Mentionnons entre autres, le Code de libération des mouvements de capitaux de lOCDE, le Code de libération des opérations invisibles courantes, la Déclaration des gouvernements des pays membres de lOCDE et les décisions du Conseil de lOCDE sur linvestissement international et les entreprises multinationales, le Projet de convention sur la protection de la propriété privée de lOCDE, lOMC, lALÉNA, le traité et la législation de lUE et plus de 900 traités bilatéraux sur linvestissement. Comme lexprime un analyste, « [I]l est peu probable que le patchwork actuel de règles dinvestissement soit très utile aux entreprises multinationales (EMN) qui réalisent des opérations de plus en plus complexes au travers de multiples frontières nationales. Des règles concurrentes et parfois conflictuelles, voire simplement vagues, peuvent créer des incertitudes quant au traitement de linvestissement direct étranger des EMN »(23). Outre la question de la complexité, les mécanismes de libéralisation contenus dans bon nombre de ces ententes sont relativement faibles comparativement aux accords commerciaux qui établissent des calendriers de libéralisation progressive(24). Par exemple, lapproche envisagée dans les codes de lOCDE pourrait se résumer comme suit : arrêt et effet de cliquet. Les pays qui adhèrent à ces codes acceptent en effet de geler leur régime dinvestissement existant et de souscrire à une obligation générale de libéralisation progressive. Toutefois, les signataires procèdent unilatéralement et volontairement à la libéralisation, avec toutefois lencouragement et la pression des pairs. Trois accords de lOMC portent sur les problèmes dinvestissement : lAccord général sur le commerce des services (AGCS), lAccord sur les mesures concernant les investissements liés au commerce (AMIC) et lAccord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). LAGCS prévoit des obligations concernant deux modes de fourniture de services : la présence commerciale et le déplacement du fournisseur. LAMIC porte sur une catégorie passablement étroite dexigences concernant linvestissement, c.-à-d. là où se crée une distorsion dans le commerce des biens. Quant à lADPIC, il pourvoit à lapplication des droits de propriété intellectuelle sous légide de lOMC, une considération importante pour les entreprises qui transfèrent des techniques avancées. LALÉNA traite de lIDE dans les chapitres portant sur linvestissement (chapitre 11), les services généraux (chapitre 12), les services financiers (chapitre 14) et les droits de propriété intellectuelle (chapitre 17). Le chapitre 11 établit un système clair basé sur des règles et prévoyant un traitement non discriminatoire pour les investissements étrangers (traitement national et nation la plus favorisée). Tout comme lOMC, lALÉNA limite les obligations de résultats. Toutefois, ce dernier ne se contente pas dinterdire les obligations de résultat qui faussent simplement le commerce des biens (exigences quant aux niveaux dexportation, contenu national minimum, préférences pour lapprovisionnement interne et équilibrage des échanges); il interdit également les obligations de résultats pour les transferts technologiques et lexclusivité des produits. En outre, lALÉNA va bien au-delà des dispositions de lOMC en exigeant que lon traite de façon impartiale un investisseur étranger (dun pays signataire de lALÉNA) en ce qui touche létablissement, la gestion et la cession dun investissement dans un autre pays (signataire de lALÉNA). Il interdit en outre lexpropriation par un pays signataire de lALÉNA dun investissement effectué par un investisseur dun pays signataire de lALÉNA, sauf à des fins publiques, de façon non discriminatoire, dans le respect de la légalité et avec compensation selon la juste valeur marchande. Un autre élément important de lALÉNA est le mécanisme détaillé de règlement des différends, y compris loption de larbitrage obligatoire investisseur-État. Bref, le système multilatéral profiterait de ladoption dun seul accord multilatéral obligatoire en matière dinvestissement. Non seulement un AMI réduirait le caractère disparate des accords bilatéraux et plurilatéraux, mais en outre il renforcerait et étendrait les règles multilatérales existantes, lesquelles sont moins exhaustives que certains accords plurilatéraux comme lALÉNA. LAMI peut se répartir en quatre grandes sections : la portée, les obligations, le règlement des différends et les autres dispositions. La partie qui traite de la portée circonscrit linterprétation quon peut donner de lAccord - par exemple, en définissant des termes clés comme « investisseur » et « investissement ». La partie traitant des obligations établit les règles, comme celles touchant la non-discrimination et les obligations de résultats, que les signataires sengagent à respecter. La section qui porte sur le règlement des différends fournit un moyen de résoudre les interprétations divergentes des parties concernant la portée de lAccord et leurs obligations. Enfin, dans la partie « autres dispositions » on résume les règles touchant les préparatifs aux fins de lAMI et son application, ainsi que la procédure dadhésion et de retrait. LAMI serait de portée très vaste. Au départ, certains avaient pensé que lAMI ne couvrirait que les investissements directs à létranger des entreprises, mais selon le texte provisoire de lAMI(), un « investisseur » est soit a) une personne physique (un ressortissant ou un résident permanent), soit b) une entreprise (une personne morale ou toute autre entité constituée selon le droit applicable dune partie contractante). Un « investissement » comprend tout type dactif contrôlé, directement ou indirectement, par un investisseur (cest-à-dire un investissement direct, un placement de portefeuille (actions ou obligations), des biens immobiliers, des droits de propriété intellectuelle, des droits contractuels, et des droits conférés par autorisation ou licence). LAMI serait de portée très vaste. Au départ, certains avaient pensé que lAMI ne couvrirait que les investissements directs à létranger des entreprises, mais selon le texte provisoire de lAMI(25), un « investisseur » est soit a) une personne physique (un ressortissant ou un résident permanent), soit b) une entreprise (une personne morale ou toute autre entité constituée selon le droit applicable dune partie contractante). Un « investissement » comprend tout type dactif contrôlé, directement ou indirectement, par un investisseur (cest-à-dire un investissement direct, un placement de portefeuille (actions ou obligations), des biens immobiliers, des droits de propriété intellectuelle, des droits contractuels, et des droits conférés par autorisation ou licence). LAMI couvre à la fois lentrée de linvestissement (la phase antérieure à létablissement) et linvestissement une fois réalisé. « Cet aspect constitue un avantage important comparativement à la plupart des conventions bilatérales sur linvestissement où la protection dun investissement nest garantie quaprès que linvestissement a été réalisé »(26). Le texte provisoire de lAMI couvre les investissements venant de létranger et ceux des investisseurs étrangers résidant dans le pays. LAMI devrait couvrir tous les secteurs dactivité, y compris lagriculture, les ressources naturelles, la fabrication et les services. Il pourrait sappliquer aussi à toutes les mesures gouvernementales (lois, règlements et règles administratives) de tous les paliers (pouvoir central, gouvernement fédéral, États, provinces, administrations locales). Il serait dapplication rétroactive en ce sens quil sappliquerait à tous les investissements réalisés avant son entrée en vigueur. Dans lAMI, on aborde la libéralisation par le haut et non par le bas. Autrement dit, un secteur est couvert par lAccord, à moins quil ne soit expressément exclu. Cinq types de dispositions permettraient aux parties de déroger aux principes de lAMI : les exceptions générales, les inclusions et exclusions, les dérogations temporaires, les mesures de prudence et les réserves des pays. Les exceptions générales exemptent les signataires de tous (ou presque tous) les aspects de lAccord, concernant notamment le statu quo, le traitement national et le traitement de la nation la plus favorisée. Il comprend aussi des exceptions pour des raisons ressortissant à la sécurité nationale, à lordre public et au maintien de la paix internationale. On envisage aussi une exception visant les industries culturelles, proposée par la France. Les inclusions et exclusions signifient que rien dans lAccord ne sapplique autrement que ce qui est expressément prévu. Ce principe sapplique au traitement des mesures fiscales. Les dérogations temporaires au libre transfert des paiements en rapport avec des opérations sur le compte courant ou sur le compte de capital sont permises pour remédier à de graves problèmes de balance des paiements. Les mesures prudentielles (sic) permettent aux parties de prendre les mesures nécessaires pour préserver la stabilité de leur secteur financier. Les réserves nationales sont la liste de toutes les mesures non conformes maintenues par les parties au moment de la ratification de lAMI ou lorsquelles adhèrent à lAccord. Une partie déposerait ses réserves en dressant la liste des articles (par. ex. ceux concernant le traitement national, le régime de la NPF, etc.) qui ne sappliquent pas aux mesures figurant sur une liste jointe en appendice de lannexe A de lAccord. (Le Canada a déposé des réserves similaires à celles qui figurent aux annexes I et II de lALÉNA.)(27) B. Principales obligations énoncées dans lAccord Le principe de la non-discrimination, qui est au coeur des obligations contenues dans lAMI, serait concrétisé par lapplication du principe du traitement national et du régime de la nation la plus favorisée. Par traitement national, on entend le fait que les investisseurs dune autre partie contractante ne peuvent pas être assujettis à des règles moins favorables que celles qui sappliquent aux investisseurs nationaux en ce qui concerne lentrée dinvestissements étrangers et lexploitation, ladministration et la cession de linvestissement une fois quil est réalisé. Le régime de la nation la plus favorisée (NPF) signifie quune partie contractante ne peut assujettir les investisseurs et les investissements dune autre partie contractante à des règles moins favorables que celles quelle applique aux investisseurs de nimporte quel autre pays. Le principe de la transparence exigerait des parties contractantes quelles publient et divulguent leurs lois, règlements, procédures, décisions et conventions internationales qui pourraient avoir des répercussions sur le fonctionnement de lAMI. Entrée temporaire - Les parties contractantes seraient tenues daccorder un permis de séjour et un permis de travail temporaires aux investisseurs étrangers et aux employés des entreprises étrangères dune autre partie contractante. Les conjoints et les enfants des investisseurs et des employés se verraient aussi accorder un permis de séjour temporaire. Cadres supérieurs et conseil dadministration - Il serait interdit aux parties contractantes dexiger que les investisseurs étrangers dune autre partie contractante nomment des ressortissants aux postes de haute direction et au conseil dadministration(28). Conditions de nationalité - Une partie contractante ne pourrait pas exiger des investisseurs ou des entreprises dune autre partie contractante quils embauchent des ressortissants. Obligations de résultat - Une partie contractante ne pourrait pas imposer les obligations de résultat suivantes aux investisseurs et aux entreprises dune autre partie contractante : a) exporter un volume ou un pourcentage donné de biens; b) atteindre et respecter un niveau ou un pourcentage donné de contenu national; c) privilégier lachat de produits locaux; d)
lier le montant des importations au montant des exportations ou au montant
des rentrées de devises e)
limiter la vente de produits ou de services par des entreprises étrangères
sur son territoire au niveau des f)
transférer des techniques, des procédés de production ou tout autre savoir-faire
exclusif, sauf dans le g) établir un siège social sur son territoire(29); h) agir comme fournisseur exclusif pour le monde ou pour une région donnée; i)
atteindre un niveau donné de production, dinvestissement, de chiffre
daffaires, demploi ou de j) recruter un niveau donné de personnel local; k) établir une coentreprise(30); l) atteindre un niveau minimum de participation locale au capital. Le paragraphe 2 porte que linterdiction dimposer les obligations de résultat énoncées aux paragraphes 1f) à 1l) ne sappliquerait pas à lobtention dun avantage en rapport avec un investissement(31). Autrement dit, ces obligations de résultat (touchant le transfert de techniques lemplacement du siège social, les mandats dexclusivité à légard de produits, la production, linvestissement, les ventes, lemploi, les objectifs de R-D, lembauchage de ressortissants, les coentreprises et la participation au capital-actions) pourraient quand même être autorisées lorsquelles sont accompagnées de stimulants à linvestissement. Le paragraphe 3 porte que les paragraphes 1b), 1c), 1d) et 1e)(32) nempêcheraient en rien une partie doffrir un avantage à un investisseur pour quil installe une usine à un endroit donné, quil offre des services donnés, quil forme ou emploie des travailleurs ou des salariés, quil construise ou agrandisse des installations en particulier ou quil effectue des travaux de R-D. Le paragraphe 4 porte que les paragraphes 1b) et c) nempêcheraient pas une partie dadopter ou de conserver des mesures nécessaires pour assurer le respect des lois, pour protéger la vie ou la santé des humains, des animaux et des plantes, ou pour économiser des ressources naturelles épuisables. Le paragraphe 5a) porte que les paragraphes 1a), 1b) et 1c) ne sappliqueraient pas aux conditions dadmissibilité des produits et services aux programmes de promotion des exportations (et éventuellement aux programmes daide au développement). Le paragraphe 5b) porte que les paragraphes 1b), 1c), 1f) et 1h) ne sappliqueraient pas aux marchés publics dune partie contractante ou dune société dÉtat(33). Le paragraphe 5c) porte que les paragraphes 1b) et 1c) ne sappliqueraient pas aux obligations imposées par une partie importatrice au sujet du contenu nécessaire pour bénéficier de droits de douane ou de contingents préférentiels. Le paragraphe 5d) porte que le paragraphe 1(i) ne sappliquerait pas aux obligations imposées par une partie contractante dans le contexte dune privatisation(34). Privatisation - Le traitement national et le régime de la NPF sappliqueraient aux privatisations comme aux opérations ultérieures sur lactif privatisé(35). Monopoles - Rien dans lAMI nempêcherait létablissement ou le maintien dun monopole. Létablissement ou le maintien dun monopole par un gouvernement national ou infranational devrait respecter le principe de la non-discrimination. Stimulants - Le principe du traitement national et le régime de la NPF sappliqueraient à loctroi de stimulants à linvestissement. Des consultations pourraient être entreprises lorsquune partie contractante considère que ses investisseurs ont eu à pâtir dun stimulant. Dautres négociations seraient tenues dans les trois ans pour mieux éviter et réduire les effets de distorsion et éviter une concurrence indue entre les parties contractantes en vue dattirer ou de retenir des investissements(36). Pratiques des sociétés - Il ny a pas encore de texte à ce sujet, mais le Commentaire précise que lon sentend en général pour dire que les mesures discriminatoires prises par des sociétés mais qui ne sont pas imposées par les pouvoirs publics ne seraient pas couvertes par lAMI. R-D dans les techniques de pointe - Il ny a pas encore de texte à ce sujet, mais le Canada a proposé que les prérogatives de financement relatives aux consortiums et autres activités de R-D nempêchent pas lapplication du traitement national aux entreprises qui participent à ces activités à la condition que les participants étrangers aient un apport financier équivalent. Propriété intellectuelle - Il ny a pas encore de texte à ce sujet, mais il y a déjà eu des discussions sur les points suivants : le concept de propriété intellectuelle dans la définition dinvestissement; le régime qui sappliquerait (traitement national, NPF ou traitement général); et lapplication du concept de propriété intellectuelle aux expropriations et aux transferts, aux obligations de résultats, aux monopoles, au règlement des différends et à dautres questions encore. Dette publique - LAMI ne sappliquerait pas au rééchelonnement des dettes publiques. Non-abaissement des normes - Une partie contractante ne devrait (ne doit)(37) pas suspendre lapplication des normes concernant la santé, la sécurité, la protection de lenvironnement ou les conditions de travail ni accorder de dérogation à ces règles pour attirer des investissements étrangers. Si une partie contractante considère quune autre partie a abaissé ses normes pour encourager linvestissement étranger, elle pourrait demander des consultations en vue de faire mettre un terme à cette pratique. Traitement général - Chaque partie devrait traiter les investissements étrangers dune autre partie de manière juste et équitable et leur accorder une protection intégrale. Elle devrait leur accorder un traitement qui nest pas moins favorable que les dispositions du droit international. Il serait interdit dentraver les investissements par des mesures déraisonnables et/ou discriminatoires. Expropriation et indemnisation - Une partie contractante ne pourrait pas exproprier ou nationaliser linvestissement dun investisseur dune autre partie, sauf dans les cas suivants : a) pour des motifs ressortissant à lintérêt public; b) de façon non discriminatoire; c) dans le respect de lapplication régulière de la loi; et d) avec une indemnisation rapide, suffisante et efficace. Protection contre les troubles - En cas de guerre ou de désordres civils, les investisseurs dune autre partie contractante devraient bénéficier dun dédommagement sur la base du traitement national et du régime de la nation la plus favorisée. Transferts - Une partie contractante serait tenue de veiller à ce que tous les paiements relatifs à un investissement puissent librement entrer et sortir du pays. Subrogation - Une partie contractante serait tenue de reconnaître la cession de droits et de créances à un investisseur par un organisme désigné dans une autre partie contractante et le droit de cette dernière partie dexercer, par subrogation, ces droits et créances de la même manière que son prédécesseur en titre. Protection des investissements existants - LAMI sappliquerait aux investissements effectués avant lentrée en vigueur de lAccord, de même quaux investissements effectués par la suite. Il ne sappliquerait cependant pas aux créances issues dévénements qui se sont produits avant lentrée en vigueur de lAccord. Exceptions et sauvegardes - LAMI
Une partie contractante pourrait demander des consultations lorsquelle estime quune autre partie contractante contrevient aux dispositions de cet article. Services financiers - LAMI contient des dispositions précises sur les services financiers, lesquelles couvrent les mesures prudentielles (sic), les conventions de reconnaissance, les procédures dautorisation, la transparence, les transferts dinformation et le traitement des données, ladhésion à des organismes de réglementation et à des associations, les systèmes de paiement et de compensation, les prêteurs de dernier ressort et le règlement des différends(38). Fiscalité - LAMI ne sappliquerait pas aux mesures fiscales, sauf en ce qui concerne les dispositions relatives à lexpropriation, à la transparence et au règlement des différends. Aux termes de lAMI, deux voies soffriraient aux parties contractantes en cas de contravention supposée aux dispositions de lAccord : 1) larbitrage entre États et 2) larbitrage entre un investisseur et un État. 1) Larbitrage entre États exigerait que les parties contractantes sefforcent dabord de régler leur différend par la voie de consultations. Si celles-ci échouaient, une partie contractante pourrait alors soumettre le différend à un tribunal darbitrage composé de trois ou cinq membres. Trois des membres du tribunal darbitrage seraient choisis par entente des parties. Lune ou lautre partie pourrait demander un tribunal de cinq personnes. LAMI préciserait les règles et procédures régissant larbitrage entre États. Les décisions des tribunaux seraient irrévocables et exécutoires. Un tribunal darbitrage pourrait : (i) déclarer quune mesure contrevient aux obligations énoncées dans lAccord; (ii) recommander quune partie contractante se conforme à ses obligations aux termes de lAccord; (iii) ordonner le versement dun dédommagement pécuniaire; (iv) ordonner toute forme de redressement agréé par la partie fautive, y compris une restitution en nature. 2) Larbitrage entre un investisseur et un État prévoit un mécanisme de règlement de différends qui pourrait être déclenché par les investisseurs. Linvestisseur pourrait choisir lune des voies suivantes : a)
soumettre le différend à un tribunal judiciaire ou administratif compétent
de la partie contractante b) recourir à une procédure de règlement des différends convenue avant que ne survienne le différend; c) soumettre le différend à larbitrage aux termes :
Le Groupe préparatoire, composé des signataires de lActe final et des signataires de lAccord : a) préparerait lentrée en vigueur de lAccord et la création du Groupe des parties; b) mènerait des discussions avec les non-signataires de lActe final; c)
mènerait des négociations avec les non-signataires de lActe final
intéressés et prendrait des décisions d) exécuterait dautres travaux(39). Le Groupe des parties, composé des parties contractantes, faciliterait le fonctionnement de celui-ci : a) en sacquittant des fonctions qui lui sont confiées aux termes de lAccord; b) en clarifiant linterprétation ou lapplication de lAccord; c) en étudiant toute question susceptible dinfluer sur le fonctionnement de lAccord; d) en prenant toute autre mesure quil considère nécessaire pour remplir son mandat.
Le Groupe des parties élirait un président, déterminerait la fréquence de ses réunions et se fixerait des règles. Il prendrait ses décisions par consensus, ou en suivant la règle de la majorité en labsence de consensus. Le Groupe des parties serait assisté par un Secrétariat. Ratification - LAccord pourrait être ratifié par les signataires de lActe final jusquau [date non précisée] et pourrait être ratifié ensuite, entre cette date et son entrée en vigueur, par nimporte quel État jouissant dune autonomie totale à légard des questions couvertes par lAccord et prêt à respecter les obligations contenues dans celui-ci. Adhésion - LAccord serait ouvert à ladhésion de tout État, de nimporte quelle organisation dintégration économique régionale ou de tout territoire douanier distinct jouissant dune entière autonomie relativement aux questions couvertes par lAccord qui soit disposé à assumer ses obligations. Non-applicabilité - LAccord ne sappliquerait pas entre des parties contractantes et une partie adhérant à lAccord si, au moment de ladhésion, la partie contractante ne consent pas à cette application. Examen - Le Groupe des parties pourrait revoir lAccord lorsquil lestime opportun. Modification - Nimporte quelle partie contractante pourrait proposer au Groupe des parties une modification de celui-ci. Retrait - Une partie contractante pourrait se retirer de celui-ci sur préavis de six mois et ce, au plus tôt cinq ans après son entrée en vigueur. Les dispositions de lAccord continueraient de sappliquer aux investissements existants pendant une période de 15 ans à partir de la date du préavis de retrait. A. Objectifs de la politique industrielle Lun des principaux reproches formulé à lencontre de lAMI, est le fait que lAccord empêcherait les gouvernements de se servir de la politique dinvestissement pour promouvoir les objectifs de la politique industrielle comme la création demplois, lencouragement des exportations, les transferts de technologie et la propriété nationale(40). Comme nous lavons dit précédemment, lAMI impose des restrictions à toute une série d'obligations de résultat conçues pour atteindre certains de ces objectifs. Certaines de ces obligations de résultat (cibles sur le plan des exportations, contenu national, achats intérieurs, équilibre des échanges, subordination des ventes sur le marché intérieur au niveau des exportations ou des rentrées de devises) faussent les échanges de marchandises. En général, ces politiques qui ont pour effet de causer des distorsions des échanges contreviennent à lArticle III du GATT (traitement national) ou à larticle XI du GATT (restrictions quantitatives) et sont explicitement interdites par lAccord sur les mesures concernant les investissements liées au commerce issu de lUruguay Round et par lALÉNA. LAMI propose par ailleurs de restreindre certaines obligations de résultats qui ne sont pas directement liées au commerce international. Il interdirait aux gouvernements dimposer aux investisseurs des obligations de résultat touchant les transferts de technologie, lemplacement du siège social des entreprises, les mandats dexclusivité à légard de produits, des cibles de production, des cibles dinvestissement, des cibles de ventes, des cibles dembauche, des cibles de R-D, lembauche de ressortissants, les coentreprises et la participation au capital-actions. (LALÉNA interdit déjà les obligations de résultat concernant les transferts de technologie et les mandats dexclusivité.) Il est cependant important de noter que lAMI ninterdirait pas les obligations de résultat dans absolument tous les cas. Premièrement, lAMI permettrait aux gouvernements de fixer certaines obligations de résultat en rapport avec loctroi dun avantage, souvent offert à titre dencouragement, comme un allégement fiscal ou une subvention. Il serait donc possible détablir des obligations de résultat (transferts de technologie, emplacement des sièges sociaux des sociétés, mandats dexclusivité, cibles de production, cibles dinvestissement, cibles de ventes, cibles dembauche, cibles de R-D, embauche de ressortissants, coentreprises et participation au capital-actions), sous la forme dencouragements. Néanmoins, conformément au principe du traitement national, ces encouragements devraient être offerts aussi et dans les mêmes conditions aux entreprises étrangères. Même certaines obligations de résultat qui faussent les échanges (contenu national, achats locaux, équilibre des échanges et subordination des ventes intérieures aux exportations) seraient autorisées lorsquelles sont liées à des encouragements et à la condition quelles concernent des politiques touchant :
Dautres dispositions prévoiraient les exceptions nécessaires à lexécution des lois, à la protection de la vie et de la santé des humains, des animaux et des plantes et à la conservation des ressources naturelles épuisables. En outre, des exceptions sont prévues pour les programmes de promotion des exportations, les marchés publics et les tarifs préférentiels. Abstraction faite de ces exceptions, certains pays ont déposé des réserves à légard de certaines dispositions de lAMI. Le Canada a déposé des réserves similaires à celles qui figurent dans lALÉNA. Il importe de noter que, aux termes de lALÉNA, le Canada a conservé le droit de fixer des obligations de résultat en rapport avec lexamen des investissements étrangers par Investissement Canada. De même, aux termes des réserves quil propose à légard de lAMI, le Canada pourrait, en rapport avec lexamen des investissements par Investissement Canada, imposer aux sociétés des conditions relativement aux transferts de technologie, à lemplacement des installations de production, à la réalisation de travaux de R-D, à la formation ou à lemploi de travailleurs, et à la construction ou à lagrandissement dinstallations données. Le Canada a lintention de déposer dautres réserves à légard de lAMI concernant les exemptions des droits de douane aux termes du Pacte de lautomobile, le développement pétrolier et gazier, les affaires autochtones, les affaires des minorités et le transport maritime. Pour ce qui est des trois derniers sujets, le Canada se réserverait le droit dadopter ou de maintenir nimporte quelle mesure dans ces domaines. Le Canada estime que la protection des industries culturelles est un facteur essentiel pour la préservation de lidentité canadienne. Aux termes de la Loi sur Investissement Canada, le gouvernement du Canada a le pouvoir dexaminer toutes les acquisitions dentreprises ou la création de nouvelles entreprises qui touchent le patrimoine culturel ou lidentité nationale du Canada. Les entreprises culturelles comprennent les entreprises de production, de distribution, de vente et de diffusion de films ou de produits vidéos ou denregistrements musicaux audios ou vidéos et les entreprises de production, de distribution ou de vente de livres, de revues, de périodiques, de journaux ou de musique sous forme imprimée ou lisible par machine. Le Canada a insisté pour exclure les industries culturelles de lapplication des dispositions de lAccord de libre-échange canado-américain (ALÉ) et cette exemption sest retrouvée aussi dans lALÉNA. Pour leur part, les États-Unis considèrent les produits de lindustrie de la culture comme dimportantes exportations et ils se sont réservés le droit, aux termes de lALÉ et de lALÉNA, dimposer des mesures de rétorsion si le Canada prenait dans ce secteur des mesures incompatibles avec lAccord. La culture est un des aspects les plus contentieux des négociations entourant lAMI. Trois pays au moins (le Canada, la France et la Belgique) cherchent à obtenir une exemption des industries culturelles. Le commentaire du gouvernement de la France joint au projet dexemption affirme que, en labsence dune exemption générale des industries culturelles, il sera impossible de protéger les secteurs qui exploitent les techniques nouvelles à cause de la disposition de lAMI sur le statu quo. De même, des critères de langue ou de nationalité dans les secteurs de laudiovisuel et de la presse contreviendraient aux dispositions de lAMI sur le traitement national et sur le régime de la nation la plus favorisée. La disposition dexemption des industries culturelles proposée par le gouvernement français est la suivante :
Les États-Unis sont vivement opposés à lexemption des industries culturelles, comme le montrent les remarques suivantes de porte-parole américains.
En dépit de lopposition américaine, le gouvernement du Canada a déclaré que, comme dans lALÉNA, le Canada conservera, par le biais dune exception, la capacité de protéger ses industries culturelles(44). Certaines personnes ont affirmé que le régime public dassurance-maladie du Canada serait compromis par lAMI(45). Elles ne disent pas explicitement sur quoi elles se fondent pour formuler cette affirmation, mais il pourrait sagir des dispositions de lAMI sur le traitement national et les privatisations. La disposition relative au traitement national forcerait le gouvernement à traiter les investisseurs étrangers non moins favorablement que les investisseurs canadiens en ce qui concerne létablissement, lacquisition, lexpansion, le fonctionnement, ladministration et la cession dinvestissements. La disposition relative aux privatisations le forcerait à appliquer le traitement national et le principe de la NPF à toutes les sortes de privatisations et aux transactions ultérieures concernant un actif privatisé. Aux termes de la Loi canadienne sur la santé, les soins médicaux de base doivent être offerts de façon non lucrative. En conséquence, la majeure partie des dépenses de santé sont le fait du secteur public. Aux termes de lAMI (comme en vertu de lALÉNA), le traitement national ne sappliquerait pas aux marchés publics dun gouvernement ou dune entreprise dÉtat(46). Des sociétés étrangères pourraient investir notamment dans des services de gestion dinstallations de soins médicaux et dans des maisons de repos. Cependant, le gouvernement du Canada a déposé des réserves au sujet des soins médicaux et des autres services sociaux analogues à celles qui figurent déjà dans lALÉNA. LALÉNA exempte les mesures non conformes figurant à lAnnexe I et à lAnnexe II de lapplication des dispositions relatives au traitement national, au régime de la nation la plus favorisée, aux obligations de résultats et à la composition des conseils dadministration et de la haute direction des entreprises. Aux termes de lAnnexe I, toutes les mesures non conformes courantes bénéficient dune clause de protection des droits acquis, mais une fois libéralisées, elles ne peuvent plus être rendues de nouveau restrictives. Les provinces et les États ont eu deux ans pour décrire leurs mesures non conformes(47). Aux termes de lAnnexe II, les mesures courantes non conformes et les mesures nouvelles ou plus restrictives sont exemptées (ce qui veut dire que les principes du statu quo et leffet de crémaillère ne sappliquent pas). LAnnexe II contient la liste des services sociaux (y compris les services de santé) qui échappent à lapplication des dispositions de lALÉNA concernant le traitement national (investissements et services), le régime de la NPF (services), la présence locale (services) et la composition des conseils dadministration et de la haute direction des sociétés (investissement). Les réserves de lAnnexe II sappliquent aux niveaux fédéral et provincial. Les réserves que le Canada se propose de déposer pour les services sociaux dans le contexte de lAMI sont très similaires à celles qui figurent dans lALÉNA. Le Canada a déposé des réserves en vue dexempter les services sociaux de lapplication de lAMI concernant le traitement national, le régime de la NPF, la composition des conseils dadministration et de la haute direction des sociétés et dautres articles non précisés. Comme dans le cas de celles qui figurent dans lALÉNA, les réserves précisent que le Canada se réserve le droit de maintenir ses politiques sociales actuelles ou den adopter de nouvelles. Contrairement à ce qui est le cas dans lALÉNA, cependant, ces réserves ne concerneraient que le palier fédéral. On ne sait pas encore exactement dans quelle mesure lAMI toucherait les provinces(48). Trois parties de la version provisoire de lAMI mentionnent les normes environnementales. Il y a tout dabord le préambule qui contient la résolution qui suit (entre crochets) : « mettre en oeuvre le présent accord dune manière qui est conforme aux exigences de la protection et de la conservation de lenvironnement ». Le préambule mentionne également entre crochets un « attachement à la Déclaration de Rio sur lenvironnement et le développement et à Action 21 », et il reconnaît que « linvestissement, à titre de moteur de la croissance économique, peut jouer un rôle clé en assurant la viabilité de la croissance, sil saccompagne de mesures environnementales adéquates veillant à ce quil respecte lenvironnement ». La deuxième mention de lenvironnement se trouve à la disposition traitant des obligations de résultat (paragraphe 4). Cette disposition énonce que les parties pourraient, malgré linterdiction des prescriptions relatives au contenu national ou linterdiction des prescriptions relatives aux achats nationaux, adopter ou maintenir des mesures environnementales :
La troisième mention de lenvironnement se trouve dans larticle traitant de labaissement des normes. Cet article précise que les parties reconnaissent quil ne convient pas dencourager linvestissement en abaissant les normes sur la santé, la sécurité ou lenvironnement ou en assouplissant les normes de travail. Une partie ne devrait (doit)(50) pas renoncer ni déroger, ou offrir de renoncer ou de déroger, à de telles normes dans le dessein dencourager létablissement, lacquisition, lexpansion ou le maintien dun investissement dun investisseur. Une partie pourrait demander des consultations si elle juge quune autre partie a offert un tel encouragement. Certains se sont inquiétés du fait que lAMI puisse entraîner labaissement des normes environnementales. De façon générale, cet effet pourrait être obtenu de deux façons : 1) directement, en forçant le gouvernement à changer les normes environnementales qui contreviennent à des dispositions précises de lAMI; et 2) indirectement, en facilitant les mouvements de capitaux à léchelle internationale, ce qui causerait une course au moins exigeant sur le plan des normes environnementales afin dattirer les investissements. Daprès des analyses, certains règlements environnementaux pourraient contrevenir à lAMI. Un rapport américain préparé pour la Western Governors Association précise ainsi que les lois environnementales des États de lOuest pourraient contrevenir aux dispositions de lAMI concernant le traitement national, lexpropriation, les obligations de résultats, et les incitations(51). Les aspects suivants des lois des États sur lenvironnement et la conservation ont été mentionnés dans le rapport : les limites concernant lutilisation des terres de lÉtat; les limites concernant laménagement des terres privées; la réglementation des expéditions de pétrole; les incitations à linvestissement dans les domaines de la pollution et des appareils de dépollution et les incitations à linvestissement dans les marchés des matières recyclées. Toutefois, ces préoccupations relativement aux effets de lAMI sur les politiques des États américains ne semblent pas fondées. La liste des réserves proposée par le gouvernement des États-Unis exempterait en effet toutes les mesures non conformes (dans tous les secteurs) des États et localités de lapplication des obligations contenues dans lAMI relativement au traitement national, au traitement NPF, aux obligations de résultats et aux cadres supérieurs et conseils dadministration. De plus, en ce qui touche au traitement national et au traitement NPF, les États-Unis se réserveraient le droit dadopter ou de maintenir toute mesure liée à des subventions. Au Canada, les préoccupations relatives à limpact de lAMI sur la réglementation environnementale sont en partie dues à une contestation sappuyant sur le chapitre de lAléna traitant des investissements. Cette contestation a été entreprise par la société américaine Ethyl Corporation et vise le projet de loi C-29, Loi sur les additifs à base de manganèse, qui interdit limportation et le commerce interprovincial de ladditif pour lessence appelé méthylcyclo-pentadiényl manganèse tricarbonyle (MMT). La compagnie américaine Ethyl Corporation, qui est le seul fabricant de MMT, exporte cet additif à son usine de Carruna, en Ontario, où il est mélangé à lessence. Le gouvernement canadien allègue que le MMT présente un danger pour la santé et lenvironnement et quil endommage les systèmes de dépollution des automobiles. Ethyl Corporation soutient pour sa part que rien ne prouve le bien-fondé de ces allégations et que cette loi viole lALÉNA en ce qui touche à lexpropriation et à la compensation, aux obligations de résultats et au traitement national. Certains sont davis que lAMI, en intégrant des obligations en matière dinvestissement qui sont semblables à celles incluses dans lALÉNA, augmenterait le nombre de contestations des lois environnementales canadiennes effectuées par des entreprises(52). Toutefois, le projet de loi C-29 ne constitue probablement pas un bon test pour juger de la compatibilité des lois environnementales canadiennes avec lALÉNA ou lAMI. Plutôt que dinterdire la fabrication, la vente ou limportation de MMT en vertu des pouvoirs de la Loi canadienne sur la protection de lenvironnement (LCPE), le gouvernement du Canada a plutôt choisi dimposer des restrictions commerciales au moyen du projet de loi C-29, et ce, parce quil ne croyait pas que le MMT correspondait à la définition dune substance toxique quon trouve dans la LCPE(53). Selon celle-ci, une substance est toxique si elle a un effet nocif sur lenvironnement ou si elle constitue un danger pour celui-ci, ou encore si elle présente un danger pour la vie humaine ou la santé. Lancien ministre du Commerce international, lhonorable Arthur Eggleton, a déclaré dans une lettre au ministre de lEnvironnement de lépoque, lhonorable Sergio Marchi, que linterdiction de limportation du MMT ne respecte pas les obligations du Canada en vertu de lOMC et de lALÉNA en partie parce que cette restriction ne pourrait être justifiée pour des motifs sanitaires ou environnementaux(54). Le préambule de lAMI exhorte les parties à mettre en oeuvre laccord « dune manière qui soit conforme aux exigences de la conservation et de la protection de lenvironnement ». On ne sait pas trop si le préambule de laccord a une valeur légale ou sil revêt simplement un caractère incitatif. Toutefois, il semble peu probable que le préambule lemporte sur les dispositions mêmes de lAccord qui obligeraient les parties à fournir un traitement non discriminatoire (traitement national et traitement NPF) ainsi quun traitement juste et équitable (traitement général). Dun autre côté, toute clause sur les exceptions environnementales (si lon décide den inclure une dans lAMI) nécessiterait vraisemblablement (comme cest le cas pour lOMC et lALÉNA) que les dérogations aux obligations pour des raisons environnementales soient justifiées par des motifs liés à la santé et à la sécurité et à laide de preuves scientifiques à jour. Selon le gouvernement du Canada, linterdiction du MMT ne pourrait être justifiée pour de telles raisons. Certains ont soutenu que lAMI accroîtrait la concurrence pour les investissements étrangers en facilitant les mouvements de capitaux à léchelle internationale. Selon certains, cette concurrence entraînerait une « course au moins exigeant » puisque les pays abaisseraient leurs normes environnementales ou dautres types afin dattirer des investissements étrangers(55). Cet argument a été entendu souvent à légard de la libéralisation du commerce et des investissements, mais il est difficile den établir le bien-fondé. Les preuves dont on dispose indiquent que lorsque les normes dun pays daccueil sont peu exigeantes, les filiales étrangères peuvent décider de respecter les normes plus strictes de leur propre pays(56). Comme nous lavons déjà mentionné, la version provisoire de lAMI comprend une disposition stipulant que les parties contractantes ne devraient (ou doivent) pas abaisser les normes sur la santé, la sécurité, lenvironnement ou le travail afin dattirer des investissements étrangers. Un mécanisme consultatif est prévu lorsquune partie juge quune autre a contrevenu à cette disposition. La valeur légale de celle-ci dépendra du libellé qui sera retenu - c.-à-d. si les parties contractantes ne devraient pas abaisser leur normes ou si les parties contractantes ne doivent pas abaisser leurs normes. De toute façon, on dispose de peu de preuves pour affirmer que des pressions sont exercées sur les divers pays afin dabaisser leurs normes environnementales de manière à attirer des investissements étrangers. Un examen de la documentation dans ce domaine ne permet pas daffirmer que des différences nationales dans les réglementations environnementales ont constitué un facteur important dans la modification de lemplacement des industries polluantes. « On croit quune réglementation plus sévère dans un pays entraîne une baisse de sa compétitivité et peut-être le départ dentreprises et la création de paradis de la pollution, mais les nombreuses études empiriques qui ont été entreprises afin de vérifier ces hypothèses nont trouvé aucune preuve permettant de les confirmer »(57). Comme les entreprises ne semblent pas avoir tendance à migrer vers les paradis pour pollueurs, il ny a pas de raison que les divers pays sengagent sur la voie de la déréglementation environnementale dans ce qui deviendrait une « course au moins exigeant ». Cette situation sexplique peut-être par le fait que pour la plupart des industries, le respect de la réglementation environnementale entraîne des coûts relativement peu élevés par rapport à lensemble de leurs coûts. Une étude faite pour le représentant au Commerce des É.-U. a montré que les coûts de la lutte à la pollution ne représentent en moyenne que 1,1 p. 100 de la valeur ajoutée pour toutes les entreprises américaines et que ces coûts étaient de 2 p. 100 ou moins pour 86 p. 100 de ces entreprises(58). Une étude menée par Dun and Bradstreet Canada pour Environnement Canada a donné des résultats semblables. Elle a ainsi montré que 80 p. 100 des sociétés canadiennes consultées consacraient entre 0 et 2 p. 100 de leur budget à la protection de lenvironnement(59). « En général, les règlements environnementaux actuels ne semblent pas nuire à la compétitivité des entreprises au Canada ».(60) Une autre raison qui pourrait expliquer que les entreprises ne migrent pas vers des paradis pour pollueurs est que les multinationales semblent peu enclines à ternir leur réputation en utilisant des processus de production peu respectueux de lenvironnement. De plus, si lentreprise sattend à ce que les normes environnementales du pays daccueil soient plus strictes dans un avenir rapproché, il peut se révéler avantageux danticiper ce développement et dimporter immédiatement les plus récentes technologies plutôt que de devoir rénover une usine ultérieurement. E. Application des dispositions de lAMI aux provinces Comme nous lavons déjà mentionné, les négociateurs sattendent à ce que lAMI sapplique à pratiquement toutes les mesures gouvernementales (lois, règlements et méthodes administratives) prises à tous les paliers de gouvernement (central, fédéral, État, provincial et local). Le gouvernement du Canada déclare quil a abondamment consulté les provinces tout au long des négociations relatives à lAMI(61). Toutefois, on ne sait pas trop encore si les négociateurs réussiront à obtenir lapplication de lAMI aux paliers de gouvernement infranationaux. Il faudra déterminer si
LUE a proposé que larticle sur le traitement national soit modifié de manière à préciser que dans les cas où une entité infrafédérale accorde à ses propres investisseurs et à leurs investissements un traitement plus favorable quelle naccorde aux investisseurs et investissements provenant dautres entités infrafédérales de la même partie, le traitement le plus favorable doit être étendu aux investisseurs de lautre partie contractante. Si cette modification est acceptée, elle pourrait théoriquement faire en sorte que des investisseurs étrangers soient traités dune manière plus favorable que des investisseurs provenant dune autre province ou dun autre État du même pays. Le gouvernement du Canada a indiqué que les dispositions de lAMI sappliqueront aux mesures de compétence provinciale si lon parvient à établir un équilibre global satisfaisant entre les divers droits et obligations dans le texte de lAMI. Si laccord définitif ne vise pas des secteurs relevant de la compétence des provinces, les divers gouvernements provinciaux devront décider si lAMI sappliquera à ces secteurs et dans laffirmative, à quelles mesures. Les provinces pourraient alors déposer des réserves concernant certaines mesures ne respectant pas les dispositions de laccord. En mars 1996, le président Bill Clinton a sanctionné la Cuba Liberty and Democratic Solidarity (« LIBERTAD ») Act de 1996, aussi connue sous le nom de loi Helms-Burton. Cette mesure législative prévoit entre autres : a) donner aux
citoyens américains le droit de poursuivre des citoyens étrangers qui
font le commerce de b) interdire
la délivrance dun visa pour les États-Unis aux citoyens étrangers
qui font le commerce de c) interdire
le financement par des banques américaines de transactions concernant
des biens expropriés d) codifier les sanctions américaines prises à légard de Cuba; e) exhorter
le président à poursuivre les efforts afin dobtenir un embargo international
contre Cuba et à
Le Canada a protesté contre la portée extraterritoriale de la loi Helms-Burton et a lancé une campagne dopposition à celle-ci. En janvier 1997, des modifications apportées à la Loi sur les mesures extratepritoriales étrangères du Canada sont entrées en vigueur. Ces modifications permettront de sassurer que les jugements rendus en vertu de la loi Helms-Burton ne seront pas appliqués ou reconnus au Canada et que les Canadiens pourront récupérer devant des tribunaux canadiens les montants adjugés par des cours américaines ou encore les frais juridiques et les dommages liés aux poursuites intentées en vertu de la loi Helms-Burton. Le Canada participe également à titre de pays tiers à la contestation de cette loi par lUE devant lOMC. Le Canada a tenu des consultations avec les États-Unis dans le cadre de lALÉNA et soulevé cette question devant des organisations internationales comme lOrganisation des États américains et lOCDE. Le Canada sest fortement opposé à la loi Helms-Burton lors des négociations de lAMI.
Pratiquement tous les pays membres de lOCDE ont appuyé la position adoptée par le Canada et voulant que lAMI interdise le boycottage dentreprises qui investissent dans des pays tiers(65). LUE a proposé un projet darticle sur les boycottages dinvestissements secondaires (basé sur une proposition canadienne) qui précise ce qui suit : « Aucune partie contractante ne peut prendre de mesures qui i) imposent ou peuvent servir à imposer une responsabilité à des investisseurs ou à un investissement dinvestisseurs dune autre partie contractante; i) ou interdit de faire affaire avec des investisseurs dune autre partie contractante ou impose des sanctions dans ces cas-là »(66). En raison des changements technologiques et de diverses politiques, la mondialisation du commerce et des investissements est devenue une réalité. Laccroissement du mouvement des investissements à léchelle internationale a été extrêmement rapide au cours des 20 dernières années à la suite de la levée des restrictions concernant les capitaux, de la libéralisation des marchés financiers, de la baisse des coûts des transactions et de la création de nouveaux instruments financiers. Même si les règles du commerce multilatéral existent depuis 1948, année de création du GATT, on na pas encore établi une série équivalente de règles multilatérales pour régir les investissements. Comme nous lavons indiqué plus tôt, il faut négocier un accord multilatéral sur linvestissement pour trois raisons principales : tirer profit de la mondialisation; gérer les pressions liées à la mondialisation; et réduire la complexité et étendre la portée du régime international en matière dinvestissement. La négociation dun AMI laisse entendre quil y a des avantages à tirer des investissements internationaux intérieurs et extérieurs. Pour le pays daccueil, ces investissements peuvent se traduire par une progression de lemploi, un accroissement de la production économique, une amélioration de la productivité, une augmentation des salaires et une intensification de lactivité économique dans les industries de soutien. Pour les entreprises du pays investisseur, les investissements extérieurs fournissent le moyen de se rapprocher des marchés dexportation étrangers, en particulier lorsquil sagit de vendre des services qui nécessitent une présence commerciale locale. Les investissements extérieurs permettent également à la société-mère de rationaliser les diverses phases de la production internationale dune manière efficiente. La majeure partie de lAMI semble destiner à permettre aux parties de tirer profit des investissements extérieurs. Les règles sur le traitement national, le traitement NPF, les obligations de résultat, le traitement général, lexpropriation et la compensation, etc., visent à empêcher les pays daccueil dexercer une discrimination à lendroit des investissements étrangers. Ces considérations deviennent de plus en plus importantes pour le Canada puisque les IDE que le Canada effectue à lextérieur du pays se comparent dorénavant aux IDE que les pays étrangers effectuent au pays. Toutefois, lAMI accorde beaucoup moins dimportance aux pressions et coûts associés aux investissements étrangers. Lintensification de la concurrence afin dattirer les investissements étrangers a parfois donné lieu à des surenchères entre les pays, États ou provinces offrant des incitations afin de séduire les investisseurs étrangers. Même si ces incitations profitent aux entreprises qui en bénéficient, elles provoquent une distorsion des mouvements de capitaux internationaux et peuvent se révéler coûteuses pour les pays daccueil. Dans le domaine des incitations à linvestissement, larticle quon propose dinclure dans lAMI requiert uniquement un traitement non discriminatoire (traitement national, traitement NPF) et des consultations lorsquune partie contractante juge quune incitation à linvestissement a un effet nocif sur ses investisseurs. Cette disposition précise en outre que dautres négociations seront tenues dans les trois années suivantes « afin déviter et de réduire ces effets de distorsion et également déviter une concurrence excessive que les parties contractantes se livraient pour attirer ou conserver les investissements »(67). Une disposition plus sévère limitant le recours aux incitations à linvestissement aurait permis daccroître les avantages liés aux investissements pour les pays daccueil et de réduire au minimum les distorsions économiques associées à ces incitations. LAMI ne traite pas dautres pressions qui pourraient être associées à la mondialisation comme les problèmes de concurrence et de corruption internationale. Toutefois, lOCDE sest déjà penchée sur ces questions. Dans le domaine de la politique de concurrence, tant le Comité du droit et de la politique de la concurrence de lOCDE que le Groupe de travail sur les relations entre le commerce et la politique de concurrence de lOMC réfléchissent à ces questions. En ce qui touche la corruption dans les transactions commerciales, le Conseil de lOCDE a décidé en mai 1997 dentreprendre des négociations sur une éventuelle convention visant à criminaliser les pots-de-vin offerts aux agents publics étrangers. Lobjectif est de compléter les négociations dici la fin de 1997 pour que la convention puisse entrer en vigueur le plus tôt possible en 1998. Le Conseil de lOCDE a aussi exhorté les divers pays membres à mettre en oeuvre le plus rapidement possible la Recommandation sur la déductibilité fiscale des pots-de-vin qui a été formulée en 1996. On a soutenu que les pressions liées à la mondialisation entraîneront une « course au pays le moins exigeant » dans le domaine des normes internationales. Toutefois, dans le cas des normes environnementales, peu dindices nous laissent croire que les entreprises migrent vers des paradis pour pollueurs. Par conséquent, il est difficile de voir pourquoi les gouvernements se verraient forcés dabaisser leurs normes environnementales afin dattirer des IDE. Les craintes voulant que les lois environnementales aillent à lencontre de lAMI ne sont pas fondées. Ainsi, aux États-Unis, le gouvernement fédéral a déposé des réserves qui visent pratiquement toutes les lois adoptées par les divers États et localités. On ne sait pas trop si le gouvernement du Canada déposera des réserves générales semblables pour les lois adoptées par les gouvernements provinciaux et locaux. Certains croient que les lois environnementales canadiennes contreviendraient à lAMI en raison dune contestation quun investisseur a présentée dans le cadre de lALÉNA parce quune loi canadienne impose des restrictions commerciales à légard du MMT, un additif pour lessence. Toutefois, cette loi ne constitue probablement pas un bon test pour juger de la compatibilité des lois environnementales canadiennes avec lAMI. Comme lancien ministre du Commerce international la reconnu, ces restrictions ne peuvent être justifiées pour des raisons sanitaires ou environnementales. De plus, le MMT ne répond pas à la définition dune substance toxique que lon trouve dans la loi canadienne sur lenvironnement. La mondialisation pourrait aussi avoir pour effet dexercer des pressions sur lemploi et les salaires dans les pays industrialisés. Un certain nombre détudes(68), notamment celles de lOCDE, ont permis de constater quun accroissement des importations en provenance des économies émergentes a entraîné une baisse du salaire relatif et une diminution de lemploi pour les travailleurs non qualifiés. Les avis sont toutefois encore très partagés quant à leffet que linvestissement étranger a sur lemploi et les salaires, et beaucoup dautres travaux seront nécessaires pour bien comprendre cette relation(69). De toute façon, peu danalystes croient que limposition de restrictions au commerce ou aux investissements constitue une mesure appropriée pour faire face à la mondialisation. La plupart soulignent quil faut plutôt adopter des politiques sur lemploi qui sont constructives (recyclage, subventions pour favoriser la migration et diverses formes de subventions salariales) et qui sont susceptibles daider les travailleurs à se préparer à occuper de nouveaux emplois(70). LAMI réduira la complexité de lensemble hétéroclite daccords bilatéraux et plurilatéraux sur les investissements. Comme nous lavons déjà mentionné, les questions liées aux investissements sont régies par une multitude dinstruments internationaux dont environ 900 traités bilatéraux sur les investissements, les Codes de libéralisation et la Déclaration de lOCDE, les accords de lOMC, et des accords commerciaux régionaux comme lALÉNA et le traité de lUE. Ces règles conflictuelles peuvent créer une certaine incertitude pour les multinationales quant au traitement réservé aux investissements directs étrangers. Ladoption dun traité suprême sur les investissements permettrait non seulement de réduire la complexité des règles visant les investissements, mais également détendre le champ dapplication de ces règles et de disposer dun meilleur outil de libéralisation des investissements. Une partie de la controverse sur lapplication de lAMI aux obligations de résultat, aux industries culturelles, aux programmes sociaux (notamment aux soins de santé), et aux paliers de gouvernement infranationaux est attribuable au fait que les négociations ne sont pas encore terminées. Ainsi, lexception pour le secteur culturel est toujours en train dêtre négociée et de nombreuses personnes ne semblent pas être conscientes des réserves que le gouvernement du Canada a déposées à légard de dispositions précises de lAMI. Ces réserves ressemblent beaucoup à celles qui avaient été déposées par le Canada dans le cadre de lALÉNA et qui figurent dans les annexes I et II de cet accord. Ainsi, en vertu de lALÉNA, le Canada a conservé le droit de demander à Investissement Canada dexaminer les investissements étrangers et détablir certaines obligations de résultats en rapport avec ces examens. De plus, les programmes sociaux du Canada ont été exemptés, et les lois et règlements des provinces qui auraient contrevenu à laccord ont pu être maintenus. Sous de nombreux aspects, lAMI est une version multilatérale du chapitre sur les investissements de lALÉNA. Les obligations quon propose dinclure dans lAMI ressemblent beaucoup à celles qui figurent dans lALÉNA tout comme dailleurs les exceptions et les réserves que le Canada a lintention de demander et de déposer. (1) Gouvernement du Canada, ministère des Finances, Les négotiations dUruguay de lAccord général sur les tarifs douaniers et le commerce : évaluation des répercussions économiques sur le Canada, août 1994, p. 16. (2) Richard G. Harris, Globalization: A Critical Survey, rapport préparé pour le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères, septembre 1994, p. 21. (3) Ce rapport aurait augmenté de façon beaucoup plus marquée, mais les services non échangeables ont connu une croissance plus rapide que les biens échangeables au cours de la période. (FMI, Perspectives de léconomie mondiale, mai 1997, Wahington (D.C.), 51) (4) Ibid., p. 67. (5) CNUCED, World Investment Report 1996, Investment, Trade, and International Policy Arrangments, New York, Nations Unies, p. xiv. (6) Ibid., p. 4. (7) Ibid. (8) Ibid., p. 5, 9. (9) Voir : Daniel Schwanen, « Investment and the Global Economy: Key Issues in Rulemaking », dans Investment Rules for the Global Economy: Enhancing Access to Markets, Pierre Sauvé et Daniel Schwanen (éd.), Toronto, Institut C.D. Howe, 1996. (10) Voir par exemple Christopher C. Beckman, Foreign Investment in Canada II - The Foreign Investment Review Agency: Images and Realities, Étude no 84, Le Conference Board du Canada, novembre 1984. (11) Voir par exemple Keith Head et John Ries, « Rivalry for Japanese Investment in North America » , dans Richard G. Harris (éd.), The Asia Pacific Region in the Global Economy: A Canadian Perspective, Calgary, University of Calgary Press, 1996. (12) « Canada Losing Foreign Investment Battle », Foreign Investment in Canada News, Report Bulletin, IC130, novembre 1996, p. 4. (13) Ibid. (14) Ibid. (15) Une étude révèle quentre 1981 et 1984, les filiales canadiennes faisant affaire aux États-Unis ont acheté auprès de leurs sociétés-mères au Canada pour environ cinq fois plus que ce quelles ont vendu à ces dernières, ce qui équivaut à un déficit de quatre milliards de dollars US du point de vue américain. (Alan Rugman, Multinationals and Canada-United States Trade, University of South Carolina Press, 1990, p. 68.) (16) Secrétariat de lOMC, The Link between Trade and Foreign Direct Investment, octobre 1996. (17) Renato Ruggiero (Directeur général, Organisation mondiale du commerce), « Foreign Direct Investment and the Multilateral Trading System », dans Transnational Corporations, vol. 5, no 1 avril 1996, p. 1 (traduction). (18) Schwanen (1996), p. 4 (traduction). (19) Par exemple, les aides gouvernementales à GM pour que celle-ci installe son usine Saturn au Tennessee, en 1985, équivalaient à 27 000 $ US par employé. Huit ans plus tard, en 1993, Mercedes Benz a bénéficié de mesures incitatives évaluées à 167 000 $ US par employé pour installer une usine en Alabama. (CNUCED, Rapport sur linvestissement dans le monde 1995, Les sociétés transnationales et la compétitivité, New York, Nations Unies, p. 296-297.) (20) Par exemple, voir le témoignage des représentants de la société NOVA devant le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères, fascicule no 20, 6 février 1997. (21) Groupe de travail de lOCDE sur lemploi, Chapter 6 : Trade Earning and Employment : Assessing the Impact of Trade with Emerging Economies on OECD Labour Markets, 3 mars 1997, p. 5. (22) OCDE, Les effets des échanges et des investissements directs à létranger sur lemploi et les salaires relatifs, vol. III, no 32, Documents de travail de lOCDE, Paris 1995, p. 26 (traduction). (23) Alister Smith, « Élaboration dun Accord multilatéral sur linvestissement à lOCDE : examen préliminaire », Vers des règles multilatérales sur linvestissement, Documents lOCDE, 1996, p. 31. (24) Ibid. (25) Dans tout le document, la version provisoire de lAMI à laquelle on renvoie est celle en date du 14 mai 1997 (DAFFE/MAI(97)REV2) (Nota : Il ne semble pas y avoir de version française du DAFFE/MAI (97) REV2. Par contre, il existe une autre version provisoire de lAMI en version anglaise et en version française (DAFFE/MAI/NM/(97)1). Lorsque le DAFFE/MAI(97)REV2 est cité dans le présent texte, nous avons établi une traduction en nous fondant, toutes les fois que cétait possible, sur la version française du DAFFE/MAI/NM(97)1). (26) Robert Ley, « The Scope of the MAI », Symposium sur lAMI, 3-4 avril 1997, Séoul (Corée) (traduction). (27) Voir plus loin les « Problèmes soulevés par lAMI ». (28) Le Canada, le Mexique et les États-Unis ont déposé une réserve quant à lapplication de cette disposition aux membres des conseils dadministration. (29) Le Canada na pas encore arrêté sa position au sujet du paragraphe g). (30) Le Canada na pas encore arrêté sa position au sujet des paragraphes k) et l). (31) Le Canada a aussi proposé que le paragraphe 1a) fasse également lobjet dune exception dans le cas des incitations à linvestissement. Cela apparaît nécessaire pour couvrir entre autres les programmes de soutien des exportations de produits agricoles et les programmes de promotion des exportations. (32) Le Canada propose linclusion du paragraphe 1a). (33) La disposition proposée est entre crochets. (34) La disposition proposée est entre crochets. (35) Plusieurs amendements sont proposés qui prévoient des dispositions spéciales relativement aux actions. (36) Version provisoire de lAMI, p. 46. (37) On hésite encore entre le présent et le conditionnel. (38) LAMI nentraînerait pas la disparition automatique des restrictions relatives aux investissements dans le secteur financier canadien. Laccès au secteur canadien des services financiers sera déterminé par les négociations sur les services financiers aux termes de lAGCS. Le Canada a déposé des réserves dans le secteur des services financiers à légard des obligations concernant le traitement national et le régime de la nation la plus favorisée. Ces réserves permettraient au Canada de maintenir 1) les restrictions quant à la nationalité des membres des conseils dadministration des institutions financières canadiennes et 2) lobligation dobtenir lautorisation du Ministre pour ouvrir plus dune succursale bancaire. Le Canada se réserve aussi 1) le droit dadopter ou de maintenir toute mesure concernant létablissement de succursales directes de banques étrangères au Canada et 2) le droit dinterdire lentrée dinstitutions financières étrangères sur son marché à moins quun traitement aussi favorable ne soit accordé aux institutions canadiennes sur le territoire de lautre partie concernée. (39) Le paragraphe d) ne contient aucun texte, mais une note précisant que dautres paragraphes ne deviendraient nécessaires que sil reste des affaires en suspens à la fin des négociations, lesquelles seraient alors confiées au Groupe préparatoire. (40) Voir par exemple, Tony Clarke, MAI-DAY!, The Corporate Rule Treaty, avril 1997. (41) Version provisoire de lAMI, p. 167. (42) Alan P. Larson, secrétaire dÉtat adjoint aux affaires économiques et commerciales, « The Move Toward Global Rules on Investment », Economic Perspectives, vol. 2, avril 1997, p. 7 (traduction). (43) Wendy Cutler, représentante américaine adjointe au commerce extérieur pour les questions dinvestissement, de services et de propriété intellectuelle, « Trade-Related Investment Measures and Economic Development », interview dans Economic Perspectives, vol. 2, avril 1997, p. 12 (traduction). (44) Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (site Web), Accord multilatéral sur linvestissement (AMI), Décembre 1996, p. 3. (45) Voir : « Next Election, Your Vote May Be Irrelevant...The New Multilateral Agreement on Investment Gives the Corporations So Much Power, Parliament Wont Matter », Communiqué du Council of Canadians. (46) Selon des estimations effectuées à la fin des années 80, environ les trois quarts des dépenses de santé sont effectués par le secteur public. Le quart environ du reste des dépenses ne vise pas des services, mais des biens comme des médicaments et des appareils, fournis en dehors des hôpitaux. (Carolyn Tuohy, « Implications of the Canada-U.S. Free Trade Agreement for the Health Services Sector in Canada », dans Marc Gold et David Leyton-Brown (éd.), Trade-Offs On Free Trade, Toronto, Carswell, 1988.) (47) Cette échéance a par la suite été supprimée. (48) Voir la section E plus loin. (49) Version provisoire de lAMI. (50) On débat encore de lutilisation des termes « devrait » ou « doit ». (51) Western Governors Association, Multilateral Agreement on Investment: Potentiel Effects on State and Local Government, Denver (Colorado), 1997, p. 14-18. (52) Tony Clarke, MAI-DAY!, The Corporate Rule Treaty, avril 1997, p. 11. (53) Voir le témoignage de M. H.A. Clark, sous-ministre adjoint, Environnement Canada, devant le Comité sénatorial permanent de lénergie, de lenvironnement et des ressources naturelles, 4 février 1997, p. 28-29. (54) Lhonorable Arthur Eggleton, ministre du Commerce international, Lettre à lhonorable Sergio Marchi, ministre de lEnvironnement, 23 février 1996. Le ministre du Commerce international a aussi signalé que le projet dinterdiction de limportation ne respectait pas les obligations commerciales du Canada parce que la loi ninterdirait pas également la production, la vente ou lutilisation du MMT au pays. Le ministre a de plus ajouté que la société « Ethyl Corp. pourrait soutenir quune telle interdiction équivaut à lexpropriation de ses avoirs au Canada. Ainsi, le Canada pourrait également sexposer à une contestation par un investisseur dun État en vertu du chapitre 11 de lALÉNA ». (55) The Preamble Centre for Public Policy, The Multilateral Agreement on Investment: A Bill of Rights for International Investors?, juin 1997, p. 2. (56) Voir par exemple le témoignage de NOVA Corporation devant le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères (6 février 1997, fascicule no 20, p. 82). Les représentants de la compagnie ont déclaré au Comité que dans le domaine de lenvironnement, de la sécurité, de la santé et de la gestion des risques. les filiales étrangères de NOVA adoptent les normes les plus sévères, quil sagisse de celles du pays daccueil ou des normes canadiennes . (57) Judith M. Low, « Trade and the Environment: A Survey of the Literature », dans Patrick Low (éd.), International Trade and the Environment, Washington (D.C.), World Bank Discussion Papers, 1992, p. 27 (traduction). (58) Office of the United States Trade Representative, Review of U.S.-Mexico Environmental Issues, Washington (D.C.), 25 février 1992. (59) Comité dexamen environnemental de lALÉNA, Accord de libre-échange nord-américain. Examen environnemental du Canada, Ottawa, Gouvernement du Canada, octobre 1992, p. 69. (60) Ibid. (61) Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (site web), Laccord multilatéral sur linvestissement (AMI), Décembre 1996, p. 4. (62) Version provisoire de lAMI, Mesures infranationales (projet darticle), p. 169. (63) Canadian Statement on the Helms-Burton to the Negotiating Group of the MAI, 14 et 15 mars 1996, p. 3 (traduction). (64) Ibid., p. 5 (traduction). (65) « Canada Proposes OECD Disciplines on Extraterritorial Measures », Inside U.S. Trade, vol. 14, no 27, 5 juillet 1997, p. 8. (66) Version provisoire de lAMI, p. 165 et 166. (67) Ibid., p. 46. (68) Pour avoir une idée de ces études, voir : Richard G. Harris, Globalization: A Critical Survey (1994). (69) OECD, Les effets des échanges et des investissements directs à létranger sur lemploi et les salaires relatifs, Vol. III, no 32, OECD Working Papers, Paris 1995, p. 25. (70) Ibid., p. 26. |