BP-464F
LA COMMUNITY REINVESTMENT ACT
(CRA) :
Rédaction : TABLE DES MATIÈRES LOBJET
DE LA CRA ET LE MANDAT CONFIÉ LES MODIFICATIONS LÉGISLATIVES LES RENSEIGNEMENTS FOURNIS AU PUBLIC CONCLUSION : TRANSITION ET AVENIR LA COMMUNITY REINVESTMENT ACT
(CRA) : Les institutions financières telles les banques et les institutions dépargne (thrifts) qui font des affaires aux États-Unis sont assujetties, depuis plusieurs décennies, à un mécanisme fédéral de surveillance qui vise à les encourager à offrir le financement dont les collectivités ont besoin. En effet, au cours des années 70, les appréhensions de plus en plus fortes à légard des institutions financières ont poussé le Congrès américain à adopter une série de lois axées sur laccès équitable au crédit (« fair lending ») et visant la résolution de problèmes de nature discriminatoire. Deux de ces lois, la Fair Housing Act (FHA) et la Equal Credit Opportunity Act (ECOA), interdisent la discrimination en matière de prêts résidentiels ou de tout genre de transactions de crédit sur la base de caractéristiques individuelles; pour sa part, la Community Reinvestment Act (CRA), qui comporte des incitatifs anti-discriminatoires et des incitatifs au développement collectif a pour objet dencourager les prêteurs à répondre aux besoins de crédit du marché local, y compris ceux des zones à revenu faible ou modéré. Les données utilisées dans le cadre des vérifications effectuées en application de la CRA, de la FHA et de la ECOA, sont obtenues en vertu de la Home Mortgage Disclosure Act (HMDA), laquelle permet aux organismes de réglementation ainsi quau public de disposer de renseignements utiles à la détection de pratiques discriminatoires. De toutes les lois adoptées à cette époque, la CRA occupe une place particulière. Elle donne aux organismes de surveillance du secteur financier un mandat réglementaire et des pouvoirs de persuasion qui vont au-delà des critères traditionnels dordre financier et se veulent en accord avec leurs responsabilités dassurer la santé et la solidité du système financier. Au cours des années 90, la CRA et ses règlements ont fait lobjet dune révision en profondeur au moment où dautres programmes ont été créés pour procurer un appui financier ainsi que des récompenses aux institutions qui répondaient bien aux objectifs de la Loi. Cette révision a mené à des modifications législatives qui sont entrées en vigueur graduellement jusquen juillet 1997. Ainsi, en vertu de la loi révisée, des milliers dinstitutions financières américaines continuent dêtre fortement encouragées à recueillir des données qui sont regroupées, publiées et utilisées dans le cadre dévaluations de rendement. Les renseignements que fournissent les institutions financières dans le cadre de leur évaluation sont présentés sur la base des groupes de recensement, dont les régions statistiques métropolitaines selon limportance du revenu et de quelques autres données qui les caractérisent. De plus, les évaluations sur le rendement tiennent compte des activités (généralement de prêt, dinvestissement et de service) des institutions réglementées. Ces activités sont pointées à laide de tests ou précisées dans le cadre dun plan stratégique dûment approuvé. Le rendement des institutions qui demandent que leurs activités soient élargies ou modifiés est pris en compte par les organismes de réglementation chargés de lapplication de la CRA. Dans le présent document, nous examinons brièvement les principaux aspects de cette loi américaine. LOBJET DE LA CRA ET LE MANDAT CONFIÉ La CRA a pour objet premier dinterdire les manquements à loffre de crédit qui pénaliseraient des zones où la population a un revenu faible ou modéré. Pour ce faire, elle oblige quatre organismes fédéraux américains de surveillance du système financier à prendre les mesures réglementaires nécessaires pour encourager leurs membres, soit les banques et les thrifts, à aider les collectivités locales à répondre à leurs besoins de crédit, conformément à de saines pratiques financières. Ces quatre organismes de réglementation sont, pour les banques, le Comptroller of the Currency, le Board of Governors of the Federal Reserve System et le Federal Deposit Insurance Corporation, et, pour les institutions dépargne, le Director of the Office of Thrift Supervision. La CRA prévoit, pour ces organismes, des activités qui sajoutent aux pouvoirs qui leur reviennent généralement. En vue dencourager leurs institutions membres à répondre aux besoins de crédit des collectivités locales quelles sont appelées à servir, les quatre organismes de surveillance doivent, en vertu de la CRA :
Parce quils doivent tenir compte du rendement des institutions quils surveillent en vertu de la CRA avant dagréer aux demandes que celles-ci doivent présenter pour obtenir une charte, ou mener des activités ayant trait à lassurance-dépôts, à leurs succursales ou à leurs plans de fusionnement, les organismes de surveillance disposent dun outil de persuasion quils peuvent brandir, à loccasion. Le tableau suivant présente de façon plus détaillée les activités qui nécessitent lagrément des organismes de surveillance dans le cadre de la CRA.
La CRA prévoit que les demandes présentées par les institutions financières pour modifier certaines de leurs activités doivent être évaluées par les organismes de surveillance appropriés, à la lumière des résultats de rendement obtenus pour répondre aux besoins de crédit de la communauté, y compris les zones où le revenu de la population est faible ou modéré. Or, les institutions financières qui présentent des demandes et qui sont évaluées en vertu de la CRA réussissent généralement à obtenir lagrément de lorganisme de surveillance responsable. De plus, la Loi ne dit rien sur les mécanismes de persuasion pouvant sexercer sur les institutions financières assujetties à la CRA qui nont pas à présenter de demandes particulières pour tenir leurs activités au cours dune période donnée. Des pressions provenant du marché et de groupes à la défense du développement communautaire contribuent probablement à stimuler la collaboration de lensemble des institutions réglementées dans le cadre de la CRA. LES MODIFICATIONS LÉGISLATIVES Après son adoption en 1977, la CRA a subi plusieurs modifications en raison de changements apportés à dautres lois. De plus, en 1993, à la demande du président américain, les organismes de réglementation ont entrepris de réviser leurs règlements afin de les orienter davantage vers un système dévaluation basé sur le rendement, particulièrement dans les zones où le revenu de la population est faible ou modéré. En mai 1995, après deux propositions de règlements et de nombreux commentaires, les organismes de surveillance visés par la Loi ont présenté de nouveaux règlements révisés. La réglementation révisée et promulguée en mai 1995 na pas modifié les mesures coercitives prévues par la CRA, mais les nouveaux critères prévus comportent un processus qui se veut davantage axé sur :
Au cours de la période de mise en uvre de la nouvelle réglementation prise en vertu de la CRA, qui sest échelonnée jusquen juillet 1997, dautres mesures législatives axées sur le développement communautaire ont été mises de lavant. Ainsi, en 1994, le Congrès a créé un fonds qui vise les institutions financières axées sur le développement communautaire. Il sagit du Community Development Financial Institutions (CDFI), un fonds qui vise à élargir laccès au crédit et aux services financiers, en particulier, dans les localités démunies. Le fonds est scindé en deux programmes(1), dont lun porte le même nom que le programme principal et fournit une aide technique et financière à une gamme dinstitutions financières axées sur le développement communautaire; lautre programme est le Bank Enterprise Award (BEA), qui consiste à récompenser les banques qui viennent en aide, par le moyen de partenariats, aux institutions financières dont la vocation est le développement communautaire. Selon un rapport du General Accounting Office (1998) portant sur ces programmes de développement communautaire, certaines banques affirment que lobligation de se conformer aux exigences réglementaires de la CRA explique en partie leur bonne propension à investir dans les institutions financières pour le développement communautaire et dans des localités démunies que vise le Fonds CDFI. LES RENSEIGNEMENTS FOURNIS AU PUBLIC Les organismes de surveillance ne sont pas seuls à rendre compte publiquement des rapports dévaluation quils produisent. La réglementation quils mettent de lavant incite les institutions financières à fournir certains renseignements au public, ainsi quà faciliter la participation de celui-ci au processus dévaluation ou dapprobation des demandes quelles présentent. Les organismes de surveillance font généralement rapport sur les cas où des plaintes et des oppositions sont présentées par le public mais il en résulte rarement un impact sur lévaluation finale ou sur lagrément de demandes. Dans son rapport annuel pour 1997, le Federal Reserve Board précise avoir tenu compte des objections du public dans un certain nombre de cas pour lesquels il a procédé à des évaluations en vertu de la CRA :
Un rapport de la Banque centrale de Chicago (Federal Reserve Bank of Chicago) publié en mars 1998 et accessible sur lInternet fournit un indice des renseignements mis à la disposition du public par suite des évalutations que mènent les organismes de surveillance auprès de leurs membres. Le rapport montre quil existe une correspondance entre la répartition du crédit et la densité des entreprises dans une région donnée. Par ailleurs, on trouve à partir des données de 1996 que pour une région de recensement segmentée en secteurs à tranches de revenu variables, la part des prêts dans les zones à revenu faible ou modéré est inférieure à la proportion des entreprises qui sy trouvent. Selon le rapport, les résultats obtenus pour le district de Chicago en 1996 reflètent ceux obtenus à partir des données nationales et montrent que dans les secteurs à revenu faible ou modéré, le nombre de prêts pour 100 entreprises correspond à une fraction (entre 60 et 90 p. 100) des prêts dénombrés pour 100 entreprises dans lensemble de la région de recensement. Les nouveaux règlements sappliquent différemment selon que linstitution financière est petite ou non et selon le type dactivités quelle mène ou ne mène pas (consulter lencadré pour de plus amples détails sur les tests utilisés pour lévaluation du rendement). En général, les organismes de surveillance vérifient dans quelle mesure leurs membres atteignent les objectifs de la CRA, en procédant à une évaluation globale basée sur trois tests, soit un sur les prêts, un sur les services de détail et de développement communautaire, et un sur les investissements (dans la mesure où les activités évaluées ne lont pas déjà été lors du test des prêts ou des services). Chaque institution financière a la possibilité dopter pour une approche de rechange qui consiste à procéder par plan stratégique, dans la mesure où lorganisme de surveillance approprié ly autorise. À titre indicatif, disons que pour 1997 le système de la Réserve fédérale a procédé à 586 évaluations, dont 460 ont été conduites à laide de critères applicables aux petites banques; 86 institutions ont pu, pour la dernière fois, se prévaloir des anciennes règles et 39 ont été évaluées à laide des tests généraux sur les prêts, les investissements et les services. Par ailleurs, une banque a vu son plan stratégique approuvé, tandis que quatre institutions ont été autorisées à être désignées institutions « de gros » et ont pu être évaluées en conséquence. ENCADRÉ ÉVALUATION ET CRITÈRES DE RENDEMENT : LES TESTS En général les tests tiennent compte de la quantité et de la qualité (nombre, montant, proportion, concentration, originalité, pertinence, etc.) des activités offertes dans une zone géographique donnée ou pour certains types de clientèle, particulièrement celles dont le revenu est faible ou modéré. Les données sur les prêts revêtent une importance particulière pour l'évaluation générale, même si les résultats des évaluations effectuées au moyen dautres tests peuvent influer sur l'évaluation globale d'une institution. Les règlements prévoient des exigences particulières pour la collecte et pour la présentation de données selon qu'il s'agit d'activités visant les petites entreprises et le développement communautaire ou dactivités relatives aux prêts hypothécaires ou encore aux prêts à la consommation. En général, les exigences varient selon la taille de l'institution financière réglementée, mais visent à déterminer la localisation du prêt, le nombre de prêts et lampleur de ceux-ci selon divers critères, ainsi qu'à procurer un indice de la taille de l'entreprise emprunteuse. Certains types d'institutions financières peuvent, à certaines conditions, se prévaloir d'autres formes d'évaluations réglementées. Une évaluation particulière est prévue pour les petits prêteurs, mais ceux-ci peuvent choisir de ne pas s'en prévaloir s'ils répondent aux exigences prévues en vertu du trio de tests général (prêts/investissements/services) ou décident dadopter une approche par plan stratégique. Les institutions dont les activités ne comprennent pas les hypothèques résidentielles, les prêts aux petites entreprises, y compris celles du secteur agricole, ni les prêts à la consommation offerts au détail, sont assujetties à un test de développement communautaire, à moins qu'elles ne choisissent l'approche par plan stratégique. Le test pour les petits prêteurs vise à alléger le fardeau réglementaire à leur endroit et ne vise que les institutions dont l'actif total est inférieur à 250 millions de dollars US et qui sont indépendantes, ou des institutions affiliées à une compagnie de holding dont les actifs sont inférieurs à un milliard de dollars US. Ce test pour petites institutions comporte une évaluation basée, entre autres, sur un ratio des prêts sur les dépôts, sur le pourcentage de prêts accordés dans la zone géographique examinée, sur les tranches de revenu des emprunteurs et sur la taille de leurs entreprises clientes, sur la répartition géographique des prêts de l'institution, ainsi que sur le comportement relatif aux plaintes pertinentes dans le cadre de la CRA. Le test de développement communautaire s'applique à des institutions financières « de gros ou à objet limité » désignées comme telles avec l'approbation de l'organisme de surveillance approprié. Ce test constitue une évaluation fondée sur les prêts, les investissements et les services à caractère de développement communautaire, dans certaines zones géographiques visées et à l'extérieur de celles-ci. L'approche par plan stratégique est une option que peut envisager une institution financière, mais qui requiert l'aval de l'organisme de surveillance approprié. Celui-ci a 60 jours pour examiner la demande d'une institution financière à cet effet, en tenant compte de la participation du public dans l'élaboration du plan ainsi que des objectifs mesurables contenus dans le plan proposé; si lorganisme ne réagit pas dans les 60 jours, le plan est réputé accepté. Les organismes de surveillance ne présentent pas tous leur analyse de la même façon. Certains se servent de rapports regroupés, tandis que dautres donnent accès à des rapports publics sur le rendement individuel des institutions financières examinées. Selon des renseignements tirés de lInternet, chaque année, plusieurs centaines dinstitutions financières sont examinées par un organisme de surveillance approprié, et leur rendement est indiqué suivant quatre cotes : supérieur, satisfaisant, amélioration souhaitable et manquement aux exigences. Pour lannée 1997, les résultats des 500 évaluations conduites par le bureau du contrôleur de la monnaie (OCC) se répartissent ainsi : 18 p. 100 des institutions ont obtenu une cote Supérieur, 75 p. 100, une cote Satisfaisant, 3 p. 100 une cote Amélioration souhaitable, et 1 p. 100 une cote Manquement aux exigences. CONCLUSION : TRANSITION ET AVENIR La mise en uvre des nouveaux règlements pris en vertu de la CRA sest étendue sur 18 mois, soit du 1er janvier 1996 au 1er juillet 1997. Cette période de transition avait été prévue pour permettre ladaptation aux exigences liées à lévaluation des institutions de diverses tailles ainsi quà celles prévues pour la collecte de données sur les prêts par les grandes banques auprès de petites entreprises. La période de mise en uvre sest soldée par lentrée en vigueur de normes et de tests de rendement rénouvellés pour tous les prêteurs. Malgré les modifications apportées depuis 1995, qui semblent avoir contribué à alléger le fardeau de paperasserie réglementaire et qui comportent des critères davantage accentués sur le rendement, on note que des conflits dopinion traditionnels persistent entre les prêteurs appuyant le libre marché et les organismes qui favorisent lintervention gouvernementale pour redistribuer le crédit (« fair lending »). Un Conseil de révision des institutions financières fédérales a tenté duniformiser les exigences et la présentation des résultats octroyés par les organismes de surveillance visés par la CRA. Le Conseil a conduit une analyse des statistiques compilées en vertu de la CRA pour lannée 1996, soit pendant la mise en uvre des modifications apportées à la Loi, et il affirme que des limites analytiques simposent en raison de la nature des données disponibles. Parmi les éléments notés , le Conseil précise que la répartition géographique comporte des imprécisions parce que lendroit où les entreprises contractent leurs prêts ne correspond pas toujours à lendroit où elles conduisent leurs activités, cest-à-dire à lendroit où le prêt est susceptible de porter fruit. Par ailleurs, le Conseil note que les données colligées ne comportent pas dindice de la demande de crédit locale et que, par conséquent, lanalyse des données relatives à loffre de crédit sen trouve limitée. La CRA constitue un seul des éléments dun ensemble de lois et de programmes qui visent à promouvoir laccès au crédit et le développement communautaire. À elle seule, la Loi fournit des outils spécifiques et favorise un recours accru aux pouvoirs discrétionnaires des organismes de surveillance dans le but dévaluer loffre de crédit, y compris dans les localités relativement moins bien nanties que dautres. Entre autres, avec la nouvelle réglementation CRA, on est susceptible dassister au déploiement dun marché secondaire (plus ou moins soutenu par lÉtat) visant le financement du développement communautaire au moyen dinvestissements accrus et de partenariats entre les institutions financières traditionnelles et des institutions financières à vocation de développement communautaire. Par ailleurs, lévolution des activités bancaires via lInternet est susceptible dapporter des possibilités nouvelles sur le plan des limitations géographiques traditionnelles en permettant la rencontre de loffre et de la demande de crédit. Pour le régulateur, cela comporte une occasion de sassurer que les données délimitées sur le plan géographique sont bien précises et significatives. (1) En 1996, le programme CDFI a procuré de laide, pour une somme totalisant 35 millions de dollars U.S. à 31 des 268 institutions qui avaient présenté leur candidature au programme. Dans le cadre du BEA, 38 des 50 banques ayant présenté une demande ont reçu une récompense (au total 13,1 millions de dollars U.S.), en raison de laugmentation de leurs projections dinvestissements dans les institutions de développement communautaire et les localités démunies. |