90-3F
LES RECETTES FÉDÉRALES :
TABLE
DES MATIÈRES
A. Tendances nouvelles des recettes selon les sources B. La
politique fédérale et les sources de recettes
C. Autres questions
relatives à la fiscalité D. Les budgets fédéraux et l'exposé économique et financier de décembre 1992 J. Le débat sur les cotisations d'assurance-emploi
LES RECETTES FÉDÉRALES
:
En 1970, les recettes fédérales atteignaient un peu plus de 15 milliards de dollars, ce qui représentait moins de 17,2 p. 100 du produit intérieur brut (PIB). Elles sont beaucoup plus élevées aujourdhui (environ 162,000 milliards de dollars), mais leur rapport au PIB est denviron 16,9 p. 100 en 2000-2001. Pourtant, en près de 30 ans, bien des choses ont changé en ce qui a trait aux recettes que le gouvernement fédéral perçoit, à la façon dont il les perçoit et à notre compréhension des conséquences économiques que cela entraîne. Le présent bulletin porte sur les tendances des recettes fédérales depuis le dépôt du rapport de la Commission Carter, en 1967. Nous y discutons de la volonté du gouvernement daccroître ses recettes au début des années 70 et des réformes quil a apportées et qui ont considérablement réduit les recettes par la suite; nous décrivons ensuite les mesures de réduction du déficit du gouvernement conservateur, lesquelles ont donné lieu à des hausses dimpôt, et les efforts déployés en vue den arriver à une réforme fiscale. Nous abordons aussi le rôle de laugmentation des recettes dans lélimination du déficit fédéral. Nous examinons également plusieurs questions analytiques liées à la fiscalité. A. Tendances nouvelles des recettes selon les sources Le graphique 1 trace un schéma des recettes fédérales, exprimées en pourcentage du PIB, depuis lexercice 1970-1971. Il est fondé sur la comptabilisation des opérations du gouvernement fédéral présentée dans les Comptes publics et sur les chiffres du budget de 2000. La source la plus importante de recettes fédérales est limpôt sur le revenu des particuliers (IRP), lequel représentait plus de 9 p. 100 du PIB lors de lexercice 1992. Le rapport de lIRP au PIB est maintenant stable à environ 7,5 p. 100. À un moment donné, en 1979, limpôt sur le revenu des particuliers ne représentait que 6 p. 100 du PIB. Bien sûr, on pourrait prétendre que la dernière moitié des années 70 a constitué une période de réforme de limpôt sur le revenu des particuliers, réforme qui a été minée au cours des années 80. Par contre, la première phase de la réforme entreprise par le gouvernement progressiste conservateur na eu quun impact léger et de courte durée sur lutilisation croissante de limpôt sur le revenu des particuliers comme source de recettes fédérales. En fait, étant donné quil constitue près de 50 p. 100 des recettes fédérales, limpôt sur le revenu des particuliers est plus important aujourdhui comme source de recettes fédérales quil ne la été au cours des deux dernières décennies. Le graphique 1 sous-évalue limportance de lIRP de près de 10 p. 100. Bien quelle soit essentiellement un programme de dépenses, la prestation fiscale canadienne pour enfants est administrée par la voie du régime fiscal, et son coût est soustrait des recettes de lIRP. Les taxes de vente et daccise ont, par le passé, constitué la deuxième source des recettes fédérales en importance. Ces taxes ont pris des formes extrêmement variées au cours des années. Au début des années 70, elles représentaient près de 5 p. 100 du PIB et constituaient 30 p. 100 des recettes fédérales. En 1983, elles constituaient environ 17 p. 100 des recettes fédérales et représentaient 4 p. 100 du PIB. Elles ont acquis une importance accrue au cours des années 80, depuis que les budgets fédéraux en font abondamment usage comme source de recettes. On sattendait que ladoption de la taxe sur les produits et services (TPS) maintiendrait cette tendance, mais les rentrées des premières années ont été inférieures aux prévisions. Depuis 1983, les impôts sur les sociétés (IS) sont demeurés passablement constants à environ 2 p. 100 du PIB et à 12 p. 100 des recettes. Au cours des années 70, ces impôts constituaient environ 15 p. 100 des recettes fédérales. La récente récession a cependant eu des répercussions considérables sur les recettes tirées de limpôt sur les sociétés, lesquelles sont tombées à 1,3 p. 100 du PIB et ne représentaient que 8,1 p. 100 des recettes totales en 1994. La remontée des bénéfices des sociétés a ramené les recettes fiscales à des niveaux plus près de la norme. Les cotisations dassurance-emploi (quon appelait auparavant lassurance-chômage) ont beaucoup augmenté, et elles représentaient la deuxième source en importance des recettes fédérales au début des années 90. En 1971, limportance relative de ces cotisations était moins de la moitié de ce quelle allait devenir. Limpôt sur les sociétés et la TPS ont tous deux dépassé les cotisations dassurance-emploi en importance et représentent maintenant plus de 11,2 p. 100 des recettes, soit environ 1,8 p. 100 du PIB. B. La politique fédérale et les sources de recettes Une analyse de la fiscalité canadienne ne saurait passer sous silence le travail de la Commission Carter (Commission royale sur la fiscalité) qui a produit son rapport en 1967. Ce rapport était fondé sur plusieurs préceptes importants qui, à cette époque, étaient nouveaux. Citons les suivants : la justice repose sur lutilisation dun revenu de base global, y compris virtuellement toute nouvelle acquisition de richesse; la meilleure façon datteindre léquité verticale (c.-à-d. la notion que les personnes qui sont le plus en mesure de payer sont celles qui doivent être le plus taxées) consiste à établir un impôt progressif sur le revenu dont le taux maximal est de 50 p. 100; léquité horizontale (c.-à-d. la notion que les personnes vivant dans des conditions économiques semblables doivent payer les mêmes impôts) doit constituer une partie importante du système fiscal; et ce sont les gens, et non les sociétés, qui paient des impôts. Ce dernier précepte rendait nécessaire lintégration complète des systèmes dimpôt sur les sociétés et sur le revenu des particuliers, afin déviter la double imposition des bénéfices des sociétés. De plus, la commission était en faveur du concept voulant que lon considère la famille plutôt que le particulier comme unité contributive, vu quil est plus facile de mesurer le bien-être économique dune famille que celui dun particulier. Reconnaissant que le revenu annuel ne constitue pas un intervalle parfait pour la fixation dimpôt, la commission a recommandé létalement du revenu sur une période de cinq ans. Elle a également favorisé limpôt sur le revenu plutôt que les autres formes dimposition, tout en reconnaissant que les taux dimpôt sur le revenu devraient être beaucoup trop élevés si lon voulait quils répondent à tous les besoins de recettes du gouvernement. Cette constatation est intéressante, puisquon la faite à une époque où les dépenses gouvernementales et les impôts étaient de beaucoup inférieurs à ce quils sont aujourdhui. La Commission Carter nest pas restée muette à légard de la taxe sur les ventes des fabricants; en effet, elle considérait cette taxe comme une source de problèmes. Lautre solution quelle proposait ressemblait étroitement aux options que le gouvernement conservateur avait envisagées pour la deuxième phase de sa réforme fiscale, c.-à-d. une certaine variante dune taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou une taxe de vente nationale. En fait, la commission estimait cependant que le genre de taxe le plus efficace serait une taxe de vente au détail, administrée de préférence par les provinces. Manifestement, les changements apportés aux régimes fiscaux fédéral et provinciaux vont à de nombreux égards à lencontre des recommandations de la Commission Carter. 2. La réforme fiscale à la manière des années 70 Le rapport de la Commission Carter na connu quun succès mitigé en raison de lopposition véhémente que certaines de ses recommandations ont suscitées. En fin de compte, la moitié des gains en capital sont devenus assujettis à limpôt, au lieu de limposition intégrale que lon avait recommandée. Il y a également eu des mouvements en faveur de lintégration des impôts sur le revenu des particuliers et des sociétés, ainsi que de la mise sur pied dun système de majoration et de crédit fiscal pour dividendes. Le taux fédéral maximal a été ramené à 47 p. 100, ce qui donnait un taux global dimposition moyen denviron 60 p. 100, soit moins que le taux global précédent de 80 p. 100. On présenta également une nouvelle disposition générale détalement du revenu qui compensait les impôts plus élevés que produit un revenu variable dans un monde dimposition progressive du revenu. Le changement le plus important à se produire au cours des années 70 fut lindexation du système dimpôt sur le revenu des particuliers, qui amena lindexation totale des tranches dimposition et des principales exemptions au taux dinflation, bien quavec un certain décalage. Linflation, surtout lorsquelle connaît une forte poussée ascendante, augmente automatiquement le fardeau fiscal réel sur le revenu des contribuables en les assujettissant à une tranche de revenu supérieure, même si leur revenu réel demeure inchangé. Limpact de ce phénomène quon appelle « glissement de catégorie » se fait davantage sentir chez les particuliers à faible revenu, parce que cest aux niveaux inférieurs de revenu que le taux marginal dimpôt sur le revenu augmente le plus rapidement. Un régime dimpôt sur le revenu des particuliers qui serait pleinement indexé rapporterait une proportion constante du PIB (en guise dapproximation de lassiette de limpôt sur le revenu des particuliers) en labsence de croissance réelle du revenu par habitant. Limpôt sur le revenu des particuliers, exprimé en pourcentage du PIB, a cependant diminué considérablement de 1975 à 1980. Parmi les autres changements qui ont entraîné ce déclin des recettes fiscales, il y a eu les exemptions de 1 000 $ sur les revenus de placements et de pensions, limplantation du régime enregistré dépargne-logement (REEL) et la hausse du niveau des contributions déductibles à des régimes enregistrés dépargne-retraite (REER). Au cours de cette période, le gouvernement a également établi, puis répandu lutilisation dun crédit de réduction dimpôt, ce qui a eu pour effet de décharger les déclarants à faible revenu de leurs obligations fiscales. 3. La réforme fiscale à la manière des années 80 En juin 1986, le ministre des Finances, lhonorable Michael H. Wilson, a publié son Livre blanc sur la réforme fiscale. La réforme devait se faire en deux phases distinctes; la première devant porter sur la réforme de limpôt sur le revenu et la deuxième sur la réforme de la taxe de vente. En ce qui a trait aux particuliers, la réforme de limpôt sur le revenu a accompli deux choses. Elle a ramené de dix à trois le nombre de tranches dimposition et elle a converti un certain nombre dexemptions et de déductions en crédits dimpôt non remboursables. Elle a abaissé également la tranche dimposition la plus élevée. Du côté des sociétés, la réforme fiscale a abaissé les taux marginaux dimpôt en général, mais elle a éliminé également un certain nombre davantages fiscaux, ce qui a entraîné un élargissement de lassiette fiscale; en fait, la proportion du revenu des sociétés assujetti à limpôt est passé en moyenne de 72,4 p. 100 à 84,1 p. 100. Cela représente une augmentation de 16 p. 100 de lassiette fiscale. Cette première étape de la réforme fiscale visait à mettre laccent non plus sur le revenu de particuliers, mais sur limpôt sur le revenu des sociétés et la taxe de vente. Daprès le livre blanc sur la réforme fiscale, les recettes provenant de limpôt sur le revenu des particuliers devaient subir une baisse de 10 300 millions de dollars sur une période de quatre ans, c.-à-d. de 1988-1989 à 1991-1992 inclusivement. Au cours de la même période, les recettes provenant de limpôt sur le revenu des sociétés devaient augmenter de 3 845 millions de dollars et celles de la taxe de vente de 4 785 millions de dollars. Les augmentations de la taxe de vente étaient censées être maintenues après lentrée en vigueur de la taxe sur les produits et services. À lorigine, on concevait la taxe sur les produits et services (TPS) comme un autre moyen de sécarter de lutilisation de limpôt sur le revenu des particuliers (IRP) comme source de recettes. Au cours de la première phase de la réforme, on a établi trois taux dimpôt fédéral sur le revenu : 17 p. 100, 26 p. 100 et 29 p. 100. Daprès le document technique daoût 1989 sur la TPS, il était question que lon réduise de un pour cent le taux intermédiaire lors de la deuxième phase de la réforme, et peut-être même jusquà concurrence de trois pour cent, comme il en avait été question plus tôt. Le gouvernement a par la suite renoncé à cette idée. Dans le budget fédéral de 2000, le taux intermédiaire a finalement été réduit de deux points de pourcentage à compter du 1er juillet 2000, et sera ensuite ramené à 23 p. 100 progressivement sur une période de cinq ans. De plus, depuis 1985, on a imposé puis augmenté, dans les budgets fédéraux, des surtaxes de limpôt sur le revenu des particuliers, et cela indépendamment du processus de la réforme fiscale. Il était question que lon élimine ces surtaxes à la deuxième phase de la réforme, mais il a fallu attendre le budget fédéral de 1998 pour voir un début délimination. Dans le budget de 1999, la surtaxe de 3 p. 100 était complètement supprimée; la surtaxe de 5 p. 100 demeurait, mais devait progressivement disparaître sur une période de cinq ans. Dans le budget fédéral de 2000, le seuil de revenu pour limposition de la surtaxe de 5 p. 100 a été porté de 65 000 $ à environ 85 000 $. La TPS constitue la deuxième phase de la réforme. Par suite des recommandations du Comité permanent des finances de la Chambre des communes, le gouvernement, qui prévoyait imposer une taxe de 9 p. 100 à lorigine, a décidé de ramener fixé la taxe à 7 p. 100. Le modèle canadien est loin dêtre aussi compliqué que certains modèles européens de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), mais le gouvernement fédéral a décidé de ne pas suivre lexemple de la Nouvelle-Zélande dont la base plus vaste ne prévoit quun nombre limité dexemptions et de produits base zéro. Un changement fiscal des années 80 que lon ne considère ordinairement pas comme une réforme, cest la décision de limiter lindexation des tranches dimposition et des crédits au taux dinflation, moins trois pour cent. La perte de la pleine indexation, qui est selon toute apparence une mesure visant à réduire le déficit, va à lencontre même de la tendance des années 70, en introduisant de nouveau un élément de non neutralité dans le mécanisme du système dimpôt sur le revenu des particuliers. On ne peut concevoir la réforme entreprise par le gouvernement progressiste conservateur du premier ministre Brian Mulroney indépendamment du désir de maîtriser de réduire le déficit, un problème qui la hanté depuis le moment même de son accession au pouvoir en 1984. Labandon de lindexation totale, limposition dune variété de surtaxes et laugmentation des taux des taxes de vente et daccise sont tous des exemples de cette politique. En effet, certains commentateurs ont qualifié la TPS de nouvelle machine à sous, et le gouvernement la considéré comme un outil nécessaire pour réduire le déficit. En fait, elle na été ni lune ni lautre. La pleine indexation du régime fiscal a été rétablie dans le budget fédéral de 2000 avec effet rétroactif au 1er janvier de cette même année. C. Autres questions relatives à la fiscalité Tout le monde est davis que le système fiscal doit être juste et équitable, bien que le public ne soit pas encore parvenu à trouver une définition généralement acceptée et bien claire de ce que lon entend par « justice ». Il est facile de dire que deux personnes dont la situation économique est semblable devraient payer les mêmes impôts; il est beaucoup plus difficile de déterminer si la situation économique est semblable, lorsque les sources de revenu, lâge, la structure familiale, etc. sont différents. Il est facile de dire quune personne riche devrait payer plus dimpôt quune personne pauvre; il est beaucoup plus difficile de dire combien elle devrait payer en plus. Le concept de léquité horizontale veut que des personnes dont la situation est semblable paient les mêmes impôts, tandis que le concept de léquité verticale veut que le fardeau fiscal soit axé sur la capacité de payer. Ce dernier concept suscite beaucoup plus dintérêt que le premier dans les débats politiques. Une partie importante de la documentation relative à lincidence fiscale (des études qui prétendent démontrer comment le fardeau fiscal est axé sur le revenu) traite déquité verticale. Si nous croyons quun système fiscal doit être « juste », sur quelle période devons-nous nous fonder pour juger sil est effectivement juste? Si nous reconnaissons quun jour, une semaine ou un mois ne sont pas des durées appropriées, ne devons-nous pas juger que lestimation de léquité sur une base annuelle est elle aussi inappropriée? Il sagit là de questions importantes, car selon des recherches récentes, lincidence des impôts pendant la vie dune personne diffère considérablement de lincidence quils ont annuellement. Des impôts qui semblent régressifs lorsquon les examine par rapport à une période dun an peuvent savérer proportionnels ou même progressifs lorsquun les examine par rapport à la vie entière dun particulier. Lidée de la nécessité dun impôt minimal prend une dimension tout à fait différente si lon ne cherche pas à atteindre léquité sur une base annuelle. Lorsquon procède à des vérifications annuelles du rapport entre limpôt et le revenu, on se rend compte que certains contribuables réussissent à se prévaloir davantages fiscaux pour payer peu, sinon pas dimpôts du tout certaines années, bien que leur revenu brut semble relativement élevé. Toutefois, lorsquon examine la vie entière de ces mêmes contribuables, on constate ordinairement que ces avantage nétaient que temporaires, puisque, à long terme, les impôts à tendent à rétablir un lien approprié par rapport au revenu. Lorsquon tient compte de la vie entière, il nexiste aucun besoin dimpôt minimal. Revenu Canada a tenté danalyser dans quelle mesure les Canadiens bien nantis peuvent réussir à éviter constamment de payer des impôts; malheureusement, les données ne sont pas à jour. Néanmoins, elles témoignent de la nature temporaire de ce phénomène. Par exemple, entre 1977 et 1981 inclusivement, il y a eu 896 cas de particuliers dont le revenu dépassait 200 000 $ (en dollars de 1981) qui nont pas payé dimpôt. Toutefois, 84 p. 100 de tous ces contribuables nont évité de payer de limpôt que pendant un an au cours de cette période de cinq ans; 12 p. 100 ont évité de payer de limpôt pendant deux ans, et personne na réussi à éviter de payer de limpôt pendant les cinq années en question. La raison la plus importante de labandon de la comptabilité annuelle, cest le fait que les calculs sur toute la durée de la vie pourraient fournir une meilleure idée du caractère désirable de certains types dimpôts. Pour ce qui est du revenu, la situation relative des contribuables change au cours de la vie. Au moment où ils entreprennent leur vie active, leur revenu est relativement peu élevé, ils ne possèdent pratiquement aucune richesse et leur taux de consommation est élevé. À mesure quils avancent en âge, leur revenu augmente, leurs façons dépargner changent et, avec le temps, ils accumulent de la richesse. Au moment où ils prennent leur retraite, leur revenu devient de nouveau relativement faible et leur consommation est grande mais, à ce moment-là, ils peuvent compter sur la richesse quils ont accumulée. Une vérification annuelle de la répartition du revenu révèle quil y a deux genres de particuliers, ceux dont le revenu annuel est un bon indice de leur revenu viager et ceux dont il ne lest pas. Il y a, bien sûr, des personnes riches qui le demeureront relativement toujours et des personnes pauvres qui resteront toujours relativement pauvres. Mais dans bien des cas, la vérification annuelle ne révèle que la situation temporaire dans laquelle se trouvent les particuliers. Lincidence fiscale pendant toute une vie est différente de lincidence fiscale annuelle, parce que les fluctuations temporaires du revenu influent moins sur elle. La notion de justice vise donc à établir si les personnes dont le revenu viager est peu élevé paient moins dimpôt que celles dont le revenu viager est élevé (équité verticale) et si les particuliers qui touchent le même revenu viager paient les mêmes impôts (équité horizontale). Une étude canadienne portant sur lincidence fiscale pendant la vie entière révèle quil y a plusieurs points à légard desquels nous devons réviser notre façon denvisager la fiscalité. La progressivité apparente des impôts peut changer énormément. Des impôts que lon considère ordinairement comme progressifs, comme les impôts sur les sociétés et sur le revenu des particuliers, demeurent progressifs la vie durant, mais à un degré moindre que le laisserait croire une évaluation annuelle. Les taxes de vente et daccise, que lon considère ordinairement comme très régressives, se révèlent lêtre jusquà un certain point seulement et on pourrait peut-être même estimer quelles sont proportionnelles. Cette façon denvisager lincidence fiscale pendant la vie entière pourrait également savérer plus fiable. Il est de notoriété publique que les résultats des études de lincidence fiscale peuvent varier considérablement lorsquon change les hypothèses de base. Lutilisation du revenu viager rend les résultats plus fiables, parce que la modification des hypothèses posées à lorigine a un effet moindre sur le résultat final. Quel effet laddition de 1 $ de recettes fiscales a-t-elle sur léconomie? Le secteur privé a évidemment 1 $ de moins à dépenser et le secteur public 1 $ de plus, et les discussions macro-économiques de la politique fiscale vont rarement au-delà de cette simple constatation arithmétique. Nous savons, cependant, que les effets sur léconomie sont beaucoup plus importants. En général, un dollar de recettes fiscales perçues coûte au secteur privé plus quun dollar en raison de la mauvaise répartition des ressources dans léconomie. Cest ce quon appelle le concept du coût de la fiscalité, lequel veut que lutilisation des ressources soit modifiée de façon à réduire le bien-être des particuliers et des familles. Plus limpôt est élevé, plus le fardeau est lourd, et il est concevable que le coût social de la fiscalité dépasse de loin les recettes quun impôt en particulier procure au gouvernement. Par exemple, le gouvernement pourrait juger particulièrement désirable dimposer une taxe daccise sur les stylos. Il pourrait arriver, cependant, que le taux de la taxe soit si élevé que la vente des stylos au Canada soit réduite à zéro. Le gouvernement ne toucherait aucune recette, bien quà nen pas douter, il y aurait un coût social. Normalement, le prix que les Canadiens sont prêts à payer pour un stylo ferait en sorte que quelquun pourrait avoir intérêt à vendre ces stylos. Les consommateurs verraient cette situation comme une utilisation efficace de leur revenu et les producteurs le verraient comme une utilisation efficace de leurs ressources, mais lintervention du gouvernement dans ce marché, par lentremise dune taxe daccise, pourrait éliminer la possibilité que les deux parties y trouvent leur compte. La question de savoir qui porte le fardeau de la fiscalité, c.-à-d. lincidence du coût direct sur le revenu, fait lobjet dun brûlant débat public. Nous traitons de cette question ailleurs dans le bulletin. La question des coûts sociaux de la fiscalité, toutefois, est très peu débattue et il nest pas du tout évident que la répartition de ces coûts soit la même que la répartition des coûts directs. Lexemple du stylo que nous avons cité précédemment est bien sûr un cas extrême, mais il révèle un aspect important de la fiscalité que les études sur lincidence ne peuvent montrer. Il se pourrait donc que nos conclusions au sujet de la justice apparente de certains impôts se révèlent incorrectes. Tous les impôts comportent un coût social, parce quils déforment les prix relatifs et, par conséquent, affectent le comportement économique. Dans notre système fiscal actuel, le coût social marginal des nouveaux impôts est considérable; chaque fois que le gouvernement tente daller chercher un autre dollar, quarante à cinquante cents disparaissent de notre économie à cause dune variété deffets dissuasifs. Dans des pays comme la Suède, où les impôts sont fort élevés, on estime que le coût social marginal correspond plusieurs fois aux recettes fiscales perçues. Après la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement fédéral a imposé aux citoyens les plus riches des taux marginaux dimpôt fort élevés qui atteignaient presque 100 p. 100. Il sest ravisé par la suite lorsquil sest rendu compte de linutilité de cette forme de confiscation; ces taux rapportent peu de recettes, mais ils ont un coût social considérable. Depuis le début des années 70, le gouvernement fédéral a poursuivi sa tendance à réduire le taux marginal dimpôt le plus élevé, de 46 p. 100 en 1970 à 29 p. 100 aujourdhui. Ce que les contribuables à forts revenus ont obtenu du gouvernement fédéral, ils lont perdu, dans une certaine mesure, au bénéfice des gouvernements provinciaux. Les taux marginaux dimposition ne tiennent pas compte dune variété de surtaxes que le gouvernement fédéral et plusieurs gouvernements provinciaux imposent maintenant. Au niveau fédéral, on a imposé une surtaxe sur les revenus élevés en 1985; on la convertie par la suite en une surtaxe générale de 3 p. 100, avec une surtaxe additionnelle de 5 p. 100 sur les revenus élevés. (Il faut noter que lon impose ces surtaxes sur les impôts déjà exigibles et non sur le revenu.) Les taux marginaux élevés dimposition frappant les personnes riches reçoivent souvent un accueil favorable parce quils donnent limpression que le système fiscal est progressif. Mais comme nous avons tenté de le démontrer dans le présent bulletin, les taux dimposition élevés entraînent des coûts sociaux considérables. Les conséquences négatives de comportement quentraînent les impôts élevés peuvent dépasser les conséquences bénéfiques et de distribution dun système dimposition fort progressif. 3. Coûts dadministration et dobservation Chaque fois que le gouvernement perçoit 1 $ de plus de léconomie, les coûts du secteur privé, eux, augmentent au-delà des recettes fiscales que cet impôt procure au gouvernement. Il a été question dans la partie précédente des coûts intangibles, et difficiles à mesurer, quune telle imposition entraîne pour léconomie. Dans la partie qui suit, nous allons traiter de coûts plus évidents, cest-à-dire les coûts imposés aux gouvernements qui perçoivent les impôts, et les coûts imposés aux contribuables qui se conforment aux lois fiscales. Les coûts liés à ladministration des lois fiscales fédérales comprennent les coûts de fonctionnement du ministère du Revenu, les coûts connexes assumés par les Bureaux du vérificateur général et du contrôleur général, ainsi que les coûts supportés par les autres paliers du gouvernement chargés de percevoir les impôts fédéraux; mentionnons par exemple, le gouvernement du Québec, qui perçoit actuellement la TPS fédérale dans cette province. Les contribuables eux aussi ont des coûts à supporter. Les employeurs doivent calculer et retenir limpôt sur le revenu des particuliers, ainsi que diverses charges sociales au nom de leurs employés. Les employeurs doivent également calculer le montant dimpôt à payer sur leur propre compte. Les institutions financières doivent imprimer et distribuer aux clients des bordereaux dinformation sur leur revenu imposable et les avantages fiscaux accordés en vertu de la Loi de limpôt sur le revenu. Enfin, les contribuables doivent produire une déclaration de revenu, ou embaucher quelquun pour le faire. Daprès une étude effectuée par lAssociation canadienne détudes fiscales, les coûts dadministration et dobservation relatifs à limpôt fédéral sur le revenu des particuliers, aux contributions au Régime de pensions du Canada et au Régime des rentes du Québec et aux primes dassurance-chômage totalisaient, en 1986, 5,5 milliards de dollars. Seulement 13 p. 100 de ces coûts ont été supportés par le gouvernement fédéral; les particuliers en ont supporté 36 p. 100, et les employeurs, 51 p. 100. Dans le cadre dune autre étude, effectuée en 1993 pour le compte du ministère des Finances, on a examiné 200 petites entreprises installées partout au pays afin détablir lampleur de leurs coûts dobservation de la TPS. Selon létude, ces coûts sont de taille. Par exemple, ceux des entreprises dont le chiffre daffaires annuel dépasse un million de dollars atteignent en moyenne 2,65 cents par dollar de TPS versé. Quant aux entreprises dont le chiffre daffaires annuel est inférieur à 100 000 $, le coût est de 17 cents par dollar de TPS versé. Daprès les auteurs du rapport détude, les petites entreprises, celles dont le chiffre daffaires annuel natteint pas 50 000 $, nétaient presque pas représentées. Or, ce sont elles qui supportent vraisemblablement des coûts exceptionnellement élevés. La majorité des dirigeants dentreprises interrogés ont exprimé le désir de voir les taxes de vente fédérales et provinciales harmonisées. Ironiquement, lappui le plus ferme pour cette idée venait dentreprises du Québec, même si la province est celle qui a le plus harmonisé sa taxe avec la TPS. On entend souvent dire que les sociétés ne paient par leur « juste » part dimpôts. Le taux réel varie sensiblement au fil du temps, atteignant son niveau record en période de récession, lorsque les bénéfices baissent brusquement. Cela nest pas particulièrement souhaitable pour lassiette fiscale, car le montant des recettes de limpôt est imprévisible et que le taux réel de limpôt est au plus haut lorsque le contribuable est le moins à même de payer. Les trois quarts environ de la variation de la part des recettes tirées de limpôt sur les sociétés tient aux fluctuations des bénéfices des sociétés. Une partie des celles-ci sont de nature cyclique et une autre repose sur une tendance à long terme de réduction des bénéfices du fait que les sociétés se financent davantage par emprunt quauparavant. Lorsque la question de limpôt sur les sociétés se pose, nous perdons souvent de vue lultime incidence fiscale. Ce point est fort bien exposé dans la citation ci-après :
La question de lincidence fiscale de limpôt sur les sociétés nest pas complètement réglée. Mais lorsquils se penchent sur la question du taux dimposition des sociétés, les décideurs doivent se poser deux questions : 1) Qui souhaitent-ils imposer? et 2) Où, à leur avis, lincidence de limpôt sur les sociétés se situe-t-elle? Comme nous lavons dit précédemment, le gouvernement fédéral a abandonné la pleine indexation de limpôt sur le revenu des particuliers en 1985, mais la rétablie en 2000. Or, linflation annuelle ayant généralement été inférieure à 3 p. 100 durant les années 90, on peut dire que le régime fiscal était de fait désindexé. Cela a eu des répercussions considérables sur le gouvernement et sur les familles. En 1995, le solde fédéral a été supérieur de 6,4 milliards de dollars environ à ce quil aurait été si le régime fiscal avait été pleinement indexé les dix années précédentes. Les impôts ont été supérieurs de 5,7 milliards de dollars et les dépenses inférieures de 700 millions de dollars. La désindexation sapplique aussi aux impôts provinciaux. Il sensuit que le revenu disponible des Canadiens en 1995 a été inférieur de 9,5 milliards de dollars à ce quil aurait été avec une pleine indexation. LOCDE a aussi commenté les effets fâcheux de la désindexation. Elle estime que le taux de base de limpôt fédéral a augmenté de 13 p. 100 entre 1988 et 1998, passant de 10,8 à 12,2 p. 100. Cette augmentation a eu des répercussions proportionnellement plus grandes sur les contribuables à faible revenu et à revenu moyen que sur les autres. Elle a triplé le taux dimposition moyen des personnes dont le revenu est inférieur à 10 000 $. Le taux dimposition moyen a grimpé du tiers pour les personnes dont le revenu se situe entre 10 000 $ et 25 000 $, mais de 2 p. 100 seulement pour les personnes qui touchent un revenu de plus de 150 000 $. En outre, lOCDE a conclu que, sur une période de dix ans, lindexation partielle a ajouté 1,4 million de personnes à faible revenu au rôle dimposition et fait passer encore plus de contribuables, soit 1,9 million de personnes, de la tranche dimposition la plus basse à la tranche dimposition moyenne, tandis que 600 000 sont passés de cette dernière à la tranche dimposition la plus élevée. Le fait que le régime dimpôt sur le revenu ne soit pas pleinement indexé contribue à rendre le Canada davantage tributaire de limpôt sur le revenu des particuliers que les autres pays du G-7. Cela nuit aussi à la position concurrentielle du Canada par rapport aux États-Unis, position qui sest détériorée depuis une vingtaine dannées. De plus, sil est notoire que le fardeau fiscal est plus lourd au Canada quaux États-Unis pour les personnes à revenu élevé, on se rend moins compte quil en va de même pour les personnes à revenu plus modeste. En effet, le taux marginal dimposition des Canadiens qui touchent le salaire moyen dans lindustrie est supérieur de 50 p. 100 au taux correspondant des travailleurs américains. 6. Harmonisation des taxes de vente Dans ses relevés économiques de 1998, lOCDE recommande que soient apportées des améliorations à la taxe de vente. Les taxes de vente de sont harmonisées que dans quatre provinces la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve et le Québec. Ailleurs, labsence dharmonisation entraîne des distorsions au niveau des intrants des entreprises et des produits vendus, mais les gouvernements provinciaux ne sont apparemment pas disposés à intervenir pour remédier à la situation. Cest dommage, surtout quand on pense que lharmonisation des taxes de vente pourrait accroître la compétitivité du Canada. Le même manque de coopération entre le gouvernement fédéral et les provinces nuit à la réalisation de réformes dans dautres domaines fiscaux. D. Les budgets fédéraux et lexposé économique et financier de décembre 1992 Le budget fédéral de 1991 ne prévoyait pratiquement aucune nouvelle hausse dimpôt, à part de deux exceptions : une hausse marqué des taxes sur le tabac, ce qui devrait générer des recettes de près de un milliard de dollars lannée suivante, et une augmentation de deux milliards de dollars au chapitre des cotisations dassurance-chômage. Le récession devait avoir peu dimpact sur les recettes fédérales. Toutefois, la situation devait être toute autre pour les dépenses fédérales. En 1991-1992, on sattendait à ce que les recettes totales diminuent de moins de 1 p. 100, en raison de la récession. Les recettes provenant de limpôt sur les sociétés devaient être de 20 p. 100 inférieures aux prévisions de lannée précédente. Toutefois, la hausse des recettes générées par limpôt sur le revenu des particuliers devait permettre de compenser, dans une très large mesure, cette baisse. Compte tenu des mesures fiscales qui ont été prises, on sattendait à ce que les recettes totales en 1991-1992 soient de 2,5 milliards de dollars supérieures aux prévisions contenues dans le budget de 1990. La situation décrite dans le budget de 1991 a été entièrement revue dans le budget de 1992. La piètre situation économique a été rendue responsable dun moins-perçu dimpôts de 5,7 milliards de dollars en 1992 et de 7,5 milliards de dollars en 1993. En chiffres absolus, la plus forte baisse devrait être celle des impôts sur le revenu des particuliers, mais proportionnellement la baisse la plus forte est celle des impôts sur les sociétés. Même ce sombre tableau sest révélé trop optimiste. En effet, le ministre des Finances a estimé que, pour lexercice 1992-1993, les recettes seraient de 8 milliards de dollars inférieures aux prévisions du budget de 1992, soit plus de 15 milliards de moins que les chiffres donnés à lorigine dans le budget de 1991. En 1993-1994, on prévoyait que les recettes seraient de 10 milliards inférieures aux prévisions du budget de 1992. Lexposé économique et financier ne contenait aucune augmentation de taxes. Il proposait plutôt diverses mesures qui se traduiraient pour le gouvernement par une baisse de revenus denviron un milliard de dollars sur une période de trois ans. Parmi ces mesures, on retrouvait une prolongation dun an du régime permettant aux Canadiens dutiliser les fonds placés dans leur REER pour sacheter une première maison, un moratoire sur les cotisations dassurance-chômage des nouvelles petites entreprises ainsi quun plafond de ces cotisations versées par les petites entreprises qui accroissent lemploi. Un crédit dimpôt à linvestissement de 10 p. 100 fut également accordé aux petites entreprises. Le budget de 1993 nimposait aucune taxe ou impôt nouveaux. Toutefois, il prévoyait plusieurs mesures fiscales qui devaient avoir pour effet de réduire les recettes fédérales de 400 millions de dollars au cours des cinq années suivantes. Celles-ci comprenaient : lélimination du plafond annuel limitant les demandes de crédit dimpôt à linvestissement, ladoption de nouveaux taux de déduction pour amortissement (DPA) pour les brevets, lextension de laide fiscale accordée au titre du Programme de recherche scientifique et de développement expérimental afin de permettre aux entreprises dont le revenu imposable dépasse 200 000 $ dobtenir des crédits remboursables, et la modification des règlements pour permettre aux entreprises damortir plus rapidement les équipements à dépréciation rapide, comme le matériel informatique. Toutefois, le vrai message qui se dégageait de ce budget, résidait dans la baisse continue des recettes fédérales découlant de la piètre performance de léconomie. En 1992-1993, les recettes étaient de 1,2 milliard de dollars inférieures au niveau estimé dans lExposé économique et financier de décembre 1992 et, partant, de 9,2 milliards de dollars inférieures au chiffre prévu dans le budget de 1992. On sattendait en outre à ce que les recettes en 1993-1994 soient inférieures aux prévisions effectuées dans lExposé économique et financier de décembre. Le graphique 1 illustre limpact qua eu la récession sur les recettes provenant de limpôt sur le revenu des particuliers et des sociétés. Limpôt sur les sociétés a chuté de façon marquée au cours de la récession et il neffectuera quune lente remontée dici la fin de la décennie. Il en va de même pour limpôt sur le revenu des particuliers, bien que la baisse dans ce cas-ci ait été plus modérée. Toutefois, cette baisse est en partie illusoire car le nouveau crédit dimpôt pour enfants est considéré comme une dépenses fiscale et porté en diminution de limpôt sur le revenu des particuliers, et ce, même sil remplace dans une large mesure lallocation familiale, qui était considérée comme une dépense de programmes et qui comptait pour plus de deux milliards de dollars des dépenses. Le graphique 1 illustre aussi une autre tendance importante : les cotisations dassurance-chômage ont dépassé limpôt sur le revenu des sociétés comme source de revenu. Les cotisations dassurance-chômage comptaient pour environ 2,5 p. 100 du PIB; elles étaient presque cinq fois plus élevées quau cours de la première moitié des année 70. Ce budget se distinguait par le fait quil reconnaissait que les recettes fédérales avaient sensiblement diminué au cours des années précédentes. En 1991-1992, leur montant équivalait à 18,1 p. 100 du PIB. En 1993-1994, cette proportion nétait plus que de 16,1 p. 100. Le fléchissement était donc marqué. Pourtant, à lexception de la réduction de la surtaxe annoncée dans le budget de 1992, il ny a eu aucune modification majeure de la politique fiscale qui puisse être la cause dune telle baisse. Le remplacement des allocations familiales, du crédit dimpôt remboursable pour enfants et du crédit non remboursable pour personnes à charge par une nouvelle prestation fiscale pour enfants était un changement de politique récent qui a eu une incidence sur les recettes. Ainsi, certaines dépenses de programmes se sont transformées en dépenses fiscales, doù un mouvement à la baisse des recettes. La réforme en question a coûté davantage au gouvernement fédéral quil navait été initialement prévu. Au moment où elle a été proposée, son coût était évalué à 4,9 milliards de dollars par année, comparativement aux 4,5 milliards de dollars que coûtait lancien système. On sattendait toutefois à ce que la prestation fiscale pour enfants coûte 5,5 milliards de dollars en 1993-1994 et à ce que ce montant ne diminue que très légèrement au cours des deux années suivantes. Comme le montant des prestations est établi en fonction du revenu familial, le coût global du programme est tributaire de létat de léconomie; par conséquent, une partie de cette hausse pouvait être attribuée à la récession et à la lenteur de la reprise. Les coûts de transition demeuraient toutefois élevées eux aussi. En raison du moment où sont versées les prestations en vertu des différents programmes touchant les enfants, les deux systèmes se sont chevauchés au cours de lannée civile 1993. Cette situation a eu pour effet de réduire les recettes de 2,5 milliards de dollars au cours des deux exercices Dautres événements extraordinaires et exceptionnels se sont conjugués pour contribuer à la baisse des recettes en 1993-1994. Néanmoins, le rapport entre le niveau du statu quo des recettes et le PIB a considérablement diminué en 1993-1994. Le budget fait état de conditions économiques précises, qui ont été en partie responsables de ce fléchissement, par exemple la lente progression des revenus des particuliers associée au facteur dindexation relativement élevé applicable à limpôt sur le revenu des particuliers. On prévoyait quil faudrait quelques années avant que ce rapport ne revienne à son niveau davant la récession. En 1993, les recettes fédérales se sont chiffrées à 121,452 milliards de dollars ce qui représentait une progression de seulement 7 p. 100 par rapport à 1990. Les recettes tirées de limpôt sur le revenu des particuliers ont crû de 12 p. 100 durant cette période pour atteindre 58,3 milliards de dollars, mais limpôt sur les sociétés a rapporté 36 p. 100 de moins et les recettes provenant des taxes de vente et daccise ont baissé de presque 7 p. 100. Le seul autre secteur affichant une nette augmentation a été celui des cotisations dassurance-chômage, qui ont généré des recettes en hausse de 63 p. 100, ce qui en loccurrence est un signe de malaise dans léconomie. En 1994, les recettes ont brusquement chuté pour sétablir à 116 milliards de dollars; il sagissait là dun résultat imputable à plusieurs facteurs : létat de léconomie, certains événements ponctuels et, plus important encore, lintroduction de la prestation fiscale pour enfants, laquelle a eu pour effet de convertir certaines dépenses de programme en dépenses fiscales et partant, de réduire les recettes, et qui a par ailleurs entraîné des coûts de transition élevés. En 1995, les recettes étaient remontées à 125 milliards de dollars, et on sattendait quelles oscillent entre 16,7 et 16,9 p. 100 du PIB dici les deux années suivantes. Durant cette période, les cotisations dassurance-chômage étaient passées au deuxième rang des sources de recettes pour le gouvernement fédéral et elles comptaient maintenant pour 15 p. 100 du total. Cependant, avec lamélioration de conjoncture économique, on sattendait que la TPS soit une source de recettes plus importante que les cotisations dassurance-chômage dans deux à trois ans. La place de limpôt sur le revenu des particuliers continuait de grandir bien que cette tendance ait été en partie masquée par des modifications apportées aux programmes fédéraux et aux pratiques comptables. Le budget de 1995 contenait peu de nouvelles mesures fiscales. Les taxes daccise sur lessence et le tabac furent relevées et elles devaient produire respectivement 500 millions et 65 millions de dollars chaque année. Limpôt sur les grandes sociétés et la surtaxe sur les sociétés furent sensiblement augmentés et on sattendait quelles génèrent des recettes annuelles de plus de 250 millions de dollars. On a dit des mesures touchant les particuliers quelles visaient à resserrer le système et à le rendre plus juste. On a imposé certaines restrictions relativement aux cotisations à un REER. Le report de limpôt sur les revenus daffaires a lui aussi été restreint, afin de produire 300 millions de dollars de recettes annuelles dici 1998, et on a resserré les règles concernant le régime fiscal des fiducies familiales. Selon les prévisions, toutes ces mesures devaient faire entrer plus de 3,6 milliards de dollars dans les coffres de lÉtat au cours des trois années suivantes. Le gouvernement a en outre modifié la distribution dans le temps des revenus issus des cotisations dassurance-chômage de telle sorte que celles-ci ne diminueraient pas aussi rapidement que ce naurait été autrement le cas. Il avait lintention de laisser le compte dassurance-chômage grossir jusquà ce quil enregistre un excédent cumulatif de cinq milliards de dollars à la fin de lannée civile 1996 avant de laisser les cotisations diminuer en fonction du montant prévu des déboursés en prestations dassurance-chômage. Le budget fédéral de 1996 ne contenait ni nouveaux impôts ni augmentation des taux dimposition, ce qui avait à la fois du bon et du mauvais. Pour ceux qui attendaient labolition de la TPS, le budget na rien offert de concret en ce qui concerne une taxe nouvelle et meilleure. Il noffrait que la promesse que les négociations se poursuivraient avec les provinces en vue dune réforme et dune harmonisation de la TPS et des taxes de vente provinciales. Les taux dimposition nont pas été augmentés, mais le gouvernement a introduit des modifications des règles fiscales qui allaient avoir des répercussions sur limpôt à payer des particuliers et des sociétés. En ce qui concerne les particuliers, les modifications touchaient trois grands thèmes : retraite, éducation et développement social. Le gouvernement fédéral a resserré les règles régissant les régimes enregistrés dépargne-retraite : non déductibilité des frais dadministration, plafonnement de lépargne bénéficiant dun allégement fiscal et abaissement de lâge maximal de cotisation à un régime. Le budget a aussi abaissé le montant des dégrèvements fiscaux visant les placements dans des sociétés à capital de risque de travailleurs en réduisant le crédit dimpôt ainsi que le plafond des contributions. Comme ces placements bénéficiaient de crédits dimpôt généreux et étaient admissibles aux REER, ils étaient devenus extrêmement populaires et coûtaient cher en dépenses fiscales. Le gouvernement autorisait aussi le report illimité des droits de cotisation à un REER inutilisés. Vu laugmentation prévisible des frais de scolarité dans lavenir, le gouvernement a accordé un traitement fiscal plus généreux des frais de scolarité et des dépenses liées aux études. Les crédits ont été accrus, de même que le montant des crédits pouvant être transférés. Le plafond des régimes enregistrés dépargne-études a été relevé et la déduction pour frais de garde denfant a été modifiée pour la rendre plus avantageuse envers les étudiants qui ont des enfants. Sur le plan social, le régime fiscal est devenu plus favorable aux dons de bienfaisance comme lavait recommandé le Comité des finances. Les allégements fiscaux pour les soins à domicile ont été relevés et le supplément au revenu gagné a été doublé à 1 000 $ en deux étapes. Cette dernière mesure a été de loin la plus coûteuse des modifications fiscales. La plus controversée a sans contredit été la modification du régime fiscal des pensions alimentaires. Selon les nouvelles règles, le parent ayant la garde ne devait plus payer dimpôt sur la pension alimentaire quil touchait et lautre parent devait prendre la déduction du montant de la pension alimentaire quil payait. Les nouvelles règles devaient sappliquer aux ordonnances et aux ententes de pension alimentaire prenant effet à partir du 1er mai 1997, ou aux ententes existantes modifiées à partir de cette date. Leffet net des mesures concernant les particuliers sur les recettes devait être faible, car le gouvernement croyait pouvoir récupérer des recettes croissantes de léconomie souterraine (jusquà 100 millions en 1998-1999). Le gouvernement a aussi introduit des mesures fiscales concernant limpôt sur les sociétés, la plus importante étant la prolongation de la période dapplication de la taxe temporaire sur les grandes institutions de dépôt (les banques). Le budget comportait aussi des omissions notables sur le plan des recettes. Comme nous lavons dit plus haut, la réforme ou lélimination de la TPS nétait pas encore faite. En outre, le budget ne contenait aucune déclaration au sujet dune réduction substantielle des cotisations dassurance-emploi. À vrai dire, les chiffres contenus dans le budget donnaient à penser quune telle réduction ne figurait pas au programme dans lhorizon de planification du budget. Par ailleurs, le gouvernement a modifié le calendrier des prélèvements de cotisations dassurance-emploi pour laligner sur celui du paiement des cotisations au RPC. Auparavant, les cotisations hebdomadaires reposaient sur le moindre des deux montants suivants : le montant maximal des gains assurables ou les gains réels. À partir de janvier 1997, les cotisations hebdomadaires allaient être fondées sur les gains hebdomadaires réels; une fois le montant annuel maximal des cotisations atteint, le prélèvement des cotisations cesserait. Ceux dont la rémunération serait égale ou inférieure au montant maximal des gains assurables continueraient de verser leurs cotisations sur une période de 52 semaines. Ceux qui gagnaient plus mettraient moins de temps à acquitter leurs cotisations. Ainsi, une personne gagnant 80 000 $ par année paierait la totalité de ses cotisations dans les six premiers mois de lannée et ne paierait rien durant les six moins restants. Cette modification administrative na eu aucun effet sur le montant total des cotisations que doivent acquitter les employeurs et les salariés. Cependant, elle a influé sur le déficit affiché par le gouvernement. En avançant le paiement des cotisations à partir de 1997, le gouvernement pourrait en arriver, pour 1996-1997, à un déficit inférieur de 1,5 à 1,8 milliard de dollars à celui qui était prévu dans le budget. Les modifications nauraient aucune répercussion sur les exercices suivants. Il reste cependant que ce changement administratif ponctuel pourrait aussi réduire les coûts futurs du service de la dette denviron 100 millions de dollars par année. Par ailleurs, le budget ne tenait pas compte du produit de la vente dactifs en 1996-1997, en particulier de la vente de wagons-trémies et du système de navigation aérienne. Les conséquences de ces ventes sur le budget dépendraient des montants obtenus ainsi que de la comptabilisation actuelle de ces actifs. Selon les journaux, la vente de ces actifs pourrait rapporter 1,5 milliard de dollars. Ce budget ne prévoyait que peu de mesures fiscales. Limpôt temporaire prélevé sur les grandes banques était maintenu pour un autre année et les taxes sur les produits du tabac furent augmentées quelque peu, comme on lavait annoncé avant la présentation du budget. Certaines mesures fiscales devaient coûter au gouvernement environ un milliard de dollars par année dici lexercice 1999-2000. Elles accordaient un traitement fiscal plus avantageux des dépenses liées aux études et de lépargne-études. Laide aux personnes handicapées était majorée, et le régime fiscal était plus favorable aux dons de bienfaisance, car le plafond des dons déductibles a été relevé et la part de certains dons dimmobilisations à valeur accrue à incorporer dans les gains en capital a été réduite. Toutefois, la mesure la plus coûteuse a été le relèvement du Supplément du revenu gagné (SRG) associé à la prestation fiscale pour enfants. Dici à lexercice 1999-2000, cette mesure coûtera au gouvernement 600 millions de dollars par année. Le budget a modifié le SRG en faisant varier le montant avec le nombre denfants que compte la famille bénéficiaire alors que jusqualors, la prestation ne tenait pas compte du nombre denfants. Cette modification a suscité une certaine controverse parce que certaines familles à enfant unique recevaient moins en vertu du nouveau régime quelles nauraient touché si le gouvernement avait simplement bonifié lancien régime, comme il lavait déjà promis. Le nouveau régime de SRG était compliqué parce quil visait à limiter laugmentation des prestations aux familles affichant un revenu net de 25 921 $ ou moins. Mais cétait toutefois une mesure strictement temporaire qui ne serait en application que jusquà ce que le nouveau Régime national de prestations pour enfants soit mis en uvre, au plus tard en juillet 1998, de concert avec les provinces. Dans le budget de 1997, le ministre a fait beaucoup pour simplifier le régime fiscal fédéral actuel. Lannexe 5 du budget contenait un document denviron 25 pages expliquant et justifiant la répartition du fardeau fiscal et les caractéristiques du régime. Dans son discours de présentation du budget, le ministre a expliqué sur deux pages pourquoi le gouvernement ne procéderait pas à dimportantes réductions dimpôt maintenant, mais laissé entendre quil réduirait les taux de limpôt sur le revenu des particuliers lorsquil aurait une plus grande marge de manuvre fiscale. Lannexe 5 répondait à diverses critiques que les Canadiens avaient faites à légard du régime fiscal du pays. Elle faisait état du fardeau relatif que les sociétés devaient supporter et indiquait que, contrairement à la croyance populaire, le taux réel de limpôt sur les sociétés navait pas diminué de façon appréciable au cours des trois dernières décennies. En effet, le fait que le gouvernement tirait désormais plus de limpôt sur le capital des sociétés avait eu pour effet de créer un impôt minimum pour les sociétés qui a stabilisé le taux réel. Le taux de limpôt sur le revenu des particuliers était décrit comme progressif, surtout lorsque lon tenait compte de la prestation fiscale pour enfants et du crédit pour TPS, lesquels profitent surtout aux familles à faible revenu. Limportance absolue et relative de limpôt sur le revenu augmentait avec le revenu familial. Dans la même veine, le budget défendait labsence dimpôt sur la fortune limpôt sur le revenu de placements était déjà élevé, et comme un impôt sur la fortune ciblerait surtout les bien nantis, le gouvernement estimait préférable duser dautres moyens pour assurer léquité du régime fiscal. Les contribuables à revenu élevé qui ne payaient aucun impôt étaient décrits comme des cas exceptionnels et temporaires qui ne changeaient rien aux caractéristiques fondamentales de lincidence de lIRP. La partie la plus intéressante de lannexe 5 était le passage où il était question des charges sociales. Le gouvernement fédéral essuyait des critiques acerbes et persistantes à cause du virage quil semblait avoir pris dans sa politique en matière de cotisations dassurance-emploi. Au début, il prévoyait laisser lexcédent cumulé du Compte dassurance-emploi atteindre environ six milliards de dollars, afin de se ménager une réserve pour pouvoir amortir le choc dune éventuelle récession. Il semblait plutôt que lexcédent atteindrait 12 milliards de dollars dici la fin de lexercice 1997-1998, alors que ni le nouveau budget, ne les budgets précédents navaient donné à penser que des réductions significatives des cotisations étaient à prévoir. Ainsi, lexcédent continuerait de croître de près de cinq milliards de dollars par année. (Chaque réduction de 0,10 $ des cotisations fait perdre au gouvernement 700 millions de dollars en recettes.) Lannexe 5 montrait clairement quau Canada, les charges sociales nétaient rien en comparaison de ce quelles sont dans beaucoup dautre pays elles étaient même plus faibles encore quaux États-Unis. Lannexe faisait également valoir que si les charges sociales avaient pour effet de faire perdre des emplois, ce nétait pas dû au taux des charges, mais parce que les gouvernements avaient tendance à le relever lorsquil y avait une récession, une chose qui ne produirait plus dans le cas des prestations dassurance-emploi du Canada grâce à lexcédent accumulé. Le gouvernement fédéral semblait indiquer clairement quà lavenir, les cotisations dassurance-emploi pourraient simplement devenir une autre forme dimpôt qui grossirait les recettes fiscales globales plutôt que de servir uniquement à financer les programmes liés à lassurance-emploi. Selon ces documents, pour être efficient et souple, tout régime fiscal devait tirer des recettes dune variété de sources. J. Le débat sur les cotisations dassurance-emploi Lusage que fait le gouvernement des cotisations dassurance-emploi pour lutter contre le déficit a suscité des critiques de plus en plus nourries, car ces charges sociales sont souvent considérées comme « tueuses demplois ». Daprès des prévisions, lexcédent cumulé du compte dassurance-chômage avait des chances datteindre 20 milliards de dollars dici la fin de 1998, à moins dune réduction des cotisations. Lactuaire en chef du gouvernement a fait savoir quun excédent cumulé de lordre de 12 à 15 milliards de dollars suffirait à éviter daugmenter les cotisations durant une prochaine récession, ce qui a fait tomber lun des principaux arguments invoqués par le gouvernement pour justifier le maintien des cotisations à un niveau élevé. Lactuaire précisait en outre dans son rapport que les cotisations pourraient être ramenées de 2,90 $ à 2 $ (opération qui coûterait environ 6,5 milliards de dollars) sans risquer pour autant de devoir les augmenter de nouveau en cas de récession. Il semblait donc que le gouvernement serait bientôt forcé soit de faire des cotisations dassurance-emploi un impôt comme les autres, soit dabaisser sensiblement le taux des cotisations pour le faire correspondre davantage aux coûts annuels. Le gouvernement a persisté à dire quil naccorderait aucune importante réduction des impôts tant que le budget ne serait pas équilibré. Les cotisations dassurance-emploi avaient été réduites légèrement dans le passé, et une réduction dau moins dix cents était prévue pour 1998, mais cétait bien inférieur à ce que réclamaient les critiques. Dans le budget de 1998, le gouvernement fédéral a réussi à éliminer son déficit. Les surplus ont servi à payer une partie de la dette, à éliminer la surtaxe et à accroître les dépenses de programmes dans des cas précis. Ensemble, les budgets de 1998 et de 1999 assureront aux travailleurs une réduction de 1,100 milliard de dollars pour ce qui est des primes dassurance-emploi. Cela signifie que, après avoir atteint un sommet de 3,07 $ par tranche de 100 $ en 1993, ces primes ont été ramenées à 2,40 $ par tranche de 100 $ à compter du 1er janvier 2000. Les recettes de 1997-1998 ont été supérieures de près de 9 p. 100 à celles de lannée précédente, la croissance économique ayant été plus élevée que prévu en début dannée. En outre, le taux de chômage est tombé à son niveau le plus bas en huit ans, et les dépenses de consommation ont augmenté, ce qui explique la forte progression des recettes. Le budget contenait davantage dallégements fiscaux que celui de lannée précédente, mais ceux-ci sont demeurés très limités. La taxe temporaire sur les grandes banques a de nouveau été reconduite et les taxes sur le tabac ont été légèrement relevées comme il avait été annoncé un peu avant le dépôt du budget. Les allégements fiscaux devaient représenter un coût total cumulé de 12,815 milliards de dollars jusquen 2001-2002. Le plafond de la déduction pour frais de garde denfants a été porté à 7 000 $ pour les enfants de moins de sept ans et à 4 000 $ pour les enfants de sept ans et plus. La plupart des mesures ciblées visaient les étudiants et diplômés du postsecondaire et leurs familles. Mentionnons des allégements fiscaux pour lintérêt acquitté sur les prêts aux étudiants, des retraits en franchise dimpôt des REER à des fins déducation permanente et un allégement de limpôt pour les étudiants à temps partiel. Certaines mesures visaient à aider les personnes qui ont soin dun parent, les personnes handicapées et les bénévoles. Les travailleurs autonomes non constitués en société peuvent désormais déduire de leur revenu leurs cotisations à des régimes complémentaires dassurance soins-médicaux et dassurance-soins dentaires, à linstar des travailleurs autonomes constitués en société. Laugmentation promise de la prestation fiscale pour enfants, laquelle représente 15 p. 100 de lensemble des allégements fiscaux, a été accordée, mais sagit-il vraiment dun allégement fiscal? On peut voir dans la prestation fiscale pour enfants un programme de dépenses administré, par souci de commodité, par la voie de limpôt sur le revenu; elle aurait tout aussi bien pu prendre la forme de prestations mensuelles de Santé et Bien-être Canada. Le fait que la prestation soit assujettie à des conditions de revenu nen fait pas pour autant une mesure fiscale, pas plus que ce nest le cas du Supplément de revenu garanti et de la Prestation aux aînés proposée. En fait, le gouvernement précédent la voyait justement sous cet angle : en réduisant les plafonds des dépenses de programmes aux termes de la Loi limitant les dépenses publiques pour compenser les effets de la conversion des allocations familiales (un programme de dépenses) en prestation fiscale pour enfants, il admettait que la prestation fiscale pour enfants constituait une forme déguisée de dépenses. Bien que la prestation fiscale pour enfants figure dans la Loi de limpôt sur le revenu, le montant de la prestation nest aucunement lié à limpôt à payer par ailleurs; il sagit dun crédit dimpôt remboursable dont bénéficient en majeure partie des personnes qui ne paient aucun impôt. Peut-on vraiment parler dallégement fiscal quand une mesure vise principalement des personnes qui ne paient pas dimpôt? Par ailleurs, le traitement de la prestation fiscale pour enfants dans le budget de 1998 semble inégal. Si laugmentation proposée des prestations constitue un allégement fiscal, les prestations courantes devraient aussi logiquement être considérées comme tel. On a affirmé que le relèvement de 500 $ de lexemption personnelle de base permettrait à 400 000 Canadiens de ne plus payer dimpôt et réduirait limpôt à payer de 4,6 millions de Canadiens de plus. Or, ces personnes à faible revenu dont on disait quelles ne figuraient plus sur le rôle de limpôt étaient généralement des bénéficiaires nets du régime fiscal et du système de transferts; si lon considère lensemble comme un régime « fiscal », elles étaient déjà absentes du rôle de limpôt. Les deux mesures qui offraient un allégement fiscal général étaient la majoration de lexemption personnelle de base qui permettait aux gens de gagner 500 $ de plus en franchise dimpôt et la disposition qui a réduit ou éliminé la surtaxe de 3 p. 100 pour la majorité des contribuables. On peut interpréter limpact de ces deux mesures de la façon suivante : 1) aucune modification de la structure de base de limpôt sur le revenu des particuliers et des surtaxes; 2) don forfaitaire de 85 $ à quiconque gagne 6 956 $, réduit de 0,68 cents par dollar de revenu au-delà de ce niveau; et 3) don forfaitaire dun maximum de 250 $ pour un contribuable payant 8 333 $ dimpôt fédéral de base, réduit de 6 cents par dollar dimpôt au-delà de ce montant. Dans cette optique, les contribuables se retrouvaient peut-être en meilleure posture dans la mesure où ils payaient moins dimpôt globalement, mais ils étaient par ailleurs assujettis à un taux dimposition plus élevé sur toute addition à leur revenu. Cela illustre comment il est possible daugmenter les taux marginaux de limpôt en se servant dun mécanisme complexe pour réduire le fardeau fiscal moyen. Cette stratégie rappelle, quoique dans une moindre mesure, le projet de Prestation aux aînés (maintenant abandonné). Dans le cas des personnes âgées, les personnes à faible revenu et les personnes à revenu moyen se seraient retrouvées dans une situation équivalente ou meilleure, mais elles auraient par ailleurs été assujetties à un taux marginal dimposition sensiblement plus élevé qui aurait sérieusement décourager lépargne en vue de la retraite. Dans sa volonté dempêcher les contribuables à revenu élevé de profiter des allégements fiscaux généraux, le gouvernement fédéral a, dans son budget de 1998, compliqué davantage un régime fiscal déjà fort complexe et ajouté aux facteurs qui découragent lépargne et le travail. Tablant sur lélimination du déficit annoncée lannée précédente, les contribuables espéraient certains allégements fiscaux. De toute évidence, le gouvernement fédéral ne voyait pas les choses du même il, bien que le budget ait été équilibré. Précisant quil fallait continuer de faire preuve de prudence parce que les turbulences qui influent sur léconomie mondiale nétaient pas encore dissipées, le ministre des Finances Paul Martin na pas annoncé les réductions dimpôt que les Canadiens attendaient, bien quil ait proposé de nouvelles mesures fiscales. En juillet 1999, la surtaxe de 3 p. 100 qui avait été instituée pour financer le déficit a été éliminée pour tous les contribuables, ce qui représentait une réduction dimpôt totale de 7,7 milliards de dollars sur les trois années suivantes. Les cotisations dassurance-emploi, qui constituent un impôt sur le salaire, ont été ramenées à 2,55 $, soit 0,52 $ de moins que le sommet de 1993. Le gouvernement fédéral avait lintention de consacrer des sommes considérables aux soins médicaux : quelque 11,5 milliards de dollars sur les cinq années suivantes. Sur ce total, huit milliards de dollars étaient destinés au Transfert social canadien en matière de santé et de programmes sociaux (TCSPS ) et le reste, 3,5 milliards de dollars, était ajouté au Transfert sous la forme dun supplément ponctuel. Comme la signalé le ministère des Finances, la valeur des transferts fiscaux aux termes du TCSPS devait atteindre un nouveau sommet en 2001-2002, qui dépasserait le niveau atteint au moment de limposition de compressions budgétaires dans les années 90. Le total des dépenses de programmes devait représenter 12,6 p. 100 du PIB cette année-là. Même avec ces nouvelles dépenses, le gouvernement a dit quil continuerait de faire baisser le déficit et la dette. Comme il a été dit plus haut, le budget devait être équilibré, et il était même possible quil soit excédentaire. Daprès ces prévisions, le rapport de la dette au PIB devait être ramené de 65,3 p. 100 en 1998-1999 à 62 p. 100 en 2000-2001. Cette situation était bien différente de celle qui existait en 1995, lorsque le rapport de la dette au PIB sélevait à 71,2 p. 100. Le processus budgétaire a commencé sur une note prometteuse avec la présentation, en novembre, de la Mise à jour économique et financière de 1999. Le ministre des Finances a annoncé des excédents budgétaires croissants pour toute la période de planification de cinq ans dans le cadre du régime fiscal existant. Les contribuables ont bénéficié dimportants allégements fiscaux dans le budget de 2000, lequel contient les plus importants changements structurels apportés à la politique fiscale depuis la réforme de 1987. Le Ministre a en effet présenté un plan quinquennal de réduction des impôts concernant surtout limpôt sur le revenu des particuliers qui représente des allégements fiscaux totalisant environ 58 milliards de dollars sur lensemble de la période visée. La mesure la plus importante est le rétablissement de la pleine indexation des tranches dimposition et des exemptions de base avec effet rétroactif au 1er janvier 2000. Cette mesure sapplique aussi à la Prestation fiscale pour enfants et au crédit dimpôt pour TPS. Le taux dimposition moyen est ramené de 26 à 24 p. 100 à compter du 1er juillet 2000. À la même date, le seuil de revenu pour limposition de la surtaxe de 5 p. 100 sera porté à environ 85 000 $. La surtaxe elle-même ne sera pas supprimée avant 2004. Le budget prévoit aussi une augmentation de la proportion davoirs étrangers autorisée dans les régimes enregistrés dépargne-retraite (REER) et les régimes de pension agréés (RPA). Cette proportion passe à 25 p. 100 en 2000, puis à 30 p. 100 en 2001. Le budget contient aussi des mesures concernant limpôt des sociétés. Le taux dimposition général des sociétés sera ramené progressivement de 28 à 21 p. 100 sur les cinq prochaines années, en commençant par une réduction dun point à partir du 1er janvier 2001. Il importe de mentionner également la réduction du pourcentage des gains en capital assujettis à limpôt, laquelle passe de 75 à 66 p. 100 pour les dispositions de biens en immobilisations intervenant après le 27 février 2000. Soucieux de modérer les effets du régime fiscal, le gouvernement fédéral a aussi décidé que les gains réalisés sur certaines options dachat dactions accordées à des employés seraient imposés au moment de la vente des actions et non plus au moment où l'employé exerce son option. Les mesures entrant en vigueur en 2000 devraient se solder par un ralentissement de la croissance des recettes fiscales, puisque les recettes budgétaires passent à 16,2 p. 100 du PIB. On prévoit que le rapport de la dette publique au PIB tombera à 50 p. 100 en 2004, objectif réalisable si la bonne conjoncture économique actuelle persiste. La participation du Parlement au financement des dépenses gouvernementales comprend presque toujours létude et ladoption de mesures législatives faisant suite aux budgets du gouvernement, qui sont habituellement déposés une fois par année. Les mesures législatives que le Parlement a proposées sur la réforme fiscale à la fin des années 80 ne sont pas le résultat de budgets. 1962 - Formation de la Commission royale sur la fiscalité, sous la présidence de M. Kenneth Carter. février 1967 - La Commission Carter soumet son rapport. Elle propose une restructuration en profondeur de la Loi de limpôt sur le revenu en vue délargir lassiette fiscale, dabaisser les taux maxima et dintégrer les impôts sur le revenu des particuliers et de sociétés. novembre 1969 - Le gouvernement fédéral publie un Livre blanc sur la réforme fiscale en réponse à la Commission Carter. février 1973 - Le ministre des Finances implante un système permanent dindexation des tranches dimposition du revenu et des exemptions. novembre 1974 - Le ministre des Finances institue le régime enregistré dépargne-logement (REEL) et des dispositions visant à mettre les revenus de pensions et les revenus de dividendes à labri de limpôt, et augmente les réductions personnelles de limpôt sur le revenu. août 1978 - Le gouvernement annonce la création dun crédit dimpôt remboursable pour enfants (CIE) en faveur des familles admissibles aux allocations familiales. Le CIE constitue ni plus ni moins quune forme dallocations familiales à des familles cibles. Il nest pas considéré comme une dépense dans le sens habituel du mot; il sagit plutôt dune dépense fiscale. décembre 1979 - Le budget avorté du gouvernement conservateur aurait institué deux mesures remarquables reliées aux impôts : une taxe accrue sur lessence (18 cents le gallon) et une mesure dallégement fiscal de lintérêt hypothécaire et de limpôt foncier à lintention des contribuables de limpôt fédéral sur le revenu. Aucune de ces deux mesures na pris force de loi. Ce budget contenait de plus, pour la première fois, une analyse des dépenses fiscales fédérales. novembre 1981 - Le ministre des Finances tente déliminer un certain nombre dabris fiscaux, mais doit faire marche arrière en raison dune forte opposition. juin 1982 - Dans le même esprit que les tentatives du gouvernement visant à contrôler linflation, lindexation du système fiscal est limitée à 6 p. 100 pour 1982 et à 5 p. 100 pour 1983. octobre 1982 - Remise dune proposition au ministre des Finances visant à faire passer la taxe sur les ventes des fabricants aux grossistes. avril 1983 - Adoption du crédit dimpôt transférable à la recherche et au développement; la perte de revenu savère beaucoup plus élevée que celle à laquelle le gouvernement sattendait. Le gouvernement augmente considérablement les déductions relatives aux contributions à un REEL pour les acheteurs de maisons, dappareils ménagers et dameublement en 1983. Il accroît également la déduction pour les frais de garde denfants. mai 1985 - Adoption de lindexation partielle du système fiscal. juin 1986 - Le gouvernement fédéral présente son Livre blanc sur la réforme fiscale. 1988 - Implantation de la première phase de la réforme fiscale. La proportion des gains en capital assujettis à limpôt est portée de la moitié aux trois-quarts, à compter de 1990. août 1989 - Le gouvernement publie son document technique sur la taxe sur les produits et services. décembre 1989 - Le gouvernement soumet à la Chambre le projet de loi C-62, en vue de limplantation de la TPS. avril 1990 - Adoption en troisième lecture par la Chambre des communes du projet de loi C-62 qui est envoyé ensuite au Sénat qui le remet à son tour au comité sénatorial permanent des banques et du commerce pour fins détude. septembre 1990 - Le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce dépose son rapport sur le projet de loi C-62 et recommande le rejet de la TPS. octobre 1990 - Le Sénat adopte le projet de loi C-28 qui prévoit limposition dun impôt spécial sur les prestations de la SV et les allocations familiales versées aux Canadiens ayant des revenus élevés. Ce projet de loi a aussi pour effet détablir un impôt minimal pour les grandes sociétés. décembre 1990 - Le Sénat adopte le projet de loi C-62 sans modification. La sanction royale est donnée dans la semaine qui suit. 1er janvier 1991 - La TPS entre en vigueur comme cela avait été prévu. Le gouvernement du Québec harmonise sa taxe de vente au détail avec la TPS, mais offre un remboursement de taxe à lachat de livres. - Le budget fédéral ne prévoit pratiquement aucune hausse dimpôt. Les taxes sur le tabac sont considérablement majorées, alors que les cotisations dassurance-chômage des employés et des employeurs passent à 2,80 $ et 3,92 $ respectivement par 100 $ de gains assurables. décembre 1992 - Le ministre des Finances dépose à la Chambre des communes un exposé économique et financier qui prévoit une augmentation de la dette nette de 17 milliards de dollars sur deux ans par rapport aux prévisions du budget de 1992. avril 1997 - La TPS et les taxes de vente provinciales sont harmonisées sous la forme dune TVH de 15 p. 100 à Terre-neuve, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. février 2000 - Le budget de 2000 prévoit dimportants allégements fiscaux étalés sur cinq ans. La pleine indexation des tranches dimposition et des crédits dimpôt est rétablie. Allan, J.R. et al. « The Effects of Tax Reform and Post-Reform Changes in the Federal Personal Income Tax, 1972-75 ». Canadian Tax Journal, vol. XXVI, no 1, janvier-février 1978, p. 1-30. Broadway, R.W., and H.M. Kitchen. Canadian Tax Policy. Deuxième édition. Canadian Tax Paper No. 76. Toronto, LAssociation canadienne détudes fiscales, 1984. Brooks, W. Neil. Ed. The Quest for Tax Reform - The Royal Commission on Taxation Twenty Years Later. Toronto, Carswell, 1988. Canada, ministère des Finances. Le Budget. Ottawa, diverses années. Davies, J., F. St-Hilaire et J. Whalley. « Some Calculations of Lifetime Tax Incidence ». American Economic Review, vol. 74, no 4, septembre 1984, p. 644-649. Due, John F. « The New Zealand Goods and Services (Value-Added) Tax - A Model for Other countries ». Canadian Tax Journal, vol. 36, no 1, janvier/février 1988, p. 126-144. Maslove, A.M. Tax Reform in Canada: The Process and Impact. Halifax (Nouvelle-Écosse), The Institute for Research on Public Policy, 1989. OCDE. Études économiques de lOCDE Canada, 1997. Paris, 1997. Perry, J. Harvey. Taxation in Canada. Quatrième édition. Canadian Tax Paper No. 74. 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Toronto, LAssociation canadienne détudes fiscales, 1989. * La première version de ce bulletin d'actualité a été publiée en mai 1990. Le document a été périodiquement mis à jour depuis. |