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PRB 99-21F
LE DROIT À LA PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE
Rédaction : TABLE DES MATIÈRES LE DROIT À LA PROTECTION DE LA
VIE PRIVÉE Lavènement de la réseautique remet en question la confidentialité des renseignements personnels, notamment des données issues des transactions commerciales. Des études effectuées en 1993 et en 1995, et un sondage Angus Reid de 1998, confirment linquiétude du public à cet égard. La population considère la question des renseignements personnels comme très prioritaire, au même titre que le chômage et léconomie. La plupart des Canadiens estiment quils devraient contrôler ce quon sait deux et savoir qui dispose de cette information. Cependant, avec les progrès rapides de la technologie, il est souvent difficile de juger quand la confidentialité est compromise, et de savoir comment réagir. Dans un monde informatisé, les entreprises ont vite compris la valeur de leurs bases de données, qui peuvent être manipulées et vendues à linsu ou sans le consentement des personnes concernées. Malheureusement, les règlements assurant la confidentialité des renseignements personnels nont pas suivi lévolution de la technologie. Au niveau fédéral, par exemple, la Loi sur la protection des renseignements personnels vise uniquement la collecte, lutilisation, la divulgation et lélimination des renseignements personnels par le gouvernement et ses organismes. Cest la même chose dans les provinces, sauf au Québec, où la loi sapplique tant au secteur public quau secteur privé. Le Comité consultatif sur lautoroute de linformation, formé en 1994 par le ministre de lIndustrie afin daider le gouvernement fédéral à élaborer et à mettre en uvre une stratégie pour linforoute au Canada, a recommandé, en 1995, que les renseignements personnels soient protégés par une loi souple visant à la fois les secteurs public et privé. Le 15 octobre 1999, le projet de loi C-6, Loi sur la protection des renseignements personnels et des documents électroniques, a été déposé à la Chambre des communes; il vise à protéger les renseignements personnels dans le secteur privé. Le projet de loi avait dabord été déposé à la Chambre en 1998, sous le numéro C-54; ce dernier est toutefois mort au Feuilleton à la prorogation du Parlement en septembre 1999. Le Canada subit également des pressions internationales pour réglementer la protection des données personnelles dans le secteur privé. En vertu de la Directive régissant la protection des données, les pays membres de lUnion européenne (et les entreprises qui sy trouvent) ne peuvent pas transmettre des renseignements personnels à des pays tiers, comme le Canada, qui nassurent pas une protection adéquate de cette information. Sauf pour le Québec, le Canada ne satisfait pas actuellement à la norme européenne. Certains sinquiètent également de la protection des renseignements personnels dans les pratiques du secteur public. Par exemple, comme les administrations publiques recherchent la simplification et lefficacité, il arrive de plus en plus que des bases de données autrefois discrètes soient comparées les unes aux autres et intégrées. Une telle pratique, connue sous les noms de « couplage » et d« entreposage » de renseignements personnels existe maintenant aussi bien au sein dune même administration quentre administrations distinctes. On se préoccupe également de la protection des données dans un contexte où la prestation des services publics est de plus en plus partagée avec le secteur privé, ou confiée à celui-ci. Enfin, la Stratégie nationale en matière de santé que le gouvernement se propose de créer (et qui est en fait une base de données sanitaires nationale) inquiète même une partie des médecins car elle vise des données personnelles et délicates sur la santé. Les nouvelles technologies offrent de précieux avantages pour ce qui est de lefficacité et de la commodité, mais il faut se demander sil ny a pas un prix à payer au chapitre de la protection des renseignements personnels et, si tel est le cas, si celui-ci nest pas trop élevé. Voilà la question à laquelle sest attaqué en 1996-97 le Comité permanent des droits de la personne et de la condition des personnes handicapées de la Chambre des communes. Le Comité a découvert que les Canadiens attachent beaucoup dimportance à la protection des renseignements personnels, mais il a aussi constaté que, dans un monde où la technologie est de plus en plus envahissante (par ex., surveillance vidéo, tests génétiques et systèmes didentification biométrique), dautres questions de confidentialité se posent également. Dans son rapport, intitulé La vie privée : Où se situe la frontière?, le Comité constate que la protection de la vie privée est un droit de la personne important et de grande portée, assiégé de tous côtés. Malheureusement, il constate également que, en matière de protection des renseignements personnels, les Canadiens et leurs gouvernements continuent dutiliser des outils qui ne sont plus adaptés aux défis daujourdhui et encore moins à ceux de demain. Chambre des communes, Comité permanent des droits de la personne et de la condition des personnes handicapées. Troisième rapport. La vie privée : Où se situe la frontière? 2e session, 35e législature, avril 1997. Commissaire à la protection de la vie privée du Canada. Rapport annuel. 1997-1998. |