Direction de la recherche parlementaire


MR-107F

 

LA BIODIVERSITÉ : SON IMPORTANCE DANS LE MONDE MODERNE
COMPTE RENDU DE CONFÉRENCE

 

Rédaction : Stephanie Meakin
Division des sciences et de la technologie

Le 6 avril 1993

                                      


TABLE DES MATIÈRES


INTRODUCTION

LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE (OU BIODIVERSITÉ)

LA BIODIVERSITÉ DANS UN MONDE MODERNE

LE CYCLE D'ÉVOLUTION CULTURELLE

FAUT-IL S'INQUIÉTER DE LA DIMINUTION DE LA BIODIVERSITÉ?

LA PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ

LES COMPOSANTES DE LA PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ

CONCLUSION

 


LA BIODIVERSITÉ : SON IMPORTANCE DANS LE MONDE MODERNE
COMPTE RENDU DE CONFÉRENCE

INTRODUCTION

Le présent document constitue un résumé d'une conférence donnée au Musée canadien de la nature par M. Jeffrey McNeely, de l'Alliance mondiale pour la nature, le 19 mars 1993. La troisième réunion des groupes d'experts du PNUE sur la Convention sur la diversité biologique a été tenue à Montréal durant la même semaine.

La biodiversité devient une préoccupation maintenant que nous entendons souvent parler d'espèces et d'habitats menacés de disparition. Le Canada en particulier semble avoir montré clairement comment prendre des mesures de conservation. Le conférencier a d'ailleurs félicité le pays du leadership dont il a fait preuve à l'échelle internationale en oeuvrant à la signature de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique et à sa ratification rapide.

La Convention sur la diversité biologique a été négociée à Rio en juin 1992 et elle a été signée par 162 pays. Pour qu'elle entre en vigueur, 30 pays doivent la ratifier; le 19 mars 1993, le Canada était la seule nation industrialisée à avoir posé ce geste. Le pays a donc raison de prétendre jouer un rôle de premier plan dans ce domaine au sein des pays développés.

C'est en 1988 qu'on a mentionné pour la première fois les termes "biodiversité et diversité biologique"; même le rapport de la Commission Brundtland, Notre avenir à tous, n'en faisait pas mention en 1987. Qu'est-ce que cette notion signifie aujourd'hui et pourquoi est-elle importante?

LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE (OU BIODIVERSITÉ)

La biodiversité peut être définie au moyen de trois concepts qui tout aussi importants l'un que l'autre et qui ne s'excluent pas: la diversité des écosystèmes, la diversité des espèces et la diversité génétique. Le terme biodiversité ne désigne pas seulement le matériel génétique utile aux fins de l'évolution et le nombre d'espèces que compte une forêt tropicale ou tempérée. Il englobe aussi l'ensemble du système, c'est-à-dire les interactions de chaque espèce avec l'environnement à l'échelle planétaire, ainsi que la capacité de s'adapter à un environnement changeant. La société doit maintenant prendre en compte l'environnement planétaire et saisir toute l'importance de la biodiversité à cette échelle.

LA BIODIVERSITÉ DANS UN MONDE MODERNE

L'homme a franchi trois stades évolutifs qui lui ont permis de se distinguer des autres espèces: l'utilisation du feu, la domestication des espèces animales et végétales, et les échanges commerciaux. Le feu lui a évidemment permis de se chauffer, de cuire sa nourriture et de fondre le métal; de plus, grâce à la domestication du bétail et à l'agriculture, l'homme ancestral a pu s'établir et former des collectivités. Quel a toutefois été le rôle du commerce? En fait, le commerce a rendu l'humanité indépendante de son écosystème environnant pour sa subsistance (nourriture, chaleur et matériaux) et lui a donné accès à toutes les ressources de la planète.

De nombreux facteurs ont contribué à cette évolution culturelle, les plus importants étant ceux qui ont mené à l'exploitation des ressources naturelles et de l'environnement. Parmi ces facteurs, notons l'accroissement de la productivité et du commerce, la répartition des coûts et des avantages, le rôle des gouvernements, la "propriété" des ressources et la biodiversité.

M. McNeely a utilisé la maxime "Je consomme, donc je suis" afin de bien montrer que la société actuelle est une société de consommation, c.-à-d. une société fondée sur la consommation. En Amérique du Nord, 100 milliards de dollars sont dépensés chaque année en publicité pour convaincre les gens de consommer. La société de consommation n'accorde aucune valeur à ce qui n'est pas consommable; un arbre n'entre pas dans le calcul du PNB d'un pays tant qu'il n'est pas coupé et "consommé" ou "utilisé".

M. McNeely a parlé d'un cycle d'évolution culturelle qui est illustré par le graphique figurant ci-après. L'évolution technologique permet un accroissement de la population, lequel exerce ensuite des pressions sur les ressources disponibles jusqu'au point où l'écosystème commence à se dégrader. La concurrence pour les maigres ressources mène à des luttes sociales, qui entraînent une décroissance de la population. Lorsque la pression démographique diminue, l'écosystème amorce une récupération et le cycle continue.

LE CYCLE D'ÉVOLUTION CULTURELLE

mr107-f 1.jpg (14038 bytes)

FAUT-IL S'INQUIÉTER DE LA DIMINUTION DE LA BIODIVERSITÉ?

La biodiversité permet l'adaptation au changement. On estime actuellement que 0,15 p. 100 des espèces terrestres sont disparues. M. McNeely signale toutefois qu'il faut plutôt s'inquiéter du fait que 7,4 p. 100 des espèces sont menacées. Le Canada lui-même compte actuellement probablement plus d'espèces qu'il n'en a jamais eu; le pays fait preuve de leadership et il est sur la bonne voie avec des programmes visant à promouvoir la préservation de la diversité biologique. Bon nombre des espèces menacées vivent dans la forêt tropicale. Les Canadiens devraient-ils donc se soucier de ce problème? Si nous nous reportons à notre prémisse de tantôt, à savoir que l'homme vit dans un écosystème planétaire, ils le doivent certainement. Ainsi, la plupart des cultures vivrières canadiennes proviennent de l'extérieur du pays. Par conséquent, pour maintenir la viabilité de leur système agricole et pouvoir continuer à s'adapter, les Canadiens doivent s'assurer qu'ils pourront avoir recours aux gènes du fonds génétique de la planète. De nombreux autres secteurs de la société canadienne dépendent aussi de la biodiversité de la planète. Il ne faut pas en conclure qu'il faut préserver la diversité biologique uniquement afin de protéger le fonds génétique international. Il s'agit d'un aspect important de ce problème, mais il importe tout autant de pouvoir continuer à profiter de tous les bénéfices (services écologiques) que seules les interactions entre un large éventail d'espèces vivantes peuvent procurer.

M. McNeely estime que les politiciens ont un rôle primordial à jouer dans le maintien de la biodiversité. Comme il l'a mentionné, les politiciens doivent être élus et pour ce faire, ils doivent avoir un programme qui saura convaincre les électeurs. Les politiciens sont donc limités par les souhaits des contribuables. Un programme attrayant s'appuie habituellement sur un style de vie stable et sans surprise: de la sécurité, des commodités et des avantages matériels dont on pourra acquitter le coût plus tard. D'un autre côté, les écologistes doivent offrir un programme prévoyant un changement fondamental dans les habitudes de vie, une restructuration de l'accès aux ressources, et le renoncement à certains avantages matériels. Il est donc peu probable que les écologistes se fassent élire. Malgré cela, un sondage réalisé en 1991 a indiqué que 68 p. 100 des Canadiens feraient passer l'environnement avant la croissance économique. La question qu'il faut se poser est la suivante: L'environnement doit-il concurrencer l'économie?

LA PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ

M. McNeely a proposé un modèle pour la préservation de la biodiversité. Ce modèle s'applique à tous les niveaux de la société, de la ferme (village ou forêt) aux secteurs biorégionaux, nationaux et internationaux.

LES COMPOSANTES DE LA PRÉSERVATION DE LA BIODIVERSITÉ

mr107-f 2.jpg (15930 bytes)

ÉTUDIER: Étant donné que la majeure partie de la biodiversité est perdue par accident ou ignorance, il faut comprendre les divers systèmes et les éléments qui les composent.

UTILISER: Les humains ne constituent pas le problème. La solution ne consiste pas à les isoler de l'environnement puisque les deux ont toujours cohabité; il s'agit plutôt de changer leur façon d'agir sur l'environnement.

PRÉSERVER: Il est important d'étudier l'environnement et d'en faire une utilisation responsable, mais il est encore plus essentiel de préserver une partie de l'environnement afin de garantir son utilisation durable plus tard.

M. McNeely préconise une stratégie en six volets:

1) LA RECHERCHE:
Apprendre comment fonctionnent les systèmes naturels.

2) L'INFORMATION:
S'assurer qu'on dispose des données factuelles nécessaires pour prendre des décisions éclairées.

3) LES INCITATIFS:
Utiliser des outils économiques afin d'aider à préserver la biodiversité.

4) L'INTÉGRATION:
Favoriser l'adoption d'une approche intersectorielle en vue de préserver de la biodiversité.

5) LA COOPÉRATION INTERNATIONALE:
Collaborer d'une manière productive afin de préserver la biodiversité; de façon plus précise, le Canada, à titre de chef de file dans ce domaine, devrait être très vigilant lorsqu'il redistribue les fonds qu'il consacre à l'aide publique au développement.

6) LES COLLECTIVITÉS INDIGÈNES:
Confier la gestion des ressources à ceux dont le bien-être en dépend.

CONCLUSION

La préservation de la diversité biologique constitue plus qu'une question esthétique ou morale; elle est essentielle à la santé et au bien-être économique. La diversité de la vie constitue la pierre angulaire du développement durable. Les pertes dans le domaine de la biodiversité peuvent souvent être attribuées à l'exploitation des terres et des ressources par l'homme; toutefois, ce dernier peut aussi intervenir pour contrer cette tendance. À cet égard, la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique constitue l'amorce d'un plan d'action responsable.