Direction de la recherche parlementaire


MR-115F

 

LES DÉPENSES AU TITRE DES
MÉDICAMENTS AU CANADA

 

Rédaction :
Odette Madore
Division de l'économie

Le 1er décembre 1993

                                      


TABLE DES MATIÈRES


INTRODUCTION

DÉPENSES TOTALES AU TITRE DES MÉDICAMENTS

IMPORTANCE DES MÉDICAMENTS DANS LES DÉPENSES TOTALES
EN MATIÈRE DE SOINS DE SANTÉ

MÉDICAMENTS D'ORDONNANCE ET MÉDICAMENTS EN VENTE LIBRE

FINANCEMENT DES DÉPENSES AU TITRE DES MÉDICAMENTS

COMPARAISONS AVEC D'AUTRES PAYS DE L'OCDE

LES CAUSES DE LA CROISSANCE DES DÉPENSES
CONSACRÉES AUX MÉDICAMENTS


LES DÉPENSES AU TITRE DES MÉDICAMENTS AU CANADA

INTRODUCTION

Le marché canadien compte, à l'heure actuelle, quelque 18 000 produits pharmaceutiques servant, pour la plupart, à traiter, atténuer ou prévenir une vaste gamme de maladies humaines. Les produits pharmaceutiques destinés à la consommation humaine se divisent en deux groupes: les médicaments d'ordonnance, qui sont prescrits par les médecins, et les médicaments sans ordonnance, comme les sirops contre la toux et l'aspirine, que l'on peut se procurer en vente libre. Les médicaments dans leur ensemble constituent la technique médicale la plus souvent utilisée au Canada. En outre, la consommation de médicaments s'est intensifiée au cours des dernières années chez toutes les catégories d'âge. Qui plus est, les dépenses effectuées pour les médicaments sont, de toutes les catégories qui composent les dépenses totales en matière de soins de santé, celles qui ont connu la croissance la plus rapide pour ce qui est des coûts. Dans le présent bulletin, nous examinons brièvement l'évolution des dépenses au titre des médicaments au Canada entre 1980 et 1991.

DÉPENSES TOTALES AU TITRE DES MÉDICAMENTS

Le graphique 1 (tous les graphiques se trouvent en fin de texte) retrace l'évolution des dépenses totales au titre des médicaments au Canada, en dollars courants et en dollars constants de 1986. En 1991, les Canadiens ont consacré 9,3 milliards de dollars à l'achat de médicaments. Cela représente une dépense annuelle moyenne de 330 $ par personne. Par comparaison, soulignons qu'en 1980, ces dépenses s'élevaient à 2,0 milliards de dollars, soit 83 $ par personne. Les dépenses totales au titre des médicaments au Canada ont augmenté en moyenne de près de 15 p. 100 chaque année depuis. Exprimées en dollars constants de 1986, elles sont passées de 2,8 à 7,6 milliards de dollars entre 1980 et 1991, ce qui constitute une croissance annuelle moyenne réelle de 10 p. 100. Au cours de la même période, les dépenses au titre des médicaments par personne, en dollars de 1986, ont plus que doublé, passant de 113 à 270 $.

IMPORTANCE DES MÉDICAMENTS DANS LES DÉPENSES TOTALES
EN MATIÈRE DE SOINS DE SANTÉ

Le graphique 2 compare le taux de croissance annuel réel des dépenses totales au chapitre des médicaments à celui des dépenses totales en matière de soins de santé. On observe que les dépenses liées à l'achat de médicaments ont augmenté à un rythme beaucoup plus rapide que l'ensemble des dépenses consacrées aux soins de santé. Alors que le taux de croissance annuel moyen réel des dépenses pour l'achat de médicaments s'est élevé à près de 10 p. 100 entre 1980 et 1991, celui des dépenses totales consacrées aux soins de santé a été d'un peu plus 5 p. 100. Par conséquent, la proportion des dépenses totales en matière de soins de santé attribuables aux médicaments s'est fortement accrue, passant de 9 p. 100 en 1980 à 14 p. 100 en 1991. Il s'agit là de la hausse la plus rapide parmi les catégories qui composent les dépenses totales dans ce domaine durant la dernière décennie. Qui plus est, on prévoit que le poids des médicaments dans les dépenses totales consacrées aux soins de santé deviendra, au cours des prochaines années, relativement plus important que les dépenses liées aux services des médecins.

MÉDICAMENTS D'ORDONNANCE ET MÉDICAMENTS EN VENTE LIBRE

Les deux classes de produits qui composent l'ensemble des médicaments destinés à la consommation humaine, soit les médicaments d'ordonnance et les médicaments en vente libre, occupent chacune une proportion relativement stable dans l'ensemble des dépenses liées à l'achat de médicaments. Environ 52 p. 100 des dépenses totales à cet égard ont été consacrées aux médicaments d'ordonnance entre 1980 et 1991, tandis que le reste, soit 48 p. 100, a été dévolu aux médicaments en vente libre. Les dépenses liées à l'achat de médicaments des deux catégories ont progressé continuellement: en termes réels, le taux de croissance annuel moyen a atteint environ 10 p. 100 pour la période 1980-1991, et ce, tant pour les médicaments d'ordonnance que pour les médicaments en vente libre. Le graphique 3 révèle cependant que, sur une base annuelle, le taux de croissance a grandement varié entre chaque catégorie. Entre 1980 et 1982 et entre 1985 et 1987, la croissance des dépenses dans la catégorie des médicaments d'ordonnance a surpassé l'augmentation des dépenses liées à l'achat de médicaments en vente libre. Pour toutes les autres années, par contre, c'est l'inverse qui s'est produit.

FINANCEMENT DES DÉPENSES AU TITRE DES MÉDICAMENTS

Le graphique 4 présente les dépenses totales consacrées à l'achat de médicaments par secteur de financement pour 1980 et 1991. Au Canada, c'est le secteur privé, c'est-à-dire les particuliers ou leur compagnie d'assurance, qui assume la majorité de ces dépenses. Cependant, l'importance relative du secteur privé a quelque peu diminué, puisqu'elle est passée de 77 à 73 p. 100 entre 1980 et 1991. Cette baisse du financement privé dans les dépenses totales au titre des médicaments a été entièrement compensée par l'augmentation des dépenses des gouvernements provinciaux. En effet, les dépenses liées à l'achat de médicaments de ces derniers, en pourcentage des dépenses totales, se sont constamment accrues, passant de 21 à près de 26 p. 100 au cours de la période susmentionnée. En somme, les gouvernements provinciaux assument une part croissante de la totalité des achats liés aux médicaments. On peut toutefois s'attendre à un renversement de cette tendance puisque la plupart des provinces ont modifié leur programme d'assurance-médicaments, soit en restreignant la liste des produits admissibles, soit en imposant des frais modérateurs. Par ailleurs, la participation fédérale aux dépenses totales consacrées aux médicaments, qui se limite aux achats effectués à l'intention de groupes spéciaux, comme les anciens combattants et les membres des Forces armées, a toujours été très faible. La proportion du coût des médicaments supportée par les commissions de l'indemnisation des accidentés du travail est elle aussi demeurée stable depuis 1980.

COMPARAISONS AVEC D'AUTRES PAYS DE L'OCDE

Il existe une tendance commune parmi les pays de l'OCDE relativement aux dépenses au titre des médicaments. Tout comme le Canada, les pays membres de l'organisation consacrent plus d'argent qu'auparavant à l'achat de médicaments. Par contre, on trouve des écarts importants quant au niveau global des dépenses. Le graphique 5 indique, par exemple, que l'Allemagne consacre près de 22 p. 100 de ses dépenses totales en matière de soins de santé à l'achat de médicaments, tandis que cette proportion ne s'élève qu'à 8 p. 100 en Suède et aux États-Unis. Le Canada se situe à peu près dans la moyenne à cet égard. Par ailleurs, la progression des dépenses liées à l'achat de médicaments dans les pays de l'OCDE n'a pas été partout la même. Alors que le poids des médicaments dans les dépenses totales consacrées aux soins de santé a augmenté au Canada, en France, en Allemagne, en Italie et en Suède, il a diminué au Japon et aux États-Unis.

Le graphique 6 révèle que l'importance relative du secteur public dans le financement des dépenses totales consacrées aux médicaments varie également entre les pays de l'OCDE. Par exemple, en 1991, le secteur public a assumé 84 p. 100 des dépenses totales au titre des médicaments en Suède, contre seulement 12 p. 100 aux États-Unis. En outre, la part des dépenses liées à l'achat de médicaments supportée par les gouvernements des pays de l'OCDE n'a pas évolué partout de la même façon au cours de la dernière décennie. La proportion du financement public de ces dépenses a augmenté au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis, a diminué en France, en Allemagne et en Italie, et s'est maintenue en Suède.

Les écarts considérables dans le niveau de financement public reflètent les variations entre pays quant à la proportion de la population couverte par les régimes publics d'assurance-médicaments, les caractéristiques mêmes de la population, ainsi que la contribution des patients-consommateurs au paiement. Au Canada et aux États-Unis, les programmes publics d'assurance-médicaments s'adressent à des groupes particuliers, comme les personnes âgées et les bénéficiaires de l'aide sociale. Dans les autres pays, par contre, la presque totalité de la population est admissible à de tels régimes.

LES CAUSES DE LA CROISSANCE DES DÉPENSES
CONSACRÉES AUX MÉDICAMENTS

Plusieurs facteurs expliquent la hausse des dépenses consacrées aux médicaments. Du côté de la demande, on constate une consommation à la fois plus grande et plus intensive. La consommation plus grande résulte, d'une part, de l'augmentation du nombre des personnes âgées, qui sont des consommateurs importants de médicaments et, d'autre part, d'un usage plus répandu dans tous les groupes d'âge. La consommation intensive indique que, pour diverses raisons, dont le fait que les médecins prescrivent plus de médicaments, chaque personne, peu importe son âge, consomme proportionnellement plus de médicaments qu'auparavant.

Du côté de l'offre, deux facteurs méritent d'être retenus. D'une part, le prix des médicaments s'est accru en termes réels au cours de la dernière décennie, en particulier entre 1980 et 1988 et l'arrivée sur le marché de nouveaux médicaments a accentué les pressions à la hausse des coûts des médicaments car les compagnies pharmaceutiques ont tendance à exiger un prix élevé lors du lancement d'un nouveau produit. D'autre part, les honoraires des pharmaciens ont pu augmenter suffisamment pour avoir un impact à la hausse sur le coût total des médicaments au Canada.

Dans l'avenir, une diminution des dépenses consacrées aux médicaments semble improbable, d'abord, parce que le nombre des personnes âgées continuera d'augmenter et ensuite, parce que les nouveaux médicaments mis sur le marché coûtent cher. Le Canada et d'autres pays de l'OCDE reconnaissent de plus en plus que la prescription de médicaments efficaces sur les plans clinique et économique ainsi qu'une consommation appropriée de produits par l'ensemble de la population pourraient permettre d'atténuer la hausse des dépenses au chapitre des médicaments.

 

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